Rencontre avec Logan et le cauchemar
Dès que nous avons franchi le seuil de la cuisine, je me suis sentie légèrement fixée. Mais alors rien qu'un peu. Peter, lui, s'en fiche royalement et me pousse vers la table pour chopper des places.
Je grogne un peu mais obtempère, j'ai trop faim pour étriper les mateurs. Avant d'aller plus loin, j'attrape un soda, n'ayant que ça sur le plan de travail.
« -Des commentaires à faire ? Dis-je en décapsulant ma boisson avec une griffe, le plus naturellement du monde.
Silence dans l'assistance. Même les professeurs sont bouchés bée.
-Elle me plaît bien celle là! »
Tout le monde, moi la première, se retourne pour voir d'où viens cette voix railleuse. Elle appartient à un homme brun, une bouteille de bière à la main-
Ho ça rime !
-qui est beaucoup trop éméché pour un milieu de journée. Je lève les yeux au ciel pendant que le monsieur à la bière repart en rigolant.
Les autres se remettent à manger comme si de rien n'était. Nous nous asseyons au beau milieu d'un groupe de jeune en apparence normale dans lequel se trouve un espèce d'humanoïde bleu mixé avec un lion.
J'espère qu'ils ne sont pas branchés zoophilie car sinon il a dû s'en prendre...
Je-
Tu ?
...
Je vais arrêter de chercher à me comprendre et commencer à manger ce qu'ils appellent des asperges au jambon.
Et après mûres réflexions je crois que je vais passer mon tour et éviter toute chance d'avoir une indigestion. Je regarde donc les gens manger ce truc immonde tout en grignotant du pain, en silence. C'est bon le pain.
La fin du repas met du temps à venir c'est pire que la SNCF...
Ne te plains pas au moins tu te rattrapes niveau ragots.
Certes mais je m'ennuie quand même.
« - Peter ?
- Hum ?
- Alors de une on ne parle pas la bouche pleine -Pleine de quoi je me le demande- et de deux je vais aller faire une sieste je suis claquée. »
Il hoche la tête mais je suis déjà en train de quitter la pièce toujours fixé par les autres. J'ai l'impression d'être une bête de foire.
Pas très logique, tu te trouves au milieu de bêtes de foire aussi.
Hum pas con.
Une fois de retour dans ma chambre, j'enlève mes bottines et me jette dans sur le lit pour ensuite me rouler en boule dans la couette.
Un véritable sushi.
Je sais pertinemment que je vais dormir seulement pendant deux où trois heures... Ça va faire une semaine que je ne dors plus, je n'en suis pas fière pour autant. Mais je sais aussi que je n'aurais jamais dû refermer les yeux. Comme à chaque fois, je revois la même chose. Je revois le même cauchemar depuis toute petite...
Des bruits d'explosion, l'odeur acre de la fumée. Voici ce qui réveilla la gamine de trois ans que j'étais. Toute ma chambre était entrain de brûler, le feu léchait les murs comme on pouvait lécher une glace en été. Mes pleurs et cris résonnent au coté des poutres qui craquent, espérant se faire entendre de mes parents. Mais plus le temps passe et plus le feu avance vers moi. Et toujours personne n'est venu me secourir. Je tombe de mon lit, au milieu des flammes sans rien ressentir. Il brûle ma maison, me brûle mais je ne peux rien faire. Mes larmes coulent le long de mes joues pour atterrir sur le sol brûlant. Je cours jusqu'au salon encore épargné par les flammes, trébuchant à chacun de mes pas, et vois le corps de ma mère. Dans mes souvenirs elle avait de magnifiques boucles rousses. Je me revois la secouer et lui crier de se réveiller. Mais plus le temps passe plus l'espoir me quitte. Je m'accroche à elle et respire une dernière fois son odeur. Je ne sais pas où est mon père mais je me l'imagine une dernière fois. Je veux me souvenir d'eux. Après un certain temps que je ne serai quantifier, des mains m'agrippent et m'arrachent à ma mère. Je leur hurle de me laisser près d'elle mais les personnes à qui appartiennent cesmains m'entraînent à l'extérieur. Loin de ce qui reste de mon foyer. On m'embarque dans un camion et admire une dernière fois les montagnes du Canada, le feu illuminant la nuit et la lune reflétant sur le lac. Soudain tout s'enchaîne. Les piqûres, les expériences, les douleurs, l'oublie...
« - Anastasia ! Réveille toi ! Ouvre les yeux !
Je me redresse telle une personne dans L'exorcisme, le souffle court et le palpitant allant à dix mille. La sueur dégouline le long de mes tempes et de ma colonne vertébrale.
Ah bah bravo c'est malin...
Peter s'assoie a coté de moi sans un mot et essuie mes larmes dans un geste protecteur. Je me laisse aller conte son épaule tandis qu'il passe ses mains dans mes cheveux.
- Tu veux m'en parler ?
- Non. Tranche-je d'un ton froid.
Il acquiesce, ne prenant pas en compte ce que je viens de lui dire. Pourquoi suis-je si méchante avec ceux qui veulent m'aider... Je sais pertinemment qu'au fond il meurt d'envie de savoir mais n'insiste pas. Je l'en remercie silencieusement.
Je crois que la seule personne à savoir de quoi son fait mes cauchemars est ma psychologue... Elle ne m'a pas simplement aider qu'avec ça mais avec ma vie en général. C'était la seule personne que je considérais comme ma famille.
Mais ?
Mais elle est morte.
- Dis moi Anastasia, dans l'après midi on va se faire des parties de basket avec des potes.
- Oui ? Et ?
Toujours aussi froide.
- Ça te dirait de venir ?
Je fais mine de réfléchir mais la réponse est déjà toute faite.
- Nan merci, je ne suis pas d'humeur. Je pense plutôt aller prendre un bain.
- Ho... Dit-il légèrement déçu. Okay bah je vais descendre. Tu veux que je te remonte un truc ?Comme tu n'as quasiment rien mangé ?
Je hoche la tête, un faible sourire ornant mes lèvres. Il ébouriffe mon crâne, me faisant rire, part à toute vitesse dans un souffle et un claquement de porte. J'attrape des fringues au hasard puis tout ce qu'il me faut pour filer faire couler l'eau chaude.
A la guerre comme à la guerre.
Ah mais très clairement.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top