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Après ce verre, on a commencé à parler. Un peu de tout. Et rien. Et encore de tout et de rien. On a tant échangé et on a ri aussi. C'était magique, véritablement. Je me sentais sur un petit nuage, comme on dit.

C'est là qu'on a regardé autour de nous, et qu'on a vu que ça commençait à se vider. J'ai lu dans ton regard que tu t'étonnais qu'autant de temps avait pu passer, juste en échangeant des mots.

Tu m'as demandée comment je comptais rentrer, maintenant que j'avais bu. J'étais touchée que tu te soucies de moi comme ça, tu sais. C'était mignon et intelligent. Je t'ai dit que j'étais venue en bus. En prononçant cette phrase, je me suis rendue compte que les bus ne passaient plus après une certaine heure et qu'elle était déjà passée.

T'osais pas trop au début, mais tu m'as proposé de venir me reposer chez toi. Tu m'as bien assuré que je prendrais ton lit, ou le canapé, et que tu prendrais l'endroit qui restait. Je sais qu'on m'a toujours rabâché de pas repartir avec des inconnus en soirée. Mais tu ne l'étais plus à mes yeux. T'étais presque un amant, même si, en soi, on était rien de plus que des amis à ce moment-là.

Alors j'ai accepté. J'avais pas d'autre solution de toute manière. T'as été dire au revoir à une ou deux personnes, et je me suis demandée pourquoi t'avais préféré passer ta soirée avec une pauvre fille qui dévalisait le buffet au lieu de rester avec tes amis. Mais j'ai pas osé te questionner à ce sujet. Tu sais, c'est parce que je voulais pas te mettre en position inconfortable, ni accélérer les choses alors que tout allait pour le mieux.

On est rentrés à pied, mais on marchait pas très droit. Ça devait être drôle à voir, je crois. Je te tenais par la taille et t'avais mis un bras autour de mes épaules. Tu devais sûrement jubiler au fond de toi parce que tu faisais une tête de plus que moi. Mais tu pouvais pas être plus content que je l'étais. Ben c'est vrai, c'est une si bonne sensation, parfois, de se sentir sous l'aile de quelqu'un.

Heureusement, t'habitais pas loin. Je crois pas que j'aurais pu marcher des kilomètres, pas avec mes chaussures. Les talons étaient pas très hauts, je te l'accorde, mais au bout d'un moment, ça commence à être douloureux.

T'habitais une petite maison. Je l'ai trouvée très jolie même si j'étais trop ailleurs pour te le faire remarquer sur le moment. On est rentrés et on a retiré nos chaussures. Je suis allée m'écrouler sur le canapé alors tu en as déduis que le lit te revenait. Mais tu m'avais avoué que tu aurais préféré que ce soit toi sur le canapé, tu te souviens ? Tu t'étais dit que j'aurais été mieux lotie dans un vrai lit. Mais tu m'as quand même installée comme il faut et tu m'as dorlotée. Ça, tu me l'avais dit, parce que j'en avais aucun souvenir.

Cette nuit-là, je me suis réveillée un peu déboussolée. Je reconnaissais pas les lieux, évidemment. Mais, rapidement, les souvenirs ont afflué. Je me suis dit que tu devais dormir dans ta chambre. J'ai hésité, pendant genre plusieurs minutes, assise comme ça. Finalement, j'ai pris mon courage à deux mains et je suis montée à l'étage. Je te dis pas la trouille que j'avais. Je voulais pas te déranger, tu penses.

Je me suis arrêtée sur le pas de la porte. Tu dormais pas. Tu m'as vue et tu t'es relevé. Tu m'as demandé si quelque chose n'allait pas. Je t'ai pas répondu, et je me suis dirigée vers ton lit. Je dois dire, pour ma défense, que j'étais encore un peu endormie.

Nos visages étaient pas très loin, parce que j'avais fait en sorte de m'asseoir près de toi. Quelle sournoise, hein ? On s'est regardés, tes yeux cherchant les miens, et moi les tiens. Grâce au rai de lumière qui filtrait à travers le volet pas complètement fermé, on pouvait se voir un peu.

Mes yeux se sont posés sur tes lèvres et je crois que tu as fait pareil parce que ta main s'est posée sur ma joue. Mais c'est moi qui me suis lancée pour notre premier baiser. Je m'en serais pas crue capable, c'est sûr.

Je vais pas te raconter une nouvelle fois le récit de cette nuit, de nos bouches s'entrechoquant, de nos astres frémissants et de nos yeux pétillants. On se l'était déjà relatée tant de fois. C'était un très beau moment qui a marqué le début d'une sacré aventure.

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