Frank fourra sans ménagement son téléphone dans sa poche avant de s'enfermer dans une des salles de bains de l'hôpital. Il ne savait pas qu'elle émotion était la plus forte entre la souffrance qui lui transperçait le coeur et la colère qui grondait dans son ventre.
En tout cas, ni l'une ni l'autre ne lui permettrait de travailler convenablement. Fort heureusement, son histoire d'heure de nuit était un pur mensonge. Frank n'avait pas trouvé d'autre excuse pour ne pas se retrouver nez à nez avec la possible future conquête d'Allan.
Il savait qu'il ne le supporterait pas. Ce qu'il ignorait en revanche c'était sa réaction face au spectacle d'une femme - ou de n'importe qui d'ailleurs - aux côtés du brun. Et il préférait ne pas la connaître.
Il était donc préférable de fuir, n'importe où, du moment qu'il ne tombait pas sur son meilleur ami en désagréable compagnie. Il s'adossa contre la porte de la pièce, tentant de reprendre ses esprits. Il ne devait pas laisser ses émotions prendre le pas sur lui. Il fallait qu'il tienne le coup, au moins jusqu'à la fin de sa journée.
L'image d'une jolie rousse dans le lit de son meilleur ami surgit soudain de nulle part, accentuant davantage la douleur qui se propageait à présent dans toute sa poitrine. Les larmes ne tardèrent pas à suivre, tandis qu'il se laissait glisser au sol, entourant ses genoux de ses bras et enfouissant son visage dans ces derniers pour étouffer ses sanglots.
Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ça lui arrive à lui ? Il enviait tellement l'insouciance d'Allan, alors que lui sombrait de jours en jours dans l'enfer d'un amour à sens unique. Voir Allan si proche et pourtant si loin le faisait souffrir chaque seconde un peu plus.
Savoir que ces sourires qu'il n'avait pourtant que pour lui, n'avaient pas le signification qu'il aurait voulu. Se dire que, même si Allan n'était pas attiré par les filles, il ne le regarderait jamais que comme un frère. Se dire que, même dans une décennie il en serait toujours au même point, à courir après quelque chose qu'il n'aurait jamais, qui lui était inaccessible. Tout cela était insoutenable.
Il resta ainsi de longues minutes, à pleurer silencieusement, priant pour que les bras dont il avait besoin viennent le consoler. Malheureusement, au bout de ce qui lui sembla une éternité, et sans grande surprise, personne ne vint sécher ses larmes et calmer ses sanglots.
Revenant finalement à la raison, retrouvant le peu de dignité qui lui restait, Frank finit par se relever, se dirigea vers le lavabo pour se passer de l'eau sur le visage, et sortit de la petite pièce.
Il regarda sa montre. Il lui restait encore une heure avant de terminer sa journée. Se sentait-il seulement capable de tenir encore soixante minutes ? Pas vraiment. Mais que pouvait-il faire de toute façon ? Il avait dit à Allan qu'il ne serait pas là de la soirée, il ne pouvait pas débarquer chez eux comme une fleur. Surtout qu'il prenait le risque de tomber sur son meilleur ami, chose qu'il voulait à tout prix éviter.
Autant rester ici encore une heure et ensuite... ensuite il verrait bien. Il trouverait bien un ou deux bars pour l'accueillir. Et pourquoi pas les bras d'un gentil garçon qui voudrait bien l'aider à oublier, pendant quelques heures, celui qui meurtrissait son coeur.
Le temps de vérifier quelques constantes, de passer les consignes aux médicomages de nuit et de se changer, il était déjà vingt heure. Le temps était passé à une vitesse astronomique. Il s'était retrouvé dehors beaucoup plus vite que prévu, déambulant comme une âme en peine dans les rues de Londres.
Au croisement d'une rue, il failli percuter un jeune homme - qui pourtant au vu de sa taille et de sa carrure impressionnante ne passait pas inaperçu - et se répandit en excuses. Il avait vraiment l'esprit ailleurs ce soir. Le jeune homme répondit qu'il n'y avait pas de mal, accompagné d'un grand sourire qui lui vrilla doucement le coeur, rappelant à s'y méprendre celui d'un autre jeune homme.
Dans un autre siècle, une autre ère ou même un autre monde, Frank aurait pu lui proposer de venir boire un verre avec lui. Mais là, à l'instant présent, il n'en avait pas la force. Il le laissa donc continuer tranquillement sa route tandis qu'il reprenait ses déambulations hasardeuses.
La fatigue commençant à se faire sentir à force de marcher sans but, il finit par poser ses fesses sur le siège peu confortable d'un bar, relativement animé à cette heure. Accoudé au comptoir il commanda une bière et l'observa longuement sans y toucher.
« Mauvaise journée ? »
Il tourna la tête dans la direction de la voix qui s'était adressé à lui, s'apprêtant à envoyer son interlocuteur sur les roses. Il n'était pas vraiment d'humeur à discuter ce soir. Son regard tomba sur le jeune homme qu'il avait bousculé un peu plus tôt et son expression compatissante le dissuada de l'envoyer voir ailleurs. S'ils se recroisaient dans la même soirée, c'était peut-être pour une bonne raison.
« Mauvaise journée, mauvaise semaine, mauvais mois. On pourrait continuer longtemps comme ça...
- On pourrait résumer ça à une mauvaise période ?
- Ouais voilà, quelque chose dans ce genre...
- Envie d'en parler ?
- Pas vraiment...
- Ok. »
Son voisin de comptoir n'ajouta rien et se contenta de lever son verre à mi-hauteur. Frank attrapa sa bière et trinqua avec lui, avant de boire à grand traits le liquide blond légèrement amer. Après plusieurs gorgées, Frank finit par engager la conversation.
« Et toi, qu'est-ce qui t'amène ici ? »
Quoi de mieux pour se changer les idées que de s'intéresser aux autres ?
« Une envie de prendre l'air et de profiter d'une bonne soirée.
- T'es pas tombé sur la bonne personne pour la bonne soirée alors...
- Peut-être juste pas le bon soir ?
- Pas le bon soir en effet... »
Frank se perdit à nouveau dans la contemplation de sa boisson, méditant sur la possibilité de s'y noyer si cela pouvait l'empêcher de se morfondre pour le restant de ses jours. Heureusement, son comparse d'un soir ne lui laissa pas le temps de monter un plan pour mettre son idée à exécution.
« Tu fais quoi dans la vie ? »
Frank failli répondre qu'il était médicomage mais se rattrapa à la dernière minute. Il était très probablement en train de discuter avec un moldu. Et même si ce n'était pas le cas, il n'était pas très prudent de parler du monde sorcier dans un bar rempli de gens qui n'en soupçonnaient pas même l'existence.
« Je suis médecin.
- Médecin ? ça doit pas être facile tous les jours comme boulot. »
Frank hocha imperceptiblement la tête.
« Et toi ?
- Moi je bosse pour une petite société familiale. Pas le boulot le plus passionnant du monde. Mais c'est toujours mieux que rien. Tu bosses dans un cabinet ?
- Non un hôpital.
- Tu dois en voir passer des choses par chez toi. Vous devez pas vous ennuyer.
- C'est le moins que l'on puisse dire »
Ils se mirent à rire. ça pour ne pas s'ennuyer, il ne risquait pas de s'ennuyer. Les sorciers étaient de véritables génies quand il s'agissait de se retrouver dans les situations les plus improbables.
Frank repensa à son patient éléphant. Suivit rapidement par le souvenir d'Allan venant à leur secours pour tenter de le maîtriser, avant de rendre sa forme d'origine au quinquagénaire ensorcelé, plus vite que son ombre. Toutes les personnes présentes avaient été époustouflés par sa prestation.
Le sourire de Frank disparut en repensant à son meilleur ami. Qu'était-il en train de faire là, tout de suite ? Buvait-il un verre assis à une petite table comme celles qui se trouvaient derrière lui, ou bien était-il rentré parce que son rendez-vous s'était mal passé ? Ou alors.... il termina sa bière d'une traite et commanda un verre de Whiskey. Il lui fallait quelque chose de plus fort pour faire passer l'image persistante qui ne voulait pas disparaître.
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Je précise que le personnage de Kalos ne m'appartient pas . Il appartient à Marvel_0us qu'elle m'a autorisé à utiliser dans le cadre du nano-GE organisé sur le forum de Génération Écriture pendant le NaNoWriMo. Voilà voilà à très vite pour la suite ! 1😁
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