Chapitre 27

Voldemort.

Ce nom résonnait étrangement dans la tête d'Aethra. Elle ne savait pas si elle devait croire Grindelwald ou non. Peut-être essayait-il de la manipuler, de la dresser contre Tom. Mais d'un autre côté, il n'aurait pu inventer un nom pareil avec aussi d'aisance et d'assurance dans la voix. Sans parler du dédain et de la moquerie dont il faisait actuellement preuve.

— Voldemort... ? répéta Aethra, sans comprendre.

Grindelwald ricana.

— Tu as l'air d'avoir du mal à y croire, concéda-t-il. Mais dis-moi : crois-tu sincèrement que j'aurais pu t'inventer un nom pareil ?

Aethra grimaça : le Mage Noir en venait à la même conclusion qu'elle. Il fit les cent pas devant elle, en veillant à bien rester à l'intérieur des protections magiques qu'il venait de créer autour de lui.

— Plus j'y pense et plus je me dis que ce serait une aubaine de vous avoir tous les deux à mon service : Tom – Voldemort – et toi, Aethra. Dis-moi, tu voudras aussi te créer un nouveau petit nom ?

Le ton moqueur de sa voix commençait à agacer Aethra. Il fallait qu'elle se sorte de ce mauvais pas au plus vite : elle se doutait que la patience n'était pas la première qualité de Grindelwald et elle doutait pouvoir le tenir encore longtemps avec leur discussion. Elle observa partout autour d'elle, cherchant des failles dans la bulle magique qu'il avait générée.

Hélas, elle n'en trouva pas une seule.

Grindelwald pratiquait la magie à un autre niveau que le sien. Il était peut-être plus puissant que Tom.

— La Veuve Noire t'irait bien, déclara soudainement le Mage Noir.

Aethra fronça les sourcils, intriguée, avant de comprendre qu'il venait de passer les deux dernières minutes à essayer de lui trouver un surnom.

— Tu sais, cette araignée venimeuse qui...

— Je connais, oui, coupa Aethra d'un ton sec.

— Voldemort et la Veuve Noire, sourit Grindelwald. Admet que...

— Non ! Pas de surnom ! Je ne te rejoindrai pas ! cria Aethra en se relevant avec peine.

Elle avait encore des vertiges. Elle savait qu'elle n'était pas en état d'affronter le Mage Noir, même s'il ne donnait pas le meilleur de lui-même. Son état de faiblesse l'effraya : jamais elle ne s'était sentie aussi pitoyable. Grindelwald l'avait affaiblie avec son sortilège, mais également avec ses paroles sur Tom. Le nom de Voldemort la hantait comme un mauvais rêve, et les échos qui résonnaient en elle l'empêchaient de se concentrer.

— Les lions n'abandonnent jamais, admit Grindelwald avec un sourire admiratif. Je reconnais bien là une digne descendante de Godric Gryffondor, l'un des plus grands sorciers du Moyen-Âge.

— Comment savez-vous que... ?

— Voldemort m'a appris beaucoup de choses sur toi.

— Arrêtez avec ce nom !

— Je crois que tu vas avoir une petite discussion avec ton « ami », à ton retour à Poudlard, sourit Grindelwald.

Il dirigea sa main, ouverte, vers Aethra :

— Ceci est ma dernière proposition : rejoins-moi et règne à mes côtés sur le monde des sorciers. Ou meurs !

Aethra plissa les paupières. Non... elle ne le rejoindrait pas.

Sa main se serra sur sa baguette.

Stupéfix ! hurla-t-elle.

Avada Kedavra ! lança Grindelwald en même temps.

Les deux sortilèges se heurtèrent en vol. Des étincelles vert et or furent projetées partout aux alentours. Aethra se protégea derrière son Charme du Bouclier en attendant que les dernières lueurs vertes se dissipent.

Grindelwald tendit la main gauche. Aussitôt, des dizaines de tuiles s'envolèrent du toit et fusèrent sur Aethra.

Celle-ci leva son bouclier, roula sur elle-même pour en esquiver certaines, lança un sort de destruction sur d'autres et enfin, se replaça derrière un autre bouclier pour contenir les dernières tuiles.

Finalement, elle alla se cacher derrière une cheminée quand un nouveau Sortilège de la Mort fut lancé par Grindelwald.

— Tu te défends bien, lança-t-il. Dommage que tu finisses ta vie... aussi seule.

— Elle n'est pas seule ! tonna une voix grave.

L'instant d'après, un sort frappa le bouclier de Grindelwald, qui explosa. Aethra s'accroupit et mit ses mains sur sa tête.

— Dumbledore ! siffla le Mage Noir.

Aethra risqua un œil vers l'endroit où se tenait Grindelwald.

Albus Dumbledore venait d'arriver en compagnie de deux hommes, probablement des Aurors.

— Hey, tout va bien ? demanda une autre voix.

Aethra tourna la tête et sursauta : Norbert Dragonneau l'avait trouvée et lui souriait. Il sortit une fiole de sa poche, la secoua et la lui donna. Aethra s'en saisit, sans comprendre.

— Pour ton frère. Celui qui étudie les dragons.

— Merci infiniment ! souffla Aethra, des larmes de reconnaissance dans les yeux.

Elle se jeta dans les bras de Norbert qui, gêné, lui rendit maladroitement son étreinte.

— Je te ramène chez toi, murmura le sorcier.

L'instant d'après, Aethra sentit qu'ils transplanaient. Ils réapparurent devant l'entrée de la maison de la jeune femme. Celle-ci se releva en tremblant. Norbert se tenait toujours à ses côtés et observait la demeure d'un œil curieux.

— Jolie maison, commenta-t-il.

La porte s'ouvrit à la volée et la mère d'Aethra se jeta sur sa fille, inquiète. Puis, elle la ramena à l'intérieur, en invitant Norbert à entrer. Elle prépara un thé et leur servit à tous les deux. Max les rejoignit quelques instants plus tard, le visage sombre.

— Notre frère...

— Oh ! Je vais aller le voir, s'anima Norbert. Si vous le voulez bien...

— Vous êtes un médicomage ?

— Non. Mais je connais bien les dragons.

Il demanda la fiole à Aethra. Elle la lui donna. Norbert disparut dans les escaliers en compagnie de leur mère. Max s'assit sur la chaise la plus proche, abattu.

— Ce n'est pas beau à voir, dit-il sombrement.

— Norbert va le soigner.

— Je l'espère.

Max s'empara de la cruche et se servit un verre de lait. Il le but en silence avant d'observer sa sœur. Aethra leva les yeux de sa tasse de thé et esquissa un pâle sourire :

— Oui ?

— Tout va bien ?

— Je... je pense que j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil. Je me suis retrouvée face à face avec Grindelwald.

— Trop bien ! s'exclama Max.

Un regard furieux de sa sœur le ramena au calme.

— Désolé...

— Tu penses que c'est « trop bien » de se retrouver face à Grindelwald... alors que tu as peur de Tom Jedusor.

— Ce qu'il m'a fait quand j'étais en deuxième année me reste encore en travers de la gorge.

— Et que t'as-t-il fait ? Tu n'as jamais osé me le dire et Tom... non plus.

— J'étais en salle d'études. Je venais de terminer un devoir de Métamorphose. J'en étais très fier. Une bande de Serpentard est passée par là. L'un d'eux m'a pris mon devoir. Je suis allé me plaindre à leur Préfet, c'est-à-dire Tom. Il m'a ri au nez. Et pire encore : il a demandé à ses camarades de lui donner mon devoir. Pas pour me le rendre, non : pour le brûler devant mes yeux. A cause de lui, j'ai fait perdre trente points à Gryffondor.

Aethra plissa les paupières et se remémora la scène : elle avait, ce soir-là, retrouvé Max en pleurs dans la Salle Commune. Il se massait le bras, comme s'il avait été frappé à cet endroit. Aethra décida d'approfondir son enquête et lui posa cette question.

— Mon bras ? s'étonna Max. Oh... ce n'était pas Tom. Je... j'étais tellement furieux que je suis tombé dans les escaliers et...

— Vraiment ? le coupa Aethra, pas dupe.

— Ce n'était pas Tom, je te le jure. Il ne sait même pas... pour mon bras. C'est un autre Serpentard. Il était en Septième Année à l'époque. Je ne t'en ai pas parlé car il n'est plus à Poudlard : je me suis dit que je pouvais bien le supporter un an.

— Tom ne t'a jamais rien fait, alors ?

— Juste le devoir qu'il m'a brûlé. Sinon, c'était l'autre.

— Dans ce cas, pourquoi détestes-tu tant Tom, s'il ne t'as jamais rien fait à l'école ?

— Parce que je pense qu'il savait que je me faisais harceler par son camarade. Et il a fermé les yeux là-dessus. Alors qu'il est Préfet ! Il aurait dû le signaler à Dippet !

— Et toi, tu aurais dû me le dire, Max. Quand tu as compris que Tom ne ferait rien. Tu aurais dû me le dire. Le harcèlement n'est pas impuni à Poudlard. Ni ailleurs.

Aethra brûlait d'envie de demander à Max le nom de cet ancien élève. Sa main se serra : Tom était-il vraiment au courant des agissements de son camarade ? Oui, sûrement. Il aimait tout savoir et tout contrôler.

Tom... ou Voldemort ?

Aethra grimaça : elle ne parvenait pas à chasser ce nom de sa tête.

— Quand je serai en Septième Année, décida Max, moi aussi, j'embêterai les petits Premières Années de Serpentard !

— Non. Arrête. C'est un cercle vicieux, Max.

— Je m'en fiche !

Sur ce, il se leva avec fracas et quitta la pièce.

Quelques instants plus tard, Norbert revint, un sourire satisfait aux lèvres et les mains tâchées de sang. Aethra se leva, le cœur battant.

— Ton frère s'en sortira, assura-t-il. J'ai réussi à extraire le venin. 

Un nouveau chapitre, ça faisait longtemps. 

Dans le duel Aethra/Grindelwald, je voulais également faire intervenir Croyance et Thésée Dragonneau, mais comme je ne sais pas encore s'ils survivront jusqu'en 1944 (date probable du cadre temporel du dernier film des Animaux Fantastiques), j'ai préféré le mettre de côté. 

Je pense qu'à partir de ce chapitre, le personnage d'Aethra va se poser de plus en plus de questions sur Tom/Voldemort. Mais je n'en dis pas plus, je vous laisserai découvrir la suite. 

On apprend enfin ce qu'il s'est passé pour que Max pleure (souvenez-vous du chapitre 2). Je vais encore étoffer le fait qu'il ait été harcelé par un élève de 7ème année de Serpentard et pourquoi Tom a fermé les yeux là-dessus (il a déjà été lui-même harcelé, j'en parle vaguement dans un autre chapitre, mais je vais étoffer cela aussi). Pour cela, je me base sur ce qu'il se passe malheureusement dans beaucoup d'établissements scolaires (et je sais hélas de quoi je parle: prof depuis deux ans, j'ai pu voir deux cas de harcèlement dans deux écoles différentes). J'aimerais bien transmettre un message positif sur cela au travers de cette histoire.  

A bientôt pour un nouveau chapitre. 

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