Le lundi de Laurie (2)



J'ai terminé le cours sonné, ce serait ma première retenue décidément je n'arrêtai pas les nouveautés en ce moment.

L'heure de la cantine arriva, J'avais prévu d'aller m'inscrire au club de botanique qui d'après l'affichage était ouvert les lundis et les jeudis sur l'heure du déjeuner. Ce matin alors que je réfléchissais à me documenter sur les plantes médicinales et les légumes pour Phili, j'avais pensé à ce club. Sans doute pourrais-je y apprendre comment jardiner et cela me serait utile car je n'y connaissais rien. Le club était discret car je n'en avais pas entendu parler et je ne savais pas qui pouvait en être membre.

Dans notre lycée, on gagnait des points en vie scolaire en faisant partie d'un club, mais je n'avais pas voulu m'inscrire et mon bénévolat à l'hôpital ne comptait pas. Ma mère, à ma grande honte avait fait un scandale au lycée et à l'académie. Le résultat c'est qu'elle avait été ridiculisée et le proviseur avait gagné, seule les activités pratiquées au sein du lycée comptaient.

Toute la matinée, les conversations avaient amplifié autour de la nouvelle et les autres sujets de conversation s'étaient tassés, plus personne ne faisait de pronostics sur le concours de ploucs que Josselin et sa bande organisaient, toujours très spirituel. Ce genre de concours allait déclencher des drames dans le lycée, maudit Dandieu qui ne faisait rien !

Grâce aux bavardages et rien qu'en écoutant j'ai su son prénom, qu'elle était blonde et belle avec un look rock. La nouvelle était en première S et avait parait-il sympathisé tout de suite avec le groupe de Diana, Kelly et Elodie, mes ennemies personnelles. Elle était sans doute le genre de fille qu'aurait voulu ma mère. Je me rappelais encore sa fureur lorsqu'il avait été évident que je serai refusée en première S. Nous étions à la fin du premier trimestre de seconde et je tournais avec une moyenne de 9 et des notes catastrophiques en math et en physique. On ne s'était pas parlé pendant plus d'un mois mais le mal était fait. Le proviseur Dandieu avait été ravi de cette aubaine de vengeance et moi je n'avais eu qu'a regretter de lui avoir permis de faire du mal à ma mère. 

C'est pour me punir, alors, qu'elle m'avait obligé à faire du bénévolat à l'hôpital.

En se dirigeant vers la cantine les élèves discutaient, de la nouvelle qui avait envoyé promener le prof de math.

Je suis allée m'asseoir à ma table. Le plat équilibré, ce midi c'était saumon et brocolis vapeur, les autres choix ne m'inspiraient pas, cheeseburger frite, spaghettis bolognaise ou couscous.

L'avantage c'est que j'étais servi immédiatement, alors qu'il fallait une demi-heure d'attente pour les autres stands. Pedro le cuisinier avait même le temps de bavarder quelques minutes avec les rares amateurs de cuisine saine. Il cuisinait lui-même et se plaignait que les élèves ne sachent pas reconnaître la bonne cuisine.

Il était arrivé en France du cap vert, depuis une dizaine d'années et aimait me donner des nouvelles de sa famille que je n'avais jamais vue.

─ Bonjour Laurie, ça va ma fille? a-t'il demandé comme tous les midis.

─ Bonjour Pedro oui ça va, et toi ? ta famille ?

─ Bien, j'ai reçu une photo, regarde, il me montra une femme et deux enfants bruns. Admire le dessin que m'a fait ma fille. 

Une fille qui faisait la queue derrière moi nous a jeté un regard dédaigneux et a secoué la tête refusant de regarder la photo  et le dessin.

─ La petite a du talent les traits sont réguliers et les proportions bien faites, ai-je fait en lui rendant le dessin et la photo.

─ Merci Laurie, il se rengorgea tout fier.

Je me suis noté in petto d'envoyer un cahier de dessin à la petite pour son anniversaire qui tombait bientôt. Depuis le temps qu'il me servait, Pedro avait eu le temps de me raconter toute sa vie.

J'ai pris mon plat, mais pas de desserts pour moi ce midi, c'était éclair au chocolat ou crème à la framboise. Berk je sentais l'envie de vomir qui me gagnait et je me suis dépêchée de m'éloigner. Je ne supporte pas le chocolat, car je revenais d'un goûter d'anniversaire quand j'avais trouvé mon père et j'avais le goût du chocolat dans la bouche. Depuis le chocolat ne passait plus.

Je me suis assis à mon coin de table, soulagée que Sébastien ne soit pas là.

Peu après j'ai entendu du bruit et relevé la tête, c'était lui qui s'installait. Quel énigme ce garçon, il me regardait et je devais en théorie lui parler de son attitude lamentable de Samedi, lui dire que ce n'était pas sympa vis-à-vis de ma mère, mais le courage me manquait complètement.

Il me regardait de temps en temps, toujours avec son air indéchiffrable et quelquefois un sourire en coin comme s'il se moquait de moi. C'est ce qu'il avait fait Samedi soir, inutile de me rendre ridicule à revenir sur l'incident, d'ailleurs il ne s'en rappelait peut être plus.

J'ai resserré machinalement le col de mon imper et il eut à nouveau le sourire moqueur.

Voilà je réussis à me sentir encore plus bête. Il me trouvait coincée comme la plupart des élèves du lycée. Je me suis demandé s'il était vraiment un si dangereux garçon ou n'était ce qu'un look, mais ma mère avait raison, on ne jouait pas dans la même catégorie.

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Laurie va mieux et ouvre les yeux.

Seb ne le quittez pas des yeux.
😉

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