Chapitre 30

PDV Akiko

Ce soir-là, je dormis une nouvelle fois chez Karma. Sauf que, cette fois-ci, comme on l'avait décidé avant le dîner, j'étais allée récupérer des affaires.

« Dis Kiko, ça ira pour tes cauchemars ? , s'inquiéta-t-il alors qu'on discutait sur le canapé, après le dîner.

— Ne t'en fais pas. Je suis plus forte que j'en ai l'air.

— Je n'en doute pas mais... tu avais l'air si fragile la dernière fois. Cela me désole vraiment d'être la source de ça... », soupira Karma en baissant la tête.

Je souris et lui relevai la tête, déposant un baiser appuyé sur ses lèvres.

« Il ne faut pas voir les choses comme ça. J'ai peur, très peur de te perdre, parce que je t'aime. Mes cauchemars ne sont qu'un reflet de cette réalité. Mais si ça t'inquiète tant que ça, on a qu'à dormir ensemble. Ce n'est plus un secret pour toi, ta seule présence arrive à me calmer et à me détendre.

— Moi, je n'y vois aucune objection, au contraire. Mais toi ? »

J'eus un sourire malicieux et le surplombai, le forçant à s'allonger.

« Si je te le propose, c'est que c'est loin de me déranger, tu sais ? »

Je scellai nos lèvres brièvement avant de tracer une ligne de baisers de sa mâchoire à sa clavicule. Il soupira.

« Tu prends enfin les choses en main Kiko.

— Tu n'aimes pas ?

— Si, au contraire. D'autant que j'ai une belle vue de là où je suis. » répondit-il avec un léger sourire en coin.

Je devins rouge écrevisse et me rassis sur le sofa, gênée, faisant rire Karma.

« Je t'ai déjà vu avec moins que ça, tu sais ?

— Je sais, mais c'est toujours gênant quand tu le fais remarquer.

— J'y peux rien, t'es encore plus mignonne quand tu rougis. », dit-il tendrement en se redressant.

Je rougis encore plus et il déposa un léger baiser sur mes lèvres en riant. Je souris et on alla se préparer pour aller dormir.

Deux semaines avaient passé. Irina m'avait annoncé qu'elle travaillerait à la Défense et vivrait chez Karasuma une fois l'année terminée. J'étais contente que cela avance pour eux, mais j'étais un peu dégoûtée.

« Je vais vivre toute seule ou alors, je serais obligée de quitter mes amis... marmonnai-je un midi, à l'école, alors que j'étais allongée sur l'herbe avec la tête sur les cuisses de Karma.

— Si ce n'est que ça, tu peux vivre avec moi. Tu n'auras pas à nous quitter ni à vivre seule. Cela ne nous changera pas trop, tu dors chez moi récemment. Tu es vraiment accro à moi.

— Surveille tes chevilles tête de tomate. Si c'est véridique, l'inverse est tout aussi vrai.

— C'est pas vrai.

— Oh, alors j'irais dormir chez moi ce soir, ça te dérange pas ?

— Quoi ?! Ah non ! Hors de question.

— Pourquoi ?

— Ben... je...

— Dis-le Karma, souris-je malicieusement.

— Oui je suis accro à toi, c'est bon t'es contente ? Pff... »

Mon sourire s'élargit et je me redressai pour aller embrasser ses lèvres.

« Très contente même.

— Ah la la, tu sais que je t'aime ?

— Tu me le dis tous les jours depuis la Saint-Valentin, je ne risque pas de l'oublier. »

Il me sourit avec tout l'amour du monde et ébouriffa affectueusement les cheveux.

« Ohé, je vous parle là ! , s'exaspéra Nagisa.

— Hum ? »

On regarda Kayano et Nagisa, qui étaient blasés.

« Nagisa vous demandait si vous aviez reçu une réponse des lycées.

— J'ai reçu la mienne hier, et j'ai été accepté, annonça le bleu.

— Mais c'est génial. Je suis fière de toi. Je l'ai reçu aussi, Irina me l'a donné avant les cours ce matin. Mais je n'ai pas encore osé l'ouvrir. Je sais que je n'ai pas à m'en faire, mais c'est un peu stressant quand même.

— On peut l'ouvrir ensemble si tu veux. Je n'ai pas encore ouvert la mienne, mais j'ai sûrement été accepté, me sourit Karma.

— Toujours aussi modeste à ce que je vois. »

Je me redressai et l'embrassai, avant de sortir l'enveloppe de ma poche. Je la tendis à Karma.

« Je ne veux même pas l'ouvrir. Je n'ai passé l'examen que d'un seul lycée, j'espère que j'ai pas échoué... je vais devoir quitter Tokyo sinon, et je n'en ai pas envie...

— Calme-toi, je vais l'ouvrir Kiko. »

Avec un sourire rassurant, il prit l'enveloppe et l'ouvrit. Il déplia la feuille qui était à l'intérieur et la lut.

« Ne dis rien. J'ai échoué, c'est ça ?

— Si peu de confiance en toi, alors que tu es pleine d'assurance généralement, rit Nagisa.

— J'y peux rien, les résultats décisifs d'une vie comme ceux-là me stressent !

— Kiko, tu as passé l'examen de Kunugigaoka ? , s'étonna Karma.

— Oui. Et comme je l'ai décidé à la dernière minute, je n'ai pas vraiment eu le temps de me préparer. J'espère que j'ai réussi... aller, dis ! Non, en fait, je veux pas savoir ! »

Karma rit légèrement et m'attrapa le poignet, me faisant asseoir sur ses genoux.

« Regarde par toi-même. »

Je levai les yeux sur la feuille qu'il tenait devant mon visage.

« Tu as réussi, et avec mention spéciale du proviseur Asano. Tu as obtenu les meilleurs résultats et ils vont te mettre dans la classe de seconde la plus avancée pour les cours communs. C'est également la classe où Asano et moi serons. N'empêche, tu aurais pu me dire que tu avais passé l'examen.

— Je te l'ai dit, j'ai fait ça sur un coup de tête, à la dernière seconde. En tout cas, ça va être génial ! T'imagines ? On va tous les coiffer au poteau et Asano ne récupérera jamais sa première place. Ce sera infiniment mieux que d'entrer directement en université. Ridiculiser les Cinq Prodiges pendant trois ans, que demander de plus ?

— Vous vous êtes vraiment bien trouvés, tous les deux. », marmonna Nagisa.

On rit et je tapai dans la main de Karma. Suite à cela, ils me demandèrent ce que je comptais faire après, alors je leur racontai.

De retour en classe, Koro nous félicita et nous dit qu'il voulait faire quelque chose avant de commencer les entretiens d'orientation. Il nous concoctait un album de fin d'année spéciale classe E.

« Je sais pas toi Kiko, mais je la sens pas, cette histoire.

— Moi non plus... »

Kurahashi nous expliqua qu'il y en avait déjà un avec toutes les classes de l'école, mais sur lequel Karasuma figurait comme notre prof principal. Il n'y avait rien du tout avec Koro.

« C'est tellement triste qu'il n'y ait aucune photo avec monsieur Koro alors qu'on a passé l'année ensemble, fit Yada.

— Erreur, il a parfois utiliser sa vitesse supersonique pour faire des photos bombes, remarqua Chiba.

— Chiba a raison, et je compte bien utiliser toutes ces photos pour mon album... »

Il nous désigna des piles de photos qui prenaient toute la surface de son bureau. Il avait profité de moments où nous ne faisions pas attention à lui et avait accumulé la bagatelle de trente mille selfies. Il voulait qu'on s'y plonge tous ensemble pour choisir les meilleurs. Aucun de nous ne l'avait grillé, quel voyeur !

« Je sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai pas trop envie de regarder des photos de moi, dit Nakamura.

— Pourquoi ? , l'interrogea Fuwa.

— Je trouve que j'ai de tout petits yeux.

— Ne t'en fais pas : j'ai retouché certaines photos pour qu'on ait de grands yeux. »

Nakamura remercia Koro. Sugino demanda si c'était nécessaire car nous avions assez de photos ordinaires dans l'album de l'école, et Hara fit remarquer que, quitte à en créer un autre, autant faire dans l'original pour celui là.

« J'ai tout ce qu'il nous faut ! D'abord, Hayami, notre beauté froide au magasin animalier. Regardez-moi ça ! Mimura en pleine session nocturne d'air guitar. »

Les deux concernés étaient pétrifiés. Je n'avais pas vraiment envie de savoir quelles photos de moi avait Koro...

« Et j'en ai plein d'autre comme ça ! Princesse Kataoka essayant ses habits royaux, Muramatsu faisant sa chochotte en apercevant un cafard, j'ai même Okajima qui court à poil à l'extérieur de l'école en pleine nuit. Et le plus croustillant... Karma embrassant le cou d'Akiko dans les bains de Kyoto. »

On devint tous les deux aussi rouges que sa tignasse. Tout le monde se leva pour prendre toutes nos photos et les détruire, Karma et moi compris. Koro rit en nous trouvant soudainement très motivés.

On prit toutes nos photos et on les déchira. J'arrivais pas à croire qu'il nous ait pris dans des moments comme ça.

On passa à la section des photos prises à l'école. On sourit en voyant les photos ayant capturés les meilleurs souvenirs de cette année. On en vivrait probablement plus, d'années comme ça.

« J'arrive pas à croire qu'il nous ait pris en photo à ce moment-là... , marmonnai-je en montrant la photo à Karma.

— Le jour de la fête de l'école... il n'avait vraiment que ça à faire ?

— Faut croire. En tout cas, sans toi, je serais jamais montée sur scène. Je t'aime Karma.

— Et je t'aime encore plus Kiko. »

On échanger un baiser bref avant de nous remettre au travail. Koro s'affolait parce que son stock de photos ne suffirait pas, au fur et à mesure qu'on déchirait les photos les plus gênantes. Il voulait faire un album de dix mille pages. Karma, lui, empochait toutes les photos de nous deux, pour les garder pour lui. Je souris légèrement. Qu'allait-il faire avec toutes ces photos ?

Koro nous força donc à aller dehors pour prendre d'autres photos de nous, mais déguisés. Les clichés s'enchaînèrent et Karasuma nous expliqua pourquoi Koro avait multiplié les sorties ces derniers temps. Il sentait qu'on était fin prêts pour les examens, nous avions beaucoup mûri et il voulait relâcher la pression. Nagisa demanda alors si l'agent avait la même opinion de nous.

« Oui. Vous n'êtes plus les mêmes qu'en début d'année. Si la situation devenait trop compliquée, je n'hésiterais pas à m'en remettre à vous. », sourit légèrement Karasuma.

Vivant au pays des licornes, Irina arrivant, disant qu'à partir d'avril ils seront ensemble. Elle s'encourageait, disant qu'ensuite ils le feraient dix fois par jour, ce qui pétrifia Karasuma.

« Elle est comme ça depuis la Saint-Valentin. Akiko, tu sais ce qu'il se passe ? , demanda Kurahashi.

— Oui, Karasuma lui a dit d'intégrer la Défense après l'année scolaire et d'aller prier au temple tous les jours pour les personnes qu'elle avait tué. Tout ça, en l'accueillant chez lui. Ces derniers temps, elle est autant au pays des licornes que moi !"

Je serrai Karma dans mes bras, et il me rendit aussitôt mon étreinte. Koro nous attrapa avec ses tentacules et nous habilla, les deux profs, Karma et moi, en tenue de mariés.

« Tu peux m'expliquer ce que tu fais là ? , demanda Karasuma, alors qu'Irina et moi rougissions.

— Mais rien voyons, vous devez faire du cosplay, comme tout le monde. Même si dans vos cas, ce n'est peut-être qu'une répétion. »

Karma et roi rougissions furieusement et je me cachai la tête dans son cou, étant dans ses bras en mode princesse.

Au bout d'un moment, Koro décida que c'était assez pour les photos à l'école. Il nous mit dans le sac utilisé pour aller à Kyoto. Comme il n'avait pas toutes les photos qu'il voulait, il allait nous prendre en photo devant les lieux célèbres du monde entier. Il se propulsa et c'était partie !

Je me lovai contre le rouge, qui me sourit. Je le lui rendis et il nicha sa tête dans mon cou. Nakamura n'avait pas arrêté de nous charrier depuis que la classe savait qu'on était ensemble mais cela m'importait peu. J'étais heureuse.

Le soir arriva, et Karma décida de m'accompagner à mon entretien d'orientation final. Je passai juste après Nagisa, en dernière.

Le bleu sortit et nous sourit.

« Bon alors, raconte maintenant. Tu vas faire quoi ? , l'interrogeai-je.

— Professeur, comme monsieur Koro. J'ai toujours admiré son côté enseignant, alors je veux devenir prof. Tu sais, souvent, on veut faire le même métier qu'une personne qu'on admire. Par exemple, un enfant malade sauvé par un médecin voudra à son tour devenir un médecin.

— Tu n'as pas tord. Cela te correspond tout à fait. Tu as bien grandi depuis le jour où je suis arrivée dans cette classe.

— Toi aussi. Tu es beaucoup plus heureuse, assurée et paisible qu'avant. »

Je regardai Karma, qui me sourit avec tendresse.

« Je ressens le doki doki, c'est tout. »

Karma m'embrassa le front et Nagisa nous salua, avant de rentrer chez lui. Le rouge me laissa entrer, m'attendant dehors.

Tout ce qui s'était passé avant la Saint-Valentin m'avait permis de réfléchir soigneusement à ce que je voulais. En fait, les vacances passées à l'hôpital m'avaient permis de réfléchir à tout un tas de choses : sur ce que je voulais faire avec Koro, sur ce que je ressentais pour Karma. Et aussi sur ce que je voulais pour mon avenir.

Je poussai la porte et rejoignis le poulpe.

« Alors Akiko, as-tu réfléchi à ce que tu voulais ? », me demanda Koro.

Je hochai la tête. L'idée avait mûri petit à petit dans mon esprit, au fur et à mesure de mes péripéties avec mes amis et au fil de mon changement psychologique.

« Absolument. J'ai beaucoup réfléchi et je sais désormais où je vais.

— Très bien. Alors, dans quel école iras-tu ?

— Je reste à Kunugigaoka, j'ai passé l'examen et je suis prise. Je sais que j'ai tout ce qu'il faut pour intégrer les plus grandes universités du pays, mais c'est ici que j'ai découvert celle que j'étais vraiment. C'est ici que les meilleurs moments de mon adolescence ont eu lieu. Je veux suivre le chemin normal d'un élève de mon âge. Et puis, j'ai envie de ridiculiser Asano pendant encore quelques années ! Me donner à fond pour l'écraser pendant trois ans, c'est beaucoup plus satisfaisant que d'intégrer une grande université. Et je pourrais faire ce que je veux, dans tous les cas.

— Ah oui, que comptes-tu faire ?

— Ce que la nouvelle Akiko sait faire : assassiner et chanter. J'ai envie de me consacrer à ma carrière de chanteuse en tant que Louva tout en continuant à assassiner, mais pour le ministère de la Défense, en tant qu'agent à temps partiel. J'ai envie de répandre le bonheur avec ma musique et de défendre ceux qui en ont besoin avec mes facultés d'assassin. Je compte donc, pour cela, intégrer la filière scénique du lycée de Kunugigaoka. J'aurais beaucoup plus de travail, mais cela ne me fait pas peur. Le matin, je suivrai les cours normaux avec la classe de Karma et l'après-midi les élèves comme moi auront un cursus différent selon notre filière choisie. Je suis prête à travailler dur.

— Je vois que tu es motivée. Cela te correspond tout à fait, je suis fier de voir tout le chemin que tu as parcouru depuis ton arrivée. Cependant, j'ai une question : comment vas-tu faire pour qu'on ne fasse pas le rapprochement avec Louva ?

— Je vais utiliser ma botte secrète afin que ceux qui écoutent ma voix croient que, si la chanson est signée Louva, c'est Louva qui chante. Et inversement. Je pense que c'est faisable, pendant trois ans. Après, j'aurais juste à faire attention à ne pas chanter en public quand je ne porte pas ma perruque.

— Tu as vraiment beaucoup réfléchi dis-moi.

— Oui, énormément. Etre une professionnelle, et être une ado, nécessite une remise en question permanente. Et tout ce que j'ai vécu cette année m'a permis de retrouver la lumière. Tout ça, c'est grâce à vous professeur Koro. Si je n'avais pas intégrée cette classe, je serais restée dans les ténèbres encore longtemps. Ici, je me suis réconciliée avec mon meilleur ami, qui est ensuite devenu mon petit ami, je me suis fait de nouveaux amis et j'ai renoué avec ma soeur. Je vous dois beaucoup. Je pense qu'on vous doit tous beaucoup. »

Koro s'essuya les yeux avec un mouchoir.

« Qu'est-ce-que c'est touchant ce que tu dis ! Je suis fier de celle que tu es devenue.

— Merci. Je n'oublierai jamais toutes les leçons de vie que vous m'avez apprises, c'est promis. J'ai décidé de vous dédicacer mon premier album, quand il sortira. Comme je ne sais pas si vous serez toujours en vie d'ici-là, je tenais à ce que vous le sachiez.

— C'est un honneur pour moi Akiko. »

Il posa affectueusement un tentacule sur ma tête, et je souris. Je rejoignis ensuite Karma et on alla chez lui.

On s'assit sur le canapé pour parler de toutes les blagues qu'on pourrait faire ensemble, l'an prochain.

« Nous sommes déjà le six mars, soupirai-je alors qu'on dînait.

— Oui. Le temps est passé bien vite, je trouve. J'espère qu'on vivra une année tout aussi palpitante au lycée.

— J'en doute, mais chaque année est riche à sa façon. »

Je sursautai alors, mes instincts étant en alerte rouge.

« Akiko ?

— Karma, il se passe quelque chose. »

Je me levai en courant et ouvris une fenêtre. Un faisceau rouge venant du ciel pulvérisait notre bâtiment.

« Qu'est-ce-que c'est que ce truc ?

— Le plan d'assassinat final... » , murmurai-je. « Oui, je m'en souviens, Irina m'en a parlé. Karasuma lui avait dit que le gouvernement préparait un plan d'assassinat magistral, même s'il ne savait pas quoi car il était toujours prévenu au dernier moment désormais.

— Ils vont vraiment tuer Koro ?

— Je te l'ai dit, rappelle-toi : les gouvernements tueront Koro, qu'on le descende ou non.

— Ce n'est pas fini, regarde ! », me fit Karma.

Il pointa alors des lasers oranges qui dressaient un bouclier autour de notre bâtiment, s'arrêtant aux entrées dans la forêt.

« Nous avions tous cru que notre bonheur avec Koro perdurerait. Même moi j'avais oublié que ce n'était qu'éphémère. Tout cela a été préparé de longue date, de façon méticuleuse et implacable sans qu'on ne nous mette au courant.

— Calme-toi. On va trouver une solution. Allons voir ce qu'ils disent à la télé, même si ce sont sûrement des mensonges. »

Il m'entraîna vers le canapé et alluma l'écran sur une chaîne d'infos. Apparemment, Koro aurait échappé au laser, ce qui aurait conduit à déployer cette barrière autour de notre école pour le maintenir enfermé.

L'homme à l'écran poursuivit en disant qu'ils n'avaient rien dit à la population car Koro n'avait pas hésité à prendre notre classe en otages en se faisant passer pour un prof. Je serrai la mâchoire de fureur.

« Karma ! On y va ! »

Il hocha la tête et me lança mon sac de cours. Je le vidai sur le sol et fis venir toutes mes armes, anti-sensei et normales, à l'intérieur. On enfila nos manteaux et on sortit en courant.

Il y avait des militaires de partout. Ils nous empêchèrent de rejoindre notre bâtiment, ce qui me mettait vraiment en rogne.

« Karma, Akiko, Nagisa ! Qu'est-ce-qui se passe ? », fit la voix de Kayano.

Je me retournai et vis que la classe arrivait petit à petit. Karma posa ses mains sur mes épaules, me demandant muettement de me calmer un peu. Terasaka tenta sa chance avec les militaires mais ce fut vain.

« Vous avez vu les infos ? », intervint Isogai. « Il se passe quelque chose de terrible !

— Pourquoi crois-tu que j'essaie d'empêcher Akiko de commettre un meurtre ? », rétorqua Karma.

On fut alors tous aveuglés par des flashs. Des journalistes. Ils nous présentaient comme les élèves retenus en otage par Koro. Ils nous posèrent pleins de questions, notamment si la créature du poulpe nous rassurait.

Je serrai la mâchoire. Non, cela ne nous rassurait pas, au contraire. Muramatsu leur dit de la fermer, car ils ne donnaient que des infos bidons et Yada expliqua que les chances de destruction étaient inférieures à un pour cent d'après une source sûre et qu'il fallait rassurer les gens sur le fait qu'il n'y avait aucun danger.

« Il faut rétablir la vérité ! Ce n'est pas le professeur monstrueux que vous décrivez ! », pleura Kurahashi.

Les cameramans zoomèrent sur son visage pour qu'on la voit pleurer. Les conn**** !!

« Pauvre petite, c'est le monstre qui t'a ordonné de dire ça ? Cela a dû être une épreuve terrible. Plus rien ne t'oblige à mentir maintenant. », fit une journaliste avant de se tourner vers la caméra. « Cette élève semble souffrir du syndrome de Stockholm, qui la pousse à prendre la défense de son oppresseur. »

Je me dégageai de Karma avec une violence qui le fit reculer. Je m'avançai furieusement, le regard noir et meurtrier, ce qui fit reculer les journalistes..

« Est-ce-qu'on a l'air de mentir ?! Ou de souffrir de quoi que ce soit ? Je vous conseille de la fermer avant de dire des bêtises ! Sinon, cet endroit deviendra une vraie mare de sang, et je ne plaisante pas ! Débarrassez le plancher fissa ! Si vous ne le faîtes pas, vous ne reverrez plus jamais le soleil se lever !! »

Karma m'attrapa par les épaules et me ramena en arrière.

« Karma, lâche-moi !!

— Non, pas avant que tu ne te sois calmée. Tuer quelqu'un avec pour seul motivation la fureur, tu sais que c'est la pire méthode. »

Je soupirai. Il avait raison.

Karasuma arriva alors et chassa les journalistes, disant qu'il allait s'occuper de nous.

« Ils nous prennent en pitié, je déteste ça !!

— Je sais Kiko, mais tuer quelqu'un ne nous aidera pas là. Si tu fais ça, adieu Kunugigaoka. Tu tiens tant que ça à t'éloigner de moi ?

— Idiot... », marmonnai-je.

Il me relâcha, sans pour autant s'éloigner.

Karasuma nous conduisit dans une tente militaire installée sur le campus du bâtiment principal.

« Le compte à rebours est terminé ! Notre gouvernement a lancé le plan d'assassinat final élaboré avec tous les pays du monde.

— Vous parlez de cette barrière ? , demanda Takebayashi.

— Il s'agit avant tout d'une cage pour le garder prisonnier. Dans une semaine au plus tard, un puissant laser le tuera.

— C'est pas possible ! C'est à nous de le tuer ! , fit Maehara.

— Le gouvernement reconnaît que vous vous êtes bien battus, mais il est temps que nous prenions le relais.

— Vous nous l'avez fait à l'envers et vous voulez qu'on vous fasse confiance maintenant ? , s'écria Terasaka.

— Pourquoi personne ne nous a mis au courant de ce qu'il se préparait ? , renchérit Kurahashi.

— En plus, les autorités donnent le mauvais rôle à monsieur Koro en le faisant passer pour un preneur d'otages, ajouta Kanzaki.

— Tout ça, c'est inacceptable !! D'abord, vous nous ordonnez de le tuer, et maintenant, vous voulez qu'on reste à l'écart ?? , cria Kataoka.

— Monsieur Koro n'acceptera jamais que quelqu'un d'autre que nous le tue ! , affirma Isogai.

— S'il vous plaît, monsieur Karasuma. Laissez-nous traverser la barrière ! , supplia Nagisa.

— Je regrette, mais c'est impossible. Des soldats d'élite verrouillent tout le périmètre. Vous ne feriez pas dix mètres avant d'être arrêtés. Vous devez renoncer.

— NON ! J'ai encore tant à dire à monsieur Koro, et il nous reste des tas de choses à faire ensemble ! Cela ne va pas finir comme ça, c'est à nous de... »

Karasuma coupa Nagisa en le mettant au sol.

« Je ne peux pas vous laisser y aller. La décision a été prise en haut lieu. Cesse de faire la forte tête et écoute-moi Nagisa. Ne t'avise pas de me créer des problèmes ! Suis-je clair ?!

— SALE PION DU GOUVERNEMENT !!! Vous n'aviez pas le droit !! Vous saviez que c'était à nous de le tuer !!! On a traversé des tas d'aventures pour y arriver !!! Vous ne pouvez pas nous enlever ça !!! C'est facile pour vous, tout vous réussi dans la vie !!! Mais nous, nous ne serions rien sans ce poulpe !! C'est à nous de le descendre, comme il le souhaite, afin de nous dire que tous nos efforts n'auront pas servi à rien !!! Vous croyez que c'est facile pour nous ?! On a bûché toute l'année pour réussir à le descendre !! Et ce pu**** de gouvernement arrive comme une fleur pour nous retirer ça, alors qu'il n'avait rien fait à part nous fournir des équipements jusqu'à présent ?! Vous croyez qu'on va se laisser faire ?! Ces soldats d'élite, je pourrais tous les liquider en quelques secondes si je le voulais ! On ne vous laissera pas faire !! Soit nous tuerons nous-mêmes Koro, soit il vivra !!! », hurlai-je, les larmes dévalant mes joues. « Vous pouvez pas comprendre ce qu'on ressent, vous êtes un surhomme qui réussit tout dans la vie !! Nous, la vie n'a pas été tendre avec nous, mais c'est grâce à cette classe et à Koro que nous avons pu surmonter tous les obstacles et grandir !! »

Karma me caressa les cheveux et j'enfouis mon visage dans son torse, en sanglot. J'arrivais pas à croire à la trahison de Karasuma. Il avait toujours été là pour nous et voilà qu'il nous plantait un couteau dans le dos.

« Kiko, Nagisa, laissez tomber. Karasuma ne cédera pas, en bon toutou, il obéit aux ordres. Dans un moment critique comme celui-ci, il n'agira jamais contre la volonté de ses supérieurs. Ce n'est qu'un pion parmi d'autres pour eux, comme tu l'as dit Akiko.

— Exactement. A mon niveau, je ne suis pas en mesure de protéger qui que ce soit. Et si vous voulez tous savoir, je pense que par mesure de sécurité, il faudrait quand même l'éliminer.

— Mais qu'on le tue nous n'est pas pareil que s'il se fait descendre par le gouvernement !! », dis-je alors que Karma me serrait un peu plus contre lui.

Karasuma demanda à ce qu'on nous prépare un véhicule et une escorte avant de sortir avec les militaires.

« Enfoiré de Karasuma ! Il nous a bien berné, au point de réussir à faire chialer Akiko, elle qui ne pleure jamais ! , grogna Terasaka.

— Non, au contraire. », rétorqua Nagisa. « Tu ne l'as pas entendu tout à l'heure ? Il nous a demandé à tous de ne pas lui causer de problèmes.

— Et alors ? Qu'est-ce-que ça change ? , répondit Terasaka.

— C'est pourtant clair. Souviens-toi de ce qu'il a dit aujourd'hui : « Si la situation devenait trop compliquée, je n'hésiterais pas à m'en remettre à vous. ». Il n'y a pas de doute. En nous demandant de ne pas lui causer de problèmes, il nous dit en réalité qu'il s'en remet à nous. Il nous fait confiance et nous laisse prendre les choses en main. Nous allons donc préparer un plan tous ensemble. A nous de déterminer ce qu'on veut faire. Est-il possible de sauver monsieur Koro ? Et lui, dans tout ça, qu'est-ce-qu'il souhaite ? »

Au fur et à mesure que les jours passaient, on montait un plan. J'étais avec Karma, chez lui, Irina ayant trouvé qu'il était plus sage qu'il soit avec moi au vu des événements. Nous voulions tous le revoir pour tourner la page.

Nous récoltions des infos, sans montrer à la population et aux militaires ce que nous avions en tête. Akemi s'était même jointe à nous et était désormais dans notre groupe de discussion.

Karma avait cessé de mettre la télé, tellement les JT nous dégoûtaient. On se bougeait dans son jardin, afin de garder la forme et il veillait à ce que je reste calme, ce qui était adorable de sa part. Ritsu nous envoya le plan et l'itinéraire et Isogai nous dit de bien le mémoriser. Karma demanda alors à notre délégué de nous laisser prendre les choses en main, lui et moi, si nous arrivions jusqu'à la montagne, ce qu'il accepta.

« On forme une bonne équipe, pas vrai ? , me sourit-il.

— La meilleure qui soit. », répondis-je en l'embrassant.

Le treize mars arriva rapidement. Une fois la lune haute dans le ciel, Karma et moi nous habillâmes avec notre uniforme d'assassin. On s'embrassa longuement une dernière fois avant de se sourire, déterminés, et de s'élancer sur les toits, rejoignant le reste de la classe, Akemi avec nous.

On rejoignit l'école en courant. Il nous restait trois heures avant que le laser ne soit tiré.

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