Chapitre 25
Tom observa Aethra quitter la bibliothèque de sa démarche gracieuse. Il ne savait pas si son absence imprévue pendant les vacances le chagrinait ou le réjouissait. Allait-elle lui manquer ? Si oui, saurait-il ce que cela produirait comme effet sur son corps et son esprit ?
Le Serpentard oublia bien vite ce petit élément qui contrecarrait ses plans et se remit à sa lecture. Il lisait un ouvrage de Magie Noire et s'efforçait de renforcer ses connaissances sur les Horcruxes. Il voulait savoir ce qu'il se passerait s'il continuait ses expériences. Il en avait déjà créé un : son journal intime, qu'il gardait dans son dortoir, protégé par de puissants enchantements. Il projetait d'en faire un second avec la bague qu'il portait au doigt ; le meurtre de son Moldu de père servirait au rituel. Mais avant, il voulait savoir ce qu'il se passerait s'il scindait son âme en d'autres parties.
Un Horcruxe à seulement seize ans... Jamais dans l'histoire, aucun sorcier n'avait réussi cet exploit. Tom sourit fièrement à cette pensée.
Il n'avait pas perçu de changements importants, depuis que son âme était divisée en deux parties. Il avait conservé sa puissance magique et la totalité de ses pouvoirs. Il supposait que son autre moitié, son lui figé à jamais dans ses seize ans, possédait les mêmes pouvoirs que lui.
Tom parcourut rapidement les pages de l'ouvrage, sans trouver ce qu'il cherchait. Cela le frustrait. Il craignait de ne pas obtenir les informations qu'il désirait tant. Il ne pouvait pas se permettre d'échouer.
— Hey, Tom ! le héla une voix.
L'intéressé releva la tête, furieux qu'on l'interrompît. Il referma son livre d'un geste sec et vit Avery s'avancer, en compagnie de Xavier et d'Amélia Crane, la Préfète.
— Que me veux-tu ? demanda-t-il froidement.
— Mords-pas avant d'être battu, Tommy, plaisanta Xavier. On voulait juste savoir ce que tu faisais pendant les vacances.
— Pourquoi ? s'enquit Tom en essayant d'être aimable et en s'efforçant de ne pas réagir au surnom immonde que lui donnait Xavier.
— J'organise une soirée, pour Halloween, répondit Xavier. J'ai déjà invité Amelia, Avery et d'autres. Je voulais savoir si tu souhaites te joindre à nous ou bien continuer à passer ta vie avec tes bouquins.
Tom se redressa et toisa Xavier d'un regard torve. Comment osait-il réunir sa bande à lui sans même lui demander son avis ? Il le paierait cher, tôt ou tard. Tom se le promit.
Le Serpentard se releva, rangea son livre dans sa besace et servit à Xavier un sourire de façade.
— J'aurais souhaité venir, dit-il, mais je reste à Poudlard. J'ai des choses importantes à faire ici.
— Comme quoi ? questionna Xavier avec un petit sourire. Faire l'inventaire de la bibliothèque ?
— En quelque sorte, répondit Tom d'un ton sec.
Sur ce, il les planta là et quitta la bibliothèque. Tom se sentait frustré. Il aurait probablement dû accepter, histoire de vérifier si Xavier manipulait ou non la petite bande de fidèles sorciers qu'il s'était constitué. Mais il ne reviendrait pas sur sa décision. Tom Jedusor savait ce qu'il faisait. Il ne revenait jamais sur ses décisions.
Vraiment ? lui susurra une petite voix dans son esprit.
Toi, tu vas disparaître et me laisser tranquille ! grogna Tom.
Furieux, le sorcier marcha d'un pas vif jusqu'à sa Salle Commune et y resta enfermé toute la journée. Personne n'osa le déranger.
Le lendemain matin, Tom, posté sur un balcon qui donnait sur la cour principale de l'école, regardait d'un air absent les élèves qui partaient vers la gare de Pré-au-lard pour prendre le Poudlard Express.
Il repéra rapidement Aethra et son frère, qui tiraient leurs valises et parlaient entre eux. Ils semblaient inquiets.
Tom suivit Aethra des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champ de vision. Si leur relation n'était pas secrète, peut-être aurait-il été directement la voir pour l'embrasser. Peut-être. Il n'en était même pas sûr.
Mais ils s'étaient juré de rester cachés des autres.
Tom tenait à ne pas briser ce serment.
Troublé, Tom erra dans le château comme une âme en peine. Pourtant, il avait du travail. D'autres livres dans la bibliothèque attendaient d'être lus. Il devait découvrir les secrets des Horcruxes avant d'en créer un autre. Mais ce matin, le cœur n'y était pas. Il exhala un profond soupir et alla marcher le long du lac pour se vider l'esprit.
Là, Tom s'assit sur le rocher plat où Aethra l'avait embrassé pour la toute première fois. Ce souvenir fit battre son cœur plus fort. Tom ferma les yeux et se remémora ce moment unique et inoubliable. Il trembla.
Le Serpentard rouvrit les yeux, furieux contre lui-même. Pourquoi tremblait-il ? Il devenait faible !
Après le déjeuner, il retourna à la bibliothèque et s'attaqua à un nouveau livre. Il n'apprit rien de nouveau, excepté au chapitre neuf.
« Attention : le morceau d'âme placé dans un objet peut réintégrer à tout moment le corps de son propriétaire. »
Tom fronça les sourcils, intrigué. Comment cela était-ce possible ?
« Le morceau d'âme peut réintégrer le corps de son propriétaire si celui-ci éprouve du remords. Un remords profond et sincère, souvent causé par des sentiments amoureux éprouvés par le sorcier. »
Tom arrêta sa lecture, horrifié. Non ! Son morceau d'âme ne devait pas revenir en lui ! Jamais !
Il referma son livre d'un geste sec et redressa la tête pour fixer le rayonnage d'en face, sans vraiment le voir. Que risquait-il, s'il continuait de côtoyer Aethra ? Allait-il développer pour elle de vrais sentiments amoureux ? Tom plissa les paupières et réfléchit, faisant le point sur sa situation actuelle avec la jeune femme. L'aimait-il vraiment ? Il appréciait son contact : elle était douée, puissante et issue de noble lignée. Elle exerçait sur lui un effet apaisant et exaltant ; un effet que personne d'autre ne lui faisait. Un effet qui ne lui déplaisait pas.
Mais de là à affirmer qu'il était amoureux d'elle... non, sûrement pas. Il appréciait certes son contact et aimait quand elle l'embrassait, mais...
Il n'y a pas de « mais », Tom, et tu le sais : au fond de toi, tu es en train de tomber amoureux d'elle, lui chuchota la voix dans son esprit.
Non ! protesta Tom. Je ne dois pas tomber amoureux !
Comment faire ?
Comment ôter la jeune femme de son esprit ?
Tom chercha un endroit où il pourrait méditer tranquillement et faire le point. La Salle Commune ? Non. Certains de ses camarades y seraient. La Grande Salle ? Hors de question, il y avait trop de monde et il souhaitait être parfaitement seul.
Soudain, tandis qu'il rangeait son livre, une idée germa dans son esprit.
La Chambre des Secrets.
Là-bas, il serait seul.
Tom traversa les couloirs et se rendit aux toilettes des filles. Il vérifia à ce que personne ne se trouvait là, referma la porte par magie derrière lui et parla en Fourchelang pour ouvrir le passage. Puis, il sauta dans le tuyau, atterrit souplement et marcha dans les couloirs enténébrés.
Finalement, il parvint dans la grande salle baignée de lueurs vertes. Tom sourit, ravi d'avoir eu cette idée.
Il s'approcha à pas lents de l'énorme statue de son ancêtre et l'observa. Il se posa alors plein de questions.
Salazar Serpentait avait-il fabriqué un Horcruxe, lui aussi ? Avait-il pratiqué la magie noire à un niveau égal au sien ? Etait-il... tombé amoureux ?
Probablement, sinon Tom ne serait pas là.
Même s'il savait que deux personnes pouvaient avoir des enfants sans forcément s'aimer. A l'école des Moldus, avant Poudlard, il avait appris qu'à l'époque de son ancêtre, au Moyen-Âge, les gens se mariaient et faisaient des enfants uniquement pour faire perdurer une lignée noble. Salazar avait sûrement agi ainsi. Tom ne voyait pas son illustre ancêtre s'encombrer d'une femme par amour.
Et quand il se souvenait de l'histoire de sa mère, il n'avait guère envie de faire la même erreur.
Pourtant, Aethra hantait ses pensées. Son sourire, son intelligence, son allure fière et... le goût de ses lèvres posées sur les siennes.
Devait-il l'aimer ou... simplement se servir d'elle pour faire perdurer la noble lignée de Serpentard ?
Cette idée l'agita d'un long frisson.
Pour avoir des gosses, il n'y avait pas trente-six solutions. Et vu comment son corps réagissait quand elle l'embrassait, il n'osa imaginer ce qu'il se passerait s'ils allaient plus loin.
Tom chassa cette pensée dans un grognement, même si l'idée de voir un jour naître un sorcier – ou une sorcière – qui aurait dans ses veines les sangs mêlés de Serpentard et de Gryffondor lui plaisait.
Tom releva le menton et fixa les yeux de pierre de son ancêtre. Tout cela le tourmentait. Il avait besoin de réponses.
Alors, il dressa la main droite et s'exprima en Fourchelang :
— Pour la première fois de ma vie, je ressens l'attrait de la lumière. Cela m'effraie. Je ne comprends pas. Cela ne me plait pas. Montre-moi, noble Salazar, la puissance des ténèbres. Montre-la-moi et j'achèverai ce que tu as commencé. Je purgerai ce monde des Moldus et des Sang-de-Bourbe ! Je redorerai le blason de notre fière maison !
Tom fixa son ancêtre, le regard brûlant.
Puis, il ferma les paupières. Des images jaillirent en lui.
Un garçon aux cheveux noirs, un Serpentard, se tenait devant un Albus Dumbledore plus âgé. Il semblait troublé.
Un autre garçon, aux cheveux noirs et bouclés, lui aussi portant le blason de Serpentard, parlait sur le quai de la gare de King's Kross, avec un homme aux cheveux noirs. Une jeune femme brune à l'air déterminé passa non loin et sourit aux deux hommes.
Enfin, Tom vit un garçon de douze ou treize ans, de Serpentard, seul dans un couloir, assis sur un banc en train de lire. Il s'approcha de lui. Le garçon dut se sentir observé ; il leva la tête. Il parut étonné puis sourit férocement. Tom frémit : ce garçonnet lui ressemblait beaucoup.
Tout comme les autres hommes qu'il avait vu avant.
Tom rouvrit les yeux et revint à lui.
Que s'était-il passé ? Avait-il eu un aperçu... du futur ?
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