Chapitre 10

PDV Okami

C'était le dernier jour de notre séjour, et Koro voulut nous faire passer un test de courage. Akabane fit alors la remarque que c'était juste pour qu'il s'amuse, ce que je secondai. Ayant été enfermé dans son armure pendant une journée, il n'avait pu profiter de l'île.

« Pourquoi pas, cela pourrait être drôle. Plus amusant qu'effrayant pour moi, en tout cas, plaisantai-je.

— Pour moi aussi, je te rassure. Mais tu pourras faire cette activité, avec ta jambe ? », demanda Akabane.

Je hochai la tête. J'avais beau clopiné pour l'instant, je n'avais pas vraiment mal maintenant que j'avais été soigné.

Je ne savais plus trop comment réagir avec Akabane. Après notre soudaine proximité lors de la mission, je ne pouvais quand même pas redevenir distante avec lui comme avant...

Koro nous emmena devant une grotte sous-marine. On allait devoir en retrouver la sortie en duos mixtes. Je fus jumelée avec Akabane.

On entra dans la grotte, le rouge ayant une lampe torche en main. On avança en discutant et je remarquai qu'il faisait exprès de ralentir pour ne pas me laisser en arrière. On évitait tous les sujets en rapport avec la mission et notre passé commun, ce qui faisait qu'on n'avait plus vraiment grand-chose à se dire.

« Vivement que je sois rétablie, j'en ai déjà marre de sautiller pour me déplacer.

— Je trouve ça hilarant, au contraire.

— Eh bien, la prochaine fois, je te planterai le couteau au même endroit alors.

— Ah la la, tu sais que je plaisante !

— Ouais, ben c'est pas drôle. Je vais rien pouvoir faire comme ça...

— Je suis sûr que, d'ici la rentrée, cela ira mieux. Mais évite de forcer pendant quelques temps une fois que tu n'auras plus besoin de tes béquilles.

— T'inquiète pas. »

Koro apparut alors et tenta de nous effrayer avec une histoire morbide. Pour toute réaction, Akabane lui tira dessus et il partit. On poursuivit donc notre route.

Je regardai Akabane. Il semblait préoccupé.

« Qu'est-ce-qui se passe ? Tu as une de ces têtes. Cela te tracasse que Nagisa n'ait pas eu l'air d'avoir face à Takaoka ?

— Ouais. Franchement, je dois dire que ça m'a fait un choc. Je pensais pas Nagisa capable d'être aussi intense. Je ne parle pas de quand il a vaincu Takaoka, mais d'après. Il ne ressentait absolument aucune peur, au contraire. Il semblait presque fier. Si on se battait, je serais sûr de gagner à cent pour cent, mais cela ne démontrerait rien de mes qualités d'assassin. C'est là que ça m'a frappé. Ne pas avoir peur peut être la chose la plus terrifiante qui soit. Cela dit, je ne m'avoue pas vaincu, c'est quand même moi qui vais réussir à dégommer le prof !

— Cela reste à voir. Pour être l'entraîneuse de Nagisa et une vraie assassin, je peux te dire qu'il est tout à fait possible qu'il le fasse avant toi, si je ne réussis pas à le faire. Mais je pense qu'il était fier, parce qu'il a finalement été plus fort que ses pulsions meurtrières et qu'il avait respecté ce que je lui avais appris à la lettre. Et même si vous vous battez, il aurait une chance contre toi. Tu es peut-être fort et main, et tu sais peut-être te battre, mais Nagisa peut être aussi vicieux et sournois qu'un serpent quand il est en mode tueur. C'est un vrai assassin, pur et dur. Et cela m'inquiète, tout comme Koro et Karasuma.

— C'est-à-dire ?

— Apprendre qu'on est doué pour tuer des gens n'est pas une chose facile à assimiler. Contrairement à lui, je n'ai pas ce talent naturel, je l'ai acquis grâce à la formation d'Irina et mon Maître. Quand il va s'en rendre compte, Nagisa sera encore plus perdu, c'est pour ça qu'on ne lui dit rien. On veut qu'il s'en rende compte par lui-même. On ne sait pas vraiment si on doit laisser un tel don s'épanouir.

— Ouais, je comprends. Je lui dirais rien.

— Merci. »

Il pointa sa lampe torche sur un Twister Game installé.

« Dis Akiko, il avait pas parlé d'un test de courage ?

— Si pourquoi ?

— Je crois qu'il a un projet plus salace en tête.

— Ce prof est une vraie commère... », soupirai-je. « Comment je vais pouvoir faire ça, moi ?

— On a qu'à... ne pas le faire, non ?

— Si on veut continuer, on a pas trop le choix. Sauf que je suis dans l'incapacité de le faire. Ritsu, essaie de trouver un autre chemin.

— Tout de suite. »

Je sortis mon téléphone et l'IA scanna les lieux.

« Bon, je n'ai pas trouvé d'autres chemins, mais j'ai prévenu Koro et il doit normalement venir.. maintenant. »

Le poulpe arriva et nous ouvrit donc.

« Désolé Akiko, j'avais oublié que tu étais blessée.

— Je me suis pas fait amputée non plus, je vais bien. C'est juste que cela aurait été un peu compliqué pour le Twister Game... »

On continua une fois Koro repartit. Cependant, au bout de quelques minutes, on l'entendit crier de frayeur à tout bout de champ.

« Finalement, c'est ce poulpe le plus peureux... », ris-je.

Cependant, comme je ne faisais pas attention tant j'étais occupée à rire avec le rouge, je réussis à me prendre les béquilles dans quelque chose qui me fit tomber (ouais, je sais même pas comment j'ai fait). Je criai de surprise et lâchai mes béquilles instinctivement. Alerté par mon cri, il réagit rapidement et m'empêcha de tomber en m'attrapant les avant-bras, son visage alors proche du mien.

« Ça va ?

— Oui, merci. Vivement que je n'ai plus ces foutus béquilles ! », marmonnai-je pour dissimuler les quelques rougeurs qui venaient d'apparaître sur mes joues.

Il rit légèrement et m'aida à me relevai avant d'aller récupérer mes béquilles. Une fois de nouveau stabilisée, il se tourna vers moi.

« Je viens d'avoir une idée , fit-il avec ses cornes de diable.

— Je t'écoute.

— Et si on faisait croire que ta blessure avait empiré et que tu peux plus bouger ?

— Et comment tu veux qu'on fasse ça ? »

Pour toute réponse, il sortit de sa poche du faux sang. Je souris avec mon air de diable.

« Cela va être trop drôle ! »

Il me fit m'asseoir au sol en s'empressa de mettre beaucoup de faux sang sur mon bandage et, avec un feutre qui part à l'eau et au savon, dessina dessus pour faire croire que ma blessure s'était agrandie. Je regardai le résultat. C'était vraiment réaliste.

« Ensuite ?

— Ensuite, on va leur faire croire que c'est dû à quelque chose qui nous a attaqué et qu'on a dû s'enfuir.

— Tu veux te faire passer pour un peureux ?

— Si c'est pour jouer des tours aux autres, bien sûr. Comme on doit faire croire que tu ne peux plus bouger la jambe te déplacer toute seule tellement cela te fait mal, va falloir que je te porte.

— Et les béquilles ?

— J'ai dit que tu ne pouvais plus te déplacer, pas que tu ne pouvais plus les tenir."

Il me fit un clin d'oeil avant de me prendre en princesse. Il me donna mes béquilles que je pris d'une main, m'accrochant au cou d'Akabane. Il me fit un signe de tête entendu puis on prit nos masques d'acteur, lui paniqué et moi comme si je souffrais le martyr. Il se mit ensuite à courir et on arriva rapidement à la sortie. Seuls Nagisa et Kayano étaient déjà sortis. Ils blêmirent en voyant nos visages.

« Karma, Akiko, ça va ? demanda Nagisa.

— Bordel de m***** de l'en**** de m***** ! , jurai-je comme si j'avais très très mal.

— Quelque chose nous a attaqué, ce qui a aggravé la blessure d'Akiko. », dit Akabane d'une voix blanche.

Kayano tomba presque dans les pommes en voyant tout le faux sang et l'ampleur de la fausse blessure.

« Elle a perdu beaucoup de sang ! Il faut prévenir Karasuma, ou Koro ! , s'inquiéta le bleu.

— Bordel, arrête de bouger Akabane ! J'ai p***** de mal !! »

Nagisa récupéra mes béquilles, pensant que cela m'aiderait un peu. Je me tins la jambe en serrant les dents, comme si j'avais vraiment mal.

« Où est ce poulpe quand on a besoin de lui ?! », s'exaspéra le rouge.

Le reste de la classe arriva rapidement et Kayano leur expliqua ce que nous leur avions dit.

« Il serait peut-être temps de leur dire avant qu'ils affolent les profs, soufflai-je au rouge.

— Ouais t'as raison. »

Il me déposa, mais je restai accrochée d'une main à son cou puisque je ne me tenais que sur un pied, l'autre en l'air pour éviter de m'y appuyer.

« Vous devriez voir vos têtes ! , pouffai-je.

— HEIN ?! , s'écria la classe.

— On vous a eu ! Et en beauté ! », rit Akabane.

Il me donna un mouchoir et j'enlevai le faux sang et le feutre. Il y avait encore des marques mais cela partirait à la prochaine douche.

« Je vais bien, c'était juste une blague ! Cela valait le coup, juste pour voir vos têtes, ris-je en me tenant le ventre.

— Je ne trouve pas ça très drôle, j'ai eu vraiment peur... murmura Kayano.

— C'était le but, renchérit le rouge.

— Vous ne pouvez pas vous empêcher de vous allier pour jouer des tous aux autres, vous... j'aimerais bien savoir d'où vous vient cette complicité alors que le reste du temps, vous êtes distants avec l'autre, fit Nagisa en me rendant mes béquilles, me permettant de me détacher d'Akabane.

— Haha ! Tu le sauras peut-être un jour. Tu as jusqu'à la fin de l'année pour essayer de le découvrir !

— Et encore une échéance ! Yeah ! , ironisa Nakamura.

— Roh, mais je plaisante. Je vous le dirai sûrement un jour. En attendant, qu'est-ce-que c'était drôle de vous jouer ce petit tour.

— Je crois que je préférais la Akiko distante et qui ne nous jouait aucune tour. », plaisanta Isogai.

Quelques minutes après, Koro arriva et on lui tira les vers du nez. Le poulpe était allongé au sol et répétait qu'il avait honte. Maehara enfonça le couteau dans la plaie en résumant la situation. Koro avait fait tous ça dans l'espoir qu'on partage les mêmes frissons qui nous pousse à former des couples. Sauf qu'il s'était fait démasqué avant.

Il s'excusa, disant qu'il ne pensait pas à mal et qu'il voulait juste rire en nous voyant nous tenir par la main et être gênés. Il était carrément en train de pleurer.

« Il aurait fallu nous approcher avec plus de subtilité, surtout à notre âge. Cela nous met très vite mal à l'aise quand on sent qu'un adulte veut se mêler de nos histoires de coeur. », fit Nakamura.

On entendit alors la voix d'Irina, qui se plaignait que ce test de courage était bidon car il n'y avait rien. Karasuma dit alors qu'il lui avait déjà dit qu'il voulait qu'elle arrête de le tenir comme elle faisait car il était trop fatigué pour traîner un boulet.

« Pauvre Irina... Karasuma ne se rend même pas compte qu'elle en pince pour lui... »

En nous voyant, Irina partit sur la pointe des pieds, gênée. On la regarda tous.

« Y'a quelque chose qui me tracasse depuis quelques temps Akiko. Madame Pouffe n'en pincerait pas pour Karasuma ? , me demanda Fuwa.

— Il était temps que vous vous en rendiez compte. Mais Karasuma semble insensible, c'est bien le premier homme qui ne tombe pas à ses pieds, ça doit la frustrer encore plus.

— Que peut-on faire ? , demanda Kayano.

— On a encore du temps avant demain matin, fit Nakamura.

— Et si on leur arrangeait leur coup ? », proposa Koro.

Des cornes de diables poussèrent sur la tête de toute la classe, hormis Nagisa qui semblait plus gêné qu'autre chose.

De retour à l'hôtel, nous nous étions réunis autour d'Irina, qui pestait contre l'insensibilité de Karasuma. Maehara dit que cela l'étonnait, elle qui savait si bien manipuler les hommes. Kayano la défendit en disant que c'était parce qu'elle était amoureuse, mais la blonde nia en bloc. Karasuma était tellement entêté qu'elle voulait absolument le faire succomber, mais cela s'était retourné contre elle.

Je souris, elle venait d'avouer à moitié que Kayano avait raison. Irina était adorable comme ça, c'était la première fois que les autres élèves la voyaient ainsi.

Dans un sens, je la comprenais. A force de devoir jouer la comédie, on ne savait plus comment faire pour exprimer nos sentiments naturellement, et c'était pareil pour tous les assassins. La classe décida de prendre les choses en main et de l'aider, en créant le cadre parfait.

« Vous allez vraiment faire ça pour moi ?

— Bien sûr Irina, on tient tous à toi, pas seulement moi. », souris-je.

Koro était à fond, ce qui la gêna un peu. Certains élèves dirent que sa tenue ne convenait pas, que c'était trop aguicheur pour qu'elle soit prise au sérieux.

« Tu vois, je te l'avais déjà dit Irina. Ce genre de style n'est pas du goût des Japonais stricts comme Karasuma. Il faut quelque chose de plus... de plus sobre en fait. Mais je ne m'en fais pas, tout te va Irina.

— Sobre ? C'est-à-dire ?

— Comme Kanzaki. C'est le meilleur symbole de sobriété de la classe. », expliqua Nakamura en montrant une photo de Kanzaki dans une robe blanche sage.

Kanzaki accepta de nous la prêter et Irina la mit. Sauf qu'elle était encore plus provocante que dans son autre tenue. Le problème des poitrines comme la sienne, je suppose. Mais on n'avait pas le choix, c'est tout ce que nous avions. Heureusement qu'en amour, le plus important était les affinités et pas la taille de poitrine, ce que Kayano approuva avec vigueur (elle aurait la phobie des grosses poitrines apparemment).

Koro nous demanda si nous connaissions les goûts de Karasuma. Okuda proposa qu'Irina lui fasse un de ses plats préférés, mais comme il ne mangeait que des burgers ou des nouilles instantanées, c'était mal barré. On avait beau essayé, on ne trouvait rien. Karasuma était comme une forteresse impossible à franchir. Je pense que le problème vient plutôt de lui, et pas d'Irina en l'occurrence.

« Akiko, tu n'avais pas dit que tu t'étais renseignée sur tous les adultes de l'établissement une fois ? , se rappela Akabane.

— Oui, sur le genre de personne qu'ils étaient, leurs atouts et leurs faiblesses. Pas ce qu'ils aiment ni leur type de conjoint... mais je pense que les gens comme Karasuma préfèrent la franchise et le naturel. »

Koro répartit les tâches, les filles devaient aller s'occuper d'Irina et les garçons de l'ambiance et de la table. On monta donc toutes dans sa chambre d'hôtel pour la préparer.

« Kayano, va me chercher ma valise, je crois que j'ai deux ou trois bricoles qui feront l'affaire sur Irina, demandai-je.

— Tout de suite ! »

Elle revint quelques minutes après avec ma valise et je me mis à farfouiller dedans, pendant que les autres la coiffaient et lui faisaient un maquillage plus naturel que celui qu'elle arborait souvent. Je finis par dénicher une robe noire à bretelles qui était trop longue pour moi. Je l'emportai toujours, parce que j'y tenais beaucoup.

« Tiens, enfile ça. Elle est trop longue et trop ample au niveau de la poitrine pour moi. Elle appartenait à ma mère, alors je serai plus qu'honorée que ce soit toi qui la porte. Je préfère autant ça que l'utiliser comme rideau...

— C'est vrai ? Alors je vais lui faire honneur. »

Elle partit se changer avant de revenir. C'était déjà beaucoup mieux que la tenue de Kanzaki, mais Irina avait décidément une bien grosse poitrine, ce qui l'aidait dans ses assassinats mais qui ne nous rendait pas service actuellement.

« C'est mieux... mais ce n'est pas encore ça, jugea Nakamura.

— Et avec ça, ça pourrait le faire ? , demanda Hara en revenant avec un long châle crème avec des perles violettes entrelacées le long des extrémités, qu'elle avait acheté et personnalisé en s'inspirant d'une marque de luxe sur Internet.

— Ce serait parfait ! », fis-je avec la blonde collégienne.

On le lui fit mettre et je remarquai alors que sa coiffure n'allait plus avec sa tenue.

« Hum... étant donné que tu porteras cette tenue, j'opterai plus pour une queue de cheval. Les filles, venez m'aider ! »

Toutes ensemble, on lui fit une nouvelle coupe qui la mettait infiniment plus en valeur. Et quand vint l'heure du dîner, toutes descendirent pour occuper toutes les places du restaurant. Je restai quelques minutes supplémentaires pour calmer Irina.

« Sois naturelle, d'accord ? Essaie de montrer le visage que tu me montres tout le temps. Le but premier de ce rendez-vous n'est pas de le faire tomber amoureux, mais de lui faire découvrir une facette beaucoup plus aimante et naturelle de toi. »

Elle me sourit mais je voyais qu'elle était encore angoissée. Alors je sortis de ma poche un collier, que j'avais toujours sur moi, comme un porte-bonheur.

« Regarde. C'est la première balle que j'ai tiré, et qui a atteint sa cible, pendant ma formation. J'ai voulu la garder, alors j'en ai fait un collier que je garde toujours dans une de mes poches. Étrangement, je me sentais plus sereine lors de mes assassinats, quand je l'avais avec moi. »

Je l'attachai au noeud du foulard et cachai la balle dans le tissu. Ainsi, on ne le voyait pas.

« Il devrait te porter chance. En tout cas, quand je l'avais avec moi, j'échappais à la mort plus facilement, quand j'échouais dans mes assassinats. Alors je veux que tu l'ais ce soir.

— Akiko, merci.

— Avec plaisir Irina. »

Je lui souris et elle sembla se détendre. Je la conduisis donc à la table préparée par les garçons, juste avant que Karasuma n'arrive. Je dus me cacher dans les buissons pour ne pas me faire repérer. Il y avait d'autres élèves avec moi.

On avait créer le cadre parfait, Irina pouvait y arriver. Cependant, Karasuma se mit à parler de nos progrès en tant qu'assassins avant de lui dire qu'il comptait aussi sur elle, et je crois que cela la découragea. Elle libéra ses cheveux en cassant l'élastique avec un couteau, lui demandant s'il se rendait compte de ce que cela impliquait de tuer.

Elle se leva ensuite, s'excusant d'avoir gâché l'ambiance. Elle s'approcha et l'embrassa indirectement, posant un coin de la serviette de Karasuma sur ses lèvres avant de le poser sur les lèvres de l'agent de la Défense. Elle lui dit qu'elle l'aimait avant de lui souhaiter bonne nuit et de partir.

On la rejoignit alors, hors de vue de Karasuma. Elle avait la tête baissée, et je savais ce qui lui passait par la tête. Au lieu de lui parler d'amour, elle avait parlé d'assassinat.

Les élèves la huèrent un peu, traitant ce baiser indirect de foireux. Selon eux, elle aurait dû mettre la langue, comme elle le faisait d'habitude, ce qui l'énerva.

« On se calme ! Je vous rappelle que agir dans le but d'assassiner et agir dans le but de révéler ses émotions est très différent. Moi-même, je ne sais plus vraiment comment exprimer mes sentiments, depuis que je suis devenue une assassin. Soyez indulgents. Ce genre de choses prennent du temps, et je suis fière de ce qu'elle a fait ce soir. C'était déjà un pas en avant, mais cela ne veut pas dire que c'est fini. On t'aidera autant de fois que tu le voudras Irina.

— Merci Akiko. »

Elle me sourit avec amour et me prit dans ses bras. Je lui rendis son étreinte. J'aimais vraiment cette belle assassin blonde, elle avait un peu pris la place de mère dans mon coeur.

C'est ainsi que se terminèrent nos vacances à Okinawa. De retour à Tokyo, Akabane demanda à me parler avant que je ne rentre avec Irina.

« Qu'est-ce-qu'il y a Akabane ? , demandai-je.

— Tu pourrais déjà m'appeler par mon prénom, comme durant la mission. C'est bizarre que tu passes subitement de l'un à l'autre. Et... je voulais te demander si tu pouvais m'aider à réviser pour les prochains examens. Je veux pouvoir être prêt et rivaliser avec Asano et toi.

— T'as du boulot alors.

— Je sais. C'est pour ça que je te demande. Si tu m'aides à réviser, je ferais en sorte que les autres ne fassent aucune remarque à propos de ta voix magnifique.

— Je rêve ou tu me fais du chantage ?

— Vois ça comme tu veux. Mais imagine aux prochains examens, on pourrait être tout les deux à la première place du classement et empêcher une nouvelle fois Asano d'y être.

— Mais j'ai pas besoin de toi pour ça.

— Mais imagine que deux élèves de la classe E arrivent premiers aux examens, devant Asano, dont une pour la deuxième fois. Avoue que ce serait drôle de charrier les A après.

— J'avoue que ce serait tordant, c'est vrai.

— En plus, on forme une super équipe quand il s'agit de ridiculiser les autres et les charrier, tu trouves pas ? Comme on a fait avec cet assassin, et avec les brutes quand on était enfants. T'aimerais pas avoir encore plus de raisons de pouvoir embêter les élèves du bâtiment principal ?

— Pffff... tu sais vraiment me prendre par les sentiments toi. », marmonnai-je. « Je marche. Tu veux commencer quand ?

— Dans une semaine ? On profite pleinement de nos vacances pendant une semaine et on se met tranquillement à réviser. On sera au point pour la rentrée.

— Pas de problème, cela me va. »

On s'échangea nos numéros pour pouvoir planifier ça plus en détails puis je rejoignis Irina. Cette semaine avant de le revoir était la bienvenue. Je devais faire le point sur ce que je voulais vraiment avec lui, et quel comportement adopter. Je voulais me venger et lui faire du mal, mais à quel point ? Et de quelle manière ?

***

Les vacances d'été avaient passé à une vitesse folle. J'avais décidé de laisser aller les choses avec Karma, puis de voir ce que cela allait donner. Je n'avais pas oublié mon envie de vengeance et ma rancoeur, mais cela me faisait quand même du bien qu'on ait retrouvé notre complicité d'avant.

Le dernier jour des vacances, j'étais encore une fois chez Karma. Je passais presque toutes mes journées là-bas et on travaillait intensément la moitié de la journée, avant de jouer sur nos consoles et de discuter de tout et de rien. Je n'avais plus mes béquilles depuis deux semaines, mais je devais éviter le sport pendant encore au moins une semaine, pour laisser le temps à mon corps de reconstruire le trou fait par la lame.

« Je vais t'atomiser ! , dis-je en tirant sur son avatar avec la console

— Dans tes rêves ! Prends-ça ! », rétorqua Karma en ne laissant plus qu'un PV à mon avatar.

Je souris et sortis mon arme ultime, que j'avais gardé de côté. Mon avatar changea de forme, devenant plus puissant, et ses PV se régénérèrent. Un seul tir sur l'avatar du rouge, et la partie était terminée. Je criai de joie et je partis en arrière sous l'enthousiasme, me retrouvant par terre. J'écarquillai les yeux avant de rire, suivie par Karma.

« Bien joué ! C'est beaucoup plus amusant de jouer contre toi, plutôt que contre des ordinateurs. Cela me pousse à me surpasser. », me sourit le rouge. « Mais essaie de ne pas tomber de ta chaise la prochaine fois ! »

Je me relevai et lui tirai la langue. Je rangeai la pile de livres scolaires qui était contre son bureau, car les livres avaient glissé quand j'étais tombée. Karma avait beaucoup progressé durant ces vacances. Il y a quelques jours, on avait commencé à travailler le programme de lycée dans les matières principales. Le proviseur Asano mettrait sûrement des exercices impossibles à résoudre aux prochains examens, alors nous tenions à être prêts. Du coup, on travaillait et on révisait ensemble, comme lorsque nous étions au primaire.

On s'apprêtait à lancer une autre partie quand Koro arriva et nous demanda de venir avec lui au festival d'été de Kunugigaoka. Il venait tout juste d'avoir l'idée et était en train de prévenir toute la classe, sauf que beaucoup étaient déjà pris. Evidemment ! C'est pas le jour J qu'on prévient, sale poulpe !

Il était en train de pleurer. D'un regard entendu, on ferma nos consoles, acceptant l'invitation. Nous n'avions pas franchement mieux à faire, à part glander en jouant aux jeux vidéos.

« Je dois juste passer chez moi pour déposer mes affaires et enfiler un yukata. Je vous rejoindrai au festival.

— Pas de soucis Akiko. », répondit Koro.

Je rangeai mes affaires, Karma ayant plus besoin que moi des livres scolaires. Je pourrais toujours les récupérer un autre jour. J'avais pas vraiment envie que ce poulpe sache qu'on révisait d'arrache-pied depuis des semaines pour terrasser les troisièmes A aux prochains examens. Nos résultats parleront pour nous.

Je rentrai tranquillement chez moi, mais je sentis quelqu'un me suivre. Cela faisait un petit bout de temps que j'avais cette sensation, surtout quand j'étais seule. Je regardai autour de moi, mais il n'y avait personne. Je me préparai donc à saisir mon vrai pistolet, caché sous mon haut ample, et avançai prudemment.

Je finis par arriver dans la maison où je vivais avec Irina. Venant également, elle avait déjà enfilé un yukata, alors je fis de même. Le mien était violet, ma couleur préférée. On se rendit donc ensemble au festival, mais la sensation qu'on me suivait persistait, ce qui faisait que je regardais partout autour de moi.

« Qu'est-ce-qui ne va pas Akiko ?

— Depuis qu'on est rentrées d'Okinawa, j'ai l'impression que quelqu'un me suit, pourtant je ne vois jamais personne, et Ritsu ne détecte personne non plus.

— Un assassin ?

— Possible. J'ai pas mal d'ennemis et je passe pas forcément inaperçue avec mes cheveux violets... »

Elle hocha la tête, ne sachant que dire de plus, mais je savais qu'elle ferait tout pour découvrir le fin de mot de l'histoire.

Plus tard, au festival, on s'amusait tous beaucoup. Chiba, Hayami et moi avions été bannis à vie du stand de tir, alors que cela ne faisait que vingt minutes qu'on était là. C'était beaucoup trop facile pour nous, on remportait tous les prix.

Je rejoignis alors Karma au stand de loterie, qui faisait des maths pour prouver que la probabilité d'obtenir un des quatre premiers lots était inférieure à un pour cent. Il avait des cornes de diable sur la tête. Je décidai d'en rajouter une couche pour le pauvre monsieur qui avait peur de Karma.

« C'est à se demander s'il y a un fil gagnant, hein ? Et si on demandait aux flics de vérifier ça Karma ? , dis-je, un air diabolique au visage.

— N-Non, c'est inutile. Je lui rend son argent, mais ne dites rien à personne ! , bredouilla le monsieur en sortant des billets de la caisse.

— Non non non, je n'ai pas dépensé cinq mille yens pour qu'on me les rende. Je veux la console de jeux, ou la jeune fille ici présente vous fera la peau. »

Pour mieux appuyer ses propos, je pris mon air le plus sadique et le vendeur donna la console à Karma, nous priant de ne plus s'approcher de lui. On s'éloigna donc pour rejoindre le groupe en riant, fiers de notre petit coup. Il savait depuis le début que le premier lot était ingagnable, mais ce collégien était tout aussi doué que moi pour manipuler les autres à sa guise. Ce qui ne devait lui servir qu'à se défendre au départ s'était tellement développé qu'il l'utilisait pour piéger les autres, comme moi. Même si je ne suis pas sûre que je l'aurais fait pour une console de jeux.

« La prochaine fois que tu viens chez moi, on se fait une partie. On inaugurera la nouvelle console ensemble, c'est pour te remercier du petit coup de main.

— J'en serai honorée Karma ! », souris-je avant de me remettre à rire.

Nos techniques d'assassinat étaient utiles pour réussir ces jeux, tout le monde gagnait les gros lots. Irina, pendant ce temps, était en train de boire sous la tente de la chambre du commerce, sûrement en train de séduire les hommes pour avoir des avantages. Et le poulpe tenait plusieurs stands en même temps, avec ses clones, pour se faire de l'argent car il était toujours fauché en fin de mois. Il prenait la place de ceux qu'on faisait fermer à gagnant tous les lots. Grâce à nous, il se faisait un peu d'argent. C'était donnant-donnant : on s'amusait à gagner les meilleurs lots, ce qui permettait par la suite à Koro d'ouvrir d'autres stands et de se faire de l'argent.

Le feu d'artifice eut alors lieu. On regarda les bouquets colorés dans le ciel nocturne.

« Ces vacances ont été intenses, fit remarquer Karma.

— Oui, et chaque jour le sera un peu plus au deuxième trimestre. Irina m'a dit que Karasuma comptait rendre votre entraînement plus éprouvant, maintenant que vous aviez les bases de l'assassinat. Je vais devoir rendre celui de Nagisa et Kayano un peu plus intense pour les faire progresser.

— Si c'est toi qui les coaches, je suis sûr que tout ira bien.

— T'inquiète, je vais faire en sorte que Nagisa puisse te battre à plate couture !

— Ce n'est pas prêt d'arriver alors.

— Je te signale qu'il arrive de plus en plus à me mettre en difficulté quand on se provoque en duel pour que je mesure les progrès qu'il a fait. Il ne gagne pas encore, mais j'ai de plus en plus de mal à remporter la victoire facilement. D'ici la fin de l'année, il sera capable de te battre. Je dirais même plus, dans cette classe, c'est lui qui est le plus dangereux pour toi.

— Je commence à m'en rendre compte, oui. »

Et c'est ainsi que nos vacances d'été se terminèrent. Très bientôt, nous retournerions en classe.

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