Je me dirige d'un pas peu motivé vers le château. Une fois à l'intérieur, je prends la direction de l'immense salle à manger ou tout le monde est sensé être réuni.

Tous ? Non, seul une jeune irréductible fille résiste encore et toujours à l'envahisseur.

Techniquement c'est moi l'envahisseur et tu n'es pas sensé faire la gueule ?

Euh si ?

Passons, j'entends distinctement les éclats de voix et le tintement des couverts prouvant que le repas est déjà bien avancé. Et que je suis là. Il n'y a qu'un mur qui me sépare des gens.

Qu'est ce qu'on mange ?

Ça sent la salade.

Beurk, ça promet tout ça dis moi.

La salade c'est bon pour les lapins-

Ça me donne envie d'en manger. Miam.

Arrête de saliver s'il te plaît.
Je n'ai pas envie de manger avec eux. Je ne veux pas sentir leurs regards remplis de jugement sur moi. J'ai peut être fait des conneries dans ma vie mais je ne veux pas transformer cet endroit en mon purgatoire.

Ce sentir isolé et rejeté sont vraiment les pires sensations lorsque l'on est nouveau quelque part...

Pourtant ils sont passer par cette étape. Ils devraient donc le savoir. Ils ont peut-être trouvé leur place, leur famille ici. Ils ont peut être trouvé en ce lieu une nouvelle maison... Mais pas moi. Je ne me sens pas à ma place ici. Car j'ai perdu ma famille, et rien n'y personne ne pourra la remplacer.

C'est que le premier jour, il faut que tu t'habitues à l'environnement.

Je déteste quand tu as raison.
Je refoule difficilement les larmes et pousse la lourde porte de chêne massif. Je serre les dents. Comme je m'y attendais les discussions s'arrêtent nettes, les bruits de fond aussi et tous les regards se posent sur moi.

Je me sens observée, dévisagée, comme dans un cirque.

Welcome to our Freak Show.

Je repère Peter avec ses amis, et au fond de la salle, le trio de tout à l'heure. Ils ont été rapides. Après inspection, je remarque que j'ai laissé un énorme bleu sur le cou de Jean. Elle a tant bien que mal essayer de le dissimuler avec un foulard.

Arrête avec ton sourire en coin et vas manger toi.

Okay okay j'y vais t'inquiètes pas tu vas manger. Si on peut plus se jouer de la situation.

Et après tu te plains que tout le monde te regarde bizarrement, ce qui est le cas en ce moment, je te signale.

Je n'ai pas besoin que tu me le signale merci.
Ce qu'ils mangent ne m'enchante guère. Vous voyez les épinards surgelés de cantine bien dégueu? Et bien ça a la même gueule. Sauf que c'est de la salade. Je pensais quand même que leur niveau en cuisine était plus élevé.

Tu les as surestimés.

Tu l'as dit Jean-Louis.

... Jean-Louis ? Es tu sérieuse ?

Tout à fait sérieuse. Tu as une meilleure idée ?

Oui-

Parfais ! Gardons ça.
Je ne m'écoute plus et comme je n'ai pas envie de mourir d'une intoxication alimentaire, je vais aller me faire des sandwichs.

Pdv Omniscient

Chère Anastasia... tu as peut être repéré le bleu énorme que tu as infligé à Jean mais tu n'as point remarqué le regarde que Logan t'as lancé. Et je ne serai dire si c'est tant mieux pour lui ou pour toi... Tandis que la jeune louve repart en direction de la cuisine, Logan ne la quitte pas un instant du regard. Un peu comme tous les autres.

Il regrette de ne pas avoir était là lorsqu'elle a serré le cou de Jean. Il aurait tellement aimé voir ça, lui qui a tout manqué dans la vie de sa fille.

Ils entamèrent le plat principal lorsque le brun décide alors donc de se confier à ceux qui l'entoure.

« - Cette gamine... Ana'. Ma fille... Je n'en reviens pas. Dit-il captant leur total attention. Elle est métamorphosée. La dernière fois que je l'ai vue, je m'en rappellerai toujours. Vous m'aviez appelé pour partir en mission avec vous. Elle avait à peine fêter ses 1 an et je m'en voulais de la laisser si jeune. Comme tous pères, je la considère comme un trésor. Même si sa mère, était en pleine capacité de la garder. Nat' était magnifique. Une russe qui aurait pu être danseuse étoile tellement elle était douée. Mais la vie en a décidé autrement. Elle était espionne pour une organisation secrète. »

Il fit une pause dans son récit, se remémorant l'odeur, la douceur de sa peau et les courbes de sa femme. Il voulait de nouveau sentir son regard perçant quand il faisait une remarque obscène, passer ses mains dans les boucles soyeuses de ses cheveux.

Il l'a voulait elle.

Ce sont les regards insistants des autres qui le ramènent à la réalité.

« - Était... Elle a péri dans un incendie, celui de notre maison. Reprend Logan la voix tremblante. Je croyais les avoirs toutes les deux perdues à jamais. Je me croyais condamné a vivre avec leur mort sur la conscience. Mais voilà que je retrouve le deuxième être qui m'est le plus cher sur cette Terre.

Il avale une autre gorgée de sa bière, ravalant au passage le sanglot qui se formait.

- Comment était sa mère? Essaye de savoir Scott.

- Elle était sublime. Répond-t-il sincèrement et sans aucune hésitation. Elle était vraie battante, du genre je sais faire tous les arts martiaux du monde. Je soupçonne que ce soit vrai. La première fois que je l'ai vue c'était à Budapest. Elle et un autre gars, de leur organisation, devaient me tuer. Mais elle ne l'a pas fais. Elle n'a jamais voulu me dire pourquoi.

Il regarde Scott dans les yeux, ce qui effraye légèrement ce dernier.

- Mais ce que je peux te dire c'est que la première fois que j'ai vu ces yeux marrons, sa chevelure rousse, j'ai craqué. J'étais entrain de faire un massacre pour je ne sais quelles raisons. Elle s'est approché de moi un flingue chargé en main, avec un regard froid. Son pote avait un arc. Drôle d'arme pour un assassin. Je me suis laissé faire quand elle m'a passé les menottes. Elle était tellement plus petit que moi que j'aurais pu l'envoyer valser. Mais je n'ai rien fais.

- Tu vas me dire que tu as eu un coup de foudre pour la personne qui devait te tuer ? Demande, d'une voix rouillée, Jean.

- Hum. Logan hoche la tête pour confirmer les propos de sa collègue. Je vous passe les détails un peu long de mon arrestation mais de fil en aiguille on a mutuellement réussi à percer nos carapaces de pierre. Elle m'a aidé à m'enfuir de leur prison. Je lui en sera éternellement reconnaissant. Elle les a trahis pour moi. Que ferait on par amour je vous le demande... Puis on s'est cachés pendant longtemps au Canada sur un flanc de montagne, en face d'un lac. Rien de plus paisible, coupé du monde. Puis vous m'avez appelé pour des missions, elle de son coter aussi. La science et la médecine ont fait qu'on a eu une magnifique fille. Anastasia. Ensuite il y a eu mon absence prolongée au Japon. En même temps l'incendie. Ensuite le deuil pendant 16 ans de ma fille et éternel pour sa mère Natalia. Mais là un beau jour de septembre j'apprends que ma fille Anastasia se retrouve sous le même toit que moi sans même savoir que je suis son père. »

Pdv Logan

Plus personne ne parle. Pour une fois.
Je tourne la tête en direction de la cuisine et la vois. Elle m'a tellement manquée... Une larme solitaire dévala ma joue pour venir s'écraser sur ma main.

Pdv Anastasia

Rhaaaaaaaaaa ça m'énerve ! Je n'arrive pas à entendre ce qu'il leur dit ! Pourtant ça a l'air passionnant. Je sais que écouter les conversations c'est mal mais... les murs ont des oreilles.

Cependant pour entendre les commentaires insultants des autres dans mon dos la j'y arrive... Parfois je me demande si je suis maso ?

En soit ils ne font rien pour se cacher. Après mes sandwichs terminés, je prends la direction de la sortie. Encore une fois. Peter a bien essayé de m'appeler mais mon regard noir l'en a vite dissuadé. Pour cause il se trouve avec des filles qui d'instinct je ne sens pas tellement.

Elles ne se sont pas douchées ?

... Ouais... On va resté polie.
Juste avant de sortir j'ai cru entendre mon nom être cité par Logan. Je m'arrête net et me retourne plus curieuse qu'autre chose... Il semble le voir pleurer mais je ne suis pas certaine.

Je ne m'attarde pas plus en entendant les ricanements malsains des autres adolescents de la pièce.