[CHAPITRE 32] Département des Mystères.


Il faisait nuit depuis longtemps lorsqu'ils arrivèrent enfin dans les rues londoniennes, plongées dans la pénombre, faiblement éclairées par les réverbères placés à chaque coin de rue. Dans un ultime battement d'ailes, les Sombrals se posèrent au sol, et Hermione descendit du sien avec soulagement, l'estomac noué par ses longues heures de vol, le teint blême.

―Ça va, Hermione ? demanda Ginny avec inquiétude. Tu es toute blanche.

―Oui, répondit la Préfète en essayant de lui sourire. J'ai juste peur du vide.

―Si Maman nous voyait... ajouta la rouquine.

Si Fred me voyait, pensa Hermione en secouant la tête. Elle lui avait promis de ne pas faire de choses stupides durant son absence, de ne pas prendre le moindre risque pouvant mettre sa vie en danger, et voilà qu'elle n'hésitait pas une seule seconde à tenir tête à la directrice et voyager à dos de Sombrals. Certes, c'était la vie de Sirius qui était en jeu, et elle s'en voudrait jusqu'à la fin de ses jours si elle n'essayait pas de lui venir en aide. Elle espérait simplement que le garçon comprendrait cet argument.

―Comment on fait maintenant pour entrer ? demanda Ron.

En effet, le seul moyen d'accéder au sein du Ministère était de trouver la cabine téléphonique moldue servant de point d'accès aux employés et ce n'était pas chose facile en pleine nuit. Harry était le seul du groupe à pouvoir la localiser, mais son sens de l'orientation précaire inquiétait beaucoup Hermione, craignant de leur faire perdre trop de temps.

Depuis qu'ils avaient quitté l'école, elle avait l'impression qu'une vie entière venait de s'écouler, et que la vie de Sirius ne tenait plus qu'à un fil. C'était un sentiment tenace qui lui serrait la poitrine, l'empêchait de garder espoir face au moindre obstacle rencontré. Mais elle n'osait pas faire part de ses ressentiments aux autres. Elle percevait l'inquiétude extrême de Harry et elle ne voulait pas rajouter un nouveau fardeau sur ses épaules. Car elle savait qu'il ne se remettrait pas facilement s'il perdait Sirius, qui représentait le dernier lien avec ses parents.

―Allons par là, proposa-t-il en indiquant la rue de droite.

De longues minutes durant, ils fouillèrent la ruelle, à la recherche de la fameuse cabine, sans la trouver pour autant, et ils décidèrent donc de s'éloigner plus profondément, pour finir par la trouver, une centaine de mètres plus loin, arrachant un soupir de soulagement à chacun.

―Il faut un code pour actionner l'ascenseur, fit remarquer Neville lorsqu'ils parvinrent enfin à tous entrés dans la cabine, agrandie magiquement.

―62442, répondit Ron avant de préciser, face aux regards étonnés de ses amis : Papa se le répète souvent pour ne pas l'oublier.

―Bienvenue au Ministère de la Magie, lança une voix de femme une fois que Harry eut entré le code sur le cadran téléphonique.

Il y eut une petite secousse, avant que l'ascenseur ne se mette à descendre dans les profondeurs de Londres, là où était caché le lieu le plus important de la communauté magique. Pendant quelques secondes, la cabine fut plongée dans le noir complet, avant qu'un jet de lumière n'apparaisse à leurs pieds, s'agrandissant au fur et à mesure qu'ils pénétraient dans l'Atrium du Ministère de la Magie.

―Merci de bien vouloir vous présenter à l'inspection des baguettes, ajouta la voix de femme.

La porte de la cabine s'ouvrit dans un léger grincement, et ils en sortirent un par un, observant avec ébahissement l'immense couloir où ils venaient d'arrivés.

Le plafond était bleu, avec quelques illustrations dorées mouvantes, représentants l'histoire de leur communauté, depuis l'établissement des premiers sorciers en Angleterre à la nomination de Fudge au rang de Ministre de la Magie. Des lambris de bois recouvraient les murs de chaque côté, avec des dizaines de cheminées alignées les unes à côté des autres, pouvant accueillir les sorciers durant la journée. Mas ce qui attira le regard de Hermione fut l'immense fontaine au centre de la pièce, représentant un couple de sorciers, baguettes brandies vers le ciel, avec un centaure, un gobelin et un elfe de maison à leurs côtés.

Ce n'était pas la première fois qu'elle la voyait, bien qu'elle n'ait encore jamais mis les pieds au Ministère. Mais elle l'avait déjà aperçu dans des livres, les journaux, pourtant, l'effet fut différent. L'impression bien plus forte. L'ébahissement plus prenant. L'espace de quelques secondes, elle se demanda si le fait de mettre les créatures et les humains sur un même pied d'égalité n'était pas illusoire, car la réalité était tout autre, mais le Ministère était fait de faux semblants, de mensonges et d'hypocrisie, si bien que celle-ci passait inaperçue aux yeux de tous.

―Où va-t-on ? demanda Ginny et sa voix résonna longuement dans le silence parfait de l'Atrium.

―Par là, fit Hermione en désignant les ascenseurs.

La petite pièce dans laquelle ils arrivèrent était circulaire, contenant une vingtaine d'escaliers aux grilles dorées, qui s'ouvrirent en même temps, arrachant un léger sursaut de surprise à la jeune fille, prêts à accueillir de nouveaux passagers à transporter partout dans le Ministère.

―Quelqu'un sait où on doit aller ? demanda timidement Neville.

―Au niveau 9, souffla Harry.

―Département des Mystères, s'éleva la même voix de femme que celle dans la cabine.

Dans un grincement métallique, les grilles se fermèrent et l'ascenseur se mit brutalement en marche, obligeant les adolescents à se cramponner aux lanières du plafond. S'enfonçant plus profondément dans les entrailles du Ministère, dans des zones parfois interdites aux visiteurs. Dans le cœur même du symbole de la communauté magique anglaise.

―Niveau 9, annonça la femme quelques minutes plus tard. Département des Mystères.

Une vague de froid les percuta de plein fouet, comme s'ils venaient de pénétrer dans une pièce mal chauffée, et Hermione sentit des milliers de frissons parcoururent ses bras. Ou peut être était-ce dû à l'aspect hostile du long couloir, avec ces murs de carreaux noirs, ces dalles aussi foncées, et sa porte en fond, unique autre moyen de sortir.

Le même couloir que dans les rêves de Harry.

―C'est... commença Ron, les yeux écarquillés, en étant parvenu à la même conclusion que la jeune fille.

―Oui, s'éleva la voix rauque de Harry.

Si Luna et Neville ne parurent pas comprendre, le regard de Ginny en direction du Survivant indiqua à la Préfète que la rouquine avait elle aussi fait le rapprochement.

―Restez prudents, ordonna le brun à lunettes en sortant sa baguette. On ne sait pas ce qu'on va trouver derrière cette porte.

Tous l'imitèrent avant de se mettre en marche, dans un silence quasi parfait qui angoissait beaucoup Hermione, qui n'avait de cesser de jeter des regards par-dessus son épaule, comme de crainte de voir apparaître des Mangemort, ou pire encore : Voldemort. Mais aucun obstacle ne barra leur chemin, et timidement, Harry posa sa main sur la poigne ronde de la porte, qui s'ouvrit dans bruits, leur donnant accès à une autre pièce, contenant une vingtaine d'entrées fermées.

―D'accord, lâcha Ron, c'est légèrement flippant.

Celle dans leur dos se referma dans un claquement sec, arrachant un cri de terreur à Hermione, qui se retourna vivement, baguette brandie, prête à se défendre, mais son regard ne rencontra personne. Remarquant simplement que la porte par laquelle ils étaient entrés avait disparu.

―C'est encore plus flippant, rectifia Ron d'une voix chevrotante.

Pendant quelques secondes, ils observèrent les portes une à une, comme dans l'espoir que la bonne s'ouvre soudainement, leur donnant accès à la pièce où se trouvait Sirius, mais il ne se passa rien.

―On fait quoi ? demanda Ginny.

―Il faut qu'on essaye toutes les portes, répondit Hermione. Jusqu'à qu'on trouve la bonne.

Cette perspective ne l'enchantait guère, car ouvrir les portes une par une leur ferait perdre beaucoup de temps, diminuant alors les chances qu'il retrouve Sirius sain et sauf, mais elle ne voyait pas d'autres options. Jeter un sortilège dans cette pièce ne semblait pas être une bonne idée non plus, car elle savait que le Département des Mystères étaient protégés par de nombreux sortilèges, plusieurs lui étant inconnus. Et elle ne voulait pas risquer inutilement la vie de ses amis.

―D'accord, fit Harry. Ne perdons pas de temps.

[...]

―Attention ! s'écria Hermione.

Une exclamation de surprise s'échappa des lèvres de Ron lorsque l'immense bassine contenant les cerveaux explosa en millions de petits bouts de verre, suite au sortilège lancé par Ginny et il évita de justesse de se faire écraser par la centaine de crâne qui se répandirent sur le sol tout autour d'eux, leur barrant l'accès à la porte blanche qu'ils tentaient d'atteindre depuis plusieurs minutes déjà.

―Ron ! fit la jeune fille en se précipitant vers son ami.

Le teint livide, le garçon tentait vainement de se défaire de la poigne d'un cerveau, accroché à son bras, dont la manche déchirée laissait entrevoir des morceaux de chairs arrachés et du sang coulant à flot.

Confringo ! s'exclama-t-elle en pointant le cerveau du bout de sa baguette.

Celui-ci explosa, lui arrachant une grimace de dégoût lorsque des morceaux de matière grise se collèrent à sa veste, avec une odeur nauséabonde qui lui tourna l'estomac. Son regard se posa sur le bras de son ami, et avec quelques sortilèges de guérison, elle arrêta le saignement, au plus grand ravissement du rouquin, prêt à tomber dans les pommes.

―Ça va ? souffla-t-elle avec inquiétude.

―Ouais, marmonna Ron.

―La porte est condamnée, lança Harry. Il faut qu'on revienne sur nos pas.

Un instant, Hermione croisa le regard fatigué du rouquin, reflétant ses propres émotions. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis leur arrivée, ni depuis qu'ils avaient ouverts la première porte dans la pièce circulaire. Et jusqu'à présent, ils n'avaient pas trouvés la moindre trace de Sirius, ni même le moindre indice pouvant témoigné de sa présence ici. C'était comme s'ils cherchaient un fantôme et que quelqu'un prenait un malin plaisir à les faire tourner en rond.

Et l'idée que la vision du parrain de Harry kidnappé ne soit qu'une mascarade lui avait effleuré l'esprit à de nombreuses reprises, mais par respect, elle n'avait rien oser dire. Et à en juger par l'expression de Ron, lui aussi semblait penser la même chose. Harry était si persuadé que Sirius se trouvait là qu'elle ne pouvait pas se permettre d'insinuer le doute dans son esprit, et prendre le risque de perdre Sirius. S'il y avait une chance, aussi infime soit-elle, alors ils devaient la saisir.

―Tu crois que Sirius est vraiment là ? lui demanda Ron en chuchotant.

Hermione plongea son regard dans le sien avant de répondre. Essayant de trouver le courage de mettre ses doutes de côté. Et ne pas inquiéter le garçon.

―Je ne sais pas, avoua-t-elle.

Elle n'ajouta rien de plus lorsque Harry passa près d'elle et le suivit vers la porte noire qui les avait conduit ici, sur laquelle elle traça une croix de flammes, pour leur rappeler qu'ils étaient déjà venus ici. En vain.

―Là, fit Harry en désignant une nouvelle porte.

En posant sa main dessus, Hermione eut l'étrange impression qu'ils étaient arrivés au bout de chemin. A ce croisement où il fallait faire un choix, sans savoir à quoi s'attendre. Prendre une décision radicale. Sans retour en arrière possible. Où il faudrait assumer les conséquences de ses actes, les bonnes comme les mauvaises. Et elle ne put deviner si c'était bien ou mal.

La première chose qu'elle vit, fut ces immenses étagères alignées les unes à côté des autres, dans une salle qui paraissait bien plus vaste que Poudlard lui-même. S'étendant à perte de vue, comme si l'endroit n'avait pas de fin.

Ni même de début, songea-t-elle en se retournant et en remarquant que les étagères continuaient encore.

―C'est là, souffla Harry. C'est ici que j'ai vu Sirius.

―C'est immense, fit Ginny. On ne va jamais le retrouver !

Homenum Revelio, lança Hermione mais aucune lumière n'apparut. Il n'y a personne...

―Il est là, j'en suis sûr ! répliqua le brun.

―Harry...

Les traits de son visage se durcirent, et Hermione se demanda s'il était vraiment judicieux d'insister. N'aurait-elle pas voulu avoir le soutien sans faille de ses amis si elle s'était retrouvée dans cette situation ? Bien sûr que si, mais tout lui semblait différent. Bien plus sombre à cause de Voldemort, qu'elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer cacher ici, quelque part parmi toutes ces étagères, attendant le moment opportun pour leur tomber dessus.

―Hermione, souffla le garçon en la fixant droit dans les yeux. S'il-te-plaît... Il est la seule famille qu'il me reste.

Cette supplique serra le cœur de la jeune fille, qui détourna la tête, les larmes aux yeux, ne voulant pas montrer sa peine au garçon. Car elle savait combien c'était difficile de perdre sa famille, de se retrouver sans repères, comme ça, du jour au lendemain, sans avoir pu se préparer. Et tous ces mois de souffrance qu'elle avait vécu, surmontés grâce au soutien de Fred, elle ne voulait pas que Harry les vive également. Après les nombreuses pertes qu'il avait déjà subi, ce serait une fois de trop pour lui.

La fois de trop.

―Très bien, céda-t-elle. On a qu'à se séparer. Le groupe qui trouve Sirius en premier lance un patronus pour le signaler aux autres.

Elle vit Ron tiquer face à son idée de faire deux groupes, mais ainsi, ils pourraient arpenter plus de surface. Et gagner du temps. Du moins était-ce ce qu'elle espérait.

―Ginny, Neville et Luna, vous n'avez qu'à aller de ce côté, ajouta-t-elle. Nous on ira par là. Et gardez votre baguette à la main. Au cas où.

Elle échangea un dernier regard avec sa meilleure amie, essayant de la rassurer d'un sourire, avant de se tourner vers ses amis, prêts à inspecter la pièce.

Pendant quelques minutes, ils n'échangèrent pas la moindre parole, gardant les yeux obstinément rivés vers les immenses étagères, et Hermione finit par réaliser que c'était des prophéties qui se trouvaient dans les sphères de cristal. Des petits morceaux de parchemins y étaient accrochés, portant le nom de la personne concernée, soit une date. Et s'ils se trouvaient dans cette pièce, la même dont Harry rêvait depuis des mois, alors cela voulait dire que l'une d'elles le concernait.

Que l'une d'elles avait été écrite pour déterminer de son avenir. Comme s'il ne pourrait jamais en être le maître. Comme si toutes les actions, les combats qu'il avait mené jusque-là n'étaient que le fruit de cette petite sphère, cachée parmi ses congénères, dans cette salle sans fin.

Mais ce qu'elle ne parvenait pas à comprendre, c'était pourquoi retenir Sirius prisonnier ici. Pourquoi Voldemort serait-il venu ici, en prenant le risque de se faire découvrir par un membre du Ministère et ainsi révéler son retour au monde entier, si cette prophétie ne concernait que Harry ?

Sauf si elle ne concerne pas que lui.

Les yeux écarquillés de terreur, Hermione s'arrêta brusquement. Il fallut plusieurs secondes à ses amis pour remarquer qu'elle ne marchait plus à leurs côtés, et ils échangèrent un regard étonné avant de rebrousser chemin, appelant la jeune fille à de nombreuses reprises, mais elle ne sembla pas les entendre, le regard rivé sur le visage de Harry, incapable de penser à autre chose qu'à l'hypothèse que la prophétie ne le concerne pas uniquement.

Ils avaient toujours eu connaissance du lien le reliant à Voldemort, ce, depuis qu'ils avaient découverts sa capacité à parler Fourchelang en deuxième année. Et les rêves, les visions, leur rencontre l'année passée, n'avaient fait que renforcer ce lien, devenu plus puissant au fil des mois. Au fil de l'année qui avait vu renaître le Seigneur des Ténèbres, bien que les sorciers n'y croyaient pas. La protection de Lily Potter, qui s'était sacrifiée pour sauver son fils, coulait à présent dans les veines du mage noir, l'associant plus que jamais à Harry.

Comme s'ils n'étaient qu'une seule et même personne.

―Hermione ? l'appela Ron de nouveau.

Elle sursauta en le sentant lui secouer doucement le bras, et les regarda chacun leur tour avant de faire face au brun, un sourire désolé sur les lèvres.

―Je crois que je sais pourquoi on est ici, souffla-t-elle. Je crois que...

―Vous entendez ? la coupa-t-il en fronçant les sourcils. Cette voix.

―Quelle voix ? demanda Ron en observant les alentours.

Mais ils étaient seuls. La lueur des baguettes de leurs amis avaient disparu depuis longtemps, mêlée à celles des boules de cristal.

―Harry, nous n'entendons rien, fit doucement Hermione. Tu es sûr que...

―Par-là, la coupa-t-il.

Sceptiques, ses amis le suivirent dans une nouvelle allée, identique à toutes les autres, pour venir s'arrêter devant la numéro 97.

Et là, se trouvait la prophétie liant le destin de Harry Potter à celui de Lord Voldemort.

[...]

―Potter.

La voix glaciale résonna longuement dans leur dos, arrachant un sursaut de surprise à Hermione qui se retourna rapidement, pour faire face à Lucius Malefoy, baguette brandie dans leur direction, un masque de Mangemort en main.

―C'est toujours agréable de laisser les autres faire le sale boulot à votre place, ajouta le blond avec un sourire carnassier.

Stupéfix ! hurla Hermione mais Malefoy esquiva facilement son sort et contre-attaqua aussitôt.

―Voyons Miss Granger, s'exclama-t-il, vous nous empêchez de parler avec courtoisie.

La jeune fille sentit une vive douleur prendre possession de sa jambe, et avec horreur, elle vit un trou se former dans sa chair, laissant s'échapper un flot de sang qui tomba au sol.

―Hermione ! s'écria Ron en la voyant perdre l'équilibre.

L'adolescente se rattrapa difficilement à son ami, et serra son bras de toutes ses forces, alors que la douleur dans sa jambe ne faisait que s'intensifier, lui donnant le vertige, brouillant sa vision.

―Ron... murmura-t-elle.

Expelliarmus ! cria Harry.

―Donne-moi la prophétie ! s'écria Malefoy en se mettant à l'abri des sortilèges lancés par le Survivant. Donne-moi la prophétie et il ne sera fait aucun mal à Black !

Sirius, pensa Hermione en manquant de perdre connaissance.

―Ron... souffla-t-elle. Ron... il faut trouver Sirius.

Elle ne sut si son ami l'entendit, mais il l'entraîna néanmoins à l'écart du combat ayant lieu entre Harry et Lucius Malefoy.

―Ron ! résonna la voix inquiète de Ginny. Ron !

―Ici ! répondit le garçon.

Malgré sa vue brouillée, Hermione vit ses amis courir vers eux, poursuivit par plusieurs Mangemort qu'elle essaya d'attaquer, pour permettre à Ginny, Neville et Luna de se mettre à l'abri, mais la douleur ne faisait qu'augmenter, l'empêchant de se concentrer, et de penser à autre chose.

Confundo ! cria Ron en visant les Mangemort. Expelliarmus !

―Ron, lança de nouveau Ginny. Il faut qu'on s'en aille ! Ils sont partout !

―Je sais ! s'exclama son frère en évitant un maléfice cuisant. Mais Harry...

―Je suis là !

Une balafre défigurée sa joue, mais il ne semblait pas s'en soucier, préférant focaliser son attention sur la boule de cristal qu'il avait en mains, et qui semblait être tant convoité par les Mangemort.

―Il y a une porte pas très loin, dit Luna.

―Allons-y, dit Ron. Tu peux marcher, Hermione ?

La jeune fille acquiesça en se redressant difficilement, se retenant de ne pas grimacer pour inquiéter ses amis, alors sa plaie continuait de saigner.

―On te suit Luna, souffla-t-elle d'un ton rauque.

En courant, ils rejoignirent le point d'accès indiqué par la blonde, et qui les conduisit dans une pièce vaste, haute de plafond, dans laquelle se trouvait une arche en son centre, grande de plusieurs dizaines de mètres. Un voile blanc était accroché à chacune de ses branches, et d'étranges plaintes parvinrent aux oreilles de Hermione lorsque son regard s'attarda dessus.

Collaaaaaaaaargh...

Elle se retourna à temps pour voir Luna s'envoler dans les airs, alors qu'elle essayait de fermer la porte pour bloquer l'accès à leurs assaillants. Cinq Mangemort surgirent par la porte et lancèrent des sortilèges à tout va. L'un d'eux manqua Hermione de peu et elle trouva refuge derrière un rocher, le cœur battant à tout rompre.

―Attrapez Potter ! hurla soudainement une voix de femme.

Hermione ne voyait pas ce qu'il se passait, cachée derrière son rocher, mais elle entendit quelqu'un s'élancer à vive allure à l'autre bout de la pièce, poursuivie par une seconde personne, de carrure plus petite, et elle se douta que le premier était Harry.

La deuxième ne pouvait être que Bellatrix Lestrange, la plus fidèle des sbires de Voldemort.

―Potter ! Donne-moi la prophétie !

La jeune fille releva la tête, juste à temps pour voir Ron et Ginny être neutraliser par des Mangemort. Elle remarqua Luna, allongée au sol, immobile, dans un angle bizarre, tout prêt de l'arche d'où les plaintes continuaient de s'élever. Elle aperçut Harry, essayant de se défendre face à Lestrange, et elle comprit qu'elle ne lui ferait pas de mal tant qu'il aurait la prophétie en mains.

Car c'était tout ce qu'ils voulaient.

Et alors, elle comprit. Que Sirius ne s'était jamais trouvé au Ministère. Que Voldemort ne l'avait jamais kidnappé. Que tout ceci n'était qu'une machiavélique machination pour contraindre Harry à venir ici et mettre la main sur la prophétie.

Ils étaient tombés dans un piège. Et sans aide, ils ne s'en sortiraient pas.

―HARRY ! hurla-t-elle en se précipitant vers son ami, aussi rapidement que le lui permettait sa jambe. HARRY !

L'attention des deux adversaires se tourna un instant vers elle, et elle en profita pour lancer à un sort à Bellatrix, qui voltigea quelques mètres plus loin, manquant de se cogner contre une roche particulièrement pointue.

―Harry, c'est un piège ! Sirius n'est pas là !

Elle vit l'incompréhension faire luire les prunelles de son ami, avant qu'un sortilège ne l'atteigne de plein fouet, lui coupant la respiration, la faisant tomber en arrière.

Ce fut à cet instant qu'elle remarqua les éclairs blancs descendant du plafond. Ils devaient être une dizaine, filant à toute allure vers le sol. Jetant des sorts en direction des Mangemort qui ne tardèrent pas à riposter, hurlant des sortilèges qu'elle ne comprit pas.

Et puis, brusquement, venu de nulle part, le visage de Fred apparut dans son champ de vision. Aussi beau que dans son souvenir. Et elle se demanda si elle n'était pas entrain de rêver, mais le doux contact de sa main sur son front brûlant lui confirma que non.

―Tu es là, souffla-t-elle avec ravissement.

―Tu ne croyais pas que j'allais te laisser jouer les héroïnes toute seule ? répondit-il avec un léger rire.

Hermione lui sourit avant de s'évanouir.

" Sirius sembla mettre un temps infini à tomber. Son corps se courba avec grâce et bascula lentement en arrière, à travers le voile déchiré suspendu à l'arcade.

Harry vit la terreur et la surprise se mêler sur le visage émacié, autrefois si séduisant de son parrain qui traversa l'antique arcade et disparut au de-là du voile. L'étoffe déchirée se souleva un bref instant, comme agitée par une forte rafale, puis se remit en place.

―SIRIUS ! hurla Harry. SIRIUS ! "

- Harry Potter et l'Ordre du Phénix.

**

Avant dernier chapitre avant la fin de cette première partie...


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