XIX - Une Saint-Valentin à Poudlard.
Se promener librement dans les couloirs de Poudlard, le jour de la Saint-Valentin, était l'idée la plus stupide que pouvait avoir un élève. Sauf s'il souhaitait se faire bousculer par des Cupidons volants, interpeller par des fantômes furieux, ou pire encore, recevoir une lettre des dit Cupidons en question. Ce qui expliquait la certaine clémence qu'avaient les professeurs lorsque l'un de leurs élèves arrivait en retard en cours, le visage cramoisi la plupart du temps.
Hermione, déambulant difficilement entre les élèves amassés dans le couloir du troisième étage, commençait à regretter de ne pas avoir accompagné Harry et Ron sur le terrain de Quidditch, le rouquin voulant continuer à s'entraîner sur de vrais balais de compétition pour ne pas perdre la main pour l'année prochaine. Mais elle avait refusé la proposition de ses meilleurs amis, voulant à tout prix finir ses devoirs pour être tranquille et passer la soirée avec Fred.
Elle n'avait jamais eu à se soucier des Cupidons avant, les élèves ne lui trouvant aucun intérêt particulier, sauf que, cette année, les choses avaient considérablement changée Oh bien sûr, elle savait que Fred n'était pas l'auteur de la mauvaise plaisanterie qui la suivait depuis son réveil, puisqu'il en était lui-même victime, et il lui prenait à songer qu'elle aurait préféré que leur histoire reste dans l'ombre.
Des ricanements s'élevèrent autour d'elle lorsqu'un énième Cupidon s'arrêta face à elle, la forçant à interrompre sa marche pressée en direction de la bibliothèque. Comme tous ses comparses, il était petit, dodu et simplement habillé d'une toge sur laquelle avait été épinglée un cœur rouge sur la poitrine. Ses cheveux d'un noir de jais faisaient ressortir la pâleur de sa peau. Un soupir de dépit s'échappa des lèvres sèches de la Préfète, qui finit par relever lentement la tête, le visage cramoisi.
Et alors, à sa plus grande honte, et sous les yeux de tous les septième année de Serdaigle, le Cupidon se mit à réciter un poème écrit par un élève de l'école, dans lequel il était question d'un prince de pacotille venu secourir une princesse toute aussi insignifiante. Hermione tenta tant bien que de mal de garder contenance devant les autres, essayant même d'afficher un air blasé, mais ceux qui la connaissaient assez bien n'auraient pas manqué de remarquer que ses yeux s'étaient soudainement mis à briller étrangement.
Elle ne sut combien de temps elle resta ainsi, mortifiée, mais lorsque le Cupidon s'envola pour aller délivrer un nouveau message, elle eut l'impression qu'une éternité venait de s'écouler. Elle qui détestait plus que tout être au centre de l'attention, venait d'être servie, et les ricanements des Serdaigle lui promettaient que cette histoire ferait bientôt le tour du château.
Une unique larme coula le long de sa joue, et par chance, personne ne s'en rendit compte. Ni les élèves riant toujours, ni les tableaux qui se murmuraient des mots entre eux, tout en la regardant avec une certaine pitié. Un instant, elle se demanda si elle n'était pas en train de vivre un cauchemar, espérant sans vraiment y croire qu'elle finirait par se réveiller bientôt, et que cette journée serait aussi ordinaire que les autres...
Mais un bras se glissa soudainement sous le sien, lui confirmant que la situation était bien réelle. Surprise, Hermione se laissa entraîner dans un couloir adjacent par George, qui ne perdit pas une seconde pour remettre ses camarades à leur place, précisant que ceux qui n'étaient pas capables de laisser la Gryffondor et son frère tranquilles seraient les prochaines victimes de leurs farces. Et comme personne ne souhaitait que cela lui arrive, le silence se fit brusquement dans le couloir, les élèves détournant le regard de la cinquième année.
―Quel cours tu as ? demanda le garçon.
―Quoi ? fit Hermione en fronçant les sourcils, reprenant peu à peu la maîtrise de ses émotions.
―Quel cours tu as ? répéta lentement George. Pour que je t'accompagne et que personne ne vienne te chercher des poux.
―Oh ! Euh... rien, j'allais à la bibliothèque, répondit-elle avec étonnement.
Un mince sourire s'étira sur ses lèvres lorsqu'elle remarqua la grimace du rouquin. Si Fred acceptait sans rechigner de la suivre pendant des heures entières à la bibliothèque, ce n'était apparemment pas possible pour George puisqu'il les conduisit jusqu'à la tour des Gryffondor.
―Je ne te laisse pas seule avec ces... commença-t-il sèchement avant qu'elle ne lui coupe rapidement la parole, bien qu'un peu énervée de ne pas pouvoir aller étudier calmement.
―D'accord, très bien, concéda-t-elle.
Elle soupira néanmoins d'agacement en constatant que le garçon refusait de lui lâcher le bras, et ils passèrent le portrait de la Grosse Dame qui les regarda venir avec étonnement. Par chance, la plupart des Gryffondor se trouvaient en cours, si bien que personne ne put s'étonner du comportement de George, qui les dirigea vers le rouquin assis sur un fauteuil, près d'une fenêtre offrant un point de vue vertigineux sur le parc de l'école.
―Qu'est-ce que vous faîtes là ? s'étonna Fred en se tournant aussitôt vers eux. Et, euh, pourquoi tu tiens Hermione par le bras ?
Le rire de George s'éleva dans la pièce, et il consentit enfin à lâcher la jeune fille qui s'éloigna aussitôt de lui, en colère du traitement qu'il venait de lui faire subir.
―Je viens de sauver Miss Parfaite d'un nouveau Cupidon, expliqua-t-il toutefois en croisant le regard interrogateur de son jumeau.
Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Fred qui dévia son regard sur Hermione, qui rougit de nouveau, se refusant à penser à l'humiliation publique qu'elle venait de subir. Entendre les autres parler de son histoire avec le septième année était presque plus simple que de les imaginer ricanant de la scène qu'elle venait de vivre.
Un peu.
―Ah ! ricana-t-il. Ils sont sympas ces Cupidons, non ?
―Non ! s'exclama sèchement Hermione. Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?
Si ses souvenirs ne lui faisaient pas défaut, les jumeaux auraient du se trouver en cours de Métamorphose avec leur directrice de maison. D'ailleurs, comment George avait-il su où la trouver ? Un rapide coup d'œil à sa montre lui indiqua qu'Harry avait du rejoindre sa petite-amie, Cho Chang à Pré-au-Lard. Il n'avait donc pas pu prêter la Carte du Maraudeur au rouquin.
―Je crois que McGonagall en a eu assez de voir des dizaines de Cupidons venir perturber son cours, expliqua Fred. Alors, elle m'a exclu.
―Et toi ? fit-elle en faisant face à George.
―Oh moi, répondit-il en haussant des épaules, j'ai dis des choses qui ne lui ont pas plu, je pense...
―Bande d'idiots, grommela-t-elle en se laissant tomber sur un canapé.
Elle fit mine de ne pas entendre le rire des jumeaux qui résonna dans la pièce, avant que George annonce avoir une amie à rejoindre. Bien malgré elle, en dépit de son agacement, Hermione sourit en comprenant que cette amie n'était autre qu'Angelina Johnson, qui d'ailleurs, était devenue bien plus qu'une amie pour le garçon.
―Vois le bon côté des choses, commenta Fred en s'installant près d'elle.
―Lequel ?
―Je n'aurais pas besoin d'attendre ce soir pour passer un peu de temps avec toi.
Un sourire se dessina sur les lèvres de la Préfète qui essaya tant bien que mal de ne pas rougir face aux propos du rouquin. Du moins, fit-elle comme si de rien était et déposa ses lèvres sur les siennes.
―J'accepte cet argument, souffla-t-elle doucement.
Le clin d'œil du garçon l'amusa et elle en profita pour entrelacer leurs doigts, en recherche de contact. Elle avait finalement réussi à s'habituer à ce besoin constant de l'avoir près d'elle à chaque seconde de la journée. L'amour, lui aurait répondu sa meilleure amie avec un grand sourire. Et peut-être que pour une fois, Ginny n'avait pas si tord que ça...
―Alors, ils te disaient quoi, tes Cupidons ? demanda Fred, incapable de rester silencieux.
Et il était très curieux d'entendre ce qu'Hermione avait à lui dire sur cette histoire, qui lui, l'amusait énormément. Il savait, bien entendu, que la jeune fille avait plus de mal à vivre les choses, puisque les élèves en profitaient pour se moquer d'elle sans vergogne, et il se promettait de la venger un jour.
―Des stupidités, avoua-t-elle avec un soupir. Ils étaient à peu près tous du même genre, donc je pense qu'ils viennent de la même personne, mais il y en a quand même un qui disait que j'étais jolie.
Elle éclata de rire en voyant les sourcils du garçons se froncer. Et elle ne put se demander s'il n'était pas véritablement jaloux pour une fois. D'habitude, il plaisantait avec ça, mais peut-être que c'était uniquement pour cacher une part de vérité...
―Serais-tu jaloux ? rit-elle joyeusement en levant les yeux vers lui.
Fred secoua la tête, dans une tentative vaine pour paraître nonchalant, mais Hermione ne s'y laissa pas prendre, et son fou rire s'éternisa, au plus grand ravissement du garçon qui n'arrivait désormais plus à se passer de ce son...
―Tu es mignon quand tu es jaloux, ajouta-t-elle, une fois calmée, avant de l'embrasser.
―Je peux être mignon dans tellement de situation... fit-il avec amusement.
Hermione leva les yeux au ciel avant de se laisser aller plus confortablement contre le garçon, ignorant le regard invasif des élèves pénétrant peu à peu dans la salle commune.
―Je suis fier de toi, souffla même Fred à son oreille en constatant qu'elle ne s'éloignait pas brusquement de lui.
La jeune fille sentit son cœur manquer un battement dans sa poitrine, et elle releva alors la tête pour croiser le regard satisfait du rouquin. En remarquant la lueur qui faisait briller ses prunelles, elle songea qu'elle serait prête à tout pour le faire sourire, et rire. Pour lui rendre l'insouciance qu'elle aimait tant chez lui.
―Merci, je suis contente aussi, sourit-elle.
Fred rit, si fort qu'il perturba un instant la concentration des élèves de leur maison, bien décidés à faire leurs devoirs. Mais ni lui ni Hermione ne semblèrent remarquer l'agacement de leurs camarades, bien trop enfermés dans leur bulle de bonheur pour remarquer le monde environnant.
―Je crois qu'à force de me côtoyer, tu commences à avoir un peu d'humour, fit Fred.
La bouche d'Hermione s'entrouvrit légèrement, avant qu'elle ne donne un coup sur l'épaule du garçon, prenant conscience de ce qu'il venait de dire. Alors quoi, lui aussi la voyait comme une fille trop coincée ? Non, mais quel toupet, venant de son propre petit-ami.
―Je ne te permets pas ! souffla-t-elle en croisant les bras.
―Vexée, Miss Parfaite ? rit le rouquin. Oh allez ! ajouta-t-il en constatant qu'Hermione était toujours crispée, déstresse ! C'était juste pour rire.
―Oui, et bien moi, ça ne me fait pas rire, marmonna-t-elle en détournant le regard.
Mais les doigts de Fred se glissèrent doucement sous son menton, la forçant à nouveau à plonger son regard dans le sien. Le sourire narquois qu'il arborait lui fit lever les yeux au ciel, bien qu'elle s'efforça de toutes ses forces de ne pas le faire.
―Tu n'arrives pas à être en colère contre moi, comprit-il avec un immense sourire.
Et sans lui laisser le temps de protester, comme le prouvait le froncement de ses sourcils, il déposa délicatement ses lèvres contre les siennes, dans un baiser qui fit oublier tout le reste à Hermione.
[...]
―Alors ça avance ? répéta Ginny pour la quatrième fois en moins de deux minutes.
Seul un soupir frustré de la part de sa meilleure amie lui répondit, et elle s'enfonça plus confortablement dans son fauteuil, très amusée par la situation et le stress apparent d'Hermione.
―Je persiste à dire que c'est une mauvaise idée ! siffla la Préfète en froissant un autre morceau de parchemin qui vint rejoindre les précédents, sur le sol du dortoir des filles de Gryffondor de cinquième année.
―Non, ce n'est pas une mauvaise idée, la rassura la plus jeune. Et tu dois absolument le faire si tu veux passer une merveilleuse Saint-Valentin avec mon frère.
Hermione soupira, plus fortement que les fois d'avant, et cette fois-ci, Ginny ne put retenir son rire plus longtemps. Voir son amie aussi désemparée que maintenant l'amusait toujours autant, elle qui avait souvent pensé que rien ne pourrait un jour ébranler la talentueuse Hermione Granger. Mais il fallait croire qu'un garçon et une lettre d'amour en avaient le divin pouvoir...
―Respire, ajouta-t-elle une fois sa crise de rire passée. Respire, essaye de penser à ce que tu veux lui dire et commence à écrire sans trop réfléchir.
Pendant un temps, Hermione eut bien du mal à suivre le conseil de sa meilleure amie, sentant son regard perçant dans son dos, ce qui ne l'aidait vraiment pas à se concentrer, mais elle dut admettre néanmoins que le conseil n'était pas mauvais. Et puis c'était toujours mieux que de s'acharner sur de pauvres morceaux de papiers...
Elle prit une grande inspiration, et ferma les yeux, laissant les souvenirs de son histoire avec Fred lui revenir en mémoire, de cette chamaillerie au Square Grimmaurd, à leurs discussions nocturnes dans une salle de classe, pour finir par leur moment dans la salle commune quelques minutes auparavant, durant lequel elle avait réalisé qu'elle pouvait être à l'aise avec lui en dépit de tous les regards braqués sur eux.
Elle s'était immédiatement empressée d'en faire part à Ginny, qui lui avait alors conseillé d'écrire tout ça dans une lettre qu'elle donnerait au rouquin le soir-même, après avoir refusé de lui en parler de vive-voix. Elle venait de faire un très gros travail sur elle-même, alors lui demander ça en plus... risquait de lui faire légèrement perdre les pédales.
Légèrement.
Un sourire attendri se dessina sur ses lèvres, illuminant son visage, et comme guidée par une force extérieure, la main d'Hermione se posa sur le parchemin et le grattement de la plume de hibou arracha un sourire satisfait à la rouquine.
Fred,
Je ne sais pas pourquoi il m'est plus simple de me confier à toi de cette façon, et j'espère sincèrement être un jour capable d'en faire autrement, mais pour le moment, je crois que je vais me contenter de ça.
Au moment où j'écris ces mots, tu n'es pas loin, sûrement en train de rire avec ton frère et tes amis dans la salle commune, et je me demande un petit peu si tu penses à moi. Parce que de mon côté, tu envahis sans cesse mes pensées. Tellement que s'en est parfois déstabilisant... Je te vois rire d'ici à ces mots, mais sache que c'est la vérité.
La pure et simple vérité.
Il y a deux mois, après le réveillon de Noël, tu m'as demandé pourquoi je ne parvenais pas à me confier à toi comme je pourrais facilement le faire avec George et Ginny... et la réponse est que je ne sais pas. Peut-être que tu m'intimides un peu, en fait. Ou alors est-ce le fait que tu as pris une place si importante dans ma vie aussi rapidement que j'en ai encore le tournis. Je n'ai pas la réponse à cette question, mais aujourd'hui, dans cette lettre, je vais essayer au maximum de t'offrir mes pensées.
Après la mort de mes parents, j'ai cru perdre tout repère. Toute chose importante qui donnait à la vie sa saveur si particulière, sa beauté, son insouciance. Son bonheur. Pourtant, tu étais là, alors que je ne m'y attendais pas, et tu m'as soutenue, bien plus que n'importe qui d'autre. Tu m'as fait découvrir des choses que je ne pensais jamais connaître et tu m'as permis de sortir plus forte de cette épreuve.
Alors, je crois que je te dois des remerciements. Pour tout ce que tu as fait pour moi et tout ce que tu fais encore aujourd'hui. Rien que le fait que tu me souris me fait du bien et m'aide à penser à demain. Donc, merci. Mille fois merci.
Et non, sache que je ne regrette pas une seule seconde d'être avec toi. Bien au contraire, je suis plus qu'honorée d'être celle que tu présentes comme ta petite-amie. Même si ça me gêne un peu lorsque tu le fais, parce que je sais que toi, tu trouves ça très amusant...
Enfin voilà. J'ai tant de choses à te dire encore, mais pour cette fois, je crois que je vais m'arrêter là. Je te promets d'essayer de faire des efforts pour avoir plus confiance en nous, même si, ne doute jamais que je te fais confiance.
J'ai confiance en toi, Fred.
Hermione.
―Nom d'un hibou ! s'exclama Ginny. Tu as écrit tout ça !
Hermione rougit furieusement en sentant la présence de sa meilleure amie dans son dos et s'empressa de cacher la missive sous son lit. Cela ne la gênait absolument pas que la rouquine en découvre le contenu, mais elle estimait que Fred devait être le premier à en avoir le privilège. S'il apprenait que sa petite sœur avait lu la lettre avant lui, elle craignait qu'une nouvelle dispute éclate entre eux, comme c'était souvent le cas...
―C'est trop ? s'inquiéta-t-elle brusquement en fronçant les sourcils.
―Absolument pas ! s'écria aussitôt Ginny. Au contraire, c'est très bien. Je suis certaine que Fred sera content.
La Préfète haussa des épaules, incapable de deviner la réponse à cette pseudo-question. Et à vrai dire, pour le moment, elle n'avait pas envie d'y réfléchir. Elle voulait simplement se détendre encore un peu, profiter d'un moment calme et agréable avec sa meilleure amie, avant de rejoindre le garçon qui faisait battre son cœur. Il lui avait demandé de passer la soirée avec lui, cachés loin des regards curieux des autres élèves à l'abri dans la Salle sur Demande et Hermione n'avait pas hésité une seule seconde avant d'accepter sa proposition.
―Et toi ? s'enquit-elle auprès de son amie. Est-ce que tu as accepté de reparler à Micheal ou non ?
Cette fois, ce fut au tour de Ginny de soupirer et de s'installer au bout du lit de la Préfète, qui la fixa quelques secondes, essayant de chercher le moindre indice sur une quelconque réconciliation entre ces deux-là, mais elle ne nota rien d'inhabituel.
―Non, répondit Ginny d'un ton las. D'ailleurs, je crois qu'il a fini par comprendre que je ne voulais pas le revoir puisqu'il a arrêté de venir me voir entre chaque cours. Je me demande si mes frères ne lui ont pas fait passer le message...
Un sourire amusé s'étira sur les lèvres de la plus âgée.
―Je ne sais pas, ajouta-t-elle avec sincérité. Fred ne m'a rien dit.
―C'est sûr, rigola la rouquine, vous êtes tellement occupés à vous embrasser que vous ne prenez même pas le temps de parler...
Le visage en feu, Hermione jeta son coussin sur le visage hilare de sa meilleure amie qui l'esquiva tant bien que mal, riant toujours aux éclats.
―C'est ça, marre-toi, traîtresse ! soupira-t-elle en essayant de ne pas paraître gênée mais c'était impossible.
―Oui, je me marre, confirma Ginny en lui faisant un clin d'œil. Mais il vaut mieux que ce soit moi plutôt que le reste de l'école, non ?
Hermione ne put qu'admettre qu'elle avait raison. Et c'était légèrement agaçant de reconnaître que son amie était plus calée que soi sur le sujet. Bien évidement, elle ne lui ferait jamais cette réflexion, premièrement pour ne pas la vexer, et deuxièmement par fierté. Après tout, ce n'était pas le genre de chose qu'on apprenait dans les livres...
―Tu m'énerves, répondit-elle simplement.
―Je sais, souffla Ginny avec amusement.
Elles profitèrent du temps qu'il restait avant le dîner pour discuter toutes les deux, loin des garçons, à l'abri des regards curieux des autres Gryffondor, et Hermione réussit à se détendre complètement avant de devoir rejoindre Fred dans la Salle sur Demande. Elle oublia la mauvaise journée qu'elle venait de passer et songea avec plaisir à la soirée qui l'attendait.
Certes, ce n'était pas la première fois qu'elle se trouverait seule avec le rouquin, mais la lettre qu'elle avait écrite à son intention allait changer la donne, de façon considérable. Elle savait qu'au fond, Fred vivait un peu mal le fait qu'elle ne parvienne pas à s'ouvrir à lui, ce qu'elle ne s'expliquait pas, et elle espérait qu'il serait ravi de voir tous les efforts qu'elle faisait.
Puisque après tout, il avait raison. Cette relation, ils étaient deux à la faire vivre.
[...]
―Qu'est-ce que tu fais ? s'exclama Hermione soudainement paniquée lorsque le garçon lui jeta un sortilège pour bloquer sa vue. Fred !
―Calme-toi, je suis là, souffla-t-il d'un ton rassurant à son oreille tout en lui prenant la main. Je veux simplement garder la surprise jusqu'au bout.
Les traits de la jeune fille se tordirent en une moue dubitative qui arracha quelques rires au rouquin. Il lui promit une nouvelle fois que tout irait bien avant de les faire avancer, un peu timidement pour Hermione qui ne voyait absolument rien, hormis le noir total.
Elle ne savait pas dans quel endroit elle atterrirait, mais la première chose qu'elle sentit, fut une légère brise sur son visage, apportant dans son sillage des effluves de rose, jasmin, et d'autres senteurs qu'elle ne parvint pas à identifier. Elle crut même entendre des oiseaux piaffaient à sa droite.
―Où est-ce qu'on est ? souffla-t-elle doucement comme de peur de rompre la quiétude des lieux.
Fred ne répondit pas immédiatement, continuant de les faire avancer jusqu'au centre de la pièce, où se matérialisa un banc sur lequel il assit prudemment Hermione.
―Fred... fit-elle.
―Fais-moi confiance, murmura-t-il simplement.
Hermione le sentit déposer un léger baiser au coin de ses lèvres avant que la pression autour de son bras ne disparaisse. Elle entendit des cailloux crissaient non loin, signe que le garçon s'était éloigné. Puis le silence se fit à nouveau, seulement rompu par le chant des oiseaux, qui donnaient une atmosphère paisible à la scène. Du moins, était-ce ce qu'elle imaginait.
―Fred ? répéta-t-elle quelques minutes plus tard.
―Encore une seconde, répondit-il d'une voix lointaine.
La Gryffondor fronça les sourcils lorsque le bruit de l'eau qui coule résonna soudainement à ses oreilles. Cela lui paraissait inconcevable, puisqu'ils se trouvaient dans la Salle sur Demande, au dernier étage du château. Mais la magie n'avait-elle pas ce pouvoir là ? De rendre possible ce qui ne l'était ordinairement pas ? Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle entendit le garçon revenir près d'elle et l'aider à se relever.
Il l'embrassa avant de lever le sortilège qui lui bloquait la vue. Et Hermione eut le souffle coupé par le spectacle offert par la Salle sur Demande.
Présentement, ils se trouvaient face à une immense cascade dont il était quasiment impossible d'apercevoir le sommet. L'eau qui en coulait était aussi claire que du verre, et retombait dans une petite étendue, entourée par un jardin verdoyant et coloré. Des dizaines de massifs de fleurs se faisaient face, allant du jaune au rouge, du violet au bleu turquoise. Quelques cerisiers apportaient une pointe de rose à ce cadre si idyllique.
Surprise, Hermione se retourna vers Fred et croisa son regard brillant. Le garçon était extrêmement fier de sa surprise, parce qu'il savait à quel point cet endroit était important pour l'adolescente. Elle lui en avait parlé à de nombreuses reprises, comme d'un lieu dans lequel seule la plénitude pouvait régner, et il s'était dit que cela ferait un beau cadeau de Saint-Valentin.
―Bonne Saint-Valentin, sourit-il en l'enlaçant.
Un instant, Hermione ne trouva rien à dire, béate d'admiration devant le paysage qu'elle aimait tant. C'était dans cet endroit que ses parents l'avaient amené après avoir appris que leur petite fille était en réalité une sorcière et qu'elle était destinée à faire de grandes choses. Jamais Mr et Mrs Granger ne s'étaient inquiétés de cette nouvelle, ayant toujours su que leur fille était spéciale.
Alors, à court de mots, elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa ses lèvres contre celles du garçon, souriant lorsqu'il l'enlaça encore plus pour combler la distance les séparant. Et pas une seule seconde elle ne regretta d'être ici.
―Merci, souffla-t-elle avec un sourire en se séparant de lui. Merci.
Fred sentit son cœur faire une embardée dans sa poitrine en remarquant la lueur de bonheur qui animait le regard de la Préfète. Une émotion qu'il s'étonnait encore parfois de faire vivre chez elle. Et qu'il avait cru ne jamais revoir après la disparition des parents Granger...
―Moi aussi j'ai quelque chose pour toi, ajouta-t-elle.
D'une main tremblante, elle extirpa le morceau de parchemin soigneusement plié de la poche de sa cape et le tendit à Fred qui le prit, lui jetant un regard étonné. D'un sourire, elle le rassura et l'invita à l'ouvrir, sentant son cœur se mettre à battre plus fort d'inquiétude.
Son regard ne quitta pas le visage du septième année qui se mit à lire la lettre qu'Hermione avait écrite plus tôt dans la soirée, à son intention, et dans laquelle elle lui ouvrait enfin son cœur, comme il souhaitait qu'elle le fasse depuis quelques temps maintenant. Elle le vit sourire, froncer les sourcils, et rire au fil de sa lecture, et elle eut toutes les peines du monde à deviner ce qu'il pensait réellement du contenu de sa missive.
Quelle serait sa réaction en se rendant compte qu'Hermione avait enfin réussi à se confier à lui ? Il lui avait plusieurs fois reproché ce manque de confiance en leur relation, qui n'en était pas un, bien sûr, mais qu'il avait du mal à comprendre et que la Préfète ne parvenait pas à expliquer. En faisant ça, elle lui faisait comprendre qu'elle tenait véritablement à lui et qu'elle ne voulait pas que leur histoire se termine maintenant. Ils étaient dépendant l'un à l'autre, et tous leurs amis s'en étaient aperçus, même Ron, pourtant guère à l'aise avec les sentiments. Et tous s'accordaient à dire qu'ils étaient fait l'un pour l'autre.
Alors, pour une fois dans sa vie, Hermione voulait mettre ses doutes de côté et profiter du bonheur que le destin avait placé sur sa route, même si pour l'atteindre, elle avait du subir la pire des épreuves. Mais elle en était ressortie plus forte, plus mûre et plus courageuse. Et elle voulait que tout le monde le comprenne, Fred en premier.
Son malaise s'intensifia à mesure que les minutes s'écoulaient, et elle se mit à se dandiner d'un pied sur l'autre, attendant une réaction du rouquin qui tardait à venir, selon elle.
Pourtant, au bout de quelques minutes, il finit par relever la tête, et pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, Hermione fit face à un Fred Weasley sans mots, se contentant de la fixer comme si elle était la plus belle du monde, colorant ses joues d'une jolie teinte rougeâtre.
Son rire résonna dans toute la pièce, interrompant la mélodie offerte par la brise du vent dans les feuilles d'arbres, le chant des oiseaux, et le froissement des pétales de fleurs. Un rire si pur, si vrai et sincère. Un rire qui fit irrémédiablement chavirer le cœur du septième année.
―Alors... commença-t-elle mais Fred l'interrompit brusquement.
Il se pencha vers elle, si vite qu'elle ne le vit pas bouger, avant de sentir sa bouche s'écraser contre la sienne, lui arrachant un sourire timide, accentuant la chaleur de son visage. Et pourtant avec une douceur incroyable.
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