Chapitre 6

PDV Okami

« C'est très haut, vous vous tuerez avant même d'atteindre l'hôtel. », dit Irina.

Karasuma s'apprêtait à envoyer Kayano et Nagisa car cela pouvait sembler infaisable de monter cette falaise, mais Isogai et les autres commencèrent à monter en disant que ce n'était qu'une falaise et que ce n'était rien comparé à leurs entraînements.

« Je les aime de plus en plus ces élèves. », souris-je avant de les suivre.

Cependant, ils ne s'étaient pas entraînés à attaquer un ennemi inconnu sur un terrain inconnu, et ils comptaient sur Karasuma et moi pour les guider. Koro réussit à convaincre Karasuma qui prit alors les commandes. On ferait comme à l'entraînement, sauf que la cible serait différente. Nous avions trois minutes pour mémoriser la carte obtenue par Ritsu. Sans me compter, nous étions seize avec l'IA.

Peu de temps après, nous escaladions la falaise, Okano et moi en première ligne en raison de notre aisance. Je regardai un peu en bas. Pauvre Karasuma, il devait escalader en portant Koro et Irina. Elle avait refusé de rester à l'hôtel et d'être mise en l'écart, mais j'étais certaine que ses talents nous seraient plus qu'utiles dans cette mission, même si les autres élèves ne semblaient pas en avoir conscience.

Une fois arrivés en haut de la falaise, on se cacha pour que Ritsu nous confirme notre itinéraire d'infiltration. Elle nous montra le plan de l'intérieur. On ne pouvait prendre l'ascenseur car il fallait une clé électronique pour la déverrouiller à chaque étage, cela aurait été trop long de pirater à chaque fois. Nous devions donc prendre les escaliers qui étaient éloignés les uns des autres, le bâtiment ayant été construit comme les studios de télévision, afin d'éviter que les terroristes occupent les lieux.

Ritsu nous annonça que la porte de service était déverrouillée et on entra rapidement, car le temps pressait. Mais dès la première étape, les choses se corsèrent. Il y avait plus de gardes que prévu, cela serait presque impossible pour tout un groupe de passer sans se faire repérer. Je regardai la pièce et vis un piano. Sauf si...

Irina croisa mon regard et je vis qu'elle avait eu la même idée que moi. Elle me sourit et leva le pouce en l'air pour me signifier qu'elle s'en occupait.

« Où est le problème ? Il suffit de passer normalement. »

Tous s'étonnèrent, croyant qu'elle était inconsciente.

« Laissez-la faire. Irina est une pro et a plus de tours dans son sac qu'il n'y paraît.

— Merci Akiko. On va passer normalement. »

Elle jeta ses cheveux en arrière et avança. Elle fit semblant d'être un peu bourrée et rentra dans un des gardes. Elle s'excusa en lui faisant les yeux doux et le garde rougit en disant que ce n'était rien. Elle dit que c'était elle qui devait jouer du piano la semaine suivante. Son mensonge passa nickel car beaucoup de pianistes passaient par là. Elle décida donc de jouer un peu pour se dégriser et leur demanda si cela ne les dérangeait pas, toujours avec les yeux doux. Un des gardes répondit qu'il allait voir à la réception mais elle le retint car elle voulait qu'ils l'écoutent pour lui donner leur avis. Elle leur dit de bien l'observer et de lui dire si quelque chose n'allait pas.

Elle commença à jouer, bougeant magnifiquement chaque partie de son corps pour captiver les gardes. Ils étaient tous subjugués et les élèves choqués.

« J'aimerais tellement avoir son talent un jour. Elle est tellement douée pour jouer la comédie et jouer du piano, murmurai-je.

— C'est la Fantaisie-Impromptu. », raconta Koro. « Non seulement elle est douée, mais elle sait aussi fasciner et attirer le regard de son public. Elle sait user de ses charmes et jouer de la musique en faisant parler son corps. Elle est tellement envoûtante qu'elle attire tous les regards.

— Oui, j'adorerais être une assassin de sa trempe un jour. », approuvai-je.

Irina arriva à attirer les deux gardes restants près d'elle et elle nous fit signe d'une main, nous faisant discrètement comprendre qu'elle allait les retenir vingt minutes. On passa alors. Tous les élèves semblaient fascinés, même moi alors qu'il nous arrivait de jouer un peu toutes les deux. Quand c'était le cas, elle ne faisait pas tant d'efforts pour charmer.

Elle n'avait dit à personne qu'elle jouait, et certains élèves l'admiraient pour jouer avec des ongles pareils.

« Elle a de l'entraînement, on joue de temps en temps ensemble.

— Tu joues du piano ? , demanda Akabane.

— Euh oui, enfin... je ne suis qu'une débutante, je ne fais que les notes les plus faciles quand on joue ensemble. Je ne suis pas douée, mentis-je.

— Comme quoi, il ne faut pas la sous-estimer. Plus un assassin est doué et plus il est touche-à-tout. Regardez Okami, elle est douée et tente sans cesse de nouvelles choses.

— Irina est sans doute la séductrice la plus habile de la planète. », dis-je.

On reprit notre route. On allait devoir jouer les clients de l'hôtel, maintenant que nous avions passé l'entrée. Karasuma expliqua que pas mal d'adolescents venaient ici, des enfants de stars ou de riches, qui faisaient des mauvais coups depuis leur plus jeune âge. On allait devoir agir pareil, comme des caïds qui se fichaient du monde.

« Karma, Akiko, cela devrait être dans vos cordes, non ? , plaisanta Nakamura.

— Qu'est-ce-que tu sous-entends ? », m'énervai-je en même temps que lui.

On se regarda brièvement avant de détourner le regard. Nakamura en rajouta en disant que nous étions les élèves les plus sadiques de la classe et que les mauvais coups, c'était notre rayon.

« Vous avez une sacrée image de moi, dis donc... », marmonnai-je.

Koro nous conseilla d'être prudents car notre ennemi pouvait lui aussi nous attaquer en se faisant passer pour un client. On avança jusqu'au hall central, Karasuma en première ligne et moi fermant la marche, afin d'assurer les arrières des élèves. Voulant se dépêcher, Yoshida et Terasaka se mirent à courir mais Fuwa se mit à crier pour leur dire de se méfier du gars qui arrivait. Je fronçai les sourcils. On l'avait pas déjà vu à l'hôtel ?

Karasuma s'élança pour les éloigner et se prit du gaz que l'inconnu en chemise à fleurs tira. Il sauta pour s'éloigner et je me tenais prête à récupérer un des pistolets cachés sous mon haut ample.

« Comment m'as-tu repérer ? Je tue mes cibles sans trahir la moindre agressivité. C'est ma spécialité.

— Je vous ai reconnu ! », s'avança Fuwa. « C'est vous qui nous avez offert des boissons de bienvenue. »

J'écarquillai les yeux. Elle avait raison. Cela ne pouvait être que lui, c'était louche de le revoir ici. Cela impliquait que tous ceux qui en avaient bu étaient contaminés. Heureusement que je n'en avais pas bu. Déjà que je n'étais pas au meilleur de mes capacités en ce moment, j'aurais été inutile si cela avait été le cas. J'espérais pouvoir être en mesure de les protéger malgré ma baisse de compétences.

L'assassin dit que nous n'avions aucune preuve tangible car il y avait beaucoup d'autres occasions où nous aurions pu être contaminés. Mais les talents de détective de Fuwa intervinrent. Les seules choses que toute la classe avait ingéré étaient les boissons et le repas sur le bâteau. Sauf que Mimura et Okajima étaient contaminés alors qu'ils avaient sauté le dîner pour terminer le film. La contamination provenait forcément de ces boissons et par conséquent, c'était lui le coupable, comme l'annonça Fuwa fièrement.

Elle était plutôt douée, grâce à tous les mangas shônen qu'elle lisait. Karasuma tomba alors. Ce gars était un expert en poisons très doué, et Karasuma avait été contaminé. Il avait créé un gaz anesthésiant à utiliser en milieu confiné, un gaz capable d'endormir un éléphant. Il se décomposait au contact de l'air sans laisser de trace. C'était vraiment du pur génie !

Il s'apprêtait à prévenir son boss mais les élèves avaient bloqué les sorties, comme le leur avait appris Karasuma. Il se releva difficilement et annonça que l'assassin aurait dû le prévenir dès qu'il nous avait vu. Ce dernier annonça que nous n'étions qu'une bande de gamins et que si Karasuma mourrait, nous serions perdus.

« Tu te trompes, ces élèves ont plus d'un tour dans leur manche. », rétorqua Karasuma.

Il se releva et donna un coup de pied dans le visage de l'assassin. J'en profitai pour dégainer mon arme et lui tirer dans la jambe. Karasuma s'effondra.

« Occupez-vous de Karasuma. Je m'occupe de ce gars ! », ordonnai-je d'une voix menaçante et terrifiante.

Ils s'exécutèrent et je m'approchai du gars au sol.

« Vous devriez mieux vous renseigner, vous ne saviez pas qu'une assassin était infiltrée dans cette classe ? », dis-je innocemment en appuyant légèrement sur sa blessure, le faisant crier un peu de douleur. « J'aimerai pouvoir vous torturer comme je fais habituellement, mais j'ai plus important à faire que de m'occuper d'un idiot sans cervelle. Ne te mets plus jamais en travers de mon chemin, sinon je te marquerai de mes crocs comme chacune des victimes que j'ai laissé dans mon sillage.

— O...Oka... Okami... », comprit l'assassin avant que je ne l'assomme.

Des élèves vinrent m'aider à mettre une table au-dessus du corps et je rejoignis le reste du groupe. Je sortis du gel de ma poche pour me nettoyer les mains et retirer les traces de sang.

« Comment va Karasuma Isogai ?

— Il sera rétabli dans une demi-heure d'après ses dires. »

Il était vraiment un monstre dans un sens, il était réveillé alors que ce gaz pouvait endormir un éléphant. Le groupe continua d'avancer, Isogai soutenant Karasuma.

« Restez vigilants, vous avez vu ce que des pros expérimentés pouvaient faire, et on va avoir droit à d'autres assassins tout aussi compétents, dis-je.

— Tu faisais vraiment peur Akiko, tout à l'heure, quand tu étais passée en mode assassin, fit Kayano.

— Ah bon ?

— Oui, tu étais très différente de d'habitude. On voyait vraiment que tu étais une assassin. », ajouta Nagisa.

Je leur souris pour les rassurer. Ils n'avaient pas à s'en faire.

Koro dit qu'on sentait enfin qu'on était en vacances, ce qui lui valut un regard noir de toute la classe. Nagisa commença à faire tourner le sac pour donner la gerbe au poulpe, mais Akabane l'arrêta, voulant le mettre dans les fesses de Terasaka. Je me remis à rire alors que Koro pâlissait. Nagisa reprit la boule et lui demanda des explications.

« Vos profs ne sont plus derrière vous et les vacances d'été sont l'occasion pour les élèves de se débrouiller sans eux. Si vous mettez en pratique ce que vous avez appris en classe, vous n'avez pas à craindre grand-monde. De plus, Akiko est toujours debout et fait peur à la plupart des assassins quand elle passe en mode tueuse. Vous avez les ressources pour réussir vos vacances d'assassins. »

Arrivés au cinquième étage, on se mit à raser le mur car Ritsu avait détecté une présence. J'avais mon arme prête à tirer. Quelqu'un était planté en plein milieu du passage, encore un assassin, je parierais une de mes armes là-dessus. Il avait l'aura d'un vrai tueur, les élèves avaient appris à les reconnaître et c'est ce qu'ils avaient senti quand je m'étais occupée du premier un peu plus tôt.

Le couloir était vide, la vue dégagée. On ne pouvait pas le prendre par surprise ou profiter de notre supériorité numérique. J'étais la seule à avoir de vraies armes, mais Karasuma n'était pas en état de s'en servir.

L'assassin cassa la vitre uniquement avec son poing avant de nous faire signifier qu'il savait que nous étions là, et que vu le bruit de nos pas, aucun de nous ne valait quelque chose. Il ajouta que même s'il y avait un prof issu d'une troupe d'élite dans le groupe, il semblait avoir été intoxiqué par le gaz de Smog, sûrement l'assassin que nous venions de vaincre.

Je regardai Karasuma, lui demandant du regard si je devais tirer ou non. Il secoua doucement la tête pour me signifier qu'il valait mieux attendre encore un peu. S'il ne savait pas qu'il y avait une assassin parmi les élèves, on pourrait le prendre par surprise, comme l'autre. Je hochai la tête.

L'assassin arrêtait pas de dire « ma foi » dans chaque phrase. Je rangeai rapidement l'arme et on s'avança. Personne semblait avoir le cran de lui demander pourquoi il parlait comme ça.

« Pourquoi vous parlez comme ça ? , demanda Akabane.

— C'est vrai, vous parlez un peu comme les samouraïs. », ajoutai-je.

La classe nous regarda, choquée. Il n'y avait décidément que nous pour avoir le cran de demander ce genre de choses.

« Il paraît que les samouraïs avaient ce type de langage, je trouvais cela cool alors ma foi, je l'ai adopté. »

Je vois... un étranger...

« Ma foi, même si je l'utilise mal, ce n'est pas grave. Quand je vous aurai tué, personne n'en saura rien.

— Vous tuez vos adversaires à mains nues, sans aucune arme ? , s'étonna Koro.

— Ma foi, je ne vous cache pas que je suis très demandé. Passer les contrôles de sécurité est un gros avantage ma foi. Je m'approche de ma cible et je lui brise les cervicales. J'ai la force suffisante pour broyer un crâne d'une seule main ! »

Et moi, les ressources suffisantes pour descendre n'importe qui en quelques secondes.

« Mais le plus intéressant ma foi, c'est que plus le nombre de mes victimes augmente, plus j'ai envie de laisser ma puissance s'exprimer à travers mes mains. En d'autres termes, j'ai soif d'en découdre. Ma foi, je veux affronter des adversaires en combat à mort. Ma foi, je suis quelque peu déçu. Quand on vous voit, on ne peut qu'être démotivé. »

Lentement, j'approchai ma main du pistolet rangé dans ma poche arrière et camouflé par mon haut. Mais une main se posa sur la mienne alors que j'étais sur le point de saisir l'arme, afin de m'en empêcher.

« Garde tes balles pour plus tard, on pourrait en avoir besoin pour arriver jusqu'au boss final.

— Akabane ? Si je n'interviens pas, il va nous tuer. C'est le moment opportun, il est en train de parler et il sous-estime ses adversaires.

— Je sais, mais étant donné que Karasuma est hors-circuit pour l'instant, tu es la seule à pouvoir nous défendre si jamais on nous attaque de dos. Laisse-moi m'occuper de lui.

— Toi, tu as une idée derrière la tête. D'accord, je te laisse faire. Mais reviens en un seul morceau.

— Cela me fait plaisir que tu me fasses à nouveau un peu confiance.

— C'est vite dit. Je sais juste de quoi tu es capable, quand tu appliques ce que je t'ai appris.

— Et c'est ce que je vais faire. Après l'échec des examens, je me suis rendu compte que tes enseignements seraient utiles pour toute ma vie, alors autant les écouter.

— Mouais... », fis-je, peu convaincue.

Je ramenai ma main à sa position normale, le flingue toujours dans ma poche.

« Ma foi, affronter une bande de morveux n'est guère réjouissant. J'appelle mes camarades pour vous massacrer sans- »

Akabane avait récupéré une plante et projeta le talkie-walkie contre la vitre déjà brisée, la cassant un peu plus.

« Dis donc la blondasse ! T'es pas très impressionnant pour un professionnel. Moi aussi je sais briser des vitres et des crânes, tu veux que je te montres ? Je vois clair dans ton jeu : si t'appelles tes potes avant même qu'on ait commencé, c'est juste parce que t'as la trouille d'affronter un collégien en duel. »

Je fronçai les sourcils. J'espérais vraiment qu'il savait ce qu'il faisait. Il était imprévisible, mais l'assassin semblait l'être plus que lui. Remarque, si j'arrive plus ou moins à prévoir ce qu'allait faire le rouge, peut-être que lui saurait faire de même avec ce tueur ? Il était encore trop tôt pour le dire, mais je savais qu'il avait une idée en tête.

« Tu n'as aucune chance contre- , commença Karasuma.

— Non, laissez-le. », l'interrompit Koro. « Regardez son menton. Jusqu'à présent, Karma avait toujours montré qu'il était en confiance en levant le menton pour regarder les gens de haut, de la même manière qu'Akiko. Cette fois, c'est différent.

— Oui, son langage est toujours provocateur, mais il reste vigilant. Il baisse le menton, comme moi quand je suis sur mes gardes.

— Il ne quitte pas son adversaire des yeux. Depuis les examens, il a fait profil bas. Cependant, il semble avoir tiré les leçons de son échec.

— Alors il a vraiment compris ! Je croyais qu'il bluffait. Aller Karma ! Tu peux le faire !! J'ai confiance en toi !! Écrases-le comme toutes les brutes de son espèce !! », l'encourageai-je, ma rancoeur temporairement évanouie.

Il me fit un petit sourire et l'assassin le mit à l'épreuve, retirant sa veste.

« Frappe sans hésiter Karma, ce n'est qu'une énième brute qui n'a rien dans la cervelle ! Tu en as déjà battu des dizaines comme ça ! , dis-je.

— T'en fais pas, je vais te faire honneur, comme autrefois Akiko. », répondit-il avec assurance, toujours sur ses gardes.

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