Chapitre 5
PDV Okami
Après le dîner, Koro était pâle à cause du mal de mer. On lui demanda de nous suivre vers la chapelle sur pilotis, qui était loin du personnel de l'hôtel. On se mit en place de sorte que Koro ne pouvait s'enfuir. Nous étions tous armés et l'assassinat commencerait par une projection de film. Il nous dit qu'il était fier de nous et qu'il avait hâte de voir comment on allait l'assassiner. J'espérais que ce plan allait marcher.
« Ne t'inquiète pas, fais juste comme d'habitude Okami ! », me dit Ritsu.
Je lui souris avant de me reconcentrer sur le poulpe.
« D'abord, on va vous montrer un film écrit et réalisé par Mimura, ensuite six élèves vous enlèveront onze tentacules, comme convenu. Ce sera à ce moment là que le reste de la classe vous tombera dessus. Ce programme vous convient-il ? , demanda Isogai.
— Cela me semble parfait ! »
Mimura avait même sauté le dîner pour terminer à temps. La chapelle était entourée par la mer et les issues enduites de substance anti-sensei. Il ne pouvait pas s'enfuir et esquiver nos coups dans la chapelle était son unique moyen de survivre. Mais nous avions plus d'un tour dans notre sac...
Nagisa fouilla le professeur afin d'être certain qu'il ne portait pas de maillot de bain.
Une fois en place, il nous dit de ne pas nous retenir, d'y aller franco.
« Je peux vous l'assurer professeur ! Personne ne se retiendra, alors faites vos prières ! », dis-je de manière arrogante, ce qui le fit rire.
Rira bien qui rira le dernier.
Le film commença et plusieurs élèves s'éloignèrent pour se mettre en position. Le film présentait notre classe mais j'étais certaine que cela n'empêchait pas Koro de s'avoir que Chiba et Hayami n'étaient pas avec nous. En revanche, ceux qu'il croit sentir au loin ne sont que de simples leurres... oh cela va être amusant ! J'aurais aimé pouvoir participer à l'imagination d'un tel plan.
Le film était présenté comme un reportage sur Koro. La musique étant bien choisi, Koro se laissa facilement absorber par l'écran avant l'instant fatidique. Il se retrouva humilié pendant au moins une heure, avec toutes les anecdotes honteuses recensées dans la vidéo.
Une heure après, il était mort moralement, tant il était humilié. Et il n'avait encore rien vu. La marée haute avait rempli d'eau la chapelle car les pilotis avaient été raccourcis et les tentacules du poulpe en étaient saturées d'eau, chose qu'il n'avait pas vu durant le documentaire. Nakamura le charria sur le fait qu'il devait se sentir un peu lourd, maintenant qu'il avait eu la honte de sa vie et qu'il avait absorbé une grande quantité d'eau. La bande de Terasaka, elle et moi avions nos armes en main. J'avais un fusil d'assaut qui me permettait de tirer plus vite.
« N'oubliez pas votre promesse, vous ne devez pas esquiver nos tirs ! », rappela Terasaka.
Il était piégé et on le força à se focaliser sur les deux tireurs à l'extérieur. Ritsu démarra le chronomètre. Isogai donna le départ et les balles fusèrent. En cinq secondes, il avait onze tentacules en moins. Ritsu l'annonça aux autres et la suite du plan se lança.
Certains détruisirent le dôme de la chapelle en tirant grâce à des petits bateaux à moteurs et d'autres formèrent une cage d'eau avec des flyboards après être sortis de l'eau. Il était déstabilisé à cause du changement d'environnement et ses capacités en étaient directement affectées. Tous ceux qui étaient prisonniers avec lui lui tirèrent dessus sans pour autant le viser afin qu'il ne puisse déterminer la trajectoire des balles et Ritsu mit la main à la patte en attaquant aussi.
Hayami et Chiba devaient se tenir prêt. Ils étaient cachés dans l'eau, des mannequins imprégnés de leur odeur disposés sur la rive afin de tromper Koro. La cage d'eau et les balles qu'on tirait leur offraient une cible incapable de bouger.
« Game over monsieur Koro ! », s'exclama Ritsu.
Aussitôt, deux détonations retentirent. Koro se retourna et les deux balles le touchèrent. Il eut alors une énorme explosion qui détruisit le reste de la cabane et nous fit tous plonger dans l'eau. Karasuma arriva en courant, nous conseillant de faire attention car Koro pouvait se régénérer très rapidement. Malgré l'eau, je rechargeai mon arme et me préparai à tirer une nouvelle fois, au cas où. Isogai et Kataoka surveillèrent le moindre mouvement à la surface de l'eau et les autres élèves se tinrent prêts à tirer.
Une petite boule transparente contenant sa tête sortit alors de l'eau. C'était son ultime botte secrète en cas d'assassinat : l'armure suprême. Sous cette forme, il était invincible car l'armure était indestructible. Mais au bout de vingt-quatre heures, Koro retrouvera sa forme initiale. En contrepartie de cette protection, Koro ne pouvait pas bouger jusqu'à ce qu'il puisse retrouver sa forme.
Je serrai le poing. Il nous avait encore eu, il avait un dernier atout dans sa manche. Ce poulpe était vraiment un assassin ! Il avait toujours plusieurs lames à double tranchant en réserve.
Des bandes vertes apparurent sur sa tête et il nous nargua. Ce plan était un échec total. Akabane demanda à ce qu'on lui passe la boule, ce qu'il fit. C'est vrai que, maintenant qu'il était sous cette forme, il était à notre merci. On pouvait l'humilier encore plus. Le rouge lui montra une photo du film pour l'embêter et j'en profitai pour coller une limace de mer dessus. Il pâlit et cria. Akabane demanda alors à ce qu'on lui trouve un type vraiment répugnant pour qu'il puisse mettre la boule dans son sous-vêtement. Je le regardai avec des yeux ronds, ne m'attendant pas à ce qu'il sorte ça, avant de rire aux éclats. Dans ce genre de situation, il ne manquait jamais d'imagination et c'est quelque chose qui n'avait pas vraiment changé chez lui.
« T'es encore bien gentil je trouve, je m'attendais à mieux, plaisantai-je, hilare.
— T'inquiète, j'ai encore d'autres idées en stock. », me sourit-il en riant.
On s'arrêta alors de rire, reprenant nos esprits, avant de se tourner le dos. Karasuma récupéra la boule, enlevant la limace, et la mit dans un sac plastique pour le transporter, disant qu'il verrait avec sa hiérarchie pour savoir ce qu'on allait en faire.
Koro nous félicita alors, car aucune armée n'avait encore réussi à le mettre dos au mur de cette façon. Après ces efforts, tous étaient déçus. Je retournai sur la terre ferme et on rentra à l'hôtel. Les élèves étaient déprimés, et cela me rendait un peu triste.
Une fois tous attablés devant des boissons, je les observais. Hayami et Chiba semblaient vraiment abattus à l'idée d'avoir raté Koro.
« Hey, ne vous en faîtes pas. Cela arrive à tout le monde de se laisser déstabiliser par la pression de réussir. Ce plan était parfait, et c'était justement son problème : il était trop parfait. Tout avait été prévu et aucune alternative n'avait été imaginée dans le cas où certaines choses ne se dérouleraient pas comme prévu. Ce n'est pas pour autant qu'il faut se miner le moral ! C'était forcément très différent de l'entraînement, mais tout est une question de pratique. Tous les assassins, même les meilleurs, ont échoué nombre de fois, mais ce n'est pas pour autant qu'ils ont abandonné. Rappelez-vous les cours de Karasuma : le premier coup n'est pas forcément celui qui va achever votre adversaire. Les coups suivants sont tout aussi importants. Et quand notre adversaire est quelqu'un de la trempe de Koro, chaque coup, même le milliardième, à une importance capitale ! Je suis certaine que vous finirez par le tuer ! », les encourageai-je. « Vous avez donné votre maximum, et c'est déjà bien.
— C'est vrai. On fera mieux la prochaine fois, approuva Terasaka.
— Même toi, tu as échoué nombre de fois Akiko ? », voulut savoir Nagisa.
Je grimaçai intérieurement en me rappelant de tous les assassinats ratés que j'avais vécu. Ils devaient être au nombre de soixante, minimum.
« Non, je suis l'exception qui confirme la règle. », mentis-je, avant de reprendre pour moi-même. « Enfin, officiellement. »
Personne ne put répliquer car la moitié d'entre nous s'effondrèrent sans raison et Okajima se mit à saigner du nez. Je m'approchai aussitôt de Nakamura, qui était brûlante de fièvre.
Je fermai les yeux afin d'utiliser une des techniques que Lovro m'avait apprise. Cela consistait à pouvoir ressentir le type de poison selon l'aura qu'elle renvoyait. Cependant, je ne ressentais rien, rien d'anormal en tout cas. Je refis la même chose avec d'autres élèves, et même constat.
« Etrange... »
Karasuma reçut un appel après avoir appris qu'il n'y avait aucun hôpital sur l'île. Il répondit et mit le haut-parleur. L'inconnu dit alors que c'était lui qui avait empoissonné la classe et qu'il nous donnerait l'antidote uniquement si on lui donnait Koro. On avait une heure pour aller au dernier étage de l'hôtel au sommet de l'île, et les deux plus petits de la classe devaient y aller. Il semblait en savoir beaucoup sur le poulpe.
« Comment un inconnu peut-il en savoir autant si Koro ? Même les snipers engagés par le gouvernement n'en savaient pas tant ! Mais alors... c'est que cet inconnu n'est pas si inconnu que ça ! En plus, les élèves malades ne le sont pas en réalité, je l'aurais senti sinon. Que dois-je faire ? Le dire à Karasuma ? Hmm... non, ce serait préférable d'attendre d'en savoir plus. Je veux savoir qui est ce pseudo inconnu qui a osé s'en prendre à des assassins. En plus, je suis prête à parier qu'il a lui aussi prévu son plan de A à Z. Il semble beaucoup trop sûr de lui, comme les autres élèves ce matin. Je vais me faire un plaisir de remplacer Koro et de faire échouer son plan par tous les moyens ! », pensai-je.
Karasuma était en train de s'énerver. Envoyer Kayano et Nagisa dans un guet-apens comme ça était risqué. Certes, ils s'étaient entraînés durement ces derniers temps, mais ils n'en restaient pas moins les plus faibles de la classe jusqu'à présent. Ils risquaient de ne pas en revenir vivant.
« On aurait dû négocier... marmonnai-je.
— Négocier ? , m'interrogea Karasuma.
— Oui. Envoyer Kayano et Nagisa signifie prendre le risque de ne pas les revoir vivants. Ce gars est un pro, il sait sûrement qu'ils sont les plus faibles de la classe. On aurait dû négocier pour avoir une garantie de les revoir en vie.
— Tu aurais fait quoi, toi ? , me demanda-t-il.
— Je suis une assassin, ne l'oublie pas Karasuma. J'aurais fait en sorte qu'il accepte que je monte avec eux. Si l'échange se déroulait correctement et qu'ils restaient en vie, on repartirait comme on était venus. S'il essayait de tuer l'un des deux, je l'aurais tué en retour. Dans les deux cas, j'aurais improvisé ensuite pour récupérer Koro, parce que c'est à nous de tuer ce sale poulpe. Mais soit, improviser fait partie d'un des plus importants talents d'un assassin. Je ne vais pas me gêner pour m'incruster à cette petite fête !
— Tu es sûre de toi ? On ne sait même pas qui c'est, ce type, fit remarquer Nagisa.
— Peut-être, mais on sait une chose : on le connaît, et il nous connaît. Sinon, il n'en saurait pas autant sur Koro. Je suis une assassin, et les assassins n'ont pas pour habitude de respecter les deals. Et c'est exactement ce que je vais faire.
— Peu importe ce que tu as en tête, sois prudente. On va tous aller au moins jusqu'à cet hôtel, on verra ensuite. », ordonna Karasuma.
On se prépara. Cet hôtel était un lieu de transactions illégales identifié par le gouvernement, ce qui avait empêché Karasuma d'obtenir des informations en disant qu'il travaillait pour le gouvernement. On ne pouvait compter sur personne, comme le fit si bien remarquer Akabane.
Pendant qu'on discutait de ce qu'il fallait faire des malades en attendant, Ritsu apparut sur l'écran de Nagisa, disant que ce que Koro lui avait demandé était fait.
On se rendit donc tous à l'hôtel en voiture. On aurait quand même une sacrée grimpette à faire pour ne pas se faire repérer. Le plan de Koro aurait échoué si on était entrés par l'entrée. Ritsu s'était introduite dans l'ordinateur de l'hôtel et avait récupéré une carte qui indiquait la position des gardes en temps réel. La seule entrée qui ne grouillait pas de gardes et sans qu'on ait à passer la réception était une entrée de service au sommet de la falaise. Puisqu'on ne voulait pas se plier aux règles de l'ennemi, nous allions tous monter, hormis les dix malades, Takebayashi et Okuda qui étaient restés pour s'occuper d'eux. On allait récupérer l'antidote en attaquant le dernier étage par surprise.
« N'oubliez pas, un plan ne se déroule jamais comme prévu. Irina, Karasuma et moi ferons en sorte que l'issue soit telle que nous l'avons prévu, en improvisant. Quoi qu'il se passe, je peux vous garantir qu'on fera tous pour récupérer ces antidotes. On assure vos arrières. »
Irina me donna mon sac et je cachai plusieurs véritables armes dans mes bottes et partout où je le pouvais. Je relevai même mes boucles en chignon pour y planter un poignard en guise de baguette
« Tu as vraiment besoin d'être armée jusqu'aux dents comme ça Akiko ? , me demanda Terasaka.
— Si vous voulez rester en vie, il vaut mieux que je sois trop armée que pas assez. De plus, vous n'êtes pas formés pour tuer ou blesser un être humain, ce n'est pas ce qu'on vous demande. Moi, je n'aurais aucune pitié envers eux, je n'aurais aucune hésitation à les achever. Et puis, si on finit par manquer d'armes, j'en ai tout un stock. Avec le temps, j'ai appris à en cacher partout où je le pouvais, du traditionnel couteau caché dans la botte à des cachettes beaucoup moins évidentes. Je ferais tout pour que chacun revienne en vie. »
On regarda tous l'hôtel de riches en haut de la falaise. Il allait falloir être précis, discret et rapide. Et surtout, prudent, très prudent...
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