Chapitre 28
PDV Akiko
Comme promis, le week-end suivant notre voyage dans l'espace, Koro nous emmena à Kyoto. Il avait réussi à convaincre Asano senior de nous réserver la même auberge que la dernière fois, à la condition qu'il n'est rien à payer. Ce fut donc le poulpe qui utilisa sa paye du mois pour financer le voyage.
Ce fut donc le samedi, très tôt, qu'on se réunit devant notre bâtiment. Koro avait insisté pour qu'Akemi vienne, disant qu'un voyage scolaire était l'idéal pour rapprocher deux soeurs. Akemi avait réussi à se libérer pour venir. Mais je voyais bien que la classe la couvait d'un air méfiant.
« Je crois que j'aurais mieux fait de ne pas venir Akiko...
— Tu t'attendais à un accueil chaleureux ? Laisse-leur du temps, d'accord ? »
Elle hocha la tête et on rejoignit le groupe. Nous avions toutes les deux mis des vêtements chauds, blanc, noir et jaune pour Akemi et pareil avec couleur jean et rouge à la place du jaune pour moi. Une fois n'était pas coutume, il n'y avait aucune trace de violet sur moi, hormis mes cheveux.
On avait chacune une valise contenant des affaires pour deux jours. Je rejoignis Karma, Nagisa et Kayano, alors que ma jumelle me suivait.
« Akiko, tu vas bien ? , me demanda Kayano, soucieuse.
— Euh oui, pourquoi ?
— Depuis quand tu ne mets pas de violet dans ta tenue ? , m'interrogea Nagisa.
— Donc, pour vous, si je met pas de violet, c'est que je suis malade ?
— Ouais !
— Pfff... calmez-vous, j'ai des vêtements violets dans ma valise. C'est juste que je trouvais que cela allait bien ensemble.
— Moi j'aime bien.
— En même temps Karma, le rouge c'est ta couleur ! », rétorqua Kayano en pointant les cheveux de mon meilleur ami.
Le collégien rit légèrement mais ne put répliquer, Koro arrivant avec un modèle agrandi de notre sac de classe.
« Voici notre moyen de transport. Afin de profiter au mieux de Kyoto, nous allons nous y rendre à mach 20. Vous avez tous vos guides que je vous avais donné la dernière fois ? Akemi, Akiko, voici les vôtres. »
Il nous donna un imposant livre, qui semblait très complet. Chacune le mit dans son sac à dos. Tout le monde prit place dans le sac avec ses bagages, moi entre Akemi et Karma. Ritsu avait même rejoint son corps robotique pour participer au voyage et Karasuma et Irina venaient avec nous. Itona avait bossé dessus sans moi, pendant les vacances, et l'avait renforcé de sorte qu'elle puisse l'utiliser dans la vie de tous les jours, en dehors des entraînements.
En quelques secondes, on arriva à Kyoto, dans une ruelle près de l'auberge. On descendit du sac et Koro le rangea je-ne-sais où. On sortit de la ruelle, tirant nos valises derrière nous.
« Je vous propose que, aujourd'hui, vous vous détendiez dans l'auberge. Demain, on se lèvera tôt pour faire du tourisme. », annonça le poulpe.
La classe approuva et on récupéra la clé des chambres avant d'aller s'installer. Nakamura proposa alors qu'on aille dans les bains, pour se détendre.
« J'approuve l'idée, souris-je.
— Akemi, tu veux venir aussi ? , lui demanda Kurahashi.
— Je peux ?
— On se méfie de toi, forcément. Mais si tu veux te joindre à nos activités, rien ne t'en empêche, répondit Nakamura en haussant les épaules.
— Alors, allons-y ! », s'écria Yada.
On récupéra le nécessaire avant de descendre aux bains naturels de l'auberge. Seule Ritsu ne put nous accompagner, son corps n'étant pas encore waterproof. On se mit en maillot dans le vestiaire avant d'attacher nos cheveux et d'enfiler une paire de tongs.
« Hé, les jumelles, un petit sourire ! », nous interpella Yada.
On se retourna et on eut juste le temps de voir un flash avant que je ne comprenne ce qu'il se passait. La seconde d'après, il eut une notification dans le groupe de notre classe.
« YADA !! »
Je la poursuivis alors qu'elle riait. Cependant, Kataoka nous poussa à arrêter pour rejoindre les bains.
Je soupirai aussitôt que j'entrai dans l'eau chaude. On s'installa toutes, appuyées contre le rebords.
« Alors, contente Akiko ? , me nargua Nakamura.
— Oh que oui ! C'est encore mieux que ce que j'espérais. Cela détend de fou... rien que pour ça, ça valait le coup d'aller dans l'espace malgré mon vertige.
— Seulement pour ça ? », m'interrogea Kayano. « Karma te regardait bizarrement quand tu es sortie de la capsule. »
Je rougis et mis ma tête sous l'eau.
« Bah alors Akiko, tu nous caches quelque chose ? Tu sais que tu pourras pas rester en apnée éternellement, tu devrais répondre à la question. », ajouta malicieusement Yada.
PDV Karma
Avec les gars, on avait décidé d'aller aux bains. On prit donc les affaires nécessaires avant de descendre pour nous changer dans les vestiaires masculins. Une fois tous changés, on alla dans l'eau. On entendit alors la conversation étouffée des filles, qui devaient être à côté, pas loin.
« Karma, y'a quelque chose entre Akiko et toi ? , me demanda doucement Maehara.
— Bah c'est ma meilleure amie, rien de plus.
— Tant mieux alors, sourit Okajima.
— Hein ?
— Okajima m'a mis au défi de séduire Akiko d'ici demain soir. Mais comme cela semble assez ambiguë entre vous, je voulais m'assurer qu'il n'y avait rien de plus qu'une amitié. La dernière chose que je voudrais, c'est me mettre à dos Karma Akabane, soupira le roux.
— La... séduire ? , déglutis-je.
— Oui, pourquoi ? Cela te dérange ? , m'interrogea Okajima.
— Bon courage Maehara. Akiko ne laissera séduire que si elle le souhaite. Et puis, rien ne dit qu'elle n'aime pas déjà quelqu'un. C'est pas le genre de fille à se laisser séduire si facilement, et par n'importe qui. Tu vas t'en prendre des râteaux, rétorqua Nagisa.
— Qui te dit que cela ne marchera pas ? , voulut savoir Terasaka.
— Je sais des choses que je ne dis pas forcément. », rit le bleu dans une imitation de ma meilleure amie.
On continua à discuter de divers sujets, mais le défi de Maehara ne me disait rien qui vaille. Pourquoi, parmi toutes les filles, Okajima avait choisi Akiko ?
« Hé, t'inquiètes pas. Elle ne se laissera pas faire, me murmura Nagisa.
— Qui te dit que je m'inquiète ?
— Ta tête. C'est tellement flagrant que tu en pinces pour elle.
— Mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas réciproque.
— Tu es le mieux placé pour savoir comment elle est. Il n'y a qu'avec toi qu'elle fait tomber toutes ses barrières. Il n'arrivera jamais à la séduire, fais-moi confiance. »
Je soupirai légèrement. Je faisais entièrement confiance à Akiko, mais nous n'étions pas ensemble. Rien ne l'empêchait de sortir avec le roux, et cela me mettait en rogne. J'étais jaloux, jaloux qu'elle puisse le préférer à moi. Cette fille était vraiment la seule à me faire sentir comme ça...
PDV Akiko
Contrainte par le manque d'air, je finis par remonter à la surface.
« Tu as tenu cinq minutes en apnée ! Mais comment tu fais ? , s'étonna Hara.
— C'est encore quelque chose que tu as acquis au cours de ta carrière ? , voulut savoir Kataoka.
— Plutôt au cours de ma formation en l'occurrence. Je devais pouvoir retenir ma respiration le plus possible, au cas où je me retrouverais dans une pièce avec du gaz mortel ou un truc du genre.
— Bon, maintenant, crache le morceau ! , insista Nakamura.
— Karma me regardait bizarrement parce que, dès que la capsule tremblait, je lui attrapai la main. », avouai-je en rougissant. "J'avais trop peur...
— C'est tout ? Je m'attendais à quelque chose de plus croustillant. », bouda la blonde.
On rit avant de papoter en barbotant dans l'eau. C'était agréable, comme si tous nos soucis s'évanouissaient.
« Et si on se faisait un tournoi de Mario Kart après ? On ferait deux équipes et on s'affronterait dans des duels de course, proposa Kanzaki.
— Pourquoi pas, cela pourrait être drôle. J'ai ramené ma Switch et mes deux manettes de toute manière. Je suis à ce jour imbattable, souris-je.
— Moi aussi, ça tombe bien, dit Kanzaki.
— Et si on proposait aux garçons de se joindre à nous ? , ajouta Fuwa.
— Vous voulez vraiment affronter des bêtes comme Karma et moi ? Vous avez du courage.
— On va juste s'amuser, c'est tout. Vos esprits de compétition sont trop développés. Votre vie se résume à une compétition, dit Hayami.
— C'est pas vrai. Bon, ok, c'est légèrement véridique. Mais c'est trop drôle de voir Karma certain de me battre à chaque fois, alors qu'il n'y arrive jamais.
— Tu lui donnes de faux espoirs, fit remarquer Okano.
— Je ne pense pas. A chaque course, c'est de plus en plus difficile de rester en tête de la course. Il y a de fortes chances que, très bientôt, j'ai autant de chances de gagner que lui. Et c'est beaucoup plus amusant comme ça, ne pas savoir qui va gagner.
— Il s'améliore avec la pratique, c'est normal, fit Okuda.
— Bon, je vais leur demander, affirmai-je.
— Tu sais où ils sont ? , s'étonna Kayano.
— Ils sont juste à côté. Ils sont arrivés plus ou moins en même temps que nous, j'ai senti leur aura. »
Je poussai le paravent qui séparait les deux bains.
« Hé, les gars, un tournoi de Mario Kart après ça vous tente ? On ferait ça en mode une équipe contre une autre, dis-je.
— Depuis quand tu sais qu'on est là ? , me demanda Karma.
— Depuis le début, j'ai senti vos auras. Alors, ça vous tente ?
— Moi, je suis pour. », sourit le rouge.
Les garçons l'approuvèrent.
« Comment seront constituées les équipes ? , interrogea Nagisa.
— On pourrait faire des équipes mixtes, non ? proposa Chiba.
— Bonne idée ! , s'exclamèrent les filles.
— On se retrouve dans l'une des chambres, dans une petite heure, ça vous va ?
— Parfait Nakamura. », répondit Isogai.
Je remis le paravent et on décida de quitter l'eau chaude, pour avoir le temps de se préparer. Cependant, ils avaient dû avoir la même idée que nous car on se retrouva nez à nez avec les garçons.
« Vous êtes si impatients que ça de perdre ? , ris-je.
— Et toi, tu es si impatiente que ça de te faire sauter dessus ? », me taquina Karma.
Je rougis furieusement.
« KARMA !!
— Quoi ? Je dis la vérité. T'es magnifique comme ça. Et après, tu es gênée quand tu as des vêtements révélateurs. Pourtant, tu es en maillot là.
— C'est pas pareil, idiot !! »
Je le poursuivis et finis par sauter sur son dos, lui ébouriffant les cheveux avec mon poing.
« Aie, tu me fais mal Kiko !
— Au moins, ça veut dire que tu en as dans le ciboulot.
— Répète un peu pour voir ! »
Il me chatouilla le dessous des pieds et je me mis à rire. Je finis même par tomber sur les fesses au sol, tellement je gigotais pour échapper aux doigts du rouge.
« Kiko, ça va ? me demanda Karma.
— T'inquiètes, j'ai connu pire. »
Il me tendit la main pour m'aider à me relever. Je la pris et il me tira si fort que je me retrouvai écrasée contre son torse, nu et humide. Je devins aussi rouge que ses cheveux. Je levai la tête, rencontrant son regard ocre, et il me sourit tendrement, ce qui me fit rougir un peu plus.
« T'es vraiment sexy comme ça, tu sais ? , me souffla-t-il.
— Tu... tu n'es pas trop mal non plus. », rougis-je encore plus en évitant son regard.
On se détacha et je pus voir entièrement son torse musclé. Je m'empourprai encore plus, si c'était possible. Il était vraiment canon, même en maillot.
« « Pas trop mal », hein ? , me nargua Karma en voyant que je fixais son torse.
— La ferme ! »
Je me retournai, gênée. Il m'enlaça et déposa un baiser dans ma nuque dégagée, mon chignon laissant échapper quelques gouttes d'eau.
« Quoi que tu portes, je te trouve magnifique, me souffla-t-il.
— C'est un peu pervers, compte tenu de ce que je porte actuellement.
— Et ça te dérange ?
— Pas spécialement. », souris-je en fermant les yeux, avant de penser. « Pas si c'est toi en tout cas... »
Il m'embrassa une nouvelle fois le cou.
« Alors, que penses-tu de moi physiquement ? Ton avis compte beaucoup, tu sais... », susurra-t-il en mordillant mon lobe d'oreille, là où il n'y avait pas mes boucles d'assassin.
Je soupirai sous la sensation. Il me rendait vraiment dingue. Ses mains chaudes étaient posées sur mes hanches pendant qu'il continuait ses attentions.
« Tu... tu veux v...vraiment savoir ?
— Oui, je veux vraiment savoir, murmura-t-il.
— Je... je te trouve... tu es beau, peu importe ta tenue... avouai-je dans un souffle.
— Seulement beau, ou tu as un autre mot en tête ? »
Il faisait rouler sa langue douce sur la peau tendre du creux de mon cou. Je lâchai un soupir appréciateur.
« Je t'ai toujours trouvé canon, peu importe ce que tu portais.
— Cela fait plaisir à entendre... »
Il fit un dernier baiser langoureux dans le creux de mon cou avant de me lâcher. On revint petit à petit à la réalité et on remarqua enfin l'absence du reste de la classe.
« Ils sont où ? , demanda Karma.
— Je ne sais pas. Allons nous préparer, et on demandera à Ritsu.
— D'accord. »
On se sépara ainsi et j'entrai dans le vestiaire des femmes, vide. Il n'y avait que mes affaires. Je m'empressai de me sécher et de mettre les habits confortables que j'avais descendu. Je passai ensuite dix bonnes minutes à essayer de démêler ma tignasse qui frisait.
Note à moi-même, bien que je le sache déjà : ne jamais m'attacher les cheveux quand je vais dans l'eau. Ils deviennent incoiffables après.
Ils étaient devenus tellement frisés que ma brosse à cheveux restait coincée dans mes boucles. Je soupirai, rangeai mes affaires et sortis tout en essayant de retirer la brosse de ma tignasse.
« Tu t'en sors Akiko ? , m'interrogea Karma quand je le rejoignis à l'extérieur des bains.
— Il y a des fois où je t'envie d'être un gars ! T'as pas à te soucier d'une tignasse qui frise quand tu vas dans l'eau les cheveux attachés... , marmonnai-je, réussissant à déloger l'outil coiffant.
— Haha ! Je vais t'aider, donne. »
Il récupéra ma brosse et me força à m'asseoir sur la chaise la plus proche. Il démêla alors lentement mes cheveux, prenant soin de me faire le moins de mal possible.
« Tu as gardé le coup de main, d'après ce que je vois.
— A force de devoir le faire après la piscine quand on était enfants, ce n'est pas étonnant, me répondit le rouge.
— J'ai des cheveux bizarres écoute.
— Tout comme celle qui a cette tignasse. Mais cela fait ton charme.
— Mes cheveux bordéliques font mon charme ?
— Tout fait ton charme. Tu ne t'en rend pas compte, mais tu es une jolie fille. Beaucoup de gars donneraient tout pour sortir avec toi, y compris plusieurs dans la classe.
— Sérieux ? Comme ? Et pitié, ne me sors pas Okajima et Maehara, parce que ce n'est pas pour ça qu'ils voudraient sortir avec moi. Ce sont de vrais coureurs de jupons, en plus d'être un pervers fini dans le cas d'Okajima.
— J'ai dit aucun nom hein.
— Tu comptes vraiment laisser ce rouquin tenter ce défi débile ?
— Hein ?
— Maehara. Tu comptes vraiment le laisser tenter de me séduire ?
— Attends, comment tu sais ça ?
— Je ne suis pas sourde, tu devrais le savoir depuis le temps.
— C'est vrai... pour répondre à ta question, je n'ai pas besoin d'intervenir. Il fait ce qu'il veut et tu n'es pas une damoiselle en détresse que je sache.
— Non, mais tu as tendance à être possessif et protecteur. Alors cela m'étonne que tu ne bronche pas. »
Il ne répondit pas et je n'insistai pas. Il termina de démêler mes cheveux puis me rendit ma brosse, que je rangeai. Ritsu nous indiqua que tout le monde nous attendait dans la chambre des filles, alors on y alla.
PDV Karma.
« Mes cheveux bordéliques font mon charme ? , dit-elle, ironique.
— Tout fait ton charme. Tu ne t'en rend pas compte, mais tu es une jolie fille. Beaucoup de gars donneraient tout pour sortir avec toi, y compris plusieurs dans la classe.
— Sérieux ? Comme ? Et pitié, ne me sors pas Okajima et Maehara, parce que ce n'est pas pour ça qu'ils voudraient sortir avec moi. Ce sont de vrais coureurs de jupons, en plus d'être un pervers fini dans le cas d'Okajima. »
Je souris légèrement devant sa franchise légendaire. Elle était loin de se douter que, moi aussi, je donnerais tout pour être plus qu'un ami à ses yeux. J'arrivais de moins en moins à me contrôler en sa présence. Elle avait beau sembler aimer ce que je lui faisais, elle ne tentait rien en retour alors peut-être que ce n'était pas réciproque.
« J'ai dit aucun nom hein.
— Tu comptes vraiment laisser ce rouquin tenter ce défi débile ?
— Hein ?
— Maehara. Tu comptes vraiment le laisser tenter de me séduire ?
— Attends, comment tu sais ça ?
— Je ne suis pas sourde, tu devrais le savoir depuis le temps. »
Je secouai la tête. Plus rien ne m'étonnait de sa part. Bientôt, j'apprendrai qu'elle est Supergirl ou un truc du genre. Ses oreilles d'assassin traînaient partout.
« C'est vrai... pour répondre à ta question, je n'ai pas besoin d'intervenir. Il fait ce qu'il veut et tu n'es pas une damoiselle en détresse que je sache.
— Non, mais tu as tendance à être possessif et protecteur. Alors cela m'étonne que tu ne bronche pas. »
Je fis un sourire en coin en voyant la marque que je lui avais laissé dans le creux de sa nuque, un peu cachée par sa chevelure frisée.
« Mais qui te dit que je n'ai pas déjà marqué mon territoire Kiko ? », pensai-je sans pour autant le dire.
Une fois ma tâche finie, je lui rendis sa brosse et on rejoignit la classe dans la chambre des filles, ayant été prévenus par Ritsu.
PDV Akiko
« Hé, Akiko, j'adore ton haut ! », me fit Nakamura quand on entra dans la pièce.
Je baissai la tête. J'avais mis un haut large avec un motif ying-yang rouge et violet. Je portai aussi le jean prêté par Karma l'autre fois.
« Bah, merci, répondis-je.
— C'est le pantalon de ma mère ? , voulut savoir Karma.
— Euh oui. Je... j'ai pris un truc au pif dans ma valise, j'ai pas fait attention. », m'expliquai-je.
Il hocha la tête, peu convaincu. On s'installa aux côtés des autres et je regardai Akemi. A en voir sa tignasse corbeau, elle avait eu le même problème capillaire que moi. Elle avait enfilé un justaucorps à manches longues noir, un tutu fluide jaune et des chaussettes en fourrure noire. Elle avait aussi mis un poncho blanc afin de ne pas avoir froid.
« Vous étiez bien longs, on a donc formé les équipes sans vous, informa Isogai.
— On a finalement décidé de faire les filles contre les garçons, afin que les équipes soient plus ou moins équilibrées. On allait pas te laisser te mettre avec Karma et écraser tout le monde, ajouta Kataoka.
— Tu m'étonnes, on est imbattables ensemble, pas vrai Kiko ?
— Je te le fais pas dire. »
On se répartit donc et j'installai ma Switch. Je tendis une manette à Isogai et l'autre à Kataoka.
« Et si on pimentait un peu le jeu ? , proposa Nakamura.
— Qu'est-ce-que tu vas encore sortir ? , soupirai-je.
— La confiance règne, à ce que je vois. Je propose qu'un membre de l'équipe perdante embrasse le membre de l'équipe victorieuse de son choix. Bien entendu, le choisi aura son mot à dire.
— T'en as pas marre d'essayer de former des couples Nakamura ? , demanda Mimura.
— C'est juste pour le jeu, comme lors de l'anniversaire d'Akiko. A moins que vous ayez peur ! »
Piqués au vif, les garçons affirmèrent qu'ils étaient d'accord. Les autres filles acceptèrent donc, n'ayant pas trop le choix. J'étais quand même plutôt sceptique.
« Si je découvre que tu as imaginé un quelconque plan tordu, t'attend pas à vivre très longtemps, soupirai-je.
— Heyy !!! »
La partie commença alors. Le principe était simple : à chaque course, l'équipe qui avait le meilleur classement gagnait un point. Une fois que chaque membre d'une équipe avait affronté quelqu'un de l'autre équipe, Ritsu ferait les comptes et annoncerait l'équipe gagnante.
Sans grande surprise, je devais jouer contre Karma. Pour ajouter plus de suspens, Katoka et Isogai avaient communément décidé qu'on disputerait la toute dernière course. Les deux équipes s'en sortaient bien. Quand l'une remportait une course, l'autre s'empressait de gagner la suivante. Et comme les duellistes étaient choisis de sorte à ce que ce soit équilibré, les courses devenaient vite pleines de suspens.
« Karma, Akiko, c'est à vous, annonça finalement Ritsu.
— Ok. Prête à te faire écraser Kiko ?
— Tu dis toujours ça tête de tomate, mais je gagne toujours, répliquai-je malicieusement.
— C'est ce qu'on va voir. »
On mit notre manette correctement et on choisit nos personnages. La course commença et je fis démarrer mon kart en trombe dès que le départ fut donné. Je prenais les virages aussi serrés que me le permettait la piste afin de gagner en vitesse le plus possible. Je fus rapidement en tête, mais l'avatar de Karma me collait aux basques. On était au coude-à-coude, chacun refusant de laisser l'autre le dépasser. Les filles m'encourageaient tandis que les gars faisaient de même avec le rouge. Assise en tailleur, je finis par m'allonger sur le ventre, étant plus confortable pour jouer de cette manière. Je sortis légèrement ma langue dans le coin de mes lèvres, comme à chaque fois que j'étais profondément concentrée sur quelque chose. Il ne restait que quelques mètres avant la ligne d'arrivée. J'utilisai alors le bonus fatal : l'étoile. Cela me fit accélérer et stoppa brièvement Karma, qui finit quatrième.
« Yes !! », criai-je avant de me remettre rapidement sur mes jambes
Les filles crièrent de joie, ravies d'avoir gagné, alors que les garçons étaient un peu dépités. Ils se félicitaient malgré tout d'avoir fait de leur mieux.
« Karma, tu devrais vraiment arrêter de dire tout le temps que tu vas me battre, c'est pas encore arrivé !
— Mais cela ne saurait tarder. J'ai failli l'emporter cette fois.
— C'est vrai. Le jour où t'arrivera à me battre, je te fais à manger tous les soirs pendants une semaine ! , souris-je avec un clin d'oeil.
— Deal ! »
On se tapa dans les mains, comme à chaque fois que nous jouions l'un contre l'autre.
« Bon, les gars, concertez-vous. Qui va embrasser qui ? », dit Nakamura alors que je rangeai ma console.
Les garçons se retirèrent le temps de discuter.
« J'y pense, vous devinerez jamais ce que j'ai appris tout à l'heure ! , me rappelai-je.
— Raconte !! , exigea Yada.
— D'après ce que j'ai compris, Okajima aurait mis au défi Maehara de me séduire d'ici demain soir.
— Attend quoi ?! , s'étonna Nakamura.
— Ouais.
— Comment tu le sais ?
— Vous semblez oublier que j'étais une assassin, y'a pas si longtemps. J'ai pris l'habitude d'écouter plusieurs choses à la fois. Ils en parlaient dans les bains tout à l'heure.
— Et Karma n'a rien dit ? , me demanda Akemi.
— Je suis d'accord avec elle pour une fois. Il n'a vraiment rien dit ? Pourtant, je le trouve hyper protecteur avec toi, fit remarquer Fuwa.
— Il m'a dit que je n'étais pas une demoiselle en détresse et qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de toute manière.
— C'est étrangement sage, venant de sa part, affirma Hazama.
— Vous avez une image de lui, c'est désespérant. Il sait être raisonnable, il n'est pas la brute et le sadique que vous croyez. Enfin, pas complètement en tout cas.
— Bah en tout cas, c'est ce qu'il nous montre, me répondit Hayami.
— Il est comme moi, il n'aime pas montrer le côté plus tendre de sa personnalité. Mais je suis bien placée pour savoir qu'il sait être raisonnable et doux.
— C'est-à-dire ? Développe Akiko, dit Nakamura avec un sourire carnassier.
— Euh... ben, c'est mon meilleur ami donc... donc voilà quoi. Il est doux avec moi.
— Mais encore ?
— De quoi tu parles ?
— Kayano nous a peut-être forcé à partir quand il a commencé à te serrer contre lui, mais on peut sans peine deviner ce qu'il s'est passé ensuite. Surtout avec la marque que tu as dans le cou, rétorqua la blonde.
— Hein ?! »
Kayano sortit un miroir de poche et me le tendit. Je l'ouvris et relevai mes boucles indisciplinées. Dans le creux de mon cou, une marque violacée était visible.
« Un suçon... », songeai-je. « Pourquoi Karma m'a fait un suçon ? »
On entendit des pas venir vers notre chambre. Je rendis le miroir à la verte et Hara me passa rapidement un foulard pour cacher la marque. Je le mis et replaçai mes cheveux, remerciant les filles du regard. J'allais avoir une petite discussion avec ce cher Karma.
« Alors, vous avez décidé ? », demanda Kataoka en entendant la porte s'ouvrir.
On se tourna face aux garçons, qui venaient d'entrer. Ils se consultèrent du regard. Karma paraissait légèrement agacé.
« Oui. Maehara va embrasser Akiko. », annonça Okajima.
J'aurais presque pu le parier.
« Aller vous deux ! , poursuivit Okajima en poussant légèrement le roux.
— Minute papillon. Il me semble que la personne choisie à son mot à dire sur la question, non ? , rappelai-je.
— Ouaip ! », confirma Nakamura. « C'était le deal. Akiko peut accepter ou non, libre à elle.
— Que veux-tu faire Akiko ? , me demanda Kayano.
— Si vous vous souvenez bien, j'ai dit à mon anniversaire que je n'étais pas du genre à embrasser quelqu'un pour un jeu. Mon avis sur ce sujet n'a, à ce jour, pas changé. Donc je refuse. »
Et puis, je ne voulais être embrassée que par Karma. Karma, et Karma seul. Personne d'autre.
« Tu t'es monté la tête pour rien Maehara. Pas vrai Karma ? , pouffa Nagisa.
— Ouais, il a cru qu'elle accepterait sans broncher le truc. Je t'avais dit que c'était pas une fille facile, et qui aimait bien embêter le monde.
— Et fière de l'être ! Si j'étais une fille facile, je n'aurais pas été la meilleure assassin ado du monde, affirmai-je.
— Ce serait bien que tu arrêtes de t'en vanter, on connait le refrain Kiko.
— Mais c'est tellement plus drôle comme ça.
— Alors, on va te laisser tuer Koro toute seule.
— Tu sais très bien que je n'y arriverai pas seule. Les assassinats de groupe le mettent davantage en difficulté.
— Bon, les amoureux ! C'est pas le moment d'une scène de ménage.
— NAKAMURA !! », criai-je avec Karma, tous deux rouges.
La blonde rit et toute la classe finit par la suivre.
Un peu plus tard, je m'isolai avec Karma pour discuter.
« Tu voulais me parler Akiko ?
— Oui, tu peux m'expliquer ça ? »
J'enlevai le foulard et relevai mes cheveux. Son légendaire sourire en coin prit place sur lèvres.
« Cela te pose un problème Kiko ? , me souffla-t-il en se rapprochant de moi, me bloquant contre le mur.
— M... Mais... je... enfin... », balbutiai-je, toute rouge et peinant à former une phrase cohérente. « Pourquoi ?
— Pour montrer que tu m'appartiens. »
Son regard ocre ne quittait pas mes yeux de glace. Ses paroles m'avaient fait encore plus rougir et je ne pouvais me dérober à son regard envoûtant. Mon coeur battait des records de marathon et, vu la proximité, Karma n'en manqua rien. Son sourire en coin devint presque... séducteur ?
« Alors Princesse, je te fais de l'effet ? », me susurra-t-il.
Je ne répondis pas. J'étais dans l'incapacité de répondre quoi que ce soit de cohérent de toute manière, mon cerveau s'était court-circuité tout seul.
« Karma, Akiko, Koro me demande de vous dire que le dîner est servi au restaurant de l'auberge, fit Ritsu en apparaissant sur mon téléphone.
— On arrive Ritsu. », grommela Karma en se décollant.
J'étais un peu frustrée, d'avoir été interrompus. Qui sait ce qu'il aurait fait ? Ce que j'aurais osé faire ?
Karma me sourit et se rendit au restaurant. Je pris quelques minutes pour me calmer et reprendre le contrôle de mon corps. Et pour faire redémarrer mon cerveau. Très important.
Au bout de cinq minutes, j'inspirai profondément et me décidai à rejoindre mes camarades, remettant le foulard pour cacher la marque de possessivité de Karma.
Après le repas, les filles et les garçons étaient de nouveau séparés. Irina était avec nous, ayant proposé de dormir dans notre chambre.
« Bon, passons aux choses intéressantes. Quel est ton garçon préféré dans la classe Akiko ? , me demanda Katoaka, avec le classement des garçons qu'elles avaient fait la dernière fois, à Kyoto.
— Karma, cela va de soit. C'est mon meilleur ami.
— Depuis quand un meilleur ami fait un suçon dans le coup à sa meilleure amie ? , répliqua Nakamura.
— Attendez, quoi ? », s'étonna Irina, n'étant pas au courant.
Nakamura me força à montrer à ma tutrice la marque.
« Tu es allée lui demander des comptes j'espère ?
— Oui, mais elle n'a pas voulu nous raconter, répondit Kurahashi.
— Tu sais pourquoi il t'a fait cette marque ? », insista Irina.
J'enfouis ma tête dans un oreiller pour cacher mon visage cramoisi.
« Pour montrer que tu m'appartiens. »
Je rougis encore plus en repensant à ses paroles. Elles étaient lourdes de sous-entendus. Plus cela allait, et plus ses paroles quand nous étions rien que tous les deux étaient diablement lourdes de signification. Et plus ça allait, et plus elles me paralysaient et court-circuitaient mon cerveau.
Il m'avait fait cette marque... pour montrer que je lui appartenais. Il avait dit ça dans quel sens ? Et pourquoi je n'arrivais pas à réagir quand il disait ce genre de choses ?
« Akiko ? Tu n'es pas obligée de nous révéler tout, si tu ne veux pas. Mais sa raison était bonne au moins ? », m'interrogea doucement Irina.
Je relâchai le coussin et me laissai rouler pour être sur le dos, le regard rivé vers le plafond.
« Je sais pas...
— Comment ça tu sais pas ?! , s'écria Nakamura.
— Tu veux que je te le dise en quelle langue ? I don't know ! Yo no sé ! Eu não sei !
— Oui, bon, j'ai compris. Mais développe. »
Je soupirai, cherchant mes mots.
« T'es pas obligée de parler, si tu ne veux pas. Après tout, c'est ta vie privée, intervint Akemi.
— En l'occurrence, j'aimerais bien garder ça pour moi pour l'instant.
— Comme tu veux, on te force à rien, me sourit Okano.
— Et sinon, tu as une nouvelle chanson à nous faire écouter ? », demanda Kayano pour changer de sujet.
Je la remerciai d'un sourire reconnaissant et hochai la tête.
« Oui, j'en ai une nouvelle. Enfin, nouvelle, c'est vite dit. C'est une chanson qui date un peu mais dont je n'ai fait la mélodie que récemment.
— Fais nous écouter !! , demanda Hara.
— Tout de suite. »
Irina me tendit mon téléphone et je lançai un morceau de musique.
https://youtu.be/GX3OEfjbw4Y
« C'est génial ! Vraiment. Elle donne vraiment confiance cette chanson je trouve, remarqua Hayami.
— Oui, c'est comme si un obscur espoir naissait dans nos coeurs, dit Hazama.
— Merci ! »
Après de longs papotages, on se coucha finalement. Je m'endormis comme une pierre.
PDV Irina
Au milieu de la nuit, quelque chose me réveilla, comme si quelqu'un cherchait à me prévenir de quelque chose. A force de côtoyer Akiko, mon subconscient me réveillait quand elle faisait un cauchemar, ce qui arrivait toutes les nuits depuis les vacances. Et cela semblait être encore le cas, vu comment je l'entendais bouger dans son futon.
Je me levai doucement et allai jusqu'à sa valise pour en sortir un certain vêtement. Je m'approchai alors d'elle et la réveillai en douceur, avant qu'elle ne se mette à crier et réveille tout le monde. Elle se redressa vivement, les larmes coulant sur ses joues et sa poitrine montant et descendant affreusement vite. Je lui tendis le vêtement et elle me souffla un "merci". Elle se recoucha, serrant l'habit contre son coeur et y enfouissant sa tête. Je lui caressai les cheveux doucement, pour la bercer, afin qu'elle se rendorme. Comme chaque nuit, ce fut assez rapide.
Je retournai lentement dans mon lit mais quelqu'un m'attrapa le poignet.
« Irina, elle va bien ? , souffla la voix d'Akemi.
— Oui, juste un cauchemar.
— D'accord, merci.
— De rien. »
Elle se recoucha et je fis de même.
PDV Akiko
Le lendemain passa à une vitesse hallucinante. Les élèves me faisaient visiter les lieux qu'ils avaient vu la première fois et me racontèrent tout ce qu'il s'était passé ce jour-là. Maehara s'était pris un nombre incalculable de râteaux à cause de son défi débile et je voyais à chaque fois Karma faire son petit sourire en coin, satisfait que je le rembarre.
« La claque que tu as mise à Maehara ce midi, c'était hilarant ! , pouffa Nagisa, en fin d'après-midi, alors que nous discutions par petits groupes dans le salon de l'auberge.
— D'ailleurs, j'ai pas compris pourquoi tu lui as mis cette claque, fit Kayano.
— Il croyait que je lui appartenais et il a essayé de m'embrasser. Alors je lui ai mis une claque en lui disant que je n'appartenais à personne. Je ne suis pas un animal et encore moins un objet ! J'appartiens à moi-même !
— C'était mérité. », jugea Karma. « Je sais à quel point tu es indépendante.
— Je ne pense pas qu'il ait été sérieux. », se risqua à dire la verte. « On aurait dit qu'il jouait un rôle, ou qu'il essayait d'agir comme quelqu'un d'autre.
— Oui, il m'a dit qu'il avait surpris Karma et Akiko hier soir, avant le dîner. Apparemment, tu aurais été déstabilisée alors il a essayé de faire pareil, se disant que tu réagirais de la même façon. Je crois qu'il n'a pas encore compris comment tu fonctionnais. », expliqua Nagisa.
A l'évocation de la veille, je rougis furieusement et trouvai un soudain intérêt pour la peinture accrochée sur le mur en face du canapé où nous étions. Pour empirer la couleur de mes joues, Karma me prit discrètement la main.
« Je ne vois pas de quoi tu parles, il ne s'est rien passé hier soir, rétorqua Karma.
— Je ne vais pas m'embêter à vous interroger, ce sont vos affaires, cela ne me concerne pas. Cela ne regarde personne d'autre que vous. Sinon, comment tu as trouvé Kyoto Akiko ? , me demanda le bleu.
— C'était vraiment génial ! Vous avez visité des tas d'endroits, c'est dommage qu'on ait pas eu le temps de tout visiter. Mais je me suis beaucoup amusée !
— Alors c'est le principal. », me sourit Karma.
Je lui rendis son sourire, et on rejoignit les autres, qui se préparaient à partir.
Les jours passèrent. Nous étions le dix février. Dans quatre jours, c'était la Saint-Valentin. La coutume voulait que les filles offrent des chocolats aux garçons qu'elles aimaient le plus, alors je feuilletais les livres de chocolat que j'avais eu à mon anniversaire sur le canapé du salon, en quête d'idées.
« Je trouve rien, c'est horrible...
— Et si tu faisais quelque chose de simple ? », me proposa Irina. « Ce n'est pas comme si tu allais lui avouer tes sentiments...
— Bah en fait... j'envisage de plus en plus de lui avouer en fait. Je n'arrive plus à jouer la comédie avec lui, sans savoir ce que lui en pense. Je veux en avoir le coeur net. J'ai l'impression que notre relation est un peu ambiguë. Quand on est tout seuls... il lui arrive d'être plus entreprenant avec moi. Alors, je veux connaître la nature exacte du lien que nous partageons, quitte à avoir le coeur brisé.
— Coucou, c'est moi Akiko !
— Akemi ! »
Je déposai mon livre et allai accueillir ma soeur. Quand elle avait quelques heures de trous, elle venait de plus en plus chez nous quand elle savait que je n'étais pas en cours. Irina était toujours méfiante mais elle me faisait confiance, alors elle était gentille avec Akemi, bien qu'un peu distante.
« Bonjour Irina, salua Akemi.
— Bonjour Akemi, répondit la blonde avec un signe de tête.
— Tu faisais quoi ? , me demanda ma soeur en voyant le livre de chocolats ouvert.
— Je cherche des idées de chocolat à faire.
— Oh, pour la Saint-Valentin ? C'est vrai que c'est dans quatre jours. Tu vas offrir tes chocolats à qui ? »
On s'assit sur le sofa et je repris mon livre, en rougissant.
« A Karma. J'aimerais lui avouer mes sentiments ce jour-là, mais je ne veux pas avoir l'air ridicule en lui faisant des chocolat qu'il n'aimera pas. Je voudrais pouvoir lui faire ses chocolats préférés, mais je ne sais pas ce que c'est. On ne parle pas vraiment de ça quand on est ensemble...
— Tu as pensé à inviter Nagisa, le bleu qui est son meilleur ami ? Il pourrait t'aider, me dit Akemi.
— Je n'y avais même pas pensé ! J'espère que je ne vais pas le déranger... »
Je pris mon téléphone et appelai Nagisa, qui me répondit qu'il venait chez moi. Une dizaine de minutes après, la porte sonna. J'allai ouvrir et fis entrer mon ami.
« Bonjour Madame Pouffe ! Euh, bonjour Akemi. »
Irina lui sourit et Akemi lui répondit par un signe de la main, sachant très bien que les élèves de ma classe n'étaient pas très à l'aise avec elle, même si c'était beaucoup moins qu'au début.
« Bon, explique-moi tout, me dit Nagisa en s'asseyant à côté d'Irina.
— Y'a rien à expliquer. Je sais pas quels chocolats faire à Karma. Je sais qu'il adore les boissons de la série « Lait mijoté », vu qu'il en boit tout le temps, mais ce n'est pas vraiment ce qui va m'aider à concocter le chocolat parfait.
— Elle voudrait lui avouer ses sentiments le jour de la Saint-Valentin, ajouta Irina.
— Oh, tout s'expliqua alors. Je me demandais pourquoi tu te prenais tant la tête pour des chocolats. Tu sais, Kayano m'a souvent dit que, ce qui rendait de la nourriture qu'on offrait si bonne, c'était avant tout l'amour qu'on mettait dans sa fabrication. Alors le genre de chocolats n'est pas vraiment le plus important.
— Tu penses ?
— C'est un peu comme quand je danse, ou que tu chantes. », comprit ma soeur. « Ce ne sont pas les paroles ou la musique qui rendent une chanson belle, mais les sentiments que tu transmets en la chantant. Et quand je danse, ce n'est pas la chorégraphie qui rend ma prestation magnifique, mais les émotions que je cherche à transmettre à mon public. Tout ce que tu dois faire, c'est faire de ton mieux.
— D'accord, mais cela ne m'aide pas à choisir quel type de chocolat faire.
— Je vais appeler Kayano. La pâtisserie, cela la connait. »
Je hochai la tête et le bleu s'exécuta. Bientôt, on se retrouva à cinq dans le salon, à chercher une recette de chocolat qui ne serait pas trop dure à faire.
« Souvent, ce sont les classiques qui marchent le mieux, mais on peut rendre unique un chocolat en ajoutant d'autres saveurs. Pour Karma, je pense que mettre des fruits seraient pas mal, il semble beaucoup aimé ça, affirma Kayano.
— Oui, c'est vrai. Que ce soit en lait, en gâteaux ou à croquer, les fruits et lui, c'est comme moi et le chocolat : indissociable.
— Alors faisons ça. Les fruits qui s'accordent le mieux avec le chocolat sont ceux un peu acides, comme la framboise et la myrtille, ou ceux exotiques, comme la noix de coco et la mangue. Ce sont des incontournables, me conseilla la verte.
— C'est vrai, ce sont de grands classiques, approuva Nagisa.
— Et indémodables ! La douceur du chocolat avec l'exotisme de la coco ou de la mangue, ou encore avec l'acidité des fruits rouges... en tout temps, ce sont les combos idéaux, seconda Akemi.
— Je vous l'accorde. Mais fruits rouges et chocolat... cela reste quand même banal, alors que les parfums exotiques permettent de faire voyager les papilles.
— Je confirme. Quand j'étais triste, tu me faisais des baklavas serbes pour me rappeler mon enfance joyeuse et me remonter le moral. Tu y mettais tout ton coeur parce que tu voulais que je me sente mieux, et ces pâtisseries étaient toujours excellentes. Cela te faisait toi-même voyager en Serbie pendant un instant, me sourit Irina.
— Alors c'est décidé. Je vais faire des chocolats à la noix de coco. Mais où je peux trouver des noix de coco en cette période.
— Je m'en occupe ! », me dit Kayano. « Et je t'aiderai à les faire si tu veux. Je connais une recette géniale.
— Ce serait avec plaisir.
— Ok, on ira faire des courses après l'école, dans trois jours. On préparera ensuite les chocolats et je dormirai chez toi, pour être sûre qu'on termine à temps, précisa la verte.
— Cela me va.
— Pendant ce temps, Nagisa, organise-leur un rendez-vous afin qu'elle puisse lui donner les chocolats sans la classe et Koro jouant les espions. Akemi, tu penses pouvoir trouver une tenue à Akiko ?
— Bien sûr Kayano. Quel genre ?
— Un peu osé, mais pas trop. Karma aime bien quand tu mets des vêtements révélateurs Akiko, si on en croit ce qu'il s'est passé à ton anniversaire et lors de la fête, mais le but n'est pas de te mettre mal à l'aise. Donc il faut quelque chose qui révèle un peu, mais qui ne mette pas mal à l'aise Akiko. Tu penses pouvoir trouver ça ?
— Je vais tout faire pour en tout cas. Akiko, tu permets que j'aille fouiller dans ton armoire ? Cela pourrait m'éviter d'acheter des choses inutiles.
— Fais-toi plaisir.
— On ira aussi chez le coiffeur. Il faut que tu retrouves ton noir naturel, ajouta Akemi.
— Non, c'est ce qui me rend unique justement. Je veux pas qu'on nous confonde.
— Et noir avec des mèches violettes, ça t'irait ? , trancha Kayano.
— Je me sens un peu exclu là...
— C'est vrai que cela changerait Akiko. », poursuivit Irina. « Tes cheveux noirs étaient magnifiques quand on s'est rencontrées. Et des mèches violettes te rendraient tout aussi uniques que la couleur complète sur ta tête.
— Bon, d'accord. On ira demain, après les cours alors, abdiquai-je.
— C'est décidé ! Bon, je vais aller faire du repérage dans ta garde-robe ! »
Ma jumelle grimpa les escaliers et elle ne fut bientôt plus visible.
« Ne t'en fais pas Akiko, tu seras plus belle que jamais ! , sourit Nagisa.
— J'espère. Mais il ne faut pas que cela se voit, que j'ai fait des efforts pour bien m'habiller. On parle de Karma là, je veux pas en entendre parler pendant des années.
— Parce que tu t'imagines passer ta vie avec lui ? , sourit malicieusement Kayano.
— Mais... je... j'ai pas dit ça ! , rougis-je.
— Tes joues parlent pour toi ma chérie, pouffa Irina.
— Je... je ne m'imagine pas passer ma vie avec lui... mais un bout de temps en tout cas. Avant d'être celui que j'aime, c'est mon meilleur ami.
— Fais attention à ne pas le friendzoner, prévint Nagisa.
— Je pense qu'on se friendzone depuis le début sans s'en rendre compte en fait, enfin me concernant en tout cas.
— Hé, soeurette, c'est quoi ce pull ? Le rouge, c'est pas ton truc il me semble. Tu es plus branchée noir et violet principalement ! »
Akemi débarqua, tenant un certain pull rouge entre ses mains. Je rougis automatiquement.
« C'est un pull appartenant à Karma, il lui avait prêté une fois, avant les vacances. Je pensais que tu le lui avais rendu, s'étonna Nagisa.
— Je... j'ai... j'ai oublié. Tout comme le pantalon appartenant à sa mère d'ailleurs, mais j'irai lui rendre demain.
— Hum hum !
— Irina, ne t'avise pas de dire un mot de plus ! , prévins-je.
— Oh, alors cela veut dire qu'il y a quelque chose que tu ne nous dis pas, sourit Kayano.
— Non ! Je... euh... enfin...
— Crache le morceau la soeur ! »
Je devins encore plus rouge et enfouis ma tête dans mes jambes, ramenées vers ma poitrine.
« Je n'ai pas oublié de lui rendre le pull... le pantalon, oui... mais pas le pull, marmonnai-je.
— Raconte ! , exigea Akemi.
— Je... je... depuis... depuis... depuis le jour où... où... où il m'a embrassé pour me calmer... je... je fais des cauchemars la nuit, où Karma m'abandonne encore une fois. C'est une de mes plus grandes peurs, je veux pas qu'il me laisse... et...
— Ce pull est la seule chose qui arrive à la calmer, quand elle se réveille de ces cauchemars. Il doit y avoir encore l'odeur de Karma. Enfin, c'est ma théorie. Elle esquive toujours la question, soupira Irina.
— Je... oui. Le pull est encore imprégné de son odeur, avouai-je dans un souffle.
— Mais c'est mignon, dit doucement Kayano.
— Je confirme. C'est très mignon. Pas l'histoire des cauchemars, mais le fait que seule l'odeur de Karma puisse te calmer, confirma Nagisa.
— C'est pour ça qu'il est le seul qui arrive à te calmer en fait, depuis le début. C'est juste le fait qu'il soit là, que tu le sentes et que tu l'entendes, qui te calme. J'imagine que cet abandon a dû laisser plus de séquelles que ce qu'on imaginait, réfléchit Akemi.
— Oui. Depuis, j'ai toujours peur que ceux que j'aime m'abandonnent, comme lui. Et j'ai encore plus peur que lui m'abandonne de nouveau. », répondis-je d'une voix faible.
Je sentis soudainement un poids sur mon corps. Je levai la tête et vis tout le monde qui me faisait un câlin.
« S'il le fait, je le descends, ça te va ? , proposa Irina.
— Mais je le connais, il ne le fera plus. Il a compris la leçon je pense, rétorqua Nagisa.
— L'opération Karmakiko est lancée ! », affirma Akemi. « Au travail ! »
Le lendemain, après les cours, Kayano et Nagisa me tirèrent au salon de coiffure, Akemi étant encore en cours. Ils demandèrent à ce que je retrouve ma couleur naturelle, le noir, et qu'ils me fassent des mèches violettes.
Pendant qu'un coiffeur s'occupait de moi, Nagisa me prit en photo et la mit dans le groupe de notre classe. La légende était « Akiko chez le coiffeur ! A votre avis, elle va en ressortir avec quelle tête ? ».
Beaucoup plus tard, on ressortit du salon. Nagisa voulait garder la surprise de mes cheveux pour le lendemain malgré les réactions de nos camarades, qui voulaient voir ma tête maintenant.
« Vous êtes sûrs que cela me va bien ?
— Mais oui ! Au pire, tu demanderas à Karma, il n'y a que lui que tu écoutes, plaisanta Kayano.
— Il aurait sûrement préféré que je me fasse des mèches aussi rouges que ses cheveux.
— C'est même certain, pouffa Nagisa.
— C'est ça, moque-toi. »
On rentra ensuite chez nous et la réaction d'Irina ne se fit pas attendre.
« Tu es magnifique, cela te change complètement ! C'était vraiment une bonne idée. Karma va tomber raide dingue quand il te verra !
— Irina ! », rougis-je.
Elle rit puis on passa à table.
Le douze février, ce fut timidement que j'entrai dans la salle de classe, avant le début du cours.
« Akiko, c'est toi ? », s'étonna Isogai. « Cela te change vraiment. C'est plus naturel sans pour autant enlever ta touche personnelle avec les mèches violettes.
— Ouais, Akemi et Irina ont insisté pour que je reprenne ma véritable couleur. Nagisa et Kayano n'arrêtent pas de me dire que cela me va bien mais je me sens bizarre sans mes cheveux tout violets...
— Tu plaisantes ?! T'es encore plus belle qu'avant !! , fit Nakamura.
— Euh... merci ?
— Aller Karma, dis-lui ! », s'écria la blonde à l'attention du rouge.
Ce dernier releva la tête de sa console et me regarda de haut en bas avant de cligner des yeux rapidement. Il rougit aussitôt.
« Wow... je... j'aime beaucoup, ça te va bien. », dit-il, aussi rouge que sa tignasse.
Je rougis également en jouant une mèche de cheveux noirs et violets. Koro arriva alors et la classe commença.
Au cours de la journée, je surpris Karma en train de me regarder plusieurs fois. Quand il se rendait compte qu'il était grillé, il devenait rouge et détournait le regard, ce qui me faisait rougir. Je ne pensais pas que revenir à ma couleur de base, avec uniquement des mèches rappelant mon ancienne couleur, lui ferait tant d'effet.
« Akiko, tu as un entraînement de prévu avec Kayano et Nagisa ? , me demanda Karma à la fin des cours.
— Non, Karasuma a estimé qu'ils avaient suffisamment progressé pour s'entraîner avec le groupe alors ils ont décidé d'arrêter les entraînements après l'école. Ils ont rattrapé leur retard, ils n'en ont plus besoin alors j'étais d'accord. Pourquoi ?
— Bah j'avais envie de t'écraser à la console tous les soirs. Avec les entraînements que tu leur donnais, on jouait plus aussi souvent ensemble. Alors je suis content d'apprendre que je pourrais t'écraser à nouveau tous les soirs, répondit Karma en haussant les épaules.
— Tu veux dire que je pourrais t'écraser à nouveau tous les soirs plutôt, non ?
— Ce n'est qu'un détail. », me dit-il avec son sourire en coin.
Je souris légèrement en secouant la tête.
« Allons-y. »
Il me sourit et on alla chez lui. Je desserrai la cravate de mon uniforme et on s'installa devant l'écran de la télé, console en main.
« Si je gagne, tu restes manger ici.
— Mais tu sais pas cuisiner, rétorquai-je.
— Ouais, mais toi oui.
— Donc en gros, je dois rester manger et faire le repas. Tu m'as pris pour ta bonniche ou quoi ? », ris-je. « Et si je gagne ?
— Tu restes manger ici.
— Donc, peu importe le résultat, je vais devoir te faire à manger ?
— Ouep !
— Tu sais que c'est contre toutes les règles de ce genre de défis ?
— Et ? Tu sais très bien que je fais toujours ce que je veux.
— Et tu sais très bien que, si tu veux que je reste manger, tu peux très bien me demander au lieu de faire passer ça pour un défi.
— C'est plus drôle comme ça.
— Tu devrais vraiment prendre des cours de cuisine, tu sais ?
— A quoi bon ? Tu es là et, sinon, j'achète que des plats tout faits.
— C'est mauvais pour la santé. Encore heureux que tu fasses beaucoup de sport... bon, on commence ?
— Aller ! »
On commença donc une partie de Mario Kart, que je gagnai comme à chaque fois.
« Bon, je vais voir ce qu'il y a dans ton frigo. Je te préviens : si y'a rien, je choisis ce qu'on va commander.
— Deal ! », me sourit le rouge.
Je me levai et allai inspecter le frigo. Sans grande surprise, en dehors de laits mijotés aux fruits et de nouilles instantanées, il n'y avait pas grand chose, rien que nous pouvions manger en guise de diner en tout cas.
« Bon, on va devoir commander, annonçai-je.
— Tu veux quoi alors ?
— Des okonomiyakis ! Cela fait super longtemps que j'en ai pas mangé.
— D'accord, je vais appeler alors. Je connais un bon resto qui livre. »
Une fois la commande passée, je m'affalai sur le canapé, à côté de lui.
« Je sais pas toi, mais je trouve le mois de janvier a été plutôt épuisant moralement.
— J'avais remarqué, tu avais l'air d'une zombie pendant quelques jours.
— Une zombie ? T'as pas plus flatteur comme comparaison ? , ironisai-je.
— La zombie la plus mignonne et jolie, ça te va ? », me fit-il avec son mythique sourire en coin.
Je rougis furieusement et détournai le regard, ce qui fit rire Karma.
« Au fait, tu as toujours les vêtements que je t'ai prêté ? Comme tu ne me les as pas ramené, je me posais la question...
— Les vêtements... euh oui, je les ai toujours. Je te les ramènerai demain.
— Si tu veux les garder, te gêne pas. Ce pull te va mieux qu'à moi de toute manière.
— Il est quand même un peu trop grand pour moi, alors je ne dirais pas vraiment ça... »
Il me regarda, une lueur indéchiffrable dans le regard. Il s'approcha alors, comme un prédateur approchant sa proie. Instinctivement, je reculai. Il me regardait dans les yeux et je ne pouvais me dérober à son regard ocre. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, je reculai. Mon dos finit par buter contre l'accoudoir du canapé, m'empêchant d'aller plus loin.
Karma me surplombait et il avait son sourire en coin si caractéristique et qui, selon moi, le rendait vraiment attirant. Il rompit le contact visuel en plongeant sa tête dans mon cou.
« Alors Kiko, on essaie de s'échapper ? », me susurra-t-il à l'oreille.
Je rougis et mon coeur s'emballa. Il déposa un baiser dans le creux de ma mâchoire avant de tracer une ligne sur ma peau avec ses canines, jusqu'à ce qu'il soit arrêté par la chemise de mon uniforme. Le contact me fit frisonner et soupirer, ce qui l'encouragea à mordiller mon cou.
« Karma... », dis-je dans un soupir, totalement monopolisée par les sensations que me procuraient ses attentions.
Je levai mes mains et allai caresser ses cheveux rouges. Je descendis une main pour faire courir mes doigts sur son torse, à travers sa chemise. Il frissonna et ses attentions devinrent un peu plus sauvages, possessives.
Le son de la sonnette nous interrompit, nous sortant de notre torpeur. Karma se releva et m'aida à faire de même. Il lissa sa chemise avant d'aller ouvrir et récupérer notre repas, me laissant quelques minutes pour me reprendre. Cela me frustrait de plus en plus. Ce n'était pas la première fois qu'on nous interrompait. Qui sait ce qui aurait pu se passer, à chaque fois, si nous n'avions pas été coupés ?
On se mit à table une fois que Irina prévenue de ne pas m'attendre pour dîner. On mangea joyeusement, évitant d'aborder le sujet à propos de ce qu'il s'était passé un tout petit peu plus tôt.
Après le repas, on se regarda une série sur Netflix. Cependant, je finis par m'endormir sans même m'en rendre compte, à presque onze heures du soir.
PDV Karma
Sentant mes yeux se fermer progressivement, je tournai la tête vers Akiko. Elle s'était déjà endormie. En même temps, il était tard, on aurait pas dû veiller autant. La lune était déjà trop haute pour que je la ramène chez elle, il valait mieux qu'elle passe la nuit ici.
J'allai récupérer mon portable, afin de prévenir madame Pouffe, histoire qu'elle ne s'inquiète pas. Une fois cela fait, je pris ma meilleure amie en princesse, prenant soin de ne pas la réveiller, et allai la coucher dans la chambre d'ami. Je la mis sous la couette du lit deux places, même si elle était toute habillée. Je ne voulais pas la changer moi-même, je ne souhaitais pas la réveiller. J'irai récupérer son uniforme de rechange chez elle demain matin, pour qu'elle puisse aller en classe.
Je déposai un baiser sur son front puis allai me préparer pour aller dormir. Je me glissai sous les couvertures et m'endormis rapidement.
Cependant, vers trois heures du matin, des cris me réveillèrent. Ensommeillé, je mis un moment à réaliser que c'était Akiko qui criait. J'écartai précipitamment ma couette et me rendis rapidement dans la chambre d'ami.
« Karma ! Karma !! », hurlait-elle dans son sommeil.
Sa voix faisait transparaître le désespoir qu'elle devait vivre dans ses rêves. Et en être la cause, ce n'était pas vraiment rassurant.
« Ne m'abandonne pas... pas encore... j'ai besoin de toi... »
Peiné, je m'approchai du lit. Mon abandon quand on était enfants avait même des répercussions sur son sommeil. Quoi que je fasse, je ne faisais que la blesser.
« Akiko, je suis là... », lui soufflai-je en lui caressant les cheveux.
Elle continua de crier avant de se réveiller et de se redresser brusquement, les larmes coulant sur ses joues. Elle avait la respiration hachée.
« Je suis là Akiko, je ne t'abandonnerai pas, dis-je.
— K... Karma... je... je... »
Je m'assis sur le lit à côté d'elle et la pris dans mes bras pour calmer ses pleurs. Ma main faisant des va-et-vient rassurants sur son dos, je lui chuchotai des paroles rassurantes jusqu'à ce qu'elle se calme. Ses larmes mouillaient ma peau, portant simplement un short pour dormir.
« Tu te sens mieux ? », demandai-je quand elle parut se calmer.
Elle essuya ses joues grossièrement et hocha doucement la tête.
« Aller, recouche-toi. Il est encore tôt. »
Je lui embrassai le front et commençai à partir mais elle me retint en enroulant sa main autour de mon poignet.
« Karma... reste avec moi s'il te plaît... », me supplia-t-elle, comme si elle craignait que je l'abandonne.
Elle semblait si fragile comme ça, et dire que c'était de ma faute dans un sens.
Je lui souris doucement et revins vers elle. Elle se recoucha et je pris place de l'autre côté du matelas. Je la pris dans mes bras et la collai contre mon torse, pour qu'elle comprenne que j'étais bien là. Elle me regarda, rassurée, et posa sa tête contre ma peau, se servant de mon torse comme d'un oreiller. Sa respiration se fit rapidement régulière, m'indiquant qu'elle s'était endormie.
Je souris doucement et m'endormis moi aussi.
PDV Akiko
Les rayons du soleil me réveillèrent. Je sentais quelque chose me serrer et ma tête était contre une chose ferme et confortable à la fois. Je bâillai et ouvris les yeux. La première chose que je vis fut de la peau. Mes neurones mirent un moment à démarrer, le temps que je me réveille. Je me rappelai alors mon cauchemar et ce qui en avait suivi. Karma avait dormi avec moi, et je m'étais visiblement endormie sur son torse.
Je rougis et il commença à s'éveiller. Il desserra sa prise et je m'écartai légèrement pour m'étirer, vite imitée par lui.
« Bien dormi Kiko ? , me demanda-t-il d'une voix soucieuse.
— Oui, merci. Encore désolée de t'avoir réveillé...
— Ce n'est rien comparé aux conséquences de mes actes sur toi. Je ne savais pas que cela allait jusqu'à perturber ton sommeil...
— Je fais ce cauchemar depuis la bataille avec Kayano. J'ai toujours peur que tu m'abandonnes de nouveau... murmurai-je.
— J'avais cru comprendre. Mais je suis là, et tu ne te débarrasseras pas aussi facilement de moi. »
Je ne sus quoi lui répondre, alors je lui souris simplement.
« Je vais aller chercher ton deuxième uniforme chez toi, et ce qu'il te faut pour aujourd'hui.
— D'accord. Je vais voir ce qu'on peut petit-déjeuner pendant ce temps. »
Il sauta du lit et je dus me faire gare pour ne pas baver devant son torse musclé.
« Ouais... ce gars est vraiment canon, en plus d'être gentil avec moi. Il me fait tourner la tête... »
Lorsque j'entendis la porte claquer, signifiant que Karma venait de sortir. Je me levai alors du lit et lissai grossièrement mon uniforme. Je devais avoir une sale tête.
Je descendis pour rejoindre la cuisine. Je sortis des céréales, du lait et des pommes. Il y avait aussi du pain de mie, du chocolat à tartiner, de la confiture de fraise, du miel. Apparemment, mon meilleur ami privilégiait le petit-déjeuner durant ses courses.
Je regardai l'horloge. Vu l'heure, on allait tout juste avoir le temps d'engloutir un bol de céréales et de se préparer, au risque d'être en retard.
Je pris donc des bols et versai les céréales dedans. Je déposai deux pommes sur la table à manger et sortis une bouteille de lait. J'allai ensuite jeter un oeil à ma tignasse désormais noire méchée de violet. Elle était pleine de noeuds, cela allait me prendre littéralement des heures de tout démêler. Y'avait des fois où j'envie Yada pour sa chevelure toute lisse. J'adorais le volume que j'avais, mais cela demandait un entretien de folie au quotidien.
J'attachai mes boucles en queue de cheval, le temps d'aller manger, quand j'entendis Karma rentrer. Par chance, je faisais en sorte de toujours avoir un élastique sur moi.
« Et voilà. Madame Pouffe m'a même donné un spray démêlant pour ta crinière de lionne, m'annonça Karma.
— Génial, merci. »
Puisqu'il était déjà en uniforme, je filai dans la salle de bain pour mettre celui qu'il m'avait amené et je mis sur le cintre celui avec lequel j'avais dormi. On mangea et se prépara en quatrième vitesse.
N'arrivant pas à m'en sortir avec mes cheveux, même avec le spray, et n'ayant plus assez de temps pour m'y attarder dessus, je les enroulai en chignon haut brouillon. On attrapa la pomme qu'on avait pas eu le temps de manger et on fit route vers l'école, faisant une halte chez moi pour déposer mon autre uniforme et les affaires que Karma m'avait amené.
Par chance, on arriva juste à temps en haut de la colline. On s'installa à nos places, Koro se montrant indulgent sur notre presque-retard. En revanche, à la pause, les élèves nous tombèrent dessus pour savoir ce qui nous avait pris tant de temps.
« Panne de réveil. Cela arrive à tout le monde, répondis-je simplement.
— Mais à deux personnes ? Le même jour ? , insista Nakamura.
— Nakamura, fiche-leur la paix. », quémanda Kataoka.
Je remerciai la déléguée d'un sourire, qu'elle me rendit.
La fin des cours arriva rapidement et Kayano me força à, soi-disant, l'accompagner en ville faire du shopping. Je m'excusai auprès du rouge et suivis la verte pour aller acheter les ingrédients nécessaires à la fabrication de mes chocolats.
« Cela te dérangerait qu'on fasse les miens aussi ?
— Pas de soucis, voyons. C'est pour Nagisa ?
— Oui. Enfin, si j'arrive à lui offrir. Je sais pas si j'en aurais le courage.
— Là, je peux pas t'aider. Niveau courage sentimental, je suis aussi larguée que toi. »
On acheta le nécessaire avant d'aller chez moi pour cuisiner. Nous n'avions aucun devoir à faire pour le lendemain, ce qui était une vraie chance. On se mit derrière les fourneaux, tablier enfilé, et on commença à cuisiner.
« Akiko, entre nous, que t'as dit Karma quand tu lui as demandé pour... euh... la marque ? »
Je rougis aussitôt en me rappelant.
« Il a dit que c'était pour montrer que je lui appartenais...
— Oh, mais c'est mignon. Et assez proche du caractère de Karma. Mais je croyais que... que tu n'aimais pas qu'on dise cela.
— En fait... je crois que c'est pas les mots, mais la personne qui fait que j'aime ou pas. C'est difficile à expliquer. Karma, je sais très bien qu'il ne me considère pas comme un objet. Oui, cela m'a perturbé qu'il me dise ça et j'ai mis du temps à dépêtrer le vrai de ce qui était le fruit de mon imagination, mais au final, cela me fait plaisir qu'il pense ça. Maehara est gentil... mais c'est Karma que j'aime, et il n'y a que lui qui a le droit de tenir de tels propos à mon sujet.
— Je comprends où tu veux en venir. Tu aimes vraiment Karma, je trouve ça vraiment trop chou. Et vous allez bien ensemble. Pour moi, vous êtes faits l'un pour l'autre.
— Pareillement pour toi et Nagisa.
— On verra bien. Je suis beaucoup trop timide pour tenter quoi que ce soit avec lui, alors que Karma semble plutôt entreprenant avec toi.
— Oui, mais pas moi. Chaque parole un peu... un peu intime, je crois que c'est le mot, me paralyse et mon cerveau cesse de fonctionner. Je suis attirée par lui, comme un ours avec du miel.
— Vous partagez quelque chose de fort et d'intense, cela correspond plutôt bien à vos personnalités respectives. Laisse-toi aller et sois toi-même.
— Et je suis censée les lui donner quand les chocolats ?
— Quand tu trouveras que c'est le bon moment. Laisse faire les choses et ne te prend pas la tête avec ça. »
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