Chapitre IV - Un mystère sans clef.
Je n'avais pas eu le temps de me questionner davantage sur ce qu'il venait de se passer. Des pas se faisaient entendre dans le couloir. Je relevais la tête d'un coup sec en direction du bruit. J'étais en panique. Certes, je n'y étais pour rien de ce qu'il venait de se passer mais tous sont morts sauf moi. S'il l'on me voyait seul, vivant, au beau milieu de ces cadavres, nul doute que l'on se poserait des questions à mon propos.
Les pas se rapprochaient de plus en plus à présent. J'avais l'impression de n'entendre qu'eux. Ils claquaient sur le sol tels le fracas d'un marteau sur un clou. Une goutte de sueur perlait sur mon front et se mit en accord avec le centre de gravité lorsque je me décidais à relever mon buste.
- Que faire ? Pensais-je tout en oscillant mon regard tantôt vers la porte, tantôt vers mes affaires, se trouvant sur ma table. Dois-je fuir ou bien me laisser prendre ? Me questionnais-je en ressentant pour la première fois, une peur que jamais je n'avais ressentie auparavant de toute ma vie.
On frappait à présent à la porte et dans la seconde qui suivit, la poignée de cette dernière se mit à bouger. Une décharge électrique traversa ma colonne vertébrale, ce qui me pétrifia en un instant. Je suais davantage et mes membres commencèrent à trembler. Je ne comprenais pas la raison pour laquelle j'avais autant peur alors que je n'étais responsable de rien.
La porte s'ouvrit et à ce moment-là, c'était comme si le temps s'était arrêté autour de moi. Je n'entendais plus rien et tout était au ralenti. Les rayons du Soleil provenant du couloir, pénétrèrent dans la salle de classe. J'avais l'impression d'être l'un de ces patients voyant la Mort arriver à leur chevet. Cette lumière qu'ils attendent tous... Mais ce ne fut qu'un vieil homme dont le corps était long et mince tel un spaghetti qui se présenta devant moi. Il m'avait l'air d'être une personne d'une grande importance au vu de son apparence soignée. Il était habillé d'un costume avec sa cravate et avait prit soin de bien peigner les seuls cheveux gris qui recouvraient une infime partie de son crâne.
Nous étions là, l'un en face de l'autre, lui, debout, moi à genoux, à nous contempler tels un juge face à un accusé. Dans mon état actuel, ce moment m'avait paru une éternité alors que cela n'avait duré que quelques secondes, le temps que le fil à coudre prit conscience de la situation.
- Madame... Mais... Non d'une pipe en bois ! Que vient-il de se passer ? Se questionnait-il en criant de panique lorsqu'il vit Madame Liar ainsi, allongée sur le sol, le corps inanimé.
Je restais là, immobile tel un accusé attendant sa sentence. Ses yeux s'écarquillèrent de plus belle lorsqu'il vit tous les élèves dans la même position que l'enseignante.
- Mon Dieu ! Criait-il de nouveau en s'approchant des victimes. Mais que s'est-il passait ? Me questionnait-il.
- Je n'en sais rien. Ils sont tous tombés en même temps sur le sol sans aucune raison. Lui répondais-je sincèrement.
- Bien. Disait-il d'une voix rassurante et calme comme un docteur près à émettre son diagnostic. Allez donc prévenir le Directeur de la faculté ainsi que les personnes de l'Intendance et dites à la secrétaire que le Principal Adjoint du Directeur lui demande de contacter la police et les secours, ma foi... Me commandait-il calmement.
Je le fis sans broncher.
*
Je répétais ma version de l'histoire à l'enquêteur qui m'interrogeait. La pièce dans laquelle nous nous trouvions était petite et rectangulaire. Les murs étaient en béton sans aucune peinture pour les recouvrir. Il faisait froid. D'ailleurs, le contact de la table en ferraille sur mes avant-bras dénudés n'aidait pas à changer la température de mon métabolisme. Les seuls meubles qui complétaient cette pièce, n'étaient que cette table et trois vulgaires chaises : une sur laquelle j'étais assis et deux autres du côté de l'Inspecteur. Ce dernier était complètement fidèle au stéréotype des flics américains. Il avait l'apparence d'un gros poulet sur pattes. Il était tellement gros que les boutons de sa chemise n'attendaient plus qu'une inspiration de sa part pour chanter « I believe I can fly ». Quoiqu'il en soit, il me fixait avec des yeux d'homme qui ne comprenait pas. Non pas qu'il ne comprenait pas ce que je disais mais le pourquoi du comment de mon histoire.
Un policier d'apparence plus jeune et plus maigre que lui, entra dans la pièce et se dirigea vers le Bibendum en lui murmurant quelque chose à l'oreille. Ce qui le sortit de son état de statue.
- Vous en êtes sûr ? Questionnait l'Inspecteur, interloqué par cette nouvelle que venait de lui transmettre le jeunot en se tournant vers lui.
- On ne peut encore tout à fait l'affirmer mais c'est ce qui ressort des analyses, Monsieur l'Inspecteur. Annonçait l'apprenti en acquiesçant d'un mouvement de tête.
- Dites-moi, Hadan, vous m'avez dit que c'était votre première rentrée à la Faculté et que les élèves revenaient de leur pause du midi. Où aviez-vous déjeuné ? Me demandait l'Inspecteur en se tournant vers moi tel un chasseur posant un piège à sa victime et qui n'attendait plus qu'elle ne tombe dedans.
- Et bien... Je vis en colocation avec une amie et j'ai mangé chez elle avant de venir. Répondais-je en ayant l'impression de me balader dans un champ de mines et qu'au moindre faux pas, tout allait m'exploser à la gueule.
- Je vois... Lâchait-il dans un souffle en se redressant sur sa chaise. Il se tourna vers le policier et il y eut un jeu de regards entre les deux hommes, pensant que je n'arriverai pas à le déchiffrer mais je comprenais vite que ma réponse m'écartait de la liste des suspects. Bien ! J'en ai fini avec vous, Hadan. Reprenait-il d'un air sérieux comme si la menace qu'il percevait depuis le début de l'interrogatoire avait disparu de la pièce. Je vous remets ma carte au cas où quelque chose vous reviendrait. Sa phrase me semblait provenir d'un ennemi qui me proposait une trêve. Il n'eut comme réponse que le geste de ma main qui saisit sa carte en guise d'acceptation. Néanmoins, je vous demanderai de ne pas quitter la ville. Vous ne projetez pas de partir en voyage dans tous les cas ? Terminait-il son interrogatoire par une question officielle que l'on pouvait entendre dans n'importe quel film d'enquête.
- Heu... Non. Répondais-je en levant les yeux au plafond qui traduisait une réflexion de ma part.
- Très bien. Dans ce cas, vous êtes libres de quitter la pièce et de retourner à vos occupations. M'autorisait-il.
*
- Et ils pensent que c'est toi ? Me demandait Anna, inquiète.
- Au début oui. J'étais un suspect pour eux étant donné que j'étais le seul en vie dans la classe. Puis, un flic est arrivé et lui a dit quelque chose. Essayais-je de clarifier afin que ce soit compréhensible pour elle.
- Et alors ? Qu'est-ce qu'il a dit ? Continuait-elle de me questionner avec beaucoup d'intérêt.
- Je ne sais pas. Je n'ai pas entendu ce qu'il lui a dit mais après ça, l'Inspecteur m'a demandé où j'avais mangé et quand j'ai dit chez toi, il m'a autorisé à partir comme si je n'étais plus un suspect. Poursuivais-je.
- Oh... Lâchait-elle en écarquillant les yeux comme si elle avait compris ce qu'il s'était passé à l'inverse de moi. Certainement qu'ils ont conclu à une intoxication alimentaire, non ? Hésitait-elle.
- Ah... Peut-être. Commençais-je à me faire à cette idée. Mais... Tu crois qu'ils ont tous mangé à la cantine ? Doutais-je.
- Bah... Disons que ce n'est pas nouveau : la nourriture à la cantine, ce n'est pas digne d'un restaurant 3 étoiles non plus. Puis, je ne suis pas certaine que ce soit meilleur que la pâté pour chien alors ça se pourrait. Maintenant, c'est vrai que je n'ai jamais vu une classe entière manger à la cantine surtout en Fac., quoi. Commençait-elle à enquêter.
- Hm. Disais-je, les yeux fixés sur la moquette comme si je méditais sur l'information qu'elle venait de me transmettre.
- Bon. Dans tous les cas, tu n'es plus considéré comme un suspect. C'est déjà ça de gagné. Annonçait-elle en esquissant un grand sourire.
Je ne savais pas réellement si elle était heureuse pour moi ou bien si elle était soulagée de ne pas héberger un meurtrier chez elle. Quoiqu'il en soit, je n'avais rien à me reprocher alors j'optais facilement pour la première des pensées qui m'avaient traversé l'esprit.
- En revanche, il faudra éviter de manger à la cantine. Se rappelait-elle.
- Oui. De toute façon, le temps de l'enquête, la Faculté est fermée un certain temps alors on ne risque pas de mourir de si tôt. Annonçais-je dans le but de l'informer.
- Ne compte pas trop là-dessus, camarade. On empruntera certainement d'autres locaux de la ville pour poursuivre nos cours. Je sais bien que tu n'aimes pas les cours mais nous sommes au XXIème siècle et nous avons des solutions et des moyens qui plus est. Disait-elle tout en esquissant de nouveau un sourire sur son visage qui lui donnait l'apparence d'un pantin maléfique près à dévorer sa proie. Ce qui me glaça le sang.
- Cependant, tu oublies que je n'ai plus de classe. Lui faisais-je remarquer. C'est dommage, je commençais à bien m'entendre avec le footballeur. Ajoutais-je en boudant ironiquement. Ce qu'elle n'avait pas remarqué.
- Je suis navrée, Hadan. C'est vrai que cela a dû être dur pour toi de voir tous ces morts. Disait-elle comme si elle en était responsable. Mais, ne t'inquiète pas. Normalement, tu rejoindras une autre classe pour poursuivre ta formation. Ajoutait-elle.
- Et merde. Marmonnais-je.
- Pardon ? Me questionnait-elle.
- Non. Je disais « Et ouais. ». Mentais-je.
Puis, nous allions nous coucher.
[1657 mots].
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