Chapitre 13



La baguette d'Aethra roula jusqu'aux pieds de Tom Jedusor, qui se pencha pour la lui ramasser.

La jeune femme ne leva la tête qu'au moment où l'ombre de l'héritier de Serpentard se posa sur elle. Les deux Préfets se dévisagèrent en silence. En fond sonore, ils entendirent ce que disait le professeur Dumbledore :

- Accompagnez votre cousin à l'infirmerie.

- Vous devriez y aller aussi, Monsieur, intervint Tom. Son état m'a l'air d'être assez grave.

Il regarda Dumbledore droit dans les yeux :

- Je vais rester ici avec Aethra.

Visiblement, le directeur de Gryffondor hésita. Mais il dut admettre que Tom avait raison, car il approuva et leur proposa d'aller se réfugier dans sa salle de classe, toute proche. Le Serpentard accepta. Il attendit que Dumbledore soit parti avec les deux Serdaigle pour mettre un genou à terre devant Aethra.

La jeune femme ne réagit qu'au moment où elle sentit les mains froides de Tom Jedusor se poser sur les siennes. Elle frissonna.

- Viens.

Il la releva doucement. Aethra, encore sous le choc, se laissa faire. Tom l'accompagna dans la salle de Dumbledore, où elle s'assit sur la chaise la plus proche. Peu à peu, sa vision redevint claire mais elle continua de trembler. Elle n'avait qu'une envie : revenir dix minutes en arrière.

- Que s'est-il passé ? demanda Tom.

Aethra serra les lèvres : que devait-elle dire ? La vérité ? Elle hésita longuement, réfléchit pour choisir ses mots avec soin.

Tom insista et elle se jeta à l'eau :

- Ils se sont moqués de moi... et de toi. Ils ont voulu me faire du mal. Je... je me suis juste défendue. J'ai jeté un sort pour le repousser. Mon sort a été... beaucoup plus puissant que prévu. Il l'a projeté contre le mur.

Aethra regarda Jedusor et ajouta lentement :

- Je... je ne voulais pas faire ça. Je me suis laissée emporter par la colère qui me dominait.

Tom se passa la langue sur les lèvres avant de répondre :

- Tu ne t'es pas laissée faire. Tu as bien fait d'agir ainsi.

Il se releva et croisa les bras :

- Je dois avouer que j'ai été impressionné par la puissance de ton sort. Je ne m'y attendais pas. Décidément, tu es pleine de surprises. Je comprends mieux pourquoi Dumbledore cherche à te dresser contre moi.

- Quoi ?

Tom sourit.

- Ne me dis pas que tu n'as toujours pas compris pourquoi il insistait pour te voir fréquemment ?

Si, bien sûr qu'Aethra avait compris. Elle savait très bien que Dumbledore la préparait à lutter contre lui. Mais cela, elle ne pourrait jamais le lui avouer. Même s'il s'en doutait déjà, visiblement.

Tom plia les genoux pour se retrouver à la hauteur du visage d'Aethra. Il afficha son sourire le plus charmeur pour lui parler :

- Je vois clair dans le petit jeu de Dumbledore. Je sais très bien qu'il est en train de te monter contre moi. Tu es son petit soldat. Il n'ose pas venir m'affronter personnellement parce qu'il a peur de moi.

- Il est occupé. Il lutte contre Grindelwald.

Tom ricana.

- Il a, là aussi, un petit soldat qui lutte pour lui. Un ancien élève, issu de la maison Poufsouffle. Norbert Dragonneau. Dumbledore n'a ni le courage de se dresser contre Grindelwald, ni contre moi. Je ne suis pourtant qu'un élève de l'école. Pourquoi aurait-il peur de moi ?

Aethra observa Tom en silence, le laissant débiter ses tirades sans l'interrompre. Elle ne savait quelle opinion se forger. Dumbledore, malgré tous ses pouvoirs, était-il un couard ? Aethra connaissait l'existence du dénommé Norbert : le directeur de Gryffondor le lui avait dit lui-même.

- Dis-moi, continua Jedusor, de quel côté préfères-tu te ranger ? Quel camp vas-tu choisir ? Celui d'un lâche qui se cache derrière les autres ? Ou celui d'un sorcier, héritier d'une grande maison de Poudlard de surcroit, qui n'a pas peur d'aller de l'avant ?

- Je suis moi aussi l'héritière d'une grande maison de Poudlard, Tom.

- Oui. Raison de plus pour nous associer, tu ne crois pas ? Je sais bien que Gryffondor et Serpentard sont réputés pour se haïr mais... ce que l'on sait moins de nos jours, c'est qu'ils étaient auparavant amis. Que dirais-tu de redonner vie à cette amitié ? De la consolider ?

- Tu parles d'amitié alors que tu traites tes camarades comme tes sbires, murmura Aethra. En quoi moi serai-je différente ?

Un éclat rougeâtre passa dans le regard de Tom. Il ne dura qu'une fraction de seconde, mais Aethra jura avoir eu en face d'elle une autre personne. Comme si un démon habitait l'âme du jeune homme.

- Tu es différente. Tu es unique. Tout comme moi.

Il posa ses mains sur les siennes.

- Toi et moi, nous pouvons accomplir de grandes choses. Toi et moi, nous sommes liés. Nous sommes les héritiers des grandes maisons. Nous sommes les derniers héritiers.

Un silence pesant s'installa dans la salle de classe enténébrée. Les deux sorciers se regardèrent sans piper mot. Aethra pesait le pour et le contre. Son âme de Gryffondor serait-elle assez puissante pour l'empêcher de céder aux délicieuses promesses de l'héritier de Serpentard ?

- J'ai besoin d'avoir confiance en toi, Tom..., murmura Aethra.

- Et moi en toi. Mais pour une fois, je veux bien croire que c'est à moi de faire le premier pas.

Il se releva.

Au même moment, Dumbledore entra dans la pièce. Aethra se leva d'un bond et quêta son regard d'un air suppliant.

- Tu as de la chance, Aethra : l'élève que tu as attaqué va bien. Il s'est réveillé. Mais il va rester en observation cette nuit.

- Je suis soulagée, Monsieur.

- Moi aussi. Ceci dit, tu as enfreins une règle de l'école. Pour cela, tu vas être sanctionnée.

- Qu'est-ce que je risque ?

- Tout d'abord, pour te faire comprendre la gravité de tes actes - tu as vraiment de la chance que ton camarade s'en sorte indemne - je vais retirer cinquante points à Gryffondor. Ensuite, tu auras évidemment une retenue. Et je dois encore en parler au directeur. Le professeur Dippet peut décider ou non d'aller plus loin dans les sanctions : te retirer ton statut de Préfète, temporairement ou définitivement, et même t'exclure de Poudlard si jamais l'état de Mr Cott venait à se dégrader.

Aethra baissa les yeux, abattue. Comment réagiraient ses parents si jamais elle se faisait renvoyer de l'école ?

Tom intervint :

- Monsieur, si vous me le permettez, j'aimerais ajouter quelques détails.

- Fais donc, Tom.

- J'ai assisté à la scène. Aethra n'a pas voulu être aussi violente. Elle a simplement réagi à des insultes et à des moqueries, prononcées à son encontre par les deux cousins Cott. Je pense qu'il devrait y avoir une sanction de leur côté également. L'un des d'eux s'en ait pris physiquement à Aethra avant qu'elle ne lui jette un sort qui, au risque de me répéter, n'avait pas pour but de faire mal.

Dumbledore considéra longuement Tom, qui ne bougea pas. Il demeura parfaitement impassible, même si ses mâchoires se contractèrent à une ou deux reprises, témoins d'une certaine anxiété. Aethra, quant à elle, attendait la décision de Dumbledore. Elle trouvait cela admirable de la part de Tom de prendre ainsi sa défense.

- Effectivement, les moqueries et les insultes ne sont pas plus tolérées que la violence physique, ici à Poudlard. Bonne analyse, Mr Jedusor. Je suis d'accord sur le fait que des sanctions doivent être prises. Mais ce n'est pas Miss Hallow qui a fini à l'infirmerie inconsciente et avec le crâne ouvert. Le directeur se focalisera sur le cas de Miss Hallow en premier.

- Donc, le harcèlement qu'elle a subi ne sera pas impuni ?

Aethra sentait, dans le ton sec de sa voix, qu'il employait le mot « harcèlement » pour marquer le coup.

Dumbledore réagit aussitôt :

- Evidemment qu'il sera lui aussi sanctionné. J'en parlerai au directeur de la maison Serdaigle.

- J'y veillerai.

Tom avait prononcé cette dernière phrase sur une note glaciale. Il adressa un dernier sourire à Aethra, inclina la tête devant Dumbledore et quitta la salle de classe.

La jeune Gryffondor se retrouva seule avec son professeur. Elle était encore étonnée du fait que Tom l'ait défendue bec et ongle. Serait-ce là son fameux « premier pas » pour qu'elle lui fasse confiance ? Si oui, elle devait admettre que c'était plutôt une belle manœuvre de sa part.

- Aethra, je suis prêt à prendre ta défense, dit Dumbledore. Dis-moi juste... j'espère que tu n'as pas employé de Sortilège Impardonnable ?

- Non, Monsieur. Juste un sort pour le repousser. Je ne pensais pas qu'il allait être puissant au point de le projeter contre le mur.

- Je te crois.

Il semblait sincère. Un petit sourire se forma sur la commissure de ses lèvres. Aethra se sentit soulagée d'un poids énorme.

- Merci, Monsieur.

- Sache juste une chose : Godric Gryffondor était un duelliste très puissant. Il est donc normal que ses descendants aient aussi ce talent. Apprends juste à mieux maîtriser ta force.

Il lui adressa un clin d'œil complice. Aethra émit un petit rire qui lui fit du bien.

- Tu peux retourner dans ton dortoir : je pense que nous pouvons annuler notre réunion pour ce soir.

Aethra hocha machinalement la tête et lui tourna le dos. Elle n'avait fait que quelques pas lorsque sa voix lui parvint une nouvelle fois :

- Dis-moi... Cette histoire entre Tom Jedusor et toi... est-elle vraie ? Si c'est le cas, je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas une bonne idée. Mais bien sûr, tu fais ce que tu veux.

- Tom est mon ami. Rien de plus, Monsieur.

- Je pense qu'il n'a pas la même notion de l'amitié que toi.

Aethra serra les dents : qu'en savait-il ?

- Vous ne connaissez pas Tom aussi bien que moi.

Puis, elle ajouta froidement :

- Bonne nuit, professeur.

Et elle s'en alla.

Aethra marcha rapidement dans les couloirs vides du château. Elle était partagée entre le soulagement et la colère. Soulagement parce qu'elle savait qu'elle ne risquait pas l'expulsion - Tom et Dumbledore penchaient de son côté - et colère car elle ne savait pas sur quel pied danser. Les deux sorciers les plus puissants qu'elle connaissait faisaient tout leur possible pour l'avoir dans le camp. Elle allait devoir choisir. Et elle n'aimait pas cela.

Tandis qu'elle remontait un escalier pour remonter à la Tour de Gryffondor, elle entendit des pleurs d'enfant. Lentement, elle s'approcha et jeta un œil. Un élève de Poufsouffle - de Première ou de Deuxième année - se trouvait là.

- Pourquoi pleures-tu, petit ?

Le garçon aux cheveux noirs releva la tête. Il cessa aussitôt de gémir et regarda le badge de Préfète d'Aethra.

- Tu vas me punir ? Tu es Préfète...

- Non, ne t'inquiète pas. Dis-moi pourquoi tu pleures.

- J'ai eu une mauvaise note en Botanique...

- Oh, ça arrive à tout le monde, tu sais.

- Oui, mais moi, mes parents vont me tuer quand ils le sauront ! Je sais que je ne peux pas les décevoir !

- Ils sont très exigeants avec toi, dis-donc...

Il haussa les épaules.

- Bah oui, mais bon. Pas le choix, quand on est un descendant de Helga Poufsouffle...

Aethra cilla. Elle qui pensait qu'il ne restait que deux familles de descendants encore en vie des Fondateurs.

Finalement, Tom avait tort en affirmant qu'ils étaient les derniers héritiers... Il en existait d'autres.

Cela lui donna envie de connaître ce garçon.

- Comment tu t'appelles ?

- Ryan Smith.

- Ecoute, Ryan. Je connais très bien la pression que tu peux avoir. Car vois-tu, je suis moi-même une descendante de Godric Gryffondor.

Le gamin ouvrit de grands yeux étonnés et un large sourire se ficha sur ses lèvres.

- Sérieusement ? Je croyais qu'il n'y avait plus d'héritiers des autres Maisons !

- Moi aussi. Jusqu'à ce que je rencontre deux élèves de Poudlard qui sont des descendants directs des fondateurs.

- Deux ? Qui est le deuxième ? On pourrait devenir amis !

Aethra se mordit les lèvres. Elle ne souhaitait pas dévoiler le secret de Tom. Aussi changea-t-elle de plan :

- Tu pourras déjà devenir ami avec mon frère Max. Il est en Troisième Année. Je pense que vous pouvez bien vous entendre.

- Ouais ! Tu me le présenteras ?

- Oui. Mais avant, file dans ton dortoir. Et évite de passer près des sous-sols du cours de Potions : si le Préfet de Serpentard te voit, il sera moins clément que moi.

- Entendu ! Merci !

Aethra l'observa disparaître au coin du couloir. Depuis l'extrémité d'un autre couloir, elle vit que Dumbledore l'observait avec un petit sourire. Il hocha la tête, comme s'il était satisfait de ce qu'il venait de voir.

La jeune femme retrouva le calme de la Tour de Gryffondor avec une boule d'angoisse dans le ventre et une question en tête : quel camp choisir ?

Tom Elvis Jedusor, héritier de Serpentard ?

Albus Dumbledore, directeur de la maison Gryffondor ?

En image, mon petit Pop Tom Riddle :) 

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