Chapitre 28

C'était le jour de la rentrée. Les toits et la cour de l'école étaient couverts de neige. Poudlard possédait vraiment un aspect magique, enveloppé dans sa couverture immaculée.

Pourtant, Tom Jedusor n'appréciait pas ce spectacle naturel. Son esprit vagabondait dans ses pensées tortueuses. Il avait passé la majorité de ses vacances à se renseigner sur les Horcruxes et en était venu à la conclusion suivante : il ne pouvait pas aimer Aethra, ni qui que ce soit, s'il voulait que la partie d'âme arrachée demeure dans l'objet qu'il avait ensorcelé.

Mais comment pouvait-il rompre avec elle ?

Tom grogna : quel idiot il était ! Pourquoi s'était-il laissé embarquer dans ses histoires, aussi ?

Il entendit des bruits de pas derrière lui et se retourna.

Aethra s'avançait vers lui. Elle lui sourit après s'être assurée qu'ils étaient bel et bien seuls. Elle se planta devant lui, sans chercher à l'enlacer ni même à l'embrasser.

« Tant mieux », pensa Jedusor.

Pourtant, cette attitude ne lui ressemblait pas. Elle avait quelque chose en tête, c'était la seule explication.

— Tom, je dois te parler.

— Je l'aurais deviné, dit-il, tu te pointes devant moi sans même essayer de me voler un nouveau baiser, alors que tu semblais vivre uniquement pour cela, avant les vacances.

Il fourra ses mains dans ses poches et continua, sur un ton dégagé :

— Comment va ton frère aîné ?

— Norbert Dragonneau est venu le soigner. Il va guérir.

— C'est une bonne nouvelle. Je suis content pour toi.

Bien sûr, il n'en pensait pas un mot. Mais s'il devait lui tirer les vers du nez, il fallait qu'il se montre aimable et patient.

— Merci.

— De quoi veux-tu me parler ?

Tom décida de ne pas perdre de temps : il voulait savoir. Mais en la questionnant de manière aussi directe, il risquait de ne rien obtenir d'elle qu'un silence ou une réponse évasive.

— Je me suis confrontée à Grindelwald, pendant les vacances.

Tom perdit son sourire aimable et fronça les sourcils : il ne s'attendait pas à ce genre de révélation. Il décida de redoubler d'attention.

— Que s'est-il passé ?

— Nous nous sommes battus en duel et... il a dit qu'il aimerait bien que je le rejoigne car... de cette façon, il aurait dans son camp les deux jeunes sorciers les plus puissants d'Angleterre.

Elle marqua une pause, gênée, puis ajouta d'une toute petite voix :

— C'est-à-dire toi et moi.

— Qu'as-tu choisi ?

— J'ai refusé, bien sûr ! Et toi ? Grindelwald parle de toi comme si... tu étais son apprenti. Est-ce le cas ?

Tom sourit :

— Tu crois vraiment que je vais répondre à cette question ?

— Tom, il le faut.

— Si je te réponds oui, tu ne vas pas me croire. Si je te réponds non, tu vas malgré tout garder des doutes sur moi. Dans les deux cas, je suis dans une impasse. Dans les deux cas, tu ne me feras pas confiance.

Aethra plissa les paupières, comme si elle le dévisageait, le scrutait. Cette inspection visuelle, bien que dérangeante pour Tom, était nécessaire. Il décida de la laisser agir : cela lui permit à lui de réfléchir.

Maudit Grindelwald ! Il était beaucoup trop bavard !

A quoi jouait-il, en faisant de telles déclarations à Aethra ? Il n'avait jamais été son apprenti ! Il l'avait suivi dans une mission ou deux, pour évaluer sa puissance magique, mais jamais pour devenir son disciple.

La seule raison de sa présence à ses côtés était d'estimer ses talents et de découvrir ses faiblesses. Car Tom comptait bien régner sur le monde des sorciers. Et régner seul.

Cherchait-il à gagner la confiance d'Aethra, en agissant ainsi ? Non, Tom ne le croyait pas. Grindelwald et Aethra ne se connaissaient pas assez pour qu'il puisse l'avoir en balançant de telles paroles. Alors, quel était son but ? Tom savait que Grindelwald n'agissait jamais sans objectif derrière : il était rusé et manipulateur. Un trait de caractère qu'ils partageaient.

— Tom, murmura Aethra, Grindelwald m'a également fait une autre révélation...

— Laquelle ? grogna Tom sèchement.

— Il m'a dit... que tu avais un nouveau nom. Il m'a dit... que tu répondais désormais au nom de... Voldemort.

Tom accusa le coup : non ! Pourquoi Grindelwald avait-il balancé cette information-là ? Dans ses poches, ses poings se serrèrent.

Non... Il devait se calmer, rester maître de lui-même. Paraître calme et souriant devant Aethra, qui guettait à présent la moindre de ses réactions.

Mais voir ses plans partir en fumée le mettait en colère.

Il comprenait maintenant la sournoise manœuvre du Mage Noir : monter Aethra contre lui, la faire douter en lui dévoilant des informations que personne ne devait connaître. Mais Tom reconnut avoir été stupide, le jour où il avait révélé son vrai nom à Grindelwald : afin de gagner sa confiance, il avait dû lever le voile sur qui était vraiment Voldemort, et s'était présenté sous sa véritable identité. Une erreur qu'il ne commettrait plus.

Une fois ses études à Poudlard terminées, il comptait bien faire oublier aux gens Tom Jedusor... pour que Voldemort puisse naître.

Et là, une sérieuse épine se plantait dans son pied : Aethra.

Finalement, Tom éclata de rire. Un rire sans joie.

— Décidément, il est vraiment trop drôle !

— Comment cela ?

— Franchement, Aethra, ne me dis pas que tu y crois ?

— Ben... Je ne sais plus, justement. Je comptais t'en parler...

« Bien, pensa Tom. Elle me fait davantage confiance qu'à Grindelwald, pour oser venir m'en parler. Mais je ne dois pas baisser ma garde pour autant : si elle évoque le sujet, c'est qu'elle doute. Maintenant, à mon tour de jouer, Gellert. Tu as essayé, c'était finement tenté, mais tu vas perdre. Aethra ne sera jamais ton alliée. Je vais faire en sorte de la rallier à ma cause... afin que ce soit elle qui te détruise pour moi. »

Et pour commencer, il devait absolument gagner sa confiance. Il allait devoir élever le niveau, car il savait qu'elle ne se laisserait sûrement pas faire si facilement. Les récentes révélations de Grindelwald la pousseront à se méfier de lui plus qu'avant.

Tom s'approcha et posa ses mains sur ses épaules. Il lui adressa son sourire le plus charmeur.

— Aethra...

— Oui, Tom ?

— Grindelwald est un menteur et un manipulateur. Je te demande de ne plus écouter ses paroles, d'accord ?

— Tu te doutes bien qu'il va me falloir des preuves...

— Je sais.

« Je compte bien t'en donner », pensa-t-il.

— Demain soir, le professeur Slughorn organise une fête. On doit venir accompagné d'une personne. Que dirais-tu d'être ma partenaire ?

— Oui, bonne idée, opina Aethra, souriante.

Tom était ravi de la voir enchantée par cette idée. Jouait-elle un rôle pour lui faire plaisir ? Ou parce qu'elle cherchait elle aussi à percer ses défenses ?

Aethra consulta sa montre.

— Je dois te laisser : je vais aller ranger mes affaires.

Tom lui rendit son sourire et l'observa s'en aller. Il était soulagé : Aethra s'en allait sans exiger qu'ils s'embrassent ; il allait réussir à regagner sa confiance et mieux que tout, son absence ne lui avait causé aucun manque.

Vraiment ? susurra la petite voix au fond de lui.

« Toi... pour la dernière fois : laisse-moi ! » pensa-t-il sèchement.

Tom s'en retourna à l'observation du paysage, engoncé dans son épaisse cape noire d'hiver. Il scruta le ciel, l'esprit empli de doutes.

Ce satané Grindelwald devait à tout prix être mis hors de combat avant le début de sa propre ascension. Ce sorcier ne serait jamais un allié pour lui. Il le voyait plutôt comme un rival. Un rival qui devenait chaque jour un peu plus gênant.

« Aethra sera l'instrument qui me mènera vers le pouvoir. J'ai encore un an et demi devant moi pour la plier à ma volonté. »

Du temps, Tom en possédait. Suffisamment, selon lui. Mais il savait aussi qu'Aethra ne se laisserait pas facilement avoir. A moins d'être totalement amoureuse de lui.

C'était un sacré défi, pour Tom. Un défi qui impliquerait quelques sacrifices personnels. Et privés.

« Le jeu commence demain soir », pensa Tom. 


Bonjour / Bonswaar 

Un nouveau chapitre, après une pause plus longue que prévue (j'écrivais la suite d'un roman édité qui doit sortir en 2020. Pour ceux qui veulent plus d'infos, j'en parle sur ma chaîne Youtube et ma page facebook auteure). 

Ce chapitre est volontairement "court", histoire de remettre les lecteurs dans le bain avant la suite (qui devrait arriver ce week-end... si j'arrive à me débarrasser d'un écrit réflexif pour le boulot). 

Bonne lecture et à bientôt pour la suite :) 

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