Pensées à mon Soleil disparu depuis peu
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"Soleil couché, malheur pas couché"
Proverbe Guadeloupéen
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Je me réveille péniblement. J'ai mal partout, mais surtout à la tête. J'ouvre les yeux.
Le néant.
Je ne vois rien, si ce n'est que les ténèbres qui se sont abattus sur nous la semaine dernière. Mais je m'y suis malheureusement habituée.
Cela fait trois jours que je me suis réveillée du coma, une journée que nous avons été rapatriés. Et là je me réveille de nouveau, suite à une opération visant à m'amputer de l'avant-bras gauche et à réparer un peu mon visage meurtri.
Dès mon premier réveil, on m'a annoncé qu'on ne pouvait plus rien pour mes yeux, que je ne verrai plus rien que du noir. On m'a dit aussi que c'était à cause du choc que j'ai reçu à la tête quand j'ai cogné le volant. Mais moi je sais que ce n'est pas ça. Je suis plongée dans l'affreuse noirceur des ténèbres depuis que tu n'es plus là pour l'éclairer, mon Soleil.
Dès mon premier réveil, on m'a annoncé qu'on ne pouvait plus rien pour toi.
Oh mon Antonio ! Pourquoi m'as-tu quittée ? Pourquoi ai-je insisté pour que l'on aille tous dans ma ville natale, en France ?
Tout est de ma faute. Je suis la glace qui a fait s'éteindre à jamais ton brasier d'astre céleste.
Je me lève avec difficulté et récupère à tâtons mes lunettes teintées, que je mets sur mon nez. J'avance lentement dans la pièce, dont je sais qu'il s'agit d'une chambre d'hôpital. Je longe les murs et finis par trouver une porte. Au moment où je mets la main sur la poignée, celle-ci s'abaisse et je manque de trébucher, poussée par le battant de la porte.
Une voix s'élève alors. Une voix féminine, froide et sèche, peu agréable. C'était le Docteur Luz, qui est tout sauf lumineuse.
« Señora Cielo ! Vous ne devez pas vous lever ! Allez vous asseoir ! »
Je soupire doucement. Pourquoi dois-je rester couchée ? Je veux aller auprès de nos enfants ! Ils sont dans le coma en ce moment, et je veux savoir s'ils vont bien !
La Señora Luz se remet à parler, mais d'une voix douce et apaisante cette fois, qu'on ne lui connaissait pas :
« Vous voulez des nouvelles de vos enfants, c'est ça ? », devine t'elle. « Je suis justement venue pour cela. Mais il vous faut rester calme, quoi que je puisse vous annoncer. »
Oh non ! Que va me dire cette vieille folle et sans cœur ? Qu'arrive-t-il à mes enfants, mes amours, la seule chose qu'il me reste de toi ?
Je respire profondément pour me calmer. Peut-être était-ce de bonnes nouvelles, non ? Gardant mon calme avec peine, je hoche la tête pour montrer au Docteur Luz que je l'écoute.
« Bien. Tout d'abord, je tiens à vous dire que votre fils Ronaldo s'est réveillé. Il n'a aucune blessure grave et vous attend derrière la porte. »
Mon cœur s'emballe dans ma poitrine : Ronaldo est sain et sauf ! Voyant mon excitation, la Señora Luz rit. J'entends ses pas s'éloigner, puis revenir.
« Maman ? Tu vas bien ? »
J'en ai presque les larmes aux yeux : c'est notre fils ! Il est là, devant moi ! Je n'ai pas besoin de le voir pour savoir que c'est lui, sa douce voix me l'indique.
Je hoche de nouveau la tête, émue, puis ouvre les bras. Ronaldo se jette dedans et se blottit contre moi. Heureuse, je lui frotte affectueusement les cheveux, comme je le faisais quand il était petit garçon, tu t'en souviens ?
Puis il recule un peu, et ce simple geste me montre que la situation est grave.
« Maman... j'ai... quelques informations pour toi. À propos de... de Marco et... et... et de Lydia... ».
J'ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Je redoute ce que notre fils va nous dire. Car, s'il s'en est sorti indemne, c'est parce qu'il se trouvait sur la place arrière du milieu. Il a été projeté en avant, mais la ceinture l'a, je ne sais par quel miracle, retenu, et ses blessures ne sont donc pas graves.
Mais toi, tu es parti. Tu te trouvais à l'avant, juste à ma droite, et c'est à cet endroit que l'autre... idiot nous est rentré dedans. Derrière toi, il y avait Marco, qui s'est fait à moitié écraser. Mais ce qui m'inquiète le plus c'est... c'est Lydia. On m'a dit qu'elle a traversé la vitre...
Ronaldo pose sa main sur la mienne, qui tremble. Il me parle d'un ton apaisant, mais on ressent une infinie tristesse quand on entend ses paroles.
« Maman, calme-toi. On va s'en sortir, d'accord ? Je ne peux rien te dire si tu es agitée, sinon la Señora Luz va me renvoyer d'où je viens de me réveiller. Et je sais que tu veux connaître la vérité. »
Il a raison. Je veux savoir si nos enfants sont encore en bonne santé, ou s'ils te rejoindront bientôt... Les larmes me montent aux yeux, toujours plongés dans l'obscurité. NON ! Je dois me calmer, je dois savoir ! Ne tenant pas à parler pour contenir toute ma peine, je secoue pour la troisième fois la tête de haut en bas pour montrer mon attention.
Je sens que Ronaldo serre fort ma main, comme pour me rassurer. Ou se rassurer lui-même... Il attend un peu, puis annonce lentement :
« Marco... va s'en sortir. Mais... mais ils ont dû amputer ses deux jambes, et ce qu'il en reste est paralysé... »
Je pousse un petit cri d'horreur : mon fils, paralysé ! Non ! Lui qui adore le basket-ball, lui qui était si fort ! Tu te rends compte, Antonio ? Plus jamais il ne pourra marcher, courir, sauter... Marco ne sera plus le même qu'avant.
Je verse une, deux, trois larmes... une dizaine... je ne les compte plus. Ronaldo me serre plus fort, et je sens à ses spasmes réguliers qu'il s'est mis à pleurer, lui aussi. Nous restons là, longtemps, serrés l'un contre l'autre.
Puis je demande, réticente :
« Et... et Lydia ? »
J'ai peur. Peur de ce que je risque d'entendre. Si Marco est devenu paraplégique, alors Ly... sa tête a brisé la vitre...
Je l'imagine aveugle et défigurée, comme moi, mais avec tout un tas de tubes et fils l'aidant à respirer, sa gorge ayant été abîmée. Cette image est insupportable : à un si jeune âge ! Comment va-t-elle vivre, après ça ? Elle devra aller à l'école avec son appareil, subir les moqueries des autres enfants, se rendre à l'hôpital toutes les semaines et...
« Lydia est... Ly est... elle est... »
Notre fils s'effondre en sanglots. Son état est si horrible pour qu'il ait tant de mal à le dire ? J'en tremble ; qu'est-il arrivé à ma fille ?
« Elle est morte... »
Hein ? Non ! Ce n'est pas possible ! Pas elle ! Pas elle qui était si gentille, si drôle, elle qui inspirait la joie de vivre ! Noooooonnnnn !!!
Pourquoi elle ?
Pourquoi toi ?
Pourquoi nous ?
Pourquoi y avait-il une voiture en contresens sur l'autoroute ?
Pourquoi sommes-nous partis en vacances alors que nous aurions pu vivre tranquillement, normalement ?
Pourquoi, alors que je viens de perdre mon Soleil, m'arrache-t-on aussi ma lumière, mon rayon lumineux ?
Pourquoi moi ?
Pourquoi vivre...
En plus de la lumière, les bruits, odeurs et sensations s'estompent autour de moi, me plongeant de plus en plus dans ma souffrance...
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