Un bon mot
« Privée de lit deux place bien moelleux, donc.
– Et tu seras privée de ma présence chaleureuse. »
Je lui relance un regard de défi. Qu'elle esquive avec grâce :
« Maintenant que tu le dis, c'est vrai que dormir avec toi me fera économiser en frais de chauffage. Bon. Je t'accepte à nouveau dans mon lit. Mais au moindre début de ronflement ou de piquage de couverture, tu dégages ! »
Ça fait une manche de gagnée quand même, pfiou !
Mais à peine les portes de l'ascenseur se ferment-elles qu'elle s'accroche à mon visage et m'embrasse avec fougue. Plaquée contre la paroi, je me laisse faire. Je vois dans un miroir une infinité de nous deux s'embrassant avant de fermer les yeux et me dissous lentement sous ses mordillements et coups de langue. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et elle m'entraîne par la main.
« Tu étais fâchée tout à l'heure ? questionne-t-elle d'un coup devant sa porte.
– Non.
– Tant mieux »
Elle m'embrasse un instant puis insère la clef dans la serrure. D'un geste, elle se débarrasse de son manteau avant de s'asseoir sur une chaise de la cuisine pour enlever ses chaussures, je l'imite.
Sa cuisine est assez petite, mais bien rangée – la vaisselle de midi traîne, mais c'est tout. Pendant que je galère avec mes lacets, je l'entends ouvrir le robinet, puis poser un objet avant qu'un petit « clic » n'attire mon attention, suivi d'un léger chuintement. La bouilloire. Je me retourne aussi sec.
« Earl grey, ça te va ? demande-t-elle le nez dans un placard avant que je n'aie le temps d'exprimer mon ire.
– T'es sérieuse ? m'enquiers-je après un temps. »
Le « clic » de la bouilloire me répond alors que ses yeux rient.
« T'as raison, t'es bien assez chaude. »
Puis elle croise les bras et regarde ostensiblement mes chaussures. En toute hâte, je finis de me battre avec mes lacets et sors, triomphante, mes petons de leur écrin.
« C'est pas trop tôt.
– Pour une fois que tu dois attendre avant d'obtenir ce que tu veux. »
Elle lève les yeux au ciel avant de me sourire avec sympathie.
« Touché. Je t'ai assez faite attendre, je crois. »
Je hoche la tête avec empressement.
« J'espère juste que tu n'as pas les mains froides. »
Je souffle dessus avant de lever le pouce.
Elle secoue la tête, dubitative.
« Tu comptes continuer ton pantomime dans mon entrée ou plutôt dans ma chambre ? »
Je joue la réflexion pour la faire patienter encore un peu, et puis cède au brasier en moi.
« Dans ta chambre.
– Parfait. Juste, encore une fois, tu peux dire non à tout moment, à n'importe quoi.
– De tous petits vêtements. »
Elle se fige, la main sur la poignée de sa porte. Se tourne vers moi.
« Non mais c'est noté, vaut mieux t'embrasser que te laisser parler.
– Je n'attends que ça, mon plan machiavélique a fonctionné ! Attends, l'interrompè-je en levant un doigt alors qu'elle s'apprête à m'embrasser. Mon safe word, au cas où, c'est lemoi.
– Lemoi ?
– « Si tu veux que j'arrête, dis-le-moi ». Comme ça c'est facile de s'en souve – mumpf ! »
Ses lèvres coupent ma phrase. Ses lèvres rieuses contre mes lèvres assoiffées d'elle.
En ouvrant la porte, dans le court instant où nos bouches se séparent pour qu'on entre, elle me glisse « le mien c'est « pizza à l'ananas ». » Mon rire est stoppé net par sa bouche. La porte se ferme et dans la pénombre notre corps commence enfin à vivre, à prendre le dessus et à danser comme une ombre devant un feu.
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