12. Un restaurant qui brise des règles

Ils entrèrent à l'intérieur, le restaurant était typiquement coréen, il était très coloré, des lanternes et des petits hanboks, étaient suspendus aux murs. Des tables de deux à quatre personnes trônaient dans ce restaurant, il pouvait accueillir pas plus d'une quinzaine de personnes, c'était un endroit simple, parfait pour continuer cette soirée.

Ils inspectèrent la carte pour choisir le plus succulant des repas, ils mirent une quinzaine de minutes à choisir, relevant de nombreux débats sur leurs goûts culinaires.

— Un japchae s'il-vous-plaît, commanda Hana.

— Un maekjeok pour moi.

Quelques minutes plus tard et ils reparlaient du film.

— Ce serait génial d'avoir ses pouvoirs. Je pourrais être tout petit pour me faufiler partout et être énorme pour tout détruire !

— Ouais bah vous ne détruisez pas notre maison, s'il-vous-plaît, ironisa Hana.

— Notre maison ? releva-t-il.

— Pardon, ma maison.

Il rigola.

— Vous imaginez ? Je dors, et là, je deviens énorme ! Tous les murs de la maison tombent.

— Détruire tout ce que nous avons fait... Rah, quelle idée.

— Ce ne serait pas de ma faute.

— Je ne vous aurais pas embauché sinon.

— Ça ne vous intéresse pas un homme avec des pouvoirs ? dit-il en montrant ses bras.

— Sûrement pas, ce serait bien trop compliqué, en commençant par la destruction de la maison !

— Notre maison restera toujours debout, blagua-t-il.

— MA maison, corrigea Hana.

— C'est vous qui l'aviez dit.

Les plats arrivèrent à table.

— Ça va être délicieux, saliva JaeHyun.

— Bon appétit, souhaita Hana.

La première bouchée fut un éclat de saveur sur la langue de Hana. Elle avait cuisiné des repas simples ces dernières semaines par manque de temps, déguster ce plat aux multiples épices : les papilles gustatives de Hana en redemandaient.

— Vous avez choisi un très bon restaurant.

— Qu'est-ce que vous feriez sans moi, plaisanta-t-il.

— Je galèrerais chaque jour, répondit-elle sur le même ton.

— Ne vous inquiétez pas, je pourrais vous parier que nous finirons cette maison à temps.

— Oui, j'ai confiance en vous.

— Et si nous continuons à travailler ensemble ? Vous serez toujours manager, votre père sera content et vous pourrez continuer à travailler sur des travaux.

— Oh ne me dites pas ça, j'en peux plus des travaux.

— Et vous voulez continuer jusqu'à la fin des deux mois ?

— Bien évidemment ! J'ai mon objectif puis vous me motivez d'une certaine façon, je ne sais pas comment vous faites pour être toujours autant actif.

JaeHyun se mit à rire.

— C'est surtout parce que je n'ai pas le choix.

— Sachez en tout cas que c'est agréable de travailler avec vous.

— Merci.

— Et ne pensez pas que je ne voudrais plus travailler avec vous plus tard. Ce serait avec plaisir, mais gérer un seul homme, ce ne serait pas...

— Hana, coupa JaeHyun, c'était une blague. Bien-sûr que nous n'allons pas travailler ensemble plus tard. Vous avez une super opportunité.

— Je ne suis pas si terrible que ça en tant que manager ? grimaça Hana.

— Je donnerai tout pour n'avoir que des Hana.

— Vous vous moquez.

— Mais pas du tout !

Hana fit la moue, le sourire de JaeHyun était juste énorme, il se fichait d'elle.

— Vous avez un autre rêve, à part cette maison ?

Il était devenu sérieux. Hana se mit à réfléchir, elle avait eu de nombreuses envies ces derniers temps... Celle qui restait constante depuis trois ans maintenant c'était bien le souhait de voyager.

— J'aimerais partir en Laponie.

— En Laponie ?!

— J'aimerais voir les chiens de traîneau, les rennes, la neige à perte de vue, les aurores boréales.

— Vous êtes différente. Les gens veulent se prélasser sur la plage d'habitude.

— Je cherche à changer totalement de décor, je pense qu'on ne peut pas faire mieux que la Laponie.

— Vous voulez que je vous ramène un chien de traîneau et un renne du père Noël ? Ça vous donnerait un avant-goût.

— J'attends de voir le renne du père Noël.

— Ou des poules ? Ça vous dirait un petit poulailler ? Moins galère à trouver.

— Les pauvres, elles ne tiendraient pas le choc si je viens tous les deux mois.

— On fait garde partagé ? proposa-t-il. Je viendrais m'en occuper. Comme c'est notre maison.

— Ok vous me rachetez la moitié.

— Ah c'est bien, on avance, bientôt j'aurai une partie de la maison dans ma poche, plaisanta-t-il. Mais ce n'est pas à vous que je dois la moitié, c'est à votre père.

— Bon courage avec lui.

— Je lui sortirai mon plus beau sourire, mes arguments et j'aurai la maison avec vous !

— L'espoir fait vivre se moqua Hana. Et vous ? Vous avez un rêve ?

— Moi, j'aimerais vivre assez longtemps pour voir les grandes avancées technologiques.

— L'avancée technologique ?

Absolument rien à voir avec Hana.

— Oui les voitures volantes, les robots autonomes, et surtout des vrais jeux de réalité virtuelle.

— Waouh, c'est vraiment marrant, s'extasia Hana.

— Vous trouvez ?

— Je n'aurais jamais parié sur ça.

Comme quoi, elle en découvrait encore sur cet homme. Et elle était loin d'être au bout de ses surprises.

Les assiettes furent débarrassées.

— Hana, je peux vous demander quelque chose ?

— Ce que vous voulez.

— Je ne sais pas si vous accepteriez.

— Que voulez-vous ?

— Que l'on se tutoie.

Hana s'attendait à tout, sauf à ça. Cela faisait des semaines qu'ils se vouvoyaient et ça n'avait jamais été dérangeant, Hana avait toujours été habituée.

Elle était hésitante. Pourquoi voulait-il la tutoyer ? Quel était l'intérêt ? Était-ce correct pour une relation entre un employé et un employeur ?

— Vous pouvez me dire non. Mais je me disais qu'après un ciné et un resto, ça pourrait être un peu différent. Je commence à vous considérer comme une amie.

Le cœur de Hana loupa un battement. Était-ce du stress car elle avait elle-même cassée cette relation employeur-employé qu'elle avait pour but de garder tout au long de ces deux mois ? Ou était-ce de la joie de savoir qu'elle était son amie... Elle commençait à vraiment l'apprécier et devenir plus qu'une responsable à ses yeux la réjouissait au fond d'elle. Mais arrivait-elle à le tutoyer après tout ce temps ? Elle avait déjà eu du mal à l'appeler par son prénom.

Mais, en même temps, elle trouvait ça tellement plus agréable de l'appeler "JaeHyun" que "Monsieur Byun". Le tutoyer lui ferait le même effet, ce ne serait pas plus mal.

Elle avait l'impression que son père la regardait au-dessus de son l'épaule, qu'il voyait Hana sortir des rangs, qu'elle lui mentait. Mais le doux regard de JaeHyun était plus fort que la pensée de son père.

— Vous pouvez.

— Vous allez me tutoyer aussi ? s'assura-t-il.

— Je vais essayer.

Hana n'osa pas le regarder dans les yeux, elle vit uniquement ce sourire se dessiner sur son visage. Elle n'avait jamais remarqué à quel point ses canines étaient pointues et ses dents si droites... Son sourire était craquant.

Elle sortit de ses pensées et vit qu'il s'était levé pour aller payer.

Hana se fit violence pour vite se remettre de ses émotions. Elle ne voulait pas lui montrer qu'il venait de lui faire perdre ses moyens.

— Merci beaucoup pour cette soirée, dit JaeHyun en sortant du restaurant.

— J'ai juste choisi le cinéma, c'est vous... toi qui as proposé le restaurant.

Hana se força à le tutoyer, et cela lui faisait vraiment plaisir.

— Mais tu as accepté.

— C'était avec plaisir.

Ils repartirent en silence dans la voiture. JaeHyun avait mis la musique en fond, sa conduite était douce, le ciel était dégagé, les étoiles brillaient de mille feux. Hana regardait à travers la vitre, des frissons parcouraient son corps. Elle sentait sa présence près de lui, son agréable parfum enivrait l'habitacle de la voiture, sa voix était suave quand il chantait quelques morceaux d'une chanson qui passait à la radio. Hana avait l'impression de devenir tout simplement folle, elle n'avait plus l'impression d'être maître de son esprit, et pourtant, il n'était pas question d'alcool. Ils n'avaient pas bu. C'était ce moment, cette soirée, sa présence, tout semblait si parfait et en même temps, éphémère. Demain serait un autre jour, tout aura disparu, cette sensation de ne plus posséder des idées claires, de n'écouter que ses propres désirs.


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