[CHAPITRE 31] BUSE.


L'ambiance au sein de la Grande Salle en ce premier jour d'examens était particulièrement tendue, chaque élève de cinquième et septième année essayant de profiter de quelques minutes de plus pour réviser des points difficiles, demander de l'aide à des camarades, apprendre rapidement le contenu exact de telle ou telle potion. L'excitation qui y régnait frétiller, faisait jaillir des étincelles inquiètes des baguettes des étudiants les plus angoissés. Le nombre d'estomac vide se comptait par dizaines, en dépit des recommandations des professeurs passant dans les allées, conseillant aux adolescents de manger pour prendre des forces.

Et parmi cette frénésie incontrôlable, Hermione observait d'un air amusé la maigre tentative de son ami Ron de mémoriser tous les composants du Philtre de Paix, qui risquait certainement de tomber durant l'épreuve théorique des potions, avec la préparation de la potion à venir pour la pratique la semaine suivante. Elle lui avait répété à maintes reprises que c'était inutile, au vu de l'agitation environnante, mais le rouquin avait fait la sourde oreille, le nez plongé dans son manuel de potions.

Elle croisa le regard amusé de Harry, bien plus serein que le rouquin, avant de se replonger dans son petit-déjeuner, le cerveau en ébullition, essayant de se convaincre qu'elle n'avait rien oublié dans ses révisions. Car malgré l'air détendu qu'elle affichait, Hermione était particulièrement stressée en songeant aux examens de la journée, qui porteraient sur les sortilèges et les potions. Elle s'y était préparée avec acharnement ces derniers mois, mais persistait tout de même une légère crainte qui l'avait empêché de dormir une bonne partie de la nuit.

―Salut ! lança la voix enjouée de Ginny en prenant place aux côtés de son amie. Alors, c'est pour ce matin ?

En retour, elle reçut trois regards noirs qui la firent éclater de rire. Cynique, Ron lui rappela qu'elle se trouverait bien vite à leur place, ce à quoi sa cadette répondit qu'elle avait plus de chance d'avoir des Optimaux que lui. Endiguant la dispute à venir, Hermione ordonna au rouquin de retourner à ses révisions, avant de faire face à Ginny, une lueur mauvaise dans le regard, à laquelle elle conseilla de ne pas embêter son frère pour le moment.

Ce fut à cet instant que le professeur McGonagall se leva de la table des professeurs, intimant le silence à tous, avant d'ordonner aux élèves de quitter la salle le temps qu'elle soit réaménagée en salle d'examens pour les cinquième année. Une boule d'angoisse se forma subitement dans la gorge d'Hermione, qui fut contrainte de suivre ses camarades hors de la pièce.

―Bon courage ! lui souffla Ginny avant de rejoindre ses propres cours.

Un instant, la Préfète regretta que Fred ne soit pas à ses côtés pour l'aider à gérer le stress qu'elle sentait l'envahir. Cela faisait pratiquement deux semaines que les jumeaux avaient quitté l'école, et malgré leurs nombreuses discussions par le biais des miroirs à double-sens, elle ressentait le besoin quotidien de le voir. L'entendre rire. L'épier lorsqu'il se trouvait auprès de ses amis. Croiser son regard lorsqu'elle le découvrait entrain de la fixer. Sentir son odeur.

L'avoir près d'elle tout simplement.

Au début, elle s'était étonnée de ressentir si tôt les effets de son départ, mais Ginny, en merveilleuse amie, lui avait fait remarquer que c'était ça lorsqu'on aimait véritablement quelqu'un. Pas un simple béguin d'adolescents comme on en voyait partout dans les couloirs du château. Non, un amour sincère. Véritable. Pur. Et que rien ne semblait pouvoir ébranler.

Pas même la distance.

Puis, les jours passant, elle avait fini par réaliser la véracité des propos de la rouquine, surtout lorsque Fred ne cessait de lui répéter qu'il l'aimait et qu'il avait hâte que le Poudlard Express la ramène à ses côtés. Ces quelques mots la faisaient toujours sourire, lançant son coeur dans une course folle. Inondant son corps d'une chaleur nouvelle, agréable. Réconfortante. Apaisante. Colorant ses joues d'une teinte rosée.

Sa respiration s'arrêta lorsque les lourdes portes faites d'or s'ouvrir de nouveau, quelques minutes plus tard. Dolores Ombrage leur intima à tous d'entrer, de chercher la place leur étant attribuée avant que l'épreuve théorique des Sortilèges ne débute.

Pensant une dernière fois au rouquin pour se donner du courage, Hermione sourit en laissant sa main se mettre en mouvement pour répondre aux questions écrites sur son parchemin, immensément satisfaite par le sujet.

[...]

―Veuillez poser vos plumes et ne plus touchez à vos parchemins, ordonna la voix chantante du professeur Flitwick lorsque l'immense horloge placée dans son dos sonna quatre heures de l'après-midi.

Un soupir de soulagement collectif s'éleva, et plusieurs élèves profitèrent du passage des professeurs venus récupérer les parchemins, pour se retourner vers leurs camarades, désirant obtenir leurs impressions sur l'épreuve théorique des potions, la dernière de la journée. Hermione esquissa un sourire lorsqu'elle croisa le regard atterré de Harry, placé quelques rangs plus haut, et elle comprit que le devoir avait été ardu pour lui. Elle, elle pensait s'en être sortie correctement, malgré quelques oublis par-ci par-là, et elle espérait que le correcteur serait bien plus indulgent que le professeur Rogue.

―Vous pouvez disposer, continua Flitwick une fois toutes les copies ramassées. Revenez demain matin à huit heures tapantes pour la métamorphose. Bonne soirée à tous.

Quelques élèves lui rendirent son salut, avant de quitter la Grande Salle au pas de course, voulant profiter d'un moment libre avant de devoir se replonger dans les révisions.

―Alors ? demanda Ron d'un ton revêche lorsque les trois amis furent réunis.

―Je me suis lamentablement planté, commenta Harry en secouant la tête. J'ai mélangé le Philtre de Paix avec la solution de force.

Hermione lui offrit un sourire rassurant avant de s'engager dans les escaliers, remarquant la chevelure blonde de Malefoy quelques étages plus haut. Depuis leur altercation avec Ron, à la suite de laquelle Ombrage l'avait laissé subir le courroux de son directeur de maison, il s'était entièrement tenu à carreaux. N'échangeant aucune remarque désobligeante avec le trio. La jeune fille trouvait son comportement étrange, et craignait des représailles un jour ou l'autre, car cela ne ressemblait pas à Malefoy de ne pas venir se pavaner devant eux.

Elle sourit en constatant que ses amis ne venaient pas s'enquérir du contenu de son examen. Ils étaient bien trop habitués à ce qu'Hermione réussisse dans toutes les matières pour prendre la peine de le faire. Une autre personne aurait pu facilement se vexer de cette inattention, mais après presque cinq années d'amitié, elle avait fini par s'habituer aux façons de faire des deux garçons. Parfois un peu trop brusques, indélicates et viriles.

La salle commune était bondée, notamment d'élèves de cinquième et septième année, affalés sur les canapés, fauteuils, ou même directement au sol. Installés devant des plateaux d'échecs, de Bavboules ou Bataille Explosive. La radio trafiquée par les jumeaux avait été allumé, et l'atmosphère détendue qui régnait dans la pièce en dissuadait plus d'un de se plonger de nouveau dans les révisions. Hermione décida de rester quelques minutes avec les garçons, les observant se disputer une partie d'échec version sorcier plutôt barbare.

―C'est ignoble ! commenta-t-elle lorsqu'un des pions de Harry fut réduit à néant par la reine de Ron.

―C'est parce que tu ne comprends rien, rétorqua le rouquin avec un sourire satisfait.

―J'ai déjà jouer aux échecs, répliqua-t-elle sèchement. Mais c'est ton jeu qui est barbare !

―Un petit sort et les pions redeviendront comme neufs, intervint Harry.

Mh.

La jeune fille détourna le regard, et croisa celui d'Angelina, installée avec ses amies à une table, et qui lui sourit gentiment. Depuis le départ des jumeaux, elles ne s'étaient guère adresser la parole, bien trop prises par les examens, mais Hermione savait que la septième année avait également reçu un miroir à double-sens pour pouvoir parler avec George.

―Je monte réviser, annonça-t-elle. Et vous devriez en faire autant.

Aucun des deux ne prit la peine de relever la tête, et elle se demanda s'ils l'avaient même entendus. Poussant un soupir, elle se réfugia dans son dortoir, duquel s'échapper un sifflement strident.

―Mince ! fit-elle lorsqu'elle attrapa son miroir, juste au moment où celui-ci arrêtait de briller. Fred Weasley, ajouta-t-elle.

Il ne fallut que quelques secondes au garçon pour répondre, et avec un sourire éblouissant, il lui montra le trousseau de clés accroché à une chaîne en argent.

―Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

―Notre plus précieux sésame ! s'exclama-t-il. On a enfin reçu les clés de la boutique, explicita-t-il. On commence l'aménagement dès demain.

―Oh ! Félicitations, sourit-elle.

―Merci. George te passe le bonjour, ajouta-t-il lorsque la voix de son jumeau résonna dans toute la chambre.

Hermione rit doucement lorsque la tête du garçon se posa tout près de son frère, lui donnant l'impression de voir double pendant quelques secondes.

―Ma tigresse préférée ! fit George. Alors, comment va notre tête pensante adorée ?

―Je vais bien, souffla-t-elle en levant les yeux au ciel. Toi aussi, apparemment.

―Plus que bien ! Notre rêve se réalise enfin ! Tu imagines : " George et Fred Weasley, gérants de la meilleure boutique de farces et attrapes du monde entier ! ". Je suis sûr que la Gazette nous réserve déjà toute une page de son journal !

―C'est beau de rêver, rit-elle.

―Hé ! s'indigna le garçon. Je croyais que tu étais de notre côté !

―Bon, tu as fini ? bougonna Fred. Je peux parler à ma copine tranquillement maintenant ?

Hermione échangea un regard amusé avec George avant que celui-ci ne se décide à partir, maugréant contre l'inhospitalité de son frère.

―J'ai cru qu'il allait jamais partir, grogna Fred. Et sinon, comment vont mon frère et ma sœur ?

―Ron est aussi agréable qu'un Scrout à Pétard, et Ginny en profite pour se payer de sa tête, donc je suppose que tout le monde va bien, sourit-elle.

―Ah Ron... soupira Fred en secouant la tête. Des fois, je me demande si on est vraiment de la même famille. C'est lui qui a le plus mauvais caractère. Après Maman.

―Tu n'es pas mal non plus dans le genre, lui fit-elle sournoisement remarquer.

Les yeux du rouquin s'écarquillèrent alors que les traits de son visage laissaient place à une expression indignée qui arracha un sourire à Hermione.

―Alors ça, c'est un sale coup bas, marmonna-t-il, vexé.

Du moins, fit-il semblant de l'être, mais le sourire qui naquit au coin de ses lèvres quelques secondes après ne le rendit pas crédible aux yeux d'Hermione, qui leva de nouveau les yeux au ciel avant de pousser un profond soupir.

―Quoi ? demanda aussitôt le rouquin.

―Rien, il faut juste que j'aille réviser, répondit-elle. Mais je préfèrerai rester pour parler avec toi.

―Alors reste, sourit-il.

Et ce sourire avait toujours le pouvoir de faire fondre le cœur d'Hermione. Parfois, il lui arrivait de se demander si Fred en avait conscience, et si c'était le cas, s'il ne le faisait pas exprès ? Car il savait bien que, quelle que soit la situation, la jeune fille ne parvenait pas être vraiment en colère contre lui. Elle le pensait pourtant, mais un sourire, un regard, un baiser, et sa rancœur se volatilisait aussi rapidement que de la fumée.

Et ce soir, elle aurait tout donner pour prolonger l'instant, s'enivrer de ce sourire, de cet éclat malicieux dans ses prunelles. Elle aurait troqué de nombreuses choses pour ne pas avoir à lui dire au revoir. A ne jamais avoir à le faire. Mais sa réussite scolaire lui importait également, peut être beaucoup moins que la joie du rouquin, cependant, elle savait qu'elle s'en voudrait toujours si elle n'obtenait pas ses BUSE. Comme sa mère le lui avait demandé lors de leur dernière rencontre.

―Je ne peux pas, souffla-t-elle.

―Je sais, sourit-il doucement.

―Tu m'en veux ? demanda-t-elle.

―Non, pourquoi ? s'étonna-t-il. Je savais à quoi je m'engageais quand je t'ai embrassé la première fois, ajouta-t-il d'un air malicieux.

Hermione rit doucement à ce souvenir, qui lui semblait provenir d'une autre vie. D'une vie où elle n'avait pas su profiter pleinement de tout ce qui l'entourait. De sa famille. De ses amis. De la joie, l'amitié. L'amour. Heureusement que Fred avait été là pour lui ouvrir les yeux, sinon elle serait restée coincer dans cette petite vie studieuse et monotone qu'elle pensait parfaite.

―Je pourrai dire la même chose, répondit-elle.

―Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, commenta innocemment le garçon en secouant la tête.

La Préfète l'observa une dernière fois, imprima à nouveau chaque détails de son visage, avant de mettre un terme à leur conversation, promettant de le contacter prochainement.

Ce fut plus sereine qu'elle s'endormit cette nuit-là, le visage rayonnant de Fred revenant dans chacun de ses songes.

[...]

―Il faut que je vous parle, annonça Harry durant la pause déjeuner de la septième journée d'épreuve. Mais pas ici.

Hermione releva lentement la tête de son livre et croisa le regard intrigué de Ron, assit face à elle, à une des nombreuses tables de la bibliothèque. Elle remarqua l'inquiétude dans ses prunelles, la petite ride entre ses sourcils. La pâleur de son visage alors que la même pensée traversait leur esprit.

―Allons dehors, proposa-t-elle.

Le trajet jusque dans le parc lui parut étrangement long. Et très pesant. Les propos de Harry avaient semés le doute et l'angoisse dans son esprit, et elle eut l'impression de se retrouver six mois en arrière, lorsque le professeur McGonagall était venue la réveillée en pleine nuit, pour lui annoncer l'attaque de Monsieur Weasley.

Elle ne perçut même pas l'enthousiasme des élèves posés un peu partout dans le jardin, à l'abri sous des arbres, sur les bancs de pierre, près du lac noir étincelant de milles feux sous les rayons du soleil. L'angoisse qu'elle ressentait, mêlée à celle de ses amis englobait le tout. L'empêchait de voir la joie des élèves plus âgés, profitant de cette liberté enfin retrouvée puisque tous leurs examens étaient terminés.

―Alors ? questionna aussitôt Ron une fois qu'ils se furent éloignés de l'école.

―Je continue de faire des rêves sur Voldemort, avoua Harry d'un ton rauque et Hermione remarqua alors les cernes sous ses yeux. Au début, je voyais juste le Département des Mystères, comme dans les souvenirs de Rogue, mais depuis quelques temps, je vois une salle étrange. Avec pleins de boules de cristal. Et Voldemort est là, entrain de parler avec quelqu'un.

―Qui ?

―Je ne sais pas, soupira le Survivant. Je n'arrive pas à voir qui c'est mais... je crois que c'est quelqu'un qu'on connaît.

―Comment ça, quelqu'un qu'on connaît ? répéta la Préfète d'une petite voix alors qu'à ses côtés, Ron palissait considérablement.

―Je me vois marcher dans le couloir de mon premier rêve, puis arriver dans cette salle avec les boules en cristal. Et après, au milieu, il y a cette personne, elle est de dos, et Voldemort lui parle. Il lui... il la torture, et je ressens sa fureur comme si c'était la mienne.

―Harry... commença Hermione.

―Oui, je sais ce que tu penses, Hermione, la coupa-t-il. Mais, si c'était différent cette fois ? Si ce n'était pas un piège ?

―On ne sait pas qui est la victime de Tu-Sais-Qui, releva Ron.

―Il faudrait que je prévienne l'Ordre, ajouta Harry.

Hermione se retint de répliquer que c'était une mauvaise idée, mais la fatigue dans les yeux de son meilleur ami la dissuada de le faire. Elle savait que toute cette histoire était très lourde et difficile à supporter pour lui, surtout à la suite de la mort de Cedric Diggory, l'année précédente. Le poids qui reposait sur ses épaules commençait à devenir pesant, et son rôle devenait de plus en plus clair, même si aucun des trois n'osait vraiment en parler.

―Au moins pour qu'ils se tiennent prêts s'il se passe quelque chose, précisa-t-il en croisant le regard sceptique de son amie.

―D'accord, se résigna-t-elle.

Prévenir l'Ordre n'était pas une mince affaire, puisque depuis le soir où Ombrage avait failli mettre la main sur Sirius, la directrice avait fait condamnée toutes les cheminées du réseau de cheminette. Seule la sienne permettait encore de circuler librement, et ce fut donc par celle-ci qu'ils durent contacter les habitants du Square Grimmaurd. Mais pénétrer dans son bureau était très risqué. Si elle mettait la main sur eux, alors ce serait l'exclusion assurée...

―Elle n'est pas là, dit Harry après avoir étudier minutieusement la Carte du Maraudeur. Elle se trouve de l'autre côté du château.

―Dépêchons-nous quand même, commenta Hermione.

Une grimace tordit les traits de son visage lorsqu'ils poussèrent la lourde porte en bois. Le rose présent dans chaque recoin de la pièce lui sauta aux yeux, tordant son estomac et elle dut se retenir pour ne pas rendre son déjeuner sur le tapis à motif floral. Sa main se posa sur la poche de son pantalon où se trouvait sa baguette.

On est jamais trop prudent, se dit-elle.

Sans attendre, Harry se précipita vers la cheminée et récupéra le pot de poudre de cheminette qu'il vida entièrement sur les bois rougeoyants.

―Square Grimmaurd ! cria-t-il sans attendre.

Pendant quelques secondes, il ne se passa rien. Les flammes restèrent obstinément vertes, sans qu'aucun visage n'apparaisse, et Hermione sentit son cœur se serrer, le pire des scénarios s'insinuant dans son esprit comme le venin d'une guêpe.

Puis, brusquement, la tête de Kreattur, l'ignoble elfe de maison des Black, apparut, arrachant une exclamation de surprise aux trois amis, qui échangèrent un regard étonné avant de se pencher plus près de l'âtre, dans laquelle la créature prenait un vil plaisir à les fusiller du regard.

―Kreattur, où est Sirius ? demanda Harry.

Le regard de l'elfe se tourna vers lui, luisant d'une lueur malsaine. Malveillante.

―Traître à... commença-t-il mais la voix sèche du Survivant l'empêcher d'ajouter quoi que ce soit.

―Je te demande où est Sirius !

―Le traître n'est pas là, cracha Kreattur. Et ce n'est pas plus mal. Ma maîtresse...

―Où est-il ? enchaîna Harry.

―Parti, répondit l'elfe avec un sourire sadique. Mort, peut-être.

Le brun allait répondre lorsqu'une douleur lancinante cisela sa tête, le faisant chavirer en arrière, sous le regard effaré de ses amis. Une grimace de douleur déforma ses traits, et sa main se plaqua contre son front, alors que l'autre tentait vainement d'étouffer ses gémissements.

―Harry ! s'écria Hermione en se penchant vers lui. Harry !

―Il... il... Voldemort a... essaya de dire le garçon mais la douleur croissante l'empêchait de formuler une phrase.

―Harry ! répéta Hermione avec empressement. Ferme ton esprit !

―Sirius... marmonna le brun. Sirius... Voldemort...

Alors la jeune fille comprit. Et la peur l'envahit.

―Oh Merlin... souffla-t-elle.

Elle sentit la terreur envahir chaque parcelle de son corps. Elle sentit toute chaleur quitter ses joues, en dépit des flammes dansant vivement près d'elle. Elle eut l'impression que l'air de la pièce venait d'être brusquement aspirée, rendant sa respiration saccadée. Irrégulière. Chaotique. Et la vérité s'imposa à elle.

Violemment. Destructrice.

Sirius était retenu prisonnier par Voldemort au Département des Mystères.

[...]

―Tu te sens mieux ? demanda Ron, quelques minutes plus tard.

Harry acquiesça, le visage toujours aussi blanc.

―Allons-y, ajouta-t-il en se levant.

La porte s'ouvrit, et quelle ne fut pas leur surprise de tomber sur Ombrage, un sourire sarcastique au coin des lèvres.

―Des ennuis... susurra-t-elle. C'est tout ce que vous apportez, Potter. Des ennuis.

Hermione sentit ses amis se tendre à ses côtés, et elle pria qui voudrait bien l'entendre qu'aucun des deux ne fasse de bêtises. Car ce n'était vraiment pas le moment, la vie de Sirius était bien plus importante que ces enfantillages. Et il leur fallait à tout prix trouver le moyen de se débarrasser d'Ombrage.

Le temps leur était compté.

―Je peux savoir ce que vous faisiez dans mon bureau ? les menaça-t-elle avec sa baguette, les forçant à reculer contre un mur.

D'un regard, la Préfète ordonna à ses amis de ne pas répondre. Car elle était certaine que la directrice mettrait alors tout en place pour démentir leurs propos, et Sirius risquait de perdre inutilement la vie. Ils ne devaient prendre aucun risque, et la meilleure façon était de garder le silence. Ombrage ne devait absolument rien savoir, car cela leur compliquerait la tâche.

Et Hermione n'était pas prête à perdre encore quelqu'un.

―Je vois... fit Ombrage en comprenant qu'aucun des trois ne prendrait la parole. Alors la manière forte s'impose.

D'un geste de la main, elle attira une fiole contenant un liquide incolore et Hermione réalisa avec horreur qu'il s'agissait de Veritaserum. Un rictus sadique se dessina sur les lèvres de la directrice lorsqu'elle vit les yeux de la jeune fille s'écarquiller.

―Miss Granger, vous êtes bien trop intelligente pour votre bien.

―Ce que vous faites est immonde ! cracha Hermione. Ce n'est pas humain !

―Alors je peux continuer. Accio !

La jeune fille réprima un cri de terreur en sentant son corps être attiré en avant, malgré la tentative de Ron de la retenir. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle vit Ombrage lever de nouveau sa baguette et lui nouer les poignets dans un sortilège informulé.

―Si vous ne voulez pas parler de votre plein gré, alors je vous y forcerai, ajouta Ombrage.

―Hermione ! fit Harry.

―Oh non, Potter, vous restez à votre place !

Le garçon, emporté par son élan, percuta de plein fouet une barrière magique séparant la pièce en deux, sous les yeux horrifiés de ses amis.

―Bien, Miss Granger, reprit Ombrage en fixant Hermione. Je ne vous poserai la question qu'une seule fois, avant d'user de la manière forte. Et j'aimerai que vous y répondiez le plus sincèrement possible.

―Allez au diable ! cracha l'adolescente.

Le visage d'Ombrage vira au cramoisi et Hermione comprit que la patience de la directrice venait d'atteindre ses limites. Elle sentit la peur l'envahir, et de toutes ses forces, elle essaya de défaire la corde autour de ses mains, mais plus elle se débattait, plus les lianes se resserrer, entaillant sa peau. La brûlant. Laissant le sang couler sur le tapis à motif floral.

―Hermione !

―Dans ce cas-là, persifla Ombrage avec un sourire.

Lentement, comme au ralenti, Hermione vit la main de la directrice tenant la fiole se lever, venir à hauteur de son visage, jusqu'à se coller contre la barrière de ses lèvres. Elle sentit les battements de son cœur se mettre à battre plus fort, elle sentit la sueur couler le long de son dos, elle ressentit l'angoisse de ses amis comme si c'était la sienne. Elle perçut tout ça, comme si son esprit était parvenu à se détacher de son corps, comme si elle n'était que spectatrice de cette scène abominable. Comme si ce n'était pas elle qu'on forçait à boire une potion de vérité. Comme si ce n'était pas ses mains nouées qui saignaient...

―Attendez ! s'exclama Harry.

Un immense sourire satisfait défigura le visage d'Ombrage qui se recula d'Hermione de plusieurs pas, arrachant un soupir de soulagement à la jeune fille, avant qu'elle ne se retourne vers son ami, les yeux écarquillés.

―Je vais vous le dire, continua Harry sans tenir compte des protestations de Ron. Je sais que c'est Sirius que vous cherchez.

―Harry, non ! s'indigna Hermione.

―J'ai toujours su que vous n'aviez pas le caractère d'un leader, Potter, sourit Ombrage.

―Harry, je t'en prie !

―J'accepte de vous dire tout ce que je sais, si vous laissez Hermione tranquille, continua le brun.

Ombrage ne prit même pas la peine de se retourner vers l'adolescente pour faire disparaître ses liens, comme si ce qu'elle s'était apprêtée à faire quelques instants plutôt l'indifférait complètement. Et peut être était-ce sûrement vrai. Il suffisait de croiser son regard et remarquer la lueur mauvaise qui faisait luire prunelles pour le comprendre. Cette femme était un monstre de la pire espèce, lâchée en liberté dans un endroit et avec des personnes qu'elle haïssait plus que tout.

―Harry... tenta Hermione une dernière fois.

―Sirius se cache dans la Forêt Interdite, acheva le garçon. On peut vous y conduire.

[...]

Après avoir quitter le bureau, tout s'était enchaîné si vite qu'Hermione n'avait pas eu le temps de comprendre le plan de Harry, qui les avait conduit dans la Forêt Interdite, droit dans la tanière de Graup, où quelques centaures avaient décidés de venir à la rencontre du géant. Pensant pouvoir avoir autorité sur eux, Ombrage les avait menacé de sa baguette, insistant sur le fait que le Ministre de la Magie serait mis au courant de leur présence néfaste au sein de l'école, et que les mesures nécessaires seraient prises pour les faire expulser.

Furieux et humiliés, les centaures avaient entraîné la directrice dans les profondeurs de la forêt, en dépit de ses protestations et de ses appels à l'aide à l'intention des trois élèves, qui n'avaient rien tenter pour la sauver. Aucun des trois n'avaient ressenti la moindre pitié à son égard, presque indifférent au traitement qu'elle venait de subir, sous le regard inintéressé de Graup, occupé à déraciner un arbre aussi grand que lui.

―Il faut qu'on retourne dans son bureau, dit Harry une fois que les derniers bruits de la horde disparurent.

―Tu es le pire des idiots ! lui lança Hermione.

Les deux garçons échangèrent un regard surpris, mais perçurent tout de même le soulagement dans le ton de leur amie. Elle ne le disait peut être pas clairement, mais l'idée de Harry lui avait sauvé la mise, l'empêchant ainsi de révéler des informations contre sa volonté. Des informations qui auraient pu nuire à beaucoup de monde, faire du tord à la seule organisation pouvant espérer mettre un terme au règne maléfique de Voldemort.

Le château leur parut étonnamment calme lorsqu'ils y retournèrent, comme si la seule absence de la directrice rendait l'école plus sereine. Lui rendait son atmosphère chaleureuse que tout le monde aimait. Lui redonnait sa liberté, sa puissance, son charisme. Et cette idée arracha un léger sourire à Hermione.

Au détour d'un couloir, ils tombèrent sur Ginny et Neville, plongés en pleine discussion avec Luna et les trois adolescents se tournèrent vers eux comme un seul homme, un soupir de soulagement s'échappant de la bouche de la rouquine.

―Ah ! Vous voilà ! lança-t-elle. On vous cherche depuis un bon moment !

―Pourquoi ? demanda Ron.

―Vous avez disparu tout l'après-midi ! lui fit remarquer sa sœur.

Le trio échangea un regard étonné, ne s'étant pas rendu compte que tant de temps avait passé depuis qu'ils avaient mis les pieds dans le bureau d'Ombrage.

―McGonagall vous cherche, précisa Neville. Elle vous attend dans son bureau.

―On a pas le temps, ajouta Harry.

―Pourquoi ? demanda Ginny d'un ton suspicieux.

Hermione croisa le regard interrogateur de son meilleur ami et acquiesça doucement.

―Sirius a des ennuis, avoua le brun. Il faut qu'on se rende immédiatement au Ministère.

―La cheminée du bureau d'Ombrage est reliée au réseau de cheminette, expliqua Ron. On perd du temps à parler !

―Je viens avec vous ! s'exclama Ginny. Si Sirius a des problèmes, alors je veux vous aider !

―C'est trop dangereux, rétorqua sèchement son frère.

―Mais pas pour toi, hein ? répliqua froidement la rouquine.

―On peut y aller en Sombral, annonça Luna. Ils peuvent voler pendant très longtemps.

―On aura moins de chance de se faire remarquer, commenta Hermione lorsque ses amis se tournèrent vers elle. Allons-y.

Plus que deux chapitres avant la fin de cette première partie... et oui, déjà...

Merci pour toutes vos étoiles ! <3


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