Chapitre 8 du 2ème Cycle Lunaire

Ma mère était alitée depuis quelques jours déjà. Elle avait eu un accident et c'était de ma faute. J'étais partie, je l'avais abandonnée. J'avais espéré renouer des liens avec mon père mais à chaque fois que je le revoyais, j'avais seulement l'impression de voir un étranger à ma famille. J'avais revu Kei, nous nous étions rapproché, mais il était à nouveau parti, en me laissant dans le flou le plus total, et je risquais de perdre ma mère. Notre minuscule appartement me semblait bien vide sans elle. Je me sentais seule et je repensais à nos disputes récentes. Tout ça pour rien... Je me sentais sombrer dans une espèce de désespoir poisseux. Et pour ne rien arranger, je ne pouvais pas trouver de réconfort auprès de ma meilleure amie. Loana était partie en vacances au Canada, à l'autre bout du monde ! Je ne pouvais même pas l'appeler, on n'avait pas du tout les mêmes horaires... J'aurais tellement aimé l'entendre parler de son dernier Loïc, elle aurait su me faire sourire, me faire oublier mes problèmes juste un instant...

Comment peut-on s'en sortir quand il ne nous reste rien ni personne à qui se raccrocher ? Aucun doute, je broyais du noir. Au début, je voulais seulement rester seule. Alors je restais enfermée chez moi. Je ne pouvais pas voir ma mère. De toute façon, elle passait ses journées à dormir, apparemment. Alors je restais recroquevillée dans mon lit, il y avait bien longtemps que mes derniers larmes avaient séché sur mes joues devenues moites. Je commençais à suffoquer dans cette obscurité oppressante.

Qu'est-ce que j'allais faire ? Qu'est-ce que je pouvais faire ? Je décidai de me lever, de me laver et de m'habiller joliment. Parfois, quand on se sent belle, on se sent mieux. Ça ne dura qu'un instant. Tant pis, j'aurais au moins essayé. Puisque j'étais habillée et que le soir arrivait, je décidai de sortir. Je n'avais jamais fait ça auparavant, sortir en boîte. Enfin si, une fois, mais pas seule. Une fois dehors, je ne savais pas trop où aller, alors je rejoignis la rue des étudiants, il paraissait qu'il y avait les plus gros fêtards de la ville. Arrivée en vue des nombreux bars, je commençais à nouveau à flancher. Qu'est-ce que je faisais là dans cette robe trop serrée ? Je devais avoir l'air d'une prostituée avec une tête de déterrée malgré mon maquillage.

Je vacillais et m'agrippai alors aux murs. Une pierre un peu trop saillante me fit déraper et s'enfonça dans la paume de ma main. Je me retirai très vite et examinai ma plaie. C'était vraiment moche à voir. Enfin, peut-être pas tant que ça ? Je rentrai chez moi plus vite que je n'en étais sortie afin de me nettoyer au plus tôt. Une fois dans la salle de bain, je regardai attentivement ma blessure. Le sang qui coulait sur ma peau m'hypnotisait. La chaleur qui émanait de ce liquide écarlate me semblait familière. Quelle douce sensation... Je me sentais étrangement apaisée. Perdue dans ma contemplation, je me ressaisis et nettoyai et bandai finalement la coupure.

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