Pensées à mon rayonnement solaire éteint trop tôt
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"La lumière est l'une des composantes nécessaires à la vie; sans elle, on s'éteint, on se dissocie. Je me rends compte à quel point la chaleur d'un rayon, d'un sourire, me manque."
Franck Tilliez
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Je reviens à moi doucement. Je vous ai vus dans mes rêves, c'était agréable. Comme si rien ne s'était jamais passé, comme si vous étiez toujours là auprès de moi. Antonio, prend soin de Ly, s'il te plaît. Rends la heureuse, où que vous soyez.
Je n'ose pas ouvrir les yeux. Après tout, peut-être que tout ça n'était qu'un rêve. Enfin, un vilain cauchemar. Au son familier d'une planche grinçant sur le parquet, je sais que je suis de nouveau chez nous.
Mais la maison semble bien silencieuse sans les bruits provenant de ton atelier de lutherie, Antonio, placé au sous-sol. Elle semble bien calme sans tes chants joyeux, Lydia, venant de la chambre en face de la nôtre.
J'entends la porte grincer légèrement ainsi que des pas sur le plancher.
« Maman ? Tu es réveillée. Ça tombe bien, je t'apporte de quoi boire. »
Ronaldo. Je suis à la maison, mon fils est auprès de moi. Tout est comme avant. Mais vous, alors, où êtes-vous ?
Il doit sûrement être midi. Toi, Ly, tu es sûrement à l'école, en train d'attendre ton père. Et toi, Antonio, tu es sur la route pour venir la chercher et la ramener à la maison pour le déjeuner. Oui, c'est sûrement ça.
Je n'y tiens plus et ouvre les paupières.
Le noir.
Non ! Vous êtes réellement partis, mes amours, mon rayonnement solaire éteint beaucoup trop tôt... Mes larmes coulent, moi qui croyais m'être débarrassée de toutes celles de mon corps. Apparemment, je me suis trompée.
En fait, je suis comme la Terre.
Autrefois, j'étais épanouie, entourée de jolies plantes et d'animaux divers. J'étais vie. Et cette vie, je la devais à mon Soleil, ainsi qu'à sa lumière et ses rayons. Mais le Soleil n'est plus et la majeure partie de ses rayons s'est effacée.
Désormais, l'eau, toute l'eau à ma surface, ayant perdu un élément important de son cycle, de sa vie, se déverse, continuellement. Peu à peu, les plantes se fanent, les êtres meurent. Ma surface se craquelle, meurtrie par le froid mordant en ton absence, mon Soleil. Et je commence à me détruire de l'intérieur.
J'étais vie, je suis néant.
Et bientôt, je serai mort.
À quoi sert-il de vivre dans les ténèbres alors que l'on est habitué à vivre entouré de lumière ? Ma source de lumière s'est éteinte, et mes yeux meurtris ne peuvent pas percevoir le peu qu'il me reste d'elle, de vous.
Ronaldo me caresse les cheveux et sèche mes larmes, mes c'est inutile, car mes joues seront de nouveau trempées dans quelques instants. Il me parle doucement, de sa si belle voix, mon chanteur :
« Écoute maman. Je sais que c'est difficile. Ils me manquent autant qu'à toi. Mais on va s'en sortir, d'accord ? J'ai demandé à la Señora Luz de nous aider, et elle a réussi à convaincre l'hôpital de nous laisser sortir, à la condition qu'elle passe nous voir plusieurs fois par semaine. C'est génial, non ?
- Hum... murmure-je, peu convaincue. »
J'ai tout perdu et j'erre dans les ténèbres ; à quoi bon rentrer à la maison ?
À quoi bon continuer à vivre comme si de rien n'était alors que vous n'êtes plus là ?
Je rumine mes idées noires - de toute façon rien n'est plus que noirceur maintenant - pendant que mon fils m'aide à boire. Mais je n'en ai pas envie.
Pourquoi m'hydrater alors que nous ne sommes plus en famille, avec vous tous ?
Je bois lentement chaque gorgée. Elles ont un goût de plastique fondu. Quand j'ai fini, je me rallonge, blottie dans mes draps. J'ai envie de rester là jusqu'à ce que je vous rejoigne.
Plus rien ne m'en empêche : ils ont sûrement trouvé un remplaçant à l'école d'art - de toute façon je ne suis plus en mesure de dessiner - et Ronaldo peut s'occuper de son frère, même s'ils se retrouvent dans un autre foyer. Ils s'y sentiraient mieux qu'avec moi, ça c'est sûr.
Je sens une main me tirer par le bras.
« Allez, viens ! Viens tenir compagnie à Marco, il a besoin de sa mère ! J'ai besoin de ma mère... ajoute-t-il après une courte hésitation. »
Ça m'étonnerait fort... je t'entends, Antonio. Je sais que tu voudrais que je prenne soin de nos fils et de moi-même, mais j'en suis incapable. Je me fais à moi tout le mal que je vous ai fait, à vous. C'est moi qui aurais dû mourir, pas vous.
Mais je pense que je me dois d'aller auprès de Marco, pour tenter de me racheter. Je ne peux pas réparer cette erreur, elle est malheureusement irréversible. Alors, je vais le faire au moins pour lui et pour vous, car je sais que c'est ce que vous auriez voulu.
Je me lève donc lentement, suivant mon fils jusqu'à l'étage inférieur, là où se trouvent les chambres des jumeaux. Nous entrons dans celle de Marco, et là, mon sang se fige.
Mon chéri, si joyeux et sportif autrefois, semble être assis sur une chaise roulante, à en croire le son, venant de très bas et légèrement atténué, d'une musique mise trop forte dans un casque audio. Je l'imagine le regard vidé de toute joie, empli de larmes qui ne veulent pas couler, rivé vers quelque chose par la fenêtre que seul lui voyait.
« Marco ? », murmure son frère. « Maman est là. ».
Au grand bruit que cela faisait, Marco semble tourner son fauteuil vers nous. Mais il ne répond pas. Il vous pleure.
Depuis toujours, alors que Ronaldo préférait peindre et chanter avec moi, Marco s'entraînait au basket avec toi, te rappelles-tu, Antonio ? Le reste de son temps il inventait une multitude de jeux de rôles pour toi, ma Lydia. Vous étiez inséparables.
Mais la vie vous a séparés. NOUS a séparés...
Je ne supporte plus la peine et le chagrin présents dans l'air. Tandis que Ronaldo tente de consoler son frère, je fuis cette ambiance funeste, ne gardant que la souffrance de mon cœur avec moi. Je descend les marches qui débouchent au couloir, puis à la cuisine.
Là je m'arrête. Une bonne odeur flotte dans l'air. Une odeur de repas en famille.
Je m'imagine encore ces moments où nous étions, vous, moi, les jumeaux, Abuelita Maria, ainsi que tous tes frères et sœurs, mon amour, et leurs enfants réunis autour de la grande table de la cuisine.
Ta mère et toi cuisiniez toujours ensemble une bonne paella. Toi, Ly, tu jouais avec les plus jeunes, Bruno et Juan, les fils de Tio Pedro et Tia Rosa, ainsi que Peppa, la fille de Tio Ferdinando. Les jumeaux, eux, bavardaient avec leurs primos Lucia et Susanna, filles de Tia Isabela et Tio Carlo. Ils demandaient parfois conseil à Pablo, qui était déjà un jeune homme, le fils de ta hermana Elvira, Antonio.
C'étaient de bons moments en famille... je ne sais pas s'ils reviendront un jour...
Je sors de mes pensées, entendant un petit grincement ainsi que des pas dans l'escalier derrière moi. Je me retourne au son de la voix de Ronaldo :
« Mais qu'est-ce que tu... Maman ? Tu souris maman, tu souris ! »
Je m'en rends compte alors moi aussi.
Comment puis-je sourire sans vous ? Je m'efforce alors de rabaisser les coins de ma bouche, ce qui n'est pas difficile étant donné que vous n'êtes plus là...
Un bruit me fait sursauter. Qu'est-ce qu'il se passe ? Quelqu'un est tombé dans les escaliers ? Sentant mon inquiétude, Ronaldo tente de me calmer :
« Ne t'inquiète pas, je descends juste le fauteuil de Marco. ».
Je me rassure et m'écarte pour le laisser passer. Puis, je suis le léger bruit des roues sur le carrelage et m'installe à table.
Ronaldo a tout préparé. Il pose au centre un grand plat et je perçois de plus belle l'odeur de paella. Mon fils nous sert et nous commençons à manger. C'est très bon, j'ai l'impression que rien n'a changé. Rien, à part vous...
Le silence s'installe, silence que Ronaldo finit par briser.
« Ne vous inquiétez pas, je vais tout faire pour que notre vie reprenne le plus normalement possible. »
À ces mots, la sonnette de l'entrée retentit et mon fils va ouvrir.
Comment fait-il pour rester debout ? Comment peut-il songer un instant à un avenir sans vous ? Vous a-t-il oubliés ?
Des pas descendent l'escalier et Ronaldo annonce, inquiet :
« C'est la Señora Luz. Elle... elle vient voir si Marco et toi pouvez vivre normalement ici et... et pour l'instant elle ne semble pas convaincue... »
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