On a toujours besoin d'un•e plus petit•e que soi
Entre deux chansons, je sens qu'on toque à mon épaule. C'est encore elle, qui s'enquiert de mon état.
« R.A.S., j'ai pu bien profiter du solo. Et puis tu sais, pour avoir pratiqué quelques mosh pits, le pire, c'est pas les coups mais la bière dans l'œil. Ça, ça tue. Une fois, j'ai même cru que j'étais devenue aveugle !
– Oh ouais, ça m'est arrivé aussi et j'ai loupé la chanteuse de Leaping Mind qui surfait sur la foule avec un foutu skate tellement je chialais !
– Oh ma pauvre !
– Non mais c'est pas le pire.
– Ah ouais ?
– Yup. Le pire, c'est d'être coincée derrière une géante au concert de son groupe préféré et de plus admirer son joli cul que les musiciennes. »
Le temps se fige alors que je digère ce qu'elle vient d'oser dire.
« Tu sais que je suis arrivée cinq heures en avance pour avoir cette place ?
– Oui, mais d'une je suis mignonne, et de deux ça changera rien pour toi. »
Et elle a raison, la bougresse. Je reculerai pas trop et elle me gênera pas – voire elle me protégera des pogoteureuses. Et puis, c'est vrai qu'elle est mignonne : cheveux noirs avec une mèche décolorée, un visage un peu rond dévoré par un sourire adorable (dont elle joue de ouf), anneau à la narine gauche, bras tatoués façon prothèse biomécanique, un débardeur du groupe où pendent mille pendentifs et une jupe en dentelle avec les collants en résille qui vont bien.
Elle pose ses poings sous son menton et incline la tête, prend un air suppliant et je sens que je craque.
« Steuplé ? »
Je détourne les yeux d'un air excédé et lui indique de la tête qu'elle peut passer.
« Merciii ! »
Elle se précipite dans la brèche, trop contente de sa chance. Le gars derrière elle en profite pour me tirer son plus grand sourire de banane et me demander par signes s'il peut passer : je lâche un « faut pas déconner non plus » avant de me remettre face à la scène. Je commence à regretter mon geste quand la meuf se retourne et me balance d'une voix très sincère « vraiment, merci, t'es une reine. » Et puis le groupe recommence à jouer avec toute sa rage et je m'enjaille.
– Jusqu'à l'incident.
Un mouvement un peu violent des agité•es (= vague humaine) la repousse contre moi, et elle s'écroule dans mes bras. Son sourire vivant à l'extrême qui me monte à la tête et je sue de l'aine alors la musique s'estompe quand elle semble se lover contre moi et puis elle s'écarte brusquement en poussant un mec (qui vient se cogner à un autre dans une version plus hardcore des dominos). L'instant est passé, et je crois avoir rêvé les clochettes dans mon ventre.
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