Aethra ouvrit péniblement les yeux. Elle avait mal partout. Elle tenta de bouger, mais se rendit compte qu'elle avait le bras gauche en écharpe. Un autre bandage couvrait son front et une douleur lancinante pulsait de ses jambes. Aethra grimaça.

— Comment tu te sens ? demanda une voix inquiète.

La jeune femme tourna lentement la tête.

Plusieurs personnes étaient penchées auprès d'elle : son frère Max, le petit Ryan, ses amies Matilda et Helena, ainsi que Nolan.

— Que... s'est-il passé... ? chuchota-t-elle.

— Tu as fait une sacrée chute, répondit Nolan. Trente mètres. Heureusement que Dumbledore a jeté un sort pour ralentir ta chute et te faire atterrir dans la boue.

— Ouais, heureusement, approuva Max.

— Tu as été transportée d'urgence à l'infirmerie, lui apprit Helena. Tu as les jambes cassées : l'une au niveau du tibia et l'autre à la cheville. Ton épaule gauche souffre d'une luxation et tu as aussi d'autres contusions. L'infirmière a préféré faire appel à un Médicomage de Sainte Mangouste : elle veut que tu reçoives les meilleurs soins possibles.

Aethra opina doucement : chaque mouvement lui tirait une grimace.

L'infirmière apparut une dizaine de minutes plus tard avec un homme d'une quarantaine d'années à l'impressionnante moustache. Il se présenta et ausculta la jeune femme, qui se laissa faire. Il marmonna des choses incompréhensibles dans sa barbe et lui administra une potion pour apaiser ses douleurs. Ensuite, il sortit sa baguette et, dans une formule complexe, répara les os de ses jambes. Un léger frémissement parcourut le corps d'Aethra, qui grimaça. Il examina également ses autres contusions, qu'il soigna sans mal. Enfin, il s'attaqua à son épaule. Elle était gonflée et douloureuse.

— Sortez tous, demanda-t-il aux visiteurs.

Ils obéirent. Nolan adressa un clin d'œil à Aethra, qui lui rendit un petit sourire. Ils quittèrent l'infirmerie en discutant à voix basse.

— Une belle luxation, que vous avez là, commenta le Médicomage. Je ne peux pas utiliser ma formule qui répare les os, car dans ce cas, c'est le ligament qui est touché. Il est cassé.

— Vous allez pouvoir... me soigner ?

— Oui. Je vais vous laissez au repos cette nuit. Je reviendrai dans trois jours. Il faut que l'épaule soit moins douloureuse. En attendant, vous allez prendre une potion anti-douleur et une autre anti-inflammatoire.

Le Médicomage laissa l'infirmière s'occuper d'Aethra. Elle prit tout ce qu'on lui donna sans broncher. Puis elle s'allongea. Elle savait qu'elle allait rester en observation pendant trois jours. Elle allait louper des heures de cours. Et en Sixième Année, elle ne pouvait se le permettre. Elle réclama la présence de Matilda et lui demanda de lui apporter les devoirs dès ce soir.

Mais son amie, bien que d'accord, ne reparut pas.

La première journée fut longue. Les douleurs se réveillèrent au milieu de la nuit. Cela la tira d'un sommeil agité.

Son réveil surprit également une personne qui se tenait à son chevet.

Cette personne referma son livre et planta sur elle un regard dur, quoique légèrement apeuré.

— Tom... ! souffla Aethra.

Le sorcier lui adressa un sourire timide. Il tapota une pile de livres et de cahiers posée sur sa droite.

— Je passais pour... t'apporter tes devoirs.

Elle comprit enfin pourquoi Matilda n'était pas revenue.

— En pleine nuit ? demanda Aethra en arquant un sourcil.

— Je ne voulais pas qu'on m'aperçoive. Je n'ai pas envie que d'autres... rumeurs ne naissent.

Aethra se redressa et observa Tom. Ce comportement ne lui ressemblait pas. Regrettait-il ses mots durs, prononcés la veille ?

— Pourquoi es-tu aussi méfiant ?

— Tu as raison, je joue constamment un rôle. Je refuse d'être comme les autres, je refuse d'être faible.

— Tu n'es pas faible, Tom. Tu le sais très bien. Tu n'as même pas besoin de le prouver. Cesse donc de te cacher derrière ce masque, tu ne...

— Mon masque fait partie de moi, désormais. Tu n'y changeras rien. Ni toi ni personne.

Aethra s'attendait à ce genre de réponse. Elle réfléchit et posa une nouvelle question :

— J'aimerais savoir une chose... Une chose que je n'ai pas eu l'occasion de te demander. Qu'as-tu ressenti... quand je t'ai embrassé ?

Tom se crispa : cela se vit à sa mâchoire. Il regarda partout autour de lui, fuyait les yeux d'Aethra qui cherchait à capter son attention. La jeune femme posa sa main sur la sienne.

— J'ai le droit de ne pas répondre à ta question ?

— Non, Tom. Je veux que tu me dises ce à quoi tu as pensé. Ce que tu as ressenti.

— En quoi est-ce si important pour toi ? demanda Jedusor.

— Je m'intéresse à toi, c'est tout.

— Je croyais que tu étais en couple avec Nolan Bates, marmonna Tom.

— Non, bien sûr que non ! répliqua aussitôt Aethra. Je l'apprécie, c'est un ami mais... rien de plus.

Aethra nota que Tom était jaloux, et cette nouvelle la réjouit. Elle ne se rendit pas compte qu'elle souriait, jusqu'au moment où Tom lui demanda pour quelle raison. Elle lui répondit qu'il était jaloux – et dut lui expliquer de quoi il s'agissait, car il ne comprenait pas – et rigola de plus belle quand elle vit sa tête.

— Je rêve, ou j'ai cru voir un sourire sincère ? demanda-t-elle.

— Tu rêves, Hallow, répondit aussitôt Tom.

Il retira sa main de la sienne.

— Je vais y aller. Il faut que je dorme.

— Oui... bonne idée.

Tom se releva et ramassa son sac. Il planta un regard neutre sur Aethra, qui n'avait pas obtenu la réponse qu'elle attendait. Mais visiblement, Tom n'était pas prêt à lui répondre.

— Je peux te demander une dernière chose ?

— Oui.

Aethra se mordit les lèvres, tremblante, puis se jeta à l'eau :

— Embrasse-moi...

Tom se figea. Il fut tellement surpris par sa demande qu'il en fit tomber son sac. A son expression, Aethra en déduisit qu'il était sûrement en proie à un dilemme qui le secouait bien plus que son expression ne le supposait. Il se pencha pour ramasser sa besace et se redressa lentement, sans quitter Aethra du regard.

— Je ne peux pas... Ce serait trop dangereux.

— Dangereux pour qui ? Pour toi ?

— Oui. Je ne veux pas changer, Aethra. J'ai déjà peur de tout ce que tu provoques en moi et...

Tom se tut, regrettant d'en avoir trop dit. Il serra les lèvres, furieux contre lui-même.

— Pour une fois, laisse-toi aller, Tom... Il n'y a rien de mal à ça... Et je sais que tu en as envie...

— Comment peux-tu le savoir ?

— A la tête que tu tires.

Tom, résigné, s'assit sur le lit. Il la fixa pendant de longues minutes, indécis. Aethra était certaine qu'elle entendait les battements de son cœur.

— Je ne suis pas quelqu'un pour toi, murmura-t-il. Je suis pour personne.

— Un être aussi unique que toi est forcément pour quelqu'un...

Voyant que Tom hésitait toujours, Aethra approcha son visage du sien. Lentement. Elle ferma les yeux et cala son front sur celui de Tom. Là, elle s'arrêta. Elle savoura simplement le contact de leur peau, l'odeur enivrante de son parfum, son souffle chaud sur son visage.

Pendant un temps incalculable, ni l'un ni l'autre ne daigna bouger. Puis Aethra, ne résistant plus à la tentation, s'avança.

Au moment où ses lèvres effleurèrent celles de Tom, des pas résonnèrent dans le couloir.

Les deux sorciers se regardèrent, confus, et le Serpentard se releva d'un bond, tout en s'écartant du lit.

De la lumière éclaira la pièce et le professeur Dumbledore apparut. Il se stoppa un instant en voyant Tom en présence d'Aethra. Puis il lui accorda un sourire et s'avança.

— Miss Hallow ! Je suis content de voir que vous semblez vous remettre de vos blessures : l'infirmière m'a informé de votre état, un peu plus tôt. Et je suis ravi de voir que Mr Jedusor veille sur vous : comme c'est aimable de sa part.

— Je suis uniquement venu pour lui apporter ses cours, rien de plus, se justifia aussitôt Tom.

Sur ce, il salua le professeur, Aethra, et quitta les lieux à pas rapides. La jeune femme crut voir passer dans son regard un éclat de colère. Avait-il honte de s'être fait surprendre ici, seul avec elle ?

Dumbledore planta sur Aethra un regard qui en disait long. Celle-ci se contint difficilement pour ne pas rougir.

— Tom se soucie de toi, on dirait. Cela ne lui ressemble pas. Je ne sais pas s'il est sincère ou non.

— J'espère qu'il l'est. Même si parfois, il agit de manière étrange ou me dit des mots qui blessent.

— Il veut te blesser car il doit lui-même être blessé dans sa fierté. Dans son égo. Ou alors, il y a un autre problème. Un problème que je ne connais pas.

— Je le découvrirai, Professeur. Ce n'est qu'une question de temps.

— J'ai confiance en toi. Cependant, j'ai une petite question : es-tu vraiment amoureuse de Tom Jedusor ?

Aethra regarda Dumbledore, ne sachant que répondre. Son cœur s'accéléra et lui intimait de dire « oui ». Mais une part dans son cerveau était réticente à donner cette conclusion. Un doute planait sur elle : pouvait-elle faire confiance à son camarade de Serpentard ?

— Oui, Monsieur. Je le suis.

Dumbledore soupira : sa voix tremblante ne l'avait pas convaincue.

— Fais attention à toi, Aethra.

Elle hocha la tête. Le directeur de Gryffondor la laissa seule. L'infirmière arriva pour lui administrer un puissant anesthésiant qui la plongea dans les bras de Morphée.

Trois jours plus tard, le Médicomage revint la voir. Il parvint enfin, avec des potions et plusieurs sortilèges de soins complexes, à remettre son épaule luxée en état. Mais il lui conseilla de garder son bras en écharpe pendant deux semaines et de prendre régulièrement une potion qui aidait à la cicatrisation du ligament.

Elle fut autorisée à retourner en cours. Accompagnée d'Helena, elle voulut retrouver les bancs de l'école dès le mardi matin, pour assister à la Défense contre les Forces du Mal.

Quand elle entra dans la salle, les groupes étaient déjà au travail, mais ils levèrent tous les yeux vers elle. Amelia Crane commença à rire, mais Aethra vit que Tom la fit taire d'un regard dur. Ce geste n'échappa ni à Nolan, ni à Xavier, qui sourit dans son coin.

— Miss Hallow ! s'exclama Dumbledore. Bienvenue ! Je suis ravi de vous revoir ! Allez donc dans votre groupe.

Aethra lui sourit et traversa la salle de classe. Elle savait que Tom ne la quittait pas du regard. Elle s'approcha de sa table et Nolan se leva pour la serrer dans ses bras. Une légère douleur pulsa de son épaule, mais elle posa sa main sur son dos et se laissa faire, appréciant ce contact. Elle cala même sa tête contre son torse, se sentant en sécurité. Elle ferma les yeux et prit une grande bouffée d'oxygène.

Mais quand elle rouvrit les yeux, elle tomba sur le regard ténébreux de Tom, qui assistait à la scène, silencieux. Dans ses iris brûlait une colère insondable, elle le sentit jusqu'au fond de son être.

Aethra se libéra de Nolan et s'approcha de lui. Sa colère ne retomba pas.

— Merci pour les devoirs et les leçons, dit-elle.

— Pas de quoi, grinça-t-il âprement, en détachant chaque mot.

Le ton était cinglant, glacial.

Aethra plissa les paupières et prit un air navré. Elle savait très bien que c'était Nolan qui l'avait mis en colère. Et son propre comportement.

— Tom, je...

— Tais-toi !

Il se leva d'un bond, faisant tomber sa chaise au sol, attrapa son sac, y fourra ses affaires en toute hâte et disparut dans le couloir, sans daigner répondre aux ordres de Dumbledore.

Ce départ soudain fit beaucoup rire Xavier et jaser les autres élèves. Aethra voulut oublier mais elle ne pouvait pas. Elle resta immobile, fixant la porte par laquelle Tom venait de sortir.

— Il est amoureux, notre petit Tommy, railla Xavier.

— Tu rigoles, j'espère ? grogna Nolan.

— Oh non. Sois pas jaloux, mec. Mais si tu comptes choper le cœur de la belle Lionne, tu vas devoir lutter contre Tommy.

— Tom, amoureux ? Et en plus d'une Gryffondor ? rigola Amelia. Tu as bu trop de BièreauBeurre, Xav !

Aethra avait les oreilles qui sifflaient.

Elle ne supportait pas d'entendre ses camarades se moquer ou déblatérer des théories sur les sentiments qu'éprouvaient Tom à son égard.

Elle se tourna vers Dumbledore et lui demanda du regard l'autorisation de quitter elle aussi le cours. Si elle poursuivait Tom, elle s'exposait à raviver les ragots sur leur éventuel couple. Avait-elle vraiment envie de cela ? Ou devait-elle laisser Tom tranquille ? Les deux choix risquaient de laisser mariner une grande colère dans l'esprit du Serpentard.

Finalement, Aethra décida de se rassoir et d'assister au cours comme si rien ne s'était passé, la mort dans l'âme. Elle ne parvint pas à se concentrer et son esprit resta focalisé sur Tom. Que faisait-il en ce moment ? 

Tadaa :) Voilà le nouveau chapitre. Le pauvre Tom semble complètement perdu ahah.

En parallèle, j'ai commencé à écrire le tome 2 de cette saga (bon, en réalité, les prologues des 5 tomes sont écrits). J'ai aussi terminé le plan du tome 1. Il y aura donc 47 chapitres, ainsi que le prologue et un épilogue, qui sera narré du point de vue de Tom/Voldemort. 

Ah, et j'ai aussi fait les couvertures des 5 tomes. Je suis plutôt fière du résultat. J'aimerais trop pouvoir vous les montrer mais... risque de gros spoilers si je le fais. (Ah oui, la couverture de mon autre fan-fic HP, qui est la suite de cette histoire, va aussi changer). 

A mardi pour la suite :)