Chapitre 9 du 2ème Cycle Lunaire
Toujours seule à la maison, les mêmes images défilaient dans ma tête. Je revoyais Kei, mon père, ma mère. Ma mère. Elle allait mal et c'était de ma faute. Je n'arrivais pas à me défaire de cette idée. Je l'avais abandonnée. C'était de ma faute. J'aurais dû être avec elle. J'avais voulu voir mon père. Mon père l'avait blessée. Je l'avais blessée. J'étais comme mon père, égoïste. J'avais fuit. Je fuyais encore. Je voulais trouver une échappatoire. Mais comment ? J'étais seule et désespérée. Je me souvenais de la sensation que j'avais eu quand je m'étais bêtement blessée. Je voulais que ça revienne.
Je fouillai alors mes affaires, à la recherche de ma porte de sortie. Enfin, je le trouvai. Un cutter à la lame usée, j'en brisai alors le bout pour avoir un nouveau tranchant. Je fixai la lame comme si j'attendais qu'elle bouge d'elle même. Je ne pouvais pas faire ça. Me blesser consciemment ? C'était totalement insensé. Je posai la lame, doucement, au creux de ma main. "Comment pouvait-on s'infliger une telle douleur à soi-même ?" m'interrogeai-je alors. Et si c'était la seule solution ? J'appuyai légèrement. Je n'osai pas y aller directement. Je retirai vivement la lame de ma paume. Il y avait bien un autre moyen d'aller mieux. Manger de la glace devant un film d'amour qui finit bien ? Ridicule. L'amour, on aurait dit que ça ne me réussissait pas. Et la glace, il n'y en avait plus à la maison. C'était déprimant, rien que d'y penser. Vu l'heure qu'il était, je n'aurais pas pu en acheter. En plus, je n'avais aucune envie de sortir. Dehors, les gens meurent.
Dehors, les gens meurent... Ils ont des accidents, parfois ils s'en sortent... Parfois, ils restent indéfiniment sur un lit d'hôpital... Parfois, ils meurent, tout simplement, comme ça... Et on y peut rien... Et quand on est responsable... Quand on est coupable...
Je sentais ma gorge se serrer et les larmes monter à mes yeux. Avais-je tué ma mère ? Je savais bien qu'elle était encore en vie mais... J'étais pourtant seule à la maison... Ma main qui tenait toujours le cutter bougea toute seule. La lame s'enfonça dans ma chair et très vite, une goutte rougeoyante perla à travers la coupure toute fraîche. Je retirai la lame et laissai mon sang s'échapper...
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