[CHAPITRE 15] Le sauvetage du Serpent.


—Tu as la tête de la Hermione qui pense trop à ses études.

La jeune fille releva doucement la tête de sa pinte de Bieraubeurre pour croiser le regard amusé de Fred, caché derrière une immense coupe de glace à peine entamée. Elle rit doucement face à cette image, se demandant encore comment il pourrait ingurgiter tout ça.

—C'est ma tête habituelle, répondit-elle.

—Non, rétorqua-t-il avec un sérieux feint. D'habitude, tu as la tête de la Hermione toute timide.

—N'importe quoi !

—Si je te jure ! s'exclama-t-il en riant. Tu fais même plusieurs têtes ! Tu savais pas ?

—Plusieurs têtes ? répéta-t-elle, au bord de l'énervement.

Fred confirma d'un signe de tête avant d'avaler une grosse cuillerée de glace. Assis face à elle, dans son costume impeccable marron, il semblait complètement décalé parmi les robes de collégiens des élèves ayant envahis les bancs des Trois Balais, en cette rude journée pluvieuse. Les lieux ne désemplissaient pas et les clients ne cessaient d'entrer, dans un carillon assourdissant qui se faisait entendre dans chaque recoin de la salle principale. Le comptoir était masqué par les capes de sorciers d'âges murs et qui n'en étaient certainement pas à leur premier verre de whisky pur-feu.

—Tu as la tête de la Hermione sérieuse, la Hermione mécontente, frustrée, étonnée, joyeuse, indignée, récita-t-il avec un grand sourire. Et encore, je suis sûr que je pourrais en ajouter bien plus sur ma liste.

Un instant, Hermione aurait voulu se sentir mécontente de l'entendre parler ainsi d'elle, mais la joie dans ses prunelles absorba sa colère si rapidement qu'elle l'oublia instantanément, ne ressentant qu'une joie, pure et sincère, de le voir en face d'elle, bien plus près qu'il ne l'avait été ces dernières semaines. Depuis son retour de Poudlard, les occasions de discuter par le biais des miroirs s'étaient faites rares, à cause de ses cours à elle, de la boutique pour lui, mais aussi à cause de l'incident survenu le soir de la nouvelle année et qui lui prodiguait encore des cauchemars.

Elle s'en souvenait comme si c'était hier, malgré le temps écoulé. Elle se rappelait précisément de ce qu'elle faisait lorsque l'horreur avait commencé. Elle se trouvait dans le salon, à rire aux éclats aux côtés de Bill, alors que devant elle, Fred, George et Ginny s'étaient lancés dans une bagarre enfantine. L'un tirait les cheveux de l'autre, ils se mordaient, se tapaient, se hurlaient des obscénités à la tête sous le regard désabusé de leur mère. Elle se souvenait de l'épaule de l'aîné de la famille collée à la sienne, elle entendait encore son rire. Elle voyait Ron et Harry accompagnés de Mr Weasley devant une partie d'échec que le père jouait contre son fils. Et un peu plus loin, il y avait Tonks et Remus, rayonnants de bonheur, planifiant des détails de dernière minute pour leurs noces à venir.

Oui, elle se rappelait vraiment de tout. Ce qui rendait ses mauvais rêves encore plus effrayants. Elle se remémorait la joie qui, en l'espace d'une demi-seconde, avait laissé la place à l'effroi et à l'incompréhension. Elle percevait le cri de Molly alors que le sapin richement décoré par chacun prenait feu. Un autre brasier s'était allumé dans la cuisine et quelque part à l'étage. Elle se souvenait du bras de Fred entourant sa taille pour la forcer à quitter la pièce, alors que stupéfaite et incapable de faire le moindre mouvement, elle observait les flammes prendre possession des lieux.

Puis, le rire démentiel de Bellatrix Lestrange. Les voluptés de fumée noire, la haine dans les yeux de Harry, alors qu'il s'élançait à la suite de la meurtrière de son parrain. Ginny à sa suite, alors qu'un cercle de feu entourait peu à peu la demeure. Le soleil qui se pointe à l'horizon, pâle espoir dans cette nuit de noirceur.

Fred dut percevoir le changement chez elle puisqu'il posa délicatement sa main sur les siennes, toute trace d'amusement ayant disparut de ses prunelles azurs. Hermione esquissa un faible sourire pour le rassurer, mais cela ne fonctionna que très peu. Elle s'en voulut d'avoir fait disparaître sa bonne humeur en ressassant des événements aussi tragiques, qui par chance, n'avaient conduits qu'à des dommages matériels.

—Désolé, souffla-t-elle du bout des lèvres.

—Pourquoi ? demanda-t-il avec une infinie douceur.

—Parce que tu es venu me voir pour qu'on profite de cette journée tous les deux et que je pense à des choses tristes, avoua-t-elle.

—J'y ai pensé aussi, rétorqua-t-il. Mais il ne faut pas qu'on se laisse dominer par notre peur, d'accord ?

La jeune fille acquiesça. Elle rougit brusquement lorsqu'elle le vit se pencher par-dessus la table pour déposer un baiser aussi léger qu'une plume sur le bout de son nez, entraînant son cœur dans une course folle dont lui seul avait le pouvoir.

—D'accord, sourit-elle.

—Tu fais ta tête de Hermione toute timide, commenta-t-il en lui faisant un clin d'œil.

—Tu ne vas pas recommencer ! s'exaspéra-t-elle.

Il n'eut pas besoin de lui répondre pour qu'elle comprenne sa réponse. Un soupir de frustration lui échappa et elle croisa les bras sur sa poitrine, avec une expression qui tira un véritable éclat de rire au rouquin. Plusieurs personnes se retournèrent dans leur direction. Les élèves âgés esquissèrent des sourires en reconnaissant Fred Weasley, l'énergumène qui avait semé la zizanie entre les murs du château pendant sept ans aux côtés de son frère jumeau. D'autres sourirent avec tendresse, en le remarquant assis en face de la fille qui avait emprisonné son cœur depuis plus d'un an maintenant. Alors que les autres se contentaient de détourner la tête en maugréant contre son indiscrétion.

Hermione elle, en profita pour le détailler sous toutes les coutures, constatant à quel point ouvrir cette boutique avait été bénéfique pour lui. Son expression toujours joyeuse d'adolescent avait laissé place à une bonne humeur d'adulte, qui n'avait pourtant pas perdu de son insouciance. Ses cheveux courts le rendaient bien plus sérieux et le costume qu'il portait tous les jours le rendait encore plus mature. L'adolescent blagueur avait laissé sa place à un homme d'affaire accompli qui savait parfaitement profiter de la vie malgré les obstacles qu'elle plaçait sur leur chemin. En le voyant maintenant, un grand sourire aux lèvres, elle réalisa qu'elle aurait commis la pire des bêtises en refusant de le laisser quitter Poudlard quelques mois plutôt. Elle se rendait compte que la boutique, c'était vraiment toute sa vie, son rêve le plus profond depuis longtemps et que s'il était resté près d'elle, ce ne serait pas le même Fred qui se tiendrait devant elle en cet instant.

La fierté qu'elle ressentait pour le chemin qu'il avait accompli n'avait pas de mots. Elle ne mesurait pas entièrement la chance qu'elle avait de se dire que le beau garçon qui se tenait face à elle était son petit-ami. Le sien. A elle. Et pas à une autre. Parmi toutes les jolies filles de l'école, c'était elle qu'il avait choisi. Elle. Et pas une autre. L'amour qu'elle éprouvait pour lui était fort, sincère et réconfortant. Combien d'adolescentes de son âge pouvaient se vanter de vivre la même passion qu'elle ?

Peu, songea-t-elle en pensant à la détresse de sa meilleure amie qui voyait ses chances de faire sa place dans le cœur de Harry se réduire de jour en jour. Certes, il y avait encore un petit espoir selon elle, car elle avait bien remarquer le changement d'attitude du garçon envers la rouquine, mais le temps qu'il se rende compte de ses sentiments envers elle, Ginny allait certainement passer à autre chose...

—Quoi ? lâcha Fred. J'ai quelque chose sur le visage ?

Hermione sentit son visage s'embraser légèrement lorsqu'elle constata qu'il avait remarqué qu'elle était entrain de l'observer sans gêne. Elle aurait voulu répondre qu'elle en avait tous les droits puisqu'il était son petit-ami, mais la proximité des autres élèves la mettait mal-à-l'aise. D'ailleurs, le rouquin finit par s'en rendre compte puisqu'il lui proposa une balade dans les dernières flaques de neige qui recouvraient l'avenue principale de Pré-au-Lard. Galamment, il paya leurs consommations avant de la conduire au dehors, sa main enrouler délicatement autour de la sienne.

—Où est-ce que tu veux aller ? demanda-t-il.

—Chez Honeyduckes, dit-elle aussitôt. J'ai promis à Harry de lui ramener des sucreries.

En effet, son meilleur ami avait été privé de sortie après sa dernière confrontation avec le professeur Rogue. Son insolence lui avait valu un mois entier de retenue, ainsi que l'interdiction de jouer au Quidditch jusqu'à la fin de l'année. Cette dernière restriction avait beaucoup indigné les Gryffondor, qui en voulaient à leur capitaine de se faire mettre hors-jeu pour la deuxième année consécutive. Les chances pour que leur maison gagne la coupe étaient encore assez élevées, mais les Serpentard, vils et mesquins, criaient sur tous les toits qu'elle se trouverait bientôt dans les cachots, où telle était sa juste place.

—Ah oui, fit Fred. J'ai entendu parler de ça. C'est Ginny qui le remplace ?

—Oui, approuva Hermione alors qu'ils se mettaient en route vers le magasin de confiseries. Elle s'en sort plutôt bien.

—C'est parce qu'elle a ça dans le sang ! répondit le garçon avec emphase.

La devanture encore illuminée pour les fêtes de la boutique apparut finalement dans leur champ de vision et sans surprise, ils remarquèrent une foule dense dans l'unique pièce qui faisait office de magasin. Avant même d'en franchir le seuil, une odeur de confiseries leur chatouilla les narines et en quelques secondes, Fred redevint un petit enfant. En riant à s'en faire mal au ventre, Hermione le suivit dans chaque allée, déambulant avec difficulté parmi les élèves qui hésitaient à prendre telle ou telle gourmandise. Fred, lui, ne se posait pas la moindre question et piochait allégrement dans tous les pots en verre. Bien vite, ses bras furent encombrés de paquets de friandises, sous le regard parfois amusé des autres clients. La propriétaire des lieux sembla manifestement ravie de le revoir puisqu'elle lui offrit la moitié de ses achats, lui arrachant la promesse de revenir au plus vite.

—Tiens, pour Harry, fit Fred lorsqu'ils sortirent, une bonne heure plus tard.

—Merci, sourit-elle en déposant un baiser au coin de ses lèvres.

D'un coup de baguette, il fit disparaître ses poches et main dans la main, ils reprirent leur balade, s'arrêtant parfois dans certaines boutiques pour en ressortir les mains pleines. Cette journée tous les deux leur fit le plus grand bien et ils parvinrent même à oublier la tension qui s'était installée entre eux ces derniers mois. Ils mirent leurs problèmes de côté, la guerre, le retour de Voldemort, pour ne penser qu'à eux.

Et à la présence réconfortante de l'être aimé.

[...]

Le balais de Ginny fusait à une vitesse hallucinante à travers les airs, tant et si bien qu'Hermione avait parfois du mal à suivre sa course des yeux, malgré la paire de jumelles magique qu'elle avait emprunté à Neville pour suivre les déambulations de son amie. La pluie diluvienne qui tombait sans discontinu rendait sa progression difficile et elle perdit de vue à plusieurs reprises l'Eclair de feu prêté par Harry. A chaque fois, elle sentait son appréhension se faire plus grande au creux de ses entrailles et les huées des Serpentard et Poufsouffle n'arrangeaient en rien son mal-être.

Harry, raide comme un piquet, observait avec une certaine nervosité le jeu qui se déroulait sous ses yeux, commentant parfois les mauvaises actions de ses joueurs, applaudissant avec euphorie lorsque Ron parvenait à arrêter un but particulièrement compliqué et que le souaffle passer dans les anneaux adversaires. Pour l'instant, Gryffondor avait une légère avance, mais le dynamisme de jeu des Poufsouffle promettait une remontée prochaine, ce qui laissait au Vif d'Or le pouvoir de décider de la fin du match.

Des exclamations de joie montèrent dans leur gradin lorsque Demelza Robins parvint à percer la défense du gardien de Poufsouffle pour marquer un nouveau but. Il ne fut pas évident de le voir, mais lorsqu'elle passa près d'eux en beuglant comme une folle, tout le monde comprit que l'action leur avait été favorable. Sous cette pluie, Hermione avait perdu la notion du temps et elle n'aurait sut dire si une demi-heure ou bien une heure venait de s'écouler. Sa parka était trempée et si peu épaisse qu'elle sentait son pull et son pantalon se charger d'humidité. Cette rencontre allait rendre la moitié de l'école malade dès le lendemain et elle ne comprenait pas comment le professeur Dumbledore ait put accepter de laisser les élèves jouer.

Le jeu se poursuivit, ponctué parfois par les cris des Gryffondor ou bien ceux des Poufsouffle. Les lions reprirent la très célèbre chanson Weasley est notre roi pour encourager le gardien de leur maison, dont le talent et l'assurance n'étaient plus à contester. S'il s'était montré hésitant au début, ce n'était plus le cas à présent et le terrain de Quidditch semblait être devenu comme un seconde foyer pour Ron. L'aisance qu'il dégageait devant ses buts le rendait bien plus mature que de coutume. L'adolescent incertain et caché derrière la célébrité de son meilleur ami avait laissé place à un jeune adulte plein de confiance, prêt à montrer sa vraie nature et à en démordre avec l'adversaire. Et cette image, si rare, redonnait le sourire à Hermione. Elle n'avait jamais douter un seul un instant que son ami était bien plus que cet affamé, cinquième enfant discret d'une si grande fille. Non, il était un Gryffondor, un vrai. Un garçon courageux, loyal, prêt à surmonter ses peurs pour venir en aide aux autres.

Deux heures passèrent sans que le Vif d'Or ne fasse son apparition. Harry ne cessait de marmonner qu'à force de tourner ainsi au bord du terrain, en quête de la petite balle dorée, Ginny finirait par s'épuiser inutilement et risquerait de passer à côté de la victoire de son équipe. Ce n'était pas des critiques, plus une inquiétude touchante. Un peu comme celle qu'elle ressentait à l'égard de Ron, sauf que pour le brun, les sentiments étaient bien loin de ceux d'un frère par sa sœur. Mais en vrai tête de mule, il refusait d'admettre quoi que ce soit, malgré l'insistance de sa meilleure amie. Il préférait garder secrète l'existence de la bête qui grondait en lui à chaque fois qu'il voyait la rouquine au bras de son petit-ami.

A bout de force et frigorifiée, Hermione préféra quitter le stade. Les nuages noirs qui se profilaient à l'horizon ne lui présageaient rien de bon. Elle préférait partir avant que la tempête ne s'accentue. Elle prévint rapidement l'Elu de ses intentions avant de remonter à contre courant la foule de rouge et or amassée dans les gradins de leur maison. Certains lui jetèrent des regards plein d'animosité lorsqu'elle força son passage alors que les autres ne prenaient même pas la peine de détacher leur regard du jeu.

Un soupir de contentement lui échappa lorsqu'elle retrouva la maigre chaleur du Hall d'entrée. Joie qui ne dura pas, lorsqu'elle entendit des pas dans son dos. Son sourire s'évanouit lorsqu'elle posa son regard sur le visage de Cormac McLaggen, ruisselant de pluie. Ses cheveux blonds, ordinairement coiffés avec un soin maniaque, retombaient à présent sur sa tête en projetant des gouttes à chacun de ses pas. Hermione aurait voulu partir, se réfugier dans son dortoir, mais elle se doutait que si le garçon se trouvait ici en cet instant, c'était parce qu'il voulait la voir.

—Hermione, fit-il d'une voix doucereuse.

Peut-être que dans d'autres circonstances, elle aurait put tomber sous le charme de ce visage parfait, de ce nez droit et de cette bouche fine et bien rose. Mais cette apparence n'était qu'une très bonne mascarade. Car sous ses traits angéliques, se cachait en réalité un garçon arrogant et prétentieux, qui prenait tout comme son dû et qui ne cherchait pas du tout à venir en aide à son prochain. En somme, l'opposé considérable de la personne qu'elle était.

—Cormac, répondit-elle de mauvaise grâce.

Le garçon sourcilla face à son ton revêche, mais au lieu de s'en offusquer, il en sourit. D'un sourire en coin qui donna envie de vomir à la Préfète.

—Tu as quitté le match avant la fin, dit-il. Pourquoi ?

—Toi aussi, répliqua-t-elle.

—Je t'ai posé la question en premier, souffla-t-il en secouant la tête.

Hermione sentit son exaspération monter d'un cran et elle jugea préférable de couper court à cette conversation maintenant. Elle se détourna, fit quelques pas en direction des escaliers, pourtant, la main de Cormac la rattrapa aussitôt, la contraignant à faire face de nouveau. Elle retint difficilement une grimace de douleur alors que la poigne du garçon se durcissait sur sa peau.

—Lâche-moi ! s'exclama-t-elle.

—J'ai été plus que patient avec toi ces derniers mois, Hermione, siffla-t-il en perdant l'image du garçon parfait. Je t'ai laissé refuser chacune de mes avances, mais j'ai bien remarquer ton petit jeu avec moi. Est-ce que tu fais pareil avec Weasley ou il croit que tu t'es vraiment entichée de lui ?

La surprise l'empêcha de répondre. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre de quoi parler Cormac.

—Tu... fit-elle d'une petite voix.

—Tu as joué les allumeuses avec moi, en me confiant tes petits secrets quand tu te sentais seule et que tes rouquins n'étaient pas là pour, reprit-il. J'ai accepté sans rien dire, sans rien demander en échange. Mais j'ai vu clair.

—Tu racontes n'importe quoi, tenta-t-elle de dire.

—C'est ça ! ricana-t-il. Prends-moi pour un con, Hermione. Allez avoue !

—Avouer quoi ?

—Que tu es amoureuse de moi !

Le visage de Cormac se pencha si près du sien qu'elle sentit son haleine mentholée chatouillée ses joues. Son rythme cardiaque s'emballa et elle réalisa qu'elle ne portait pas sa baguette sur elle, et que face à la musculature impressionnante du garçon, elle n'avait pas la moindre chance de s'en sortir. Sans les jumeaux, la situation allait se compliquer d'avantage.

Fred... pensa-t-elle, au bord des larmes.

—Je ne suis pas amoureuse de toi, Cormac, dit-elle en tremblant.

—Pourquoi nier la vérité, Hermione ? soupira-t-il en caressant sa mâchoire du bout des doigts. Moi, je ne nie rien. Je profite.

—Non... arrête... s'il-te-plaît !

—Laisse-toi faire...

Les lèvres du garçon effleurèrent à peine les siennes qu'elle le sentit reculer d'un seul coup, comme aspiré par une force extérieure qui l'envoya finir sa course contre les portes de la Grande Salle. Pétrifiée, Hermione le vit rester complètement inerte sur le sol, les yeux clos, avant de se retourner d'un seul bond vers le Serpentard qui se trouvait dans son dos, baguette brandie, les yeux étincelants de rage.

Un instant, l'adolescente crut que cette haine lui était destinée, mais lorsque Malefoy agita de nouveau sa baguette et qu'une corde s'échappa du morceau de bois pour s'enrouler autour du corps évanoui de McLaggen, elle comprit que non.

La pression sur les épaules de Hermione retomba d'un seul coup, et sous le choc, les larmes ruisselants le long de ses joues, elle se recula de quelques pas, jusqu'à percuter le torse de Drago qui avait avancé vers elle. Elle sursauta lorsqu'il posa une main sur son épaule.

—Calme-toi Granger, fit-il sèchement.

—Que je me calme ? répéta-t-elle, abasourdie. Mais je suis calme !

—C'est ça, ricana-t-il. Et moi je suis un bon Gryffondor.

Si elle n'eut pas la force de le frapper, alors qu'elle mourait d'envie de se défouler contre quelqu'un après ce que Cormac venait de faire avec elle, elle le foudroya d'un regard si noir que le sourire narquois de Malefoy disparut.

—Pas la peine de me remercier, dit-il froidement.

Il se détourna sur ses mots, ne s'attendant visiblement pas au moindre remerciement de la part de la lionne, pourtant, la voix basse et frêle de Hermione l'arrêta net.

—Merci, répéta-t-elle avec une sincérité qui l'étonna mais il n'en laissa rien paraître. Je crois que je te suis redevable, maintenant.

—Peut-être, dit-il d'un ton neutre en se tournant à demi vers elle.

—Je le pense vraiment, insista-t-elle.

—Ce n'est pas tomber dans l'oreille d'un sourd, alors.

Il n'attendit pas la moindre réponse de sa part pour déguerpir, quelques secondes avant que Harry et quelques élèves de leur maison ne fassent irruption dans le Hall. Leurs discussions cessèrent net lorsqu'ils remarquèrent Cormac ligoté au sol et dans les vapes. Le brun se précipita aux côtés de son amie et parut presque surpris de ne pas remarquer la moindre peur dans son regard.

—Est-ce que ça va, Hermione ? demanda-t-il.

—Oui, fit-elle sans un regard pour Cormac.

Elle sentait que son ami avait envie de lui poser plus de questions, mais elle prétexta un mal de tête pour s'en aller à son tour, prenant la direction des cachots où elle était certaine de trouver Malefoy.

[...]

—Je ne comprendrais jamais rien à toutes ces histoires de filles.

Assis sur le canapé rouge de la salle commune des lions, vide à une heure aussi tardive, Ron piochait allégrement dans la poche de friandises qu'Hermione avait ramené quelques jours plutôt de sa sortie à Pré-au-Lard. Celle-ci, normalement destinée à Harry, s'était vite retrouvée entre les mains du rouquin lorsqu'il avait franchi le seuil de la pièce, pâle comme un linge et qu'il avait annoncé à ses amis avoir rompu avec Lavande. Ils avaient tout de suite compris que ça ne s'était pas bien passer.

—Elle n'a pas arrêter de hurler que j'étais le pire crétin de toute la terre, ajouta-t-il en enfournant une poignée de patacitrouilles dans sa bouche. Et... d'autres choses aussi, mais je n'ai pas tout compris.

Hermione releva la tête de son livre, un sourire amusé au coin des lèvres, qui faisait écho à celui que Harry peinait à masquer, pour ne pas froisser encore plus le garçon assis entre eux. Mais le voir si désemparé face à l'attitude exubérante de Lavande le faisait beaucoup rire, lui qui avait suivi pendant de nombreux mois l'évolution de cette relation improbable. Il était encore surpris que la première relation de son meilleur ami ait put durer si longtemps, surtout lorsqu'on savait qu'il avait la capacité émotionnelle d'une petite cuillère, selon les dires de leur amie.

—Tu t'en remettras, lâcha Hermione, avec une compassion teintée d'ironie. Il y a plein de jolies filles à l'école.

—Pas sûr qu'elles voudront vraiment de toi après tes démonstrations d'affection avec Lavande... commenta Harry.

—Hein ? Pourquoi ça ? s'exclama le rouquin en se levant d'un bond.

La poche de friandises se répandit sur le tapis moelleux devant eux, mais aucun d'eux ne prit la peine de la ramasser. Chacun était occupé à observer l'autre, avec une expression différente dans le regard. Hermione regardait Ron avec amusement et gêne, Harry avait le regard rivé sur sa meilleure amie, pour qu'elle le soutienne dans cette situation qu'il sentait devenir délicate et le rouquin observait l'Elu avec hébétude.

—Qu'est-ce que ça voulait dire ? répéta Ron.

Une veine se mit à battre furieusement le long de sa tempe et Hermione jugea préférable d'intervenir. D'une voix parfaitement calme, elle ordonna au rouquin de se calmer, assurant qu'elle répondrait à cette question une fois qu'il serait moins en colère et elle fit remarquer à Harry que ce n'était pas délicat de sa part de se moquer de la relation de Ron, surtout quand on voyait comment la sienne avait finie.

—Disons que Lavande est une fille très... tactile, consentit-elle à répondre après quelques minutes, priant qui voudrait bien l'entendre pour que la personne en question ne fasse pas irruption dans la pièce au même instant. Elle avait des manières bien à elle de te montrer son affection et c'était parfois gênant pour les personnes autour de vous.

—Comme si voir deux adolescents s'embrasser était une chose rare dans cette école, grogna-t-il.

—Non, ce n'est pas ce que j'ai dis. Vos baisers étaient bien plus... passionnés, lâcha-t-elle d'une petite voix en rougissant furieusement. C'était limite indécent.

La bouche du garçon s'entrouvrit pour former un O parfait et toute couleur déserta de son visage. Hermione crut avoir commis un impair en ayant été si directe, mais après quelques secondes de mutisme, Ron revint s'asseoir sur le canapé, des bonbons à la main.

—J'ai bien fais de la quitter alors.


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