[BONUS n°5] Toi et moi.
Musique qui va avec l'OS : Heart - Sleeping at Last.
Ils sont tous autour de lui.
Il n'a pas besoin d'ouvrir les yeux pour sentir leur présence.
Il n'a pas besoin d'ouvrir les yeux pour voir Sarah qui lui tient la main, sa peau rugueuse réchauffant la sienne.
Il n'a pas besoin d'ouvrir les yeux pour imaginer ses deux fils, Eden et Liam, ainsi que leurs épouses et sa ribambelle de petits-enfants.
Ron et Ginny sont là aussi, leurs cheveux blancs ayant peu à peu pris le pas sur la tignasse de feu des Weasley.
Une seconde, il regrette que George ne soit pas là pour vivre ses derniers instants, mais il sait qu'il le retrouvera bientôt.
Dans un monde meilleur.
Dans un monde qui n'est que lumière, amour et bonheur.
Ils retrouveront Charlie, Percy et leurs parents.
De là où il sera, il pourra veiller sur sa famille. Sur la famille grâce à qui il a découvert un bonheur indescriptible. Grâce à qui il est devenu un mari, un père et un grand-père. Une seconde, il regrette de ne pas être présent pour la naissance de son quatrième arrière petit-fils, mais il sait qu'on lui parlera de lui. De papi Fred. De ce papi farceur qui a toujours voulu laisser une trace de son passage sur cette terre.
― Tout va bien, mon amour... souffle Sarah. Tu peux y aller... tu peux...
Sa voix se brise net, à cause des sanglots qui obstruent sa gorge. Il sent son cœur se serrer et aimerait être capable de lui dire que tout ira bien, que leurs fils seront là pour la soutenir quand ça n'ira pas, qu'il l'aime plus que tout, mais la fatigue prend le dessus sur son être tout entier.
Il perçoit des sanglots.
Il sent quelque chose de léger chatouiller la peau de son cou, avant de percevoir le faible chuchotement de la voix de sa petite-sœur au creux de son oreille.
― Tu peux y aller, mon frère. Va rejoindre nos parents. Embrasse-les de ma part et dis leur que je les aime de tout mon cœur. Je t'aime, aussi, Freddie. On se retrouvera bientôt... Et embrasse Harry de ma part.
Il sent une douleur lui étreindre la poitrine. Il voudrait avoir la force de se battre contre elle, pour grapiller encore quelques minutes auprès de sa famille, mais il sait que ce combat est perdu d'avance. Le temps gagne toujours, il est bien meilleur combattant que lui.
Alors, une ultime fois, il trouve la force d'ouvrir des yeux, et une image floue de sa famille s'imprime au creux de sa mémoire.
Dans une dernière respiration, il rejoint les méandres d'un univers bien plus vaste que lui...
Tout est blanc autour de lui.
Il ne distingue rien, hormis cette blancheur apaisante qui l'enveloppe et il ne peut s'empêcher de se demander si c'est ça le paradis. Celui décrit dans les livres pour enfant qu'il lisait souvent à ses fils, lorsqu'ils étaient petits.
Il fait un pas après l'autre, sans vraiment savoir où il va, ni même ce qu'il doit faire. La douleur a disparu et, étrangement, il a la sensation d'avoir retrouver son corps de jeune homme, celui qui ne s'est pas courbé sous le poids des années, mais avec lequel il pourrait faire une partie de Quidditch avec ses petits-enfants, au lieu de rester sur le banc de touche.
― Te voilà enfin.
Il se retourne, et là, où, une seconde auparavant, il n'y avait qu'un mur blanc, se trouve désormais la seule personne pour qui il aurait été capable de sacrifier sa vie.
La deuxième partie de son cœur.
La deuxième partie de son âme.
La deuxième partie de sa vie.
― Salut, Freddie, sourit George.
Il est aussi jeune que dans ses souvenirs.
Il est éblouissant.
Magnifique.
Ses habits blancs font ressortir la pureté de son visage, l'éclat qui brille dans ses prunelles azurs. Les tâches de rousseur qui ont tonjours constellé son visage sont là, elles aussi.
Il sent son cœur faire un bond dans sa poitrine et il franchit la limite qui les sépare pour le prendre dans ses bras.
Cela fait cinq ans qu'il n'a pas vu George. Cela fait cinq ans qu'il vit sans son jumeau. Cela fait cinq qu'il n'a pas ressenti ce sentiment d'être enfin lui-même.
― Tu m'as tellement manqué...
Sa gorge est nouée par l'émotion, mais les mots franchissent tout de même la barrière de ses lèvres, avec une telle sincérité, une telle saveur, qu'une unique larme coule le long de la joue de son frère.
― Toi aussi, Freddie. Tu n'imagines pas à quel point.
Ils s'éloignent l'un de l'autre, et alors seulement à cet instant, il remarque que le blanc environant a laissé place à une cuisine sans dessus-dessous qu'il connait bien, pour y avoir passer une majeure partie de son enfance, caché sous la table, à mettre au point de nouvelles farces avec son jumeau.
Et en levant les yeux, ils sont là.
Ils sont tous là.
Son père.
Sa mère.
Charlie.
Percy.
Harry.
De vieux amis de Poudlard.
Ils lui sourient tous, mais seules deux personnes comptent pour le moment.
Il se détache de son frère et s'élance dans les bras ouverts de sa mère, qui l'accueille d'un sourire qui lui a manqué plus qu'il n'aurait jamais osé le dire. Des larmes lui échappent lorsqu'il sent son père les enlacer tous les deux.
― Oh, mon bébé, renifle Molly. Mon tout petit...
― Maman. Papa.
Il n'a pas prononcé ces mots depuis près de vingt-cinq ans, mais il lui semble qu'une minute à peine s'est écoulée depuis le départ de ses parents. D'abord Molly, puis Arthur, quelques mois plus tard, laissant les enfants Weasley dans le désarroi le plus profond.
― Mon fils, chuchote Arthur.
Il sent la douleur de son cœur s'apaiser.
Il a enfin retrouvé sa place auprès de ceux qu'il a aimé plus que sa propre vie. Auprès de ceux qui ont contribués à faire de lui l'homme qu'il est devenu. Auprès de ceux sur lesquels il s'est appuyer pour élever ses enfants avec le même amour que lui a connu.
― Fred.
Il se tourne et croise le regard malicieux de son jumeau.
Il voudrait lui demander ce qu'il se passe, lorsqu'il l'aperçoit enfin.
Elle s'est tenue discrète jusqu'à présent, lui laissant le temps de profiter de sa famille.
Il a le sentiment que la cuisine est soudain vidée de tout l'air qu'elle contient, lorsqu'elle fait un pas vers lui.
La seule chose qu'il remarque, figé par cette soudaine apparition, c'est son sourire.
Son putain de sourire.
Il n'arrive pas à bouger, alors c'est elle qui vient.
Timidement.
Un pas après l'autre.
Elle est enocre plus somptueuse que dans ses souvenirs. Elle rayonne, elle étincelle, elle...
Putain, elle est sublime.
Elle s'arrête à moins d'un mètre et son sourire se mue en un rire qui le replonge près de soixante-dix ans en arrière.
Dans un couloir de Poudlard.
Dans une pièce secrète de la Salle sur Demande.
Sur la plus haute tour du château.
Dans une chambre au bord de la mer, où, pour la première fois de leur existence, ils ont découverts ce que cela voulait dire d'être amoureux.
Il ose à peine respirer, ne parvenant pas à y croire.
Et pourtant.
Hermione se tient devant lui, aussi magnifique qu'autrefois.
Ses prunelles marrons brillent d'amour.
Son sourire l'éblouit.
Hermione est là.
Après toutes ces années, la mort les a réunis.
― Fred.
Il n'a pas vu ses lèvres bouger, mais le son de sa voix se répercute contre les murs de la cuisine, brusquement vide de toute autre personne.
Il n'y a plus qu'eux.
Elle et lui.
Lui et elle.
Comme il en a toujours rêvé.
― Mon amour.
Délicatement, elle lève le bras et glisse une main chaude contre sa joue.
Il ferme les yeux pour savourer le contact de sa peau contre la sienne, retrouvant des sensations qu'il a enfouies au plus profond de sa mémoire après la mort d'Hermione, car c'était pour lui beaucoup trop douloureux d'y repenser.
Il retrouve sa chaleur.
Son parfum de vanille.
Le sentiment d'être enfin à sa place.
― Hermione, lâche-t-il.
Il ouvre les yeux et plonge son regard dans le sien.
Il voit défiler les souvenirs de leur amour, de ces deux années de bonheur qu'ils ont passé l'un auprès de l'autre. Il revit chaque instant avec une précision qui ferait défaillir n'importe quel être vivant. Il se souvient de tout, dans les moindres détails, comme si une vie entière ne s'était pas écoulée depuis.
La force de leur amour le percute de plein fouet, et comme n'y tenant plus, il se penche vers elle et effleure légèrement ses lèvres, arrachant un rire à Hermione qui comble la distance qui les sépare.
Soixante-cinq années séparent le dernier baiser qu'il lui a donné et celui-là, mais les sensations n'ont pas changé. Il sent son cœur se mettre à battre la chamade, et il glisse ses bras le long de la taille frêle de la jeune femme, pour la rapprocher plus encore de lui. Il sent Hermione sourire contre ses lèvres.
Une vague de bonheur déferle en lui, avec la force d'un torrent.
Dans les bras de son premier amour, il entrevoit ce que sa vie aurait pu être si Hermione n'était pas morte si jeune. Il voit leurs enfants, leur maison dans la campagne, il voit les sourires de ses frères et sœur. Il voit les années défiler, toujours avec la même saveur. Il voit une vie, leur vie.
À bout de souffle, il s'éloigne légèrement et ne résiste pas à l'envie de coller son front contre le sien. Contre ses doigts, il sent les battements irréguliers de son cœur à elle.
― Merci, dit-elle.
― Pourquoi ? s'étonne-t-il.
― Pour avoir tenu ta promesse. Pour avoir continuer de vivre sans moi.
― Tu n'images pas à quel point c'était difficile...
― Je sais, mon amour, je sais... dit-elle avec un sourire rassurant. Mais j'ai aussi assisté à tous tes moments de bonheur.
― Sarah...
― Elle est magnifique. Elle était parfaite pour toi et je suis heureuse qu'elle ait été là pour te soutenir quand ça n'allait pas. Je ne pourrai jamais assez la remercier pour tout ce qu'elle a fait pour toi. Je suis si fière du père que tu es devenu.
― J'aurai voulu vivre ça avec toi...
― Moi aussi, Fred. Mais la vie en a décidé autrement. Nous n'étions pas destinés à vivre ensemble aussi longtemps, mais tous ces moments que j'ai passés avec toi ont été les plus merveilleux de toute ma vie.
― Je t'aime, Hermione. Je t'ai toujours aimé.
― Je t'aime aussi, mon amour. Plus intensément que brille les étoiles.
― J'ai tellement de choses à te dire... reprit-il. Tellement... Et Sarah...
― J'ai hâte de faire sa connaissance, sourit Hermione. De découvrir la femme merveilleuse qui t'a rendu si heureux toutes ces années. Et j'ai hâte que tu me parles de tes enfants.
Fred sourit à son tour, et, main dans la main, ils franchissent le cercle de lumière qui les conduit vers le reste de leur famille.
Sarah le rejoindra bientôt, dans ce paradis où il a enfin retrouver la sensation d'un bonheur qu'il n'a connu qu'avec deux femmes dans sa vie.
Les deux plus merveilleuses que la terre ait jamais portée.
Chacune à leur façon, elles ont contribué à le faire devenir un homme.
Un père.
Un grand-père.
Elles l'ont fait rêver, sourire, aimer la vie, s'amuser, profiter.
Chacune à leur manière, elles l'ont aimé.
Chacune à leur manière, elles ont joué un rôle décisif dans sa vie.
Chacune a pris une moitié de son cœur.
Un cœur qu'Hermione a brisé en mourant mais que Sarah a patiemment recollé, morceaux après morceaux.
Il a toujours pensé que son seul bonheur était d'être auprès de son jumeau.
Mais en cet instant, il réalise combien il s'est fourvoyé.
Et oui, encore un !
Je n'ai pas pu résister à la tentation de replonger dans l'univers de LLELR... Je vous l'ai déjà dit, ils me manquent beaucoup ! Je regrette presque de ne pas avoir mis plus de temps pour écrire leur histoire, mais bon...
J'espère que cet OS vous aura plu, j'ai pris tellement de plaisir à l'écrire ! J'avais besoin d'un peu de douceur dans ce monde de fou...
J'espère que vous allez tous bien ! (:
Sinon, j'ai commencé une nouvelle histoire... une Fremione ! Eh oui ! Incorrigible, je suis ! Mais on ne me refera pas ! Elle s'intitule " Mille éclats de nous " et promis, une happy end est prévue ! Elle ne sera pas à la hauteur de LLELR, mais je prends beaucoup de plaisir à l'écrire !
A bientôt, et encore merci pour tout, vous êtes les meilleur(e)s. ♥
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