Chapitre 26
Devant Aethra, Gidéon grimaçait de douleur. Sa blessure de dragon, causée par la queue empoisonnée de l'animal, s'aggravait. Sa fièvre ne le quittait pas et il commençait à avoir des hallucinations.
— Courage, murmura Aethra en déposant un baiser sur son front.
Son frère ne réagit même pas.
La jeune femme soupira, chagrinée, et quitta la pièce. Elle se rendit sur le balcon de sa chambre et laissa couler ses larmes. Selon le MédicoMage, la mort de Gidéon était proche. Ce n'était qu'une question d'heures. Elle contempla la nuit étoilée sans en apprécier la profondeur et la grande beauté.
Elle avait toujours apprécié son frère aîné, bien qu'elle partage plus de chose avec Max. Gidéon l'avait protégée des brimades des Serpentard, lors de ses deux premières années d'étude. Puis, il avait quitté l'école. Aethra et Erwan, son autre frère aîné, ne s'étaient même pas croisés à Poudlard.
Des bruits de pas tirèrent Aethra de ses pensées. Elle se retourna et vit arriver son père, un ancien Auror qui avait pris une retraite anticipée suite à une blessure infligée par un Obscurus. Il arriva en claudiquant, ne lâchant jamais sa fidèle canne.
— Tout va bien, ma chérie ? demanda-t-il doucement.
Aethra lui sourit, même si le cœur n'y était pas.
Edward Hallow, avec ses épais cheveux bruns coiffés vers l'arrière et sa barbe fournie, ressemblait à un vieux lion. Aethra savait que leur ancêtre, le célèbre Godric Gryffondor, avait les cheveux blonds ou châtains. La couleur brune n'était arrivée que bien plus tard dans leur famille et maintenant, elle était devenue une part de leur identité.
Il y a quelques générations encore, deux branches de descendants de Gryffondor existaient : l'une avait les cheveux bonds et l'autre, les Hallow, avait les cheveux noirs. La première était surnommée « Les Lions d'Or » tandis que la seconde s'appelait « Les Lions Noirs ». Aujourd'hui, il ne restait plus de descendants de la première branche. Les Hallow étaient la dernière vraie famille à hériter du fondateur de Poudlard. Il restait certes des sorciers qui avaient le sang de Godric dans leur veine, mais cela était si lointain qu'eux-mêmes l'ignoraient.
— Quelqu'un veut te voir, ma puce, murmura Edward à sa fille.
— Qui ?
— Un de tes professeurs de Poudlard.
Aethra, intriguée, descendit les escaliers et se rendit dans le salon richement meublé. Les aiguilles du tricot s'agitaient toute seules, grâce à un sort lancé par leur elfe de maison. Le repassage, un peu plus loin, se faisait lui aussi sans que personne ne manie le fer.
Sa mère se tenait dans l'entrée et discutait avec un sorcier qu'Aethra reconnut aussitôt : Albus Dumbledore.
— Bonsoir, Aethra, lui sourit-il en la voyant arriver.
— Bonsoir, professeur, répondit poliment la jeune femme. Que faites-vous là ?
— J'ai besoin de toi pour une mission. Je dois te présenter à un vieil ami à moi. Vous pouvez m'aider, tous les deux. Es-tu disponible ?
— Monsieur, sauf votre respect, j'aimerais rester auprès de mon frère. Il est très malade et...
— Je sais. Il a été mordu par un dragon. Mon ami peut sûrement t'aider à trouver un remède avant... qu'il ne soit trop tard. C'est un grand spécialiste des créatures magiques.
— C'est un magizoologue, n'est-ce pas ?
— Oui.
— C'est Norbert Dragonneau ?
— En effet.
Aethra marmonna des choses inaudibles pour les autres. Oui, elle connaissait la réputation de ce sorcier. Il pouvait effectivement l'aider.
— Je viens. Mais juste pour demander à Norbert d'aider mon frère.
— Bien sûr.
Dumbledore lui tendit le bras pour le transplanage. Aethra jeta un œil à sa mère, qui opina. Avant qu'elle ne parte, elle lui donna un petit coup de baguette pour lui passer une tenue plus adéquate au voyage. Aethra portait maintenant un pantalon robuste, des grandes bottes en cuir, une longue tunique noire ainsi qu'un grand manteau-cape rouge sombre, assorti d'une capuche. Une broche en forme de tête de lion maintenait sa tunique en place. A sa ceinture, elle prit une petite bourse qui contenait tout ce dont elle pouvait éventuellement avoir besoin : de la monnaie, des fioles de soin ainsi que des petits gadgets magiques achetés à Pré-au-Lard.
Pour terminer, ses cheveux se nouèrent en une tresse qui laissait deux mèches de cheveux bruns tomber sur sa poitrine.
— La tenue d'Auror de votre grand-tante vous va à ravir, commenta le professeur Dumbledore.
Aethra sourit : c'était effectivement la tenue qu'elle comptait mettre le jour où elle deviendrait Auror.
Elle s'approcha de Dumbledore et se saisit de son bras. Tous deux transplanèrent aussitôt et se retrouvèrent sur le toit d'un immeuble, au cœur de Londres.
— Où sommes-nous ?
— Pas très loin du palais de Westminster.
Il s'approcha d'une valise posée à même le sol. Il sourit, plia les genoux et toqua sur celle-ci. Aethra, intriguée, rejoignit Dumbledore, méfiante. Que contenait-elle ?
Après quelques secondes, celle-ci s'ouvrit et un homme en sortit. Il paraissait jeune non pas par son âge, qui trahissait la petite quarantaine, mais par son attitude, qui semblait spontanée et joyeuse comme celle d'un enfant. Cela le rajeunissait beaucoup.
— Oh, bonjour professeur ! sourit-il en se redressant devant le duo de sorciers qui lui faisait face.
Il se frotta les mains, referma sa valise, la prit en main et sourit à ses deux interlocuteurs. Aethra le détailla de bas en haut : il était vêtu comme un Moldu, mais un Moldu chic. Nœud papillon, écharpe jaune et noir, grand manteau gris et pantalon en tissu, il avait de l'allure. Ce style pourrait le vieillir, mais il lui donnait un petit côté fringuant qui lui allait bien. Ses cheveux châtains désorganisés tombaient sur son front, masquant les quelques rides qui s'y creusaient, et ses yeux bleus pétillants scrutaient le monde avec vivacité et curiosité. Un étrange sourire étirait ses lèvres minces.
— Bonjour, Norbert, dit Albus. Comment vas-tu ? Je suis surpris que tu me donnes de tes nouvelles : je n'en avais plus eu depuis quelques mois. Je croyais que...
— Grindelwald, le coupa Norbert, chagriné. Il a... il a tué certains... de mes protégés. Il recherche l'Obscurus que je cache dans ma valise.
— Vous cachez un Obscurus dans votre valise ? répéta Aethra, choquée et effrayée.
— Oui, et pas que ça, répondit Norbert d'un ton détaché.
— Je croyais que tu comptais libérer tes plus dangereux pensionnaires.
— Je le voulais, oui. C'était mon but premier. Mais si je le fais, il y a des chances pour que Grindelwald tombe dessus et... je veux les protéger. Je pense qu'ils sont plus en sécurité avec moi.
— Pourquoi as-tu fait appel à moi ? demanda Albus.
— Grindelwald m'a retrouvé. Il est en ville, professeur. Il me cherche. Il me connait très bien, il n'aura aucun mal à dénicher ma cachette, même si je suis dans ma valise.
— On va vous aider, Monsieur Dragonneau, décida Aethra. Mais j'aimerais savoir quelque chose, avant.
— Quoi donc ?
— Mon frère étudie les dragons d'Europe de l'Est. Il s'est fait mordre par l'un d'eux. Le professeur Dumbledore m'a dit que vous aviez peut-être un antidote.
— Il faudrait que je voie sa blessure, dit Norbert. Et cela dépend du dragon. Est-ce grave ?
— Il est en train de mourir.
Norbert se figea, attristé par la nouvelle. Il serra les lèvres et hocha vaguement la tête.
— J'irai auprès de lui, promit-il.
— Merci.
Norbert lui sourit et voulut ajouter autre chose, mais un bruit sourd résonna dans toute la ville. Il sauta sur une cheminée plate et grimaça :
— Grindelwald est là.
Sans demander la permission à qui que ce soit, Norbert transplana. Aethra jeta un œil à Dumbledore, qui souriait.
— Oui, il est toujours comme ça.
Aethra lui retourna son sourire : Norbert était aussi imprévisible et impulsif que Tom. Albus tira ensuite sa baguette.
— Tu sais transplaner, il me semble ?
— Oui, monsieur. Mais... la Trace ? Je n'ai pas encore dix-sept ans. Je ne les aurais qu'au mois de janvier. Comment je vais faire ?
— Pas grave, dit Dumbledore. Je doute que le Magenmagot se soucie d'une sorcière mineure qui lancera quelques sorts pour se défendre.
— Me défendre ?
— On va jouer à un jeu : le premier qui trouve Grindelwald envoie des étincelles rouges avec sa baguette.
— Norbert n'est pas au courant de cette consigne...
— Ne t'en fais pas : il saura se débrouiller.
Sur ce, il disparut.
Aethra sortit sa baguette et courut sur le toit. Elle transplana de toit en toit, veillant à être sur ses gardes, et se dirigea vers l'endroit où le ciel devenait un orage menaçant.
Quand soudain, un éclair de lumière dorée traversa le toit où elle se trouvait. Elle se protégea derrière un bouclier mais fut quand même projetée contre le mur le plus proche. Sa tête heurta le béton et elle sentit que sa baguette lui glissait des mains. Elle dut perdre connaissance un instant.
Quand elle rouvrit les yeux, Aethra n'était pas seule sur le toit.
Non.
Un homme aux cheveux d'un blond presque blanc se dressait devant elle.
Aethra sentit un cube de glace se nicher en elle.
Le mage noir Grindelwald était là, à trois mètres d'elle.
Et il avait sa baguette entre les mains.
Aethra essaya de se relever : la tête lui tournait et elle avait des nausées. Le monde semblait danser devant elle.
— Ravi de te revoir, lança le sorcier blond. Inutile de faire les présentations : je me souviens très bien de toi et... je suppose que tu ne m'as pas oublié non plus.
— Effectivement, accorda Aethra.
— Parfait, sourit Grindelwald en s'approchant.
Grindelwald plia les genoux et s'accroupit devant Aethra, tout en jouant avec sa baguette, qu'il faisait tournoyer entre ses doigts.
— Avant que tu aies l'idée de crier ou de transplaner, sache que j'ai déployé autour de nous plusieurs protections magiques. Personne ne t'entendra et tu ne pourras pas partir tant que je n'aurais pas obtenu ce que je veux. J'espère qu'on se comprend.
— Disons que je n'ai pas trop le choix, marmonna Aethra.
— En effet.
Il cessa de jouer et prit un air plus sérieux qu'avant :
— Quand je suis venu à Poudlard, j'ai senti en toi un immense pouvoir. Tu ferais une précieuse alliée. Je ne sais pas ce que tu comptes faire une fois tes études terminées, mais sache que si tu ne trouves rien d'intéressant, j'ai une place à t'offrir.
— Je compte devenir Auror.
— Je ne m'en serais pas douté, ironisa Grindelwald. Tu viens d'une famille qui compte d'illustres Aurors, dont ton cher frère Erwan.
Grindelwald se releva et observa un instant Aethra, avec un sourire aux lèvres.
— Et avec Tom Jedusor, comment ça se passe ? J'ai vu que vous sembliez très proches...
— Ce n'est pas vos affaires.
— Enfin, quand je dis Tom... Je devrais plutôt l'appeler par son nouveau nom. Un nom qu'il s'est lui-même forgé.
Il marqua une pause avant de déclarer dans un murmure :
— Voldemort.
Bonsoir :)
Avec du retard, ce nouveau chapitre est enfin là. J'avais eu un soucis avec Word, qui m'a supprimé la première version de ce chapitre, et j'avais aussi des obligations professionnelles qui passaient en priorité sur l'écriture. Ah oui, et j'avais aussi besoin de visionner "Les Animaux Fantastiques" pour la première fois (oui, je ne l'avais toujours pas vu... et je dois dire qu'il est juste génial!)
J'espère que le caractère de Norbert est assez fidèlement retranscrit.
Sinon, rien à voir avec la fan-fiction, je me suis posée une question hier en regardant "les Animaux Fantastiques". Dans ce film, on apprend l'existence de sorciers possédant en eux un Obscurus (pour ceux qui ne savent pas, c'est un parasite magique qui se trouve dans les sorciers qui refoulent leurs pouvoirs, car ils sont battus ou autres joyeusetés). Du coup, en voyant ce pauvre Croyance, je me suis dit: "hey, mais pourquoi Tom Jedusor n'a pas développé d'Obscurus en lui?" Tous les éléments étaient réunis: il a été rejeté et moqué par les autres, à l'orphelinat... donc il aurait dû en devenir un. Si vous avez des arguments à avancer, dites-le moi en commentaire, je serai ravie de débattre là-dessus (mais je sais que l'argument qui va être avancé va être: "JKR n'avait peut-être pas pensé aux Obscurus au moment d'écrire HP".)
Enfin bref, à bientôt pour un nouveau chapitre !
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