Chapitre 1

 PDV Okami

« Ak-

 — Irina, je t'ai déjà dit de m'appeler par mon nom de code, la coupai-je.

— Je sais, mais tu vas devoir t'habituer à ce qu'on t'appelle par ton prénom Okami.

— Cela m'est égal. Tu es une tueuse professionnelle Irina, et moi aussi. Ces gamins sont des amateurs, ils ne méritent pas de m'appeler par mon nom de code.

— Cette classe va te surprendre, tu sais.

— C'est moi qui vais les surprendre ! »

Je lançai mon couteau en acier et il se ficha au centre de la cible se trouvant dans ma chambre.

« Ce professeur Koro ne sait pas ce qui l'attend ! », souris-je d'un air démoniaque.

Irina soupira puis elle me dit qu'il était temps d'aller en cours. Je vérifiai une dernière fois mon allure dans le miroir, replaçai une mèche rebelle violette et la suivis.


Je montai dans sa voiture et on se rendit toutes les deux au collège Kunugigaoka. Elle était professeure dans la classe E, et c'est justement en haut de cette montagne que je me rendais.

« Okami, écoute-moi s'il te plaît. Je sais ce qu'il sait passé entre vous, enfin ce que tu as bien voulu me dire mais... reste sage, d'accord ? N'oublie pas ton accord avec le gouvernement. Si tu tentes de tuer un des élèves...

— Ne t'inquiète pas Irina, je ne le tuerai pas.

— Peu importe ce que tu as en tête, ne fais rien d'idiot. »

Je hochai la tête, même si elle ne pouvait pas me voir. On sortit de la voiture et on arriva au bâtiment de la classe E. C'était un vieux bâtiment en bois qui n'était sûrement pas aux normes d'hygiène et de sécurité.

On entra dans la bâtisse, les autres élèves étant déjà en cours. Elle me conduisit à ma salle et entra pour rejoindre l'agent du gouvernement Karasuma et le poulpe que je devais abattre.

« Aujourd'hui, la classe E accueille une nouvelle élève. Elle est sous contrat avec le gouvernement. Son casier judiciaire sera rendue vide et elle pourra intégrer la Défense en tant qu'agent si elle vous apporte son aide dans l'assassinat de Koro. En revanche, l'accord est annulé si elle tente de tuer l'un de vous, c'est pourquoi je vous demanderai de venir me prévenir si c'était le cas. », fit Karasuma.

J'entrai dans la salle en faisant tournoyer habilement mon couteau anti-sensei dans ma main.

« Vous donnez une bien mauvaise image de moi Karasuma. Jamais je ne m'en prendrai à des amateurs. En revanche... »

Je lançai le couteau qui fila à la vitesse de la lumière et coupa avec précision un tentacule du professeur. Comme un boomerang, l'arme me revint en main ensuite.

« ... c'est vous que je tuerai, professeur Koro.

— Mais qui es-tu ? » , voulut savoir un élève aux cheveux bleus attachés en couettes.

Mon regard croisa le sien et je ressentis soudain une étrange menace, comme lorsque je rencontrais des apprentis assassins ayant un talent indéniable pour tuer. Ce garçon pourrait tuer n'importe qui s'il le voulait, j'en suis persuadée. Pourtant, personne ne semblait en avoir conscience. Irina ne m'avait rien dit de tel à ce sujet.

Cependant, je n'eus pas le temps de lui répondre qu'un garçon aux cheveux rouges, au fond de la classe, se leva.

« Akiko Sato, dit-il, un peu étonné de me voir.

— Karma Akabane, cela faisait longtemps dis-moi. Tu devrais savoir que je ne m'appelle plus comme ça désormais. Tu te crois toujours au-dessus de tout le monde ? Répondis-je froidement, en faisant faire un saut dans ma main au couteau.

— Si tu ne t'appelles plus Akiko Sato, comment devons-nous t'appeler ? , demanda une fille aux cheveux verts.

— Vous, vous pouvez m'appeler Akiko, j'en ai rien à faire. Mais Akabane a perdu depuis longtemps le droit de m'appeler de cette manière !

— Okami, calme-toi et va t'asseoir s'il te plaît, me fit Irina.

— Comme tu veux Irina... »

Je partis m'asseoir au fond de la classe, juste à côté d'une boîte noire avec une fille aux cheveux roses dessus. Je préférai mettre au moins une place entre Akabane et moi, et il n'y avait pas d'autre endroit où s'asseoir à part à côté de lui.

« Salut Okami, moi c'est Ritsu. J'ai beaucoup entendu parler de toi, tu es très connue !

— Ah oui ? En quoi Ritsu ? , demanda le bleu.

— Okami était une apprentie de Lovro, comme Irina. C'est la première assassin de son âge qui est aussi douée et efficace. Elle n'a pas de pitié pour ses ennemis, elle les tue de manière rapide et efficace, soit sans laisser de trace, soit en faisant un véritable carnage avec le corps du mort. C'est une vraie louve avide de sang.

— D'où ton nom de code, c'est ça ? Okami, cela veut dire louve en japonais. Cela te correspond bien, me sourit la fille aux cheveux verts.

— Merci. Mais vous n'avez pas à vous en faire. Je tue qui je veux tuer.

— C'est censé être une bonne nouvelle Akiko ? », me fit remarquer Akabane.

Je l'ignorai et le cours commença rapidement. Au bout de seulement vingt minutes, je faisais déjà tournoyer mon stylo entre mes doigts, blasée. Je savais déjà tout, et la seule raison qui m'avait poussé à venir dans cette classe alors que je pouvais passer au lycée, voire à l'université, avait été la proposition du gouvernement.

« Tu t'ennuies, murmura Ritsu.

— Un peu. Je sais déjà tout ça, soufflai-je.

— Si c'est le cas, tu pourrais m'aider avec mon système ? Je crois qu'il y a un problème car certains de mes programmes buggent. »

Je lui souris et sortis mon couteau suisse de ma poche, pour en sortir le tournevis.

« Je m'en occupe ! », affirmai-je dans un souffle, en faisant tournoyer le tournevis ainsi obtenu.

Prenant soin de ne pas me faire remarquer par Koro, j'utilisai mon entraînement d'assassin pour me glisser derrière Ritsu et dévisser la plaque de métal nous permettant d'accéder à l'intérieur du système. J'y mis ma tête et inspectai l'ensemble. C'était un vrai festival de câbles dedans, c'était hallucinant. Heureusement que Lovro m'a appris bien plus qu'être une bonne tueuse.

Voyant que tout était normal au niveau des câbles, j'ouvrai le panneau d'alimentation à l'aide du tournevis. Je vis alors que les câbles à cet endroit étaient tous branchés à une seule prise grâce à une multiprise. L'ensemble était donc en surcharge et cela devait sûrement être la source des bugs de Ritsu.

« Tes programmes risquent de s'arrêter un instant Ritsu, la prévins-je.

— Pas de problème. J'en déduis que tu as trouvé le problème.

— Ouais. Tu es en surcharge. »

Je débranchai les câbles et les rebranchai correctement, chacun à une borne du panneau d'alimentation.

« Verdict Ritsu ?

— Ça marche ! Incroyable. »

Je refermai tout et me relevai, replaçant mes cheveux violets. Je vis alors Koro, qui semblait avoir assisté à tout. Un cercle rouge apparut sur sa tête.

« C'est bien Akiko, tu aides déjà tes camarades de classe. Cependant, le faire pendant le cours est inadmissible, fit-il, sa tête virant au violet.

— Ah bon ? Pourtant, je vais finir première aux examens. Je sais déjà tout cela.

— Et après, tu dis que c'est moi qui me croit au-dessus de tout le monde, rétorqua Akabane

— A la différence de toi, je suis réellement au-dessus de tout le monde. De vous en tout cas, surtout de toi. Je suis sûre que n'importe quel élève de cette classe est meilleur que toi !

— Tu te trompes Okami, Karma est le meilleur élève de toute la classe, me fit remarquer Ritsu.

— Et grâce à qui, hein Akabane ? Que tu le veuilles ou non, je serai toujours au-dessus de toi, et je compte bien te le prouver cette année ! , menaçai-je, mes yeux de glace brillant de fureur.

— Bah alors, la louve veut tuer un élève ? , me provoqua-t-il.

— Karma, arrêtes s'il te plaît ! , l'implora le bleu.

— Mêle-toi de ce qui te regarde Nagisa, lui répondit Akabane.

— Akabane, avec toi, je n'hésiterai pas. Je te tuerai. Tu seras l'exception qui confirme la règle ! »

Je fis tournoyer mon couteau suisse, ouvert sur une lame, comme pour appuyer mes propos.

« Tu ne tiens plus à ton accord avec le gouvernement tout d'un coup ? , me nargua le roux.

— Mais je n'ai jamais dit que je te tuerai physiquement. Je vais te prendre tout ce que tu as et te tuer mentalement, à petit feu.

— Nagisa, emmène notre nouvelle élève voir Karasuma. Je pense qu'elle aura plus besoin de ses cours que des mieux, intervint Koro.

— D'accord professeur, acquiesça le bleu.

Je rangeai mes affaires, pris mon sac et Nagisa m'accompagna.

« Tu connais Karma depuis longtemps ? , me demanda-t-il.

— Et même plus que ça.

— Pourtant, tu sembles le détester. Que s'est-il passé pour que tu sois comme ça avec lui ?

— Ecoute Nagisa, tu es bien gentil et il est certain qu'Akabane t'aime beaucoup vu qu'il semble vouloir te tenir à l'écart de notre querelle, mais cela ne te regarde pas.

— M'aimer ? Je ne sais pas. Il s'est éloigné du jour au lendemain, puis on s'est perdu de vue. Les choses ne se sont pas vraiment arrangées depuis, même si je l'apprécie beaucoup.

— Cela m'étonne pas de lui, bienvenu au club Nagisa.

— Pourquoi ? Toi aussi il... »

Il croisa mon regard bleu et comprit que je ne voulais pas continuer à en parler. Il changea donc de sujet.

« Dis, tu préfères qu'on t'appelle par ton pseudo ou ton prénom du coup ?

— Comme tu préfères Nagisa. Le seul qui a perdu le droit de m'appeler par mon prénom est Karma Akabane.

— Je l'avais bien compris, ne t'en fais pas. Mais j'ai vu que Mme Pouffe t'a appelé par ton pseudo, alors que vous semblez proches.

— Mme Pouffe ? C'est quoi ce nom débile que vous avez donné à Irina ?

— Devine qui en est l'initiateur.

— Karma. Il fout toujours le bordel, peu importe ce que j'ai pu lui dire autrefois. Et pour répondre à ta question, Irina m'appelle par mon nom de code à ma demande. C'est une assassin elle aussi, et entre assassins on s'appelle par nos pseudos, même si Irina ne m'a jamais donné le sien.

— Peu importe ce que tu as traversé, je suis content que tu ais trouvé quelqu'un comme Mme Pouffe. C'est important d'avoir des personnes de confiance à ses côtés

— Irina et Lovro sont bien les seuls en qui j'ai confiance présentement.

— C'est mieux que rien.

— Hmm... je me disais, pourquoi tu as des couettes ?

— Oh, ça ? Disons que je n'ai pas le choix et que je dois les garder longs, alors Kayano m'a fait la même coiffure qu'elle.

— C'est la fille à côté de toi, aux cheveux verts ?

— Oui, c'est elle. Je me sens un peu mieux en les ayant attachés comme ça, avant ils étaient en queue de cheval.

— Cela doit pas être facile pour toi non plus. Mais dans un sens, c'est pas plus mal. C'est dans l'adversité que nos talents se révèlent et se renforcent.

— Tu penses ?

— Comment crois-tu que je suis devenue la meilleure adolescente-assassin du monde ? », lui dis-je avec un sourire lumineux.

On toqua à la porte et Karasuma nous ouvrit.

« Nagisa, Okami ? Ne me dis pas que tu as encore fait des tiennes Okami ?

— Non, mais le professeur Koro pense que vos enseignements lui seront plus utiles que les siens, me défendit Nagisa.

— J'avais oublié que tu étais un vrai génie... très bien, allons-y Okami. »

Karasuma renvoya Nagisa en classe et, une fois changée, je le rejoignis dans la cour avec mes couteaux et armes anti-sensei.

« Okami, il faut que tu apprennes à contrôler ton agressivité à l'école, comme quand tu es sur le terrain pour tuer quelqu'un. Tu es une excellente actrice, tu sais très bien jouer la comédie. Alors contrôles-toi.

— Oui je sais Karasuma. C'est juste que c'est nouveau pour moi, mentis-je avec aplomb.

— Bien, je veux voir si tes performances sont à la hauteur de ta réputation. Essaie de me toucher avec ton couteau. »

Je déposai mes armes au sol et ne gardai qu'un couteau en main. Je m'élançai, rapide comme l'éclair, agile et souple comme un chat. Il me fallut peu de temps pour lui trancher la gorge avec mon couteau anti-sensei.

« Eh bien, Lovro et Irina n'avaient pas exagéré tes compétences, ni le gouvernement. Que sais-tu faire d'autre ?

— Paralyser ou assommer l'ennemi avec ma voix, tirer avec précision couteau ou balle de pistolet sans regarder, entre autres choses.

— Avec ta voix ?

— Oui. En produisant les bonnes ondes, je suis capable d'ordonner au cerveau de mon adversaire de le paralyser ou de l'assommer. Je sais aussi faire la technique de Lovro, mais en version plus poussée.

— Je vois. Si tu veux bien, j'aimerai que tu n'utilises pas toutes ces techniques avant un moment. Tu découragerais les autres élèves et ils n'ont pas besoin de ça.

— Ne t'en fais pas, je les utiliserai le moins possible.

— Merci. Mais je ne comprend pas : tu es visiblement une assassin remarquable et également un génie intellectuel. Alors, pourquoi avoir accepté d'aider cette classe à assassiner ce poulpe ?

— J'aime bien les défis, et la proposition du gouvernement était plus qu'alléchante. Tuer un poulpe se déplaçant à Mach 20, y'a de quoi faire rêver pour un assassin comme moi. »

Je lançai mon couteau sur une des cibles installées, à plusieurs mètres derrière Karasuma. La lame anti-sensei se ficha au centre de la cible.

« Tu n'as pas pensé à aider tes camarades de classe ? Autant en cours qu'en assassinat. Ils pourraient beaucoup progresser avec ton aide.

— Le professeur Koro fait déjà du beau boulot de ce côté-là, et toi aussi. Sans compter Irina. Vous n'avez pas besoin de moi.

— Je suis certain qu'ils auraient bien besoin de ton aide. Tu peux toujours leur demander.

— Pitié, à quoi cela me servirait de les aider à progresser ?

— Cela te rendrait plus humaine à leurs yeux Akiko.

— Je ne suis plus humaine, et Akiko est morte depuis longtemps !»

De rage, je lançai le deuxième couteau, que j'avais récupéré, et il se planta au coeur de la cible, juste au-dessus du premier. J'allai ensuite les récupérer.

« Moi, je voudrais bien t'avoir comme professeure. Je suis certain que tu nous ferais progresser à pas de géant. », intervint une voix.

Je me retournai et vis avec étonnement toute la classe, accoudée aux fenêtres. Ils semblaient nous observer depuis un certain temps. Celui qui venait de parler était Nagisa.

« Nagisa a raison, on pourrait progresser grâce à toi et on pourrait écraser la classe A, ajouta Nakamura.

— Et puis, cela te permettrait de faire passer le temps sans t'ennuyer en cours, continua Koro.

— Je ne vois pas pourquoi j'aiderai des amateurs comme vous, surtout qu'aucun de vous ne deviendra vraiment un assassin un jour. Même Akabane n'a pas les tripes pour ça.

— Répète un peu pour voir !!

— Puisque c'est si gentiment demandé... tu n'as pas les tripes pour tuer Akabane. Tout ce que tu sais faire, c'est te bagarrer à tout bout de champ. C'est pas comme ça que tu iras loin dans la vie. Remarque, vu que tu es en classe E, tu n'es pas allé bien loin depuis le primaire. Je m'attendais à mieux de te part, mais je suppose qu'un nul restera toujours un nul.

— Karma n'est pas nul, c'est même le plus fort de la classe dans toutes les disciplines. C'est plutôt moi la nulle, dit Kayano.

— Ou moi, renchérit Nagisa.

— Je serais prête à parier que vous êtes bien plus doués que vous ne le pensez, vous ne le savez pas encore, c'est tout, les rassurai-je avec un sourire gentil, en repensant à la sensation que j'avais eu ce matin en croisant le regard de Nagisa.

— Tu penses ? , fit Kayano, peu convaincue.

— Bien sûr. J'ai... disons... l'instinct pour remarquer les personnes qui cachent un talent particulier.

— Dans ce cas, pourquoi ne pas les aider à s'améliorer, pour qu'ils puissent le découvrir ? , proposa Karasuma.

— Vous n'allez vraiment pas me lâcher avec ça...

— Allez Okami, je t'en prie. On apprendrait tellement de choses en assassinat et en classe si tu aidais nos professeurs en nous enseignants ! », me supplia Kayano.

Je souris légèrement. Pourquoi pas après tout ? Je n'avais pas mieux à faire et j'étais curieuse de voir si mes intuitions étaient exactes.

Je fis sauter mon couteau dans ma main, un franc sourire aux lèvres.

« Appelez-moi Akiko ! , souris-je avec un clin d'oeil.

— Cela veut dire que tu acceptes ? , voulut savoir Isogai.

— Je n'ai pas franchement mieux à faire de toute façon. », répondis-je, faussement blasée.

La classe cria de joie, sauf Akabane mais ce n'était pas étonnant. Ces élèves avaient quelque chose de spécial, j'aurais jamais accepté avant. Enfin, avant, depuis qu'il est parti.

Quelques jours passèrent. Karasuma nous observait en évitant les coups des élèves, pendant que je me battais contre Nagisa et Kayano, baissant nettement mon niveau afin qu'ils puissent progresser. Cette classe était pleine de talents, même si Nagisa et Kayano ne semblaient pas être doués de quelque chose au premier abord.

« Bon, essayez d'attaquer Karasuma cette fois. J'interviendrai en cas de besoin, j'assure vos arrières. », affirmai-je.

Ils hochèrent la tête et Kayano fut la première à se lancer, mais sa tentative fut vaine. Nagisa fut le suivant. Il avait les yeux rivés sur Karasuma et réussit à passer derrière lui, sans qu'il le voit, alors que le professeur était très vigilent. Karasuma riposta alors violemment et Nagisa fut envoyé au sol.

« Aie, ça fait mal ! »

Karasuma s'approcha de lui et je fis de même. Une fois rassuré de son état, je vis l'étonnement peint sur le visage du professeur. Délaissant Nagisa et Kayano, j'allai le rejoindre.

« Tu l'as senti, n'est-ce-pas ?

— Que veux-tu dire ?

— Nagisa. Le premier jour, quand mon regard a croisé le sien... j'ai eu l'impression qu'il représentait une menace plus importante qu'en apparence. Vous venez de le sentir, je me trompe ?

— Non, tu as raison.

— Cela confirme ce que je pensais.

— Que veux-tu dire ?

— On en parlera plus tard Karasuma, je dois retourner les entraîner.

— D'accord. »

A la fin du cours, pendant que les élèves discutaient sur la distance que mettait Karasuma entre lui et ses élèves, j'observai du coin de l'oeil Nagisa. Comment ce jeune si innocent pouvait détenir un tel talent ?

« Salut Karasuma !

— Takaoka ? »

Un homme de fort gabarit et les bras chargés étaient en haut des escaliers. Le reste de la classe lâcha un « Hein ?! » collectif.

« Vous croyez que c'est un nouveau prof ?

— Bonjour ! Akira Takaoka, je suis venu épauler mon collègue Karasuma dans son travail et ce à partir d'aujourd'hui ! Ravi de vous rencontrer, chers futurs élèves ! »

Mouais... je le sens pas ce gars. J'ai un mauvais pressentiment.

Alors que Takaoka avait installé une nappe avec plein de pâtisseries et que plusieurs élèves, et Koro, salivaient en disant que cela faisait une différence avec Karasuma, je résistai difficilement à la tentation de manger moi aussi et je regardai le nouveau prof. Cet agent Bisounours était très suspect de mon point de vue. J'allais devoir rester sur mes gardes. L'une des meilleures techniques de discipline consistait à aimer en inspirant de la peur, et c'est exactement l'impression que j'avais de ce repas offert. Alors, même si c'était dur, la méfiance que j'avais envers ce nouveau venu me permit de résister à la tentation.

Le lendemain, Takaoka était ravi de commencer. Il nous prévint que son cours serait plus corsé que celui de Karasuma mais qu'il avait prévu des gâteaux pour nous récompenser après.

« Plus corsé ou non, j'en ai pas besoin. Je me demande ce qu'il nous prépare, soufflai-je.

— Akiko ? Il y a un problème ? , chuchota Nagisa.

— Non, ne t'en fais pas. »

Takaoka plaisanta à propos de sa brioche avant de nous montrer notre nouvel emploi du temps. On avait cours avec lui dix heures par jour et terminait à neuf heures du soir.

« Ils ne vont jamais tenir à ce train ! Et leurs examens ? Il veut les briser mentalement et physiquement ou quoi ?!! »

Devant les exclamations de surprise, le professeur affirma qu'il fallait bien ça pour en faire de vrais assassins.

« Je suis devenue un assassin avec deux fois moins d'entraînement ! », murmurai-je sans que personne ne m'entende.

Maheara se plaignit qu'ils n'avaient plus une heure de cours, que leurs notes allaient chuter et qu'ils n'auraient plus une minute pour décompresser. Takaoka le prit alors par les cheveux et lui donna un coup de genou dans le ventre, disant que ce programme était faisable. Il ajouta qu'ils formaient une grande famille dont il était le père et que les élèves devaient donc lui obéir, et que s'ils partaient, il leur trouverait des remplaçants. Je serrai le poing. Je vais me le faire celui-là.

Quand il demanda à Kanzaki de faire ce que « papa » lui demandait, elle répondit qu'elle suivrait le cours de Karasuma s'il lui permettait, mais celui lui fallut une gifle qui l'envoya bouler. Furieuse, je me levai pendant que les autres allaient voir si Kanzaki allait bien. Takaoka nous dit alors que l'affirmative était la seule réponse possible et qu'on allait régler cela au poing si nous n'étions pas d'accord.

Cependant, avant que j'intervienne et que je fasse un carnage, Karasuma s'interposa. Il s'assura ensuite que tous allaient bien. Takaoka le rassura alors comme quoi il ne ferait pas de mal à l'un des siens mais c'est un Koro furieux qui dit alors que c'était ses élèves, et pas la famille du militaire. Ce dernier riposta en disant que Koro n'avait pas à s'interposer de cette manière, car c'était son cours. Koro était en train de sortir de ses gonds au fur et à mesure des paroles de Takaoka alors je poussai le poulpe vers les escaliers.

« Professeur Koro, ne vous en faites pas. Je vais veiller sur eux et je n'hésiterai pas à assassiner ce Takaoka s'il s'en prend encore une fois aux autres. Je le sens pas ce type... »

Il hocha la tête et fut rejoint par Karasuma sur les escaliers.

Un moment après, nous faisions beaucoup de squats. En l'occurrence, cela ne me faisait rien parce que j'avais l'habitude. Mais je voyais bien que les autres fatiguaient, alors je cherchais un moyen d'agir, et le moment pour le faire. Kurahashi réclama Karasuma, celui qui valut de se faire presque démolir la mâchoire sans l'intervention de l'agent de Défense. Il lui dit alors que c'était assez, que s'il voulait se battre il était là, mais qu'il n'avait pas à s'en prendre aux élèves.

« Si on doit s'affronter, ce sera sur le terrain de l'enseignement. Choisir le meilleur des élèves que tu as formé, il devra se battre en duel contre moi. S'il parvint à m'effleurer avec son couteau, je reconnaîtrai ma défaite et je m'en irai. Seulement, il n'utilisera pas ces accessoires. Ton poulain devra me battre avec un vrai poignard ! », déclara Takaoka en plantant une lame comme celles que j'avais pour habitude d'utiliser dans le sol.

Je serrai les poings et m'avançai.

« Hors de question, gros tas de graisse ! Ils ne sont pas formés ni prêt à tuer des humains, et ce n'est pas ce qu'on leur demande.

— On se calme, l'assassin. Eh oui, je sais qui tu es ! Rassure-toi, il suffira que le choisi de Karasuma m'effleure une fois avec son poignard. De plus, je ne serais pas armé, cela me fera un gros handicap. Que te faut-il de plus ? »

Un gros handicap, mon œil. Vu comme il est baraqué, il n'aurait pas besoin d'arme pour assassiner un des élèves de cette classe.

Je voyais l'hésitation sur le visage de Karasuma, alors qu'il ramassait le couteau. Il scruta la classe avant de poser son regard sur moi.

« Akiko, tu veux bien t'en charger ? Tu es une professionnelle, je ne veux pas risquer la vie d'un des autres élèves. »

Je regardai la lame avant de regarder le reste des élèves. Mon regard se posa sur une tête en particulier, et une idée me vint en tête. Je suis certaine que cela pourrait marcher.

« Karasuma, tu me fais confiance ?

— Oui, bien sûr.

— Confies cette lame à Nagisa.

— A Nagisa ? Pourquoi ?

— Fais-moi confiance. C'est moi qui l'ait entraîné ces derniers jours, et j'ai vu comment il t'a attaqué à l'entraînement l'autre jour. Si ma constatation est véridique, Takaoka aura la surprise de sa vie. Et si cela ne marche pas, j'interviendrai et Koro aussi à Mach 20.

— Bon d'accord, je te fais confiance. »

Il alla ensuite vers le bleu, qui prit sans hésitation la lame. Il savait que si c'était Karasuma qui lui donnait ce couteau, il pouvait lui faire confiance. Takaoka se moqua du fait que Karasuma avait visiblement perdu toute jugeote.

« Ne t'inquiète pas, tas de graisse. Si tout se passe comme prévu, tu te prendras la raclée de ta vie. », soufflai-je pour moi-même.

Karasuma donna quelques conseils à Nagisa, comme le fait que ce combat servait d'exemple pour Takaoka mais que pour l'adolescent, c'était un assassinat.

« Karasuma a raison Nagisa, tu n'es pas là pour faire une démonstrations de force. Tu dois juste le tuer. Un seul contact, c'est la clé de la victoire, lui murmurai-je.

— Pourquoi ne pas avoir choisi Akiko ? , demanda-t-il.

— J'ai demandé à ce que ce soit toi Nagisa. Je n'ai pas à prouver que je suis capable de tuer et de me battre, tout le monde le sait déjà. Pour le reste, fais-moi confiance. Suis tes instincts, comme je ne cesse de te le dire depuis quelques jours. Ce sont eux qui te guideront jusqu'à la victoire. »

Il hocha la tête et on s'éloigna. Il semblait déstabilisé, du fait qu'il tenait une vraie lame dans sa main. Il finit cependant par raffermir sa poigne sur le manche. Il afficha alors un sourire et marcha normalement, l'air naturel, comme lorsqu'il allait à l'école. Takaoka, choqué, ne bougea pas. Son bras stoppa Nagisa, qui en profita pour lever brusquement le bras avec le couteau, faisant peur au professeur qui venait de comprendre qu'il avait failli mourir. Il bascula en arrière et le bleu en profita pour l'empoigner par la chemise, passer derrière lui et lui placer le couteau sous la gorge.

« Vous avez perdu, je vous tiens ! », fit Nagisa, assuré.

Takaoka criait et pleurait de peur, ce qui me fit pouffer. Toute la classe était choquée, y compris Karasuma. A son visage, je devinai qu'il voyait où j'avais voulu en venir la veille. Le talent de Nagisa était dans l'assassinat. Il arrivait à approcher son ennemi en cachant son hostilité et en l'utilisant pour la déstabiliser et arriver à ses fins. Un vrai assassin, mais pouvait-on vraiment laisser un tel don s'épanouir ?

Je n'avais pas besoin de lui parler pour savoir que c'était ce qu'il pensait, j'étais déjà passée par là peu avant.

« Euh au fait, le dos de la lame, ça compte ? », demanda Nagisa, ayant repris ses esprits.

Il n'a pas conscience d'un tel talent, vu la tête qu'il fait.

Koro intervint, disant que c'était suffisant, et mangea la lame. Il réprimanda Karasuma pour l'avoir mis en danger. Toute la classe se précipita sur Nagisa, lui demanda depuis quand il savait manier un poignard.

« Je ne sais pas m'en servir, j'ai juste suivi les conseils de Karasuma et Akiko, y compris ceux qu'elle m'avait donné aux entraînements. Monsieur Takaoka est super balèze. »

Maheara le gifla, pour s'assurer que c'était bien lui, ayant du mal à y croire. Il le remercia car cet exploit lui avait remonté le moral. Takaoka se releva alors, furieux, disant que non seulement Nagisa l'avait défié mais qu'il s'était aussi vanté devant ses camarades de l'avoir eu sur un coup de chance. Il réclama un deuxième round, voulant le briser physiquement et mentalement. Nagisa s'excusa, affirmant en effet qu'il ne le battrait pas une seconde fois mais lui demandant de partir car c'était Karasuma leur professeur de sport.

« Le professionnalisme de Karasuma me paraît beaucoup plus sincère, ajouta Nagisa.

— Je confirme, dès que j'ai vu ce type, je l'ai pas senti. J'ai eu raison de me méfier.

— Et tu n'as rien fait pour nous aider ?!!

— La ferme Akabane, on en parlera plus tard. »

Takaoka jura et voulut s'attaquer à Nagisa mais Karasuma s'interposa une nouvelle fois, lui donnant une beigne. Il s'excusa de la gêne occasionnée et annonça qu'il exposerait la situation à ses supérieurs et tenterait de négocier pour redevenir leur professeur. Takaoka se releva et affirma qu'il leur parlerait en premier mais le proviseur Asano intervint.

« Il ne sera pas nécessaire de négocier. J'étais curieux de connaître les méthodes de notre nouveau venu. J'ai absolument tout vu, aucun détail ne m'a échappé. Navré Monsieur Takaoka, votre cours est d'un ennui mortel, on se passera de vos services. Je suis d'accord que la peur est nécessaire à l'éducation, mais si vous ne pouvez l'inspirer que par la violence sans obtenir le respect de vos élèves, vous n'êtes qu'un minable de troisième zone. Votre lettre de licenciement. », dit-il en la lui fourrant dans la bouche. « Inutile de vous plaindre au ministère de la Défense, ils ne peuvent titulariser personne dans ce collège. J'engage qui je veux ici, c'est moi qui mène le bal, ne vous avisez pas de l'oublier. »

Sur ce, il partit alors que Takaoka était littéralement en train de manger la feuille. Il se releva et partit en courant, ramassant son sac posé au sol au passage.

Toute la classe était content de retrouver Karasuma comme professeur et ils allèrent tous manger un morceau après un beau discours de Koro à Karasuma sur la beauté de l'enseignement. Ils me proposèrent de les accompagner, mais je refusai gentiment. C'était le moment de gloire de Karasuma et Nagisa, je n'avais pas à intervenir. De plus, comme je n'avais rien fait d'exceptionnel, je n'avais pas à les suivre.

« Mais si, aller Akiko ! Sans tes conseils quand tu m'entraînais, j'aurais jamais réussi cet exploit. Tu es mon entraîneuse, une partie du mérite te revint. », protesta Nagisa.

Il aurait réussi, même sans mes conseils et mes entraînements, mais il ne s'en rend pas compte. Je ferais sans doute mieux de jouer le jeu pour l'instant. Après tout, apprendre à son âge qu'on est doué pour tuer des gens, ce n'est pas franchement génial, surtout si on n'a pas choisi de tuer, comme moi. Je préfère lui cacher la vérité pour l'instant, et il en est de même pour Irina et les autres professeurs je crois, je leur en parlerai.

« Bon, d'accord. Allons-y alors ! »

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Voici un nouveau chapitre, j'allais pas vous laisser mariner longtemps avec un prologue si court XD

Qu'en avez-vous pensé ? Okami/Akiko est-elle comme vous vous l'imaginiez avec le prologue ? (même si c'est non, vu que j'ai déjà écrit presque vingt chapitres de plus, autant vous dire que je vais rien modifier mais je me renseigne quand même.

Biz,
Angel

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