Chapitre Quatorze

Coucou !

On se retrouve pour un nouveau chapitre 💚

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Bonne lecture

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–Majesté, vous avez reçu une missive.
– Apportez-la moi.

Un matin de quiétude au sein du palais, un soldat s'avança vers moi pour me tendre la missive avant de prendre congés à ma demande. Enfermé dans mon bureau à signer des accords, je prenais connaissance des différentes doléances. Mes yeux s'attardèrent sur ladite « missive » : un parchemin élégamment enroulé d'une ficelle rouge.

Je levais mon regard sur Nasser, qui comprit tout de suite.

–Ce symbole...
–Oui, le coupais-je aussitôt. C'est celui de Yufei.

Le parchemin portait les armoiries du pays natal de Bessho. Je fronçais les sourcils, puis tirais sur le lien rouge pour dérouler le parchemin. Pendant de longues minutes, je ne dis rien pour prendre connaissance du message qu'il contenait. L'écriture élégante était pourtant empreinte d'une extrême froideur.

Plusieurs jours venaient de s'écouler en Humeyra depuis l'arrivée de Bessho au harem, et sa tentative maladroite de m'éliminer. Bessho semblait piégé dans des circonstances cruelles qui le poussaient à commettre l'impensable : attenter à la vie d'un roi.

Que ce soit pour se protéger ou répondre à de pressions extérieures, il avait tenté à plusieurs reprises de me tuer. Une fois, il avait glissé ce stupide poignard sous ses vêtements pour espérer frapper dans un moment opportun. Bessho avait tenté également de m'empoisonner en glissant subtilement du poison dans un verre de vin. Mais je n'étais pas un alpha ordinaire, en tant que roi, j'étais constamment conscient que ma vie était en danger. Chaque fois, je percevais le danger avant qu'il se réalise et déjouais les stratagèmes de l'Oméga.  

Plutôt que de le punir sévèrement, je tentais de comprendre les raisons derrière ces actes. Il serait pourtant plus simple pour moi de l'enfermer dans les cachots et de le torturer. Les omégas n'étaient pas faits pour résister à ce type de douleur et je pouvais très facilement le soumettre à ma volonté. Il ne serait en réalité vraiment pas difficile de soutirer des informations au prince Oméga mais je n'arrivais pas à m'y résoudre.

Chaque fois que Bessho tentait quelque chose, je l'arrêtais avec une certaine sérénité et mon sourire en coin le perturbait à chaque fois.
Quelque part, je ne voulais pas briser son âme déjà meurtrie.

Ses yeux imploraient qu'on l'aide.

MON aide.

Sa dernière tentative remontait déjà à plusieurs jours. Bessho s'était glissé dans mes appartements royaux avec une dague à la main, déterminé à en finir. J'avais gardé face à lui une image paisible sans la moindre armure pour me protéger et quand j'avais attrapé l'Oméga par son poignet pour l'obliger à passer à l'acte, il s'était effondré dans mes bras.

Cette nuit là, il avait pleuré toute sa peine.

Récapitulons : Bessho se faisait appeler « Jade » au sein de mon harem pour cacher sa véritable identité et fuir Yufei. Seul Nasser et moi étions dans la confidence, personne ne devait pour le moment savoir qu'il était le prince disparu de l'Est. Ses parents avaient été froidement massacré il y a presque deux mois. En Yufei, personne ne devait avoir encore espoir de le retrouver en vie. Pire encore, on ne retrouvait pas la moindre trace de son enfant.

Les mères étaient très protectrices avec leurs petits, il était donc inconcevable que Bessho puisse abandonner sa progéniture. Les omégas possédaient un instinct protecteur extrêmement développé envers leur petit. Dès qu'ils devenaient parents, chaque fibre de leur corps s'orientait vers la sécurité de leur enfant, souvent au détriment de leur propre santé.

Ce lien entre la mère et son enfant était indestructible, viscéral qui rendait l'oméga hypersensible à chaque émotion ou besoin de l'enfant. Face à un danger, les omégas se montraient farouchement protecteurs. Les alphas évitaient généralement à défier un oméga dans cet état. Leur instinct de nidification s'intensifier en la présence de leur petit.

Mais Bessho avait déclaré avoir fait une fausse couche.

Si l'Oméga aux beaux cheveux verts voulait ma tête, il allait devoir y mettre plus de volonté. Ses gestes étaient prévisibles, même les omégas de mon harem parvenaient à s'imposer face à lui. Ils voyaient certainement en Bessho une cible facile à cause de sa vulnérabilité apparente. Ses mains discrètes, sa tendance à éviter les confrontations et surtout l'intérêt marqué que je lui portais exacerbaient les membres du harem.

Kimzki n'hésitait pas à tester les limites de Bessho.

En tant que roi, je devais moi-même me soumettre à certaines règles. Je ne pouvais que les observer de loin et espérer que Bessho puisse trouver une manière de s'imposer.

Les omégas pouvaient se montrer impitoyables entre eux mais ces querelles étaient nécessaires à l'évolution d'un individu.

Bessho était le soumis parfait. Fragile, il avait du mal à se défendre face aux attaques et insinuations. Devant les autres omégas, il baissait les yeux, évitait les confrontations et tentait de s'effacer pour ne pas attirer l'attention sur lui. J'avais tenté d'en discuter avec lui à plusieurs reprises mais chaque fois, il gardait le silence pour ne pas paraître faible. Bessho ne devait pas se sentir légitime de contredire Kimzki et les autres qui eux, étaient là pour moi.

–Majesté ? M'appela mon bras droit.

Je ne répondis rien. À la place, je lui tendis directement le parchemin qui me servirait bientôt à alimenter les braises de la cheminée.

–Mais c'est... s'arrêta-t-il brusquement en découvrant l'écriture de Siegfried.

Je compris la surprise de Nasser. Son Altesse Siegfried avait envoyé une missive pour officiellement annoncer « la mort de son compagnon  ».

–Je vais annoncer la nouvelle à Bessho.
–Voulez-vous que je le convoque directement ici ?
–Non, je... c'est à moi de m'en occuper.

Cela ne m'enchantait pas vraiment de devoir annoncer à Bessho ce que je venais d'apprendre mais je me devais d'agir en toutes circonstances.

–Je ne sais pas ce que Siegfried a en tête mais il cherche à me provoquer.

Maintenant, j'avais la preuve formelle que le prince de Danica était lié au massacre en Yufei. Si Bessho avait été mien, j'aurais mis le monde à feu et à sang pour le protéger. Depuis cette tragédie, le prince alpha du Nord était resté silencieux mais d'après mes hommes, il restait très présent à l'Est.

–J'imagine que je vais devoir veiller sur son Altesse Bessho en votre absence ?

Je n'allais certainement pas décliner l'invitation du prince.

–Tu es le seul a qui je peux confier pleinement cette tâche.

L'idée de laisser ce garçon derrière moi ne me plaisait pas mais je devais arrêter Siegfried avant qu'il ne nous mette tous en danger.

–Bessho ne peut pas nous en parler puisqu'il agit sous la contrainte de son fiancé.

Il avait un moyen de pression sur Bessho et malheureusement, j'avais plus ou moins une idée en tête.

–Je pensais que notre patrie et celle de son Altesse Siegfried étaient en bons termes ?

Là, était toute la question et Nasser aborda un point intéressant. Humeyra et Danica entretenaient des rapports cordiaux. Certes nos deux nations n'étaient pas les plus proches mais nos deux pays n'étaient pas non plus en guerre. Il n'y avait pas de tensions diplomatiques, de querelles à déplorer et je m'étais déjà rendu dans le Nord plusieurs fois au cours de mon règne. Et jamais, je n'avais eu la sensation d'atterrir en terre hostile.

–Vous croyez que Danica est également impliqué ?

Ça, je l'ignorais. Siegfried pouvait agir par égoïsme ou pure vengeance envers Bessho. À vrai dire, je ne savais rien de lui. Le prince ne me parlait jamais de son histoire.

Mais quoique Bessho ait pu lui faire, ça ne justifiait pas qu'on massacre toute sa famille et lui prenne ses terres.

Maintenant que j'y pensais, Yufei était situé dans une zone stratégique très importante puisque ce petit pays reliait notre continent à celui de d'autres voisins. Il était évident que Siegfried souhaitait agrandir ses rangs mais il devait aussi avoir d'autres plans.

En épousant Bessho, il aurait justement pu accéder à une partir de Yufei donc il y avait probablement autre chose.

–Il est dangereux d'impliquer toute une nation mais gardons nos doutes pour le moment. Personne ne doit se douter qu'on soupçonne Danica et leur prince de comploter.

Si Siegfried voulait me déclarer la guerre alors j'étais prêt à défendre ma patrie.

Prêt à protéger mon pays et sa couronne. Prêt à me battre pour mon peuple et mes omégas.

J'étais prêt.

Prêt à protéger Bessho de son bourreau.

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