Chapitre 14 du 2ème Cycle Lunaire
Quelle étrange impression. J'avais l'impression d'être à ma place et en même temps, le monde qui m'entourait me semblait différent, presque irréel. Je me trouvais dans une chambre. Elle était trop grande pour moi. Je glissai hors de mon lit. À la fenêtre, je voyais les étoiles. Je m'approchai alors pour me souvenir d'où j'étais. Il y avait un balcon, en bas, un immense jardin, il ressemblait au parc du bas de ma rue. Je sortis discrètement de ma chambre, comme si je savais que je n'en avais pas le droit. J'avais eu du mal à atteindre sa poignée, il me semblait que les meubles qui m'entouraient n'étaient pas à la bonne taille.
Je me trouvais dans un long couloir orné de tapisseries dorées. Le sol était couvert d'un épais tapis en velour rouge qui étouffait chacun de mes pas. Je traversai ainsi plusieurs couloirs et descendis des escaliers qui n'en finissaient pas. Je ne savais pas où j'allais, mais je savais que je devais y aller. Le dernier couloir que je traversai était pierreux, il n'avait pas de tapis et le moindre son se répercutait à l'infini. Je dus prendre beaucoup de précaution afin que personne ne me surprenne. J'étais arrivée face à une cellule. Il y avait quelqu'un à l'intérieur, je sortis un biscuit de ma poche et le tendis vers la silhouette. Elle n'était pas très grande, elle devait faire à peu près ma taille.
La fillette aux cheveux blancs s'avança vers moi et prit la nourriture.
"Merci, dit-elle, Tu es différente. Tu reviendras ?
- Bien sûr, répondis-je en lui souriant.
- Non, fit-elle en secouant la tête, je veux dire, tu reviendras, tout comme tu es déjà revenue."
Interloquée, je la regardai avec étrangeté. Puis l'image se brouilla et la fillette disparut peu à peu, comme un tableau qu'on efface. J'ouvris les yeux sur mon plafond. Je me dis que mes rêves avaient de moins en moins de sens. Au moins avant c'était facile : quelqu'un me tuait, et c'était fini.
Il faisait encore nuit, alors je décidai de prendre l'air sur le toit, ça faisait longtemps. Une fois en haut, j'avais l'espoir de revoir Kei. C'est vrai, il était venu ici, une fois... Mais il n'y avait personne, cette fois. La lune n'était plus qu'un mince trait de lumière dans le ciel obscur. Machinalement, je m'approchai des rebords du toit. Je me demandais ce que ça faisait d'être si près du vide, alors j'y montais. Je regardai en bas, avec appréhension d'abord. Je pensais avoir le vertige mais voir la rue si éloignée, ça avait quelque chose de grisant. C'était peut-être la nuit qui me faisait cet effet. Je restai debout, tout près du bord, face à la ville et respirai profondément. Je me sentais vivante.
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