Le combat (part 2)
Calio plongea sa mains dans la boue et traça deux lignes sur ses joues. D'un regard encourageant, elle fit signe à Solis de la suivre. Mais Oxy restait pétrifiée devant les créatures qui avançaient de plus en plus vers elle. Oxy avait toujours eu une peur bleu de tout ce qui pouvait la dominer. Les araignées géantes étaient de cinq fois leur taille et une forêt de poils garnissaient leurs nombreuses pates qui venaient s'écraser au sol avec fracas. Mila s'était déjà enfuie en arrière, prête à jeter ses sorts.
Calio se mit à secouer son ami de toute ses forces. Elle paniquait à l'idée que Oxy ne réagissait pas et pouvait se faire écraser à tout moment. L'adolescente ne pouvait détacher son regard des monstres que Jax et Alphred frappaient de toute leur force avec leur épée, courant vaillamment vers les créatures. Et même quand ils étaient repoussés, ils retournaient à la charge, chacun veillant à ce que l'autre reste en vie.
Une fille tomba alors du ciel, saisit Oxy par le bras et retourna en hauteur vers la cime des arbres. Solis n'avait jamais vu quelqu'un de si rapide et vif. L'elfe avait débarqué de manière agile sous la lumière de la lune, en effet, le soleil commençait déjà à disparaitre. Calio fronça les sourcils, rassurée de voir son amie prise en charge.
- C'est qui ? marmonna Solis
- Pas le temps de d'expliquer, fait parti du groupe ! entendit-elle à travers le bruit.
Calio et elle s'envolèrent à leur tour dans les arbres. Sur leur position, Solis brandit sa première flèche sur son nouvel arc. L'elfe eu un sentiment de satisfaction quand elle vit qu'il était parfait et devait sûrement contenir de la magie pour s'adapter parfaitement à son propriétaire.
À côté d'elle, Calio lança une flèche enflammée qui siffla à travers le vent, poursuivit par cinq autres flèches se matérialisant autour pour former une contre attaque. Du haut de ses seize ans, Calio était déjà très douée pour manier l'arc. Solis l'observa de biais, dans cette position, la rousse avait un air de lionne prête à en découdre.
La nouvelle recrue se reconcentra sur son arc à elle, une lumière jaune passa dans ses yeux et sa flèche s'enflamma également avant de partir sur une araignée. L'arme se planta en pleins dans le peau noire et poilue de la créature géante. Leur peau se mit à brûler mais s'éteignait trop vite pour enflammer complètement l'araignée. En bas, les elfes avec des épées, essayaient de couper les pâtes monstrueuses. Devant les yeux effrayés de Solis, certain se faisait même écrasés dans des hurlements douloureux.
C'était affreux, Solis entendait les bruits du combat comme un son lointain. Son coeur battait à tout rompre et ses mains étaient terriblement moites. Soudain une main rassurante de posa sur son bras et le bruit redevient plus clair, plus nette.
Calio ne montrait aucun signes de terreur, elle était là, le visage simplement fermé. Pourtant elle laissa esquisser un sourire pour Solis. À l'écart, Mila faisait la grimace tout en faisant sortir des branches du sol pour tenter d'immobilier les créatures.
Le chef leur donnait des ordres, plus ou moins entendus par tous et bientôt les araignées furent presque neutralisées. Solis descendit de son arbre et courra vers Mat qui était blessé au bras. Il avait lancé de nombreux sorts pourtant il n'avait pas l'air fatigué. En revanche une tâche sombre s'élargissait sous sa cape verte.
- Que s'est-il passé ? demanda Solis.
- Une pâte de ces maudits monstres m'a frappée mais ne t'en fais pas ! expliqua Mat qui pourtant essayait de contenir une grimace de douleur.
Solis enleva la cape de son ami et en fit un bandage autour de son bras blessé. Derrière elle, Oxy arrivait avec l'elfe de tout à l'heure. Elle avait un file accroché à sa taille qui lui permettait de se volatiliser en s'accrochant aux reliefs. Sa spécialité c'était l'eau et comme le chef leur avait demandé de s'attaquer aux créateurs par le feu, l'elfe ne servait qu'à éteindre là où les flammes partaient trop loin.
Oxy la remercia et l'elfe s'en alla sans dire un mot. Calio se précipita vers elle et prit la brune dans ses bras.
Les araignées étaient immobilisées en attendant de trouver un moyen pour les tuer. On essayait de retrouver les blessés et certain n'étaient pas beaux à voir. Ce n'est qu'à cet instant que Solis remarqua que sa jambe était également blessée. La brûlure qu'elle avait ressenti n'était pas qu'une simple écorchure et elle commençait à lui faire mal. Décidément, l'elfe avait un problème avec les brûlures ! Après la joue, la jambe. Mat la fit assoir, plus inquiet pour elle que pour son propre bras.
- C'est pas beau mais ça devrait aller. dit-il en appliquant des feuilles médicinales sur la blessure.
Ce n'est qu'ensuite qu'il appliqua lui même les plantes sur son bras. Mais la jambe de Solis la lançait tout de même. Solis créa une petite boule d'eau dans ses mains avec une flaque de pluie à côté d'elle. Il n'y avait que ceux qui pratiquaient la magie de l'eau régulièrement qui avaient un assez bon niveau pour en créer sans source.
Peut-être que ça irait mieux en humidifiant, se dit Solis. Elle plaça ses mains autour de sa blessure et récita
" caeruleum" dans une tentative désespérée. C'était le mot écrit sur son bout de parchemin qu'on lui avait donné à l'école. Il était resté dans sa poche le jour où elle avait voyagé dans le temps. Depuis son expérience avec la magie bleue et la rivière, un nouveau mot était apparu
" caeruleum Aqua"
- caeruleum Aqua, caeruleum Aqua... répéta Solis.
- Qu'est-ce que tu fais Lis ? demanda Mat en la regardant bizarrement.
Solis ne lui répondit pas, une lumière bleue s'était formée autour de sa jambe et la douleur disparue instantanément et quand elle retira les feuilles qui couvraient sa peau, il ne restait plus qu'une entaille dans la brûlure.
- Comment tu as fait ? s'étonna l'homme en s'approchant de son amie.
- Je ne sais pas, attend approche ! dit Solis en plaçant ses mains sur l'épaule de Mat.
Quelque seconde après, sa blessure avait également diminué d'ampleur et l'elfe se sentait beaucoup mieux. Il lui fit un sourire sincères.
- On a une guérisseuse avec nous ! Félicitations jeune elfe, s'exclama t-il. Mais évite de reproduire ça devant tout le monde, dit-il cette fois en chuchotant. J'ai l'impression que c'est la magie bleue des sorcières.
Solis n'eut pas le temps de répondre, des cries se firent entendre. Devant eux, Bastien se fit soulevé par des ombres et à peine avait-il essayait de la neutraliser avec un sort simple comme ils avaient l'habitude, qu'en la touchant, il s'écoula au sol, mort.
Mat se plaça instinctivement devant Solis. Jax accouru vers eux, demandant à Mila, Oxy et Calio de se rassembler.
- C'est ce qu'il c'est passé la dernière fois aussi ! cria t-il.
Tout le monde comprit qu'il parlait de la mort d'un de leur ancien ami avant que Solis n'arrive. Alphred et Jax étaient en position de combat, prêts à attaquer sans faillir.
Solis tourna la tête vers Mila, l'elfe regardait le sol, comme si elle n'osait pas lever la tête et voir l'horreur. Pas une fois de plus.
- Ça ne sert à rien d'attaquer, il faut vite se mettre à l'abris ! cria Mat en prenant les commande du groupe qui n'avait maintenant plus de chef.
Tout le monde accourut vers le campement et les plus avancés en magie se mirent en lignes, au plus près des ombres qui surgissaient de partout. Calio se prit une jambe dans une branche et Oxy se précipita à son secours. Mais elles reprirent bien vite leur course, encouragées par les cries des victimes derrière eux.
Arrivés aux camps, tous se rassemblèrent au centre. Mat arriva à son tour et demanda à tout le monde de se mettre aux limites du village.
Tout le monde se plaça en cercle et d'un coup de pied au sol, un dôme de protection se forma autour du camp. Les larmes coulaient sur les joues de Solis, son premier combat était une catastrophe.
Eux qui pensaient avoir réussi avec les araignées, des ombres encore plus meurtrières que les anciennes apparaissaient. Mat lui saisit la main, la rassurant. La jeune fille donna à son tour un coup de pied dans le sol et une lumière transparent partit d'un point d'impact, mais une lueur bleutée vient s'ajouter. Au même instant une ombre se précipita sur elle avant que Mat ai le temps de réagir. Mais l'ombre se heurta au dôme et s'enfuit vers la forêt après avoir aperçue la magie bleue en face de Solis.
Tout autour de la barrière de protection, les ombres se heurtaient dessus puis restaient devant le campement, comme attendant de pouvoir passer.
Chacun la mine sombre, s'occupait des blessés, rangeait le campement. Ils savaient qu'ils devraient bientôt tous partir car cet endroit était devenu invivable. Les monstres avaient gagnés.
Solis comprit que ce camp, ces combats, n'étaient pas un jeu, que les entraînements devaient être pris au sérieux. Mais tout commes Oxy, on aurait beau être le plus fort de ce monde, sur le moment du combat, ce sont les émotions qui dominent.
Solis cherchait Calio et Oxy du regard quand elle les aperçus assisent sur un rocher, dans les bras l'une de l'autre. L'elfe se tenait à l'écart, ne voulant pas les déranger. Mais elle était tout de même curieuse de savoir ce qu'elles se disaient.
- Calio, je sais pas si on restera en vie encore longtemps...
Oxy avait les joues sales et les cheveux en pagailles, ses yeux étaient humides mais son dos restait droit.
- Bien sûr que si ! Tout va bien t'en fais pas, tant qu'on est à deux, tout va bien ! s'exclama la rousse en essayant de se rassurer elle même.
Bientôt, les deux elfes étaient plongées dans le regard l'une de l'autre, et alors leur lèvres se rapprochèrent pour enfin se toucher. Apparemment ça devait être leur premier bisous parce que les deux s'y prenaient maladroitement. Mais avec leurs joues humides, cela avait un certain air tragique. Comme le dernier baiser dans un film romantique où l'amour entre les deux protagonistes est impossible.
Solis sourit, enfin elles se montraient ce qu'elle ressentait l'une pour l'autre.
- C'est pas bien d'espionner ! dit Mat en riant derrière elle.
L'elfe se retourna brusquement, la main sur le coeur.
- Matew Gardon ! Vous m'avez fait peur !
- Très bien alors ! Je t'ai pris sur le fait, petite espionne ! taquina l'homme.
- Eh bien sachez que vous n'êtes pas mon père ! Alors j'espionne qui je veux, dit Solis le menton levé.
Mat avait vingt-six, c'était assez pour pouvoir se montrer autoritaire envers son amie. Mais Solis n'appréciait pas vraiment ça.
- C'est vrai ! Mais ici c'est moi le plus âgé. Alors vient ! Il faut préparer le repas.
Les deux amis partirent dans la direction opposée au nouveau couple désespéré qui continuait de parler.
Solis se remémora ses paroles, pas son père non, mais peut-être son arrière arrière, arrière grand-père... Ils avaient la même tâche de naissance. En soit, cela pouvait être drôle de retrouver ses ancêtres en voyageant dans le passé. Mais l'affiliation de Mat au futur la tourmentait. Il était responsable du changement, plus tard il travaillera avec la magie bleue. Mais Solis avait le pressentiment que ce ne sera pas de la bonne manière.
Son professeur à l'école de magie lui avait dit
"Au nom de son grand-père", celui qui avait transformé le pays du sud en prison, qui l'avait isolé, c'était sur les idéologies de Mat. Pourtant Solis aurait pu croire qu'il avait isolé le pays pour le bien. Dans le futur les créatures semblaient avoir disparues. Jusqu'à peu, mais disparues tout de même, pendant deux cent ans.
Mais son professeur avait l'air vraiment inquiète de parler de Gardon
"Mais ne parlons pas de plus de lui ! Ma grand mère ne l'aimait pas du tout" se souvient Solis.
Et si ce n'était qu'une coïncidence ? Si son nom était le même. Mais Solis ne pouvait s'empêcher de penser, que si au point donné où elle avait découvert une partie de la vérité, elle avait voyagé dans le temps et rencontré Matew Gardon, ce n'était pas pour rien. Pourtant elle s'était toujours demandé pourquoi elle, pourquoi pas Louino. Mais son affiliation par cette tâche de naissance avec Gardon ne pouvait pas n'avoir aucun lien.
Et si elle devait faire quelque chose pour changer le futur, comme le tuer ? Non ! Elle n'était même pas certaine que Mat devienne vraiment quelqu'un de mauvais. Et puis, elle commençait à l'aimer en quelque sorte... Comme un père ? Non, elle en avait déjà un, et Mat était probablement un ancêtre lointain.
Pour l'instant elle voulait vraiment retourner chez elle. Qu'est-ce qui la retenait ici ? Elle savait maintenant comment marchait la magie bleue, comment l'utiliser et comment chasser les monstres. Chez elle, elle pourrait enseigner cette magie aux habitants et tout irait mieux. Le passé reste le passé, il faut écrire le futur !
Un bruit sourd la fit revenir à la réalité. Solis leva les yeux au ciel, demandant mentalement à celui qui se trouvait la haut, pourquoi ? Mais elle n'avait jamais de réponse.
Le responsable de ce bruit était l'elfe qui avait emporté Oxy dans les arbres pendant l'attaque. Elle venait de redresser quelques tables branlantes.
Elle avait le visage couvert de tâches de rousseurs et des yeux magnifique. Solis les avait toujours en tête alors qu'elle marchait vers sa tente. Cette personne venait de faire battre son cœur pour la première fois de sa vie.
Soudain Mat vient à sa rencontre, souriant.
- Petit ça va ? Tu es tout rouge !
- Comment s'appelle la fille là bas ? demanda Solis timidement en indiquant l'elfe rêvant dans son coin.
Mat fronça les sourcils et hausse les épaules
- C'est pas une fille c'est un gars, c'est ce qu'il prétend. Il s'appelle Nao, il a l'air assez renfermé.
Et sur ce, Mat retourna à ses occupations, c'est à dire ranger la vaisselle. Fort heureusement, la magie était d'une grande aide et les assiettes se mettaient à se laver une par une toute seules. Solis rapporta son regard sur Nao et son cœur se mis à battre plus fort. Ce garçon avait quelque chose qui lui plaisait et Solis ferait tout pour se faire une place dans son esprit qui avait l'air bien différent des autres elfes ici. Leurs regards se croisèrent et un sourire fu échangé. Au creux de sa paume, Nao était en train d'observer une fleure grandir et s'apprêter pour ce monde en guerre.
- Mat, tu as déjà aimé quelqu'un ?
Solis regardait à présent droit devant elle, son regard perdu dans les flammes.
- Oui, une femme. Elle avait de magnifique yeux verts, la vérité c'est que c'est l'unique chose dont je me souvienne d'elle. J'espère la retrouver en rentrant dans le sud.
Solis sourit, cette femme dont parlait Mat, s'il venait vraiment à la rencontrer, serait-ce son arrière arrière arrière grand mère ? L'elfe secoua la tête, il faut qu'elle arrête de trop réfléchir à cela ! Pour l'instant, elle devait aller préparer ses affaires. Dès le lendemain ils partaient.
- Salut ! Excuse moi, toi aussi tu t'en va demain ? demanda Nao avec une valise dans ses mains.
Il dormait plus loin dans le même dortoir que Solis.
- Hey ! Euh, oui, répondit la jeune fille les joues rouges.
En plus il avait de beaux yeux !
Nao ne répondit pas et s'assit sur un lit vide à côté, tout en regardant Solis préparer sa valise aussi.
- C'est flippant tout ça hein ? dit Solis pour engager la conversation.
- Oui, mais maintenant on a l'habitude. Pas toi n'est-ce pas ?
Solis s'arrêta dans son mouvement, que voulait-il dire ?
- Ah oui ! Je suis arrivé il y a peu c'est vrai.
- Non, ce que je veux dire, c'est que tu viens pas d'ici, la ferme à côté, d'où tu viens. Elle n'a jamais été habité par une famille. J'y aller y jouer quand j'étais jeune.
Solis fit la grimace, que pouvait-elle répondre ? Mais heureusement Nao reprit.
- Pourquoi tu ne veux pas dire d'où tu viens ? Tu es du nord c'est ça, une espionne ?
- Non ! Absolument pas, la vérité c'est que je n'ai même jamais vu le nord, ni d'autres pays. Ni rien ! s'emporta Solis, commençant à ne pas se sentir bien.
Noa fronça les sourcils.
- C'est moi qui t'es aperçu, tu es apparue au milieu du champ comme ça, j'ai prévenu les autres de venir te chercher.
- Tu leur as dit que j'étais apparu "comme ça" ? demanda Solis les main tremblante.
- Non ne t'en fait pas ! Juste que je t'avais aperçu. La téléportation est impossible par ici, les monstre ont tout fait disjoncter et on vérifie régulièrement que le transplanage soit toujours impossible, alors comment c'est possible ?
Solis sentit que Nao ne le lâcherait pas, bien décidé à avoir le fin mot de l'histoire.
- En plus tu portais des vêtements que je n'ai jamais vu avant... rajouta Nao pour lui.
- Eh bien, je viens d'assez loin et la vérité c'est que, je ne sais pas moi même comment je suis arrivé ici... tenta d'expliquer Solis.
- De très loin ?
Solis ferma sa valise avec vigueur, décidément, il ne la lâcherait pas !
- Oui très loin ! Mais je peux t'assurer que je ne suis pas un espion ou autre. Que je suis ici par le hasard et que je cherche juste à rester en vie ! Et a rentrer chez moi...
Soudain la cloche se mit à sonner pour annoncer que le repas était prêt. Son issue de secours ! Solis rangea sa valise sous son lit et se dirigea vers la cantine sans un regard pour Nao.
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