[CHAPITRE 17] Silence douloureux.


Un silence de plomb régnait au sein-même de la table des Gryffondor, dont la plupart des occupants observaient d'un œil ébahi la distance installée entre Hermione Granger d'un côté et Harry Potter et Ron Weasley de l'autre. Il était tellement rare de voir le trio séparer que les conversations ne cessaient de tourner autour des sixième année, depuis la seconde où chaque personne présente dans la Grande Salle avait constaté que les trois amis n'étaient pas ensemble.

Assise près de Ginny, Hermione triturait d'un geste nerveux les quelques aliments que la rouquine avait déposé de force dans son assiette, malgré l'insistance de la plus âgée sur son manque d'appétit. Mais la cinquième année n'avait rien voulu entendre, insistant sur le fait que se priver de manger n'allait certainement pas arranger les choses. Et bien qu'elle ait raison sur toute la ligne, Hermione refusait d'admettre ça. Tout ce qu'elle désirait en cet instant, c'était disparaître, s'en aller d'ici, loin de ses deux meilleurs amis et des regards assassins de Ron à son égard, qu'elle semblait être la seule à avoir remarquer.

Mais comment aurait-elle put lui en vouloir ? Après tout, n'était-ce pas de sa faute s'ils en étaient là ? La situation était entièrement de son fait et elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle et à sa bêtise d'avoir attiser la colère de Ron. Elle ne pensait pas ainsi pour se punir d'avoir dégrader les choses, non, simplement parce qu'elle savait qu'elle aurait réagit de la même façon si les rôles étaient inversés. Elle n'aurait jamais accepter que ses amis lui mentent sur les intentions qu'ils avaient à l'égard de Drago Malefoy, qui une fois encore, était parvenu à semer la discorde au sein du trio de ses pires ennemis. Pourtant, cette fois-ci, il ne se réjouissait pas de la tension qui animait leur amitié, bien au contraire, il se surprenait à ressentir de l'inquiétude à cause de la jeune fille à qui il avait ouvert son cœur comme il ne l'avait jamais encore fait jusque-là. Le secret qu'il lui avait confié était bien trop important pour qu'il ne se sente pas concerné par toute cette histoire.

—Mange, ordonna Ginny en constatant que Hermione n'avait encore rien avaler. Tu sais, tu ne sortiras pas d'ici sans avoir avaler quoi que ce soit.

La lionne grimaça en sentant son estomac se nouer à l'idée d'avaler quoi que ce soit.

—Je n'ai pas faim, répéta-t-elle d'une petite voix. Vraiment pas.

La rouquine soupira en repoussant sa propre assiette. Un court instant, Hermione croisa son regard dans lequel elle lut une lassitude profonde et une inquiétude que seule une meilleure amie peut ressentir. Et elle se demanda comment son amie faisait pour ne pas être en colère envers elle, alors que cela faisait des semaines qu'elle lui demandait de mettre Harry et Ron au courant de ses découvertes sur Malefoy et son appartenance au camp des Mangemort, ce que la préfète s'était refusée de faire avant d'avoir des preuves tangibles. Et même après avoir entendu de la bouche de Drago lui-même qu'il travaillait pour Voldemort, elle avait continuer de garder le secret, sans vraiment savoir pourquoi. Et à présent, il lui fallait assumer les conséquences de ses actes.

—Tu ne peux pas t'en vouloir, tu sais, souffla doucement Ginny après quelques secondes de silence.

—Et toi, tu devrais être fâchée contre moi, rétorqua Hermione.

—Oh ! mais je le suis, confirma la rouquine. Je suis terriblement en colère contre toi, mais je pense que supporter celle de mon frère et Harry est déjà un calvaire pour toi, alors je ne vais pas en rajouter. Même si tu sais ce que je pense de tout ça.

Oui, elle le savait. Bien sûr qu'elle le savait et maintenant, elle se rendait compte que Ginny avait toujours eu la bonne parole concernant cette affaire, mais prise dans ce tumulte de secrets, elle n'avait pas sut s'en rendre compte à temps.

—Oui, grimaça-t-elle de nouveau. Oui, je le sais.

—Alors je pense que c'est une punition suffisante, philosopha son amie. Tu as réfléchi à ce que tu allais faire maintenant ?

—Non, avoua la préfète en se mordant la lèvre. Tu crois qu'il faut que je fasse quoi ?

—Que tu continues de venir en aide à Malefoy, répondit Ginny. Hermione, tu es le genre de fille à toujours vouloir aider les plus démunis, ajouta-t-elle face au regard interloqué de son amie. Et je sais que, quoi qu'il se passe dans ta vie, ça ne changera jamais. Je sais aussi que tu t'en veux d'être en froid avec mon frère et Harry, mais je suis sûre que ça ne change pas à ton envie de venir en aide au Serpentard. Et contre ça, je ne peux rien dire. Aider les autres... c'est l'essence même de ce que tu es. Personne ne pourra jamais changer ça, pas même eux.

—Ils me détestent, soupira-t-elle.

—Non, je ne pense pas. Ils sont simplement en colère contre eux-mêmes de ne pas avoir remarquer que tu aidais Malefoy et que tu avais découvert ce qu'il était vraiment.

Hermione ne répondit pas et passa le reste du repas à méditer les dernières paroles de sa meilleure amie, qui n'insista plus pour la faire manger. Pouvait-elle avoir raison ? Se pouvait-il que ses meilleurs amis soient vraiment fâchés contre eux-mêmes et leur incapacité à remarquer ce que la jeune fille percevait, parfois bien avant eux ? Elle avait beau les connaître depuis de nombreuses années, elle ne pouvait s'empêcher de douter.

Les cours de l'après-midi l'empêchèrent de s'apitoyer sur son sort plus longtemps et en suivant les autres, elle se rendit en cours de Botanique. Le printemps, arrivé quelques jours auparavant, avait apporter avec lui une vague de chaleur qui faisait encore fondre les dernières plaques de neige stagnant dans le parc. Les arbres commençaient à retrouver leurs couleurs printanières et la cabane de Hagrid se détachait doucement de la lisière sombre de la Forêt Interdite. Un instant, la jeune fille songea que cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas trouvée en compagnie du garde de chasse, qui n'avait pas apprécier que ses élèves préférés refusent de suivre son cours cette année.

Harry et Ron lui jetèrent à peine un regard lorsqu'elle s'installa à la table de travail devant la leur, à laquelle Neville l'attendait, un petit sourire désolé au coin des lèvres, qu'elle eut toutes les peines du monde à lui rendre. La boule qui obstruait la gorge l'empêchait d'y répondre, et elle regretta que Fred ne soit pas là pour l'aider à surmonter ça.

[...]

—George a lâché quelques informations sur sa copine, rit Fred, ça a rendu Ginny complètement furieuse de savoir que c'était une élève de Serdaigle.

—Une élève de Serdaigle ? répéta Hermione en fronçant les sourcils. Quelqu'un que l'on connait ?

—Je ne sais pas, fit le rouquin en haussant des épaules. Il n'a rien voulu dire de plus. Pas même à moi.

—Alors ça veut dire que c'est une fille de notre entourage... supposa-t-elle. Et à part... Luna, je ne vois pas qui cela pourrait être. Cho ?

—Aucune chance, ce n'est pas son style. Trop coincée.

—Alors il ne reste que Luna...

—Loufoca ? rit le rouquin. Tu crois ?

C'était une idée loufoque que d'imaginer Luna Lovegood sortir avec George Weasley, mais Hermione avait vue et entendue tellement de choses étranges ces derniers temps que cela ne la surprenait même pas. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était le bonheur du garçon. Après tout ce qu'il avait fait pour elle et pour Fred, elle estimait on ne peut plus normal de lui souhaiter tout ça. Bon, certes, il restait encore terriblement agaçant sur les bords, mais cela faisait de lui le garçon qu'il était et qu'elle avait toujours connue.

—Elle s'appelle Luna, rectifia-t-elle en jetant un regard sévère au garçon.

—Si tu veux, concéda-t-il avec un sourire.

La jeune fille leva les yeux au ciel avant d'observer plus attentivement le décor qui se dessinait dans le dos de Fred. La boutique, fermée vu l'heure, était sans dessus-dessous, avec ses étagères multicolores croulant sous diverses fioles, cartons et caisses portant le sceau des Weasley. Il lui semblait qu'une tornade avait sévit à l'intérieur même de la boutique, car d'autres cartons violets s'entassaient un peu partout à même le sol, parfois en des piles hautes et déséquilibrées qui menaçaient de s'effondrer à tout instant. Parfois, elle percevait la chevelure rousse de George derrière tout ce capharnaüm et elle comprit qu'ils étaient entrain de refaire les stocks pour la journée du lendemain.

—Vous avez l'air très occupés, dit-elle.

—Comme d'habitude, répondit Fred en haussant des épaules. On est obligé de refaire tous les stocks au moins deux fois par semaine, en ce moment. C'est bizarre, surtout quand on voit que les boutiques commencent à fermer les unes après les autres.

—Ollivander n'est toujours pas revenu ?

—Non. D'après papa, les Aurors ont arrêtés de le chercher, prétendant qu'il était mort et qu'ils perdaient leur temps à chercher un cadavre.

—C'est horrible...

—Et ça ne va pas aller en s'arrangeant, commenta Fred. Avec le retour de Tu-Sais-Qui, les sorciers n'osent plus sortir de chez eux et le Chemin de Traverse est plus vide que jamais. Au moindre problème avec leurs voisins, les sorciers contactent les Aurors pour un rien. Papa dit que Kingsley n'a même plus le temps de se reposer cinq minutes, ces temps-ci.

—La guerre se rapproche, souffla-t-elle.

C'était une constatation qu'ils avaient tous fait de nombreux mois auparavant, lorsque Voldemort était revenu d'entre les morts et avait commencé à semer le trouble parmi les sorciers. Bon nombre d'entre eux, comme Cornelius Fudge, avaient refusé de croire à son retour et s'en mordaient à présent les doigts. Les attaques dans les rues sorcières très fréquentées ne faisaient que se multiplier depuis le passage à la nouvelle année et l'Ordre faisait tout son possible pour protéger les anglais de la menace grandissante au-dessus de leurs têtes.

—Ce n'est qu'une question de temps, confirma Fred d'un ton grave, un ton que la jeune fille détestait entendre chez lui.

—Sois prudent, fit-elle.

—On est toujours prudent, la rassura-t-il avec un sourire.

Elle aurait voulu dire que ce n'était pas la même chose que de fuir à travers les couloirs de l'école pour échapper à Rusard, que là où il était, c'était la vraie vie, mais elle s'en trouva incapable. Son sourire confiant l'en empêcha. Et elle ne voulait pas être celle qui viendrait le lui retirer.

Une exclamation indignée de George la fit sursauter et pendant quelques minutes, elle eut une vue dégagée sur le plafond du magasin, alors que Fred allait prêter main forte à son jumeau, sur lequel s'était écroulé une pile de cartons. Elle percevait leur voix, ainsi que leurs éclats de rire qui égayèrent le silence oppressant du dortoir des filles, plongé dans la pénombre. Ses camarades de dortoir dormaient à poings fermés depuis longtemps.

—Ce serait plutôt à moi de te demander d'être prudente, reprit-il.

—Avec le professeur Dumbledore à l'école, je ne risque rien...

—Ce n'est pas de ça que je voulais parler.

—Oh.

Ils n'avaient pas reparler de Malefoy depuis un petit moment et Hermione fut surprise que ce soit lui qui aborde le sujet, alors qu'il avait d'habitude tendance à tout faire pour éloigner le Serpentard de leur conversation. Après ce qu'il s'était passé durant les vacances et bien avant, elle s'étonnait encore que leur couple ait tenu bon, en dépit des semaines de silence, d'angoisse respective et de colère face aux réactions de l'autre. Pourtant, à son grand étonnement, ils en étaient sortis plus fort et la froideur de Drago Malefoy n'était pas venu à bout de la solidité du lien qui les unissait. Lien qui s'était renforcé de jour en jour et dont la jeune fille ne pourrait désormais plus se passer à l'avenir. C'était comme de demander à un voyant de perdre la vue pour le restant de ses jours.

—Je serai prudente, promit-elle en comprenant que c'était ce que Fred attendait d'elle.

—Sinon attends-toi à ce que je débarque à Poudlard et que je te botte les fesses pour être sûr que tu ne recommenceras jamais, gronda-t-il d'une voix sérieuse mais la lueur amusée dans ses prunelles ne le rendait que peu crédible aux yeux de Hermione.

—Tu n'oserais pas ! s'écria-t-elle en songeant intérieurement qu'elle avait bien fait d'insonoriser son lit pour ne pas réveiller ses camarades avec ses discussions nocturnes.

—Ne me mets pas au défi, Hermione Granger... car tu sais que je suis prêt à tout pour tous les relever.

—Et je viendrais avec lui pour casser la gueule à Malefoy ! ajouta George, quelque part dans le fond de la boutique.

La Préfète esquissa un sourire en s'enfonçant doucement dans ses couvertures. Elle ne doutait pas une seule seconde que les jumeaux mettraient leur menace à exécution si Drago osait poser la main sur elle. Un instant, elle fut tentée de leur dire que ce n'était pas lui qu'elle devait le plus craindre, mais elle craignait qu'ils ne débarquent sur le champ si elle leur parlait de l'incident survenu avec Cormac quelques mois plutôt. D'ailleurs, elle était prête à parier qu'ils avaient été mis au courant d'une façon ou d'une autre puisque McLaggen ne lui avait plus adresser ni un regard ni une parole depuis.

—D'accord, fit-elle. J'ai compris le message.

Le sourire de Fred s'élargit. Une chouette hulula quelque part fans la forêt et Hermione constata que la nuit était bien plus entamée qu'elle ne le croyait. Minuit avait déjà sonné sur le pays, apportant dans son sillage les prémices d'une nouvelle journée.

[...]

Cher Remus,

Voilà quelques jours que j'hésite à te faire parvenir cette demande, que je me doute, tu trouveras plus que surprenante, mais les conseils de Ginny et Fred ont eu raisons de moi et à l'instant où j'écris cette missive, je réalise peu à peu qu'ils ont tous deux la bonne parole : je m'en voudrais longtemps si je ne venais pas quémander ton aide.

A dire vrai, cette aide ne m'est pas destinée. Du moins, pas directement. Elle concerne une autre personne, que je suis certaine que tu ne mettras pas longtemps à deviner en poursuivant ta lecture. Je ne peux te donner son nom, au cas où cette lettre tomberait entre de mauvaises mains et mettrait en péril tout ce que je sais et tout ce que l'on m'a dit. Mais je t'en prie, garde l'esprit ouvert. D'ailleurs, tu es le seul à avoir assez peu de préjugés sur autrui pour m'aider. Du moins l'aider, lui.

Une personne que je connais court actuellement un grand danger, et ce, au sein-même de Poudlard, en dépit de la protection du professeur Dumbledore qui plane sur nous. Il n'est pas en sécurité ici, ni chez lui et c'est pour cela que je me tourne vers toi. Pour que toi et l'Ordre lui offraient la protection dont il a besoin pour échapper au danger qu'il court. Pour que lui et sa mère puissent fuir l'horreur dans lequel ils vivent.

Je me doute qu'à présent, tu as compris de qui je parlais et je te supplie de me croire lorsque je te dis que je n'ai été dupé par aucun maléfice. Je suis en pleine possession de mes moyens en t'écrivant cette lettre et c'est saine d'esprit que je te demande d'accéder à ma requête. Je ne peux pas te donner plus de détails, du moins, pas de cette façon, mais Fred et George sauront t'éclairer. Ils sont au courant de toute l'histoire, dans les moindres détails et ils ont accepter de te convaincre pour moi. S'il-te-plaît, écoute ce qu'ils ont à te dire.

Mes salutations à Tonks,

Hermione.

—Tu sais que je ne ferais jamais ça pour toi ?

La lionne sursauta lorsque la voix traînante et pourtant d'un calme olympien, de Drago rompit le silence oppressant de la Salle sur Demande. Elle s'étonna un court instant qu'il ait été si rapide à lire ces mots qu'elle avait mis si longtemps à écrire et lui jeta un regard suspicieux en le voyant ranger délicatement le morceau de parchemin dans l'enveloppe sur laquelle elle avait simplement écrit le nom de Lupin. Elle se doutait bien que Hedwige n'aurait aucun mal à le trouver, et ce, même s'il se trouvait à l'autre bout de la planète.

—Je sais, répondit-elle tout aussi calmement malgré le vacarme de ses battements de cœur. Je sais, mais je le fais quand même.

—Je ne veux pas de ta pitié, poursuivit-il sans la regarder.

—Ce n'est pas de la pitié, contredit-elle. C'est... je t'ai dis que je t'aiderais, Drago et pour ça, il faut que tu me fasses confiance, d'accord ? Même si ça te coûte de croire une Sang de Bourbe comme moi.

—Granger... commença-t-il sèchement mais elle le coupa rapidement.

—Oui, je sais ce que tu vas dire, mais regarde les choses telles qu'elles sont : je suis une Sang de Bourbe et toi un Sang-Pur, pourtant, je suis la seule à pouvoir t'aider. Sauf que je ne peux pas le faire sans aide extérieure. Le professeur Lupin est une personne sensée, il n'ira pas répéter ça à qui que ce soit.

—Ce n'est pas ce qui m'inquiète, fit-il.

Il fallut quelques secondes à Hermione pour comprendre que son angoisse n'était pas tournée vers sa propre personne, mais envers sa mère, qui se trouvait actuellement dans le manoir Malefoy, quelque part en Angleterre, sous la coupe d'un mari qui croyait aveuglément les dires d'un sorcier qui se pensait supérieur à tout le monde.

—L'Ordre trouvera un moyen de la sortir de là, assura-t-elle.

—Comment tu peux en être aussi sûre ? siffla-t-il en plongeant son regard ombrageux dans le sien. Tu ne sais pas ce qu'il se passe là-bas. Tu ne sais pas combien de partisans il possède.

Non, Hermione ne savait pas tout ça. Mais elle commençait à comprendre que les mots du garçon n'étaient pas uniquement des belles paroles répétées par un homme qu'il craignait et vénérait à la fois. Il suffisait de voir, de remarquer, cette lueur de peur au fond de son regard pour réaliser. Il suffisait de constater du tremblement de ses mains pâles lorsqu'il faisait référence au sorcier qui tenait sa mère sous sa coupe. Il suffisait de voir la raideur de son corps, le tremblement de sa lèvre supérieure, ses tics nerveux. Tout un tas de détails qu'elle avait repéré au fil de leur rencontres secrètes.

—C'est vrai, je ne sais pas, souffla-t-elle avec tout le courage de Gryffondor qu'elle avait en elle. Cependant, je sais une chose : l'Ordre fera tout pour sauver des innocents de Voldemort. Et ta mère est une innocente.

—Ne prononce pas son nom ! cracha-t-il.

Hermione soupira en se laissant tomber sur une chaise qui venait de se matérialiser soudainement. Une migraine commençait doucement à tirailler sa tête et son corps, encombré de fatigue après ces derniers jours durs et compliqués, avait bien du mal à suivre le rythme de son cerveau, qui ne cessait de tourner à plein régime. Malefoy la regarda faire sans prononcer un mot, les bras croisés sur sa cape verte et argent, sur laquelle brillait fièrement la broche des Préfets sous les rayons vacillants des bougies disposées un peu partout contre les murs.

En cet instant, la pièce n'avait plus rien à voir avec la salle d'entraînement que la Salle sur Demande avait fourni à l'Armée de Dumbledore durant de nombreux mois. L'endroit était plus petit, avec des murs blancs dénués de chaleur, avec pour seuls éléments une chaise et une table en bois, sur laquelle reposait la lettre que Hermione avait rédigé à l'intention de Remus. Elle aurait voulu lui envoyer directement après avoir fini de l'écrire, mais elle avait penser faire plaisir au Serpentard en lui montrant son contenu en premier. Et malgré la froideur dont il faisait preuve, elle le savait toucher par cette attention. Bien entendu, il ne l'avouerait jamais de vive voix, mais sans vraiment sans rendre compte, elle avait fini par interpréter le langage caché dans ses paroles et ses gestes. Désormais, il n'était plus seulement Drago Malefoy le vil Serpentard qui passait son temps à se moquer de son sang, mais Drago Malefoy l'adolescent à l'âme brisée, inquiet pour son avenir et celui de sa mère dans un camp qui ne leur voulait que du mal.

Comment les choses avaient-elles put changer à ce point ? Car il fallait bien admettre que leur haine mutuelle s'était vouée en une entente cordiale qui les satisfaisait pleinement tous les deux, même si parfois, la jeune fille se demandait s'il n'y avait pas plus que cela. De l'amitié ? C'était drôle de penser ainsi de Malefoy et pourtant...

Oui, pourtant, songea-t-elle en le regardant se saisir de nouveau de l'enveloppe sans pour autant la vider de son contenu. Drago se contenta de la fixer du regard, sans bouger et Hermione se demanda à quoi il pouvait bien penser en cet instant. Sa curiosité était telle qu'elle pensa un instant à le lui demander directement, mais elle se ravisa, se disant que la gentillesse du Serpentard n'irait pas jusque-là. Malgré leur rapprochement évident, il mettait toujours un point d'honneur à ne jamais s'ouvrir à elle, lui révélant des informations qu'il jugeait importante et qui, pourtant, ne le concernait pas toujours directement. Cette façon de se protéger autant intriguait fortement Hermione.

—Arrête de me fixer, Granger.

La jeune fille sentit son visage s'embraser en croisant le regard toujours aussi froid du garçon. Pourtant, en cet instant, la froideur dont il faisait preuve ne lui était pas destinée. Non.

—Désolé, bafouilla-t-elle en détournant le regard.

—Tu sais, des fois, je me demande comment Weasley fait pour ne pas être jaloux, lâcha Drago en reposant l'enveloppe.

Il s'appuya contre la table et fixa obstinément son visage, un rictus amusé au coin des lèvres. Hermione, elle, de son côté faisait tout pour ne pas croiser de nouveau son regard, mais ces quelques mots lui arrachèrent un sursaut de surprise et elle se tourna vers le garçon. Si elle fut surprise de le voir aussi détendu dans sa posture, elle n'en montra rien, pour ne pas le braquer et qu'il se renferme comme une huître.

—Quoi ?

—Tu m'as bien entendu, Granger.

—Oui... mais...

—Et après tu oses dire que tu sais tout ? ricana le blond.

Il n'ajouta rien de plus et quitta la pièce, sans un regard pour Hermione, qui, sceptique, continua de fixer l'ouverture dans le mur entrain de se fermer après le passage du Serpentard. Ce garçon avait toujours le don de la surprendre et elle n'avait pas encore put décider si c'était de la bonne ou de la mauvaise façon.


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