Chapitre 24
PDV Akiko
Le lendemain, les élèves discutaient de la pièce de théâtre. Il était déprimé à l'idée d'avoir dû dégoûter Kanzaki avec sa tête. Il s'était démené pour atteindre son niveau. La jeune fille le rassura, disant qu'elle avait été impressionnée. Sugino rougit et lui demanda s'il devait lâcher le baseball pour se concentrer sur le théâtre. Il était tout content, c'était mignon. Il aimait vraiment Kanzaki. Koro dit alors qu'il fallait être bon acteur pour être un bon lanceur. Il était content de découvrir des talents cachés chez ces élèves.
Kayano fit alors signe à Nagisa et me fit un discret clin d'oeil après qu'il l'ait rejoint. Koro les rejoignit rapidement. Son plan était en marche.
Les poisons en moi me rappelèrent une nouvelle fois tout ce que j'avais enduré à cause de Karma. Cette fois, ce fut d'une telle intensité qu'ils prirent le dessus sur moi.
Comme personne ne faisait attention à moi, je filai sans me faire remarquer au vestiaire, où j'enfilai la tenue d'assassin donnée par le gouvernement. Je pris un maximum d'armes anti-sensei et d'armes normales que je cachai dans mes poches et j'en attachai d'autres sur mes cuisses et mes hanches. J'éteignis et déposai mon téléphone dans mon casier, pour éviter que Ritsu ne nous espionne.
Il eut une explosion et je sus que Koro avait échappé au piège de Kayano. A moi d'entrer en scène...
Je me hissai sur le toit et observai ce qui se passait. Kayano révéla son lien de parenté avec Aguri Yukimura et traitait Koro de monstre.
Tous les élèves étaient étonnés. Kayano avait cessé de jouer la comédie et était méconnaissable, les cheveux lâchés et le visage dur.
« Tant pis, mon premier plan a raté, je vais devoir en trouver un autre. Je reviendrai vous achever demain Monsieur Koro. Je vous tiendrais au courant du lieu exact. Notre combat m'en a donné la certitude : je peux vous tuer, cela ne fait plus aucun doute. »
Koro était pétrifié. Je souris légèrement et me mis debout sur le toit
« Et avec mon aide, ce ne sera que plus rapide ! , déclarai-je d'une voix sadique, en la rejoignant
— Akiko !! » , s'écrièrent-tous.
Karma et Nagisa écarquillèrent les yeux. Parfait.
« Allons-y Okami ! »
Elle me prit la main et se déplaça rapidement avec ses tentacules.
Plus tard, sur la colline surplombant la ville, Kayano regardait l'horizon, pendant que j'aiguisai mes couteaux en métal, au cas où des élèves n'hésiteraient pas à m'attaquer pour m'empêcher d'atteindre mon but. J'étais prête à renoncer à la promesse du gouvernement si cela me permettait de me venger.
Kayano repensait aux événements qui avaient mené à l'implantation des tentacules. Je décidai de ne rien dire, pour la laisser tranquille.
« Dis-moi Okami, pourquoi veux-tu te venger de Karma ? Tu ne me l'as toujours pas dit avec précision. »
Je rangeai mes couteaux et me relevai.
« Ah oui, c'est vrai. J'ai rencontré Karma quand on était au primaire. Je savais déjà me battre à cette époque, je faisais peur à toutes les brutes parce que je protégeais les plus faibles.
— Toi ?
— Oui. Mais Karma se faisait harceler physiquement et moralement, malgré le fait que je le défendais quand j'en étais témoin. Il avait de très mauvaises notes à l'époque. Alors je lui ai appris à se battre pour se défendre. Cela lui a permis de ne plus se faire embêter et de révéler tout le potentiel scolaire qu'il avait. Ses notes ont remonté assez vite, une fois que je lui avais enseigné tout ce qu'il avait raté en n'arrivant pas à écouter en cours et à nous deux, nous défendions tous les faibles. Comme moi, il est devenu un défenseur des gens dans le besoin, en plus d'être un génie. On travaillait beaucoup tous les deux, pour garder nos notes presque parfaites. Tout cela, il a fallu attendre le début de la dernière année du primaire pour qu'il arrive enfin à se défendre, l'entraîner m'a pris quelques années, car il avait peur. Durant tout ce temps, j'étais là pour lui, pour le protéger et le soutenir. Je lui ai appris tout ce que je savais, tout ce dont il aurait besoin pour se protéger et protéger les autres. Et puis... tout a basculé.
— Que s'est-il passé ?
— A la fin du primaire, mes parents ont été tués. Tués par Akemi, ma propre soeur. Elle s'est faite passé pour moi, pour se venger de nos parents. Comme je n'arrêtai pas de me battre, ils ont pensé que ma soeur avait une mauvaise influence sur moi, car ses notes n'étaient pas aussi brillantes que les miennes. Je pense qu'ils croyaient que je me battais pour éviter qu'Akemi ne se fasse trop réprimander à cause de ses résultats. Ils ont alors voulu nous séparer et ont envoyé Akemi dans un pensionnat réputé pour transformer les mauvais élèves en excellents élèves. Quand elle les a tué... j'ai tout perdu, et j'avais plus que jamais besoin d'aide, de l'aide de Karma. Il voyait que je n'allais pas bien, que je devenais folle. En plus de défendre les faibles, j'ai commencé à sérieusement frapper les brutes. J'ai été virée de l'établissement, et je passais tout mon temps dans les rues, je n'avais plus d'endroit où aller. Mais Karma a fini par me retrouver, il me connaissait tellement bien. Je n'avais pas le courage de lui demander de m'aider, mais il avait appris à lire dans mes yeux ce que je voulais. Il m'a regardé dans les yeux, alors que je l'implorais du regard de m'aider. Mais il s'est détourné. Il m'a abandonné et il a commencé à frapper les brutes de rue, juste pour son bon plaisir. Tout ce que je lui avais appris ne servait plus à faire le bien. Après cela, j'ai perdu la raison. Je me suis mise à tuer, à tuer d'autres personnes. Toute ma rage et ma tristesse, je les ai mise dans mes armes. J'avais de l'argent, j'ai facilement pu me procurer des armes à feu et des armes blanches. J'ai tué, avec pour seul obsession de faire cesser ce sentiment d'abandon que je ressentais. Je faisais de tels carnages, que mon Maître et Irina sont intervenus avant que le gouvernement ne mette ma tête à prix d'or. Ils m'ont pris sous leur aile et m'ont aidé à faire mon deuil, celui de mes parents et de Karma. J'ai appris à tuer de manière plus méthodique, et plus propre, sans me laisser submerger par mes émotions. Les valeurs que je défendais autrefois, protéger les plus faibles, n'étaient plus les miennes. Je tuais pour mon bon plaisir, parce que j'aimais voir souffrir les gens, et parce que cela empêchait ma haine et ma rage de prendre le dessus sur moi. C'est comme ça que je suis devenue Okami. Quand Karma m'a abandonné, Akiko Sato est morte.
— Je comprends. Je ne me doutais pas de ça. Je comprends mieux ta motivation à m'aider. Tu t'en fiches de tuer Koro, tu veux juste te venger de Karma.
— C'est ça. »
Shiro arriva alors.
« C'est fou ce que tu t'entêtes à faire l'opposé de ce que les autres te disent. Je t'avais pourtant conseillé d'attendre, je n'avais pas encore fini tous les préparatifs. »
Je dégainai un de mes couteaux en métal, mais Kayano leva la main pour me dire de le baisser, ce que je fis. Après tout, j'avais accepté de lui obéir tant que je pouvais me venger.
« Qu'est-ce-que tu peux vraiment faire pour moi ? Dès que cela a dégénéré, tu as abandonné Itona à son sort, asséna durement Kayano.
— Tu n'es pas du tout en état d'agir seule. Ton métabolisme doit être très instable. Utiliser des tentacules sans être suivi fait courir des risques énormes. »
Kayano l'attaqua mais il l'évita.
« Mêle-toi de tes affaires. Je ne suis pas seule, Okami me seconde. Et je suis capable de m'en sortir, avec ou sans elle. Ne viens pas me gêner. »
M'attrapant la main, elle partit, propulsée par ses tentacules. Une fois dans un lieu sûr, elle envoya un message à Koro : « Rendez-vous à 19h dans le champ d'eulalies derrière l'école. Kaede Kayano ».
PDV Karma
Kayano partit avec Akiko. Je serrai le poing. Comment elles avaient pu nous trahir à ce point ?! Que ce soit l'une ou l'autre !
« Karma, tu sais pourquoi Akiko a rejoint Kayano ? , me demanda Koro, alors que nous étions réunis dans la salle.
— Non. Cela faisait des années que je ne l'avais pas côtoyé, avant qu'elle intègre la classe. Elle a beaucoup changé. L'Akiko que je connaissais ne serait jamais devenue une assassin. Elle défendait toujours les plus faibles grâce à son intelligence et ses capacités en combat. Elle faisait des arts martiaux depuis qu'elle savait marcher et c'était la meilleure de la classe. Elle a beaucoup changé, j'ai même cru rêvé quand elle est entrée dans cette classe la première fois. Et puis, rien dans son comportement des derniers jours ne laissait envisager cela.
— Je ne pensais pas qu'Akiko ferait ça, et Kayano encore moins. J'ai appris à connaître Akiko au cours de nos entraînements. Elle nous a apprit, à Kayano et moi, toutes sortes de techniques pour qu'on puisse se défendre en utilisant le minimum de force et d'énergie. Elle semblait se soucier vraiment de nous. Il doit y avoir autre chose.
— Nagisa, on parle d'une vraie assassin là, en ce qui concerne Akiko. Elle est comme ça, c'est tout. Comme Kayano, elle jouait la comédie ! , assénai-je.
— Non, je suis certain que ce n'était pas vrai. Tu n'as peut-être pas remarqué, mais elle était gentille avec nous, dès le début, il n'y a qu'avec toi qu'elle se comportait en vrai assassin avant Okinawa.
— Tu insinues quoi ?
— Que je sais qu'il s'est passé quelque chose entre vous, mais que je ne sais pas quoi. Je suis certain que c'est ce quelque chose qui explique son alliance avec Kayano. », m'expliqua Nagisa.
Il ne savait pas ce qu'il s'était passé, mais moi oui. Je l'avais abandonné au moment où elle avait plus que besoin de moi. Elle a toujours été là pour moi, pour me protéger et m'aider. Quand elle a commencé à devenir folle, qu'elle a commencé à presque tuer ces brutes de l'école en les rouant de coups... j'ai eu peur. J'ai voulu la retrouver, pour m'assurer qu'elle allait bien. Et quand je l'ai revu, seule, dans les rues mal famées de la ville, je l'ai vu plus au bord du gouffre que jamais. Mais pourtant, j'ai ressenti en elle une menace que je n'avais pas senti avant, comme si elle pouvait me tuer à tout moment. Alors je suis parti et j'ai déraillé moi aussi, sans Akiko pour tempérer mes émotions. J'ai frappé toutes les brutes qui s'en étaient prises à moi, et quand des idiots de la rue ont essayé de faire de même, j'ai commencé mes combats de rue. Mes notes me permettaient d'échapper aux sanctions contrairement à Akiko, parce que je les laissais toujours en vie, je ne voulais pas les tuer, juste leur faire peur.
Puis j'ai rencontré Nagisa. Il semblait faible, alors j'ai voulu me rapprocher de lui, pour le protéger car on se moquait de lui à cause de ses cheveux. Mais à force de passer du temps avec lui, j'ai ressenti cette même menace que j'avais senti chez Akiko auparavant, alors j'ai coupé les ponts au moment propice. Je voulais éviter de le faire au mauvais moment et qu'il tourne comme mon mentor et meilleure amie de l'époque. Okami était déjà connue, et fan de loups comme elle était, je n'avais pas mis longtemps pour deviner que c'était Akiko.
Quand elle a intégré notre classe, je ne savais pas comment arranger les choses avec elle, ni même si elle m'avait pardonné. Alors j'ai fait l'idiot, avant que notre rivalité avec Asano et notre mission à Okinawa nous mettent dans le même camp de nouveau. Elle était méfiante au début, puis elle est lentement redevenue celle que je connaissais, au fur et à mesure du temps que nous passions ensemble à jouer aux jeux vidéos, à réviser, à jouer des tours aux autres et à embêter la classe A. Je pensais qu'elle m'avait pardonné, que tout était redevenu comme avant. Mais je m'étais visiblement trompé. Elle jouait la comédie, pour endormir ma vigilance et monter un plan pour se venger. Elle savait que je voulais tuer Koro, que cela me tenait à coeur. Et c'est cela qu'elle voulait m'enlever, pour me tuer psychologiquement avant, peut-être, de le faire physiquement. L'alliance avec Kayano n'était que dans le but de se venger, et elle était prête à tout pour réussir, quitte à s'allier avec l'ennemi comme l'avait fait Mme Pouffe (cette fois-ci ne comptait pas pour Akiko puisqu'elle s'était infiltrée pour nous aider). Sauf que cette fois-ci, j'étais persuadé qu'elle l'avait fait de son plein grès contrairement à sa tutrice qui avait été quelque peu manipulée.
« Tu vois de quoi je parle, visiblement. », continua Nagisa.
Je hochai légèrement la tête. Comment pouvais-je l'ignorer ? Je ne sais pas pourquoi elle a commencé à dérailler à l'époque, mais je n'avais fait qu'aggraver les choses en l'abandonnant quand elle avait besoin de moi.
Je devais l'aider, et la sauver. Je l'aimais beaucoup trop pour l'abandonner, surtout après les bons moments que nous avions passés cette année, comme si rien ne s'était passé. Je refuse de croire que tout était qu'une comédie. Je refuse de croire que ses réactions n'étaient que du vent, que j'étais tombé amoureux d'une illusion.
Dans les yeux de Nagisa, je vis la même conviction à propos de Kayano. Lui comme moi voulions les sauver, même si j'étais prêt à parier que c'était parce qu'il aimait la collégienne aux cheveux verts, bien qu'il ne voulait pas l'avouer.
PDV Akiko
Le moment fatidique. J'étais avec Kayano, dans le champ balayé par le vent. Nous attendions Koro et la classe E. On était certaines que ces naïfs viendraient pour nous raisonner.
« Alors vous êtes venus. », annonça Kayano en se retournant en entendant les personnes attendues.
Couteau en métal et couteau anti-sensei dans mes deux mains, je mettais muettement en garde tous ceux qui voudraient s'en mêler.
« Parfait, finissons-en. », fit la jeune fille en coupant le champ avec ses tentacules. « C'en est presque poétique. C'est moi qui vous ai donné votre nom Monsieur Koro. Et maintenant, Maman va vous anéantir à jamais, n'est-ce-pas Okami ?
— Et comment ! Je n'attend que ça !
— Kayano, continuer d'utiliser ces tentacules est beaucoup trop dangereux. », tenta Koro. « Si on ne te les enlève pas au plus vite, ils risquent de te coûter la vie !
— La ferme ! , criai-je.
— De quoi vous parlez ? », répliqua calmement Kayano. « Je me sens très bien, inutile d'essayer de bluffer pour me déstabiliser.
— Kayano ? , commença Nagisa.
— Hm ?
— Ce n'était vraiment que de la comédie ? Nos moments de joie, nos aventures partagées, mais aussi toutes nos peines... on a surmonté plein de choses ensemble.
— C'était de la comédie. », confirma Kayano. « Je reste une actrice avant tout. Mais ce n'était pas toujours facile. Quand Kataoka t'a passé à tabac, ça me démangeait d'intervenir. C'était pareil quand je me suis faite kidnappée et quand le Dieu de la Mort m'a frappé. J'ai dû tout faire pour me retenir de les tuer. Mais j'ai tenu bon, j'ai joué la fille fragile jusqu'au bout. Je ne pouvais pas me laisser démasquer, ou j'aurais perdu toutes mes chances de venfer ma soeur.
— Pauvre petit Nagisa ! Si bon assassin, mais pourtant tellement naïf ! , ricanai-je.
— Akiko ! , cria Karma en se positionnant devant Nagisa.
— Tiens tiens. On dirait que mes enseignements t'ont été utiles dans un sens. Dommage qu'il soit trop tard. C'aurait été dommage que tu ne viennes pas Karma, mais comme tu es là, je vais pouvoir te briser de l'intérieur !
— Akiko, ce n'est pas toi ! Tu ne peux pas avoir changé comme ça ! Et nos bons moments de cette année alors ? Toi aussi, ce n'était que de la comédie ? Je refuse de croire que ce n'était que du vent !
- Ha ! Tu t'attendais à quoi, sérieusement ? Que je te pardonne en claquant des doigts, alors que tu m'as abandonné au moment où j'avais le plus besoin de toi ?! J'ai toujours été là pour toi, je t'ai aidé à devenir le garçon fort que tu es devenu, alors que tu étais encore plus faible que Nagisa quand je t'ai rencontré ! Mais quand moi, j'ai eu besoin de toi, tu m'as cruellement abandonné !! Je t'ai toujours protégé de tous ceux qui te faisaient du mal, tu étais mon meilleur ami ! J'allais très mal, et tu m'as laissé ! Comme si je n'étais qu'une vulgaire chaussette ! Tu m'as changé Karma !! Tu as tué Akiko, et tu as permis à Okami de naître, rien qu'en m'abandonnant ! Alors, je vais te faire payer pour ce que tu m'as fait !! , hurlai-je.
— Okami, calme-toi, garde tes forces pour le combat. Tu te vengeras, ne t'inquiète pas, me dit Kayano.
— Je n'ai aucun doute là-dessus Kayano, crois-moi. »
Toute la classe regardait Karma, qui avait la tête légèrement baissée. Il ne savait pas quoi dire. Une élève demanda si elle parlait de Mademoiselle Yukimura et Kayano parla nostalgiquement de tout ce qu'elle avait encore à accomplir avant d'être assassiner par Koro.
« Tu es vraiment sûre de ce que tu avances ? Tu crois que Monsieur Koro l'aurait tué comme ça ? Durant toute l'année où on l'a connu, il n'a jamais commis d'acte aussi atroce, protesta un autre élève, secondé par Kurahashi.
— Je sais que depuis le début de l'année, on cherche tous à l'assassiner par tous les moyens imaginables... là c'est différent. Es-tu bien sûre de toi Kayano ? Ce que tu veux faire est beaucoup trop impulsif. Il n'y a aucune chance que cela finisse bien, tu le sais déjà. Et toi aussi Akiko, tu le sais. », déclara Karma.
Ce qu'il m'énerve quand il croit tout savoir !!
Itona énonça les symptômes des porteurs de tentacules, annonçant que la fièvre et la douleur la consumeraient.
Les tentacules de Kayano s'embrasèrent tandis que son visage se durcit.
« Taisez-vous. Ce que je décide de faire ne vous regarde pas. On peut faire de toutes nos faiblesses et de tous nos défauts des armes redoutables. C'est vous qui me l'avez enseigné Monsieur Koro. Il se peut que ma température corporelle monte, mais j'ai déjà la solution ! Je concentrerai cette chaleur dans mes tentacules ! »
Elle était en train de devenir folle. Les tentacules étaient en train de prendre le dessus sur elle, mais je m'en fichais. Rien n'était plus important que ma vengeance ! Karma Akabane devait payer pour le mal qu'il m'avait fait.
« Non ! Arrête ! », s'affola Koro.
Kayano créa un cercle de feu, emprisonnant Koro et empêchant les autres de s'approcher. A deux contre un, ce combat ne durerait pas longtemps...
« Bref, pour l'instant, je ne me sens on ne peut mieux. Je sens même que tous mes sens sont en éveil. Je ne laisserai aucune occasion de l'emporter, et Okami non plus. »
J'esquissai un sourire sadique pendant que je me saisissai de mes couteaux anti-sensei, rangeant le vrai poignard dans ma manche.
« Arrête ça Kayano ! Tu fais fausse route ! », cria Nagisa avant d'être retenu par Nakamura. « Je connais l'effet de ces tentacules ! Si tu décides de te sacrifier pour le tuer, il ne restera plus rien de ce que tu étais !
— Je ne compte pas me sacrifier pour arriver à mes fins, Nagisa. Je vais juste l'anéantir, et Okami en profitera pour anéantir le désir le plus cher de Karma ! Rien de plus ! »
Elle commença à attaquer, me donnant ainsi le signal pour passer à l'action. Koro évitait ses coups et ceux que je tentais de lui donner, mais cela ne nous arrêta pas. Elle réussit à lui couper une tentacule, ce qui la fit rire de folie. J'ordonnai à mes couteaux de l'attaquer et tirait pendant ce temps des balles anti-sensei, profitant du fait qu'il était trop occupé par Kayano. Cependant, il esquiva à temps, évitant de se les prendre à des points vitaux. Cela l'affaiblit malgré tout, et mes couteaux continuèrent leur incessant assauts. Kayano ricanait, pendant que Koro essayait d'échapper à toutes nos attaques.
Les tentacules rongeaient son esprit, sa douleur en devenait même agréable selon ses dires. Je pense que, peu importe l'issue du combat que je menais à ses côtés, Kayano mourrait à la fin. Étais-je prête à la voir mourir juste parce que je voulais me venger ?
Oh que oui ! Pense à tout ce que tu as dû enduré toute seule, à cause de Karma ! Pense à tout ce que tu as fait pour lui et que, dès qu'il n'avait plus besoin de toi, il t'a jeté comme une vieille chaussette ! Ce n'est pas grave s'il y a quelques dommages collatéraux !
Un sourire machiavélique étira mes lèvres et je repris le combat avec une ardeur renouvelée. Je fis venir tous mes couteaux anti-sensei, ce que je n'avais pas utilisé pour la première salve d'attaques, et ils attaquèrent le poulpe si vite qu'il esquivait de moins en moins les tentacules de Kayano.
« Mourrez ! Mourrez ! », ne cessait de hurler Kayano.
PDV Omniscient
Personne ne savait quoi faire. Irina regardait Akiko, rongée par la fureur, la haine, le désespoir et le besoin de se venger, comme lorsqu'elle l'avait recueilli avec Lovro. Sauf que cette fois, elle n'allait pas pouvoir aider la jeune fille. Elle ne pensait pas que celle qu'elle considérait comme sa fille irait si loin juste pour se venger. Kayano, elle, était celle qui avait le plus de chance d'y rester. Nagisa réfléchissait à comment sauver Kayano, et Karma comment faire pour calmer Akiko. La tête de Koro leur apparut alors.
« Les enfants !
— Monsieur Koro ? », s'étonna Nagisa.
Un élève demanda pourquoi il n'avait cloné que sa tête et Koro expliqua que les attaques combinées des deux jeunes filles étaient si féroces qu'il n'avait que le temps de projeter une image de sa tête.
« Il devient plus qu'urgent de lui retirer ses tentacules ! La seule raison pour laquelle ils surchauffent et produisent des flammes, c'est parce qu'elle se fiche totalement de mourir ! », fit Koro, alors que Kayano criait et riait de folie. « Si on n'intervient pas, ils finiront par lui pomper toute son énergie vitale et elle mourra ! Seulement, tant qu'elle aura la même volonté de me tuer qu'eux, ils resteront cramponnés à ses terminaisons nerveuses et il sera impossible de les en arracher ! Le gros problème, c'est qu'on a pas le temps de parlementer avec elle, pour qu'elle se calme, comme on l'a fait avec Itona. Et Akiko est beaucoup trop hors de contrôle pour qu'on puisse la raisonner aussi vite que la dernière fois, contre Akemi. Il faut les neutraliser en même temps.
— Dans ce cas, on procède comment ? , demanda Hayami.
— Je ne vois qu'une solution : les lui enlever pendant le combat ! Pour cela, je vais la laisser frapper mon principal point vital, c'est-à-dire mon coeur, qui se trouve sous ma cravate ! Sachant que si elle me détruit cet organe, je mourrais ! Mais si je parviens à lui faire croire qu'elle m'a eu, la rage qui anime ses tentacules va retomber, ne serait-ce qu'un instant. Et à ce moment-là, j'aurais besoin que deux d'entre-vous interviennent pour tâcher de calmer sa furie et occuper Akiko afin que ni ses lames ni elle n'interviennent, je peux compter sur vous ?
— Calmer sa furie ? Mais comment ?
— Peu importe, du moment que ça marche ! Essayez n'importe quoi qui puisse distraire leur attention ! C'est la seule chose dont je ne peux m'occuper moi-même ! Akiko ne doit pas tenter de libérer Kayano de mes tentacules ! Je ne peux pas tenter quelque chose de maladroit, cela l'énerverait davantage ! Il faut que ce soit vous qui fassiez diversion, avec les deux. Si vous parvenez à apaiser la fureur de Kayano et à distraire Akiko assez longtemps, ses tentacules lâcheront brièvement prise sur ses nerfs et je pourrais peut-être les arracher avec un minimum de dégâts ! »
Ses tentacules frapperont le coeur de Koro durant toute l'opération, il avait une chance sur deux d'y rester. Koro comptait s'arranger pour qu'elle frappe juste à côté de son coeur, il voulait que toute la classe finisse l'année indemne. Perdre un élève serait pire que la mort pour lui.
Les têtes de Koro disparurent alors.
« Bon sang, mais à quoi il joue ? Il demande aux mioches de se mettre en danger dans le seul but de distraire Kayano et Akiko ? C'est de la folie ! Akiko est une professionnelle, et même folle de rage, elle ne se laissera pas distraire ! Il espère quoi ? Qu'ils leur sortent une bonne blague ? », s'insurgea Irina, inquiète pour les deux jeunes filles.
On proposa à Mimura de jouer de l'air guitar, mais cela était trop risqué. Nagisa, lui, réfléchissait encore.
« Si je claquais des mains ? Non, vu la confusion qui règne dans son esprit, je n'arriverai jamais à trouver le moment idéal. Aucune chance que ça marche. Un couteau ? Un pistolet ? Non, avec une arme, je risque de la blesser. Il doit bien avoir un moyen ! On nous forme à toutes attaques techniques en cours, à quoi nous sert ce savoir si, au bout du compte, ça ne fait pas de nous des assassins accomplis comme Akiko ? Ah ! J'ai trouvé ! Je sais quel méthode employer ! »
Karma regardait son ancienne amie. Il était celui qui la connaissait par coeur, qui la connaissait le mieux. Elle s'était de nouveau laissée submerger par ses émotions, comme quand il l'avait abandonné. Mais cette fois, il ne la laisserait pas. Il avait peur qu'elle le tue, bien sûr, mais il ne voulait plus fuir. Il l'avait fait une fois, et il s'en était mordu les doigts. Il avait naïvement cru qu'être présent pour elle aujourd'hui, rattraperait son erreur d'hier. Il s'était trompé, et il ne pouvait pas lui en vouloir.
« Akiko... je ne te laisserai pas tomber, pas cette fois. Je t'aime trop pour ça. Et si tu réagis comme ça, c'est qu'au fond, j'ai encore une place importante dans ton coeur. Tu es bien meilleure que moi en combat au corps à corps, je suis encore loin de te surpasser. Avec toi, aucune technique que nous avons appris en cours ne marchera. Réfléchis Karma... c'est bon ! Je sais ! Il y a bien quelque chose qui marchera, et je suis persuadée que tu ne t'y attendras pas. »
Karma se tourna vers Nagisa, qui le regarda en retour. Inconsciemment, ils avaient eu la même idée pour sauver leur amie respective.
Kayano réussit à toucher Koro et, heureuse, elle baissa sa garde un instant, ce qui permit à Koro d'enrouler ses tentacules autour de sa taille. Il la tira vers lui, tandis qu'elle se débattait.
Akiko entendit son alliée crier pendant qu'elle rechargeait son pistolet, ses lames étant en suspens et attendant ses ordres psychiques. Elle dégaina son couteau anti-sensei et courut pour découper les tentacules du poulpe, ses autres couteaux filant à toute allure dans les airs. Mais Karma en profita pour s'avancer, lui attraper le poignet et lui arracher son arme. Elle se retourna vivement, ne sachant qui la retenait, et ses yeux lancèrent des éclairs. Les couteaux anti-sensei tombèrent au sol, car celui qu'elle voulait tuer la retenait. Elle voulut faire appel à ses couteaux en métal mais le garçon la bloquait de sorte qu'ils ne puissent pas sortir de leurs cachettes.
« Lâche-moi Akabane ! Je te déteste ! Lâche-moi !! »
Elle se débattait et, bien qu'étant plus forte que Karma, celui-ci réussit à l'immobiliser. Cela ne l'empêcha pas d'essayer de se libérer. Elle gigotait, donnant des coups de genoux que Karma encaissait sans broncher. Il scella leurs lèvres, ce qui la fit bouger plus violemment pour se libérer, ivre de colère. Les poignets maintenus par Karma, les mains à plats sur son torse, elle le poussa de toutes ses forces mais l'étreinte du collégien était plus forte.
Il la regarda dans les yeux, et la douceur de son regard ocre calma lentement la jeune fille, qui commença à serrer doucement la veste noire de Karma. La rage, la rancoeur, l'envie de se venger... tout cela avait quitté le regard bleu de l'assassin. Akiko lui rendit son baiser avec ardeur, comme si ce dernier était sa bouée de secours. Elle serra les pans de la veste de Karma de toutes ses forces.
Voyant que Karma avait la situation en main, Nagisa entra en scène et fit de même avec Kayano, de sorte qu'elle se calma rapidement. Nakamura prit des photos des deux « couples » et Koro put enlever les tentacules de Kayano, la libérant ainsi. Elle s'écroula au sol et Akiko s'endormit doucement quand Karma détacha leurs lèvres, épuisée par les émotions qui l'avaient consumée. Il la prit en princesse et rejoignit le groupe.
« C'était du beau travail tous les deux ! », les félicita Koro.
Il rassura tout le monde sur le fait que Kayano s'en remettrait avec du repos, et qu'Akiko serait très vite sur pied. Nagisa soupira de soulagement, tandis que Karma posa son regard sur le visage endormi d'Akiko, se demandant si les choses auraient été différentes s'il avait agi autrement dans le passé.
« Bien joué les princes charmants ! », les charria Nakamura en leur montrant les deux photos. « C'était bien joué le coup du baiser pour apaiser la folie meurtrière de Kayano et Akiko ! »
Karma et Nagisa rougirent et rirent de gêne.
« C'est la seule solution qui m'est venue à l'esprit pour la distraire de son objectif. Plus tard, je penserai à lui présenter mes excuses.
— Et c'était la seule méthode qu'Akiko n'aurait pu prévoir, car elle ne savait pas que nous avions été formés par Mme Pouffe au « Baiser de la Mort » avant qu'elle intègre notre classe. », se justifia Karma.
Irina s'approcha et posa sa main sous le menton de Nagisa.
« Tu as encore des progrès si en dix secondes tu ne dépasses pas les quinze points. Tu me déçois beaucoup.
— C'est quoi ce score ? , demanda Nagisa.
— Je t'ai formé avec mon baiser langoureux forcé, tu te rappelles pas ce que je t'ai appris ? Tu aurais pu faire un score de quarante points. Karma, bien joué en revanche. Mais ce n'était pas difficile, Akiko est formée également, alors à vous deux vous faites pétez les scores !
— Euh, moi, si je fais vingt-cinq, c'est déjà beaucoup, fit remarquer Maheara.
— Etre dans cette classe, c'est beaucoup trop de pression. J'étais fière de mon score de vingt points jusque-là... », pleura Kataoka.
Koro cracha, affaibli. Il rassura cependant ses élèves sur son état.
« J'imagine que vous avez beaucoup de questions à me poser, mais elles devront attendre que j'ai récupéré. »
Une détonation retentit mais un couteau en métal sortit de nulle part se ficha dans l'ouverture du pistolet, détruisant la balle au passage. Tous regardèrent autour d'eux et virent Akiko, réveillée et appuyée sur l'épaule de Karma, qui ne l'avait pas senti bouger tant elle était légère. Elle avait dégainé son couteau en métal pour protéger Koro.
« Akiko ! , s'écrièrent-ils.
— Ma tête... », souffla Akiko.
Elle voyait le monde tanguait autour d'elle. Karma passa le bras de la jeune fille derrière sa nuque, pour mieux la soutenir.
« Repose-toi Akiko. », lui dit-il.
Difficilement, elle tendit la main et l'arme lui revint à une vitesse fulgurante.
« Je pourrais me reposer plus tard. », articula l'assassin.
Couteau en main, elle se tenait prête au combat, mais elle était toujours appuyée sur Karma, ne tenant plus sur ses jambes, ce qui faisait qu'elle avait l'air bien moins redoutable que ce qu'elle aurait été en temps normal.
« A l'entendre, on croirait que ce poulpe sur le point de passer l'arme à gauche, mais il est toujours assez en forme pour éviter les balles. », déclara Shiro, sur la montagne en face.
Comme pour le confirmer, l'autre personne tira de nouveau sans qu'Akiko n'ait le temps de réagir, à bout de force. Heureusement, Koro évita la balle.
« Ces petites sont décidément bonnes à rien, l'une comme l'autre.
- La ferme ! », souffla Akiko, n'ayant pas la force d'exprimer la hargne qu'elle ressentait.
Karma, inquiet, la serra un peu plus contre lui, ce qui la fit sursauter. Elle ne tenta cependant pas de se dégager, trop épuisée pour en vouloir au collégien.
« Si Kayano était prête à tout pour accomplir sa vengeance, y compris à mourir, pourquoi ne pas avoir attendu le moment opportun pour passer à l'action ? Elle savait à quel monstre elle avait affaire. Il n'y a qu'à voir le nombre d'assassins que tu as repoussé en l'espace d'un an.
— Karma, fais-le taire, souffla Akiko.
— Comment ?
— Cependant, il en reste encore deux ici que tu n'as pas affronté. »
Shiro dévoila son identité en retira le tissu et l'appareil qui modifiait sa voix.
« Et je suis le dernier ! », déclara-t-il de sa voix normale. « Tu m'as pris tout ce que j'avais, par ta faute j'ai tout perdu. Tu as une dette envers moi que tu vas payer de ta vie.
— Le scientifique de génie qui masquait son visage et transformait sa voix... je me doutais que c'était toi, Yanagisawa. », dit Koro.
Akiko glissa son couteau dans la main de Karma, qui comprit ce qu'elle voulait qu'il fasse. Il l'assit rapidement au sol et lança de toutes ses forces le poignard, qui se ficha dans le sol, Shiro et l'inconnu ayant décidé de partir.
« Shit ! » , jura Karma.
Le couteau revint en main d'Akiko quand elle activa la fonction magnétisme. Karma la souleva en princesse une fois qu'elle eut rangé la lame.
« Je suis capable... de marcher...
— Akiko, tu es épuisée et tu ne peux même plus lancer un couteau. Tu n'es pas en état de marcher. Je ne sais même pas comment tu as fait pour lancer la lame la première fois, ni comment tu t'es réveillée si vite.
— Instinct d'assassin. J'ai senti le danger arriver, alors je me suis réveillée et j'ai aussitôt lancé mon couteau dans... dans la direction où je sentais le danger.
— Tu ne cesseras jamais de m'épater. Repose-toi maintenant, je suis là. Je ne t'abandonnerai pas cette fois-ci. Depuis qu'on s'est réconciliés, je ne t'ai pas abandonné et je ne t'abandonnerai plus jamais.
— Tu me le promets ?
— Je te le promet Kiko.
— Cela fait... longtemps que tu ne m'as pas appelé comme ça... », souffla Akiko avant de s'endormir.
Karma sourit légèrement avant de reporter son attention sur le groupe. Il devint aussi rouge que ses cheveux quand il vit que tout le monde le regardait.
« Elle va bien ? », demanda Nagisa, ne souhaitant pas engager un sujet qu'il jugeait gênant pour Karma au vu de la situation.
Le rouge lui sourit, reconnaissant qu'il ne lance pas le sujet. Il acquiesça pour lui répondre.
« Tant mieux. », fit le bleu.
Kayano se réveilla alors.
« Qu'ai-je fait ?
— Tu te réveilles Kayano, que le ciel soit loué, dit Koro.
— Dis Kayano, tu te sens mieux ? », interrogea Nagisa, inquiet.
En toute réponse, elle rougit et détourna le regard.
« Qu'est-ce-qui t'a pris ?
— C'était un pur désir de vengeance au début, mais ensuite, plus je passais du temps avec Monsieur Koro, plus j'avais des doutes sur le bien fondé de mon projet. Je me disais que je manquais d'informations, qu'il y avait peut-être un contexte que j'ignorais, que je ne pouvais pas commettre un meurtre sans avoir de certitude. C'est là que mes tentacules ont prit le dessus sur mon esprit avec leur désir de tuer. Ils me harcèleraient tant que Koro ne serait pas mort. »
Elle soupira.
« Je suis une imbécile. Quand je pense que vous vous amusiez tant à comploter pour l'assassiner, alors que moi, pendant ce temps-là, j'ai perdu l'année à vouloir me venger.
— Kayano, tu te souviens du jour où tu m'as suggéré de me coiffer de cette façon ? », intervint Nagisa en désignant ses couettes. « Grâce à toi, j'ai pu arrêter de complexer parce que ma mère m'oblige à avoir les cheveux longs. Comme tu nous l'as rappelé, c'est toi qui a inventé le nom de Koro et comme il nous plaisait, on l'a tous adopté, même lui. Quelque soit le but que tu poursuivais, cela n'a pas d'importance. Tu as contribué à faire de la classe ce qu'elle est et on te considère comme notre amie. Même si pendant des mois, tu as souffert en silence, je ne peux pas te laisser dire que tout ça n'était qu'une mascarade. Pas après tous les bons moments qu'on a passé ensemble. Monsieur Koro a promis de nous révéler le fin mot de l'histoire une fois qu'on serait tous réunis. Ce n'est pas un saint, on sait qu'il n'est pas parfait. Il lui arrive comme à nous tous de faire des erreurs. Mais puisque nous sommes là, écoutons-le tous ensemble.
— Mais je m'en veux. J'ai profité de la soif de vengeance d'Akiko pour avoir une garantie que mon plan réussisse. Elle est venue d'elle-même me demander de l'ajouter au plan, et j'ai voulu profité de sa soif de vengeance afin qu'elle utilise ses talents d'assassin pour moi. Elle a accepté de m'obéir, du moment qu'elle avait sa vengeance, sanglota Kayano.
— Ce n'est en rien ta faute Kayano. C'est parce que je l'ai abandonné quand elle avait besoin de moi qu'elle a mal tourné, et qu'elle s'est joint à toi. Elle avait besoin de moi, mais son aura me faisait peur alors je lui ai tourné le dos. Si je ne l'avais pas fait, elle ne serait pas devenue une assassin, et elle n'aurait pas participé à ton plan. Je ne sais pas pourquoi elle allait aussi mal à ce moment-là, mais j'aurais dû être présent pour elle au lieu d'être lâche.
— Ses parents avaient été assassinés par Akemi, qui s'était fait passée pour elle. Elle avait tout perdu, elle n'avait plus que toi. Elle a commencé à frapper à mort ces brutes pour exprimer ses sentiments, pour te signifier qu'elle avait plus que besoin de toi. Elle n'arrivait pas à gérer le poids de la mort de ses parents. Tu t'es détournée d'elle, et elle a perdu les pédales quand elle a vu que tu t'en prenais à des brutes et des criminels de rue sans raison. Tu l'avais abandonné, et ses enseignements avaient été vain. Elle s'est mise à tuer, dans le seul but de faire disparaître le sentiment d'abandon qui obscurcissait son âme. Dans ses pistolets et ses couteaux, elle mettait sa rage et sa tristesse. Chaque scène de crime ressemblait à une boucherie, et Lovro et Mme Pouffe sont intervenus avant que le gouvernement ne le fasse. Ils l'ont aidé à surmonter son deuil, à surmonter la mort de ses parents et la tienne. Elle s'est mise à tuer pour le plaisir, elle aimait voir les gens souffrir et cela lui permettait de calmer les émotions qui obscurcissait son coeur depuis ton abandon. Elle a appris à tuer d'une meilleure façon et elle ne protégeait plus les faibles, elle les tuait, comme tous les autres. Quand tu l'as laissé Karma, Akiko est morte et Okami a pris sa place. Elle me l'a raconté pendant que nous étions ensemble.
— Je... je ne savais pas tous ça... », balbutia Karma, pris de court par les révélations de Kayano.
Il regarda l'assassin endormie dans ses bras. Dire que le fait qu'il l'avait abandonné avait eu de telles répercussions... il était normal qu'elle le haïsse.
« Nagisa, je vous raconterai tout quand tout le monde sera là. Akiko est endormie et a besoin de repos, tout comme Kayano, fit Koro.
— Vous avez raison, mais ne croyez pas qu'on va en rester là ! », rétorqua Nakamura.
Koro congédia tout le monde et il conduit Nagisa et Karma à l'hôpital, Akiko et Kayano dans leurs bras. Elles furent admises en observation et restèrent à l'hôpital durant toutes les vacances.
Ayant observé la scène depuis les hauteurs, une personne soupira, se résignant finalement à voir la vérité en face. Elle rentra ensuite chez elle, histoire de faire le point sur elle-même.
PDV Akiko
« Akiko ? »
Je levai la tête de mon livre et vis Kayano. Elle entra et s'installa en face de mon lit. L'une de nous allait souvent dans la chambre de l'autre, pour éviter qu'on soit constamment seules. On ne s'était cependant pas beaucoup parlées.
« Je me demandais, tu es sûre que ça va ? On dirait que quelque chose te préoccupe.
— Je vais bien, ne t'en fais pas. Et toi ? Tu es quand même celle qui a failli mourir dans l'histoire.
— On ne parle pas de moi là, raconte. »
Je soupirai.
« C'est juste que... je me demande comment une assassin comme moi a pu se laisser aveugler par la haine et la vengeance à ce point. Je n'ai pas su me contrôler, alors que depuis qu'Irina et mon Maître sont là pour moi, je sais le faire. Et puis, comme la première fois, je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé après que j'ai repris mes esprits. Je ne sais même plus comment mon envie de vengeance a disparu, c'est flou dans ma tête. Je me souviens juste que Karma m'a attrapé le poignet, m'a pris mon arme et m'a immobilisé. Je me suis débattue et... trou noir. Comme quand Irina et mon Maître m'ont trouvé, et qu'ils m'ont calmé.
— Tu ne te souviens de rien du tout ?
— Non. Après, je me suis réveillée dans la chambre d'hôpital. Je me souviens vaguement aussi d'avoir lancé un couteau pour protéger Koro mais cela semblait plus un rêve qu'autre chose.
— Je vois...
— Et toi, comment tu t'es calmée ? »
Kayano rougit aussitôt. Oh, cela promet d'être intéressant. Des cornes de diable poussèrent sur ma tête, avide d'en savoir plus.
« Cela ne serait pas grâce à Nagisa ? »
Rougissant de plus belle, elle hocha la tête timidement.
« Il m'a embrassé... mais comment tu as su que c'était lui ?
— Facile, j'ai bien remarqué tes sentiments pour lui. Comédie ou pas Kayano, je joue la comédie aussi et je sais voir quand c'est faux et quand c'est réel.
— Tu diras rien ? »
Je lui souris gentiment, mes cornes disparaissant.
« Non, ne t'inquiète pas. Et je ne te charrierai pas trop avec ça non plus. Après tout, je voudrais pas qu'on me fasse pareil.
— Ah bon ? Tu es amoureuse ? De qui ? »
Je rougis légèrement et tournai le dos à Kayano.
« Hum, de personne.
— Comme tu veux. Akiko, je voulais aussi m'excuser. J'ai profité du fait que tu voulais te venger pour avoir une garantie supplémentaire de tuer Koro.
— Ah, ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas. Je suis venue de moi-même, je m'en fichais des conséquences. »
Je jouai tristement avec une mèche violette. Je n'avais plus aucune envie de me venger. La folie et la haine m'avaient de nouveau possédé, mais mon désir de vengeance et ma fureur étaient déjà là auparavant. Aujourd'hui, elles avaient disparu, mais je me sentais d'autant plus triste que mes plaies étaient écorchées à vif. Mon plaisir en voyant les gens souffrir n'était qu'une illusion, comme lorsqu'on mettait de l'eau sur une brûlure. Cela faisait du bien sur le coup, mais pas sur la durée. Je n'avais plus envie de tuer, plus pour mon plaisir en tout cas. Ces derniers jours m'ont fait réalisé que la vengeance ne mène qu'à la mort, à la solitude. J'avais réalisé que l'assassinat dans le sens mauvais du terme n'était pas pour moi.
« Je vais recommencer à me battre pour les premières valeurs que je défendais. C'est sans doute ce qu'il y a de mieux à faire, défendre et aider les gens dans le besoin, dis-je à moi-même.
— Et je ferais sans doute mieux de faire pareil... »
Je sursautai et me retournai, dégainant un de mes couteaux.
« Hey, du calme Akiko, c'est nous ! , me sourit Nagisa.
— Désolée, je ne vous ai pas entendu entrer. Où est Kayano ?
— Je suppose qu'elle a dû te laisser pour que tu puisses réfléchir, tu semblais dans tes pensées. », répondit Nakamura.
Je regardai le seul qui n'avait pas encore pris la parole, ou plutôt celui qui avait répondu à mes réflexions à haute voix. Karma.
« Comment tu te sens Akiko ? , demanda-t-il, presque gêné.
— Beaucoup mieux, merci. Un peu perdue quand même, je déteste avoir des pertes de mémoire, heureusement que cela n'arrive pas souvent...
— Des pertes de mémoire ? , s'étonna Nagisa.
— Ouais. Quand je me laisse submerger par les émotions, j'ai tendance à ne plus avoir aucun souvenir sur comment je suis redevenue calme et sur ce qu'il s'est passé après. C'est vraiment flou dans ma mémoire.
— Et cela arrive souvent ? , voulut savoir Karma.
— Non, ce n'est que la deuxième fois que ça arrive. La première fois c'était... c'était... q-quand... Irina et mon Maître m'ont trouvé et aidé. »
Il hocha la tête, ne sachant sûrement pas quoi dire d'autre. Nagisa s'éclipsa, rejoignant l'autre groupe qui était allé voir Kayano. Nakamura le suivit.
« Akiko, je voulais m'excuser. M'excuser pour t'avoir abandonné comme je l'ai fait. La vérité... c'est que j'ai eu peur. J'ai vu que tu avais besoin de moi, mais tu avais une aura effrayante, comme celle que tu avais en combattant pour Kayano. Tu aurais pu me tuer si tu l'avais voulu, alors j'ai pris peur et j'ai agi comme un lâche. Le pire, c'est que je n'ai pas retenu la leçon et que j'ai fait pareil avec Nagisa, au collège. Sauf que j'ai coupé les ponts quand il n'était pas dans un mauvais état.
— On ne peut pas changer le passé Karma. Je comprends tes motivations, mais je n'étais pas en état de les comprendre avant. J'en ai assez de jouer la comédie, de jouer à l'assassin forte, sadique, qui aime faire souffrir les autres, comme au début. Je pense que... je vais continuer à me comporter comme je le fais depuis la fête de l'école.
— Akiko, tu es sadique, même sans jouer la comédie.
— Hé, tu es méchant ! »
Je lui donnai un coup de coude et il échappa un cri de douleur, surpris de la force que j'avais employé.
« Calme-toi, je ne t'agresses pas. Je dis juste la vérité. Même quand on était enfants, tu aimais jouer des tours et ce genre de choses. Et c'est grâce à toi que j'y ai pris goût aussi, et cela n'a pas changé.
— Haha, j'ai cru remarquer. Mais je suppose que tu as raison. On se ressemble dans un sens. En te prenant sous mon aile, tu as commencé à agir comme moi.
— Ouais enfin, comptes pas sur moi pour me mettre à la musique hein. Mais tu dois savoir que je le savais bien avant que tu ne chantes pour sauver Nagisa, à Okinawa.
— Comment ça ? Je ne te l'ai jamais dit.
— Je t'entendais chanter des fois, quand je venais chez toi pour manger ou pour qu'on fasse nos devoirs. Mais je ne t'ai rien dit, parce que c'était ton jardin secret.
— Et je t'en remercie Karma.
— Dis, tu pourrais ne rien dire aux autres sur ce qu'il s'est passé quand on était enfants, à propos de ma faiblesse ? Je ne veux pas qu'ils le sachent. Le fait qu'ils sachent que j'ai été aussi faible que Nagisa a une époque est largement suffisant, je ne veux pas qu'ils connaissement les détails.
— Je comprends, je ne dirais rien. Après tout, j'ai longtemps caché toute la vérité sur ma haine envers Akemi. Je suppose que Kayano vous a brièvement raconté, elle m'a dit qu'elle s'était réveillée avant moi.
— Oui, elle nous a raconté. Mais on en parlera quand tu le souhaiteras, rien ne presse. Tout ce qu'on a vécu... ce n'était réellement que de la comédie pour toi ?
— Oui et non. Plus non que oui en fait. Ma haine et mon désir de vengeance ne cessaient de me faire croire que c'était faux. Mais je crois que... au fond, c'était réel. J'ai beau être une bonne actrice, je ne peux pas nier le fait que je suis bien plus heureuse depuis que j'ai intégré cette classe, malgré ces mauvais sentiments que j'avais en moi.
— Dis, tu crois que les choses vont redevenir comme avant entre nous ? Enfin, je veux dire, tu crois que ce qui s'est passé par le passé va changer ce qu'on a construit dans le présent ?
— Je ne pense pas, en tout cas, je ferais tout pour éviter ça. Je tiens beaucoup à ce qu'on a construit ensemble. Je ne veux pas que cela change. Et puis, tu as encore besoin de t'entraîner si tu veux pouvoir un jour me battre, que ce soit en assassinat ou aux jeux vidéos.
— Je serais ravi de redevenir ton élève. Après tout, c'est comme ça qu'on a commencé. », plaisanta le rouge.
On se mit à rire avant que nos téléphones sonnent. On les prit, Nagisa me l'avait amené une fois, quand j'étais endormie, et je vis un message de Nakamura. Je l'ouvris et faillis m'étouffer en voyant ce qu'elle m'avait envoyé.
« Elle a vraiment osé ! », s'énerva Karma.
Je me passai la main sur la nuque. C'était gênant de voir une photo où Karma m'embrassait alors que j'en avais aucun souvenir. Mon coeur s'emballa, comme s'il courait un marathon.
« Karma... c'est arrivé quand ? Je ne m'en souviens pas... »
Je levai les yeux et vis qu'il rougissait.
« C'est comme ça que je t'ai calmée, en fait... c'était le seul moyen. Tu aurais anticipé toutes mes autres tentatives. Je suis désolé...
— Tu es désolée de quoi ? De m'avoir sauvé ?
— Hein ? Non, bien sûr que non mais...
— Pas de mais. Pour sauver des personnes, tous les moyens sont bons, n'est-ce-pas ce que je t'ai appris ?
— Oui, c'est vrai.
— Alors ne t'en fais pas pour ça. »
Même si cela m'embêtait un peu de ne plus m'en souvenir. Pourquoi de tous les Baisers de la Mort que j'ai vécu, il a fallu que je ne me souvienne plus du seul qui m'intéresse ?
« Irina t'a dit notre score ?
— Ce genre de choses t'intéresse ?
— Ouais, je veux vérifier quelque chose.
— Tu fais peur avec cette tête-là.
— Tu as toi-même dit que je te faisais peur, non ?
— Oui, quand tu n'étais plus maître de tes émotions.
— Bon, tu comptes me dire ?
— Si tu veux. Elle ne me l'a pas dit tout de suite, mais on aurait fait un score de trois cent points en une minute apparemment. »
Je clignai des yeux, stupéfaite.
« Attends, tu te fiches de moi là, c'est pas possible...
— Qu'est-ce-qu'il y a ? Je sais que tu as fait plusieurs Baisers de la Mort au cours de ta carrière, mais quand même... »
Comment lui dire que c'est mon plus haut score à la minute jusqu'à présent, sans que cela ne soit gênant ? Et pourquoi je m'en souviens plus ?! C'est frustrant !
« Non, tout va bien, ne t'en fais pas. C'est juste... étonnant. C'est un score peu commun pour un temps si court. Je vois bien là l'oeuvre d'Irina. C'est elle qui vous a enseigné ?
— Pas exactement. Elle a formé Nagisa à son arrivée, afin d'obtenir des infos sur les points faibles de Koro.
— Oh, alors il a dû faire un score plus élevé avec Kayano.
— Quinze points, pour dix secondes.
— Quoi ?! C'est tout ? Même formé une fois par Irina une seule fois, il aurait dû atteindre les quarante points au moins pour un tel temps. Enfin bon, je suppose qu'il pensait à tous sauf à ça à ce moment-là...
— Je pense aussi. »
J'aimerais tellement pouvoir me souvenir de ce baiser sérieux ! C'est tellement frustrant de ne pas pouvoir s'en souvenir, d'autant plus que c'est mon meilleur score !! Pfff, j'ai vraiment la poisse.
« Je ne t'ai jamais remercié pour tout ce que tu as fait pour moi. Sans toi... je ne serais sans doute pas le même. Alors... merci.
— C'était un honneur de t'aider, tu sais.
— Oui, mais je ne serais sans doute pas aussi sûr de moi aujourd'hui, si tu n'étais pas entrée dans ma vie.
— Avec plaisir Karma. Et si tu as encore besoin de moi, je serais là.
— Il en va de même pour toi. Tu peux compter sur moi désormais, je ne t'abandonnerai plus.
— Tu me le promets ?
— Je te le promet Kiko. », me dit-il avec tendresse, le regard doux.
Son soudain changement de ton et de regard me fit rougir. Cela faisait longtemps qu'il ne m'avait pas appelé comme ça...
J'écarquillai les yeux. Ce que je venais de penser et cette promesse me disaient vaguement quelque chose.
« Karma ?
— Oui ?
— On ne s'est pas dit exactement la même chose après le combat ?
— Je... oui, pourquoi ? Tu t'en souviens ?
— Non, mais j'ai, disons, une impression de déjà vu. »
Si seulement cela pouvait être pareil pour le baiser !
« Tu voudrais t'en souvenir, c'est ça ? », me dit-il soudainement.
Je levai les yeux. Il était légèrement rouge.
« Depuis quand tu es télépathe toi ?
— Depuis que je te connais et que je sais lire dans tes yeux, tu as oublié ? Enfant ou non, on peut toujours décrypter tes pensées en te regardant dans les yeux, sauf quand tu entres pleinement dans un rôle, cela va de soit.
— Tu insinues quoi ? Que je suis toujours une enfant ?
— Non, que tu es toujours aussi incroyable, c'est tout. »
Mais il prend un malin plaisir à me faire rougir lui ou quoi ?!!
« Je... c'était comment ?
— Tu voudrais que je te raconte comment cela s'est passé ? , s'étonna Karma.
— Bah... je... », balbutiai-je.
Mais zuteuh ! Pourquoi j'arrive pas à parler correctement ?
« Je connais un meilleur moyen pour te rafraîchir la mémoire Kiko. »
Je l'interrogeai du regard mais je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il me serra doucement contre lui. Je devins aussi rouge que ses cheveux.
« Si tu ne veux pas, je n'en ferais rien Kiko. », souffla-t-il.
Je n'étais pas du genre à me dégonfler. Peu importe ce qu'il se passera après, je gérerai. Je voulais vraiment savoir. Et puis, c'était Karma. On s'était éloignés avant le début du collège, mais je n'avais plus aucune rancoeur envers lui. Juste ce que je ressentais pour lui. Alors je hochai la tête. Et puis, ce n'était pas la première fois qu'on était si proches, il avait déjà eu quelques tendres affections à mon égard, quand nous étions seuls.
Il se pencha légèrement, puisque je faisais presque sa taille, et il scella nos lèvres. Il passa ses bras autour de ma taille et me colla contre lui. Son étreinte était à la fois douce et puissante, et il m'embrassait comme si c'était la dernière fois. Mes mains étaient posés à plat sur sa veste. Il n'avait pas fermé les yeux et son regard ocre était plongé dans le bleu glace de mes iris. Je lui rendis son baiser avec ardeur, comme si Karma était ma bouée de secours, et que je ne voulais pas qu'il s'éloigne. Ce n'était pas loin de la vérité, il avait le pouvoir de me briser et de me sauver, mais s'il le savait, j'en entendrais parler pendant des années. Je serrai de toutes mes forces les pans de la veste de Karma, ce qui me donna une sensation de déjà vu que je décidai d'ignorer pour un temps.
Nos langues dansaient ensemble, nos souffles n'en formaient qu'un. Karma resserra son emprise sur ma taille et je tirai sur sa veste pour le rapprochai un peu plus de moi. Nos lèvres ne se décollaient que brièvement, le temps de reprendre une bouffée d'air, avant de repartir à l'assaut de celles de l'autre. Je n'avais plus rien en tête, plus rien qui ne concernait pas Karma. Ce garçon me rendait folle depuis toujours, dans tous les sens du terme. Folle de rage, folle de tristesse, folle d'agacement mais aussi folle de joie et d'amour, et c'est ce que mon désir de vengeance m'avait fait oublier. Il m'avait fait oublier qu'il me rendait heureuse et que je tenais énormément à lui.
Dans ma tête, un seul nom tournait. Karma.
PDV Karma
« Karma ?
- Oui ?
- On ne s'est pas dit exactement la même chose après le combat ? »
J'écarquillai les yeux. Elle se souvenait ?!
« Je... oui, pourquoi ? Tu t'en souviens ?
— Non, mais j'ai, disons, une impression de déjà vu. »
Son visage s'assombrit légèrement. Elle semblait vouloir se souvenir de ce qu'il s'était passé et, dans un sens, j'aimerais aussi. C'était la seule fille que j'avais embrassé, et même si c'était pour la sauver au départ, j'avais apprécié. J'aimais de tout mon coeur Akiko, et ce que j'avais fait dans le passé me rendait vraiment furieux.
« Tu voudrais t'en souvenir, c'est ça ? », dis-je en rougissant un peu.
Elle est la seule qui arrive à faire tomber le masque de dur que j'ai tout le temps, la seule qui peut lire en moi, qui peut faire ressortir mes faiblesses.
« Depuis quand tu es télépathe toi ?
— Depuis que je te connais et que je sais lire dans tes yeux, tu as oublié ? Enfant ou non, on peut toujours décrypter tes pensées en te regardant dans les yeux, sauf quand tu entres pleinement dans un rôle, cela va de soit.
— Tu insinues quoi ? Que je suis toujours une enfant ?
— Non, que tu es toujours aussi incroyable, c'est tout. »
Et c'était vrai. Depuis que j'étais enfant, je l'admirais. La première fois que je l'avais vu, je l'avais trouvé incroyable. Elle défendait tout le monde, sans jamais se laisser démonter par les insultes des brutes de l'école. Elle leur rabattait le clapet à chaque fois, et elle prenait un malin plaisir à leur démontrer qu'elle était plus forte qu'eux, et que leurs coups ne lui faisaient rien. Je rêvais de pouvoir devenir aussi fort et assuré qu'Akiko, et pouvoir me défendre, ainsi que les autres. Alors elle avait accepté de m'aider. Cela nous avait pris jusqu'au début de la dernière année de primaire, mais j'étais enfin devenu aussi fort et assuré qu'elle, et je l'avais aidé à protéger et défendre les autres, comme elle l'avait fait avec moi. Grâce à elle, j'avais pu me concentrer sur mes cours sans être dérangé par les brutes, parce qu'ils avaient compris que je ne me laisserais plus faire.
Je reportai mon regard sur Akiko. Elle avait les joues légèrement rouges.
« Je... c'était comment ? , me demanda-t-elle, hésitante.
— Tu voudrais que je te raconte comment cela s'est passé ? , m'étonnai-je, ne m'attendant pas à ce qu'elle me demande.
— Bah... je... », balbutia-t-elle.
Je souris malicieusement. C'était rare de la voir perdre ses moyens, surtout devant moi. L'inverse était tout aussi vrai, je faisais en sorte de ne plus me montrer faible devant elle, je voulais qu'elle soit fière de moi. J'avais envie de m'amuser un peu, mais je ne la forcerais en rien.
« Je connais un meilleur moyen pour te rafraîchir la mémoire Kiko. »
Elle m'interrogea du regard mais ne put répondre quand je la pris dans mes bras. Elle devint aussi rouge que ma tignasse. Je rapprochai mon visage du sien, sans pour autant passer à l'acte.
« Si tu ne veux pas, je n'en ferais rien Kiko. », soufflai-je.
Elle sembla réfléchir un instant avant de hocher la tête doucement. Je lui souris et me penchai un tout petit peu, vu qu'elle était presque aussi grande que moi. Je scellai nos lèvres et passai mes bras autour de sa taille pour la coller contre moi. Je l'embrassai avec la même férocité que la dernière fois, je voulais qu'elle se souvienne de celui-ci. Ses mains étaient posées à plat sur ma veste, mais elle ne se débattait pas cette fois. Elle me regardait dans les yeux, son regard de glace dans le mien ocre. Je l'aimais tellement. Se rendait-elle compte de l'effet qu'elle me faisait ? Je ne voulais pas la lâcher, mais cela semblait réciproque puisqu'elle me rendit mon baiser encore plus ardemment que la dernière fois, comme si elle ne voulait pas que je parte. Mais je ne partirais pas, je l'avais déjà fait assez souffrir, et j'avais suffisamment souffert de ne plus l'avoir à mes côtés. Elle était là maintenant, et je ferai tout pour lui montrer que je ne l'abandonnerai plus.
Je resserrai mon emprise sur elle, alors que nos souffles s'étaient unis, et elle tira un peu plus sur ma veste pour me rapprocher d'elle. Je ne voulais pas me détacher d'elle, ni de ses lèvres. Pour l'instant, je n'avais qu'elle en tête. Elle, cette assassin incroyable aux cheveux améthystes et aux yeux de glace qui m'avaient hanté pendant des années. Elle ne s'en rendait pas compte, mais elle me faisait perdre la tête rien qu'avec son sourire. Je ne voulais plus la perdre, je l'aimais trop. Mais il était trop tôt pour lui dire, pas après ce que je lui avais fait subir en étant lâche.
On finit par se détacher et on finit par reprendre nos esprits tous les deux. On rougit simultanément avant de s'éloigner d'un pas.
« On en parle à personne ?
— Cela me va, répondit-elle, semblant soulagée.
— Ouah ! Quel score vous deux ! », intervint Ritsu.
Akiko récupéra son téléphone pour que l'IA puisse mieux nous voir.
« Ritsu ? Que fais-tu là ?
— Je voulais savoir comment tu allais, mais je ne voulais pas vous interrompre alors je n'ai rien dit. Et je ne dirais rien sur ce qu'il s'est passé, promis.
— Merci, sourit la jeune assassin.
— Mais de quel score parlais-tu ? , demandai-je.
— Celui que vous venez de faire. Vous avez battu votre propre record !
— C'est gênant mais annonce le verdict quand même, histoire qu'on sache.
— Comme tu veux Akiko. Trois cents cinquante points en une minute ! C'est démentiel ! »
Elle se tourna vers moi et j'eus un léger sourire en coin, qu'elle me renvoya. Elle me tendit son poing, et je le cognai avec le mien. On formait une super équipe elle et moi, avant. Et cela n'avait visiblement pas changé. Elle ne l'avait pas dit explicitement, mais j'avais compris que c'était avec moi qu'elle avait eu le plus haut score jusqu'à présent, et j'en étais fier.
PDV Akiko
On continua à discuter un moment puis Karma dut rentrer, les heures de visites étant terminées. Une fois certaine qu'il était loin, je me laissai tomber sur mon lit.
C'était... tellement mieux que ce à quoi je m'attendais. A travers ce baiser, il m'avait fait perdre le contrôle de moi-même, mais pas comme la dernière fois. Cette fois-ci, c'était délicieusement génial.
« Argh ! Reprends-toi Akiko ! Dans quelques jours, tu retournes en cours et il ne faudra pas que tu le laisses voir tes sentiments, c'est trop tôt. Et puis, rien ne dit qu'il n'aime pas déjà quelqu'un ! , me sermonnai-je.
— Je ne suis pas la seule qui est amoureuse à ce que je vois. »
Je levai la tête et vis Kayano. Je rougis aussitôt, honteuse.
« Je ne vois pas de quoi tu parles. », mentis-je en détournant la tête.
Elle sourit légèrement et me força à la regarder.
« Tu sais, c'est valable pour moi aussi, le fait que je sache quand c'est faux ou non. Dis-moi.
— Je pensais jouer la comédie depuis que je suis entrée dans la classe E, surtout auprès de Karma. Mais je me rend compte que non en fait, et que... que j'ai développé des sentiments pour lui... dans un sens, je le savais mais je ne m'étais pas rendue compte que c'était à ce point. Je comprends mieux pourquoi il réussit à me convaincre de quelque chose en un tour de main : c'est parce que je l'aime.
— Je m'en doutais un peu, vous allez bien ensemble en plus. J'espère que les choses pourront changer entre vous, au fil du temps.
— J'espère aussi. Les choses semblent être redevenues comme avant que tu ne dévoiles ton identité, et on a réglé quelques affaires passées qui m'empêchaient de tourner la page. J'ai pris conscience que c'est grâce à lui que je suis à nouveau moi-même, et que je devrais peut-être lui laisser une autre chance. Il a agi en lâche, mais il semble vouloir se faire pardonner. En plus, depuis qu'on est de nouveau proches, il ne m'a jamais abandonné. Cette bataille, même si elle n'a pas eu l'issue que j'imaginais, m'a quand même permis de tourner la page et de poursuivre une relation avec Karma, une relation avec une base beaucoup plus saine.
— Tant mieux alors, je suis contente pour vous. Tu le mérites.
— Merci. J'ai aussi pris conscience qu'il était temps que j'arrête de tuer.
— Attends, quoi ? Mais tu es super douée.
— Laisse-moi finir. Il est temps que j'arrête de tuer pour moi, que j'arrête de tuer pour le plaisir. J'ai pris la décision de tuer pour protéger les autres, pour les défendre, comme je le faisais avant, comme je l'ai fait avec le Dieu de la Mort. Même si je ne tuais pas quand j'étais enfant, avant que je perde les pédales. L'assassinat tel que je le pratiquais avant de vous connaître ne me correspond pas en réalité, ou en tout cas, pas à celle que je suis aujourd'hui.
— Mais c'est génial ! Cela veut dire que tu veux absolument obtenir le contrat de la Défense, c'est ça ?
— Je ne sais pas. D'un côté oui, parce que là-bas, je pourrais mettre mes talents à profit pour protéger et défendre les populations. Je n'ai plus aucune haine ni aucun désir de vengeance en moi. Mais d'un autre côté, je me dis que je pourrais peut-être utiliser mes dons pour rendre les gens heureux. Je suis naturellement douée pour le chant, alors peut-être que je peux l'utiliser pour éclairer le monde, et pas l'obscurcir. Je ne sais pas encore, je dois y réfléchir.
— En tout cas, tu sembles enfin apaisée et sereine, c'est une bonne chose.
— Je te retourne le compliment Kayano. Que vas-tu faire avec Nagisa ?
— Je pense... que je vais continuer à jouer la comédie, à me comporter comme une amie. Je verrais bien où cela nous mène. Et toi, avec Karma ?
— Pareil, jusqu'à ce que j'ai une idée de ce que je compte faire. Hmm... dis-moi, cela te dérange si on se bat en duel au prochain entraînement ? J'aimerais voir de quoi tu es capable maintenant que tes tentacules ne te font plus mal.
— Bien sûr, pas de soucis. »
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