Chapitre 23

PDV Akiko 

Koro dégoulinait de mucus, puisqu'il n'avait pas le droit de se régénérer. Il ouvrit le manuel et le referma presque aussitôt, déposant un papier sur la couverture avec la réponse notée.

« Tadaa ! Problème résolu en un tour de tentacule ! Si vous vous demandez quel est mon secret, sachez que j'ai appris par coeur toutes les pages de ces recueils d'exercices. Les maths m'ont donné du fil à retordre parce que j'ai oublié certains chapitres. J'ai prêté le manuel à une élève il y a longtemps.

— Pourtant, j'ai sélectionné ces recueils au hasard. C'est impossible une chance pareille.

— Rien à voir avec la chance. J'ai mémorisé tous les cahiers d'exercices du Japon. Vous m'avez donné comme consigne de rester immobile pendant que je résolvais les problèmes. Aucune difficulté pour un professeur aussi passionné et rigoureux que moi. Vous pensiez vraiment que voter petit stratagème suffirait à me vaincre ? La défaite de vos élèves a dû vous aveugler de rage. »

Koro fit les exercices des manuels les uns après les autres, sans faire exploser les grenades.

« Malheureusement, j'ai bien peur que cette erreur de calcul vous ait condamné. Il ne reste plus qu'un recueil. A vous de jouer. Akiko, si je ne me trompe pas, c'est la véritable grenade, non ? »

J'écarquillai les yeux. Ce poulpe agissait vraiment comme un assassin, et il était doué. J'avais réussi à surpasser le Dieu de la Mort. Cela voudrait donc dire que, si Koro avait été un assassin... il était au-dessus du Dieu de la Mort ? Waouh !

« En effet, c'est celle-là.

— Alors proviseur Asano, quel effet cela vous fait de contempler votre mort imminente ? Es-ce-que vous voyez défiler votre vie devant vos yeux ? Racontez-moi, quelles sont les dernières images qui traversent votre esprit si brillant ? »

Le proviseur sembla en transe, comme s'il s'était perdu dans ses pensées. Koro le ramena à la réalité, lui disant que, malgré ses talents, cette grenade ne le laisserait pas indemne.

« C'est vous qui avait imposé cette règle débile ! Si vous voulez pas mourir, vous avez qu'à admettre votre défaite ! », cria Yoshida.

Asano senior lui décocha un regard qui le fit crier comme une fille.

« Je ne sais pas si vous tiendrez parole, mais même si vous viriez monsieur Koro, cela ne changerait rien pour nous ! , dit Kataoka.

— On serait un peu triste de quitter notre bâtiment, c'est sûr. Mais dans tous les cas, on suivra monsieur Koro n'importe où. », sourit Kanzaki.

Toute la classe approuva, faisant pleurer le poulpe. Nous comptions bosser jusqu'en mars et maintenir notre classe d'assassins jusqu'à cette période.

Asano senior ouvrit le manuel et la grenade sauta. Cependant, Koro le protégea avec son exuvie.

« Est-ce-que vous avez oublié mon exuvie ?

— Mais elle n'est utilisable qu'une fois par mois. Je ne comprends pas, pourquoi ne pas l'avoir gardé pour vous ? »

Koro lui retira son ancienne peau et la replia.

« Vous en aviez plus besoin que moi. Je vous connais. Je savais qu'après ma victoire, vous n'hésiteriez pas à vous faire sauter.

— Mais comment avez-vous pu le deviner ? , fit Asano en se relevant.

— C'est obligé qu'il ait été un assassin autrefois, mais de quelle trempe ? , pensai-je.

— Nous avons plus en commun que vous ne le croyez. Nous sommes tous les deux tenaces et passionnés par l'enseignement, prêts à nous sacrifier pour modeler de jeunes esprits. Durant les examens, j'ai pris la liberté d'interroger les élèves de votre ancienne école de soutien pour savoir quel genre d'instituteur vous étiez. Ce que je ne m'attendais pas à découvrir, c'est que les méthodes d'éducation que j'essaie d'appliquer étaient les vôtres il y a dix ans. Ceci dit, j'ai eu plus de chances que vous en ayant cette classe. Tous les élèves ici présents se disputent le même objectif, qu'ils soient assassins de base, génie qui joue les idiots ou tout simplement une victime des autres. Mais au lieu de se tirer dans les pattes, ils ont d'eux-mêmes développer un esprit de solidarité hors du commun et instaurer un environnement d'entraide. Permettez-moi de vous faire remarquer, monsieur le proviseur, que c'est vous et personne d'autre qui avez pris l'initiative de créer cette classe E. En fin de compte, vous aviez inconsciemment perpétué l'idéal éducatif que vous poursuiviez autrefois. Vous voyez ce couteau ?", demanda-t-il en levant un couteau anti-sensei. "Je suis la seule personne qu'il puisse tuer. Je n'enseignerai jamais aux enfants à nuire à d'autres humains. Et je ne crois pas me tromper en disant que certains, qui nuisaient autrefois à autrui, pensent même à arrêter de tuer, n'est-ce-pas Akiko ?

— Euh oui, enfin je suis pas encore sûre... , balbutiai-je en voyant les regards braqué sur moi.

— Vous et moi poursuivons la même ambition, éduquer pour laisser vivre, pas pour tuer. Que diriez-vous de continuer sur cette voie ?

— Mes principes pédagogiques ont fait leurs preuves. Durant ces dix dernières années, j'ai pu former un nombre incalculable d'élèves forts. Tant que la même vocation nous anime, et que vous reconnaissez l'efficacité de mon système, je ne vois pas d'inconvénients à permettre à la classe E de rester dans ces locaux. »

Il rangea le couteau dans sa veste et Koro rit.

« Vous êtes toujours trop fier pour admettre votre échec.

— Oh, une dernière chose. Cela vous ennuie si je passe de temps en temps pour tenter de vous tuer, moi aussi ?

— Pas du tout, je suis même content de confier ce couteau à un adversaire de valeur. »

Une fois Asano parti, Kurahashi demanda à Koro quelle était notre récompense. Il nous avoua alors un de ses plus gros points faibles. Il rougit et avoua qu'il n'avait aucune force physique. Il se reposait entièrement sur sa vitesse. Si tout le monde le tenait, il ne pouvait s'échapper. S'il était immobile, un humain seul serait capable de lui bloquer un tentacule. Si on arrivait à choper tous ses tentacules, il serait paralysé et sans défense.

On essaya donc mais ce n'était pas si facile. C'était comme si on voulait prendre des anguilles avec les mains.

Plus tard, Karma et moi allions chez lui pour disputer un match de Mario Kart, dans l'optique de mettre fin au défi. On délaissa nos sacs de cours et on se mit à l'aise, console en main.

« Prête à te faire massacrer ?

— Tu oublies que c'est toujours moi qui te bats Karma ! »

On commença la partie. Je fis démarrer mon kart, qui prit de la vitesse. J'avais tellement joué à ce jeu avec Karma que je connaissais tous les raccourcis. Je pus prendre de l'avance facilement et arrivai première.

« Et voilà ! J'ai gagné !

— C'est vrai, je le reconnais. Je te dois une sortie. Tu veux aller où, et quand ?

— Je dirais bien paintball, mais c'est déjà prévu avec la classe ce week-end, vu qu'on a préféré se concentrer sur les exams.

— Karaoké ?

— Non, on va me reconnaître à cause ma voix. Le shopping, c'est pas trop ton truc, et j'ai pas vraiment besoin de vêtements... on peut juste se faire un ciné et manger en ville, ça te dit ? J'avais envie d'aller voir « Jumanji : Next Level ».

— Cela tombe bien, moi aussi. Tu veux faire ça quand ?

— Si on fait tous nos devoirs vendredi soir, vu qu'on a le paintball samedi, on pourrait faire ça le dimanche. Je pense qu'on a bien mérité un week-end de détente après ces examens monstrueux.

— Je marche, c'est parfait. »

Le lendemain, en cours d'anglais avec Koro, quelque chose attira mon attention sur Kayano. Les autres ne voyaient pas, trop concentrés sur le tableau noir. Je vis deux tentacules sortirent légèrement puis rentrer dans son cou. Tiens ? Maintenant que j'y pensais, le visage de Kayano me disait quelque chose.

Le soir, après avoir fait rapidement mes devoirs, j'allumai mon ordinateur et commençai à pianoter dessus, en prenant soin d'éteindre mon téléphone pour que Ritsu n'intervienne pas. Je lançai mon système de reconnaissance faciale avec une photo de Kayano et le logiciel trouva un correspondance.

« Akari Yukimura, alias Haruna Mase ? Mais que fait une actrice-enfant si célèbre dans notre classe ? »

Pendant toute la nuit, je dus hacker un grand nombre de systèmes pour trouver quelques infos. Mais j'avais encore du travail. Quand Irina me vit blanche comme un linge au matin, elle me demanda si cela allait.

« Oui, j'ai juste pas bien dormi cette nuit.

— Alors reste te reposer ce matin. Si tu te sens mieux, tu pourras venir en classe cet après-midi. J'expliquerai la situation au poulpe et à tes camarades. Est-ce-que quelque chose te travaille ? C'est parce que tu ne sais pas si tu veux te venger de Karma ?

— Un peu. Plus le temps passe, et plus je me dis que cela ne sert à rien de se venger. Mais il m'a fait tellement souffrir, il ne peut pas s'en sortir comme ça. Je dois me venger, mais je ne sais pas encore comment.

— Peu importe ce que tu décides, ne fais rien si tu n'es pas sûre. Vous n'étiez que des enfants à l'époque, et depuis que vous vous êtes réconciliés, il a toujours été là pour toi.

— Je sais. Mais il m'a laissé tomber quand j'avais le plus besoin de lui pour me relever. Je l'avais toujours aidé à garder la tête haute et à se relever. Aujourd'hui, je n'ai plus besoin de personne pour me relever, mais je veux quand même le faire payer. C'est en partie sa faute si je ne peux pas m'empêcher de tuer des gens. La haine et le désir de vengeance que j'ai envers lui m'empoisonne Irina. Je n'irais mieux que quand il aura payé le prix de ses actes.

— Je vois que tu es sûre de toi. Très bien. Je ne ferai rien pour t'en empêcher, et je ne dirai rien non plus.

— Tu es vraiment la meilleure. »

Je la pris dans mes bras et remontai dans ma chambre. Je fis semblant de dormir et, une fois certaine qu'elle était loin de la maison, je continuai mes recherches sur Akari. Je finis par découvrir qu'elle avait une soeur ainée, l'ancienne prof de la classe E. Elle est décédée.

Je poussai mes recherches plus loin et réussis à hacker le système du labo où elle travaillait de nuit. Je pus trouver même quelques infos sur les recherches menées là-bas. Apparemment, des expériences sur l'anti-matière était menée sur un humain. Le jour de l'explosion de la lune, ce sujet d'expérience s'était échappé et Aguri, la soeur d'Akari, serait morte dans la soirée.

Je pris une feuille de papier et un crayon, dessinant quelques schémas.

« Koro a dit qu'il avait détruit la lune. Il est fait en anti-matière. Et il est forcément un être créé artificiellement. Je vois mal ce poulpe tuer quelqu'un. Mais peut-être qu'après tout, il a tué Aguri et que, se sentant coupable, il a demandé à la remplacer. Cela expliquerait pourquoi il aurait voulue enseigner dans notre classe et pourquoi Kayano a changé d'identité. J'en sais assez pour déduire ça. Il ne reste plus qu'à voir avec la principale intéressée. »

Je refermai mon ordinateur et vis l'heure. Il était presque onze heures. J'avais trois heures avant la reprise des cours.

Je me couchai, histoire de dormir un peu. Mon téléphone me réveilla à treize heures et demi. Je descendis manger et fis le plein en bonbons au café, à défaut d'aimer boire ce liquide noir. Je montai ensuite me préparer et mis du maquillage pour camoufler la lividité de mon visage, bien qu'il ait repris des couleurs après deux heures de sommeil. J'allai ensuite enfiler mon uniforme et me coiffai.

Une fois prête, j'attrapai une barre de chocolat, mon sac sur le dos. Je me rendis ensuite à l'école. Heureusement que mon corps était plus ou moins habituée aux nuits blanches avec mon métier d'assassin, même si sa résistance commençait à diminuer, je pouvais le constater.

Sur le chemin, je réfléchissai à comment utiliser ce que j'avais découvert. Kayano voulait sûrement se venger, sinon elle n'aurait pas pris la peine de cacher son identité. Et moi, je voulais me venger de Karma. Il suffisait juste de tuer Koro sous ses yeux, puisqu'il voulait le descendre lui-même, comme il me l'avait dit cet été.

Oui, c'est ça. Allie-toi avec Kayano et venge-toi, avec elle ! C'est un bon plan ! A vous deux, vous réussirez à le tuer !

Je poussai la porte de la classe quelques minutes avant le début des cours. Je rassurai tout le monde sur le fait que ce n'était rien de plus qu'une mauvaise nuit et me mis à ma place.

Lorsque vint l'heure de l'entraînement, et que les autres étaient déjà dehors, habillés, je m'approchai de Kayano. La collégienne était toujours la plus lente à se changer.

« Euh, tu peux y aller, ne m'attend pas Akiko.

— Pas de ça avec moi Akari.

— Co...

— J'ai fait des recherches, ton visage me disait quelque chose. Et c'est aussi parce que j'ai vu tes tentacules hier, en classe. Alors je me suis renseignée.

— Alors tu sais tout ?

— Non pas tout, mais cela m'est égal pour ce que je compte faire.

— T'as intérêt à rien dire ou sinon... menaça-t-elle.

— T'en fais pas, je suis pas venue te dire ça pour ensuite te dénoncer. Non.

— Pour quoi alors ?

— Je veux participer à ton plan.

— Que sais-tu exactement ?

— Que Koro a tué ta soeur, Aguri. Cela m'a pris du temps parce que j'ai dû hacker je ne sais combien de systèmes pour trouver toutes ces infos, c'est pour ça que je n'étais pas là ce matin, j'ai passé toute la nuit et la matinée en faire des recherches. Je n'ai pas tous les détails de ce qu'il se passait dans le laboratoire où Aguri travaillait. Mais j'en sais assez pour me douter que Koro a tué ta soeur et que tu veux la venger. Je veux t'aider.

— Pourquoi tu ferais ça ?

— Tout simplement parce que Karma veut à tout prix tuer le poulpe lui-même. Je veux lui faire payer pour ce qu'il m'a fait, et quoi de mieux que de tuer Koro sous ses yeux ? , dis-je sadiquement.

— Tu me laisseras l'achever ?

— Bien sûr. Et je ne le laisserai pas t'attraper, car il voudra sûrement te retirer tes tentacules quand il saura la vérité. En échange, je ne dirai rien. C'est un deal correct, tu ne trouves pas ?

— Je rêve ou tu me fais du chantage ? »

Je ris légèrement.

« Non, ne t'en fais pas. Je ne comptais rien dire de toute manière, mais au moins tu auras une garantie en acceptant que je t'aide. Cela ne me gêne pas de jouer les sous-fifres si c'est pour me venger de Karma.

— Marché conclu alors. Mais qu'est-ce-que Karma t'a fait ?

— Il m'a laissé tomber, quand j'avais le plus besoin de lui. J'avais toujours été là pour l'aider et le soutenir et, quand j'ai eu besoin qu'il me renvoie l'ascenseur, il m'a abandonné.

— C'est plutôt vague, mais c'est suffisant pour que je comprenne tes motivations. Tu m'en diras plus quand tu le souhaiteras. »

Elle termina de s'habiller et on alla s'entraîner.

Le lendemain, Isogai nous parla du festival de théâtre. On devait se concentrer sur les examens d'admission, et notre délégué avait essayé de le faire entendre à Asano junior. Mais ce dernier lui avait dit qu'il n'y avait aucun problème, car apprendre un texte par coeur permettait de faire travailler sa mémoire et cela faisait partie du programme scolaire. Il ne s'en faisait pas pour nous parce qu'il savait qu'on s'en sortait toujours. Venant de lui, c'était sûrement un compliment.

Karma proposa alors à Nagisa le premier rôle féminin. Je soupirai, il ne changera jamais. Toujours aussi gamin. Kanzaki proposa Kayano, puisqu'elle avait fait un carton au centre éducatif, dans la pièce.

« Euh, je ne suis pas sûre que... , balbutia Kayano, voulant protéger sa couverture.

— Elle ferait un bide ici ! Qui la prendrait au sérieux vu sa taille ? A moins qu'on lui refile le rôle d'une gamine de cinq ans, rit Terasaka.

— La ferme ! »

La verte balança son sac sur Terasaka et annonça qu'elle s'occuperait des accessoires.

Isogai répartit donc les tâches. Mimura serait le réalisateur et Hazama écrira le script. Il demanda des idées pour le rôle principal et Koro se proposa.

« Vous êtes censé être un secret d'Etat !! », crions-nous en lui tirant dessus.

Il nous supplia car il avait toujours rêvé d'être le héros et Hazama accepta de lui filer un rôle central. Il serait discret mais apparaîtrait dans toutes les scènes, ce qui ravit le poulpe.

On allait en mettre plein la vue aux élèves du bâtiment principal.

« Akiko, tu veux te charger d'écrire une chanson ? , me demanda Isogai.

— Mais tout le monde va savoir que je suis Louva...

— Tu n'auras pas à chanter devant tout le monde. On enregistrera un audio et comme Louva est censée être une de nos amis, tous croiront qu'on lui a simplement demandé un coup de pouce. Tu peux aussi bien juste composer une mélodie pour la pièce, fit Karma.

— Je marche alors ! »

Le soir venu, Karma et moi allons chez lui pour faire tous nos devoirs.

« Du coup, dimanche, on se retrouve où et à quelle heure ?

— Hum... la première séance est à onze heures vingt. On peut aller à celle-ci. On se retrouve soit sur place soit devant l'une de nos maisons, répondis-je.

— Cela te va si je passe te chercher à onze heures moins le quart devant chez toi ? Après tout, j'ai perdu le défi.

— Cela me va. »

Après avoir fini nos devoirs, on fit une petite partie de jeux vidéos avant que je ne rentre chez moi. J'étais épuisée. J'allais devoir me coucher tôt pour être en forme pour la sortie du lendemain.

Samedi matin. J'étais en train d'essayer de me faire une queue de cheval haute avec mes boucles mais mes cheveux étaient indomptables. Quelqu'un sonna à la porte.

« J'arrive ! »

Elastique entre les dents, une main retenant mes cheveux en l'air, j'ouvrai la porte et tombai sur Nakamura et Yada.

« Coucou, on dérange ? On se disait qu'on pourrait aller au paintball ensemble. », me dit Nakamura.

Je retirai l'élastique de mes dents et retentai ma chance.

« Non, ça va. Mes cheveux sont juste saoûlants, ils sont indomptables ce matin.

— Je vais t'aider. », sourit Yada.

En deux temps trois mouvements, mes boucles violettes étaient parfaitement relevées en queue.

— Merci, c'est beaucoup mieux.

— Au fait, c'est demain ton rencard avec Karma ? , sourit malicieusement Nakamura.

— Ce n'est pas un rencard, mais une sortie entre meilleurs amis ! », m'offusquai-je.

Elle me regarda, sceptique, avant de me dire qu'elle passerait chez moi avant que je ne le rejoigne. Voyant que c'était impossible de discuter, j'abdiquai.

On retrouva toute la classe, devant la forêt où allait se dérouler la partiel. On paya nos entrées au stand installé et on s'arma. On fit deux équipes : Karma et moi à la tête d'une, et Isogai et Katoaka à la tête de l'autre. Voilà comment on était constituées les équipes :

Equipe 1

Leaders : Karma et Akiko
Membres : Kayano, Kimura, Kurahashi, Sugino, Itona, Kanzaki, Maehara, Sugaya, Hayami, Okano, Okuda

Equipe 2

Leaders : Isogai et Kataoka
Membres : Nakamura, Yada, Takebayashi, Okajima, Terasaka, Muramatsu, Yoshida, Hazama, Chiba, Hara, Mimura, Nagisa

« Les équipes sont pas un peu inégales là ? voulut savoir Takebayashi.

— Non, nous avons tous des atouts et des faiblesses. Et puis, c'est vous qui avez choisi vos équipes, rappela Isogai.

— Ben en fait... protesta Nagisa avant que Nakamura ne l'oblige à se taire.

— Bon, la partie va bientôt commencer. Allons-y ! »

PDV Nakamura

La partie commença. Avec Yada, on avait monté un plan pour isoler Karma et Akiko. On avait impliqué toutes la classe et j'avais forcé Nagisa à être dans notre équipe. Il nous fallait bien un vrai assassin dans le lot pour que notre « essai » de concurrencer l'équipe d'Akiko soit crédible. Ritsu allait nous aider à communiquer avec les élèves de l'équipe de l'assassin, sans que Karma et elle ne soient au courant.

On s'éparpilla das la forêt. L'arbitre annonça le début du jeu et des balles de peinture touchèrent aussitôt Terasaka et Yoshida. D'autres furent tirées mais on les évita. Akiko avait dû demander à Hayami de tirer dès qu'elle le pouvait, depuis les arbres afin d'être cachée.

Notre équipe se divisa en deux, avec un délégué à la tête de chacune d'elle.

« Nakamura, Akiko et Karma sont tous les deux dans des arbres pour adapter leur stratégie en fonction de la situation, me signala Kayano.

— Ok, c'est quoi votre stratégie pour le moment ?

— On est par groupe de deux éparpillés dans la forêt. », répondit Kanzaki. « Comme aux entraînements, Akiko nous laisse le devant de la scène en nous donnant uniquement une stratégie, et Karma suit son avis.

— Alors éparpillez-vous encore plus, le plus loin possible de leur position. On va s'éliminer un peu les uns les autres pour que ce ne soit pas suspect.

— Tu es vraiment sûre de ton coup ? Akiko a bien précisé que Karma n'était qu'un ami, fit Okuda.

— Akiko sait mentir comme elle respire, mais pas concernant Karma. Ce n'est pas pour rien que Karma arrive si vite à la convaincre de quelque chose. Si l'un de nous disait la même chose, elle ne nous écouterait pas. En plus, quand ils se croient seuls, il leur arrive d'être bien plus proches que de simples amis, comme lors de l'anniversaire d'Akiko ou durant la fête.

— Comme tu veux. », soupira Kayano.

PDV Akiko

« Alors ? , me demanda Karma, dans un arbre en face de moi.

— Il y a personne dans le coin.

— Ok. Ritsu, des nouvelles de notre équipe ? , fit le rouge à l'IA, sur son téléphone, qui avait choisi d'aider les deux équipes.

— Aucune, mais cela veut sûrement dire qu'ils ne sont tombés sur personne. C'est bon signe.

— On va les dégommer. », souris-je.

Je sentis alors les auras de Hazama, Chiba, Hara et Mimura. Je fis un signe de tête à Karma et on se prépara à tirer. Les quatre formaient un cercle, dos les uns aux autres et armes prêtes à tirer.

Je me basculai en arrière, maintenue sur la branche par mes jambes. Je tirai la tête à l'envers en plein dans la poitrine de Chiba et Hazama, tandis que Karma tirait sur les deux restants. Eliminés, ils sortirent du terrain.

Si on dégommait ceux qui arrivaient jusqu'ici et que les autres membres de l'équipe descendaient tous les adversaires qu'ils croisaient, cela allait être rapide. Cependant, au bout de quinze minutes, nous n'avions aucune nouvelle de nos alliés. On demanda alors à Ritsu de les contacter pour s'assurer qu'ils allaient bien.

« Ils vont tous bien, ils ont juste été occupés avec les attaques des adversaires. Seulement, la moitié de notre équipe a été décimée, tout comme la moitié de l'autre équipe, annonça Ritsu.

— Tant mieux, on devrait s'en sortir. Isogai et Kataoka sont toujours debout ?

— Seulement Isogai d'après Hayami.

— Tu veux qu'on intervienne maintenant Akiko ?

— Pourquoi ? Ils se débrouillent très bien sans nous. Cette partie les aide à s'améliorer en assassinat dans un sens, nous sommes juste là pour leur donner la stratégie quand l'ancienne ne fonctionne plus. Ce ne serait drôle pour personne si on y allait aussi. On descendrait tout le monde presque aussitôt.

— Tu n'as pas tord. Mais cet arbre n'est pas l'endroit le plus confortable pour attendre.

— Oui, je te l'accorde. Je ne détecte personne pour le moment, on peut descendre. On remontera quand des gens viendront. »

On descendit de nos arbres respectifs et on se rejoignit.

« Tu avais déjà tiré la tête en bas ?

— Bien sûr. Pourquoi ?

— Je ne sais pas... dans ce genre de choses, tu sembles être dans ton élément, d'après ce que j'ai pu remarquer.

— Oui, cela se rapproche plus ou moins de ce que je fais quand je suis en mission, même si le décor change. »

Je me tournai pour admirer la forêt. Karma me prit alors dans ses bras, mon dos fut collé contre son torse.

« Karma ? , rougis-je.

— Je ne crois pas te l'avoir dit... mais j'aime beaucoup la nouvelle Akiko, celle qui laisse voir ses faiblesses à ses amies, celle qui rend le monde heureux en chantant. », souffla-t-il contre ma nuque.

Il nicha sa tête dans mon cou et je frissonnai en sentant son souffle chaud contre ma peau. Il commença à embrasser doucement mon cou et je fermai les yeux. Je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça de plus en plus souvent, mais je ne voulais pas qu'il arrête.

« Karma... », soupirai-je quand il mordilla tendrement la peau de ma nuque.

Je le sentis sourire contre ma peau. Ses attentions étaient à la fois tendres et possessives. Je me retournai pour être face à lui et il reprit ses baisers dans mon cou. Je laissai courir mes doigts sur son haut, sa veste étant ouverte. Il frissonna lui aussi et mit plus d'ardeur dans ses attentions. Je ressentis alors la présence d'un certain poulpe. Mes instincts d'assassin se réveillèrent.

« Karma, y'a Koro dans le coin, lui murmurai-je.

— Tu veux essayer de le buter ?

— Oui.

— Qu'est-ce-que je peux faire ?

— Continue, il ne doit pas se douter qu'on l'a repéré.

— C'est pas plutôt parce que tu aimais ça ? , fit-il malicieusement.

— La ferme Karma. »

Pendant qu'il continuait, je glissai doucement ma main sous ma veste, afin que cela ne se voit pas. Mes doigts se refermèrent sur une de mes armes anti-sensei. J'utilisai ensuite mon sonar pour savoir où il était.

« Localisé. », soufflai-je à Karma.

Il relâcha la pression sur mon corps. Je me retournai rapidement, dégainant mon arme et tirant. Je fis mine de viser précisément son coeur et tirai dans son épaule. Les circonstances n'étaient pas bonnes pour que ma vengeance fonctionne si je le tuai maintenant. D'ici à ce que Kayano agisse, il fallait qu'il reste en vie.

« Zut ! , marmonnai-je en faisant semblant d'être déçue, alors que Koro partait.

— On finira par l'avoir. », me sourit Karma.

On demanda à Ritsu de localiser les élèves. L'heure du déjeuner était largement dépassé et nos ventres criaient famine. Karma et moi décidâmes alors d'en finir avec cette partie pour aller manger. Une fois les élèves localisés, on se sépara et on dégomma tous nos ennemis avant de nous regrouper.

« Super partie, c'était drôle. On devrait se faire cela plus souvent, sourit Kayano.

— C'est vrai, c'était amusant. Mais j'ai faim !! , fis-je.

— Allons-y alors, Princesse ! », rit Karma en me faisant un clin d'oeil. « On va nourrir ce monstre qu'est ton estomac. »

Je ris et on sortit de la forêt, rendant les armes.

« Au moins, on est tous relookés ! », plaisantai-je en désignant nos vêtements avec des tâches de peinture colorées.

On décida de rester comme ça et on alla d'aller dans un fast-food pour manger tous ensemble. On dut prendre à emporter, car il n'y avait pas la place pour tout le monde. On s'installa donc dans un parc public.

« Bon, on fait quoi après ? , demanda Karma.

— Il paraît qu'il y a un flashmob à quinze heures, ici. », informa Kanzaki. « On pourrait peut-être y participer.

— Cela pourrait être sympa. On s'était éclatés à la fête de l'école, quand Louva faisait les flashmob. », approuva Nagisa.

La classe accueillit cette proposition avec joie et on digéra un peu en attendant. Lorsque quinze heures sonna, deux filles arrivèrent et préparèrent leur flashmob. Elles lancèrent la musique et commencèrent à danser. On les rejoignit tous assez rapidement et, bientôt, on fut des centaines à danser en rythme.

https://youtu.be/FFtzqqgE3kA

Tout le monde se dispersa et notre classe décida d'aller faire du lèche-vitrine, à la demande de Nakamura. On se sépara en petits groupes, certains faisant les magasins et d'autres s'éparpillant dans les différents endroits, comme la salle d'arcade. D'ailleurs, c'est là que j'étais avec Karma, Itona et la bande de Terasaka.

« Tu as une personnalité assez étrange Akiko, dit Itona.

— Ah bon ?

— Oui. Tu aimes à la fois les trucs de fille et les trucs de garçon, comme les jeux vidéos.

— Ce n'est pas parce que les filles aiment des trucs à tendance masculine qu'elles sont étranges pour autant. Les jeux vidéos et les films de super-héros, c'est pour tout le monde, pas juste les garçons. Le sexisme sérieux !!

— Je vois que tu as gardé ton sens du féminisme, constata Karma.

— Ouais. C'est pas parce que je suis une fille que je ne peux pas pour autant être la meilleure assassin... ou la meilleure aux jeux vidéos ! J'ai gagné Itona. », souris-je, victorieuse. « Les métiers dangereux comme l'assassinat sont considérés par beaucoup comme à tendance masculine, mais les femmes font de bien meilleures assassins, parce qu'elles sont plus rusées.

— Oui, pardon, je me suis mal exprimé.

— C'est rien, j'ai l'habitude. J'ai fait des missions dans des pays où la femme était considérée comme un objet. »

Après une heure ou deux de jeux, tout le monde se regroupa et on choisit d'un commun accord de mettre un terme à notre journée, le soleil commençant à se coucher.

« Akiko, Yada et moi dormons chez toi !

— Si tu veux Nakamura.

— C'était pas une question ! Aller ! »

Une fois confortablement installée dans ma chambre, on commença à discuter.

« Dis, je me demandais... j'ai remarqué que Karma arrivait à te convaincre incroyablement facilement, personne d'autre n'arrive à te convaincre de quelque chose, à part lui. Tu sais pourquoi ? , m'interrogea Yada.

— Je suppose que c'est parce qu'on a fait un bout de chemin ensemble, avant de s'éloigner l'un de l'autre. », mentis-je.

La vérité, c'était que je ne savais pas vraiment. Je me doutais bien que c'était en lien avec les moments intimes que l'on partageait de temps à autre, et c'était ce qui me faisait peur. Plus le temps passait et plus mes convictions s'effritaient. Mais ces poisons perfides me poussaient à me venger, en retournant le couteau dans la plaie et en me rappelant sans cesse le mal qu'il m'avait fait.

Le lendemain, je me préparai pour la sortie avec Karma. J'étais présentement dans la douche, laissant mes amies seules dans ma chambre. L'eau chaude coulait sur ma peau et me faisait un bien fou. C'était le seul moment où la seule chose que j'avais à l'esprit était le sentiment de bien-être que je ressentais. Il n'y avait pas de rouge qui me faisait rougir en un tour de main, pas de blonde envahissante voulant me caser avec mon meilleur ami, pas de vengeance, pas de haine, pas d'assassinat. Juste un profond sentiment de paix et de sérénité. Malheureusement, toute bonne chose avait une fin...

Je coupai l'eau et sortis de la chaleur de la douche. Je me séchai et enfilai un peignoir avant de retourner dans ma chambre.

« On a choisi ce que tu allais mettre ! , sourit Yada.

— Et tu n'as pas le droit de protester. Va enfiler ça !! »

Nakamura me mit dans les bras des vêtements et une paire de chaussures avant de sortir avec Yada. Je clignai des yeux, hébétée, avant de m'exécuter. J'enfilai les collants, la robe puis je mis les chaussures. Je rougis comme une malade en voyant la longueur limitée de la robe.

Nakamura et Yada entrèrent alors et s'occupèrent de mes cheveux, alors que je protestai.

« Vous voulez que je chope la crève ou quoi ? C'est quoi cette tenue sérieux ? J'ai jamais vu ça dans mon armoire !!

— On les a acheté hier, répondit la blonde.

— Et mon avis ?? »

Elles m'ignorèrent et coiffèrent mes boucles en chignon avant de mettre un bandeau rouge surmonté d'un noeud. Elles me maquillèrent un peu et me firent mettre une ceinture de la même couleur que le bandeau.

« Parfait ! », approuvèrent les deux collégiennes.

Je protestai mais elles me pointèrent l'horloge. Je n'avais plus le temps de me changer, Karma allait arriver d'une minute à l'autre.

« Je vous descendrai un jour ou l'autre, soyez-en sûres ! »

Je farfouillai dans mon armoire et trouvai mon trench-coat violet. Il était assez long pour fournir la longueur supplémentaire décente. Je l'enfilai et l'attachai avant de chasser mes amies de chez moi. Je vis Karma, alors je pris mon sac à main et embrassai Irina avant de quitter la maison.

« Je ne t'ai jamais vu avec cette veste.

— J'ai... comment dire... été contrainte à le mettre.

— Pourquoi ? »

Je rougis et détournai la tête.

« Nakamura ? , soupira Karma.

— Ouais, avec Yada. Cela fait un bout de temps qu'elle essaie de nous caser ensemble.

— Sérieux ? »

Je hochai la tête.

« Y'a pire, non ? Imagine si elle voulait te caser avec Asano ! , grimaça le rouge.

— Pitié !! Elle serait déjà six pieds sous terre présentement si c'était le cas. T'es mon meilleur ami, on va pas se prendre la tête avec ça. Si on doit être ensemble, on le sera et puis c'est tout. Regarde ! On arrive au cinéma !! »

Je lui pris la main et on courut pour aller acheter nos places. Il nous paya du popcorn avant d'aller à nos places. Je détachai ma veste, afin de ne pas avoir trop chaud. Je fus tentée d'enlever ma veste vu comment la salle était chauffée, mais je ne voulais pas mettre mal à l'aise le rouge avec cette tenue tout sauf décente.

« Mon but est de m'amuser avec lui avant de me venger, pas de le séduire... », pensai-je amèrement, bien que l'idée ne soit pas mauvaise.

Au final, je retirai ma veste et la mis sur mes jambes.

« Rouge et violet... j'aime bien l'assortiment des couleurs. Mais j'arrive pas à croire que Nakamura t'ait forcé à porter une telle robe alors qu'on ne va qu'au cinéma. Elle veut que tu te fasse violer ou quoi ?

— Quiconque me touchera sans mon consentement se prendra une balle dans les bijoux de famille, rétorquai-je.

— Je n'en doute pas. », rit Karma. « Tu voudras qu'on passe chez toi pour que tu puisses te changer après ? Pas que cela me déplaise mais tu es encore plus gênée qu'à ton anniversaire. Enfin... je veux dire... »

Il rougit et fuit mon regard.

« Non, c'est bon. On ne va pas perdre du temps avec ça. Cela aurait été plus dérangeant si on était en été. Et puis, si t'aimes bien, j'ai pas vraiment de raison de me changer en fait. On est là pour s'amuser, non ?

— Oui, tu as raison. »

PDV Karma

Le film commença. Akiko était happée par l'histoire, mais je devais avouer que j'avais beaucoup de mal à suivre. Je préférais largement contempler discrètement la déesse qui était à mes côtés, et qui me servait de meilleure amie. Nakamura avait fait fort sur la tenue du jour. Non seulement Akiko portait sa couleur préférée et la mienne, mais en plus elle était diablement sexy.

Je ne voulais pas que quelqu'un d'autre la voit dans cette tenue, je ne voulais pas que d'autres garçons posent les yeux sur elle. Une seule pensée me traversait l'esprit.

Je veux qu'elle soit mienne.

Rien que l'imaginer avec d'autres garçons me rendait fou. J'avais beau essayé de le nier, j'aimais Akiko. Je l'aimais bien plus qu'une amie, et les attentions dont je la gratifiais de plus en plus quand nous étions seuls ne me permettaient plus de rester dans le déni. Si cela ne semblait pas lui déplaire, elle me considérait comme son meilleur ami, rien de plus.

« C'est mieux que rien. Je préfère être son ami que rien du tout. »

A la fin du film, elle remit sa veste et la boutonna pour cacher sa mini-robe. Une fois hors du cinéma, elle s'arrêta un instant.

« Karma... je ne veux plus aller au restaurant en fait. J'ai pas envie de me taper la queue pour commander ou l'attente pour avoir notre repas.

— Moi non plus en fait, j'ai la flemme. On peut manger chez moi si tu veux, mais je ne suis pas doué en cuisine. Nagisa dit souvent que c'est immangeable.

— Haha, je m'occupe de ce détail. Allons-y. Tes parents sont toujours en voyage ?

— Ouais, ils ne viennent que très rarement. Déjà que je les voyais pas beaucoup quand j'étais enfant. J'ai appris à être autonome et ils me versent de l'argent tous les mois pour que je subvienne à mes besoins, ils paient les factures de la maison. Je n'ai pas à me plaindre.

— C'est vrai que je les ai jamais vu, maintenant que tu le dis. »

Une fois arrivés chez moi, elle s'empressa de regarder le contenu du frigo.

« Il n'y a que des nouilles instantanées. Tu as pensé à varier ? Les pizzas, c'est super bon.

— J'avais prévu de la faire dans la semaine en fait, mais je me suis rappelé après coup que je savais même pas cuire des pâtes alors...

— Bon, je vais la faire, vu qu'il y a tout. Cela risque d'être un peu long par contre. »

Elle regarda sa tenue, essayant de juger si elle serait assez à l'aise pour cuisiner.

« Je peux te prêter des vêtements si tu veux. Il reste quelques vêtements à ma mère dans ses placards, et vous faites la même taille.

— Je ne voudrais pas m'imposer...

— Tu es ici chez toi, tu sais. Tu es presque tout le temps ici de toute manière, t'es plus en état de dire que tu t'imposes en fait. Tu vis presque ici.

— Tu n'as pas tord.

— Bon, je vais te chercher ça. »

Je montai les marches menant à l'étage et fouillai dans l'armoire de ma mère. Comme je m'en doutais, il y avait quelques jeans et quelques tee-shirts. Je pris un pantalon, jugeant que mon amie rentrerait dedans. Cependant, je me rappelai que ma mère avait une poitrine moins volumineuse qu'Akiko, elle n'allait donc pas rentrer dans les hauts qui étaient dans l'armoire.

Je me dirigeai donc vers ma propre chambre pour en sortir un pull rouge. Je descendis ensuite avec le tout.

« Tiens.

— C'est pas un de tes pulls ça ?

— Si, mais disons que tu ne serais pas rentrée dans les hauts de ma mère. »

Elle hocha la tête et alla dans la salle de bain pour se changer. Elle revint quelques instants plus tard, changée. Mon pull, légèrement trop large pour elle, dévoilait une de ses épaules dénudées et lui faisait un léger décolleté. Son chignon, parfait un peu plus tôt, s'était presque complètement défait. Elle avait retiré sa robe et les collants, ainsi que le bandeau dans ses cheveux. Elle rangea sa tenue précédente dans son sac, pieds nus.

« C'est beaucoup mieux, merci Karma. Tu veux m'aider à cuisiner ? Je te dirai quoi faire.

— Pourquoi pas. »

Elle souffla sur une mèche de cheveux et la coinça derrière son oreille. On commença à cuisiner, Akiko me dirigeant afin que je ne fasse pas flamber la cuisine. On rit du fait que Nagisa et Kayano étaient trop timides pour s'avouer qu'ils s'aimaient et que l'ambition de Nakamura de former des couples était équivalente à celle du poulpe.

« Et voilà ! Il ne reste plus qu'à attendre que ça cuise ! », annonça finalement Akiko, après avoir enfourné la pizza dans le four. « Tu veux faire quoi en attendant ?

— On pourrait se choisir un film à regarder, non ?

— Mais on est sortis du cinéma y'a une heure et demi. Tu veux vraiment regarder un autre film ?

— Tu n'as pas totalement tord. On se fait un Mario Kart ?

— Je vais paraître énervante, mais on sait tout les deux qui va gagner. Tu as de nouveaux mangas depuis cet été ?

— Oui, viens voir. »

On alla dans ma chambre et je lui montrai mon étagère de mangas.

« Ouah, trop bien !! Tu dois vraiment t'éclater à lire tout ça ! Je suis plus romans, personnellement, mais lire des mangas, c'est bien de temps en temps.

— Je ne savais pas que tu lisais des romans.

— A force de voyager, je me suis mise à lire des romans dans différentes langues, pour faire passer le temps dans les avions. Entre ce que je lisais pour le plaisir, et ce que mes instructeurs me donnaient à lire, j'avais de quoi faire.

— J'ai cru comprendre que tu n'étais jamais allée à Kyoto, c'est vrai ?

— Alors Nakamura te l'a dit ? Oui, c'est vrai, mais j'aimerais beaucoup y aller. Ne serait-ce que pour tester les bains. », me sourit-elle. « Au fait, j'ai écris une chanson qui parle de notre classe, tu veux écouter. ?

— Evidemment ! »

Elle sortit son téléphone de la salle et mit de la musique.

https://youtu.be/Oq_4hj9RrGg

« Mais c'est génial !! Tu as vraiment du talent, mais ce n'est plus un secret pour personne. »

Elle rougit légèrement et replaça une mèche de cheveux derrière son oreille.

« Merci. Je le ferai écouter aux autres un de ces quatre.

— Pas besoin. »

J'agitai mon propre téléphone avec un sourire en coin. Sa réaction ne se fit pas attendre.

« Tu m'as filmé ?! Tu viens de vivre ta dernière heure Akabane !!! », s'énerva-t-elle faussement.

Une course poursuite dans toute ma maison s'ensuivit. Si elle était plus rapide, agile et endurante que moi, je connaissais cet endroit comme ma poche, ainsi que toutes ses cachettes. Sur ce genre de terrain, on était à égalité.

« Tu connais peut-être cet endroit comme ta poche, mais n'oublie pas que je peux te localiser en une seconde. »

Au bout d'une vingtaine de minutes, elle finit par m'avoir et me mit au sol. Nous étions dans le salon. Elle se mit sur moi pour m'empêcher de bouger.

« Donne-moi ce téléphone !

— Trop tard, je l'ai envoyé à toute la classe.

— Espèce de... »

Le four l'interrompit, signalant que notre repas était prêt. Elle se releva, vive comme l'éclair, pour aller sortir la pizza du four. Elle posa la plaque sur le plan de travail.

« Tu peux mettre la table Karma ?

— Bien sûr. »

Je m'exécutai, pendait qu'elle mettait la pizza dans une grande assiette. Elle la découpa ensuite en deux et déposa le plat sur la table de la salle à manger. On s'installa et on prit chacun une part avant de commencer à manger.

« C'est super bon. En tout cas, ça change des nouilles instantanées, plaisantai-je en portant mon verre d'eau à mes lèvres.

— Merci. J'ai mis du sang humain à la place de la sauce tomate. Cela donne un meilleur goût je trouve. »

Je recrachai l'eau que je n'avais pas avalé, choqué. Elle avait dit ça tellement sérieusement.

« Attend, quoi ?! »

Elle rit et me prit en photo. Elle pouffa encore plus.

« Regarde ta tête ! C'était beaucoup trop tentant !! »

Elle pianota sur son appareil et je reçus aussitôt une notification du groupe instagram de notre classe sur mon portable.

« Sérieusement ?

— Roooh, t'es pas drôle. Je plaisantais Karma, je suis pas un vampire. En revanche, toi, vu tes canines, on pourrait se demander. »

Elle sourit, montrant de ses indexs ses propres dents.

« Elles ont quoi mes canines ? Aux dernières nouvelles, elles te faisaient de l'effet. », rappelai-je avec un sourire en coin.

Elle devint aussi rouge que le pull.

« Dans tes rêves Karma. », marmonna-t-elle en regardant le sol.

Une avalanche de notifications agita nos téléphones respectifs. Tous réagissaient sur la vidéo d'Akiko et ma tête sur la photo. Certains demandaient ce que faisait Akiko avec mon pull sur le dos et d'autres ce qui m'avait conduit à faire cette tête. Et Okajima et Maehara s'extasiaient sur le fait que ma meilleure amie était sexy comme ça.

« Oh, j'ai une trop bonne idée !! », s'exclama Akiko, un sourire de diablesse au visage.

Je haussai un sourcil, l'invitant à continuer.

« Et si on leur faisait croire qu'on était vraiment en couple ? Nakamura arrêterait de nous embêter avec ça, et le reste de la classe aussi. Tu n'as pas trouvé suspect qu'on soit aussi longtemps tout seuls et sans nouvelles de notre équipe hier ?

— Si un peu, tu crois que Nakamura les aurait tous embarqué dans cette histoire ?

— Possible. Je n'en suis pas sûre, et Ritsu refuse de parler. Ce qui est d'autant plus suspect.

— Bon, on va essayer. Au pire, on se terrera pendant des siècles sous nos couettes ! , ironisai-je.

— Idiot !

— Comment tu veux t'y prendre ?

— Avec eux, il suffit qu'ils nous voient nous tenir par la main pour qu'ils se fassent des films...

— Tu n'as pas tord. »

Elle prit son téléphone et me prit la main, avant de prendre une photo. Elle mit en légende « Karma et moi, on est ensemble ! » et l'envoya dans le groupe.

« La grenade est lancée. Elle va exploser dans trois... deux... un... »

Comme pour appuyer ses mots, un « QUOIIIIIIIIII ?!!!!!! » de la part de Nakamura apparut à l'écran, suivis des réactions des autres, qui nous félicitaient et tout.

« Ils sont vraiment naïfs, j'aurais jamais cru qu'ils mordraient à l'hameçon si vite, m'étonnai-je.

— Moi si. Une simple mise en scène peut faire croire beaucoup de choses. J'ai réussi à vous faire croire que j'avais changé de camp, ne l'oublie pas.

— Je n'y ai pas vraiment cru.

— Ah bon ?

— Je te connais trop pour ça. Et la suite des événements m'a donné raison.

— Une telle confiance, ça me flatte ! , sourit-elle.

— Ne prends pas la grosse tête surtout, tu ne serais plus aussi jolie. »

Encore une fois, elle prit la même teinte que le pull. C'était tellement facile de la faire rougir, c'en était presque drôle.

« Par contre, Okajima doit se calmer là. Il veut que j'enlève le pull et que j'envoie une photo !! », souffla Akiko, agacée.

Elle lui envoya un bon gros « ESPECE DE PERVERS !!! » qui le calma direct.

« Tu sais, on t'a déjà vu avec moins que ça à ton anniversaire.

— Tu vas pas t'y mettre quand même ?! Je ne mettrai jamais de tels vêtements de mon propre gré, ou en tout cas, pas en public.

— Je le sais, je ne faisais que plaisanter. Aller, viens. Terminons de manger. »

On se remit à table et le reste de la journée se passa super bien. On avait fini par éteindre nos portables pour pouvoir profiter du moment présent. On passa l'après-midi à jouer à des jeux vidéos auxquels on n'avait pas encore joué.

L'heure de se séparer arriva beaucoup trop rapidement à mon goût. Mais nous avions cours le lendemain, elle ne pouvait pas s'éterniser.

« Garde les vêtements, tu me les rendras une autre fois. Il fait trop froid pour que tu rentres avec tes habits.

— Super, merci. »

Elle prit son sac et mit sa veste. Elle m'embrassa alors la joue.

« Merci pour cette journée, je me suis beaucoup amusée.

— Moi aussi, c'était hilarant. On se voit demain.

— Oui. », approuva Akiko dans un vigoureux geste de la tête.

Elle me salua et rentra chez elle. Je refermai ma porte, un sourire béat et idiot aux lèvres. Je me mis devant la télé et regardai des animés sur Netflix, vu que je n'avais rien d'autre à faire.

PDV Akiko

Lorsqu'on retourna à l'école le lendemain, toute la classe nous tomba dessus.

« Pourquoi vous n'avez pas répondu ?? », cria Nakamura.

Karma et moi, on se regarda avant d'éclater de rire.

« Vous vous moquiez de nous en fait, hein ? , devina Nagisa.

— Perspicace, mon p'tit Nagisa. Et vous êtes tombés dans le panneau, c'était beaucoup trop drôle, ris-je.

— Il y avait quatre-vingt pour cent de chances que ce soit un canular. », intervint Ritsu.

La classe soupira, ce qui nous fit encore plus rire. Koro débarqua alors et le cours commença.

Le jour du festival de théâtre arriva. Nous passions durant la pause-déjeuner. La chanson que j'avais écrite et enregistré commença alors et des jeux de lumières balayèrent la scène, avant de se réunir sur la tête de Koro, qui avait pris l'apparence d'une pêche. Puis des projecteurs s'allumèrent sur Kanzaki.

« Une pêche. Les médecins n'ont jamais vu une chose pareille. Mais l'échographie est formelle : un enfant grandit à l'intérieur. », dit Kanzaki.

Un projecteur s'alluma sur Sugino et Ritsu, la narratrice, poursuivit.

« En entendant cette nouvelle, les yeux du vieil homme se mirent à étinceler. Il avait aussitôt compris la valeur de cette pêche.

— C'est incroyable ! Une pêche qui porte un enfant ! Les gens vont venir des quatre coins du monde pour voir ce miracle ! Je vais amasser une vraie fortune !! »

Une demande de divorce fut alors projetée au mur.

« Cela faisait longtemps que la femme pensait à quitter son mari. La cruauté de celui-ci et son mépris pour le bien-être du bébé achevèrent de la convaincre. Elle ne supporterait plus son égoïsme une seule seconde de plus. Leur mariage était terminé, pour de bon. Entre eux s'était créé un gouffre aussi large que la rivière où elle avait lavé son linge pendant trente ans, sans même un remerciement. »

Des billes bleues créèrent une rivière sur le mur.

« L'atmosphère toxique qui les entourait paraissait aussi étouffante que le CO2 dégagé par les bûches de leur cheminée.

De la fumée arriva sur scène.

« Très bien, mais cette pêche m'appartient. Je suis le chef de famille et, que ça te plaise ou non, c'est moi qui décide du partage des biens communs !! », s'écria Sugino.

Takebayashi et Katoka, représentant les avocats de Kanzaki, arrivèrent.

« Des avocats, dit Ritsu.

— Bonjour, nous représentons votre femme. Merci de vous adresser à nous pour toute requête dorénavant, récita Takebayashi.

— En ce qui concerne cette pêche, vous ne pourrez pas vous l'approprier aussi facilement. Votre couple est ruiné depuis tant d'années qu'il ne reste aucun bien à vous partager. D'autre part, votre ex-femme entend bien vous réclamer des dommages et intérêts pour harcèlement moral, ajouta Kataoka.

— Durant trente ans, il avait agressé sa femme verbalement et physiquement. Il ne subvenait plus aux besoins du foyer et elle avait conservé toutes les preuves de ses écarts de conduite. L'homme n'eut pas la moindre chance au tribunal. Les villageois qu'il avait engagé pour l'intimider furent vite arrêtés par la police. »

La scène changea, ne laissant plus que Kanzaki sur scène.

« La femme rapporta la pêche dans sa nouvelle maison. Elle se sentait apaisée, comme si on l'avait libéré de ses chaînes. Et elle se réjouit de la seconde vie qui l'attendait auprès de la pêche. »

La scène changea de nouveau, ne laissant plus que Sugino et trois élèves déguisés : Itona en faisan, Okajima en singe et Maehara en chien. Ils mangeaient la nourriture au sol.

« Un chien, un singe et un faisan. Le vieil homme leur fit prendre goût à la viande humaine, pour les dresser à attaquer des humains. Les bêtes se jetaient sur leur pitance sans réfléchir, obéissant simplement à leur maître cruel, dont l'âme était rongée par la cupidité. Certains prétendent que les monstres n'existent pas, mais peut-être restent-ils tapis dans le coeur des hommes corrompus. Qu'en sera-t-il de l'enfant-pêche à naître ? Abritera-t-il lui aussi un démon ? »

Il eut un ricanement et la pièce se termina. Le public cria que c'était glauque et que cela leur avait coupé l'appétit. Hazama, derrière les rideaux, ricana.

« On aime mon style ou on ne l'aime pas, mais je sais trouver des mots qui marquent les esprits.

— Moi j'ai bien aimé, c'est assez révélateur sur la nature humaine. Et en plus, j'adore comment tu as écris la pièce pour qu'on se paie la tête des Cinq Prodiges, souris-je.

— Merci. »

Koro nous rejoignit en coulisse, ravi d'avoir été le héros d'un jour. Toute la classe se réunit.

« Avec tous ces exploits, je trouve que ce surnom de la classe des Epaves ne nous convient plus. Dès aujourd'hui, on sera : la classe des Etoiles !! , décidai-je.

— Mais personne ne voudra nous appeler comme ça, protesta Nagisa.

— Osef, c'est juste pour nous ! », rétorquai-je.

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