Chapitre 46 : Noël

Lorsque Hoseok ouvrit les yeux, il était seul dans sa chambre. Ses paupières clignèrent quelques instants. Pas un bruit, seulement le son froid de l'hiver solitaire.

Son cœur se serra douloureusement : c'était le jour de Noël. Comment la semaine avait-elle pu passer si rapidement ? Le temps avait filé plus vite encore qu'à l'accoutumée.

Hope se leva et osa un regard effrayé à la fenêtre devant laquelle il s'arrêta : dehors, il faisait toujours sombre. La lune avait disparu, sans doute obscurcie par quelques nuages. Mais il y avait cet éclat surnaturel qui brillait et fit frissonner le jeune esprit de Noël. Son étoile.

Le frisson que Hoseok ressentit alors se propagea le long de son échine à tout son corps. Cette fois les larmes ne furent plus seules, elles furent accompagnées de sanglots : le jeune garçon savait ce qui était en train de lui arriver. Il allait rejoindre ses autres créations abandonnées au matin de Noël. Déjà s'emparait de lui cette sensation qu'il n'avait jamais connu : il avait froid, atrocement froid.

Il voulut serrer ses poings et tirer sur ses manches pour protéger ses mains ; ses membres étaient engourdis, il avait de plus en plus de mal à les mouvoir. Ils se faisaient raides, Hoseok les crut même capables de se casser.

Le regard toujours planté sur l'extérieur, il se tenait debout, résigné, prêt à affronter son destin. Alors c'était à ça que l'avait conduit son vœu ? C'était de cette manière que tout devait se finir ? Dans ce cas pourquoi se sentait-il si malheureux ? Obtenir ce qu'il souhaitait ne lui apportait rien d'autre que ces larmes et ces sanglots qu'il ne parvenait pas à contrôler et qui étaient les dernières choses capables de faire trembler son corps qui se figeait lentement.

Hoseok eut le courage de baisser les yeux sur ses mains. Elles se couvraient doucement d'une glace qui semblait presque irréelle.

« Non, pitié, murmura-t-il. Pas ça... »

Le gel gagna ses poignets ; déjà il ne sentait plus ni ses doigts ni ses articulations.

Dans un nouveau sanglot il leva les yeux au plafond et ne retint plus sa peine. Les larmes coulèrent, toujours plus froides, tandis que dans un ultime élan de son cœur il fit quelque chose qu'il n'aurait jamais cru faire : conscient de ce qui l'attendait, il adressa un ultime murmure à sa propre étoile.

Il ignorait s'il était serein, résigné ou simplement désespéré, mais ça n'avait plus d'importance.

« Cette semaine tu m'as permis de retrouver espoir, Namjoon-ah. J'ai compris... je sais ce que je suis, ce que j'ai toujours été et ce que je serai éternellement. L'Espoir. Merci... »

Sa voix ce brisa à ce mot prononcé avec un ton profondément affectueux. Et tandis qu'il parlait, Hoseok sentait le froid s'emparer toujours plus de lui. Ses bras, le bas de son corps... et la glace approchait de son cœur. Le plus douloureux, pourtant, c'était de savoir que s'il en était là aujourd'hui, c'était parce qu'il avait voulu abandonner sa tâche.

Et maintenant qu'il était sur le point d'être délesté de ce fardeau, il le regrettait profondément. Car même s'il avait été seul tous ces millénaires, même s'il n'avait été rien de plus qu'un esprit...

Incarner l'espoir de Noël, c'était une mission qu'il avait toujours chérie et qui lui avait apporté, année après année, un immense bonheur. Sans doute avait-il été plus morose ces dernières années en voyant qu'on ne croyait plus en son pouvoir, mais au fond de lui il savait qu'il avait été créé pour ça.

Alors il laissa une larme de plus couler et les coins de ses lèvres se relevèrent en un délicat sourire. Son étoile, sa tâche, ses créations, les gens qu'il avait rendus heureux...

« Je ne regrette rien, » souffla-t-il d'un ton nostalgique, les yeux brillants d'un bonheur auquel se mêlait la mélancolie.

Une douleur lancinante s'empara de son corps lorsque ce fut à son cœur de subir ce froid terrifiant. Hoseok baissa la tête, acceptant enfin son sort.

Son torse, son cou, déjà il était complètement immobilisé. La glace recouvrit sa chevelure puis gagna peu à peu son visage. Ses larmes s'étaient faites de givre, mais son regard ne quittait plus son étoile. Il ferma les yeux, sentit le gel se répandre sur ses paupières...

Puis il sentit deux bras s'enrouler autour de sa taille avec une infinie délicatesse. Même en dépit de la glace le jeune homme pouvait les reconnaître, ces bras amoureux qui le serraient, et ce torse brûlant qui vint se mouler lentement à son dos.

L'amour remplaça la résignation, le chaud le froid, l'espoir le désespoir.

Et Hoseok put ouvrir les yeux. Il les ouvrit sur un ciel nocturne où brillaient la lune et une multitude d'étoiles. Alors ce furent des larmes de soulagement qui remplirent son regard, et à mesure que son corps se réchauffait il en reprenait le contrôle sans pour autant réussir à empêcher ses sanglots de le faire trembler. Il avait tant espéré...

« Merci, Namjoon-ah. »

L'étreinte autour de son corps se resserra, plus rassurante que toutes les paroles du monde. Hoseok essuya ses larmes, son cœur criait de bonheur, tout son être était en fête ; Namjoon était là, il l'avait retrouvé, il l'avait sauvé ! Le jeune esprit de Noël ignorait encore ce qui avait bien pu se produire exactement, mais il n'avait plus envie de se poser la moindre question : avec cette transformation, il était devenu humain. À la fois délesté de son fardeau et toujours en vie, il venait de recevoir de Namjoon le plus précieux des cadeaux : la délivrance et, plus encore, l'espoir.

C'était en vérité en acceptant ce qu'il avait été qu'il s'était lui-même offert cette ultime liberté, mais il ignorait encore qu'il ne serait pas le seul à y goûter.

Dans un mouvement qui tint plus de la pulsion qu'autre chose, Hoseok fit volte-face et se jeta au cou de celui qu'il aimait dans un murmure de soulagement.

« Nam...

- C'est moi, Hoseok-ah. Je t'aime. »

Ces mots réchauffèrent Hoseok au point que le jeune garçon sentit ses joues rougir de plaisir. Il recula à peine son visage de celui de Namjoon avant de venir capturer ses lèvres dans un élan soudain de passion, une passion qui le dévorait jusqu'au plus profond de ses entrailles. Le baiser débuta de manière tendre et innocente avant de s'approfondir sous la volonté de Namjoon qui vint mordiller les lèvres de Hoseok. Ce dernier poussa un gémissement, entre douleur et plaisir, et joignit immédiatement sa langue à celle, taquine, de son ami.

Les deux garçons s'embrassèrent comme si leur vie en dépendait – et celle de Hoseok en avait dépendu. Le jeune esprit de Noël, après avoir connu le froid glacial de l'oubli, appréciait à sa juste valeur la chaleur exquise de l'amour, celle des langues qui se chamaillaient avec passion, celle des cœurs qui battaient en rythme. Comme c'était doux, comme c'était bon...

Chacun serrait puissamment celui qu'il aimait contre lui, ils n'avaient aucune envie de se détacher l'un de l'autre. Namjoon avait posé une main au creux des reins de Hoseok, l'autre autour de sa taille, de manière à l'étreindre parfaitement, réchauffé par les bras que Hoseok avait passé autour de sa nuque pour le contraindre à garder sa bouche contre la sienne. Leurs deux langues s'amusaient, se taquinaient, et chaque fois qu'elles se trouvaient, c'était pour Hoseok pareil à un feu d'artifice de sensations. Jamais aucun Noël n'avait été si doux.

« Je t'aime, lui confia Hoseok entre deux baisers, je t'aime tellement...

- Est-ce que tu as ouvert ton cadeau ? »

La question, posée avec malice, attisa la curiosité du jeune garçon qui hocha négativement la tête avant de porter son regard à sa table de chevet. Il s'y trouvait sa tasse vide ainsi que le petit paquet offert par Namjoon. Ce dernier effectua une légère pression dans son dos pour le pousser à aller ouvrir le cadeau.

Hoseok attrapa le paquet, en défit le ruban doré puis le papier coloré, et un sourire ému naquit sur ses lèvres.

« Tu as été, es et seras toujours Hope, » lui susurra Namjoon qui, derrière lui, posa ensuite ses lèvres contre sa nuque sur laquelle elles firent naître un agréable frisson.

Hoseok posa son petit renne sur son matelas et sortit l'autre décoration de l'emballage. Elle était belle, et sans doute serait-elle pour toujours le symbole de son histoire...

Cette étoile bleue couverte de paillettes qui la faisaient briller d'un éclat surnaturel.








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« Pas un bruit, seulement le son froid de l'hiver solitaire. » : parce qu'on peut pas finir un livre en beauté sans un hypallage double, ici l'inversion des noms auxquels se rapportent les adjectifs permet de mettre en valeur la détresse de Hoseok. :3

Et bien sûr, vous l'aurez reconnue, cette étoile que Namjoon lui offre : c'est celle qui apparaît sur les couvertures de chacun des trois tomes de cette petite série. ^^

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