[CHAPITRE 3] Rencontre nocturne.


Fatigante.

C'était le premier mot qui germait dans l'esprit des élèves de sixième année pour qualifier la longue semaine qu'ils venaient de vivre depuis le retour à Poudlard. Eux qui avaient pensé que les professeurs feraient preuve d'une certaine clémence pour ces premiers jours, avaient vu leurs espoirs s'envoler, et ce, dès le premier cours de potions, à la fin duquel Horace Slughorn leur avait demandé de faire une recherche minutieuse et approfondie sur la Goutte de MortVivante.

Le professeur Rogue et le professeur McGonagall s'était montrés tout aussi intransigeant, estimant qu'il était grand temps de se mettre à travailler correctement en prévision des ASPIC à venir pour l'année suivante, accentuant le stress déjà bien apparent de leurs élèves.

Hermione, elle, était devenue une véritable boule de nerfs. Elle ne comptait plus le nombre d'heures qu'elle avait passé au sein de la bibliothèque, entourée par des piles et des piles de livres ouverts, à essayer de faire ses devoirs en avance, à effecteur des recherches personnelles pour des cours à venir. Les rares moments où elle ne se trouvait pas là-bas étaient les repas, les heures de classe et la nuit. Elle n'avait guère eu l'occasion de profiter de ses amis, de discuter avec Ginny et même de voir Neville.

Cette tension qui l'habitait l'empêchait de penser à Fred trop souvent, et elle s'était plusieurs fois demandée si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Car ne pas l'avoir sans cesse à l'esprit rendait le manque moins difficile à supporter, son absence moins oppressante. Mais lorsque la nuit reprenait ses droits sur le pays, et qu'elle se trouvait bien au chaud au fond de son lit, elle se demandait parfois ce qu'il faisait. S'il pensait un peu à elle ou si la boutique accaparait toute son attention. Elle avait plusieurs pensé à le contacter grâce au miroir à double-sens qu'il lui avait offert, mais elle savait qu'il prendrait un malin plaisir à lui rappeler qu'elle avait perdu leur pari. Alors elle prenait son mal en patience, et se plongeait dans la lecture de l'un de ses livres.

Le week-end fut accueilli avec plaisir, et Hermione en profita pour retrouver Ginny à la Grande Salle pour le petit-déjeuner ; Harry et Ron encore profondément endormis dans leur dortoir. La cinquième année la salua avec enthousiasme et lui proposa de manger avec elle, ce que la Préfète accepta avec grand plaisir, très heureuse de voir sa meilleure amie.

―J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on ne s'est pas vu, rit doucement la rouquine.

―Je ne pensais pas dire ça un jour, mais les vacances me manquent, grimaça Hermione en se servant du thé.

―A ce point ? s'étonna Ginny. Je croyais que la cinquième année était la plus éprouvante ?

―Non, grogna Hermione. C'est la sixième.

Le rire de Ginny perturba les discussions alentour, et les élèves les plus proches lui jetèrent des regards furieux, agacés d'être interrompus si bruyamment.

―Hermione Granger qui en a assez des cours, je ne pensais pas voir ça un jour !

―Je n'ai pas dis ça, rectifia Hermione. J'ai simplement dis que j'étais fatiguée à cause des cours.

―C'est pareil, contra Ginny avec un clin d'œil. Ou alors c'est juste mon frère qui te manque...

La préfète sentit son visage prendre feu en entendant les paroles de son amie, et lui jeta un regard furibond avant de baisser la tête, gênée que quelqu'un puisse remarquer son embarras. En dépit des deux mois passés au Terrier, où les rires et les remarques fusaient sans cesse, elle n'était pas parvenue à perdre cette gêne qui la suivait dès lors qu'on évoquait sa relation avec Fred. Elle avait fini par s'habituer aux regards des autres, mais les chuchotements et les on dit étaient encore difficiles à supporter.

―Oui, finit par admettre Hermione après quelques secondes de silence. Oui, il me manque.

Un sourire radieux illumina le visage de la rouquine, arrachant un léger rire à la plus âgée, qui leva les yeux au ciel avant de se mettre à manger.

―Pourquoi est-ce que ça t'étonne encore quand je dis ce genre de chose ? demanda-t-elle.

―Parce que ça me paraît tellement improbable, répondit Ginny. Réfléchis une seconde. Tu aurais vraiment cru sortir avec Fred un jour ?

―Non, admit Hermione avec sincérité.

―Alors imagine un peu le choc que ça nous a tous fait ! Je me réjouis de tout ce que tu me dis parce que j'ai du mal y croire.

―Même après tout ce temps ?

―Jusqu'à la fin ! confirma la rouquine avec un signe de tête.

Hermione lui jeta un regard septique, se demandant vraisemblablement si les propos de sa meilleure amie étaient vrais ou non. Cependant, elle jugea préférable de ne pas répondre, craignant que le sujet ne devienne trop glissant et gênant pour elle. Car elle avait beau apprécié de se confier à elle, il n'en restait pas moins des choses qu'elle préférait garder pour elle. Comme un jardin secret où elle seule avait accès, et personne d'autre. Un endroit dans lequel elle pouvait mettre tous ses doutes, ses craintes et ses peurs, sans angoisse que quelqu'un les découvre.

L'arrivée de Harry orienta la discussion sur un sujet plus léger, et les filles s'enthousiasmèrent vivement en remarquant l'épingle de capitaine de Gryffondor sur sa poitrine, que le garçon semblait exhibé avec satisfaction.

―Oh c'est pas vrai ! s'écria Ginny. Tu es le nouveau capitaine !

―Apparemment, sourit le brun, en rougissant légèrement.

―Ce n'était pas vraiment une surprise, commenta la rouquine. Mais, en tout cas, félicitations !

―Merci, Ginny.

Hermione sentit ses lèvres s'étirer en un fin sourire lorsqu'elle remarqua la gêne apparente de son ami alors que la plus jeune continuait de le féliciter pour son nouveau poste. Et elle se doutait qu'il y avait quelque chose de plus derrière cet air embarrassé...

―Je vous laisse, annonça-t-elle peu après.

Aucun des deux ne lui prêta attention, bien trop impliqués dans leur discussion animée sur le Quidditch, et ce fut avec légèreté qu'elle traversa le château, souriant aux élèves des différentes maisons qui prenaient le temps de lui dire bonjour. La Grosse Dame parut presque surprise de la voir d'aussi bonne humeur, et lui jeta un regard suspicieux avant de lui donner l'accès à la salle commune des lions, encore bondée à cette heure.

L'ambiance qui y régnait était si animée, qu'elle n'aurait pas parut étonnée de voir Fred et George avachis sur les canapés, racontant des blagues à leur auditoire, un sac de sucreries passant de main en main comme il était souvent coutume ici. Mais elle savait cela bien impossible, et l'absence du garçon fut brusquement étourdissante.

Elle ne s'était pas attendue à ressentir les effets du manque si rapidement, alors qu'une semaine auparavant, ils s'amusaient encore dans le jardin du Terrier, en compagnie de tous les enfants Weasley. Alors qu'ils se retrouvaient tous les deux à se dire au revoir, à Tintagel, l'endroit le plus magnifique au monde. Elle avait l'impression que c'était hier, alors que plusieurs jours avaient passé.

Et elle se demandait s'il ressentait la même chose. S'il lui arrivait aussi de penser soudainement à elle, alors qu'il était sensé travailler, être à l'écoute des autres. Si leurs souvenirs ensemble ne prenaient pas un malin plaisir à s'insinuer dans son esprit, pour lui rappeler qu'elle ne se trouvait pas à ses côtés à l'instant précis. Car elle refusait à penser que cela ne lui arrivait qu'à elle.

Elle observa la pièce encore quelques secondes, avant de prendre la direction des dortoirs. Il ne lui restait aucun devoir à faire, mais elle avait envie de lire un peu les Sortilèges, avant d'accompagner ses amis sur le terrain de Quidditch, comme Harry l'avait annoncé à Ginny avant qu'elle ne les quitte.

Pourtant, ses projets furent remis à plus tard lorsqu'un sifflement strident résonna soudainement dans la chambre. Un sifflement qu'elle avait appris à reconnaître, et qui venait de lancer son rythme cardiaque dans une course endiablée. Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres lorsque le visage de Fred se dessina sur le miroir. Une pile de cartons violets trônaient dans son dos, et elle comprit qu'il se trouvait à la boutique, où elle avait eu l'occasion de se rendre à de nombreuses reprises.

De longues secondes durant, ils se fixèrent, sans ressentir le besoin de dire quoi que ce soit, simplement heureux de se voir après ces jours de silence. Hermione remarqua la lueur malicieuse qui lui avait tant manqué dans les prunelles du garçon. Elle nota son sourire en coin, les fossettes au coin de sa bouche. L'excitation peignait ses traits, le rendant encore plus beau.

―Salut, finit-il par dire.

―Salut, répondit Hermione en souriant - sans pouvoir s'en empêcher.

―Je crois que nous avons tous les deux gagnés le pari... ajouta-t-il avec amusement.

―Tu pensais que j'allais perdre ? rétorqua-t-elle.

Il ne répondit pas, mais le rire qui s'échappa de ses lèvres répondit pour lui, et Hermione ne put se retenir de lever les yeux au ciel. Elle aurait pu s'offusquer de son avis, mais elle était si contente de le voir que tout le reste lui paraissait bien anodin. Insignifiant.

―Tu n'es pas en colère ? s'étonna-t-il franchement.

―Un peu, admit-elle en riant. Mais je suis tellement contente de te voir que ça ne compte pas.

Cet aveu était si sincère que le rouquin sentit son cœur faire une embardée dans sa poitrine, et le regard qu'il posa sur elle brillait plus intensément, accentuant les rougeurs sur les joues de la jeune fille.

―Alors, ça se passe comment à Poudlard sans nous ? continua-t-il. Il y a encore un peu d'ambiance ?

―Peeves a décidé de prendre le relais, répondit-elle avec une grimace. Il n'arrête pas d'embêter Mimi Geignarde... je crois que je n'ai jamais vu les toilettes aussi inondés en une semaine !

―Mimi a toujours eu des réactions débordantes, ricana Fred.

―C'est plutôt effrayant...

―Quand on était en première année, George et moi, on s'amusait à la mettre en colère, se souvint-il. Elle était tellement énervée que les toilettes étaient sans cesse condamnés.

―Pourquoi est-ce que ça ne m'étonne pas d'entendre ça ? soupira-t-elle avec exaspération.

―Parce que plus rien ne te surprend venant de moi ? proposa-t-il en riant joyeusement.

Hermione ne put qu'admettre qu'il avait raison et elle ne savait pas vraiment si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

―Et la boutique, alors ? Elle n'a pas encore pris feu ?

La voix de George s'éleva soudainement à travers le miroir, et pendant quelques secondes, l'adolescente se demanda s'il était là depuis le début de leur conversation ou non. Et elle sentit la gêne l'envahir en imaginant que oui, et elle n'eut aucun mal à penser à lui entrain de sourire, amusé d'écouter une conversation supposée être intime et réservée uniquement à eux. Elle se demanda même comment il réagirait si Fred faisait la même chose lorsque lui était en contact avec Angelina.

―Ton manque de confiance en nos capacités me fendra toujours le cœur, fit-il.

―Ce n'est pas en vos capacités que je n'ai pas confiance, mais plutôt en vos inventions, rectifia-t-elle. Ce n'est pas la même chose.

―Nous les contrôlons beaucoup plus maintenant, affirma-t-il. Nous les testons une par une et on est encore en vie !

―Vous les testez sur vous-mêmes ? s'exclama-t-elle.

Le haussement des épaules de Fred lui répondit et elle lui jeta un regard exaspéré avant de soupirer. Durant leur scolarité, elle avait vu les jumeaux demander à plusieurs de leurs camarades de se faire les cobayes de leurs inventions, et elle n'avait pas songé un seul instant qu'ils les essayaient également.

―C'est dangereux et complètement irresponsable, marmonna-t-elle.

―Absolument, confirma le rouquin avec un grand sourire. Et c'est pour ça que les produits Weasley sont les meilleurs !

Si tu le dis, pensa-t-elle en secouant la tête. Car elle avait beau admettre que leurs inventions révélaient une grande intelligence, il n'était pas encore venu le temps où elle avouerait ça à haute voix, et surtout en présence des principaux concernés, qui prendraient alors un malin plaisir à lui rappeler ses propos pour le reste de sa vie.

―Viendra un jour où tu le diras toi aussi... ajouta malicieusement le garçon en lui faisant un clin d'œil.

―Ne compte pas trop la dessus ! rétorqua-t-elle.

―C'est ce qu'on verra ! lança fortement George.

La jeune fille rit doucement avant d'entendre la voix de ses amis lui parvenir de la salle commune, lui demandant si elle souhaitait les accompagné sur les terrain de Quidditch. Elle hésita quelques secondes, voulant encore profiter de la présence de Fred, même par le biais des miroirs, mais elle avait promis à Ginny d'être présente pour ce moment, car la rouquine voulait montré à Ron qu'elle pouvait être douée même sur un bon balai.

Fred dut percevoir son hésitation, car il lui sourit gentiment avant de lui conseiller d'y aller, ajoutant qu'il devait de toute façon se remettre au travail, sinon George finirait par faire des bêtises.

―Mais oui, bien sûr ! commenta sèchement George. Dis plutôt que tu as besoin de moi pour travailler correctement !

―N'inverse pas les rôles, ricana son jumeau.

Hermione éclata de rire en remarquant la mine interloquée de son petit-ami, alors que la dispute avec son frère se poursuivait, partant d'un sujet pour en venir à un autre totalement différent. Fred ne semblait plus vraiment faire attention, et lorsque la voix de Ron résonna de nouveau, elle se décida à les rejoindre.

―Je te laisse, lança-t-elle sans obtenir la moindre réponse. Je t'aime !

Elle eut juste le temps de le voir se retourner à demi vers elle avant que son visage ne disparaisse, remplacé par le sien, rayonnant de bonheur.

―Enfin, grogna Ron lorsqu'elle les rejoignit.

Elle lui jeta un regard amusé avant de s'approcher de Harry, qui lui jeta un regard interrogateur face auquel elle répondit par un grand sourire. Ginny les rejoignit alors qu'ils passaient le portrait de la Grosse Dame et rit joyeusement en remarquant l'état d'euphorie dans lequel se trouvait sa meilleure amie.

―Tu es bien plus jolie quand tu as ce sourire, souffla-t-elle doucement à l'oreille d'Hermione en glissant son bras sous le sien.

―Toi aussi tu souris souvent ces derniers temps, répondit l'aînée d'un ton complice.

―De quoi vous parlez ? s'exclama Ron en arrivant à leur hauteur.

Les deux amies échangèrent un regard comprit uniquement d'elles avant de poursuivre leur route en direction du parc, sans prendre la peine de répondre au garçon, qui chercha du soutien auprès de son meilleur ami, apparemment très perdu par le comportement des deux filles.

―Je ne sais pas plus que toi, entendit Hermione.

L'été ne s'en était pas encore allé, laissant ainsi le loisir aux collégiens de profiter de son soleil lumineux et de ses températures agréables. Des éclats de rire s'élevaient d'un peu partout dans le parc, et de la musique remontait de la cabane de Hagrid, installée à la lisière de la Forêt Interdite, et la jeune fille se promit d'aller lui rendre visite prochainement. Mais elle craignait un peu la réaction du demi-géant, puisqu'aucun des trois n'avaient poursuivis le cours de Soins aux Créatures Magiques cette année, et elle se doutait qu'il leur en voulait pour ça.

Par chance, le terrain de Quidditch était désert. Ce qui n'avait vraiment rien d'étonnant puisque les sélections et les entraînements n'avaient pas encore commencé. Harry, qui succédait à Angelina Johnson, souhaitait profité de ce week-end pour mettre en place le programme des sélections de Gryffondor, et le soutien de Ginny et Ron n'était pas de trop. Hermione, elle, ne les accompagnait que pour être près d'eux, et aussi pour les voir voler, ce qu'elle trouvait très fascinant.

Leur aisance, leur facilité de mouvement, la confiance qui se dégageaient dans chacun de leur mouvement était un spectacle absolument merveilleux. Un spectacle qu'elle aimait particulièrement regardé, mais auquel elle détestait participé, à cause des hauteurs. Fred avait bien tenté de la convaincre de monter avec lui, un après-midi où les jumeaux avaient décidé de rester s'amuser avec leurs amis, dans un match de Quidditch improvisé où tous les coups étaient permis ; mais elle avait refusé. Pas par manque de confiance, mais le vide lui faisait terriblement peur.

―Alors, on fait quoi ? demanda Ginny avec enthousiasme. On s'entraîne ?

―Pas tout de suite, répondit Harry avec un timide sourire. Il faut d'abord organiser les sélections. McGonagall a réservé le terrain pour le week-end prochain.

―Si tôt ?

―Je lui ai dis que je voulais reformer toute l'équipe et que j'aurai besoin de temps, expliqua-t-il.

―Oh je vois, fit doucement Ginny. Tous les postes ?

―Peut-être pas le mien, admit l'élu. Je ne voudrais pas qu'on passe que je fais ça pour paraître vaniteux. Mais oui, tous les postes.

Hermione vit l'indignation se peindre sur le visage de Ron, et il n'échappa pas non plus à Harry puisqu'il ajouta que la plupart des anciens joueurs auraient certainement leur poste encore une fois. Avec ce qu'il s'était passé l'année dernière, il craignait que les candidats soient peu nombreux.

―Au contraire, rétorqua gentiment Hermione, cela pourrait faire venir plus de monde. Et maintenant que tu es le nouveau capitaine, tout le monde va venir t'observer. Pour voir ce que tu comptes faire avec ton équipe.

―Ce que tu dis ne me réconforte pas, commenta Harry.

Patiemment, Ginny l'aida à mettre au point un programme d'entraînement qui lui permettrait d'évaluer le niveau des candidats potentiels, en partant du principe qu'ils savaient tous monter sur un balai et que la haute voltige ne leur faisait pas peur. Ron resta étonnamment silencieux, ayant un peu de mal à se remettre des révélations de son ami. Il était inquiet de ne pas être à nouveau le gardien des lions cette année, et le nom de Cormac McLaggen lui vint aussitôt à l'esprit lorsqu'il se demanda qui pourrait bien tenter de se présenter. Et ce n'était pas une idée très réconfortante selon lui.

La jeune fille esquissa un léger sourire avant de s'asseoir dans les gradins, alors que les trois s'envolaient joyeusement dans le ciel.

[...]

Les rayons de la lune éclairaient le long couloir devant elle, illuminant les centaines de tableaux accrochés aux murs, sommeillant pour la plupart. Elle en reconnut certains, pour les voir souvent lorsqu'elle prenait ce chemin pour rejoindre la classe d'Astronomie du professeur Sinistra, qui se trouvait non loin de la Tour, de laquelle on avait un point de vue extraordinaire sur le lac noir s'étendant jusqu'à l'horizon dans la vallée.

Et ce fut dans cette direction que ses pas la menèrent, sans se douter un seul instant de la surprise qui l'attendait en haut de cet escalier en colimaçon qui semblait ne jamais en finir.

Ce qu'elle vit en premier fut le scintillement de l'eau du lac, la forêt s'étendant non loin ainsi que la plateforme qui avait accueillit les juges durant la deuxième épreuve du Tournois des Trois Sorciers. Elle crut même apercevoir le miroitement des queues des sirènes vivant sous la surface noir de l'étendue. Mais l'éclat fut si vif, si rapide, qu'elle songea un instant avoir rêvé.

Et ce fut alors qu'elle remarqua la silhouette appuyée contre la rambarde du balcon de la Tour. Cette silhouette habillée d'une robe de sorcier vert foncée, rappelant étrangement les couleurs de Serpentard. Puis les cheveux aussi blonds que le soleil.

Hermione sentit son cœur manquait un battement lorsqu'elle finit par mettre un nom sur l'élève, qui semblait ne pas encore l'avoir remarquer. Et elle hésita quelques secondes, sans savoir quoi faire. Devait-elle rebroussée chemin et faire comme si elle ne l'avait pas vu, ou signaler sa présence et lui demander de retourner dans son dortoir ? Elle ne savait pas quoi faire car les réactions du garçon l'inquiétaient.

Comme s'il venait de percevoir sa présence, Drago Malefoy se retourna et lui jeta un regard sombre, dans lequel, elle ne remarqua pas la moindre animosité. Ils ne brillaient pas de cette haine viscérale, de ce dégoût qu'il ne réservait qu'aux personnes comme elle. Aux nés-moldus. Et elle ne sut si c'est cela qui l'étonna le plus ou le ton courtois qu'il employa lorsqu'il s'adressa à elle.

―Tu ne devrais pas être là, Granger, remarqua-t-il sèchement.

―Toi non plus, Malefoy, rétorqua-t-elle vivement.

Le garçon esquissa un sourire sarcastique avant de se retourner, reprenant sa contemplation du paysage comme si Hermione n'était pas là. Comme si cela lui importait guère qu'elle puisse allée le dénoncer sur le champ à un professeur pour traîner dans les couloirs après le couvre-feu. Il crut même que c'est ce qu'elle allait faire lorsqu'il perçut le son de ses pas, mais pourtant, à son grand étonnement - qu'il se garda bien de cacher -, l'adolescente se rapprocha de lui.

Hermione inspira discrètement en s'appuyant à son tour contre la rambarde, observant du coin de l'œil les réactions de Malefoy, l'imaginant s'écarter vivement, pour ne pas avoir à se retrouver près de sorciers de sa race. Mais à sa grande surprise, il n'en fit rien, se contentant de rire avec dédain.

―Tu ne devrais pas être là, répéta-t-il.

―Toi non plus, se borna-t-elle à répondre.

C'était si improbable de se retrouver aussi proche de Malefoy, qu'il fallut de longues secondes à Hermione pour réaliser ce qu'elle venait de faire. Etait-ce une idiotie ou bien une preuve de courage ? Elle n'aurait su le dire avec fermeté. Et le fait qu'il reste également à ses côtés l'étonnait davantage. Elle se demanda même comment Harry et Ron réagiraient s'ils les voyaient en cet instant, côte à côte, dans un silence qui n'annonçait ni méprise, ni haine, ni guerre.

C'était comme si le temps s'était arrêté l'espace d'un instant. Que tous les sentiments néfastes qu'ils avaient l'habitude de côtoyer en pensant à la maison adverse étaient restés en bas de cette Tour, prêts cependant à leur revenir dès que l'un des deux s'en irait. Mais ni Hermione ni Malefoy n'esquissa le moindre mouvement, et les minutes s'écoulèrent alors, d'abord doucement, puis à une vitesse effarante.

De là où ils étaient, ils pouvaient percevoir les hurlements provenant de la Forêt Interdite. Ils distinguaient le hululement des hiboux, des chouettes et autres volatiles. Le piaffement des oiseaux, le miaulement des chats. Tout un tas de petits bruits qui éveillaient cette scène imaginaire. Qui aurait cru un jour que Gryffondor et Serpentard pourraient un jour partager cet instant de communion ?

Qui aurait cru que la lionne et le serpent pourraient cesser de se haïr l'espace d'une nuit ?

Hermione ne sut combien de temps s'écoula, mais lorsque l'horloge placée au-dessus d'eux sonna douze coups, elle réalisa que sa ronde s'était achevée depuis bien longtemps. Ron avait déjà dû retourné à la salle commune, et peut-être dormait-il déjà. Et alors que le douzième coup retentissait dans toute la vallée, elle prit la pleine mesure de ce qu'il venait de se passer.

Son visage se tourna à demi vers celui de Malefoy, mais le blond continuait de fixé l'horizon, comme s'il n'avait pas perçu la soudaine agitation de sa condisciple. Et elle remarqua alors la pâleur de son visage, le creusement de ses joues, et les cicatrices sur sa pommette gauche. Elle voulut le questionner à ce sujet, mais elle comprit que sa courtoisie n'irait pas jusque-là.

Alors elle se détourna et commença à descendre les escaliers.

―Tu es du genre suicidaire, Granger ?

La voix de Malefoy la stoppa net, et elle sursauta en croisant son regard orageux.

―Non, je suis courageuse, rectifia-t-elle.

―C'est pareil, ricana-t-il.

Il n'ajouta rien de plus et Hermione retourna à pas vifs à sa salle commune, ignorant le regard réprobateur de la Grosse Dame lorsqu'elle prononça le mot de passe pour entrer.

Ce ne fut qu'une fois au chaud dans son lit, entourée par les légers ronflements de ses camarades, qu'elle réalisa qu'en présence de Malefoy, elle était parvenue à faire abstraction de tous ses soucis. L'absence de Fred, la mort de ses parents, la guerre se préparant dans l'ombre ; tout ça, elle était parvenue à le mettre de côté pendant quelques heures.

Pour ne ressentir que de la plénitude. De la sérénité. Du calme.

**

--Bonsoir.

Je vous poste le chapitre trois maintenant pour rattraper mon absence de ces deux dernières semaines dues à la chaleur étouffante... j'espère que vous avez mieux supporter tout ça que moi.

Quoi qu'il en soit, j'espère que ce chapitre vous plaira. Et comme vous l'aurez compris, Drago Malefoy va jouer un grand rôle dans cette seconde partie de l'histoire. Des hypothèses sur son rôle ?

Bonne soirée à tous et à toutes.


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