Chapitre 12

Comme prédit par Aethra, la rumeur selon laquelle Tom Elvis Jedusor et Aethra Hallow étaient en couple se répandit dans Poudlard comme une traînée de poudre.

Pourtant, cette rumeur n'avait rien de crédible : Tom veillait à éviter Aethra dans les couloirs ainsi qu'en cours – même si le professeur Slughorn les mit ensemble pour élaborer une potion – et même pendant leurs soirées de ronde. Il ne lui décrocha pas un seul mot de toute la nuit. Aethra se retint de rire : cette situation était hilarante. Elle qui croyait que Tom maîtrisait absolument tout ce qu'il faisait, ce n'était pas le cas. Il était vrai qu'elle ne l'avait jamais vu fréquenter de filles, au cours des six dernières années. Pourtant, elle savait que les histoires d'amour à Poudlard étaient légion, et avec un physique et un charisme comme le sien, Tom n'aurait aucun mal à se trouver une petite-amie. Aethra elle-même en avait eu plusieurs, alors pourquoi pas Tom ? Elle avait l'impression que quelque chose clochait, chez lui. Elle avait l'impression... qu'il ne savait pas ce qu'était l'amour.

Ou alors, il dissimulait parfaitement ses émotions, ce qui était aussi fort probable. Cet événement imprévu avait mis à mal sa fierté et l'avait complètement pris au dépourvu. Son masque venait-il de tomber ?

Le mercredi matin, Aethra avait entraînement de Quidditch. Et le soir, une nouvelle rencontre avec le professeur Dumbledore l'attendait.

Balai en main, Aethra quitta la Grande Salle avec les autres membres de l'équipe de Gryffondor, parés de leur tenue. Aux portes de la salle, Aethra croisa Tom, qui arrivait à contre sens. Il prit soin, dès qu'il la vit, de s'écarter.

— Ben alors, Jedusor ? se gaussa un des Batteurs de l'équipe. C'est de cette manière qu'on dit bonjour à sa copine ?

Tom le foudroya du regard. Dans sa poche, sa main se referma sur ce qui devait être sa baguette. Aethra pressa le pas et intima à ses camarades d'en faire autant.

Un peu plus loin, le Batteur – du nom d'Oliver Khelps – se pencha vers Aethra et murmura :

— Sérieusement, tu sors vraiment avec lui ? On dirait plutôt que tu viens de le larguer ! Monsieur Ego-Surdimensionné n'a pas dû apprécier !

Le Gardien, qui marchait devant, ricana en entendant les paroles de son ami. Il rajouta encore quelques blagues, mais Aethra décida de les ignorer. Elle regarda autour d'elle et remarqua qu'il manquait un joueur. Max, son frère, en Troisième Année, qui était devenu le nouvel Attrapeur de Gryffondor. Une fierté, pour le garçon.

— Où est Max ?

— Il nous rejoint au terrain, répondit Emma. Il traîne avec ses amis.

Emma Stones, Poursuiveuse et capitaine de l'équipe. Elève de Septième Année de Poudlard. Avec Aethra, elle aussi Poursuiveuse, elles étaient les seules filles de l'équipe.

— Pourvu qu'il ne soit pas en retard, marmonna Emma.

— Il ne le sera pas.

Il avait mis deux mois à enfin réussir à attraper correctement un Vif d'Or, alors il ne risquait pas de rater un entraînement. Aethra exhala un profond soupir : heureusement que l'équipe comprenait un très bon Gardien et trois Poursuiveurs talentueux, parce que le niveau des Attrapeurs aux sélections ne volait pas bien haut. Sans mauvais jeu de mots. Aucun d'eux n'était à la hauteur de Tom Halls, l'Attrapeur de l'an dernier, qui avait quitté l'école en juin. Grâce à lui, Gryffondor avait gagné le tournoi de Quidditch deux années de suite.

Avant d'accéder aux escaliers qui menaient au terrain, l'équipe croisa un groupe de Serpentard, proches de Tom Jedusor. Ils leur bloquèrent le passage en souriant. Cela déplut aussitôt à Edward Jones, l'autre Batteur, un grand blond qui avait le sang chaud.

— Poussez-vous ! ordonna-t-il.

— Oh, toi tu vas te calmer, ricana Avery. On veut juste dire deux mots à Hallow.

— Laissez-la tranquille, grogna Emma. Nous avons entraînement.

— Détends-toi, Stones, on va te la rendre. On ne voudrait pas abîmer la petite-amie de Tom.

Emma se tourna vers Aethra, qui opina. Elle lui assura qu'elle allait les rejoindre rapidement, et les Serpentard les laissèrent passer.

Avery s'approcha d'Aethra et voulut se faire menaçant.

— C'est quoi cette histoire ? demanda-t-il, abrupte. Je n'ai jamais vu Tom sortir avec la moindre fille. Et si jamais il le faisait, ce ne serait certainement pas avec une stupide Gryffondor !

— Qui es-tu pour décider des goûts de Tom ? répliqua Aethra.

— Ce que toi, tu n'es pas : son ami.

— Je n'ai jamais vu Tom te traiter comme un ami. Quand je te vois avec lui, j'ai plutôt l'impression que tu es son serviteur.

Avery fronça les sourcils. Une veine battit à sa tempe. Visiblement, il ne savait pas quoi répondre à cela. Il serra le poing, furieux.

— Toi, tu...

— Quoi ? Que vas-tu me faire ?

— Avery ! Arrête ! tonna une voix.

Aethra pivota la tête. En haut des marches se tenait Tom, mains dans le dos, qui fixait le groupe de Serpentard.

— Laisse-la tranquille, ordonna le Préfet.

Avery obéit à contrecœur. Il prit soin de bousculer Aethra avant de s'éloigner d'elle. La jeune femme tenta de croiser le regard de Jedusor, mais celui-ci s'éloigna dès que ses camarades l'eurent rejoint.

Aethra, déçue, se hâta de descendre les dernières marches et rejoignit ses compagnons. Emma n'avait pas perdu de temps et avait concocté un exercice d'agilité et de vitesse pour Max, qui fonçait à travers des cercles magiques qui devenaient dorés dès qu'il les franchissait. Pour le moment, il ne se débrouillait pas trop mal.

Edward et Oliver vinrent demander à Aethra ce que les Serpentard lui voulaient. Elle décida de ne pas y répondre en enfourcha son balais.

Aethra essaya de donner le meilleur d'elle-même, mais trop d'éléments extérieurs la perturbèrent. Elle rata plein de passes et manqua de nombreux buts, qu'elle aurait aisément marqué en temps normal. Son frère vola mieux qu'elle, c'était pour dire.

A un moment, elle remarqua que les tribunes accueillaient aujourd'hui un grand nombre d'élèves de Poudlard, de tous niveaux et des quatre maisons. Aethra pensa qu'il s'agissait là d'observateurs, qui venaient voir quelles stratégies l'équipe mettait en place pour son prochain match.

Mais Max, après un looping de joie, s'arrêta près d'elle et déclara :

— Non, ils ne sont pas là pour ça ! Ils viennent voir qui est vraiment la copine du bellâtre Tom Jedusor ! Pas mal, ta petite histoire, frangine ! Elle a fait le tour de l'école ! Y en a qui sont jaloux – surtout les mecs, mais tu as aussi pas mal de filles – et d'autres, simplement curieux. Bon courage !

Hélas, Max avait raison.

Les heures qui suivirent le lui prouvèrent.

Aethra, dans les couloirs, entendit des rires moqueurs qui lui étaient destinés, des regards jaloux – venant des deux sexes – et des sifflets admiratifs. Elle ne savait pas si Tom subissait la même chose de son côté, mais elle en doutait, car il suffisait d'un mot pour que les autres cessent de l'embêter.

Aethra était peut-être trop gentille. Trop tendre.

Le soir, elle quitta la Tour de Gryffondor à vingt heures pour se rendre au bureau de Dumbledore. Dans le couloir non loin de sa salle, elle croisa deux garçons de Serdaigle, de Septième Année. Ils ne se soucièrent tout d'abord pas d'elle mais, quand ils la remarquèrent, ils sourirent et commencèrent à rigoler. L'un d'eux eut l'idée de faire le malin. Il tapota l'épaule de son pote et s'approcha, tout sourire.

— Dis-moi, Hallow.

— Quoi ? grogna la jeune femme.

— Quand tu auras largué Jedusor, tu pourras sortir avec moi : je suis libre, si ça te chante.

— Laisse-moi tranquille, tu ne m'intéresses pas.

— Ouais, on n'a pas tous la chance d'être Tom Jedusor, hein.

— Mais laisse-moi ! hurla Aethra.

Et elle le poussa de toutes ses forces. Il tomba en arrière. Son camarade le rattrapa et courut vers Aethra. Il se saisit fermement de son bras droit, jusqu'à lui provoquer une douleur. Furieuse, la jeune femme tira sa baguette et cria :

Expulso !

L'élève fut repoussé en arrière jusqu'à heurter le mur le plus proche. Il s'effondra au sol, immobile. Aethra, horrifiée par la puissance du sort qu'elle venait de lui jeter, s'approcha à pas lents. Son cœur battait la chamade. Ses mains se mirent à trembler. Elle contemplait le corps inerte, impuissante.

— Que lui as-tu fait ? cracha l'autre Serdaigle en accourant vers son ami. Charly ! Réponds-moi ! Charly !

Il ne réagissait pas. Aethra sentit des larmes brouiller sa vision.

Non... elle ne l'avait tout de même pas tué ?

— Charly !

— Que se passe-t-il ici ? Pourquoi n'êtes-vous pas dans vos dortoirs ?

Aethra tourna la tête. Un élève approchait. Comme elle voyait flou, elle ne le distingua d'abord pas. Puis, un cube de glace tomba dans son ventre quand elle reconnut Tom Jedusor. En tant que Préfet, il avait le droit de se promener après la tombée du jour dans les couloirs.

L'héritier de Serpentard regarda Aethra, paniquée, puis Charly, toujours allongé. Du sang coulait de sa tempe et passait sur son visage.

— Te voilà, toi ! vociféra le Serdaigle à Jedusor. Regarde ce que ta copine a fait à mon cousin ! Elle est aussi tarée que toi ! Vous allez bien ensemble, finalement ! Bande de monstres !

— C'est toi qui as fait ça ? s'étonna Tom en regardant Aethra.

La jeune femme se trompait peut-être, mais elle crut entendre un soupçon d'admiration dans la voix de l'héritier de Serpentard.

Aethra opina sombrement ; ses larmes coulaient sur ses joues.

— Jeunes gens, calmez-vous, intima alors une voix.

Aethra leva les yeux : Dumbledore venait d'arriver. Il se pencha aussitôt sur Charly et prit son pouls. Il rassura son cousin en affirmant qu'il battait encore. Puis, il sortit sa baguette et prononça :

Episkey.

Le saignement du crâne s'arrêta.

— Monsieur Cott, emmenez votre cousin à l'infirmerie. Je pense qu'il va devoir rester en surveillance. Je n'ai fait qu'arrêter le saignement. J'aimerais qu'il soit examiné par l'infirmière.

— C'est de sa faute ! cracha Cott. Elle lui a jeté un sort !

Dumbledore leva les yeux vers Aethra, qui avait essuyé ses larmes. Mais elle ne se sentait pas bien pour autant. Elle tremblait encore et ne réalisait pas vraiment la situation.

— Je vais écrire à votre famille, Cott. Quant à Miss Hallow, en tant que directeur de la Maison Gryffondor, je vais m'occuper d'elle.

Aethra tourna lentement la tête vers Tom Jedusor. Il demeurait impassible. Que pensait-il en cet instant précis ? Aethra avait bien d'autres soucis en tête pour se le demander. Elle risquait gros, après avoir lancé ce sort sur un autre élève. C'était interdit par le règlement.

Et là, les circonstances étaient aggravantes.

Aethra, effondrée, tomba à genoux sur le sol et sentit sa baguette lui glisser entre les doigts. Elle voyait flou et avait du mal à respirer.  

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