Les ombres
Solis marchait à grands pas le long des rues pavées. Elle avait déjà fait le tour de l'école, mais Elesia n'y était pas. Son amie n'était pas chez elle non plus, et ses parents étaient inquiets. De plus, il était vingt heures passées, et le couvre-feu se mettait en place dès ce soir. La brume vint s'installer peu à peu dans la nuit noire. Solis avait pris Flosia avec elle, c'est comme ça qu'elle avait nommé sa nouvelle amie, ça la rassurait. Elle essayait de montrer qu'elle allait bien et que la peur ne la perturbait pas. Or, sa main tenant le pot de Flosia tremblait un peu trop.
— Tourne ici ! s'exclama la fleur.
La jeune elfe s'exécuta et s'avança à présent dans une ruelle éclairée par une seule lanterne d'où jaillissait une flamme bleue.
— Avant, c'était déjà assez glauque ici, mais sans personne ça l'est encore plus. Les ivrognes qui s'attardent dans les rues me manqueraient presque ! s'exclama la Violia.
Solis rit un peu, sa respiration créa des petits nuages dans l'air.
Soudain la lumière de la lanterne s'éteignit, comme si l'on avait soufflé dessous.
— Oh non, les ombres ! murmura la fleur.
Solis n'eut pas le temps de lui demander ce que cela était, un souffle froid passa à côté d'elle et sembla l'examiner. Alors que les yeux de la jeune fille s'habituaient à l'obscurité, elle aperçut avec effroi une créature menaçante se dressant devant elle. C'était quelque chose de terrifiant ! Sans comprendre, les jambes de l'elfe se mirent à courir d'elles-mêmes dans l'autre sens.
Solis traversa les rues escarpées le plus vite qu'elle put. La forme sombre la suivait, et la rattrapa quasiment en glissant sur le sol. Elle ne pouvait tout de même pas se laisser impressionner, par une ombre ! Pourtant, c'était ce qu'il se passait. Si elle voulait changer le monde, ce n'était pas comme ça qu'elle y arriverait. La jeune fille perdait son souffle et ses jambes la brûlaient. Solis était devenue livide, soudain, l'ombre s'agrippa à ses chaussures.
Arrivée à sa hauteur, la créature se volatilisa étrangement. La jeune fille avait à présent une aura bleue autour d'elle qui s'estompa avant qu'elle y comprenne quoique ce soit. Flosia était pétrifiée, ses pétales étaient devenus ternes. Solis la rapporta dans sa veste, s'en voulant de l'avoir ramenée avec elle. Apercevant une lumière sous un pont, elle y courut, la boule encore au ventre à cause de ce qui venait d'arriver. Là, adossée à un mur, Elesia était en train de pleurer, les genoux ramenés contre sa poitrine. Au bruit de pas de Solis, elle sursauta et se mit en position de défense.
— Hey, c'est moi, Solis ! fit-elle. Que fais-tu là ? Tout le monde te cherche !
Elesia sembla se détendre, mais n'arrivait pas à aligner ses mots.
— Des ombres. Puis, elle se remit en boule, le teint complètement blanc.
Solis s'accroupit devant elle, et essaya de la rassurer alors qu'elle-même était encore pétrifiée. Son amie lui faisait terriblement de la peine.
— Je les ai vues aussi, ne t'en fais pas, elles ne font pas de mal. Allez, il faut rentrer maintenant !
Soudain, des voix se firent entendre, plusieurs hommes paraissaient se rapprocher. Solis se mit devant son amie, elle distingua des silhouettes puis des uniformes vert foncé. Leurs lanternes éblouissaient le visage des deux adolescentes. C'étaient les Elmor, tout allait bien ! La respiration de Solis se fit plus lente. En revanche, elle s'inquiéta, il était largement passé vingt heures ! Les Elmors sécurisaient la ville, mais bien sûr, ils étaient rattachés au gouvernement. Solis avait toujours eu peur d'eux.
— Que faites-vous là ? demanda un homme à la carrure large d'une voix forte.
— Je… Je cherchais mon amie ! Pour la prévenir de rentrer, mais une ombre m'a attaquée.
— Une ombre ? demanda un homme, soudain intrigué.
— Il n'y a aucune ombre qui attaque ! coupa le chef du groupe.
En tout, ils étaient quatre hommes, les trois plus jeunes chuchotaient entre eux, pas très rassurés. L'un s'approcha du chef et lui indiqua qu'il faudrait vite faire rentrer les deux jeunes filles chez elles. Solis crut entendre le mot ombre, mais préféra croire que ce
n'était qu'elle qui hallucinait un peu.
— Elesia Lamac, c'est ça ? On nous a signalé ta disparition. Et toi ?
— Solis Lisblum. Le chef regarda autour de lui de façon inquiète et dit, d'un air pressé :
— Aller, venez, on vous raccompagne chez vous ! On vous posera les questions sur la route. La prochaine fois, jeune fille, ne t'aventure pas seule la nuit !
Sur ce, le groupe se dirigea vers la ville basse, parcourant l'eau du canal. Les Elmors ne leur ont rien indiqué, pas encore. Mais ils prenaient des notes, pour quoi faire ? Solis fronça les sourcils, la boule au ventre.
— Elesia, que faisais-tu dehors à cette heure-là ? demanda un homme, carnet à la main.
Elesia échangea un regard avec Solis.
— Je rentrais chez moi, quand j'ai croisé une ombre, je crois, raconta l'elfe blonde. Une créature. J'ai été terrifiée et je me suis mise à l'abri sous le pont. Oh, monsieur, je n'étais pas au courant pour le couvre-feu !
L'Elmor griffonna sur son carnet et Solis tenta d'y jeter un coup d'œil, mais, dans le noir, elle ne voyait pas de là où elle était.
— Et pourquoi es-tu partie de l'école ?
— J'ai… J'ai eu un problème, je voulais rentrer chez moi, expliqua Elesia en triturant son manteau.
— Quel genre de problème ? Solis fronça les sourcils et tourna sa tête vers son amie.
— Une mauvaise note… chuchota-t-elle.
Les Elmors se regardèrent entre eux, certain même se mirent à rire. Arrivés près de chez Elesia, ses parents se mirent à courir vers elle pour la serrer dans leurs bras, soulagés. Ils firent un sourire à Solis et, sans un mot, ils rentrèrent chez eux. Les Elmors commençaient à s'impatienter et les poussaient presque à l'intérieur, un garde rentra dans leur maison, sûrement pour signer des papiers, et poser encore quelques questions.
Solis ne savait pas très bien s'ils la croyaient pour les créatures ou pas. Bientôt, Solis fut également ramenée chez elle où sa mère était en train de faire les cent pas.
— Où étais-tu passée ? s'exclama son père et lui prenant les épaules.
— Euh, retrouver une amie… répondit Solis. Les Elmors expliquèrent la situation avant de s'en aller.
Dans la maison, on servit du thé à l'adolescente avec une bonne odeur de cannelle. Sa mère était une spécialiste en thé, elle en devait sa réputation. Souvent, les voisins lui en demandaient. Son père avait allumé un feu dans la cheminée et son petit frère était déjà couché.
— Que s'est-il passé là-bas ? demanda sa mère inquiète, voyant bien que sa fille était ailleurs.
— Des ombres, il y avait des ombres. Sa mère fronça les sourcils en buvant son thé.
— Des ombres se baladant seules, ça n'existent pas, Solis. C'est ça de rentrer à des heures pareilles ! gronda la femme en robe de chambre, mais en la serrant tout de même dans ses bras. Dis-moi qui t'a fait du mal ?
— Personne maman ! Enfin si, une créature qui ressemble vraiment à une ombre. Louise fit la grimace et prit la température de sa fille d'un revers de la main. Pourtant, son père semblait comprendre.
— Les ombres existent, Louise, dit-il. On en parle beaucoup entre marchands. Certains râlent, car ces ombres font pourrir leurs légumes.
— C'est une excuse ! s'exclama sa femme s'étant levée pour faire les cent pas. Les légumes de Morchin sont toujours mauvais ! Il dit ça pour que l'on ait pitié et qu'on les prenne, ses légumes !
— Ce n'est pas vrai ! commença à s'énerver Larso. C'est comme ça pour tout le monde ! Une ombre est passée chez nous aussi et je peux te jurer que certains tissus sont froids maintenant ! Plus personne n'ose les acheter parce qu'il en sort une mauvaise énergie.
— La bonne blague ! Des tissus froids ? Qui dégagent une mauvaise énergie ? Et puis quoi encore ! cria Louise à présent. C'est parce que tu es mauvais marchand ça, que les tissus ne se vendent plus !
— Et les Elmors, ils n'ont rien dit ? demanda son père en changeant de sujet.
— Ils ont pris des notes, mais non, tu crois qu'ils vont se demander quoi ?
— On verra bien… souffla Louise.
Solis se leva et monta dans sa chambre. Elle était trop fatiguée pour faire quoique ce soit. Encore moins discuter avec sa famille.
— Encore un peu et personne n'aura de quoi manger à Nadan… Solis tendit l'oreille, ses parents chuchotaient presque, peut-être pour ne pas effrayer son petit frère.
Il adorait Nadan, c'était une fête qui célébrait le cœur de l'hiver. Elle partait d'une légende racontant un hiver très froid et long. À cette période de l'année, les habitants se réunissaient pour partager un grand repas tous ensemble et survivre à l'hiver. Même si aujourd'hui la saison froide était plutôt douce, cette fête était toujours de vigueur.
Ainsi, cette année, tout le monde en aurait besoin, se disait Solis, car les récoltes de l'automne avaient été mauvaises. Tout en y songeant, elle posa sa fleur sur son bureau, Flosia n'avait pas dit un mot depuis l'apparition de l'ombre. Alors que Solis fermait les rideaux, elle put voir la brume coller aux arbres et des formes noires se dresser entre les épis de maïs. Ainsi, d'un coup sec, elle tira le rideau pour mettre un trait sur cette soirée.
La nuit fut agitée, Solis voyait toujours cette ombre se coller à sa peau dans des rêves étranges. Le lendemain, au son du réveil, l'elfe sortit de son sommeil en sueur. Elle partit prendre une bonne douche, essayant de nettoyer chaque parcelle de sa peau, comme si quelque chose y était accroché.
En bas, ses parents étaient inquiets, ils la suivaient partout, essayant de savoir ce qu'il s'était passé. Solis était rassurée, ils ne lui avaient pas encore fait de reproches pour être rentrée après le couvre-feu. Elle n'avait pas envie d'en reparler maintenant. Dehors, tout semblait être redevenu calme, les rues étaient bondées comme à l'habituel. Ça la rassurait. Avant de sortir, une petite main agrippa son bras gauche.
— Tiens, c'est un collier de protection que j'ai fait moi-même ! s'exclama Jacob, son frère âgé de six ans
Solis sourit et se mit à sa hauteur, elle remit en arrière les cheveux roses du petit garçon, les mêmes que ceux de leur père. Solis ne ressemblait pas beaucoup à sa famille. Elle gardait simplement les mêmes yeux gris que sa mère.
— Merci, lui dit-elle, la voix tremblante. Entre ses mains, elle examina une petite pierre blanche peinte grossièrement d'arabesques bleues.
Celle-ci était accrochée à un cordon noir qu'elle enfila autour de son cou avant de prendre la route. Arrivée à l'école, tout le monde agissait comme d'habitude. Pourtant, Solis avait l'impression qu'une éternité s'était passé depuis la veille. Mais, bien sûr, personne n'avait rencontré de monstres noirs qui les poursuivaient dans la rue. Quand elle rejoignit son groupe d'amis, deux elfes étaient en grande discussion, elles parlaient d'une altercation qu'elles avaient eu la veille avec d'autres filles. La plus grande, qui se prénommait Radja, exposait avec de grands gestes à sa meilleure amie le fait qu'elle trouvait une autre elfe de sa classe un peu trop superficielle et qu'elle n'avait pas à se moquer d'elle.
Radja avait un regard bleu perçant, ses yeux se plissaient à chaque fois qu'elle prononçait le nom des personnes qu'elle n'aimait pas. Elle était assez démonstrative et manquait de frapper les gens autour d'elle à chacun de ses gestes.
À ses côtés, Lolima était une elfe radicalement différente. Petite, brune, elle avait un tempérament assez timide et souriait pour approuver les propos de Radja.
— Oh d'ailleurs, que s'est-il passé avec Elesia hier ? demanda Lolima en voyant Solis.
— Je crois qu'elle a eu une mauvaise note, déduit Emina qui se trouvait non loin.
— Une mauvaise note ? s'étonna l'elfe aux cheveux blancs, Elesia n'a jamais de mauvaises notes ! Lolima se retourna en fronçant les sourcils et Radja se mit à parler pour elle.
— Elesia pourrait pleurer pour des notes que nous ne rêvons même plus d'avoir, dit-elle un peu méchamment.
— Elle est exigeante avec elle-même, c'est tout, fit timidement Emina. Cette fois, c'est Lolima qui prit la parole, montant sur ses pointes de pieds pour paraître plus grande.
— Ah, mais toi aussi Emina, tu n'as rien à dire ! Tu as toujours d'aussi bonnes notes que Elesia. Alors, arrêtez de vous plaindre, c'est assez vexant pour nous qui n'avons pas les mêmes résultats !
Emina, perdue, se tourna vers Solis qui n'en pensait pas moins.
Pourtant, elle leva juste les épaules comme si elle ne comprenait pas, d'une manière d'affirmer « C'est comme ça ».
Elle ne voulait pas prendre part à cette conversation, vu l'état de son amie hier, ça ne devait pas être une simple note qui l'avait fait fuir. Pas seulement du moins. Lolima et Radja étaient maintenant en train de trafiquer quelque chose, la mine soucieuse. Elles avaient abandonné leur ancienne conversation pour se concentrer sur leur travail.
— Vous faites quoi ? demanda Solis.
— Plus rien ne marche ! Regarde, dit Lolima en lui montrant ses feuilles, celles-ci étaient complètement fanées.
— J'ai été voir ce matin, mais les feuilles étaient encore pires ! expliqua Radja, la nuit a été bizarre.
Solis rit nerveusement, bizarre oui. Elle l'avait bien remarqué. Un elfe prénommé Louino passa alors à côté d'eux, l'air tracassé. Il triturait un papier dans ses mains. Ses cheveux verts cachaient ses paupières tombantes , il cherchait quelqu'un. Quand il vit Solis, il hésita à aller la voir. Finalement, encouragé par le sourire de l'elfe, il vient à sa rencontre.
- Solis ! Te voilà, j'ai une convocation pour toi, lui informa-t-il.
Le garçon lui tendit le bout de papier froissé.
« Bonjour Solis, j'aimerais que tu viennes dans mon bureau, nous devons parler de certaines chose. Je te donne rendez-vous à 11h,
M.Moutier"
Solis regarda ses amis, il était déjà presque l'heure. Elle allait rater son cours de botanique, ce qui n'était pas si mal, elle aussi n'avait pas trouvé de feuilles. La jeune fille courra à travers le château, le bureau se trouvait à l'opposé de là où elle était précédemment. Et puis, elle n'y était jamais allée et elle n'était pas certaine de trouver l'endroit.
Alors qu'elle grimpait quatre à quatre des grands escaliers en pierre dans l'aile est, son professeur de spécialité arriva en contre-sens.
— Oh Solis ! Comment vas-tu ?
— Bonjour monsieur, je dois me dépêcher pour aller chez Monsieur Moutier, explique Solis rapidement, euh, vous savez où c'est ?
Le professeur rigola un peu.
— Oui, viens avec moi, j'ai eu vent de tes aventures hier soir.
Solis s'arrêta net. Comment ça ? Ils étaient tous au courant ? Il allait y avoir des répercussions ?
— Ne t'inquiète pas ! C'est le directeur qui m'en a parlé. Le conseil n'a rien après toi, d'après eux, tu n'es qu'une adolescente. Ils se trompent peut-être de ne pas se méfier de vous, enfin, tant mieux !
Sur ses paroles, Gaund remonta les marches, faisant signes à son élève de le suivre. Il avait toujours été une personne atypique, Solis savait très bien qu'il n'aimait pas du tout le conseil lui aussi. Ce qui était assez étonnant, car il collaborait avec la magie divine. Il faisait donc partie des petits soldats de Lemique, pourtant il n'en avait à pas l'air. Dans ce poste de professeur, heureusement, le conseil semblait lui faire confiance et ne pas se méfier.
Derrière une lourde porte qui devait faire trois fois sa taille, le professeur et son élève découvrirent un large bureau positionné devant une grande bibliothèque. Celle-ci était recouverte d'une centaine de livres à la reliure parfois miteuse ou neuve, parfois obscure et intrigante et surtout, toutes pleines de magie. Dans un coin de la pièce, Moutier observait le paysage.
— Entrez, entrez ! s'exclama-t-il aux deux nouvelles personnes présentes dans la pièce, le ciel s'est assombri d'une manière peu commune, des ombres rodent. Tu les as vues, n'est-ce pas Solis ?
La jeune fille acquiesça, se sentant un peu gênée. Que voulait savoir le directeur ? Son regard vert la regardait posément, mais ses cheveux bruns paraissaient anormalement mal coiffés aujourd'hui. Le directeur n'avait donc pas eu le temps de passer devant un miroir ce matin ? La réflexion de Solis la fit rire et peur en même temps.
— Et ce n'est qu'un avant-goût, si l'on ne fait rien, ce sera encore pire, reprend Moutier. Et le pire est à craindre. Ton amie, Elesia, a dû rester chez elle aujourd'hui, et elle y restera une bonne semaine avant de se remettre de ses émotions.
Cette fois, Moutier se tourna enfin vers eux, la mine grave. Solis et son professeur se regardaient, ne comprenant pas où voulait en venir l'homme devant eux.
— En revanche, toi, tu n'as pas l'air plus perturbée que cela.
— J'en ai fait des cauchemars toute la nuit, et ça me hante encore ! se justifia Solis.
Le professeur s'assit sur une chaise, comme s'il savait que la conversation allait devenir intéressante.
- Bien-sûr, bien sûr, j'aurais été étonné du contraire ! s'exclama Moutier d'un ton bienveillant, mais la preuve en est, tu es ici. Les dernières victimes de ces ombres sont restées bloquées au lit une bonne semaine à chaque fois.
Solis fronça les sourcils, elle n'avait jamais eu vent qu'il existait d'autres victimes de ces ombres. Mais, bien sûr, le conseil devait cacher ça depuis le début.
— Il s'est passé quelque chose d'étrange quand il était face à toi ? questionna le directeur.
— Pourquoi voulez-vous savoir ça ? demanda Solis suspicieuse.
Le directeur s'assit à son tour dans le grand fauteuil rouge du bureau.
— Nous savons tous ici que le conseil n'est pas capable de gérer cette situation, déclara-t-il.
Solis ouvrit des grands yeux, ça ne se disait jamais tout haut, et puis c'était la première fois qu'elle voyait Moutier personnellement. Il était audacieux. Mais Solis put voir dans son regard que le directeur jouait sa dernière carte et attendait sa réponse avec un stress dissimulé.
— Je cherche simplement à comprendre, termina-t-il dans un souffle.
— Eh bien, une aura bleue m'a entourée au moment où l'ombre allait me toucher. Elle a disparu à son contact, je crois. Ça s'est passé trop vite... expliqua l'étudiante.
Gaund se redressa sur sa chaise, voulant prendre la parole.
— Tu as essayé de jeter un sort à ce moment-là ?
— Non, j'ai juste eu très peur, répond Solis en fronçant les sourcils.
Il ne croyait tout de même pas que c'était elle qui avait fait surgir cette lumière, elle en serait incapable. Ensuite, elle ne connaissait aucun sort qui produisait cet effet-là. Elle devait rester respectueuse envers ses professeurs, mais, elle aurait aimé leur demander pourquoi ils la faisaient venir, la soupçonnaient-ils de quoi que ce soit ?
— Tu as pratiqué de la magie divine. La lumière bleue est une de ses caractéristiques. Je ne connais pas cette magie dans les détails, comme tu le sais, le conseil nous laisse avoir aucune information dessus. Cependant, cette magie à quelque chose de différent que de jeter un sort banal. C'est ton émotion qui l'a fait surgir de toi, explique Gaund plus pour lui que pour les deux personnes dans la pièce, mettant en ordre ses idées.
— Quoi ? La magie Divine ? bafouilla Solis. C'est impossible, seul Lemique sait l'utiliser.
Elle ne pouvait pas l'avoir contrôlée, puisqu'elle n'est pas censée pouvoir l'utiliser. Personne ne le peut, à part Kerkson, L'Emique du pays.
Le directeur, de son côté, sembla confirmer ses doutes suite aux explications du professeur.
— Tu as récemment regardé le parchemin que je vous ai donné hier ? demanda Gaund.
Solis sortit le bout de parchemin pour signifier que non. Elle le déplia nerveusement, tous étaient maintenant concentrés sur le bout de papier. S'il n'y avait rien dessus, ils seraient peut-être déçus et Solis ne voulait pas manquer cet instant de gloire. Dessus, un mot était apparu : Caeruleum
Solis sourit, elle devait être la première de sa classe à avoir réussi à avoir le début de son sort. Sa confiance en elle enflamma un peu ses joues de satisfaction. Emina n'aura qu'à bien se tenir !
— Tu n'as pas le sort complet, mais c'est un début, expliqua son professeur.
« Un bon début, oui ! » songea Solis.
— Son sort principal serait un sort de magie divine ? s'étonna le directeur.
— Mais seul Lemique contrôle véritablement cette magie ? dit Solis, sans lâcher le parchemin des yeux, c'est impossible !
Qu'est-ce que cela voulait dire ?
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