Ses doigts remontent lentement le long de mon bras et il se rapproche doucement pour me prendre dans les siens. Cette sensation de bien-être me ferait presque ronronner si je n'avais pas un ego si prononcé. Son corps est chaud contre le mien et ça me fait vraiment du bien de me laisser aller, ça fait des semaines que dans ma tête j'en meurt secrètement d'envie mais que je n'osais pas me l'avouer.

Brisant le silence qui s'est installé doucement, je lui dis :

- Il est qu'elle heure ?

- Dix-neuf heures trente, mon chat, me répond-t-il d'une voix encore empreinte par le désir.

Je hoche positivement la tête en me frottant les yeux d'un air fatigué, comme pour lui dire "OK". J'ai tellement envie de rester dormir ici... Je baille, prends mon courage à deux mains, me lève d'un coup et m'étire faisant craquer mes lombaires.

Plus sérieux, Andrew me dit :

- Nous devons parler.

Alerté par son ton de voix, je me tourne vers lui et lui demande :

- De quoi devons-nous parler ?

- Hey, ne t'inquiète pas, ce n'est pas grand chose. C'est juste que tu ne connais rien de notre monde et que je dois t'expliquer certaines petites choses, continue-t-il. Mets tes habits, nous allons nous balader.

- De quoi allons-nous parler ? répétais-je.

- Du monde lupin en général, me répond-t-il.

Mais, tout à coup, un détail m'enquiquine et ne me laisse pas l'esprit tranquille. En fait, il y en a plusieurs.

- Mais... Et le repas, alors ? Et Diana, qui s'est occupé d'elle lorsqu'elle s'est réveillée ? Et la jeune femme qui était à la cave, comment va-t-elle ? A-t-elle dit quelque chose ? 

- Tant de questions ! s'exclame l'alpha. Le repas, tout le monde l'a déjà pris au moment où tu dormais. Pour ce qu'il est de Diana, c'est Amy qui s'en est occupé, et qui l'a fait manger avec nous. La jeune femme, quand à elle, s'est réveillé il n'y a pas longtemps et n'a pas dit un mot. Ni comment elle s'est introduit dans la maison, ni pourquoi elle était là. D'après les dires de Jake, un puissant sorcier lui aurait lancé un important sort de mutisme et notre guérisseur n'a aucune idée de comment l'enlever.

Je hoche la tête pour acquiescer et me lève pour mettre des habits convenables pour sortir, et même si je sens qu'il ne me dit pas tout, je me tais. Un col-roulé blanc avec une marinière par-dessus, blanche, elle aussi, ainsi qu'un jean noir et un pull gris trop grand, parce que ces derniers jours, les températures ne dépassent pas les quinze degrés. C'est acceptable, mais il ne vaut mieux pas traîner en t-shirt.

Andy' me regarde en se mordant légèrement la lèvre et se lève pour s'avancer vers moi. Reculant, impressionné devant cette aura... Imposante. Je bute contre le mur et me rends compte que je ne peux plus me dérober. Il pose lentement ses mains sur mes hanches et les serre doucement. Il se rapproche de moi encore un peu plus et nos souffles, face à face, se mêlent délicatement. Il est sur le point de m'embrasser là, non ?

Hypnotisé par son regard bleuté, je décide de me laisser aller à son étreinte et d'entourer son cou de mes bras et de joindre nos lèvres. C'est une véritable explosion de saveur qui se déroule actuellement entre nous deux.

Quelques secondes plus tard, nous séparons, tout les deux à bout de souffle, et, comme pour ne pas me gêner, Andy' enchaîne :

- Bon tu viens, mon chat ? Nous devons aller discuter, tu te souviens ?

Soudain, un bruit éclate et je sursaute violemment, ce qui fait que Andrew éclate de rire.

- Ce bruit, c'était vraiment ton ventre qui se manifestait ? me demande-t-il, ahuris.

- J'ai faim, haussais-je les épaules sobrement, ce qui fait redoubler sa joie.

Je souris en m'apercevant que je trouve ce son magnifique. Il a vraiment un un éclat de rire solaire.

***

Nous sommes sur la plage et nous marchons doucement après que Andrew m'ait fait ingurgiter une part énorme des pâtes qu'il restait de ce midi, sous prétexte que je dois "grossir". Donc, là, je n'ai plus une place pour quoi que ce soit. C'est vraiment n'importe quoi ! Je suis très bien comme je suis, et lorsque je lui ai dit, il a simplement dit qu'il me trouvait de plus en plus maigrichon ces derniers temps. Il est vrai que je ne mange pas beaucoup en ce moment, mais ce n'est pas une raison pour vouloir m'engraisser.

Le silence nous fait maintenant face et je ne sais pas quoi dire, les mots me manquent. Alors, sentant que je ne vais pas débuter la conversation, Andy' me dit :

- Je voulais te parler du fonctionnement du monde lupin parce que tu y es étranger et que, même si tu t'y connais un peu, tu reste tout même ignorant.

Je hoche la tête positivement pour approuver ses dires et il continue en voyant que je suis attentif :

- Alors, je ne sais pas si tu connais les caractéristiques des omégas, bêtas et alphas, mais je vais te les expliquer en détail. En fait, il existe trois types de loups. Las alphas qui sont dominants. Les bêtas qui sont dominés face aux alphas et dominant envers les omégas. Puis, les omégas, qui sont dominés. Pour ces derniers, les femmes peuvent concevoir et donner naissance à des alphas, mais les hommes, eux, ne le peuvent pas, contrairement à certaines croyances. Il n'y a que les omégas femelles qui peuvent donner naissance à des alphas, donc tu l'auras compris, ma mère en est une.

S'arrêtant dans sa phrase pour savoir si je suis toujours le rythme de la discussion, il continue lorsque je lui fais un petit sourire :

- Bon, très bien, si tu arrives à suivre ce que je dis, ça m'arrange. Alors, les omégas ont des périodes de chaleurs, les alphas, des ruts et les bêtas, eux sont tranquilles sur ce point-là.

- Comme chez les animaux ?! M'exclamais-je, ahuri.

- Et bien... Oui, un peu comme chez animaux, mais rappelle-toi ; nous sommes mi-hommes, mi-animaux, me dit-il, bienveillant. Enfin bref, je ne sais pas si tu te souviens de notre premier appel, je ne t'ai pas recontacté de suite, n'est-ce pas ? Et bien, au début, c'est que je voulais te laisser tranquille pour ne pas te brusquer, mais j'ai eu mes ruts en suivant et comme je t'avais déjà rencontré avant, les effets de mes ruts sont multipliés par dix. Il faut savoir que lorsque deux âmes-sœurs se rencontrent et qu'elles ne finalisent pas le lien, les effets des ruts ou des chaleurs s'accroissent.

- Finaliser le lien ?

- Oui, tu sais... Coucher ensembles.

A ces mots, le rouge me monte jusqu'à la pointe des cheveux et mon regard se dirige presque automatiquement vers le sol. Mince alors ! On dirait un pré-pubère de treize ans ! Pourquoi faut-il que je rougisse à ces simples mots ? Ignorant mon état de gêne, il continue de parler :

- D'ailleurs, en parlant d'âmes-sœurs, il y a une chose que tu  dois savoir pour une relation humain-lycanthrope. Sache que c'est strictement interdit pour un humain d'entretenir une relation avec un loup-garou s'ils ne sont pas âmes-sœurs. Cela évite que la nature des loups s'ébruite auprès des humains, même si il y a plein de légendes urbaines sur les lycans. Le gouvernement lupin a interdit ces relations il plusieurs siècles. Justement, à propos du gouvernement lupin, j'y occupe une place importante et des réunions se déroulent tout les six mois à Venise, en Italie. Je fais partie d'un conseil uniquement composé de loups au sang pur. Ce sont des loups qui n'ont pas de sang mêlé à celui d'une autre espèce. Ce sont souvent des familles de loups très anciennes et respectées. Aux Etats-Unis, actuellement, nous sommes quatre représentants, mais en vérité, dans le monde, nous sommes des milliers.

J'acquiesce, très impressionné qu'en réalité, ils soient si nombreux. Je pensais qu'ils n'étaient que très peu !

- Chaque loup dans le conseil régit son territoire de manière très différente, donc je ne pourrais pas te dire comment les autres font. La prochaine réunion à lieu le moi prochain. Je n'aurais pas le droit de te présenter aux membres du conseil en temps que mon compagnon car tu ne portes pas encore ma marque. Ma marque, c'est au moment de la finalisation du lien qu'elle se fera. Tu verras à ce moment-là, me dit-il avec un clin d'œil. Pendant les ruts et les chaleurs, les alphas et les omégas dégagent des phéromones grâce à des glandes placées au niveau du coup.

Nous marchons encore quelques pas et je m'aperçois que nous sommes assez loin de la villa, maintenant et que nous ne la voyons quasiment plus. Alors, je propose à Andy' de retourner à la maison et il accepte volontiers, de plus qu'il commence à faire nuit.

Il me prend la main et nous faisons tout doucement le chemin en sens-inverse. Sur le chemin du retour qui nous mène à la villa, je demande à Andrew qu'elle était l'urgence de ce matin. Il trouve seulement à me répondre :

- Je t'expliquerais au moment venu.

Chagriné par ce manque de tact de sa part, je fais légèrement la tête et ne plus rien du retour. Il pourrait au moins me dire ce qu'il s'est passé ; je ne suis plus un étranger, tout de même. C'est du moins l'impression qu'il me donne...

Une fois arrivé devant la villa, Amy sort et vient me serrer dans ses bras.

- Bien dormi ? me demande-t-elle pendant que je lui rends son étreinte.

Je hoche positivement la tête tout en baillant en me disant qu'il serait bon que j'y retourne, à la sieste.

Nous rentrons et elle me dit en pincent les lèvres :

- J'espère que Diana n'a pas fait de bêtises en notre absence.

Je la rassure et lui dit qu'elle a été sage comme une image. Lorsque nous rentrons dans la maison par la terrasse, ce sont des cris qui nous accueillent. Sympa l'ambiance...

Apparemment ce serait Melvyn et Jacie qui ne s'entendraient pas sur un certain sujet, mais je n'en sais pas plus. Claqué, je décide d'aller me coucher et de ne pas prendre partie dans cette dispute qui à l'air basée sur une broutille.