[CHAPITRE 5] Club de Slug.


Septembre et ses températures chaudes finirent par faire place au mois d'octobre et son automne terriblement pluvieux, obligeant ainsi les élèves à se terrer dans le château, sous peine de tomber malade. Ou peut-être que la pile de devoirs monstrueuse qu'ils avaient à rendre les empêcher de profiter des rares journées ensoleillées que cette nouvelle saison leur accordait parfois, comme ultimes souvenirs d'un été radieux.

Assise à une des tables de la bibliothèque, étonnamment animée pour un samedi après-midi, Hermione soupira doucement en relevant la tête, et son regard s'attarda un instant sur les têtes brune et rousse devant elle, elles-mêmes plongées en plein travail, et elle se retint sans peine de les déranger. Car voir Harry et Ron ici en plein week-end était une chose bien rare, et elle ne voulait pas les faire fuir en entamant la conversation.

Alors, sans faire de bruit, elle se leva et se mit à arpenter la pièce, passant entre les diverses allées qu'elle proposait, caressant parfois la reliure des livres du bout des doigts, retrouvant cette sensation de bien-être qu'elle avait cru avoir perdu pendant un temps, et qu'elle avait pourtant retrouvé par miracle en la personne de Fred Weasley.

Son sourire s'accentua en pensant au garçon, et un instant, elle se demanda ce qu'il pouvait bien être en train de faire. La boutique n'était jamais ouverte le samedi et dimanche, laissant ainsi le loisir aux jumeaux de prendre un peu de repos chez leur parents, notamment pour préparer leur cartons en vu de leur déménagement prochain.

Hermione ne savait pas trop quoi penser de cette nouvelle idée qui avait brusquement piqué les jumeaux, et qui avaient - comme à leur habitude - fais leur manigance sans prévenir personne dans un premier temps, pas même elle, avant de lâcher la nouvelle à la dernière minute, laissant une Molly complètement déroutée par la soudaine décision de ses fils. Certes, ce n'était pas une mauvaise chose qu'ils prennent entièrement leur indépendance, mais était-ce vraiment judicieux de s'installer au-dessus de la boutique, qui contenait milles choses dangereuses ? Elle avait fait part de ses interrogations au garçon, qui s'était contenté de ricaner, assurant que George et lui étaient parfaitement capables de s'occuper d'eux-mêmes et de leur chez eux. Cela restait à confirmer, mais en attendant, elle préférait leur laisser le bénéfice du doute.

Car la joie et le bonheur de Fred lorsqu'il lui avait appris la nouvelle, l'avaient beaucoup touché. Et en même temps, cela n'avait fait que renforcer le poids de son absence, lui faisant comprendre qu'elle manquait beaucoup de choses importantes et que tant qu'elle serait ici et lui dehors, leur relation ne pourrait pas évoluer plus. C'était comme si Poudlard les contraignait à appuyer sur le bouton pause, et à mettre de côté tout un tas d'événements. Lorsqu'ils étaient encore ici ensemble, tout avait été différent. Ces instants importants, ils les vivaient ensemble, et ils pouvaient en discuter sans problème au coin du feu dans la salle commune, ou même dans la Salle sur Demande qui était devenue leur sanctuaire. L'éloignement était plus pesant de jour en jour, elle s'en rendait compte peu à peu.

Un mouvement sur la droite attira son attention, et son regard s'orienta en direction de Drago Malefoy, marchant dignement et avec une indifférence apparente entre les tables de travail, en direction d'une section bien précise de la bibliothèque, sans remarquer l'adolescente non loin. Il disparut rapidement de son champ de vision, et Hermione fronça les sourcils en réalisant que l'allée dans laquelle s'était terré Malefoy était celle des Sortilèges.

Ils ne s'étaient pas adressés la parole depuis leur rencontre en haut de la Tour d'Astronomie, cette nuit-là, et Hermione estimait qu'il en était mieux ainsi. Mais l'indifférence dont le garçon faisait preuve à son égard l'étonnait grandement, car aucun Sang-de-Bourbe n'avait franchi ses lèvres depuis la rentrée, et elle ne savait pas si elle devait s'en réjouir ou bien s'en inquiéter. Par chance, Harry et Ron n'avaient rien remarqué, car elle savait qu'elle aurait été incapable de leur mentir s'ils lui avaient posé des questions sur le comportement étrange de Drago.

Leur dire qu'elle commençait à croire que quelque chose avait changé chez le blond lui paraissait inconcevable. Premièrement car elle refusait à admettre qu'elle ait pu avoir tord, et deuxièmement car cela ne ferait que renforcer l'obsession dont le brun faisait preuve envers Malefoy. Ron se plaignait sans arrêt d'entendre Harry prononcer le nom de Drago à tout bout de champ, et cela avait conduit à plusieurs disputes entre eux - le deuxième ne voulant pas essayer de changer d'avis, préférant rester camper sur ses positions.

—Hermione ? entendit-elle.

Elle détourna le regard de l'endroit où avait disparu Malefoy et rejoignit ses amis, qui avaient rangés leurs affaires, prêts à retourner dans leur salle commune pour se changer en vue de l'entraînement de Quidditch programmé avant le premier match de l'année, qui opposerait Gryffondor à Serpentard.

—Tu viens ? lui demanda Harry.

—Non, j'ai encore des devoirs à finir, répondit-elle en secouant la tête.

—Tout va bien ? ajouta le brun, sourcils froncés. Tu as l'air... soucieuse.

Elle leur assura que tout allait bien avant de reprendre place face à ses parchemins, avec la ferme intention de finir le devoir de Runes Anciennes avant de retourner à la salle commune. Elle ne vit pas ses amis partir, sous le regard rassuré de Mrs Pince, toujours inquiète lorsqu'un enfant Weasley mettait les pieds dans son antre, et se concentra sur la traduction d'une page exigée par le professeur Babbling.

Un soupir de soulagement lui échappa lorsque le devoir fut terminé, et elle s'empressa de ranger ses affaires pour rejoindre la tour des lions, le cœur battant la chamade en songeant à la joie qui ne la quittait pas depuis le matin-même ; depuis que Fred lui avait envoyé une lettre pour lui annoncer qu'il la contacterait le soir, pour lui montrer leur toute dernière invention, qui selon lui, allait beaucoup lui plaire.

Des éclats de rire lui parvinrent lorsqu'elle franchit le portrait de la Grosse Dame, qu'elle dut malheureusement interrompre dans sa petite répétition des dernières chansons de Celestina Moldubec. Plusieurs élèves avaient investis les canapés, discutant joyeusement entre eux, tout en échangeant quelques sucreries ramenées de Londres, et non loin, autour des tables de travail, des premières années étaient penchés sur un épais manuel qu'Hermione reconnut comme étant celui de métamorphose.

—Si tu cherches Harry et Ron, ils sont sur le terrain de Quidditch, indiqua Neville, assis dans un fauteuil, occupé à nourrir son crapaud.

—Je sais, répondit Hermione.

Elle lui sourit et prit la direction des escaliers menant aux dortoirs des filles, et poussa la porte de celui indiquant sixième année. Par chance, ses camarades ne s'y trouvaient pas, et elle rit toute seule en songeant que Lavande devait certainement assistée à l'entraînement de l'équipe, vu la soudaine fascination qu'elle avait à l'égard de Ron, qui n'avait encore rien remarqué. D'ailleurs, c'était à se demander comment le rouquin faisait pour ne pas comprendre, puisque l'adolescente n'était pas vraiment discrète lorsqu'il s'agissait de reluquer le garçon dans son dos. Même Harry avait fini par remarquer son petit manège, et les deux amis s'étaient empressés d'en faire part à Ginny. Il avait fallut la convaincre de ne pas se moquer de son aîné, au risque de réduire considérablement les chances de Lavande d'attirer son attention.

Un court instant, Hermione s'arrêta au bord de son lit, et posa son regard sur le miroir qu'elle venait de sortir de sa malle, croisant son propre reflet qui lui renvoya l'image d'une adolescente - bientôt une jeune femme - les yeux brillants, les joues légèrement rouge de sa course à travers le château, les cheveux bien plus indisciplinés qu'à l'ordinaire. Et elle se demanda si cette fille qu'elle voyait, aurait été la même si ses parents n'étaient pas décédés, presque une année auparavant maintenant. Si elle aurait été la même si Fred n'avait pas fait plus attention à elle. Elle voulait croire que non. Elle voulait croire que tout ce qu'il s'était passé depuis ce trente-et-un octobre avait eu un impact sur sa personne, bon comme mauvais. Elle espérait avoir découvert le sens véritable du mot vivre, et qu'à présent, elle ne perdait plus son temps avec des choses bien inutiles. Elle voulait croire que sa vie ne s'était pas arrêtée ce jour-là.

Tout simplement.

Un mince sourire étira ses lèvres lorsque le miroir se mit à briller intensément et qu'un sifflement résonna dans tout le dortoir, entraînant son cœur dans une nouvelle course folle - une course que maintenant, elle recherchait sans cesse. Une course qu'elle aimait sentir dans sa poitrine. C'était une sensation étonnante, parfois déstabilisante, mais ô combien enivrante.

Son regard se posa aussitôt sur le visage rayonnant de Fred, et il lui fallut quelques secondes pour remarquer l'étrange décor derrière lui, qu'elle n'avait jamais vu avant. Ses sourcils durent se froncer, puisque le garçon esquissa un sourire, avant de tourner le miroir dans l'autre-sens. Hermione se retint de protester en comprenant ce qu'il souhaitait lui montrer.

La pièce contenait plus de cartons que de meubles, pourtant elle n'eut aucun mal à l'identifier comme étant un salon, avec une cuisine ouverte dans le fond, donnant sur deux portes fermées. Les fenêtres ouvertes sur la droite lui offrirent l'image d'une bâtisse en pierre, qu'elle crut reconnaître comme étant la boutique faisant face à celle des jumeaux. L'animation de la rue parvint jusqu'à ses oreilles, accompagnées des voix de George et Angelina, étouffées par elle ne savait quoi. Lorsque le visage de Fred lui fit face à nouveau, elle comprit où il se trouvait.

—Je croyais que tu devais me montrer votre nouvelle invention... fit-elle avec incompréhension.

—Ce n'était qu'un prétexte pour être sûr que tu ne manquerais pas mon appel, avoua Fred en riant franchement. Oh, Hermione, tu verras ta tête en cet instant !

Puérilement, elle lui tira la langue avant de relever la tête, mais l'attraction de son visage était plus forte que tout, et quelques secondes plus tard, elle plongea son regard dans le sien, surprenant le garçon entrain de la fixer avec un petit sourire en coin.

—Quoi ? lâcha-t-elle en se sentant rougir.

—Je t'aime, répondit le rouquin avec un amusement évident.

Hermione sourit grandement en l'entendant prononcer ces deux petits mots, avec toujours cette impression que c'était la première fois qu'elle les entendait, alors que ce n'était pas du tout le cas. Et elle se souvenait très bien du jour où Fred le lui avait dit pour la première fois, alors qu'elle tentait de le convaincre de vivre son rêve et non pas rester à Poudlard avec elle, par contrainte. Cela avait été si spontané, si inattendu, qu'il lui avait fallu un temps pour réaliser se faire à cette idée.

Fred Weasley l'aimait elle. Et pas une autre. Parmi toutes les filles de Poudlard, c'était elle qu'il avait choisi.

—Je sais, fit-elle.

—Alors, ajouta-t-il avec un grand sourire, le faisant ressembler à un gamin en attente du père Noël. Comment tu trouves notre petit chez nous ?

—A votre image, répondit-elle.

—C'est-à-dire ? l'encouragea Fred.

—Désordonné !

Hermione éclata de rire en le voyant prendre une expression indignée, qui ne lui allait pas du tout. Mais son sourire revint rapidement et elle fut contente de retrouver le visage souriant qu'elle aimait tant. Et qui lui manquait beaucoup, en ce moment. Un mois était passé depuis la rentrée et malgré leurs échanges constants, ne pas l'avoir près d'elle autant que durant les vacances lui pesait. Etonnant comme l'amour avait ce perfide pouvoir de vous faire devenir dépendant de quelqu'un aussi vite. Aussi fort. Aussi violemment. C'était agréable. Un peu déroutant parfois, surtout lorsqu'on ne savait pas comment faire face, mais si appréciable.

Son rire se mua en sourire, et elle allait demandé au garçon quand ils pensaient avoir terminés d'aménager lorsqu'un hibou noir, très majestueux, se mit à cogner contre la fenêtre la plus proche de son lit, lui arrachant un léger sursaut de surprise.

—Qu'est-ce que c'est ? demanda Fred.

—Je ne sais pas, avoua-t-elle en se levant pour aller récupérer l'enveloppe accrochée autour du cou du hibou.

L'animal ulula joyeusement lorsqu'elle récupéra son paquet et n'attendit pas son reste pour s'envoler gracieusement en direction de la Volière, malgré la pluie torrentielle qui assombrissait le parc et ses alentours. Hermione fronça les sourcils en ne reconnaissant pas l'écriture soignée, mais la missive lui était bel et bien destinée.

—Si tu me dis que c'est un admirateur secret... commenta Fred.

Elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel avant de décacheter l'enveloppe portant le sceau de Poudlard. Un petit morceau de parchemin avait été glissé à l'intérieur, et à en juger par les décorations en coin, il s'agissait d'une invitation.

Miss Granger,

J'ai le plaisir de vous convier vous, ainsi que plusieurs de vos camarades, à la petite soirée que j'organise demain soir dans mon bureau, et je serai enchanté de vous y trouver.

Si l'envie vous prend, alors venez nous rejoindre à mon bureau pour le repas du soir, à 8 heures précise.

En vous souhaitant une excellente soirée, Miss.

Avec mes salutations,

Horace Slughorn.

—Vu la tête que tu fais, c'est quelque chose auquel tu ne t'attendais pas, ajouta Fred, incapable de rester silencieux. Alors, c'est un admirateur secret ?

—Oui, fit-elle en feignant d'être sérieuse. Je ne te l'avais pas dis ?

—Non, ricana le rouquin en comprenant son jeu. Mais je veux bien le rencontrer. Pour discuter un peu avec lui, tu sais, de certaines choses...

—Tu fais vraiment peur, parfois, tu le sais, ça ?

—Oui, mon frère me le dit sans cesse, répondit-il sans paraître le moins du monde perturbé. Mais tu n'as toujours pas répondu à ma question...

—C'est une invitation, soupira-t-elle en comprenant qu'il ne lâcherait pas l'affaire si facilement. Le professeur Slughorn organise un repas demain soir et il m'a demandé de venir.

—Tu lui as tapé dans l'œil ? ricana le garçon.

—Fred... s'exaspéra-t-elle. Tu ne pourrais pas changer de registre un peu ? Et non, je ne lui ai pas tapé dans l'œil ! Il a expliqué à Harry qu'il organisait ce genre de réunion pour permettre aux élèves de se connaître mieux.

—Ah... Il se prend un bienfaiteur ? Et tu comptes y aller ?

—Peut-être. Je suis sûre que Harry y sera, alors ce sera une bonne occasion de passer un peu de temps avec lui.

Elle sourit en remarquant la moue sur les lèvres du garçon. Et ne put s'empêcher de penser que cela lui allait drôlement bien.

[...]

Un léger fond sonore s'échappait de la porte pourtant close donnant accès au bureau personnel du professeur des potions, Horace Slughorn, arrachant une même grimace à Hermione et Harry, qui se demandèrent si c'était finalement une bonne idée d'avoir accepter l'invitation à dîner. Cela donnait l'impression à la Préfète de faire partie d'un groupe, une secte, se prenant au-dessus de tout, et il suffisait de voir comment les élèves invités au club de Slug se vantaient pour comprendre l'appréhension d'Hermione à frapper à la porte.

Car elle détestait plus que tout les élèves se prenant pour les maîtres du monde, soit pour la pureté de leur sang, soit pour leur rang dans l'échelle sociale. Ce n'était que des idiotes complètement grotesques auxquelles elle ne croyait pas une seule seconde, et il fallait passer quelques minutes en compagnie de chaque membre de la famille Weasley pour réaliser que l'argent ne faisait pas le bonheur. Loin de là.

—Alors... souffla doucement Harry en la sortant de ses pensées. On entre ou on reste planter là ?

—Je commence à me dire que venir n'était pas une si bonne idée que ça... grimaça-t-elle.

Du coin de l'œil, elle vit son ami prêt à répliquer, mais la porte s'ouvrant brusquement le coupa dans son élan, et ils sursautèrent tous les deux lorsque leur regard se posa sur le visage inexpressif de ce Blaise Zabini, qui les laissa entrer avec une grimace de dégoût envers Hermione qu'elle fit mine de ne pas voir.

—Ah Harry ! s'exclama le professeur Slughorn en accourant vers eux, un verre d'hydromel à la main. Je commençais à désespérer de vous voir ! Et Miss Granger ! Quel plaisir de vous avoir tous les deux ici !

La jeune fille esquissa un faible sourire en laissant son regard dérivé un peu partout dans la pièce, détaillant chaque tenture, chaque tapisserie, chaque bibelot faisant office de décoration, qu'elle trouva parfaitement en accord avec l'état d'esprit du professeur. Complètement décalée, mais pourtant avec un goût assuré pour l'ostentatoire, comme le lui prouva le serpent en argent d'une trentaine de centimètres de haut placé sur une table basse, entourée par deux canapés vert foncé.

L'autre moitié de la pièce, séparée par une voûte sur laquelle était sculptée des mots en runes, contenait une grande table ronde avec dix couverts. Le centre de table, surélevé, proposait des mets plus appétissants les uns que les autres, certainement préparés par les elfes de maison du château. Tout y était parfaitement aligné, à l'instar des dix chaises, placées autour de la console dans un ordre parfait. Des cadres avaient été soigneusement accrochés au mur, représentant tous Slughorn accompagnait de personnes différentes, mais le sourire qu'il affichait, témoignait de l'importance que ces personnages devaient avoir pour lui.

Son regard rencontra alors celui de Cormac McLaggen, assis près de Marcus Belby bien trop occupé à dévorer des petits fours pour prêter à attention à l'agitation environnante, et elle rougit en remarquant le sourire séducteur qu'il lui offrit, accompagné d'un clin d'œil. Elle détourna la tête, gênée et ses yeux se posèrent sur Neville, installé dans un coin de la pièce, avec Harry et elle se précipita vers eux, se rassurant en se disant que cela éloignerait Cormac.

Grossière erreur. D'un pas assuré, le garçon s'approcha, et plongea son regard dans le sien, sans en accorder un seul aux deux autres élèves.

—Bonsoir, Hermione, souffla-t-il avec un nouveau sourire en coin. Je suis content de te voir. Au moins, avec toi, la soirée sera moins... ennuyeuse.

—Cormac, répondit-elle simplement.

Le Gryffondor éclata de rire en rejetant la tête en arrière, et elle en profita pour jeter un regard paniqué à son meilleur ami qui semblait avoir du mal à se retenir pour ne pas éclater de rire.

—Tiens, Cormac, fit nonchalamment Harry. Je ne pensais pas te voir ici ce soir.

Le blond cessa aussitôt de rire et jeta un regard noir à son condisciple avant de s'éloigner d'eux, arrachant un soupir de soulagement à Hermione, qui avait cru un instant devoir supporter les mimiques du garçon toute la soirée, accompagné par les rires franchement amusés du brun et de Neville.

—Merci, souffla-t-elle. Et arrête de rire !

—Oh Hermione... tu verrais ta tête !

La jeune fille lui lança un regard noir et jugea préférable de se tourner vers Neville. Elle aurait bien voulu s'éloigner, partir d'ici, mais cela aurait aussitôt attiré l'attention des autres sur elle et c'était bien la dernière chose qu'elle voulait.

—Tu ne comptes pas me faire de coup en douce toi, j'espère ? s'exclama-t-elle.

Les joues du garçon s'empourprèrent et il s'empressa d'assurer que non. Par chance, Slughorn annonça rapidement qu'il était temps de se mettre à table et chacun se dirigea vers la table soigneusement dressée. Hermione s'assura d'être placée le plus loin possible de Cormac, qui se retrouva à la droite du professeur. Il ne lui adressa pas le moindre regard, et à en juger par la ligne droite formée par ses lèvres, il était encore furieux du commentaire de Harry à son égard, ce qui soulagea grandement l'adolescente. Comme ça, au moins, elle était certaine d'avoir la paix. Au moins pour cette soirée.

—Oh ! je vois qu'il nous manque une invitée ! réalisa soudainement Slughorn. J'espère qu'elle pourra se libérer... Je pense que nous n'avons pas besoin de l'attendre, Miss Weasley nous rejoindra le moment venu.

—Ginny ? fit Hermione.

—Vous la connaissez ? s'enthousiasma le vieil homme.

—Oui, confirma-t-elle avec un sourire. C'est ma meilleure amie.

—Et bien, cette jeune fille a un talent certain pour les Sortilèges ! Son Chauve-Furie est particulièrement saisissant...

D'un claquement de doigts, Slughorn fit apparaître des assiettes pleines à rabord et leur ordonna à tous de manger. Pendant quelques minutes, seul le bruit des couverts retentit dans la pièce, et Hermione apprécia cette quiétude environnante. Ce calme reposant qui donnait à l'endroit un tout autre aspect. Un endroit dans lequel il faisait certainement bon de se retrouver pour lire un livre, passer du temps avec des amis. Les décorations extravagantes apportaient une touche différente à la pièce, et Hermione finit par comprendre à quel point Slughorn aimait exhiber ses trophées.

Harry leur avait appris que Dumbledore lui avait expliqué combien c'était important pour le professeur de potions de montrer son importance au sein de la communauté magique anglaise. Il ne cessait de rappeler tout ce qu'il avait fait pour ses élèves les plus prometteurs, toutes ces vocations qu'il avait engendré. C'était un homme qui aimait avoir des trophées, et le buffet sur lequel trônaient des dizaines de photos le représentant avec des noms bien connus chez les sorciers le prouvait. Sa fière appartenance à la maison de Serpentard également. Et en cette période, Harry était le butin de plus. Celui si important qu'il ne fallait pas le laisser passer.

L'arrivée du plat principal raviva les discussions, et Slughorn entreprit de questionner chaque élève sur leur projet personnel, leurs résultats scolaires et leur famille. Et Hermione finit par comprendre que chaque étudiant présent ce soir avait été invité parce que Slughorn connaissait intimement un de leurs proches. Hormis certains, comme elle et Ginny. Et cela renforça son idée qu'il voulait les faire appartenir à une sorte de secte.

—Et vous, Miss Granger ? l'interpella finalement le vieil homme alors que les assiettes disparaissaient une à une. Qu'avez-vous à nous apprendre sur vous ?

—Sur moi ? répéta-t-elle en rougissant. Il n'y a rien de bien intéressant chez moi...

—Allons, je n'y crois pas une seule seconde, réfuta Slughorn d'un geste de la main. Une jeune femme aussi brillante que vous ! Surtout lorsque l'on sait que vous êtes née de parents moldus !

La jeune fille se crispa en l'entendant prononcer cette dernière phrase, et le rire de Blaise Zabini s'éleva quelques secondes dans la pièce, bien vite interrompu par la voix sèche du professeur, qui fit remarquer que ses plus brillants élèves étaient des enfants de parents non-sorciers. Mais ce n'était pas pour cette raison qu'elle était devenue si tendue, et l'espace d'un instant, elle se demanda si Slughorn n'avait pas oublié que ses parents étaient décédés.

L'arrivée de Ginny, les yeux rougis, l'empêcha de répondre, et elle jeta un regard étonné à Harry lorsque celui-ci se leva soudainement, alors que la rouquine prenait place autour de la table, et les regards de deux adolescents se croisèrent un instant, arrachant un sourire amusé à la Préfète, qui commençait à se demander si l'étrange comportement de son ami ne cachait pas quelque chose...

[...]

De gros et épais nuages noirs avaient investis le ciel encore bleu quelques minutes auparavant, alors que la plupart des élèves et des professeurs, prenaient le chemin du terrain de Quidditch, discutant avec enthousiasme de ce premier match qui allait ouvrir la saison et qui allait opposé Gryffondor à Serpentard.

Hermione grimaça lorsque les premières gouttes de pluie tombèrent sur ses joues froides, et elle fut heureuse de pouvoir s'abriter sous le parapluie que Neville avait apporté avec lui. A ses côtés, Luna Lovegood, élève de Serdaigle mais fervente supportrice de leur équipe en ce jour, était coiffée d'un lion avec une crinière en papier et qui rugissait à chaque fois que la jeune fille ouvrait la bouche. La plupart des élèves autour d'eux jetaient des regards étonnés à sa coiffe, alors que certains ne se gênaient pas pour la pointer du doigt en rigolant.

L'arrivée des joueurs reporta leur attention sur le match, et la voix de Zacharias Smith retentit alors dans tout le terrain. Hermione grimaça en le reconnaissant, car ce n'était pas un élève particulièrement apprécié, malgré son appartenance à l'Armée de Dumbledore l'année précédente. Ses incessants commentaires sarcastiques et son envie de prouver qu'il était meilleur que les autres n'avaient pas aider Hermione à l'apprécier.

—Voilà c'es parti ! commenta-t-il alors que les capitaines étaient en train de se serrer la main sous le regard Mrs Bibine. Et je crois que nous sommes tous très surpris de voir l'équipe que Potter a constituée cette année. Etant donné les performances très inégales de Ronald Weasley à son poste de gardien l'année dernière, beaucoup pensaient qu'il ne ferait peut-être plus partie de l'équipe, mais bien sûr, des liens d'amitié très étroits avec le capitaine peuvent arranger bien des choses...

Hermione retint un juron en entendant les propos du garçon et se demanda pourquoi les professeurs ne le faisaient pas taire, au lieu de le laisser proférer de telles âneries.

—Ah, et voici la première attaque de Serpentard, c'est Urquhart qui fonce vers les buts et... Weasley bloque le tir. Il a parfois de la chance, j'imagine...

Crétin, pesta Hermione en fusillant du regard la petite cabine dans laquelle se trouvait le commentateur.

Après une demi-heure de jeu, Gryffondor menait par soixante points à zéro. Ron avait réalisé quelques arrêts spectaculaires, bloquant parfois le tir d'une extrême justesse, du bout de ses gants, et Ginny avait marqué quatre des six buts de l'équipe. Comprenant qu'il n'avait plus intérêt de critiquer ouvertement le groupe des lions, Zacharias s'attaqua à l'équipe adverse et pronostiqua longuement sur l'étrange absence de Drago Malefoy à son poste d'attrapeur.

—On dirait que le remplaçant de Malefoy, Harper, a repéré quelque chose... lâcha Smith après une heure de jeu. Et oui, je crois bien qu'il a repéré le Vif d'or !

L'excitation monta d'un cran dans les gradins, et comme tous ses camarades, Hermione retint son souffle en voyant Harry se lancer à la poursuite de l'attrapeur adversaire, alors même qu'un Cognard fou volait dans leur direction. Si le second parvint à l'éviter de justesse, avec une figure impressionnante qui retourna l'estomac de l'adolescente plusieurs fois, le Serpentard ne put éviter la balle qui percuta violemment le manche de son balai, qui se brisa en deux sur le coup et il chuta précipitamment vers le sol.

—Potter a attrapé le Vif !

Des cris de joie montèrent du côté des Gryffondor et Hermione esquissa un sourire en remarquant les sourires de ses amis.

Une heure plus tard, ils étaient tous réunis dans la salle commune de leur tour, fêtant comme il se doit la première victoire des lions. Ron, à qui on attribuait le mérite d'avoir arrêter de si nombreux buts, ne cessait de sourire en recevant les sincères félicitations de ses condisciples, sous le regard amusé de Hermione, debout dans un coin de la pièce.

—Félicitations, s'exclama-t-elle lorsque Harry s'arrêta à sa hauteur. Grâce à toi, Ron a joué comme un dieu !

Le sourire malicieux qui étira les lèvres du garçon éveilla sa curiosité et elle fronça les sourcils lorsqu'il attrapa une petite fiole dans la poche de sa chemise. Hermione observa l'objet quelques secondes avant d'écarquiller des yeux en le reconnaissant.

—C'est plein...

—Oui, confirma Harry avec un léger rire.

—Tu n'en as pas versé dans le verre de Ron, ce matin.

—Non. Ni la fois précédente.

—Alors, il n'a fait que le croire... comprit-elle.

Elle releva les yeux pour chercher le rouquin et le trouva étroitement enlacé à Lavande Brown, l'embrassant à pleine bouche devant une foule en délire qui chantonnait Weasley est notre roi.

***

A partir de maintenant, je vais essayer de repasser à une publication tous les mercredis, pour ne pas me perdre dans les chapitres.

N'hésitez pas à laisser votre avis, ça me fait toujours extrêmement plaisir de lire ce que vous pensez ! :)


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