[CHAPITRE 6] Visite surprise.
L'agitation régnait au sein même de la salle commune des Gryffondor, pratiquement identique à celle qui s'était emparée des tour de Serdaigle et Poufsouffle. Seuls les Serpentard paraissaient indifférents à l'idée de passer la journée à Pré-au-Lard, bien loin de leurs salles de classe et de leurs devoirs. Mais malgré cela, les élèves de la troisième à la septième année étaient tous impatients de se rendre dans le village sorcier le plus proche du château, ne serait-ce que pour oublier tous leurs tracas l'espace de quelques heures.
Et Hermione, assise sur son lit, était de ceux-là. Avide de quitter l'école pour passer une journée agréable en compagnie de ses amis. Ginny avait décliné la proposition de son amie à venir avec le trio, précisant qu'elle devait y allée avec Dean Thomas. Cela avait arraché un sourire à la plus âgée, qui suivait l'évolution de leur relation avec attention. Car elle était une des rares à savoir que tout ce que la rouquine faisait, était uniquement dans le but d'oublier le premier garçon qu'elle avait aimé. Et qui n'avait jamais remarquer sa présence de la façon dont elle souhaitait.
Enfin jusqu'à maintenant... pensa-t-elle en souriant. En effet, depuis la rentrée, elle avait remarqué le soudain changement de comportement de son meilleur ami lorsque Ginny se trouvait avec lui. Si autrefois, il ne la voyait que comme la sœur cadette de son ami, cela semblait ne plus être le cas à présent. Harry avait grandi, ouvert les yeux, et l'attention qu'il portait à l'adolescente s'était muée en autre chose, autre chose qu'il ne comprenait pas encore, Hermione le voyait bien. Et elle qui était passée par là, savait combien son ami devait être déboussolé par ses nouvelles émotions. Et elle souhaitait qu'il en prenne la pleine mesure avant de qu'il ne soit trop tard.
Un coup d'œil à sa montre lui indiqua que le départ pour Pré-au-Lard était imminent et que si elle ne descendait pas tout de suite, les garçons finiraient par partir sans elle. Et connaissant l'impatience de Ron, il ne serait pas le premier à chercher à l'attendre. Surtout lorsqu'il s'agissait de faire un tour chez Honeyduckes pour aller acheter des sucreries en tout genre. Ou bien chez Zonko pour renouveler son stock de farces et attrapes. Ou même boire une Bièraubeurre dans l'antre de Madame Rosemerta, pour laquelle il semblait avoir un léger faible depuis leur troisième année.
—Hermione ! l'interpella Ginny alors qu'elle cherchait ses amis du regard, dans la pièce bondée qui ne ressemblait plus vraiment à la salle commune qu'elle avait quitté après le petit-déjeuner.
Elle eut du mal à se frayer un chemin pour rejoindre son amie qui lui faisait de grands signes de main, debout sur une chaise, sous le regard rieur de Dean Thomas, qu'Hermione salua d'un sourire en arrivant à leur hauteur.
—Ah ! s'exclama son amie avec contentement en descendant de son perchoir. J'ai bien cru que j'allais te manquer ! Non, mais quelle foule !
Hermione laissa échappé un petit rire en remarquant la moue sur les lèvres de la rouquine, qui parut soudainement se souvenir pourquoi elle avait demandé à la Préfète de la rejoindre, puisqu'elle se tapa brusquement le front, sous le regard étonné des deux autres, et sortis un petit morceau de parchemin de l'intérieur de sa cape, qu'elle tendit à sa meilleure amie avec un grand sourire.
—C'est pour toi ! fit-elle. Je crois que ça vient de Fred. Ne t'en fais pas, je ne l'ai pas lu.
La brune lui jeta un regard interrogateur, tout en se demandant pourquoi Fred ne lui avait pas envoyé le mot directement. Elle entendit vaguement Ginny lui conseiller de s'amuser, avant qu'elle et Dean ne suivent la foule d'élèves quittant la salle, pour rejoindre le Hall d'entrée où le professeur McGonagall allait vérifié leurs autorisations de sortie.
Un léger sourire naquit sur ses lèvres lorsqu'elle reconnut effectivement l'écriture un peu maladroite du garçon qui faisait battre son cœur, entraînant celui-ci dans une course folle lorsqu'elle en déchiffra le contenu. Ses yeux se mirent à pétiller, et son sourire s'agrandit nettement.
Hermione,
Tu sais combien j'aime jouer. Alors aujourd'hui, nous allons jouer à un petit jeu.
Je t'attends, bien caché, dans une rue de Pré-au-Lard, mais avant de me retrouver, il va falloir que tu te rendes dans plusieurs endroits. Dans tous ceux que j'ai sélectionné, tu trouveras un morceau de parchemin qui te conduira au lieu suivant.
Je compte sur toi pour y parvenir, ma Miss-Je-Sais-Tout.
A tout de suite,
Fred.
PS : j'adore la Bièraubeurre.
Hermione éclata franchement de rire en achevant sa lecture, s'attirant un regard étonné de la part de quelques premières années installés sur les canapés. Pourquoi n'était-elle pas étonnée de lire ces quelques mots ? Cela correspondait si bien au caractère du rouquin, qu'elle aurait pu y penser. Après tout, durant leur dernière conversation, il avait promis qu'il trouverait le moyen de la voir avant les vacances de Noël, qui n'arriveraient que dans deux mois. Qu'il ferait tout ce qui était nécessaire pour la voir, ne serait-ce que pendant quelques minutes, car il assurait ne pas pouvoir tenir quatre mois sans être près d'elle.
Certes, les miroirs à double-sens leur permettaient de combler ce manque, mais un miroir n'avait absolument rien à voir avec le plaisir, le soulagement, le bonheur de se voir en face à face. De sentir l'odeur de l'autre. De le toucher. De se cacher dans ses bras, qui était le rempart le plus sûr pour faire fuir tous ces sentiments néfastes qu'ils étaient contraints de côtoyer tous les jours. De sentir plus profondément ce lien qui les unissait, depuis près d'un an maintenant.
Ce fut le sourire aux lèvres, habitée par une joie immense que même la pluie ne parvint pas à ternir, qu'elle franchit l'enceinte de l'école, après avoir montrer son autorisation de sortie à sa directrice, qui n'avait pas piper mots en remarquant l'euphorie dans laquelle se trouvait son élève. Le chemin jusqu'à Pré-au-Lard lui parut plus court qu'à l'accoutumée, et lorsque les toits pointus des boutiques et maisons apparurent dans son champ de vision, elle ne put s'empêcher de se demander où se trouvait Fred en cet instant. La voyait-il ? Savait-il ce qu'elle faisait ? Que faisait-il ? Tout un tas de questions qui ne cessaient de tourner dans sa tête, alors qu'elle franchissait le seuil des Trois Balais.
L'endroit était rempli, et quelques clients devaient rester debout dans la pièce, sirotant tranquillement leur boisson, sans paraître gêner le moins du monde par cet inconfort. Hermione repéra plusieurs de ses camarades, et un instant, elle espéra que Fred se trouvait là également, comme le suggérait sa note à la fin de sa missive, mais la seule chevelure rousse qu'elle aperçut fut celle de Ginny, installée dans un coin, plongée dans une grande conversation avec Dean. Et à en juger par le rouge sur les joues de la jeune fille, la discussion devait grandement lui plaire.
La Préfète fit le tour des lieux plusieurs fois, pour être certaine que le garçon ne s'y trouvait vraiment pas, avant de se résigner à interpeller la propriétaire des lieux, une belle femme blonde au sourire ravageur, qui l'observa approcher avec timidité près du bar.
—Que puis-je pour toi, ma jolie ? s'enquit la tenancière.
—Euh... je cherche un garçon, bafouilla Hermione en rougissant. Un grand roux.
—Ah ! C'est toi la fille ! rit la blonde. Et bien, ton ami n'est pas ici. Mais il m'a demandé de te remettre tout ça.
D'un geste de sa baguette, elle attira à elle un panier dans lequel elle plaça deux bouteilles de Bièraubeurre.
—Tout est payé, ajouta-t-elle alors qu'Hermione sortait sa bourse de sa poche, se demandant si elle allait devoir régler l'addition.
—Oh... merci, répondit l'adolescente en récupérant le tout.
Madame Rosemerta lui offrit un sourire avant de se tourner vers un autre client quémandant sa boisson. Sans demander son reste, Hermione quitta l'établissement et une fois dehors, s'arrêta près d'un banc, observant les alentours avec minutie, comme si elle espérait apercevoir une chevelure rousse mais son regard n'en rencontra aucune, et avec un soupir, elle se laissa tomber sur le banc de pierre.
Et maintenant ? se demanda-t-elle en observant les passants dans la rue. Qu'était-elle supposée faire ? Madame Rosemerta ne lui avait remis aucune missive contenant la moindre instruction pour la marche à suivre, et elle devait admettre qu'elle se sentait idiote de ne pas avoir demander. Mais l'idée de retourner dans le pub ne l'enchantait pas vraiment. Elle avait bien perçu les regards moqueurs des autres élèves, qui attendaient près d'elle d'attirer l'attention de la tenancière pour recevoir ou passer commandes et qui n'avaient pas perdus une miette de sa discussion. Décidément, même de loin, Fred parvenait encore à la mettre dans tous ses états et à attirer l'attention sur elle.
Quelques minutes passèrent, avant qu'elle ne se décide à fouiller dans le panier posé près d'elle. Deux bouteilles de Bièraubeurre attirèrent son regard et elle leva les yeux au ciel. Il ne se passait pas une journée sans que les garçons ne boivent de leur boisson favorite et maintenant qu'ils se trouvaient hors de Poudlard, où l'alcool était formellement interdit, ils en profitaient encore plus. Avec modération, évidemment, mais quand même. Elle, elle n'y avait goûté qu'une ou deux fois et elle devait admettre que le goût n'était pas désagréable, ce qui avait beaucoup amusé George, toujours étonné lorsqu'elle commettait un acte en totale contradiction avec l'image de la parfaite préfète qu'il avait d'elle.
Ses yeux finirent par se poser sur un nouveau bout de papier et le sourire lui revint instantanément. Comment avait-elle pu ne pas y penser immédiatement ? L'impatience qu'elle ressentait, qui la rongeait, lui faisait perdre ses moyens et l'empêchait de réfléchir correctement.
Bon, si tu as ce papier, c'est que tu as récupéré mon petit panier.
Alors maintenant direction l'endroit que je préfère.
Il fallut quelques secondes à Hermione pour se souvenir, et avec enthousiasme elle attrapa le panier et remonta l'allée en direction de Honeyduckes, commençant peu à peu à se prendre au jeu du garçon, de plus en plus impatiente à l'idée de retrouver Fred, qui, cachait dans une des ruelles, s'amusait grandement à la voir déambuler partout, un sourire aux lèvres.
Le propriétaire des lieux, bien que débordé par rapport à l'affut d'élèves venus renouveler leurs stocks en sucrerie, semblait l'attendre près de l'entrée principale de la boutique, puisque, sans lui laisser le temps d'observer l'endroit, lui demanda si elle était bien Hermione Granger.
—Euh oui, confirma timidement la jeune fille.
—Très bien, marmonna l'homme en lui tendant plusieurs paquets de patacitrouilles, réglisses et chocolats. Le garçon roux a dis de vous remettre tout ceci.
—Vous ne savez pas où il devait aller, par hasard ?
Il était peu probable que l'homme ait cette information, mais elle avait voulu tenter le coup malgré tout. Même si elle se plaisait à jouer, à faire plaisir à Fred, le besoin de le voir primait sur le reste et déambuler de boutique en boutique, commençait à légèrement l'agacer. Malheureusement, le propriétaire secoua négativement la tête avant de se précipiter vers la caisse, où sa femme était en train de rendre la monnaie à un élève de quatrième année à Serdaigle.
Sans plume comment t'écrire ?
Ces quelques mots la conduisirent chez Scribenpenne, où elle récupéra de nouvelles plumes pour écrire, des rouleaux de parchemins ainsi qu'un livre sur de la poésie sorcière. Un autre l'amena à prendre la direction de la Cabane Hurlante où une boîte portant le logo de la boutique des jumeaux l'attendait, avec une note l'interdisant formellement d'ouvrir le paquet avant qu'ils ne se retrouvent.
Et pendant encore trente minutes, Hermione passa de magasins en magasins pour récupérer toutes les choses que Fred avait acheté et qu'il avait laissé pour qu'elle les récupère, avec la complicité parfois agacée de certains vendeurs. La pluie finit par cesser de tomber, remplacée par un timide soleil qui ne parvenait même pas à réchauffer la peau de son visage, déjà rougie par l'excitation et la gêne de débarquer dans une boutique où l'attendait un nouveau parchemin. La dernière, Gaichiffon, l'amena à prendre une nouvelle fois la direction de la Cabane Hurlante, et cette fois-ci, elle espérait que Fred s'y trouvait également.
Le garçon, très fier de son idée, avait suivi les déambulations de la jeune fille avec amusement, riant parfois seul de la voir sortir d'une boutique, le visage cramoisi. Il avait fait de son mieux pour que les autres étudiants ne le remarquent pas, car avec ses cheveux de feu et son air malicieux, aucun doute que le lien serait vite fait avec son nom de famille et son petit magasin florissant du Chemin de Traverse. Hors, cette journée, il souhaitait la consacrer uniquement à Hermione, ayant travaillé dessus de nombreuses heures, avec la complicité de son frère et de Ginny, chargée de s'assurer que la Préfète se rendrait bien à Pré-au-Lard pour cette première sortie de l'année.
La cabane que l'on disait la plus hantée de Grande-Bretagne se dessina dans son champ de vision, la ramenant un court instant quelques années en arrière, en cette terrible nuit où Remus Lupin, loup-garou de son état, avait failli les tuer, elle et ses amis, et sans l'intervention de Severus Rogue, ils seraient morts à ce moment-là. C'est ainsi qu'ils avaient appris le terrible secret caché par leur professeur, et que celui-ci fut contraint de démissionner peu après, le conseil administratif ne cautionnant pas la présence d'une créature de la nuit au sein d'un établissement rempli d'élèves.
Mais ce souvenir disparut aussi vite qu'il était apparut lorsque son regard se posa sur le garçon assis sur un rocher, dos à elle, ne l'ayant pas encore remarqué. Elle sentit son rythme cardiaque augmentait brutalement et un sourire naître sur son visage, l'illuminant.
Fred était là. Devant elle. Observant la cabane hurlante. Observant le monde qui les entourait. Observant le soleil qui prenait tous ses droits dans le ciel sans nuages de cette journée d'octobre. Il était là. Et en approchant doucement, elle sentit l'allégresse prendre possession d'elle. La joie, le bonheur de le revoir. Lui donnant l'impression d'être une droguée, en manque, et à qui on autorisait enfin une dose pour se perdre dans les méandres de son imagination.
Elle était accro. Elle était véritablement accro.
Il ne s'était toujours pas retourné, alors même qu'elle réduisait peu à peu la distance qu'il y avait entre eux. Lui donnant le loisir de l'observer. De remarquer le costume qu'il portait, le rendant bien plus adulte que la cape de l'école. Ses cheveux plus longs que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, sur le quai de la gare. Sa main qui pianotait avec impatience sur la roche, alors qu'il n'avait de cesse de sortir une petite montre à gousset de son gilet. Et à mesure qu'elle poursuivait ses observations, elle sentit son sourire s'agrandir. S'agrandir jusqu'à lui faire mal. S'agrandir jusqu'à venir faire pétiller ses prunelles. S'agrandir jusqu'à lui faire oublier tous ses doutes quant à l'évolution de leur relation.
En cet instant, il était là. Et c'était tout ce qui avait de l'importance.
Et lorsqu'il finit par se retourner et que leurs regards se croisèrent, le manque s'évapora. L'absence ne devint qu'un vieux souvenir. Elle le vit sourire, de ce sourire qu'elle appréciait et détestait en même temps, car il représentait tout un tas de choses. Parfois contradictoires. Pourtant, c'était ce sourire qui l'avait fait craqué. Ce sourire. Cette lueur d'amusement dans ses yeux. Cette folie qui caractérisait les jumeaux Weasley. Cette opposition qu'il y avait entre eux. Ces caractères opposés qu'ils étaient. Ces deux éléments qui n'étaient pas sensés s'entendre, et pourtant.
Et pourtant, pensa-t-elle en souriant.
—Hermione, fit-il.
Sa voix arracha un frisson à la jeune femme. Elle sentit son visage s'embraser, pourtant, cette fois, ce n'était pas de gêne.
—Fred, répondit-elle d'une voix rendue tremblante par l'ivresse.
—Hermione, répéta-t-il.
La jeune fille leva les yeux au ciel avant de faire un pas en avant, puis un autre, sans pour autant lâcher le garçon du regard, qui ne bougeait pas, la laissant réduire la distance qui les séparait encore. Ce ne fut qu'une fois qu'elle fut arrivée à sa hauteur qu'il daigna faire un mouvement, et délicatement, sa main se posa sur la joue chaude d'Hermione.
Ces retrouvailles, ils en avaient tous les deux rêvés à de nombreuses reprises. S'imaginant la scène, la repassant en boucle plusieurs fois dans leur têtes, de façon à la rendre bien réelle. Ici, pour lui, dans les rues animées de Pré-au-Lard. A King's Cross pour elle, entourés par leurs amis, l'agitation centenaire qui s'emparait des lieux à chaque retour de vacances. Ils s'étaient imaginés la joie, le bonheur de se retrouver, pourtant, ce n'était en rien comparable. Ce qu'ils ressentaient en cet instant valait milles fois plus que dans leur plus beaux songes.
Le temps semblait s'être arrêté autour d'eux. Les oiseaux n'osaient plus volés près d'eux, comme de peur de rompre cet instant magique. D'éclater cette bulle dans laquelle ils se trouvaient, et qui, l'espace de quelques heures, allait les tenir éloignés de l'extérieur. De la guerre, de la peur et de la mort. Comme si la vie elle-même souhaitait leur accordait cette pause. Comme si elle ressentait le besoin pressant qu'ils avaient d'être ensemble, de profiter de la présence de l'autre, comme si c'était là les derniers moments de leur histoire. Car en cette sombre période, l'amour était le meilleur des remèdes. Le soutien de l'autre était la meilleure façon de garder la tête à la surface. De ne pas se noyer. De ne pas sombrer dans cette intrigante et aspirante noirceur.
Et puis, comme n'y tenant plus, Fred se pencha vers elle et déposa ses lèvres contre celles de l'adolescente, qui sourit à nouveau. Encore plus intensément. Ne faisant que la rendre plus belle aux yeux du garçon. A travers ce baiser, il évacua son angoisse, ses craintes. Son impatience de la revoir. Ce besoin presque vital de sentir son odeur, de toucher sa peau. De sentir sa présence réconfortante à ses côtés.
—Tu m'as manqué, souffla-t-il en posant délicatement son front contre le sien.
Un rayon du soleil vint éclairé le lumineux tableau qu'ils représentaient, et si quelqu'un était passé non loin en cet instant, cette personne aurait réalisé ce que cela voulait dire aimer.
[...]
—Comment est-ce que tu as fais pour penser à tout ça ? demanda Hermione, quelques minutes plus tard, alors qu'ils s'étaient réfugiés sous un arbre, à l'abri des regards des élèves approchant de la cabane hurlante.
—Ah, rit Fred. C'est un secret.
La curiosité fit luire les prunelles de la jeune fille, qui jeta un regard soupçonneux à son petit-ami avant de tourner la tête en direction du panier rempli à rabord qu'elle avait passé de nombreuses heures à récupérer. Les Bièraubeurre étaient déjà ouvertes, ce qui n'avait rien de bien étonnant, puisque c'était la première chose que Fred avait sorti du panier. Les poches de bonbons reposaient à ses pieds, contenant toutes les sucreries qu'elle préférait, et elle s'étonnait encore qu'il sache tout ça. Elle n'avait jamais réalisé à quel point ils se connaissaient l'un l'autre, les deux mois au Terrier ayant considérablement aidés à les rapprocher plus encore.
—En tout cas, j'ai adoré te voir courir partout, ce matin, ajouta-t-il avec un clin d'œil, accentuant la chaleur sur ses joues.
—Pas moi, bougonna-t-elle en croisant les bras. Je n'ai pas trop apprécié de passer pour une idiote devant certains commerçants...
Un cri de surprise lui échappa lorsque le garçon se jeta soudainement sur elle, sans qu'elle ne l'ait vu venir, et elle se retrouva complètement allongée sur le sol. Fred, appuyait sur ses coudes, était penché au-dessus d'elle et l'observait avec amusement. Elle sentit son cœur faire une embardée et une douce chaleur s'empara de son être.
—Tu n'es pas idiote, souffla-t-il.
Sans lui laisser le temps de répondre, il déposa un rapide baiser sur ses lèvres.
—Et on s'en fiche de ce que pense les autres, ajouta-t-il avant de l'embrasser une nouvelle fois.
Un instant, elle eut l'impression de revenir quelques mois en arrière, en ce jour qui avait failli mettre un terme définitif à leur relation. A cette journée où elle avait dû apprendre à se confier, à faire fi du regard des autres sur elle, sur eux. Où elle avait dû apprendre à lui faire confiance, à faire confiance en leur avenir ensemble, si elle ne souhaitait pas qu'il l'abandonne à son tour. Cela n'avait pas été facile pour elle, car être démonstrative en publique n'était pas le genre de choses qu'elle aimait particulièrement faire, mais elle avait pris sur elle et avait sû apprécié ce que la vie lui offrait. Ce que Fred lui faisait découvrir au fil des jours.
—On s'en fiche, répéta-t-elle avec un léger sourire.
Et en le voyant sourire à son tour, elle réalisa que lui faire confiance était la meilleure chose qu'elle ait faite de toute sa vie, aussi courte soit-elle pour le moment.
—Je n'ai jamais été aussi content de t'entendre dire ça, rit-il paisiblement.
Comment parvenait-il à rester si naturel, en dépit de leur position ? Ne se rendait-il pas compte de l'embarras dans lequel elle se trouvait, de le savoir si proche d'elle ? Avant que leur relation ne prenne cette tournure, elle ne s'était jamais demandée ce qu'on pouvait ressentir en étant si près d'un garçon. Avant lui, elle n'avait jamais ressentie cette douce et étonnante chaleur. Cette joie. Cet amour. Elle découvrait tout à ses côtés, et plusieurs fois, elle s'était demandée s'il en était de même pour lui. Ou s'il avait déjà vécu ça avec une autre fille qu'elle...
—Parle-moi de la boutique, quémanda-t-elle.
Elle avait besoin d'entendre sa voix, comme pour se rassurer que cette journée n'était pas un rêve. Qu'elle n'était pas à Poudlard, bien au chaud dans son lit, entrain de rêver. Qu'ils se trouvaient ici, tous les deux, comme il le lui avait promis à la gare. Que le chant des oiseaux, les bruits provenant de la forêt voisine étaient bien réels. Que cette bulle n'allait pas éclater soudainement en entendant une de ses camarades de dortoir essayer de la réveiller.
—Tout marche comme sur des roulettes, sourit-il. Les clients viennent dès l'ouverture et ne partent qu'au tout dernier moment avant la fermeture. Même ma mère a admis qu'on ne s'en sortait pas si mal.
—Et l'appartement est toujours en état ? ajouta-t-elle.
—Oui, assura-t-il en hochant frénétiquement la tête. Je te le ferai visiter pendant les vacances...
—S'il ne prend pas feu d'ici-là... éclata-t-elle de rire.
Elle vit l'indignation se peindre sur les traits de son visage, bien vite remplacée par une expression sadique qui lui fit écarquillée des yeux. Son rire cessa soudainement, et elle jeta un regard paniqué au garçon, qui ne cessait de la fixer avec cette lueur dans le regard. Elle avala difficilement sa salive, inquiète de ce qu'il pourrait bien dire ou faire, et sans lui laisser le temps de réagir, il se mit à la chatouiller.
Son rire résonna longuement dans la plaine. Réchauffant l'image de la froide et sinistre cabane qui dominait la colline.
[...]
Un soupir de frustration s'échappa des lèvres d'Hermione lorsque sa montre indiqua six heures du soir. Le soleil avait entamé sa descente à l'horizon, et ses derniers rayons éclairaient faiblement les lieux, lui permettant à peine de distinguer la silhouette de Fred assis à ses côtés, occupé à ranger leurs affaires dans le panier en osier. Elle sentit ses yeux se mettre à picoter dangereusement, et elle détourna le regard, à l'instant où ceux du garçon se posaient sur elle, avec un petit sourire au coin des lèvres.
—Ne sois pas triste, Hermione.
La jeune fille renfila en baissant la tête. Elle aurait tant voulu que cette journée ne cesse jamais, et recommence éternellement, encore et encore. Jusqu'à qu'elle puisse en visualiser chaque détail. Qu'elle en retienne chaque son, chacune des paroles échangées. Elle aurait voulu être en possession d'un retourneur de temps, pour pouvoir revenir ici quand bon lui semble. Autant qu'elle le souhaiterait.
Car devoir quitter Fred maintenant lui faisait mal. Si mal qu'elle craignait les jours à venir.
—On va se revoir, ajouta-t-il en caressant le dos de sa main. Je serai là lorsque tu reviendras à Londres.
Comment lui expliquer que la source véritable de son angoisse était la guerre ? Ici, protégée par les sortilèges du château, elle ne courrait aucun danger. Mais lui. Dehors. Sur le Chemin de Traverse que les Mangemorts prenaient un malin plaisir à saccager, il était si exposé... Et il avait beau être un excellent sorcier, il n'en restait pas moins que les sbires de Voldemort étaient bien plus expérimentés.
—Ce n'est pas ce qui m'inquiète, objecta-t-elle doucement. C'est le danger que tu cours.
—Serais-tu en train de mettre en doute mes capacités de sorcier ? répliqua-t-il en riant.
—Non, tu sais bien que ce n'est pas ce que je veux dire.
Bien sûr qu'il savait. Mais en parler tout haut revenait à mettre des mots sur cette angoisse constante qu'il ressentait en allant travailler tous les matins, alors que les boutiques voisines se vidaient une à une. Et il ne voulait pas qu'Hermione perçoive ses craintes. Tant qu'elle était en sécurité au château, il voulait qu'elle pense à autre chose qu'à la guerre et la mort. Il voulait qu'elle se concentre sur ses études, qu'elle profite de ses amis. Qu'elle s'amuse.
—Je ne risque rien, assura-t-il.
—Tu ne sais pas !
—J'ai confiance.
—Ce n'est pas toujours suffisant...
—Parfois, si.
Ce n'était pas les mots qu'elle espérait entendre, il le comprenait. Mais c'était les seuls qu'il pouvait lui offrir pour le moment.
« Quoi qu'il arrive,
crois en la vie,
crois en demain,
crois en ce que tu fais,
mais surtout, crois en toi »
***
Je suis sincèrement désolée du retard que j'ai pris sur cette plateforme, mais ces dernières semaines ont été assez mouvementées car j'ai déménagé et ça m'a pris énormément de temps. Quoi qu'il en soit, merci à toutes celles et ceux qui ont continués à venir lire et donner des petites étoiles, j'en suis plus que ravie, vous êtes géniaux ! (:
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