La Magie de Noël [ma suite]

« Il faut que je suive Xavier. » fut ma première pensée. J'allais partir à sa recherche, quand je me demandai : « Pourquoi dois-je suivre un camarade de classe ? Ça n'a aucun sens ! Réfléchis, Mathieu ! ». J'analysais la situation ; quelque chose m'appelait. Non, pas dans cette campagne, ni dans cette ville, ni même sur cette planète. Je me sentais attiré ailleurs. Tout d'un coup, je me souvins : je venais d'être foudroyé ! Et je n'étais pas mort ? D'après mon professeur de physique, c'était quasiment impossible... Bref, en résumé, il fallait que je suive Xavier, un gars de classe de quatrième, sans qu'il le sache, pour aller quelque part faire quelque chose. Oui, c'était ça : qu'il m'emmène dans un endroit inconnu, découvrir une chose (très) importante pour moi...

Puis je vis qu'il faisait nuit. Je regardai ma montre : 19h30 ! « Zut ! pensai-je. Papa et maman vont encore me passer un savon parce que je suis rentré tard... ».

Sur le chemin du retour, je pris une décision : je n'en parlerai à personne. Mes parents m'empêcheraient de suivre Xavier pour aller quelque part. Et encore plus pour faire je ne sais quoi. Et mes amis ne me croiraient jamais !

Le lendemain, avant de partir au collège, je programmai un texto à l'intention de mes parents pour qu'ils le reçoivent à 18h00 : « Ce soir, je risque de rentrer un petit peu plus tard que prévu. Je dois faire quelque chose d'important. Bisous. Mathieu. PS : J'ai programmé ce message pour que vous ne le receviez pas immédiatement. Sinon, vous vous seriez inquiétés pour moi toute la journée... ».

Au collège, je trouvai Xavier dans la cour. Il ne faisait rien de particulier. La journée me parut la plus longue de toute ma vie. Je n'écoutai rien en cours, et me fis plusieurs fois réprimander. Toute mon attention était focalisée sur Xavier. Il était... stressé. Et la journée avait l'air longue pour lui aussi (mais bon, ce n'est pas un scoop ; un jour au collège, ça a toujours été long...). Je le suivis à la trace, mais rien d'extraordinaire ne se produisit. A la sortie du collège, je continuai à le pister. Il sortit son portable, et dans une ruelle où il dut se croire seul, il lut le message qu'il venait de recevoir : « La soucoupe arrive dans cinq minutes dans la clairière du bois de Migraine ». Moi sur ses talons, il prit le bus et nous arrivâmes dans le bois. Une fois dans la clairière (à part nous déserte, il n'y avait jamais personne par ici), je me cachai derrière un buisson et attendis. Xavier s'assit sur une souche. Je me demandai comment il était possible qu'une soucoupe se pose dans la grande couronne de Paris sans que personne ne le sache et sans que les satellites ne le détectent. Apparemment, Xavier se demandait la même chose car lorsqu'on l'appela (et qu'il décrocha), il posa la question à son interlocuteur. Je n'entendis pas ce que celui-ci lui répondit, mais Xavier s'exclama : « Elle brouille les signaux des satellites et fait onduler l'air autour d'elle de façon à ce qu'on ne la voit pas ? Mais c'est génial !! ».

Tout à coup, je me demandai si je n'étais pas dans un rêve. Je me pinçai... et j'étouffai un juron : la douleur était bien réelle ! Certainement sur l'ordre de la mystérieuse personne au bout du fil, Xavier s'éloigna. Je me dis qu'il devait vérifier qu'il n'y avait personne. Il revint, et quelques secondes après... une soucoupe volante apparut. Non non, elle n'était pas descendue du ciel, mais apparue sur le sol, comme ça, « pouf ! ». Je décidai de me pencher sur la question plus tard, car Xavier avait de nouveau disparu. Ne sachant que faire, je sortis en terrain découvert et m'approchai de ce... véhicule.

Il ressemblait à n'importe quelle soucoupe volante de dessin animé. Sauf qu'il était rouge, avec des pois blancs comme de la neige ! « Se peut-il qu'elle appartienne à Léonie Gratin ? » me questionnai-je pour rire. J'avançai d'un pas pour la toucher... et la grande porte ronde s'ouvrit toute seule. Je montai, et elle se referma. J'avisai un tas de couvertures posées dans un coin et me glissai dessous, car Xavier revenait.

Je l'entendis rentrer. Je glissai ma tête hors des couvertures et le vis s'installer aux commandes. Il démarra comme s'il faisait ça tous les jours, mais avec un air émerveillé peint sur le visage. Je regardai mieux ces commandes : pas étonnant, elles ressemblaient à la manette de la nouvelle PS3 ! Je croyais halluciner. Tout était comme dans un rêve. « Alors pourvu qu'il dure le plus longtemps possible, espérai-je. Après tout, on peut peut-être avoir mal même lorsque l'on rêve : je n'ai jamais essayé ! ».

Plus tard, je me réveillai sous un tas de couvertures. Il y avait beaucoup de bruit autour de moi. Tout d'un coup, la mémoire me revint : j'étais dans une soucoupe volante ! Je jetai un rapide coup d'œil hors des couvertures. Personne. La voie était libre. Je regardai donc le paysage par un hublot...

Les habitants de cette planète étaient tous déguisés en lutins ! Il neigeait, mais ça ne semblait pas déranger ces drôles de personnages vêtus de vert : ils emballaient des cadeaux !! Je me demandai alors qui pouvait bien me faire une blague aussi énorme. Malgré tout, je décidai de continuer à avancer pour découvrir de quoi il retournait.

Je sortis de la soucoupe (qui n'était pas fermée). Bizarre... Je me rendis compte que je me trouvais sur une plate-forme, certainement une piste d'atterrissage pour soucoupe volante, située sur un balcon luxueux et enneigé. Je sortis précipitamment de mon moyen de locomotion. Je me laissai glisser le long d'une gouttière et arrivai dans la rue que j'avais observée depuis le hublot. Heureusement que les lutins travaillaient consciencieusement, car mon sweat rouge et mon jean bleu détonnaient dans ce paysage vert et blanc ! Discrètement, j'empruntai une veste (verte) qu'un lutin avait posée sur une chaise. Je me détendis un peu. Inconsciemment, certains souvenirs de mon enfance remontaient à la surface. Cette soirée de Noël, par exemple, où j'avais passé toute la nuit à me demander d'où provenaient tous ces cadeaux que je recevais chaque année ? Je me dis que, même à treize ans, je rêvais encore du monde des lutins ! « Tant que cela reste un rêve... » pensai-je. Mais au fond de moi, mon instinct me disait que ce n'était pas un rêve. Que moi, un adolescent de quatrième, je me remettais à croire au Père Noël !! Je m'insurgeais contre cette idée. C'était IM-PO-SSI-BLE !!! « Le Père Noël n'est qu'une invention pour les gamins !!! » m'exclamai-je en mon for intérieur. Mais le « mal » était fait : je recommençais à y croire...

Pendant que je me faisais ces réflexions, j'observai la vitrine d'un magasin de vêtements. Je remarquai deux choses étranges, mais ce genre d'extravagances me troublaient de moins en moins : tout d'abord, le magasin vendait des déguisements de lutins et puis, la monnaie était les sucettes !! Et de toutes sortes : grosses, petites, rondes, carrées, en forme d'orange ou de citron... « Peut-être le stock de toutes les friandises récoltées par le Père Noël à chaque tournée ? » pensai-je en riant. Je me décidai : j'allais entrer dans cette boutique pour m'acheter un costume de lutin et ainsi me fondre dans la masse.

En passant le seuil, un doute affreux s'insinua en moi : et si la langue était différente ici ? Mais non, tout se passa pour le mieux, et je repartis avec mon kit pour lutin. J'avais failli prendre la taille adulte pour l'offrir à mon père en rentrant, mais j'aurais eu l'air d'une cruche ; je pris donc ma taille. Dans une petite ruelle adjacente, je m'assis sur un banc pour réfléchir. Je sursautai : une voix venait de parler dans ma tête ! Je me demandai si pour le coup je ne devenais pas fou. Je sursautai à nouveau : une autre voix, plus grave cette fois-ci !! Je décidai de les écouter, puisque de toute manière je ne pouvais pas faire autrement.

Plusieurs minutes de silence passèrent, puis la première voix, une jolie voix de femme, résonna dans ma tête. Elle m'expliqua qu'elle n'avait vraiment pas beaucoup de forces, et qu'elle ne pourrait pas discuter longtemps ; qu'elle était ma mère, et que l'autre voix appartenait à mon père ; que petit, j'avais été confié à deux amis qui ne connaissaient pas l'existence de cette planète pour ne pas que je sois en danger, car ils craignaient un coup d'État, et que...

J'étais resté abasourdi durant tout ce temps, mais je l'interrompis (je remarquai plus tard que je lui avais parlé dans sa tête, naturellement) :

« Madame, euh... Vous m'apprenez d'un coup que mes parents ne sont pas mes parents biologiques, que deux inconnus le sont, que l'on peut communiquer par la pensée... Ça fait beaucoup d'un coup ! Et puis, c'est tellement irréel... Mais, admettons que je vous croie, quelle est cette planète à lutins ? Et pourquoi un coup d'État ? Je n'y comprends rien !!

- Oui, chéri, c'est normal, me répondit ma mère, et ce que je vais te dire va te faire un deuxième choc. Tu es sur la planète Sloof, la planète de Mère et Père Noël. »

Je voulus la couper, mais elle ne m'en laissa pas le temps :

« Je sais que tu as beaucoup de questions à nous poser, et à juste titre, mais communiquer par la pensée requiert des forces vitales que nous avons de moins en moins. En résumé, ton père et moi sommes les dirigeants de cette planète, le Père et la Mère Noël. Les citoyens de notre chère planète sont des humains, et comme tous les humains, ils portent un grain de magie en eux. Chez certains, il est plus fort que d'autres. Sur Terre, personne ne peut l'utiliser. Sauf nous. »

- Pourquoi, sauf vous ? ne pus-je m'empêcher de demander.

- Je te demande de ne pas m'interrompre, s'il-te-plaît, me pria-t-elle gentiment mais fermement. Je commence déjà à avoir du mal à te parler... Ton père pourra te dire deux mots à la fin, mais il a plus souffert que moi, il est donc plus faible. Ici, notre peuple choisit ses dirigeants. Et il met sa magie au service du Père et de la Mère Noël, leur permettant de faire de la magie, car seul, aucun individu ne peut se servir de sa magie. Jusqu'à maintenant. Marc, le père de Xavier, avait un potentiel magique hors norme. Il se servait de sa magie sans personne ! Le palais n'était pas protégé, car tout allait pour le mieux, tout le monde s'entendait bien, et si nous l'avions protégé, nous aurions perdu la confiance et le soutien du peuple. Marc en a profité pour entrer dans le palais, et nous a emprisonné dans notre sommeil. Il a obligé les habitants à lui confier leur magie. Le peuple n'a pas fait de résistance, seules quelques personnes ont continué à nous soutenir. Heureusement que ton père a eu la présence d'esprit de ne pas te déclarer comme notre enfant ici, craignant un coup d'État ! ... Il faut vraiment que j'abrège... Nos amis nous ont donné la force nécessaire pour t'envoyer un peu de notre pouvoir magique, mais surtout un message : celui de te demander de venir. Les terriens ressentent les fortes concentrations magiques, pour certains du moins. Et comme en plus, tu as eu treize ans il y a... cinq mois maintenant, tu as l'âge de la maturité magique, c'est-à-dire que ta magie s'est complètement développée. J'espère que tu n'as pas eu trop de problèmes avec ça, ni avec ta grand-mère qui perd un peu la boule...

- Non, pas du tout, lui mentis-je en pensant notamment à mon professeur de français.

- Bien. La suite, tu la connais. Nous avons utilisé nos dernières forces pour t'envoyer cet éclair. Tu es venu et... ...et...

- Et je vais prendre la suite, enchaîna mon père. Où es-tu exactement ?

- Je suis... sur le chemin de traverse ! répondis-je en apercevant une plaquette fixée sur un poteau au bout de la rue. »

« Comme dans Harry Potter ! » pensais-je en riant discrètement.

« Alors, en sortant de la rue, tu continues tout droit dans le boulevard Haussmann, jusqu'à apercevoir un grand palais rouge avec des colonnes blanches. C'est là où nous sommes enfermés.

- Qu'attendez-vous de moi ? »

Il m'a alors expliqué rapidement que j'avais énormément de magie en moi. Que je pouvais défier Marc ! J'eus une pensée assez saugrenue vu ce qu'il venait de m'annoncer : ici, les gens étaient appelés par leur prénom ! Même le Tyran, comme je l'avais surnommé, était appelé Marc ! Pas M. Trucmuche, pas le Despote, mais... Marc ! Puis je revins sur Terre (ou plutôt sur Sloof !). Mon père me dit en détail ce que je devais faire. Puis il rompit la communication.

Je fis alors ce qu'il m'avait demandé. Je remontai le boulevard Haussmann, en me disant que la planète Terre devait vraiment leur manquer, pour qu'ils baptisent leurs rues avec les noms de celles de Paris ! Je passai devant le palais, imposant, mais sans trop dénaturer le paysage. Je pris un carton dans une poubelle, et entrai dans le palais, prétextant un colis à livrer avec accusé de réception. Je me dis que niveau sécurité, ils pouvaient mieux faire... En même temps, j'étais habitué à l'opération « Sentinelle », contre ces terroristes fous, alors quand on peut rentrer dans un palais royal avec juste un carton abîmé dans les mains...

Je posai mon carton dans le couloir, et avançai sur le marbre blanc en essayant de faire le moins de bruit possible. Je tournai à gauche au deuxième croisement de couloirs. Puis je pris à gauche puis à droite, puis encore à droite et à gauche. La salle dans laquelle je devais me rendre se trouvait au bout du couloir, mais des peintres repeignaient les murs et le plafond du couloir, et on ne pouvait plus passer... Je fis alors demi-tour, essayant de contourner cet obstacle en empruntant d'autres couloirs. Je pris plusieurs tournants, me cachai pour ne pas me faire repérer quand quelqu'un passa dans le couloir à ma droite. Je tournai encore beaucoup dans ce palais aux couleurs de Noël. J'étais totalement perdu quand j'arrivai dans un cul-de-sac. « Flûte ! » m'exclamai-je. Je souris en entendant cette expression datant d'une autre époque. Puis je pensai à ma flûte traversière, chez moi. A ce moment-là, j'aurai tellement voulu l'avoir, et qu'elle puisse charmer tous les gens de ce palais, comme dans Le Joueur de flûte de Hamelin... Je me laissai glisser au sol. Je me mis à pleurer, tout doucement. J'avais été juste devant la porte de la salle d'enregistrement de la seule chaîne de télévision autorisée par Marc (à savoir la sienne). Je me trouvais à un couloir de cette porte, juste séparée d'elle par des peintres... Des peintres m'avaient empêché de délivrer cette planète ! Je serais entré dans cette salle, je me serais fait passer pour le nouveau présentateur, menaçant d'appeler Marc s'ils ne me laissaient pas parler seul au public. Et les habitants, à cette heure-là chez eux devant leur télévision, moment devenu obligatoire, auraient entendu mon message d'espoir, m'auraient confié leur magie, j'aurais défié le Tyran, et... « Et quoi ? m'écriai-je en silence. Je rêve trop ! Je n'aurais probablement pas su utiliser ma magie, même si mon père me dit que c'est instinctif...».

J'entendis un bruit et arrêtai de me lamenter. Je me relevai et avançai lentement jusqu'au bout du couloir. Je passai discrètement la tête dans l'allée, et reculai aussitôt en voyant une porte s'ouvrir. Je voulus entrer dans la seule pièce du couloir, mais elle était fermée à clé !! Je me calai dans le renfoncement de la porte, et me fis le plus petit possible. Ahuri, je vis passer trois gardes vêtus de vert ; puis trois gardes tout en rouge tenant chacun un drapeau blanc, avec un cadeau brodé dessus, emballé de papier rouge, entouré d'un joli ruban vert. Il représentait sans aucun doute la planète. Puis trois femmes, tout de blanc vêtues, portant une litière romaine, passèrent dignement. Sur celle-ci était allongé le plus étrange homme qu'il m'eut été donné de voir.

Il était petit, mais ce n'était pas un nain. Son visage aux traits anguleux servait de support à ses deux petits yeux, qui reflétaient une ambition sans limite. Sa grosse bedaine contrastait singulièrement avec ses bras musclés, trop longs pour sa taille. Et ses pieds... ses pieds... Ils étaient démesurés, enfoncés dans des chaussons de lutin, rehaussés d'une clochette à leur extrémité pointue ! Mais ce que je remarquai lorsqu'il tourna la tête pour regarder derrière lui, fut son immense barbe blanche, tellement grande qu'il l'avait tressée pour ne pas se prendre les pieds dedans ! Il ne correspondait pas du tout à l'image que je me faisais du Père Noël... Je ne pouvais pas imaginer ce que serait le prochain Noël pour tous les enfants du monde, si c'était cet énergumène qui faisait la distribution des cadeaux, si du moins Monsieur daignait le faire. Et derrière lui, vinrent symétriquement au devant de sa litière, trois femmes en blanc, puis trois hommes rouges puis trois en vert.

Je respirai un grand coup lorsqu'ils furent passés ; je n'avais pas remarqué que j'avais retenu ma respiration. Je comptai jusqu'à dix, puis sortis de ma cachette. Je les suivis sans me faire repérer, au bruit de leurs pas.

A la sortie du palais, des trompettes jouèrent, vite rejointes par des fifres et des tambours. Cela formait un ensemble assez original, mais la musique n'était pas mauvaise. Je me cachai derrière une colonne. Marc, qui s'était arrêté sur le seuil du palais, sortit de sa litière. Il descendit les trois marches sur le tapis rouge, déroulé pour l'occasion.

Devant le palais, derrière des barrières de sécurité, se tenait une foule énorme. Tous habillés en lutins !! Je me pliai de rire derrière ma colonne, en tâchant de ne pas me faire repérer. On aurait dit la plus grande fête déguisée du monde ! Je ne savais que faire. Je me souvins alors de ce que m'avait dit papa : « Lorsque tu auras besoin de ton pouvoir magique, tu n'as qu'à y penser très très fort. Tu imagines le plus précisément possible ce que tu veux faire, et tu projettes ton pouvoir en avant. Attention cependant : la magie ne permet pas de tout faire ; tu ne peux ni enlever la vie ni la créer. Et tout ce que tu créeras ne durera pas longtemps, quelques heures tout au plus pour ton pouvoir. Et ne l'utilise que pour te défendre, sauf lorsque tu défieras Marc... ». Il m'avait recommandé certaines petites choses, puis nous nous étions séparés. Enfin, façon de parler...

A ce moment-là, je n'avais pas d'idée précise de ce que je voulais infliger au Tyran. Désespéré pour cette planète mais surtout pour mes parents, j'essayai de projeter toute ma magie sur leur ravisseur.

Un grand vent se mit à souffler. Cela déstabilisa Marc, et...

Il perdit sa barbe ! Elle s'envola, au gré du vent, de mon vent. Derrière elle, voltigeait une ficelle, certainement celle qui avait dû rattacher cette barbe au Tyran !

Toute la foule riait aux éclats : un Père Noël sans barbe, c'est ridicule ! Et il l'était, ridicule, assurément ; et tout son public, qu'il avait réuni là, était hilare. Même si certains se moquèrent un peu de lui, heureusement les Sloofiens n'étaient pas méchants.

Puis, un grand lutin à lunettes vint me féliciter, puis un autre, et bientôt ce fut toute la foule qui m'acclamait. Grisé, je me laissai porter jusqu'à la salle du trône.

Il ne fallut que quelques heures pour que mes parents soient libérés. Le peuple, libéré de l'emprise du Tyran par un coup de chance, confia de nouveau sa pleine magie au Père et à la Mère Noël. Mes parents ! Quant au Tyran, ou plutôt Marc, personne ne le retrouva. Le Père Noël à la barbe postiche s'était enfui sans demander son reste ! Enfin, ça se comprenait...

Quant à moi, on me reconduisit chez mes parents adoptifs. Je vis de nouveau « normalement » à Rambouillet. Je passe la moitié de mes vacances de Noël et la moitié de celles d'été avec mes parents biologiques, sur Sloof... ou à Rambouillet ! Une seule chose a changé : je suis un peu plus dans la lune qu'avant (ou plutôt, un peu plus dans Sloof qu'avant !). Et quand on me demande à quoi je pense, je réponds invariablement : « À la magie de Noël ! ».

FluteAddict


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