Ma mère avait été généreuse en appelant ça un village. Ça méritait à peine l'appellation de hameau. C'était bel et bien un coin perdu et hors du temps. Mais bon, on avait été accueillies avec beaucoup de chaleur. On logeait dans l'annexe d'une maison habitée. Enfin, on passait pas mal de temps dans la maison elle-même parce que la vieille dame qui vivait là était seule et aimait avoir de la compagnie. Puis elle connaissait ma mère, puisqu'elle était déjà venue plusieurs fois. Enfin, le coin était vraiment calme et apaisant. Il y avait de jolis paysages, je devais bien l'avouer.

Un soir, la dame nous invita à dîner des crêpes chez elle. Mais, mon dieu, ses crêpes ! C'était les meilleures crêpes que j'eus mangé de toute ma vie ! Elles étaient fines et légères, elles étaient ni trop sucrées, ni trop grasses et qu'est-ce qu'elles étaient fondantes dans la bouche ! J'en avais tellement abusé que quand j'étais allée me coucher, je m'étais endormie aussitôt.

Dans mes rêves, je voyais des crêpes qui s'empilaient dans des assiettes géantes. Puis quelqu'un s'approchait de moi, il avait l'allure d'un militaire sorti d'une autre époque et il me disait que je devais tout manger sinon, j'allais mourir. Au début je croyais qu'il me menaçait mais peu à peu, je me sentais défaillir dès que j'arrêtais de manger et je comprenais que c'était juste une mise en garde. Puis je commençais à faiblir et je n'arrivais plus à manger alors il disait que je devais me ressaisir, que je ne devais pas laisser tomber. Et alors que je n'arrivais même plus à bouger, il s'approchait de moi et je pouvais enfin voir son visage. C'était Kei. Il me regardait avec tristesse et douceur et murmurait quelque chose à mon oreille. Juste après, je me réveillais dans une chambre inconnue. Mes sens étaient encore engourdis par le sommeil et je mis quelques minutes à réaliser où j'étais. Ah oui, les vacances en Bretagne...