[CHAPITRE 30] Molly Weasley, le tyran.
―Hermione, ça va ?
La jeune fille sursauta et baissa les yeux pour croiser le regard interrogateur de sa meilleure amie, assise à ses côtés, sur le banc de la table des Gryffondor dans la Grande Salle. Elle essaya de lui sourire pour la réconforter, mais le froncement de sourcils de la rouquine s'accentua, l'informant que sa tentative avait échoué. Avec un soupir, elle se laissa tomber sur le banc, et plongea son regard dans le cristal pur de son verre.
―Tu es sûre que tout va bien ? insista Ginny. Tu as un comportement bizarre depuis quelques temps.
Hermione releva timidement la tête et rougit violemment en remarquant le sourire amusé flottant sur les lèvres de son amie. Un instant, elle se demanda si elle n'avait pas été mise au courant de ce qu'il s'était passé quelques jours plutôt, dans la salle commune, mais Fred avait promis de n'en parler à personne. Pas même à George, qui à coup sûr, ferait une esclandre à Hermione pour avoir essayer de convaincre son jumeau de rester à Poudlard.
―Oui, oui, répondit-elle d'une petite voix en constatant que Ginny attendait une réponse de sa part. C'est juste... les BUSE qui m'inquiètent.
―Sérieusement ? rigola Ginny. Avec toi, j'aurais vraiment tout vu !
Puérilement, Hermione lui tira la langue avant de relever la tête en entendant des élèves rirent aux éclats en franchissant le seuil de la Grande Salle. Mais ce n'était que des étudiants de première année qui sortaient de cours. Un soupir de frustration franchit la ligne de ses lèvres pincées, et elle baissa à nouveau la tête, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, faisant mine d'ignorer le regard de sa meilleure amie braqué sur elle.
Depuis son réveil, Hermione avait l'étrange impression que quelque chose d'étrange allait se produire aujourd'hui, et son instinct lui soufflait que cela avait à voir avec les jumeaux. Elle aurait vraiment voulu se tromper, mais leur absence au petit-déjeuner, et maintenant ne la réconfortait pas du tout. Plusieurs fois, elle avait essayer de les chercher dans les couloirs de l'école, mais personne ne semblait les avoir vu de la matinée. Même Lee et Angelina étaient introuvables, accentuant son malaise.
Elle n'avait parler à personne de ce qu'elle savait, préférant laisser ce plaisir aux jumeaux, qui, elle s'en doutait, le ferait de façon magistrale et qui resterait longtemps en mémoire. Mais à présent qu'elle savait leur départ imminent, elle avait ce besoin irrépressible de se confier à quelqu'un, et tant pis si elle devait rompre sa promesse. Ce poids sur ses épaules était bien trop lourd à porter.
―Ginny... commença-t-elle d'une voix tremblante. Il faut que je te dises quelque chose...
Le bruit de plusieurs dizaines d'explosions la coupa dans sa tirade, et comme un seul homme, toutes les personnes présentes dans la pièce, se tournèrent vers les portes de l'entrée, juste à temps pour voir les deux garçons les plus farceurs de la planète y pénétraient, assis sur deux balais volés dans la réserve de Mrs Bibine.
Quelque chose tomba brusquement au fond de son estomac, et incapable de détourner le regard, Hermione observa la mine réjouie de Fred, alors qu'il volait à travers toute la pièce, jetant des fioles qui se brisaient en plein vol, pour laisser apparaître des feux d'artifice multicolores qu'elle ne vit même pas. Non, tout ce qu'elle percevait, c'était la joie dans les prunelles du garçon. Son sourire éblouissant. Le rouge sur ses joues, du à l'excitation.
―Oh Merlin ! s'écria Ginny à ses côtés. C'est les jumeaux !
Hermione n'eut pas la force d'acquiescer, continuant de contempler Fred, qui ne semblait même pas l'avoir remarquer, entrain de dévoiler cette farce que lui et George avaient mis au point ces derniers mois. Cette blague qui serait leur dernière ici.
―Vous pensiez vraiment qu'on allait partir sans dire au revoir ? hurla George.
Son regard s'était arrêté sur la mine cramoisie d'Ombrage, assise à la place du directeur, un verre brisé entre les mains. Autour d'elle, plusieurs professeurs observaient les deux fauteurs de trouble avec sévérité, songeant déjà à la punition qu'ils allaient leur faire subir, alors que le professeur McGonagall, elle, observait ses deux élèves avec fierté.
Une grande première.
―Allons, fit Fred, ce ne serait pas très gentil ! Vous savez, Dolores, on vous aime beaucoup, Forge et moi !
Des éclats de rire retentirent dans la pièce, y compris celui d'Hermione qui ne put qu'admirer l'audace des garçons de s'adresser ainsi à un membre du Ministère avant que de nouvelles explosions retentissent, cette fois-ci, destinées à Ombrage qui se leva en hurlant lorsqu'un dragon rouge et orange se mit à la poursuivre dans toute la salle.
―Adieu ! ajoutèrent les jumeaux à tous les autres professeurs. Merci de nous avoir supporter pendant toutes ces années !
D'un même mouvement, les deux garçons volèrent hors de la pièce, suivis de près par la foule d'élèves ébahis, et une nouvelle salve de feux d'artifices illumina le ciel de l'école, formant parfois des mots, des visages, encouragés par les applaudissements frénétiques des étudiants.
Hermione sourit doucement lorsque Fred lui accorda enfin un regard, et l'observa voleter jusqu'à elle, un immense sourire aux lèvres, le rendant encore plus beau qu'à l'ordinaire. Et en le voyant dans un tel état de contentement et d'euphorie, elle sut qu'elle avait pris la bonne décision en le laissant partir. Même si celui lui faisait mal, même si ces prochains jours l'angoissaient terriblement.
―45 jours, lança-t-il en descendant de son balai pour venir l'enlacer.
―45 jours, répéta-t-elle en collant son front au sien.
―Je te promets qu'après, je ne te lâcherai jamais plus, assura-t-il.
―Mais je reviendrai ici, lui rappela-t-elle.
―Je trouverai le moyen de venir te voir, promit-il.
―45 jours, répéta-t-elle dans un souffle.
Et elle se leva sur la pointe des pieds pour venir coller sa bouche contre la sienne, sentant son cœur faire des embardées alors que Fred ne cessait de répéter qu'il l'aimait entre chaque baiser.
Elle aurait voulu que cet instant ne s'arrête jamais. Elle grava chaque détails dans sa mémoire, du plus infime au plus important, imprimant le goût sucrée des lèvres de Fred dans sa tête, humant une dernière fois son odeur de réglisse. Le contact de sa peau sur la sienne, l'harmonie de leur corps, collés l'un à l'autre. Elle enregistra tout ça, pour s'en souvenir, lorsque le manque se ferait ressentir. Lorsque ce serait plus dur d'être ici sans lui.
―45 jours, fit-il.
Le froid l'envahit lorsque le corps de Fred s'éloigna d'elle, lentement, sans que leur regard ne se lâchent pour autant. Elle essaya de lui sourire, pour le rassurer, pour ne pas qu'il s'inquiète de tous ces jours qu'elle passerait sans lui. Pour lui prouver qu'elle était forte.
Elle le vit monter sur son balais, échanger un regard avec son jumeau, avant qu'ils ne s'élèvent tous deux dans les airs, observant une dernière fois le château qui avait été leur maison pendant sept années.
Sous les applaudissements de toute l'école, Fred et George Weasley venaient de faire leurs adieux à Poudlard. Laissant derrière eux des rires, des blagues, des objets interdits.
Et une fille amoureuse.
[...]
Le départ des jumeaux fut longuement commenté durant l'après-midi, même pendant les cours, alors que les professeurs s'efforçaient de maintenir le calme dans leur salle de classe. Même Hermione ne put échapper à cette discussion, surtout lorsque ses amis comprirent qu'elle avait été mise au courant de la décision des garçons. Avec un sourire désolé, elle leur avoua qu'elle le savait depuis plusieurs mois, mais que Fred lui avait fait promettre de n'en parler à personne.
Pourtant, alors que l'excitation retomber doucement, et que Ron continuait de faire la tête dans son coin, furieux que ses frères aient refusé de lui dire quoi que ce soit, Hermione réalisa qu'elle n'avait pas pu penser à sa solitude prochaine, prise dans l'importance des cours et des BUSE. Elle n'avait pas pu s'attarder sur la boule au fond de sa gorge, ni au picotement de ses yeux à chaque fois que le nom de Fred se faisait entendre près d'elle, ni à cette sensation de manque qu'elle commençait peu à peu à ressentir.
Ce ne fut qu'une fois seule dans son lit qu'elle réalisa tout ça, et un sanglot remonta le long de sa gorge, attirant l'attention de Parvati et Lavande, occupées à discuter sur le lit de cette dernière. Les deux filles échangèrent un regard navré, avant de décider qu'elles n'étaient pas les mieux placées pour consoler leur camarade. Silencieusement, elles quittèrent la chambre, essayant de ne pas attirer l'attention d'Hermione. De nouveaux sanglots s'échappèrent de sa gorge, sans qu'elle ne cherche à les retenir.
Elle ne sut combien de temps s'écoula, pourtant, il lui sembla qu'une éternité venait de filer lorsqu'elle sentit la douce main de Ginny se poser sur sa joue. Elle leva doucement la tête vers son amie, qui lui offrit un sourire apaisant, et sans hésitation, Hermione se jeta dans ses bras pour pleurer de nouveau, extériorisant sa peine.
―Je suis là, souffla Ginny. Ça va aller, Hermione.
De longues minutes, elles restèrent ainsi, laissant la tristesse de la plus âgée s'évacuer alors qu'elle réalisait peu à peu que les quarante-cinq prochains jours seraient les plus longs de toute sa vie. Ses larmes finirent par se tarir, et avec un sourire désolé, elle s'éloigna de la rouquine, qui lui tendit un mouchoir.
―Je suis désolé, renifla Hermione.
―Ce n'est pas grave, assura Ginny. Pleurer, ça fait du bien, parfois.
La Préfète acquiesça doucement en baissant la tête, un peu gênée d'avoir fait subir cette épreuve à son amie, qui la rassura à nouveau, ajoutant que c'était à ça que servait les meilleures amies.
―Je ne pensais pas être autant affectée par son départ, avoua Hermione en ramenant ses jambes contre sa poitrine, comme si cela pouvait tenir la tristesse à l'écart.
―Si tu ne l'étais pas, alors il y aurait de quoi s'inquiéter, rétorqua Ginny. Ça veut juste dire que...
―Je l'aime, acheva la préfète en percevant l'hésitation de la rouquine.
Un immense sourire défigura le visage de la plus jeune, tirant un rire à Hermione. Elle savait que Ginny l'avait plusieurs fois pousser à avouer ses sentiments à l'égard du garçon, ce qu'elle s'était refusée de faire à chaque fois, n'étant pas prête à faire face à la vérité. Mais maintenant que tout avait été dit, elle comprenait que Ginny avait compris bien avant elle. Peut être même depuis le début, ce qui expliquait son enthousiasme à chaque fois qu'Hermione lui racontait l'évolution de sa relation.
―Mais tu t'en doutais, non ? sourit-elle.
―Tu penses bien ! s'écria Ginny en faisant un bond sur le lit. Avec George, on a parié pour savoir combien de temps il faudrait pour t'en rendre compte ! Il pensait que tu serais plus rapide, mais je savais que tu étais assez longue à la détente. Quand il saura que j'ai gagné, il sera...
―En fait, la coupa Hermione, il a gagné.
―Hein ? Quoi ? commenta Ginny en lui jetant un regard éberlué. Qu'est-ce que tu racontes ?
―Ça fait un bon moment que j'ai compris que j'étais amoureuse de ton frère, avoua la Préfète en rougissant. Mais j'avais peur de te le dire, parce que ça aurait rendu mes sentiments bien réels, et je ne sais pas si j'aurai été prête pour y faire face.
―Et tu comptais me le dire quand ? fit semblant de s'indigner la rouquine.
―Je ne sais pas, avoua Hermione. Un jour, peut être.
―Un jour ! fit Ginny avec consternation.
Hermione rit doucement en constatant que son amie semblait véritablement indignée de ne pas avoir été mise dans la confidence plus tôt. Pourtant, un sourire réapparut soudainement sur son visage, et elle leva un regard pétillant vers elle.
―Et tu lui as dis ? demanda-t-elle.
Le rire de la Préfète s'accentua, avant qu'elle ne finisse par acquiescer.
―AH ! Trop bien ! hurla Ginny en se mettant à sautiller dans toute la chambre. Merlin, c'est merveilleux !
―Et il me l'a dit aussi, ajouta Hermione.
Les yeux de la rouquine s'écarquillèrent, et elle fit mine de défaillir, en se laissant tomber sur le lit d'Hermione, amusée de voir l'état dans lequel se trouvait sa meilleure amie.
―Je peux mourir en paix, fit Ginny.
―Je crois que Dean ne le prendrait pas bien, commenta Hermione.
―Ah, Dean ! rougit la rouquine alors que ses yeux se mettaient à pétiller. Il m'a demandé de sortir avec lui !
―Je suis contente pour toi, souffla la Préfète.
―Et il embrasse divinement bien ! songea Ginny d'un air rêveur.
―Ça, ça ne me regarde pas, grimaça Hermione.
Elle fit mine de ne pas remarquer le clin d'œil moqueur que lui lança Ginny, et récupéra un de ses manuels posés à même le sol et entreprit de le feuilleter.
―Malgré tout, tu restes toujours aussi studieuse, ricana la rouquine.
―On ne me changera pas, répondit Hermione en haussant des épaules.
La perspective de passer ces prochaines semaines loin de Fred lui paraissait insoutenable et l'effrayer au plus haut point, pourtant, elle savait que ses examens finaux étaient tout aussi importants. Ses parents n'auraient sûrement pas appréciés qu'elle laisse ses émotions dicter sa vie, et Fred non plus d'ailleurs. Et puis, peut être qu'en occupant ainsi son esprit, elle penserait moins à l'absence du garçon à ses côtés...
[...]
Deux jours passèrent, durant lesquels Hermione n'eut pas la moindre nouvelle du rouquin, même grâce au miroir à double-sens qu'il lui avait offert. Elle l'imaginait très occupé par l'achat de leur boutique, et la mise en place de tous leurs produits, ou bien simplement entrain de se justifier auprès de leur mère. Cette idée lui arracha un sourire, et un peu moins abattue, elle se replongea dans la rédaction de son cours d'Histoire de la Magie.
Derrière elle, elle percevait le léger ronflement de Ron, signe que le garçon avait déjà sombré, seulement quelques minutes après leur entrée en classe. Harry devait certainement griffonner sur son parchemin, comme il le faisait souvent durant les cours de Binns, qui permettaient à leur ami de prolonger sa nuit. Elle trouvait ça tout simplement irrespectueux, même s'il s'agissait d'un fantôme. Mais après quatre ans à le rabâcher sans arrêt, elle avait fini par arrêter, surtout à cause des réactions virulentes du rouquin.
Le cours du jour porter sur la plus sanglante des guerres sorcières connues à ce jour, datant des années 1830, et qui avait marqué un tournant considérable dans la communauté sorcière, établissant les lois et les décrets actuels. Instaurant une hiérarchie des sangs qui causaient plus de mal que de bien, Hermione pouvait en être témoin. Certes, la suprématie des Sang-Purs remontait de bien des siècles auparavant, mais cette bataille avait envenimé les relations sorciers-moldus.
En somme, le cours n'était pas des plus passionnants, et ce n'était que par automatisme qu'Hermione prenait des notes, ayant déjà lu de nombreux livres sur le sujet, puisque la leçon avait de fortes chances de tomber durant les BUSE. Alors, elle ne fut guère surprise lorsque son esprit s'évada à nouveau, s'éloignant de cette monotone et sombre salle de classe, pour se perdre dans une maison cachée dans le cœur de Londres.
Elle essayait d'imaginer ce qu'il faisait, avec qui il était. S'il pensait à elle. S'il avait survécu à la tornade Molly Weasley. Fred, quelques jours avant leur départ, lui avait confié qu'il craignait beaucoup la réaction de sa mère, lorsqu'elle les verrait franchir le seuil du Square Grimmaurd, un mois avant la fin des cours, bagages en main, prêts à lui annoncer qu'ils n'allaient pas passer leurs ASPIC. Qu'ils comptaient mettre toutes leurs économies dans une boutique de farces et attrapes.
Elle n'avait aucun doute que Molly réagirait très mal. Elle se souvenait parfaitement de la beuglante que Ron avait reçu en deuxième année, pour avoir emprunter la voiture volante trafiquée par son père. Elle se remémorait la colère de la matriarche lorsque Dumbledore leur avait annoncé tous les problèmes vécus par Harry, l'été dernier. Leur interdiction de lui écrire la moindre missive, en dépit de la tragédie qu'il avait vécu. Alors voir ses fils aînés débarqués à Londres alors qu'ils étaient censés se trouver en Ecosse ne lui ferait pas plaisir.
Certainement pas.
Et Hermione ne savait pas si elle devait se réjouir de cette remontrance qui attendait les jumeaux, ou bien avoir pitié d'eux. Car dans le fond, ce manque qu'elle ressentait sans cesse, ce besoin inconditionnel de voir Fred, de l'entendre parler, de le voir rire, ne jouait pas en leur faveur. Mais elle avait donné son accord, elle avait même refusée qu'il reste près d'elle, comme il s'était proposé de le faire, car elle désirait plus que tout qu'il soit heureux. Et si pour cela, ils devaient passés les quarante-trois jours suivants sans se voir, alors, elle le ferait. Elle trouverait la force nécessaire pour endiguer le manque, et apprendre à vivre avec.
―Je peux le faire, se murmura-t-elle pour elle-même, s'attirant un regard étonné de la part de Neville, assit à ses côtés.
Elle lui sourit gentiment avant de se replonger dans ses notes, espérant que l'heure suivante passerait plus vite qu'elle l'espérait. Mais les cours de Binns incarnaient l'ennui suprême, la lenteur absolue, et la fatigue immédiate. Sa voix aussi grinçante qu'une craie sur un tableau noire, agressait les oreilles de ses élèves, poussant certains à inventer moultes stratagèmes pour ne plus rien entendre du tout. Son ton monotone ennuyait toute personne et ne rendait pas son cours très attrayant.
Mais par chance, la cloche finit par sonner, annonçant alors la fin de la séance, et par la même occasion, mettant un terme au dernier cours de la journée. Cela réveilla également Ron, qui se redressa d'un bond sur sa chaise, une partie de son visage devenue aussi rouge qu'une pivoine et portant à présent la marque de sa manche de pull, ce que ne manqua pas de lui faire remarquer Harry avec ironie, voulant à tout prix rattraper le temps perdu durant ces deux heures de cours.
Hermione suivit ses amis à travers les couloirs les menant droit à leur salle commune, et hésita quelques secondes avant de prendre place près d'eux, songeant qu'elle pouvait profiter de quelques minutes de repos avant de se mettre à réviser, confortablement installée dans son dortoir, où elle était certaine de ne pas croiser ses camarades de chambre. Depuis presqu'une semaine maintenant, Lavande s'était mise à suivre Ron partout où il se trouvait, ne quittant la salle commune et la Grande Salle que lorsque lui-même le faisait. Parvati prenait un malin plaisir de rire des agissements de son amie, ce dont la blonde ne se souciait guère, prise dans son adoration pour le fils Weasley.
―Je n'arrive pas à croire qu'il ne reste que deux semaines avant les examens, fit Ron en se laissant lourdement tomber sur un des fauteuil libre faisant face à la cheminée.
―Profites-en donc pour réviser un peu, lança Hermione d'un ton innocent.
―On a encore le temps pour ça, la calma le rouquin en lui jetant un regard horrifié.
―Tu crois ? répliqua-t-elle.
Harry les observa sans rien dire, un sourire amusé flottant sur ses lèvres. Même après cinq années passées près d'eux, il se divertissait toujours autant de les regarder se chamailler, comme s'ils étaient un vieux couple dans lequel la discorde n'avait de cesse de se mêler. C'était même devenu plus amusant depuis qu'Hermione sortait avec Fred, puisque son sens de la répartie s'était grandement développé, au grand mécontentement de Ron, obligé, d'après lui, à supporter la présence constante des jumeaux auprès d'eux. Mais le Survivant savait que son ami était simplement jaloux de voir Hermione épanouie dans son couple, comme lui l'avait été avec Cho, alors que le rouquin n'avait pas encore connu cette chance.
―Quelle mauvaise foi, bougonna la Préfète en se levant, après que Ron eut affirmé que oui.
Et sur ces paroles, elle les laissa en plan, à la grande incompréhension de Ronald, qui jeta un regard perdu à son meilleur ami.
―Mais qu'est-ce que j'ai dis ? s'étonna-t-il.
―Ah Ron ! se contenta de dire Harry en secouant la tête.
Hermione soupira en s'installant sur son lit, et sortit son manuel de Sortilèges de l'intérieur de sa besace, avec l'idée de réviser les derniers sorts étudiés en cours d'enchantement. Elle était entrain de lire le deuxième paragraphe sur le sortilège de mutisme lorsqu'un sifflement résonna soudainement dans la chambre, lui arrachant un sursaut de surprise. Une lumière blanche et très vive se mit à illuminer la pièce, et il lui fallut un petit moment pour comprendre d'où elle venait. Délicatement, sa main se referma sur le miroir qu'elle avait rangé dans sa valise.
Son cœur se mit à battre plus fort lorsque son regard sur posa sur le visage rayonnant de Fred.
―Salut, lui sourit-il.
―Salut, répondit Hermione en rougissant.
―J'aurais vraiment voulu te contacter plus tôt mais ma mère nous a interdit d'échapper à sa surveillance ces derniers jours, grimaça-t-il.
La jeune fille éclata de rire en imaginant sans mal la scène. Son rire eut le don de redonner le sourire au rouquin, qui observa attentivement son visage, une part de lui-même regrettant de ne pas être à ses côtés. Il fut également soulagé de ne pas remarquer la moindre tristesse dans ses yeux marrons.
―Je ne pensais pas avoir de tes nouvelles si tôt, avoua-t-elle avec amusement.
―En fait, j'ai fais croire que j'avais un besoin pressant pour qu'elle me laisse seul pendant quelques minutes.
Alors Hermione remarqua les carreaux gris de la salle de bains du premier étage, accentuant son rire.
―Elle a toujours envie de nous tuer, ajouta Fred. Mais Papa a réussi à la convaincre de ne pas le faire, prétextant qu'elle serait malheureuse après ça. Je ne pense pas que ce soit vrai, mais on lui laisse le bénéfice du tout.
―Comment a réagit ton père ? s'enquit-elle.
―Mieux que Maman, admit le rouquin. Il est rentré tard le soir, et on était déjà passé à table. Tout ce qu'il a dit c'est : " Je ne suis pas surpris " avant de raconter sa journée au travail. Maman était furieuse qu'il ne nous passe pas un savon.
―Je suis sûre qu'elle s'en est chargée elle-même, ricana la jeune fille et la grimace de Fred confirma ses propos. Raconte-moi.
―On est arrivé à Londres un peu avant la nuit, et elle était entrain de préparer le repas, expliqua-t-il, un rictus amusé face au souvenir de leur arrivée. Elle avait un couteau à la main lorsqu'on a débarqué dans la cuisine, en criant qu'on était rentré. George a failli perdre son oreille, précisa-t-il en riant franchement.
―Et tu trouves ça drôle ? soupira-t-elle en le fusillant du regard. En plus, quelle idée de partir en balais !
―C'était le moyen le plus rapide pour rejoindre la maison ! assura-t-il.
―Oui, et le plus dangereux aussi ! bougonna-t-elle. Quoi ?
Elle fronça les sourcils en voyant les lèvres du garçon s'étirer en un sourire, qui selon elle, ne présageait rien de bon, lui arrachant un soupir. Cette expression, qu'elle aimait et détestait en même temps, n'annonçait jamais de bonnes choses, et malgré la lueur dans les prunelles du garçon, elle se demanda ce qu'il allait bien pouvoir dire pour sa défense.
―Je t'aime, sourit-il.
Hermione rougit violemment en l'entendant prononcer cette phrase, et détourna les yeux un court instant, avant de les reposer sur le visage illuminé de Fred, qui pressentait qu'il ne pourrait jamais se lasser de lui dire ça.
―Je sais, souffla-t-elle.
―Dis-le.
―Je ne sais pas si tu le mérites après tout ce que tu as fais, lui fit-elle remarquer avec un regard sévère.
―Oui, mais j'ai envie que tu le dises, contredit-il avec un sourire charmeur.
―Non.
―Allez, Hermione, dis-le.
―Et après tu te comporteras enfin en adulte ? se résigna-t-elle.
―Oui, promit précipitamment le garçon.
Hermione savait qu'il ne pourrait pas tenir sa promesse, mais la lueur dans ses yeux la poussa à lui donner ce qu'il souhaitait. Car après tout, tout ce qu'elle voulait c'était le rendre heureux.
―Je t'aime, dit-elle en levant les yeux au ciel.
―Tu voix quand tu veux ! rit joyeusement Fred.
Elle se retint de le fusiller du regard, et allait lui répondre qu'il n'était qu'un gamin lorsque des éclats de voix lui parvinrent de la salle commune, fronçant ses sourcils, dessinant une expression inquiète sur son visage.
―Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta le garçon.
―Je ne sais pas, avoua-t-elle en jetant un regard au portrait de la chambre. On dirait que quelqu'un est entrain de crier.
―Qui ça ?
―Je... ne sais pas. Attends...
Elle se releva doucement, et ouvrit le portrait. Les éclats de voix s'intensifièrent, parmi lesquels elle reconnut le timbre sec de McGonagall et celui d'Ombrage. Son froncement de sourcils s'accentua, et elle jeta un nouveau coup d'œil au miroir, à l'intérieur duquel Fred semblait attendre une explication de sa part.
―Alors ?
―Je crois que c'est McGonagall et Ombrage, avoua-t-elle. Il faut que j'aille voir. Je te rappelle après.
―Ne t'attire pas d'ennuis ! lui ordonna-t-il avec un sourire amusé.
―Ce n'est pas mon genre, sourit-elle avant d'ordonner au miroir de s'endormir.
Elle eut un pincement au cœur lorsqu'elle croisa son reflet, avant de trouver le courage de descendre les escaliers en colimaçon menant droit à la salle commune des lions, dans laquelle, les deux femmes semblaient plongées dans une discussion animée et peu courtoise.
―Vous ne pouvez pas faire ça, disait le professeur de métamorphose lorsqu'elle s'arrêta sur la dernière marche. Les agissements des jumeaux Weasley ne concernent en rien le reste de leurs camarades.
―Oh mais je suis sûre que plusieurs d'entre eux étaient au courant de leurs intentions, persifla Ombrage, aussi rouge de colère que les tapisseries de la pièce. Monsieur Jordan, par exemple ! Ou même Miss Granger ! ajouta-t-elle en pointant l'adolescente de son doigt potelé. Elle qui était si proche de l'un des d'eux !
Hermione rougit lorsque tous les regards convergèrent vers elle, trouvant plus rassurant de fixer le sol que les autres personnes présentes. Mais par chance, sa directrice de maison vint à son secourir, furieuse des accusations portées à l'égard de ses élèves.
―Ce n'est pas parce que Miss Granger entretenait une relation particulière avec Monsieur Weasley qu'elle connaissait forcément leur projet, répliqua sèchement la vieille dame. Et encore moins les autres élèves de ma maison !
―Que je sache je suis encore la directrice de cette école, et les punitions que je donne aux élèves ne sont pas à contester, siffla Ombrage. Même de la part d'un professeur.
Une expression indignée défigura un instant le visage de McGonagall, et comprenant que le combat était perdu d'avance, la directrice de Gryffondor jeta un dernier regard à ses élèves avant de quitter la tour d'un pas rapide, arrachant un sourire mauvais à Ombrage.
―Suite au départ de Fred et George Weasley que je ne peux punir personnellement, tout élève de Gryffondor ayant était en contact, de près comme de loin, avec ces deux élèves serait convoqué pour une punition de mon bureau très prochainement.
Elle quitta la pièce sur ses mots, pensant que cette punition collective témoignerait de son pouvoir.
Mais c'est l'effet inverse qui allait bientôt se produire...
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