Chapitre 31


Ce fut un soir de printemps que Tom se décida, finalement, à rejoindre les autres Héritiers. Les oiseaux chantaient dans le ciel qui s'assombrissait et le jeune étudiant avait laissé la fenêtre ouverte pour profiter des dernières lueurs avant le coucher du soleil. Tom désirait les rejoindre, oui, mais il ne souhaitait pas devenir leur ami. Il voulait simplement leur prouver la suprématie de l'héritier de Serpentard. Ils allaient assister à une démonstration de magie qu'ils n'oublieraient pas de sitôt.

Mais avant, il devait régler le problème « Aethra Hallow ».

Tom se leva, récupéra sa baguette et se mit à faire les cents pas dans son petit coin de bibliothèque tout en faisant glisser sou outil magique entre ses doigts effilés. Une seule question hantait son esprit : quel sort réservait-il à la descendante de Gryffondor ? Elle était, après lui, la sorcière la plus douée de l'école. Il serait idiot de le nier. Et Tom ne se considérait pas comme un idiot. Non.

Deux choix s'offraient à lui : éliminer Aethra si elle devenait plus gênante que prévue ou l'appâter vers la magie noire qu'il pratiquait. L'amener lentement mais sûrement dans ses filets, dans ses... crochets.

Tom sourit : il aimait cette image.

La Lionne dans les crochets du Serpent...

La Lionne, belle et indomptable, impuissante dans ses crochets.

Pour cela, il allait devoir user de toutes les ruses et les manipulations en sa possession. Pour cela, il allait devoir se rapprocher d'elle. Pour cela, il allait devoir entrer dans un jeu de séduction.

Et heureusement pour lui, la jeune femme était déjà sous son charme. Le sorcier estima qu'il avait déjà gagné : Aethra serait à lui.

Pour l'éternité.

Un bruit derrière lui le fit sursauter. Il tourna les talons et dressa sa baguette, prêt à se défendre.

Mais il n'y avait aucun danger.

Il ne s'agissait que de Xavier Martel, le Serpentard de Sixième Année à la langue un peu trop pendue à son goût.

— Que veux-tu, toi ? demanda Tom d'un ton sec.

Il abaissa sa baguette et la glissa dans sa robe de sorcier.

— Tom, Dumbledore te demande.

— Il ne peut pas attendre ?

— C'est toi qui vois. Mais si j'étais toi, j'irai le voir de ce...

— Justement, je ne suis pas toi, le coupa Tom.

Il rangea rapidement ses affaires et quitta la bibliothèque, Xavier sur ses talons, ce qui l'agaça très vite.

— Tu as oublié de rendre ton devoir de métamorphose ? ricana Xavier. Ce n'est pas ton genre, Monsieur Parfait.

— Tu devrais parler autrement à ton Préfet, menaça Tom.

— Oh, tu ne vas tout de même pas ôter des points à ta propre Maison ?

Tom ne répondit pas : dans le couloir, ils croisèrent le chemin de Nolan Bates, le Préfet et bellâtre de Poufsouffle. L'héritier de Serpentard ne comprenait pas ce que lui trouvait Aethra. Sous sa cape, il fit tourne sa baguette. Un petit sort bien placé, personne ne le verrait, non ? Tom sourit d'un air malsain en songeant à l'humiliation qu'il pourrait provoquer chez ce rival.

Puis, il se ravisa en constatant qu'il était accompagné par le jeune Ryan Smith, de Deuxième Année, et surtout héritier de Poufsouffle. Il s'approcha à pas conquérant du jeune garçon et le toisa de toute sa hauteur. Le petit sorcier, qui mesurait une tête de moins que lui, baissa les yeux.

— C'est quand, la prochaine réunion des Héritiers ? demanda Tom.

— Ce... ce soir...

— Parfait. Dis à Aethra que je serai des vôtres.

Devant le gamin qui tremblait, Tom décida de se montrer charmant, tel qu'il avait l'habitude d'être avec les gens qu'il désirait appâter. Adoptant un ton aimable et un sourire, il déclara :

— Tu n'as pas à avoir peur de moi, Ryan. Nous sommes des héritiers. Je veillerai à ce que tu développes tes pleins pouvoirs.

— Aethra veille déjà sur moi.

— Alors nous serons deux.

Ryan acquiesça et lui retourna son sourire avant de rattraper Nolan.

Dans son dos, Tom entendit Xavier ricaner :

— J'ignorais que tu jouais le baby-sitter, maintenant. Quelque chose ne tourne pas rond chez toi, mon vieux.

Tom roula des yeux. Heureusement qu'il ne projetait pas de rallier Xavier à sa cause. A son groupe fermé, ses « Mangemorts » comme il les nommait. Non. Pas un type aussi bavard que lui. Il ne le supporterait pas.

En revanche, Aethra deviendrait une alliée cruciale, s'il parvenait à la rallier à ses projets. Il lui restait deux ans pour le faire. Deux années complètes à Poudlard pour l'attirer dans ses filets.

« La chasse est ouverte. Tous les coups sont permis. »

Au détour du couloir du Troisième Etage, Tom, toujours flanqué de son acolyte Xavier à son grand dam, croisa Dumbledore. Il s'arrêta et afficha un air poli devant le directeur de Gryffondor.

— Vous vouliez me voir, Monsieur ?

— Oui.

— Pour quelle raison ?

— Je viens de corriger vos devoirs et... tu as obtenu la meilleure note, encore une fois. Je te félicite, Tom. Tu es le premier étudiant à réussir cet examen avec... un score si élevé depuis des décennies.

— Vous me flattez, professeur.

— J'aimerais que lors de notre prochain cours, tu expliques à tes camarades la meilleure façon de lutter contre des araignées géantes.

Tom, louangé, sentit son égo enfler en lui. Il tâcha de ne pas le monter à Dumbledore, qui lui disait de tels mots dans le seul but de voir comment il allait réagir. Il se contenta d'incliner la tête avec respect et accepta volontiers la proposition.

Cependant, malgré ses efforts pour feindre la considération face à son enseignant, une question lui brûla les lèvres si intensément qu'il la formula malgré lui :

— Ai-je été... meilleur qu'Aethra ?

— Sur ce coup, oui. De peu, cependant, mais oui.

Tom comprit qu'Albus, à travers ses lunettes en demi-lune, analysait chacun de ses gestes, chacune de ses réactions. Aussi Tom se contenta-t-il d'un sourire interne et d'élever ses défenses mentales.

— Bonne soirée, Tom.

— A vous aussi, professeur.

Une fois que le sorcier eût quitté son champ de vision, le sourire satisfait et arrogant de Tom devint visible.

« Je suis meilleur qu'Aethra... Je suis meilleur que tout le monde ici et je compte bien le leur prouver. »

Par miracle, Xavier daigna enfin le laisser en paix en croisant un groupe de filles de Serdaigle qui descendait dans la Grande Salle. Sacré coureur de jupons, celui-là. Pour Tom, une seule l'intéressait.

Celle qu'il allait devoir séduire pour attirer dans les ténèbres.

Et la séduction commençait ce soir.

Plus le temps de jouer au chat et à la souris. Tom désirait commencer à dominer le monde des sorciers dès sa sortie de Poudlard. Il avait besoin d'un puissant lieutenant à ses côtés.

Une heure plus tard, il se rendit devant l'entrée de la Salle sur Demande, là où se réunissaient les membres du Club des Héritiers.

Tom n'eut pas à attendre bien longtemps : Cindy et Mary Claw, les sœurs jumelles descendantes de Serdaigle, arrivèrent en compagnie de Max Hallow. Le jeune frère d'Aethra fut le premier à le repérer. Il afficha aussitôt un air féroce et s'empara de sa baguette.

— Toi ! Tu oses venir ici ! Tu n'es pas le bienvenu !

— J'ai prévenu de ma venue, répondit tranquillement Tom.

— Je sais, Ryan nous l'a dit. Mais je n'y croyais pas. Que viens-tu vraiment faire là ? Nous ne voulons pas de toi !

— Je ne pense pas que ta sœur soit d'accord.

— Et alors ? Ce n'est pas elle qui commande !

La porte de la Salle sur Demande s'ouvrit sur Aethra et Ryan. Le petit Poufsouffle se cachait dans l'ombre protectrice de la lionne. Tom afficha un sourire aimable à destination de la jeune femme.

— Je suis là, déclara-t-il.

— Je vois ça, se contenta-t-elle de dire.

Tom fronça les sourcils, troublé : comme elle demeura impassible, il fut incapable de dire si elle était ravie ou non de le voir. Une ombre passa sur son visage : avait-il joué à l'ignorer trop longtemps ? Il allait devoir réagir, et vite...

— Entrons, décida Aethra.

— Oui, grogna Max, que nous puissions lui régler son compte.

Les Héritiers s'enfermèrent à l'intérieur de la Salle sur Demande, décorée d'une façon que Tom n'avait encore jamais vue.

Des bibliothèques allaient du sol au plafond et couvraient trois des quatre murs. Une table ronde en bois verni trônait au centre de la pièce. Un épais livre à la reliure en cuir était posé sur la table, ainsi qu'un sablier et un miroir qui servait à voir les ennemis.

Sur le dernier mur, les quatre étendards des Fondateurs pendaient, alignés les uns à côté des autres par ordre alphabétique. Serpentard fermait la marche. Tom se rembrunit : un jour, le serpent vert et argent serait le seul maître à bord, il se le promit.

Sur le parquet lustré, à droite de la table, un cercle rouge était tracé, sans doute à la craie. Tom imaginait mal Aethra utiliser son sang pour faire cela. D'après son diamètre, il était assez grand pour servir de zone d'entraînement à la magie, voire de duels entre sorciers.

À cette pensée, un large sourire illumina le visage de Tom : il avait hâte de les humilier un par un.

— Bien, déclara Aethra en passant de l'autre côté de la table, derrière le gros livre. Nous allons t'expliquer ce que nous faisons pendant nos séances. Approche.

Tom imita les autres et se plaça près de la table, en face d'Aethra et encadré par les jumelles de Serdaigle. Il était le seul héritier de Serpentard présent, tout comme le petit Poufsouffle. Mais cela ne le gênait pas. Au contraire : ainsi, il se sentait si unique...

— Dans un premier temps, expliqua Max, debout à côté de sa sœur, nous essayons de percer les secrets de nos ancêtres. Nous essayons de connaître leur style de magie, leurs sorts de prédilections et les pouvoirs associés à eux ou à leurs objets sacrés. S'ils ont inventé un sort, nous essayons de le comprendre et de le maîtriser.

— Quant aux objets, continua l'une des jumelles, nous savons qu'ils possèdent toutes sortes de pouvoirs. Nous essayons de les découvrir. Pour les objets introuvables, nous essayons de les récupérer.

— La Coupe de Poufsouffle est la propriété de ma tante, Hepzibah, dit Ryan. Elle refuse de me la laisser, hélas.

— Le Diadème de Serdaigle, seule la Dame Grise sait où il se trouve et... elle ne souhaite pas partager son secret avec nous.

Tom se retint de sourire en apprenant de telles informations : il convoitait ces objets anciens et magiques pour son projet d'immortalité. Maintenant, il savait ce qu'il lui restait à faire pour en trouver deux.

Jouant son double rôle, il se permit d'intervenir :

— Je pourrai peut-être parler à la Dame Grise ?

— Tu peux essayer, accorda Aethra. Cela nous aiderait bien.

— Ouais, enchérit Max. Prouve-nous ton utilité.

Aethra darda un regard dur sur son frère et poursuivit :

— Quant à Serpentard, nous savons qu'il possède un médaillon.

— Comment sais-tu cela ? demanda Tom, d'un ton un peu sec.

Les jumelles le fixèrent avec méfiance. Tom comprit qu'il avait été trop agressif, trop émotif, et se calma aussitôt.

— Je le sais, reprit patiemment Aethra, car j'ai regardé ce portrait de ton ancêtre, c'est tout.

Elle tourna les pages du manuscrit et tomba sur une peinture ancienne qui illustrait Salazar Serpentard. Tom se pencha et découvrit que le médaillon de Serpentard ornait son cou.

— Sais-tu où il est ? demanda Max.

— Malheureusement, non.

— Moi, j'ai une idée, murmura Ryan.

Tom leva un sourcil : comment un héritier de Poufsouffle pouvait-il savoir une chose que lui ignorait sur sa propre famille ?

— Ma tante Hepzibah Smith collectionne les objets anciens. Elle... elle a peut-être trouvé le médaillon. Je pourrai lui demander aux prochaines vacances : je compte aller lui rendre visite.

— Bonne idée, approuva Max.

— Bien, alors c'est décidé, déclara Aethra. Notre prochaine étape consistera à retrouver le Médaillon de Serpentard.

Tom feuilleta le livre sur la table et tomba, quelques pages avant, sur un autre portrait. Celui de Gryffondor, dans la force de l'âge, qui arborait fièrement une baguette et une belle épée au pommeau serti d'un rubis. Un sourire étira ses lèvres : il venait de découvrir la nature de la dernière des quatre reliques qu'il convoitait.

— Et l'épée de Godric Gryffondor ? questionna-t-il.

— Nous l'avons déjà.

Tom, abasourdi, ne sut quoi répondre. Aethra l'invita à le suivre. Dans le fond de la pièce, entre deux bibliothèques, l'épée se trouvait bel et bien, dans un écrin vert émeraude. Tom resta stupéfait par sa beauté. Cette arme représentait la perfection et la puissance. Un outil parfait pour ôter la vie.

— Elle est... magnifique, chuchota-t-il.

Pour une fois, il était sincère.

— Forgée par les Gobelins, lui apprit Aethra. On dit que sa lame a défait de nombreux sorciers.

— Intéressant. Et... ensuite ? Vous faites quoi, pendant vos réunions ?

— On s'entraîne à la pratique de la magie. Et, souvent, nous terminons par un duel. Soit un contre un, soit deux contre deux. Parfois, la Salle sur Demande nous ouvre un parcours dans lequel nous pouvons nous entraîner seul ou par équipes. On pourrait essayer cela, si tu es d'accord.

— Oui.

— Toi et moi. Contre les quatre autres ? proposa Tom.

— Ce serait inégal..., susurra Tom. Nous sommes trop puissants.

— Ne les sous-estime pas. Ils sont aussi des descendants des Fondateurs.

— Alors, d'accord, sourit Tom.

Devant lui, Aethra s'empourpra. Ravi, Tom constata que malgré son comportement odieux, ses chances demeuraient intactes.


Voilà la suite! Après presque... 1 an d'attente ^^ Qu'en avez-vous pensé? 

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