PDV Akiko

Je pris une feuille de brouillon et fis quelques calculs.

« Non, si je fais comme ça, je vais perdre trop de temps et je ne pourrais pas le finir. », concluai-je après un coup d'oeil à ma montre.

J'observai le sujet avec attention et quelque chose me sauta aux yeux. Ce problème pouvait en réalité être résolu sans formule compliquée.

« J'ai réduit le cube à plusieurs petits cubes. Les autres cubes entourent celui dans lequel je me trouve, ce qui signifie que la même structure se répète à l'infini, comme la maille qui compose une molécule et qui se répète un nombre infini de fois. Dire que c'est au programme de sciences de première... tous ses cubes qui entourent le mien peuvent symboliser mes amis. Chacun de nous a son propre talent, ce qui le rend unique. Nous sommes tous égaux malgré nos forces et nos faiblesses différentes. En se focalisant sur les autres, des fractions de mes amis apparaissent dans mon espace. On se complète les uns les autres, nous formons un tout. Si nous sommes égaux et que nous formons un tout, cela veut dire que tous ces cubes ont exactement la même taille. Les cubes sont à volume et à distance égale les uns des autres. Si on réunit tout cela sous la forme d'une boule, et qu'on la divise en huit parts égales, chaque part représente un huitième du cube de chacun de mes amis. Moi, je suis au milieu, entouré de huit huitièmes, appartenant chacun à mes amis. Dans ce cube, il y a moi et huit huitième de personnes. Au final, il y a moi et une personne entière, parce que huit huitièmes est égale à un. Cette personne est mon égal et partage le même territoire que moi. Donc, je dois calculer la moitié du cube, parce que c'est l'espace que cette personne n'occupe pas. C'est donc a au cube divisé par deux. C'est facile en fait !! »

Inutile de s'éterniser en calculs. Comme en assassinat, un seul tir bien visé pouvait atteindre notre cible dans le mille. Ici, un seul calcul précis et simple pouvait résoudre ce problème.

Comme j'avais fini dix minutes avant la fin, je pris le temps de me relire et de corriger mes éventuelles erreurs. Puis je rendis ma copie et sortis avec la classe.

« J'aurais jamais cru dire ça un jour, mais j'ai plus un neurone... en tout cas, c'est grâce à vous tous que j'ai résolu le dernier problème.

— Ah oui ? , s'étonna Isogai.

— Oui. En arrivant dans cette classe, je ne pensais qu'à une seule chose : moi. Je ne pensais qu'à moi et à ce que je voulais. Mais cette classe m'a appris que penser aux autres pouvaient nous rendre infiniment plus fort que penser à soi-même. C'est parce que je voulais vous défendre que j'ai battu le Dieu de la Mort avec Karasuma. Si j'avais voulu le tuer, c'est lui qui m'aurait descendu. En arrivant dans cette classe, j'aurais sans doute été incapable de résoudre ce problème dans les temps. Vous m'avez aidé à voir les choses sous un autre angle, alors merci. Sans ce que vous m'avez appris, je n'aurais pas réussi.

— Ravie qu'on ait pu t'apprendre au moins un truc. Tu nous apprends plein de choses mais, nous, on pensait qu'on ne t'apportait rien, fit Kayano.

— Vous m'apportez bien plus que ce que vous pensez, et que ce que je dis. Grâce à vous, j'ai enfin eu le courage de chanter devant d'autres gens que ma famille, même Karma ne m'avait jamais entendu chanter avant. Bon, allons manger. C'est moi qui offre ! Choisissez l'endroit ! »

Quelques jours après, Koro avait nos résultats. On ressentait tous la pression, ces examens avaient été particulièrement difficiles. Si moi, je le ressentais, je n'imaginais pas mes amis.

Il nous distribua à mach 20 nos copies et proposa de jeter un coup d'oeil au classement avant de les corriger.

Il se tourna pour afficher les résultats. Mon coeur battait la chamade et tous mes camarades se penchèrent en avant, à la fois anxieux et impatients de découvrir le classement. On se leva tous et on s'approcha du tableau.

« Je rêve... pincez-moi... , fit Terasaka.

— Je veux pas voir ça, ce doit être un carnage ! », gémis-je. « Ces examens étaient tellement durs, même pour moi...

— J'ai fini quarante-sixième... », souffla la brute.

Il avait toujours été le dernier de la classe. J'espérais que cela signifiait que nous étions tous dans le classement. Tous jetèrent leurs copies, étant parvenus à la même conclusion que moi. Cependant, je fixai toujours le tableau, cherchant mon nom.

« On a même dégagé les Cinq Prodiges du classement ! Devinez qui sont premiers ?!!

— Je veux pas savoir !! »

Je me cachai les yeux avec les mains et j'entendis Karma rire.

« Les premiers... mais c'est Akiko et Karma ! », fit la voix de Nagisa. « Vous êtes premiers du classement !

— Et du classement nationale ! », ajouta Koro.

Quelqu'un me retira les mains du visage et je vis que c'était Karma. Il me pointa la feuille affichée.

« Regarde. »

Je crus rêver en voyant que, effectivement, nos deux noms figuraient en haut du classement.

« Je... wow... vu la difficulté des examens, j'y croyais pas...

— Bon, et notre défi alors ?

— On règle ça à Mario Kart ? , proposai-je, peinant à y croire encore.

— Je roule ! »

On cogna nos poings ensemble, ravis que tous nos efforts aient payé.

Koro demanda à Karma ce que cela faisait de remporter un combat de haut niveau. Il rougit et détourna le regard en disant que cela ne faisait rien de particulier. Je ris légèrement et lui ébouriffai les cheveux.

« T'es mignon quand tu es gêné... »

Il rougit encore plus et je devins rouge pivoine en me rendant compte de ce que je venais de faire et de dire. Je replaçai une mèche de cheveux derrière mon oreille.

« J'ai cru comprendre que le résultat était très serré avec le jeune Asano. Ce serait le dernier problème de maths qui vous aurait départagé tous les trois, ajouta Koro.

— Oui, moi aussi j'ai galéré pour trouver la solution. Mais comme Akiko, je n'aurais pas pu résoudre ce problème si je n'avais pas passé l'année dans cette classe. »

Je lui souris, encore rougissante.

« Dis Ritsu, et si on montrait le prototype à Koro ? C'est le seul qui ne l'a pas vu.

— Tu l'as ici ?

— Oui. J'ai intégré un système de rétrécissement pour pouvoir le transporter partout. »

Je sortis un cube de mon sac et le posai par terre. J'appuyai sur un bouton et me reculai. Le corps robotique de Ritsu en sortit.

« Professeur Koro, voici un prototype de corps robotique pour Ritsu. Je l'ai terminé récemment mais je dois encore lui apporter des améliorations, il n'est pas encore au point. »

Ritsu se transféra dans le corps et le robot ouvrit les yeux.

« Bonjour professeur Koro ! , fit Ritsu.

— Incroyable ! Tu l'as vraiment fait toi-même ? , s'étonna le poulpe.

— Avec Itona. C'est un travail d'équipe. On va travailler pour l'améliorer, mais pas ce soir. Rien ne t'empêche d'avancer sans moi si tu veux Itona.

— Pas de soucis, j'y penserai. »

On allait pouvoir aller dans le lycée de notre choix. On avait battu la classe A, nous avions eu les armes nécessaires. Tous étaient fiers d'eux, il ne restait plus qu'à tuer le poulpe.

Apparemment, la classe A avait survolé la première partie des examens mais ensuite, ils ont de plus en plus bloqué sur des problèmes difficiles. En même temps, on ne pouvait pas avoir la rage si longtemps. Nous, on voulait tuer le prof. Mais essayer toute la journée serait trop fatiguant. Avoir la rage de vaincre, c'est bien, mais il fallait savoir l'utiliser au bon moment et ne pas en abuser.

Une fois l'euphorie retombée, Koro nous demanda si nous voulions quitter cette montagne jusqu'à la fin de l'année. Cependant, on voulait réussir à le tuer et être dans cette classe était le seul moyen d'y parvenir.

Je fis un signe de tête entendu à Nagisa.

« Do ! »

Koro le regarda, intrigué, alors que le bleu se levait et lui tirai dessus. A mesure qu'il disait les notes, des élèves se levaient et lui tirer dessus, l'empêchant de faire attention à ce qui se relevaient ensuite. Ritsu aussi était de la partie.

« Do ! »

Je me levai en un éclair en même temps que Karma. Je commençai à tirer et utilisai mon sonar pour orienter mes tirs. Tous ses tentacules sautèrent et on réussit à lui arracher une partie de sa tête.

« Votre nouvelle technique de groupe est redoutable !! », fit Koro une fois qu'on eut arrêté nos tir. « Qui en est l'investigateur ? »

Tous les élèves me regardèrent et le poulpe comprit.

« Excellente idée Akiko. Avec un peu de pratique, elle risque de m'être fatale. Pour récompenser cette tactique très efficace, je vais vous révéler un autre de mes points faibles... »

Un tremblement de terre l'interrompit. On se mit tous aux fenêtres et on vit que des gens démolissaient le bâtiment.

« Ils détruisent le bâtiment ? , demanda Isogai.

— En effet, prenez vos affaires et partez vite. », fit Asano senior. « Le conseil de l'école a pris sa décision ce matin. Le bâtiment dans lequel vous vous trouvez va être détruit aujourd'hui. Ne vous en faites pas, vous allez être retransférés ailleurs. Je vais vous conduire dans le bâtiment d'une école affiliée qui doit ouvrir l'an prochain. C'est là que vous aurez cours dorénavant. Vous pouvez être heureux : je l'ai fait construire spécialement pour vous. Je me suis inspiré du milieu carcéral. Votre classe sera équipée de caméras de surveillance et d'un dispositif anti-invasion. Ce sera la nouvelle classe E. Une mise à jour pour mon système éducatif en quelque sorte.

— Votre système éducatif, on l'a démoli aux examens. Et vous savez comment on appelle ce que vous venez de décrire ? Une prison, pas une école !! Or, il est interdit par la loi d'enfermer des mineurs qui n'ont pas de casiers judiciaires. Officiellement, ils seront en classe, mais officieusement, c'est une autre histoire. Il suffit d'un seul petit rapport au ministère de l'Education pour faire fermer cette nouvelle classe. Vous voulez vraiment que j'en arrive là ? Je suis une assassin, je n'aurai aucun scrupule à le faire et j'ai une amie très connue qui se fera un plaisir de m'apporter son appui ! », répondis-je avec un sourire carnassier.

Les élèves approuvèrent, voulant terminer l'année dans cette classe.

« Décidément, vous êtes prêts à tout pour avoir le dernier mot professeur, fit remarquer Koro.

— Ah oui, j'ai quelque chose pour vous monsieur Koro. J'ai bien peur que vous ne soyez plus d'aucune utilité à mon école. Je regrette, mais il est temps pour moi de me débarrasser de vous. »

Il lui montra la lettre de licenciement. Il venait de jouer son dernier atout. Comme il n'avait pu battre le poulpe, il le virait.

Koro devint hystérique, disant que c'était un licenciement abusif.

Asano senior dit alors que ce bout de papier n'était qu'un outil pour manipuler Koro à sa guise. Il n'allait pas le renvoyer, enfin pas exactement. Il n'était venu que pour l'assassiner. Il le trouvait très gênant pour son système éducatif.

« On sait bien que vous êtes un surhomme, mais pas assez pour tuer ce poulpe. Il est rapide et très rusé. », objecta Karma.

Le proviseur fit cesser les travaux un moment car il devait régler quelque chose à l'intérieur. Il nous fit sortir, alors on se bouscula aux fenêtres pour regarder. Les deux profs étaient dans notre salle de classe, seule Ritsu était aux premières loges. Il y avait cinq tables disposées en U, avec un manuel déposé sur chacun.

S'il voulait garder son poste et rester dans la classe E, il allait devoir relever le défi du directeur. Autour du poulpe, il y avait cinq manuels d'exercices et cinq grenades. Quatre contenaient des billes nocives pour Koro, la dernière était ordinaire, mortelle pour un humain. Elles avaient toutes la même odeur et la même apparence. Elles n'exploseraient que si la cuillère était relâchée, après avoir été dégoupillées. Il le fit et plaça une grenade dans chaque manuel de sorte que les pages bloquent la cuillère. Koro devait ouvrir les manuels et résoudre le problème en haut à droite avant que la grenade n'explose, et sans bouger tant qu'il n'avait pas résolu le problème.

Le poulpe allait résoudre les quatre premiers problèmes. S'il survivait jusque-là, Asano senior s'occuperait du dernier. Il n'avait pas le droit de se régénérer entre deux problèmes. Si Koro tuait Asano ou s'il réussissait à le contraindre à l'abandon, le bâtiment serait sauf et le poulpe resterait avec nous.

Asano demanda à Terasaka de calculer les chances de réussite de Koro. Le poulpe devait tenir quatre tours sans tomber sur la vraie grenade s'il voulait gagner, car les grenades anti-sensei ne lui feraient rien s'il tombait sur l'une d'elle. Il avait donc vingt pour cent de chances de réussir.

« Ce n'est pas un jeu équitable, marmonnai-je.

— Le poulpe doit survivre à quatre grenades mortelles d'affilée, et pendant ce temps le proviseur peut abandonner s'il pense ne pas s'en sortir. Ce pari est complètement inégal !! », cria Terasaka. « Akiko, essaie de localiser la vraie grenade et dis-nous ton avis d'assassin.

— Votre amie n'a pas le droit d'intervenir.

— Je n'ai pas dit que j'interviendrai dans ce pari. Je vais juste délivrer mon avis d'experte. »

Même si les grenades étaient identiques et avaient la même odeur, ce qu'il y avait à l'intérieur était différent. Il me suffisait de produire des ondes capables de détecter les billes anti-sensei pour trouver automatiquement la vraie grenade.

« Localisé ! Si je prend en compte tous les exploits que notre cher prof a fait cette année, et tous les progrès qu'il fait grâce à nos assassinats ratés plus toutes ses connaissances, vu qu'il a quand même enseigné à Karma et moi le programme d'université pour les examens... Koro va s'en sortir. Pas forcément indemne, mais je suis persuadée qu'il va réussir. Professeur Koro, si vous réussissez, je vous ferai votre pâtisserie préférée avec Kayano !!

— Tu ne m'as pas demandé mon avis, mais compte sur moi ! , sourit la verte.

— Me voilà motivé, merci les enfants. Je relève le défi ! »

Si ce que j'avais dit était sûrement vrai, ce plan d'assassinat avait été conçu spécialement pour désavantager Koro. De tous les plans mis en place, c'était celui qui avait le plus de chances de réussir. Ce type avait des méthodes d'assassin.

Après quelques secondes, Koro ouvrit le premier manuel, c'était de la géométrie. Il se mit à paniquer et la grenade explosa.

Asano nous expliqua alors que le faible ne pouvait tuer le fort qu'en l'assassinant, et que c'était pour ça que Koro allait se faire tuer par une méthode si simple. Avec la prime, il comptait bâtir un réseau d'école dans tout le Japon et instaurer son mode d'enseignement avec un système de classe E. Jusqu'où allait son obsession ?

Affaibli, le poulpe tendit un tentacule vers le manuel de S.E.S. - Histoire.

« Aller monsieur Koro. Tâchez de vous battre jusqu'au bout. Je n'en sortirai que plus victorieux.

— Je vais vraiment finir par descendre cet idiot ! Aller Koro !!! Vous pouvez y arriver !! », criai-je.

Tous les élèves l'encouragèrent. Il était toujours là pour nous soutenir. C'était à nous de faire de même présentement.

« Si vous échouez, Akiko risque de faire un véritable massacre avec ce proviseur. Alors, si j'étais vous, je ferais tout pour réussir, conclut Karma.

— Je vois que la confiance règne...

— J'ai tord ? »

Je grognai en guise de réponse. Je savais qu'il avait raison.