[CHAPITRE 12] Philtre d'amour.
Ginny Weasley n'était pas le genre de filles à particulièrement apprécier les ragots qui circulaient entre les couloirs de plus en plus froids de l'école à l'approche de l'hiver. Bien au contraire, elle détestait cela. Voir des camarades être chahuter, moquer et montrer du doigt pour des choses qu'ils avaient faites - ou non, ça la mettait en rogne. Et tout le monde savait comment elle réagissait quand elle était en colère.
Pourtant, ce matin-là, le dernier lundi avant les vacances de Noël, la cinquième année à la chevelure flamboyante ne pût échapper aux racontars qui se murmuraient d'élèves à élèves, et ce, depuis l'ouverture des portes de la Grande Salle pour le petit-déjeuner, qu'elle comptait passée en compagnie de son petit-ami Dean. Ce fut donc le sourire aux lèvres qu'elle arriva dans l'immense pièce baignée par les rayons du soleil passant à travers les vitraux. Le ciel magique était sans nuage, une première depuis quelques jours de pluie incessante. Rien ne semblait pouvoir entacher sa bonne humeur, que Dean trouvait considérablement attirante. La joie dans les prunelles de l'adolescente, le rouge sur ses joues, ce sourire aux lèvres, tout ça ne faisait que la rendre encore plus belle aux yeux du métisse.
Rien ne semblait pouvoir entacher sa bonne humeur. Du moins, c'est ce qu'ils crurent tous deux pendant quelques minutes à déguster des viennoiseries, de la brioche et autres tartes typiquement sorcières. Non rien. Sauf peut-être les murmures qui finirent par s'élever doucement un peu partout dans la salle, qui commençait à se remplir peu à peu. Ginny commença à capter quelques mots à sa gauche et à sa droite ; des mots qui n'avaient aucun sens pour elle et dont elle ne se soucia que très peu. Puis les mots devinrent des phrases indistinctes. Et finalement, la voix haut perchée de Lavande Brown, l'agaçante petite-amie de son frère résonna plus bruyamment que les autres.
La rouquine sentit son visage se recouvrir brusquement d'un liquide chaud, et il lui fallut quelques secondes pour réaliser que la cuillère qu'elle tenait à la main venait de violemment tomber dans sa tasse de thé. Aussi vite qu'un balai, elle se pencha vers sa condisciple de maison, qui pâlit soudainement sous son regard furibond, et sa voix, lente, tremblante sous le coup de la colère, rompit le silence qui s'était installé entre les élèves de Gryffondor.
—Tu peux répéter ? articula-t-elle en détachant bien chaque syllabe.
—Tu n'étais pas au courant ? murmura Lavande, qui retrouvait peu à peu de sa superbe, uniquement pour ne pas se faire humilier devant ses amies. Bizarre, je croyais que Hermione était ta meilleure amie.
—Qui a inventé cette ânerie ? répéta Ginny, qui commençait à perdre patience.
—Je ne sais pas, fit la blonde en haussant des épaules. Mais tout le monde en parle, alors... En tout cas, Hermione est une vraie cachotière. Je ne pensais pas qu'elle était capable de fraterniser de cette façon avec... l'ennemi.
—La ferme ! s'écria Ginny en se levant d'un bond. Et arrête de parler d'Hermione de cette façon ! Elle ne fraternise pas avec l'ennemi !
—Tu es sûre ? demanda alors Parvati. Il se murmure aussi qu'elle a des problèmes de couple avec ton frère... Peut-être qu'elle a rompu avec lui sans te prévenir pour se jeter dans les bras de Malefoy.
—Je vais te... commença la rouquine en rougissant à vue d'œil mais la voix pleine de sagesse de Dean l'empêcha de poursuivre.
—Stop ! fit-il en posant une main rassurante sur la taille de sa petite-amie. Ginny, arrête-toi avant de faire quelque chose que tu risques de regretter plus tard. Et toi Lavande, arrête de colporter des conneries comme celle-là. Tu risques de blesser Hermione en agissant ainsi.
Oh mais elle s'en fiche pas-mal de ça ! pesta la rouquine en obtempérant néanmoins. Elle ne chercha pas à protester lorsque le garçon l'obligea à quitter la Grande Salle où les ragots sur Hermione et Malefoy étaient devenus le centre d'attention de tout le monde, et respira une bonne bouffée d'air en se précipitant dans le parc de l'école, ignorant les frissons qui couraient le long de ses bras nus, pour venir s'échouer sous la fine couche de vêtements qu'elle portait, n'ayant pas penser qu'elle aurait besoin de sa cape pour le petit-déjeuner.
—Quelle abrutie ! finit-elle par hurler.
Des oiseaux, qui s'étaient réfugiés dans un arbre recouvert de neige, s'envolèrent brusquement lorsque la voix de la rouquine résonna plusieurs fois dans le parc vide à une heure aussi matinale. Même Hagrid semblait encore plongé dans le sommeil, puisqu'aucune fumée ne s'échappait de sa cheminée. Un instant, la jeune fille se demanda comment allait son professeur, qu'elle n'avait pas revu depuis quelques jours maintenant, puisque sa matière ne faisait pas partie des options qu'elle avait prise en troisième année. Elle le savait très remonté contre le trio, qui s'était inscrit aux abonnés absents depuis le début de l'année scolaire.
—Lavande est parfois idiote, tenta de l'apaiser Dean en faisant un pas vers elle.
Il n'en tenta pas un deuxième face au regard noir qu'elle lui jeta. Pour avoir subi de nombreuses fois ses colères, il savait que s'approcher d'elle n'était pas la meilleure tactique pour la calmer. Car ce serait lui qui risquerait de subir son légendaire Chauve-Furie, et ce matin, il n'en était pas vraiment friand. Quelle pire façon pour commencer la journée ?
—Elle est tout le temps idiote, rectifia Ginny d'une voix sèche. Non, pas idiote. Conne ! Plus conne que la moyenne !
—Tu sais combien elle aime raconter des âneries, ajouta le garçon. Il ne faut pas que tu prêtes attention à ces mensonges.
—Même quand ils parlent de ma meilleure amie ? s'indigna la rousse. Alors quoi, tu voudrais que je laisse Hermione se débrouiller toute seule face à cette bande de vipères qui l'attend dans la Grande Salle ? Quelle bonne idée, ça !
—Tu sais bien que ce n'est pas ce que je voulais dire... soupira-t-il.
—Mais c'est ce que tu as dis, rétorqua-t-elle froidement.
Elle lui jeta un dernier regard avant de rentrer au pas de course dans l'école, désireuse d'être la première à croiser la route d'Hermione avant que celle-ci ne se rende compte qu'elle était devenue le centre d'attention de tout le château, qui lui prêtait une liaison soudaine avec Drago Malefoy.
[...]
Encore loin de se douter de ce qu'il se passait dans le reste du château, Hermione, installée sur son lit, robe de sorcière enfilée depuis longtemps, profitait d'un ultime moment de calme dans le dortoir vide des filles de sixième année. Un livre entre les mains, elle essayait de se détendre au maximum face à cette nouvelle semaine de cours qui se profilait. La dernière avant les vacances de Noël. L'ultime qu'elle passerait ici, avant d'avoir à faire face à Fred et à son amertume.
Depuis la lettre qu'elle avait reçue du garçon, il n'y avait plus eu le moindre échange entre eux. Ni lettres, ni discussions par le biais des miroirs, non rien de tout cela. Et Hermione commençait à regretter sa décision de lui demander son aide. Ce sentiment était si tenace qu'elle se prenait pour seule responsable de la situation, bien que Ginny l'eut rassuré en assurant que Fred n'était pas si innocent que ça dans l'histoire. Mais pourtant, malgré toutes les tentatives de son amie pour l'apaiser, le sentiment de faute persistait et elle craignait leurs retrouvailles prochaines, alors qu'elle les attendait avec impatience depuis ce jour où il lui avait fait la surprise de venir à Pré-au-Lard.
La balance était si équilibrée qu'elle hésitait de faire le moindre pas envers lui, alors que c'était certainement la meilleure chose à faire. Mais comment savoir ? Cette distance qui les maintenait éloignés formait une barrière entre eux. Entre Poudlard et le monde extérieur. Entre son monde et le sien. C'était peut-être pathétique de voir les choses ainsi, plus mauvaises qu'elles ne l'étaient sûrement, sauf que c'était plus fort qu'elle.
Un soupir lui échappa, et un rapide coup d'œil à sa montre l'informa qu'il était temps pour elle de se rendre à la Grande Salle si elle souhaitait manger un peu avant son premier cours. Si à cet instant, elle savait ce qui l'attendait, derrière ce portrait encore clos, masquant l'agitation qui régnait dans la salle commune des lions, Hermione aurait certainement rebroussé chemin pour s'enfouir au plus profond de ses couvertures, pour échapper aux rires et aux accusations des autres élèves.
—Hermione ! l'interpella une voix féminine alors qu'elle quittait la tour de Gryffondor, après avoir constater sans surprise que Harry et Ron étaient partis sans l'attendre. Hermione !
Un sourire se dessina sur les lèvres de la Préfète lorsque son regard croisa celui de sa meilleure amie. Expression de joie qui se fana dans la seconde lorsqu'elle remarqua la mine contrariée de la rouquine, qui avançait à pas vifs dans sa direction. Elles étaient seules dans le couloir, ce qui sembla ravir Ginny puisqu'elle poussa un profond soupir de soulagement avant d'ouvrir la bouche pour parler.
—Il faut que je te dise quelque chose avant que tu ailles manger, commença-t-elle d'une voix encore tremblante de colère. Et je pense qu'il vaut mieux que je sois celle qui te le dise, plutôt que tu en fasses la découverte par toi-même.
Hermione sentit l'angoisse prendre aussitôt possession de chaque parcelle de son corps et son cœur se mettre à battre plus fort, lui donnant l'impression d'imploser n'importe quand.
—Quoi ? parvint-elle à dire en dépit des tremblements de sa voix.
—Les élèves... ils se disent des choses, avoua Ginny, un peu moins en colère, craignant à présent la réaction de la Préfète. Sur toi et sur... Malefoy ?
—Malefoy ? répéta la plus âgée avec ahurissement. Qu'est-ce que Malefoy vient faire dans cette histoire ?
—Quelqu'un vous a vu ensemble à la fête de Slughorn, et il te tenait la main.
Hermione sentit ses yeux s'écarquillaient et l'horreur qui remplaça l'incompréhension dans ses prunelles ne rassura guère son amie, qui s'était refusée à croire que les propos tenus par Lavande puissent être vrais. Pourtant, à en juger par l'expression de sa meilleure amie, leur condisciple n'avait pas menti. Sûrement ne connaissait-elle pas l'entière vérité, car il paraissait inconcevable qu'Hermione ait quitté Fred qu'elle aimait follement pour se jeter dans les bras du plus vil des serpents.
Non ? se demanda-t-elle.
—Hermione ne me dis pas que... commença-t-elle dans un murmure mais la voix de la Préfète l'empêcha de poursuivre.
—Non, bien sûr que non ! s'exclama-t-elle, affolée. Il n'y a rien entre Drago et moi. C'est juste que...
—Que ? insista la rousse. Et depuis quand tu l'appelles par son prénom ?
Hermione soupira, comprenant qu'il lui faudrait raconter toute l'histoire à Ginny si elle voulait vraiment que la rouquine comprenne les agissements de Malefoy. Mais ce n'était ni le lieu ni le moment idéal, d'autant plus que les cours allaient commencé dans moins de cinq minutes, et qu'il lui était inconcevable d'arriver en retard. Cela ne ferait que confirmer les soupçons de l'école entière, et elle ne voulait vraiment pas leur donner cette satisfaction.
—Retrouve-moi dans la Salle sur Demande ce soir, avant le dîner, fit-elle promettre à son amie. J'ai beaucoup de choses à te dire, mais là, je n'ai pas assez de temps pour le faire. D'accord ?
Ginny acquiesça, à la fois perdue et curieuse de connaître la vérité, celle dont Hermione était seule détentrice, avant de la laisser retourner dans la salle commune pour qu'elle aille récupérer ses manuels scolaires et autres affaires utiles à sa journée d'études.
[...]
—Donc, résuma la rouquine, les sourcils froncés. Tu es entrain de me dire que tu penses que Drago Malefoy est un Mangemort, et que tu n'en as parlé à personne le temps d'être bien certaine de ce que tu avances ? Et que c'est à cause de lui qu'il y a un froid entre mon frère et toi ces derniers jours ?
Hermione, les joues rouges à cause de son long discours, acquiesça. Son regard rencontra un quart de seconde celui de sa meilleure amie, et l'amertume qu'elle y lut la poussa à tourner la tête, pour se perdre dans la contemplation de la Salle sur Demande, décorée en ce jour en un immense jardin coloré, ressemblant fortement à celui de Hyde Park, où elle avait eu l'habitude de se rendre avec ses parents lorsqu'elle était petite.
—Pourtant la dernière fois, tu me disais que tu n'étais pas certaine, reprit la plus jeune. Que c'était pour ça que tu avais écris à Fred.
—Oui, mais depuis, j'en ai eu la confirmation, répondit la Préfète.
—Et comment ?
Hermione rougit un peu plus en croisant le regard suspicieux de son amie, et hésita quelques secondes avant de lui avouer la vérité. Celle que tout le monde pensait connaître sur ce fameux moment surpris la veille entre elle et Malefoy. Un instant vraiment très mal interprété par cet élève voyeur qui s'était empressé d'en faire part à ses amis, et de fil en aiguille, l'histoire avait fait le tour de l'école, un peu plus déformée à chaque répétition.
—Plusieurs choses, dit-elle. Des discussions, des constatations que j'ai faites. Des scènes que j'ai vu.
—Et pourquoi n'en as-tu parlé à personne ? questionna de nouveau la rousse. Tu sais qu'un Mangemort circule dans l'école et tu ne dis rien !
—Je préfère avoir des preuves avant de l'accuser de quoi que ce soit, rectifia-t-elle d'une voix tremblante, surprise par la colère de son amie.
—Mais Hermione enfin ! Tu en as des preuves ! s'indigna Ginny en se levant d'un bond. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? La mort de quelqu'un ? D'un élève ?
La mort d'un élève. Etait-ce vraiment ce qu'il fallait pour lui faire ouvrir sur la gravité des actes commis par Drago Malefoy ? Sur l'âme noire qui était sienne, et dont elle avait à de nombreuses reprises fait face, ces dernières années. Non ! Bien sûr que non ! Alors qu'attendait-elle pour aller le dénoncer à Dumbledore, qui serait certainement forcer de croire à cette vérité, soutenue par de deux ses élèves. Qu'est-ce qui pouvait bien la retenir de ne pas avouer tout ce qu'elle savait au directeur ?
La réponse lui vint peu à peu en remarquant la colère dans les prunelles de sa meilleure amie. Elle se souvenait parfaitement de la première fois où elle était tombée sur Malefoy, en haut dans la tour d'Astronomie, alors qu'elle faisait sa ronde de préfète. Elle se souvenait parfaitement du calme qu'elle avait lut dans ses yeux orageux. Un calme qu'elle n'avait encore jamais vu chez lui. Un calme si peu associé à Drago. Un calme qu'il semblait chercher plus que tout. Un calme qu'il côtoyait pour la première fois de sa vie.
Alors qui était-elle pour se permettre de le lui ôter ? Qui était-elle pour dicter sa vie, ses agissements et ce qu'il devait advenir de son futur ? Elle n'était personne. Rien qu'une insignifiante fille de moldus, à peine capable de gérer ses problèmes de cœur sans voir le mauvais à chaque coin de rue. Mais quand vous avez fréquenter la mort d'aussi près, votre vision de la vie diffère grandement. Alors oui, il était de son devoir de faire part de ses découvertes à un adulte, mais ce n'était pas à elle d'enfermer Drago Malefoy dans sa prison de noirceur. Fred lui avait un jour dit qu'elle était la personne la plus altruiste qu'il connaisse. Alors oui, peut-être que sa gentillesse n'était pas tournée vers la bonne personne, pourtant, elle se refusait à abandonner Malefoy à son sort. La peur qu'elle voyait dans ses yeux la retenait.
Un soupir lui échappa alors qu'elle se levait à son tour, cherchant la meilleure réponse aux interrogations de Ginny. Comment lui faire comprendre tout ça sans attiser plus encore sa colère ? Car c'était ce que la guerre, plus proche de jour en jour, faisait. Car c'était tout ce que les ténèbres voulaient.
Attiser les colères. Diviser. Laisser de côté les plus faibles.
—Tu sais bien que non, finit-elle par répondre et le son de sa voix imposa le silence dans tout le parc. Tu sais bien que ce n'est pas ce que je veux.
—Alors quoi ? soupira la rousse. Parce que là franchement, Hermione, je ne te comprends pas.
—Si Ginny, je suis certaine que tu me comprends. Mais tu as trop peur de voir où je veux en venir pour essayer. La guerre te fait peur, et tu ne sais pas comment y faire face.
—Parce que toi tu le sais ?
—Non, répondit posément la plus âgée. Non mais je n'ai pas peur. Parce que je n'ai plus rien à perdre. Un jour viendra où je retrouverais mes parents, et je n'ai pas peur. Au contraire, je suis impatiente.
—Ne dis pas ça !
Les larmes aux yeux, la rouquine lui jeta un regard si féroce qu'Hermione ne se risqua pas à répondre.
—Malefoy est comme moi, dit-elle. Il n'a pas peur. Mais lui, il ne sait pas ce que c'est que la liberté. Il n'a jamais connu ça. Et ce n'est pas à nous de le priver de ça.
—Mais c'est un Mangemort !
—Tu crois qu'il a eu le choix ? répliqua Hermione. Tu crois qu'on l'a laissé choisir ?
[...]
Un mot.
Un regard.
Un geste.
Et tout peut basculer.
En quittant la Salle sur Demande quelques minutes plus tard, Hermione eut la désagréable impression d'avoir commis l'irréparable en prenant la défense de Drago Malefoy. Elle eut l'impression d'avoir raviver les braises que Poudlard s'efforçait d'éteindre chaque jour en les protégeant du monde extérieur. Elle eut l'impression d'avoir briser quelque chose dans son amitié avec Ginny.
Mais comment savoir ? La rouquine était partie si vite après leur discussion qu'elle n'avait pas eu le temps de lui demander de réfléchir à tête reposée à tout ce qu'elle venait de lui dire. Le temps lui avait manqué. Les mots aussi. Le courage peut-être également. Mais ces derniers temps, il lui semblait que tout allait de travers. Absolument tout n'allait pas chez elle. De ce qu'elle faisait à ce qu'elle disait. Des secrets qu'elle gardait à ceux qu'elle révélait. Quelque chose ne tournait-il plus rond chez elle ?
—Hermione !
La jeune fille sursauta et se retourna d'un bond, pour voir venir Harry et Ron vers elle. Il lui fallut quelques secondes pour constater que le deuxième était appuyé contre le premier et à en juger par son expression, quelque chose n'allait pas chez lui.
—Qu'est-ce qu'il a ? s'inquiéta-t-elle en se précipitant pour venir prêter mains fortes à son ami.
—Il a mangé les gâteaux que m'a offert Romilda Vane, expliqua Harry d'une voix pressée.
—Romilda... répéta Ron d'un ton rêveur. N'est-elle pas la plus créature qui soit ? Je voudrais tant...
—Oui, oui, c'est bon, le coupa vivement l'Elu. Je l'amène chez Slughorn, il saura quoi faire.
Ce ne fut pas chose facile de conduire le rouquin dans les cachots, car il ne cessait de se trémousser pour échapper à leur prise, en criant qu'il voulait voir la fille qui faisait battre son cœur. Sa voix était si forte qu'elle réveilla quelques tableaux somnolant sur leur passage, qui maugréèrent contre la mauvaise conduite des adolescents de cette époque.
—Romilda... répéta-t-il à plusieurs reprises.
—On va la rejoindre, disait Hermione à chaque fois. Je suis certaine qu'elle t'attend dans les cachots.
Sa réponse semblait ravir le garçon car il lui offrit un sourire qu'elle n'avait pas encore jamais vu chez lui. Dommage qu'il soit dû à un philtre d'amour.
Le professeur Slughorn parut sincèrement surpris de les voir frapper à sa porte à heure aussi tardive mais un regard en direction de Ron le convint de leur venir en aide et il leur conseilla d'asseoir le rouquin sur le canapé tandis qu'il allait concocter quelque chose pour lui faire retrouver un état normal.
Hermione ne parvint pas à détacher son regard de son meilleur ami, immensément inquiète des répercussions du philtre d'amour. Il ne cessait de marmonner en appelant Romilda et il fallut même le ligoter au canapé pour être sûr qu'il ne s'échappe pas pour rejoindre la fille qui l'avait mis dans un tel état.
—Voilà ! s'écria Slughorn au bout de quelques minutes. Faîtes-lui boire ça.
Après avoir assuré à Ron que Romilda franchirait la porte dès qu'il aurait avalé le remède, le rouquin s'effondra comme un poids mort sur le canapé, duquel il se redressa soudainement, les yeux écarquillés d'horreur, l'air anéanti.
—On dirait qu'il va mieux, fit Hermione en touchant le front brûlant du garçon.
—Merci beaucoup, professeur, fit Harry.
—Mais ce n'est rien, mon garçon, ce n'est rien du tout, répondit Slughorn. Un petit remontant, voilà ce qu'il lui faut.
Il se hâte de récupérant une bouteille d'hydromel dans une vitrine, prétextant qu'elle était normalement destinée au professeur Dumbledore comme cadeau de Noël, mais que celui-ci ne verrait pas d'inconvénient à ce qu'ils y goûtent pour soutenir un pauvre garçon au bord des nerfs.
—Non merci, professeur, refusa Hermione lorsque le professeur des potions lui tendit une coupe.
—Tant pis, Miss Granger, fit-il. A la vôtre, jeunes hommes !
Ils trinquèrent et Ron fut le premier à porter son verre à ses lèvres. Il avala une longue gorgée du liquide ambrée avant que le petit récipient ne se brise net sur le sol. En une seconde à peine, le garçon s'effondra, le corps agité de convulsions.
—Ron ! hurla Hermione en se laissant tomber à ses côtés. Ron !
—Professeur, faites quelque chose ! s'exclama Harry, également venu se poster aux côtés de son meilleur ami.
De l'écume coulait des lèvres du garçon et ses yeux exorbités fixaient sans le voir le plafond au-dessus d'eux.
—Quoi... mais... fit Slughorn, complètement paralysé.
—Hermione... souffla Harry en dernier recourt.
—Oui... il faut... il faut... balbutia-t-elle en reniflant bruyamment. Du bézoard... Harry... du...
Mais le Survivant ne lui laissa pas le temps d'ajouter quoi que ce soit et se rua sur le nécessaire à potions resté ouvert, fouillant parmi les flacons et les petits sacs pour trouver une petite pierre noire racornie en forme de rognon qu'il avait déjà vu dans son manuel de potions. Et sans ménagement, il l'enfonça dans la gorge de Ron, qui dans un ultime soubresaut, ouvrit les yeux quelques secondes, le temps de souffler un " Merci " à ses amis avant de s'évanouir.
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