Free
La liberté, c'est un mot assez vague, surtout pour Haru. Il prétendait la connaître, prendre sa main et la fréquenter tout le temps, pourtant, ce n'était pas réellement le cas. En rien le japonais se sentait libre. Il pouvait nager, certes, mais, il ne pouvait pas aimer. Il n'était pas libre d'aimer. Les regards de travers, les visages noirs et dégoûtés, les murmures dérangeants quand il prenait la main de Rin dans la rue, il ne le supportait plus. Il souhaitait plus que tout assumer leur relation, s'en moquer, des remarques désagréables, mais il n'y arrivait pas. C'était plus fort que lui. Il n'était même pas sûr que tout son entourage le soutiendrait quant à son homosexualité si il leur disait. Makoto était le seul à être au courant, Rei et Nagisa n'en savaient rien. Pas qu'il ne leur fasse pas confiance, loin de là, mais, le bleu avait tellement de mal à dire ces mots. Il en avait pleuré lors de son coming-out. Heureusement, le vert l'avait pris dans ses bras et l'avait rassuré. Après ça, Haru avait eu beaucoup plus de facilitées à parler de ça à son meilleur ami qui lui, l'écoutait d'une oreille attentive. Le nageur au cheveux d'ébène se sentait en sécurité avec Makoto, il savait pertinemment que s' il lui arrivait quelque chose il serait là, prêt à le défendre. Quel qu'en soit la raison. Alors, lorsqu'il s'était disputé avec lui lors des feux d'artifices, il y avait quelque chose qui s'était brisé en lui. Il se sentait détruit. Comme si on lui avait volé sa joie, le laissant seul confronté à sa peine. Comme si on lui avait volé sa liberté.
Les rayons du soleil frappaient fort sur la vitre, mais le bleutée l'ignorait. Il se recouvrait de sa couverture, comme s' il avait froid alors qu'il faisait au moins 19°C. Ce n'était qu'une journée de plus pour Haru. Une journée où il n'irait pas à l'école, une journée où il resterait endormi sans manger ou boire. Une journée comme les autres.
Depuis ça il ne voulait plus recroiser le vert, par peur de son regard, par peur de son jugement. Haru était terrifié et pétrifié. Bien sûr, ses amis de natation étaient venus le voir, ils devaient beaucoup s'inquiéter pour lui puisqu'ils lui déposaient chaque jour des petits plats ou des friandises. Mais le bleu ne voulait pas voir cette attention qu'on lui portait. Il voulait rester seul. Donc, il ne laissait personne rentrer chez lui.
Sauf que ce matin là, rien ne se passa comme prévu. Ce n'était pas le garçon à lunettes ni le petit blond qui passait par là mais bien le mauve. Il avait d'abord sonné mais en voyant que son amant ne lui répondait pas il rentra. Oui, Haru ne verrouillait pas sa porte. Lorsqu'il entendit les pas de l'australien, il paniqua. Personne n'avait osé rentrer jusque là,alors, il se sentait complètement vulnérable. Le japonais eut un réflexe assez enfantin : il se cacha sous sa couette en fermant violemment les yeux, pour ne pas voir un quelconque « danger ».
- Haru ! Haru est-ce-que tu es là ? Demanda d'en bas le rouge. Je t'ai rapporté à manger !Tu viens ?
Mais il n'eut aucune réponse, seulement le bruit sourd de sa respiration saccadée et tremblante.
- Bon, je monte ! Cria-t-il finalement.
Il posait ses pieds sur le parquet en bois, les faisant grincer. Cela rendait l'atmosphère encore plus pesante. Puis, il arriva devant la porte de la chambre du bleu. Il la poussa lentement et lorsqu'il aperçut un Haru recroquevillé, apeuré et tout tremblant dans son lit, il ne peut s'empêcher d'être attendrit. Il s'approcha doucement et s'assit à côté du bleu,toujours allongé.
- Qu'est-ce-que tu fais là ? Questionna alors le plus petit sur un ton en même temps hostile et chagriné.
- Tu n'as pas mangé depuis longtemps pas vrai ? Je m'inquiétait, c'est tout. Le reprit calmement le mauve.
Puis, il retira la couette du garçon qui gémit au contact de l'air froid. Il rit un peu à la vision de ce garçon normalement froid devenu si sensible. Il lui caressa les cheveux et l'obligea à se lever. Ils mangèrent finalement, le rouge donnait la nourriture au bleu qui ne faisait que mâcher le poisson,le regard dur. Quand ils eurent fini, l'australien s'effondra en soupirant longuement. Ils restèrent ici un bon moment, à se fixer dans le blanc des yeux. Le mauve était à présent allongé sur le sol tandis que le japonais était assis en tailleur à ses côtés.
- Dit Haru. Commença finalement Rin.
- Oui ?
- Est-ce-que tu voudrais rentrer avec moi, en Australie. Juste venir quelques semaines et puis repartir après pour tes compétitions. Bien sûr je viendrais te voir quand tu nageras mais tu vois quoi... Expliqua-t-il un peu gêné par sa propre demande.
- Pourquoi pas. Quand ?Répondit-il le visage toujours aussi impassible.
- Je pars dans 2 jours.
Après ce court échange, ils s'endormirent l'un contre l'autre et les deux jours passés ils partirent vers l'Australie. Rin admirait Haru, le visage comblé de le voir finalement heureux de prendre un nouvel air. Le bleu contemplait les paysages qui lui étaient si étrangers et Rin, lui,détaillait toutes les facettes du visage d'Haru qu'il n'avait pas encore vu.
Le rouge fit visiter au japonais beaucoup de choses, passant de l'aquarium à un parc ensoleillé. Ce dernier était parti chercher des bouteilles d'eau pour se rafraîchir, laissant un Haru perdu au milieu d'un endroit qu'il ne connaissait pas. Des enfants jouaient devant le bleu, ils les regardaient se jeter du sable à la figure ou se bagarrer et il ne put s'empêcher de se demander si un jour lui et Rin pourraient construire une famille comme eux. Son regard océan se perdait à travers les feuillages verdâtres et le soleil qui frappait fort contre sa peau. Il se sentait bizarre. Il était content d'être ici avec son amoureux mais en même temps l'image de Makoto furieux lui revenait sans cesse à l'esprit. Et ça, Rin l'avait bien vu. Quand il revint vers le japonais, il remarqua de suite son regard perturbé et en fut un peu attristé.
- Détends toi un peu. Arrête de penser à ça, tu verras, quand tu rentreras il te sautera dessus. Tu le connais non ? Fit remarquer le plus grand, collant une bouteille d'eau gelée sur la joue de son amant.
- Oui, sûrement.
Le mauve esquissa un sourire, laissant apparaître ses dents pointues. Quand le soleil se coucha, les deux garçons n'étaient toujours pas rentrés à l'hôtel. Ils étaient là, sur le sable chaud, à regarder le ciel tacheté de toutes sortes de couleurs. Principalement d'orange mais par ci par là on pouvait y voir du rose ou un bleu très pâle. Une couleur abricot magnifique en somme. Les vagues s'écrasaient doucement sur les grains jaunes, les teintant d'une couleur plus sombre. Le calme,juste le bruit de la mer et les quelques enfants qui refusaient de partir en pleurant.
- Rin ?
- Oui ?
- Merci de m'avoir amené ici. C'est vraiment beau.
- De rien.
- Ah, et, merci de m'aimer, toi aussi.
Il ne répondit pas, mais, son visage aussi rouge qu'une pivoine en disait long sur ce qu'il pensait. Leur journée s'acheva sous le rire cristallin d'Haru et la figure adorable de Rin, sans oublier, bien évidemment, leur belle preuve d'amour.
Haru se sentait enfin libre. Libre d'être heureux, ici, avec lui, sous le soleil couchant. Libre d'aimer, libre de rire, libre de vivre.
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